Un autre chemin

Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : mélancolie
Saison : 8, Threads
Rating : aucun
Date d’écriture : 13 juin 2006
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else. This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes de l’auteur : à écouter avec le dernier album de Placebo, Meds. A consommer sans modération.

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Il vaut mieux que je ne me demande pas pourquoi je suis ici. Je ne le sais que trop bien et la réponse me revient comme un boomerang : par égoïsme.
Et par peur.

J’ai de plus en plus de mal à regarder dans le miroir ce que je suis devenue. Ce que je suis devenue, et ce que j’ai perdu. Alors que si je regarde autour de moi, je devrais avoir le sentiment de tout avoir. Mais je sais déjà que ce n’est qu’une illusion, un rideau de fumée qui dissimule un vide atroce.

Je suis astrophysicienne. Je suis colonel de l’armée de l’air. J’ai bientôt quarante ans, mais les hommes se retournent sur moi dans la rue. J’ai de l’argent sur mes comptes, une belle maison et bientôt une plus belle encore, un homme charmant dans mon lit.
Je suis fiancée, je vais me marier, je vais avoir des enfants. Et un chien.

Je sais piloter. Je sais me battre. Je gagne toujours. Je suis intelligente, je suis efficace. J’ai le métier le plus passionnant au monde, je touche du doigt ce que d’autres ne pourraient jamais concevoir.
Mes amis les plus proches sont des génies d’exception.

Je suis une petite fille très, très gâtée.

Mais j’ai l’atroce impression d’être au sommet. Et seule. Seule face à une nouvelle pente devant moi. Qui descend, irrémédiablement.
Mais pour l’instant je suis au sommet du monde. Je devrais juste en profiter.

Moi qui suis capable de faire exploser un soleil, comme ils aiment à me le répéter, je suis incapable de faire taire en moi cette peur sourde. Cette peur de tout perdre. Cette réalisation que ce sommet n’est qu’un point minuscule au firmament d’une vie, et que de chaque côté ce ne sont que pentes escarpées. Que roches saillantes et sombres. Que lutte et douleur.

Je le sais, et pourtant je le refuse. Je refuse de reconnaître que je ne peux pas tout avoir. Que choisir, comme on dit, c’est renoncer.
Les choix ont été nombreux pour arriver jusqu’ici, nombreux et douloureux, terribles.
L’un des derniers m’a conduit dans les bras de Peter. J’aime ce qu’il est, j’aime ce qu’il m’offre. J’aime la pente qui se dessine quand je la regarderai à ses côtés. La pente sera douce, calme, heureuse. Sûrement heureuse.

Mais choisir ce chemin me fait renoncer à d’autres. A celui que j’ai gravi ces huit dernières années à leurs côtés.

Déjà ce n’est plus comme avant. Déjà la distance est là, déjà je me sens entraînée dans la pente. Ils se voient sans moi, parfois, je le sais, je le devine. Nous ne sommes plus quatre. Nous ne sommes plus LES quatre. Et mon ego ne parvient pas à s’y faire. J’aimais cela. J’aimais être la femme au milieu d’eux. J’aimais leur respect, leur attention, leur affection. J’aimais être traitée comme une reine, la leur.

Je ne suis plus leur reine. Je suis celle de Peter.

Je le savais pourtant. Je l’ai choisi. Je voulais autre chose que cela, j’avais besoin d’autre chose que cela. Et maintenant, je le regrette. Par égoïsme, seulement. Je voudrais les garder, tous. Je voudrais ne pas avoir à renoncer à eux. Je voudrais tout.

Et je l’aurais voulu, lui.
Une fois, juste une fois.

Tout devrait être si limpide. Tout devrait être si parfait. Et tout me semble si complexe, si déchirant.
J’ai mis si longtemps à renoncer. J’y ai tellement pensé. Tellement tout réfléchi, tellement tout pesé, repesé. Huit ans, ou presque.
A me répéter que ce chemin ne pourrait jamais être le bon. Que ce chemin ne mènerait nulle part, jamais. Que ce chemin ne serait que rochers et escarpements, que parois infranchissables et gouffres sans fond.
Huit ans à trouver enfin un autre chemin, un autre homme.

Alors pourquoi ? Pourquoi suis-je ici ? Alors que j’ai enfin choisi, alors que la pente est si douce, enfin.
Pourquoi ai-je toujours besoin de tout avoir, ou au moins de savoir que je peux tout avoir ?
Besoin de savoir que je suis vraiment au sommet du monde.

Situation privilégiée qui me semble soudain si fragile, si précaire. Comme un fragile insecte posé sur ma main que, soudain, je voudrais écraser entre mes doigts avant qu’il s’envole de lui-même.

Briser moi-même ce qui va de toutes façons l’être. Pour me prouver que c’est moi qui décide, encore moi, toujours moi.

Moi au sommet du monde. Seule.

Savoir, juste savoir que je pourrais, si je le voulais, emprunter cette autre voie, cette autre pente.

J’ouvre la portière de la voiture.

FIN