Samantha Carter,
voulez-vous m'épouser ?
Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : romance (100%)
Saison : saison 8, après que O'Neill a été
decongelé...
Raiting : aucun
Date d’écriture : juillet 2004
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi
un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and
showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or
anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else.
This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes : c'est une photo de l'épisode "Affinity"
qui m'a inspiré cette fic. L'épisode n'avait pas encore été
diffusé...
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- Samantha Carter, voulez-vous devenir ma femme ?
Oh non. Pas ça. Pitié, pas ça.
Je le savais. Il était nerveux depuis le début de l’après-midi. Et particulièrement depuis que nous nous sommes assis dans ce square en face de chez moi. La bague est jolie. Il a du la payer chère.
- Sam ?
Répondre. Il faut répondre. Répondre quoi ? Répondre oui, bien sûr. N’est-ce pas ce que tu as toujours voulu ? Un mari, des enfants ? Pete n’est-il pas adorable ? Ne l’aimes-tu pas ?
…
- Pete…
- Elle ne te plaît pas ? Qu’y a-t-il Sam ?
- Non… non… elle est ravissante… mais… je ne m’y
attendais pas…
- Après six mois d’une passion torride et à nos âges
respectifs, tu ne t’y attendais pas, même un peu ?
Il sourit. Il est adorable. Il doit être encore plus tendu que moi et reste souriant, doux, patient.
- Si… si… je ne sais
pas, j’évitais d’y penser… Je n’ai pas eu trop
le temps d’y penser…
- Tu n’as pas répondu à ma question, Sam…
Je lui prends la main. Allez ma fille, lance-toi : un mot, un seul petit mot, celui dont rêvent toutes les petites filles…
Je le regarde. Je ne peux pas.
- Pete… je… je ne peux pas te répondre maintenant.
Son visage se rembrunit. Je le fais souffrir. Je déteste le faire souffrir.
- Je t’aime. Tu le sais. Ces six derniers mois ensemble ont été merveilleux. Mais cette décision implique beaucoup de changements dans ma vie, pas seulement un engagement et une fête. Je ne veux pas être mariée à moitié. Je ne veux pas que mon mari ait tous les jours peur que je me fasse tuer à quelques millions d’années lumières de chez nous… Que mes enfants aient à souffrir de mes semaines d’absence…
Il sourit. Ces histoires d’extra-terrestres l’ont toujours fait sourire. Je continue.
- Je veux être une vraie épouse, une vraie femme, enfin… Mais je ne sais pas si ce moment est arrivé. Je dois y penser. J’y penserai. Je te le promets. Vite. Très vite. Le plus vite possible. Mais je ne veux pas te répondre maintenant.
- Je comprends, Sam. Je sais ce que ce boulot représente pour toi. Je comprends ce que ce boulot peut représenter tout court. Prends ton temps. Réfléchis. Donne moi ta réponse quand tu seras prête.
Je soupire. Je l’adore. Il a toujours su attendre, être patient, ne pas me brusquer. Me comprendre. Il range la bague dans sa poche. Je soupire. Il me regarde en riant :
- ah non, pas de réponse, pas de bague !
Je fais une petite grimace d’enfant capricieuse.
- oh allez, s’il te plaît…
- non non non…
Nous rions. Nous en avons besoin… je me jette dans ses bras. Cela aussi j’en ai besoin. Il me serre. J’aime sentir ses bras autour de moi. J’aime l’embrasser. Je l’embrasse…
- Merci… de me comprendre,
d’être si patient avec moi…
- Je ne suis pas sûr de te comprendre. Mais jamais je ne te forcerai la
main.
Je blottis mon visage dans son cou. Je vois ma montre à mon poignet. 19h30, déjà. Le temps passe vite à ses côtés. Je me détache lentement de lui.
- Je vais y aller. J’ai rendez-vous
à la base tôt demain matin.
- Bien. On se retrouve le week-end prochain ?
- Oui, bien sûr. Je reste à Cheyenne Mountain toute la semaine.
Je t’appelle.
- Prends soin de toi. Je t’aime, Sam.
- Je t’aime aussi.
Nous nous détachons l’un de l’autre. Je l’embrasse une dernière fois et je me dirige vers chez moi. Je sais qu’il me suit du regard. Je me retourne sur le pas de la porte. En fait non, il est parti. Je vois sa voiture quitter le stationnement. Je rentre et m’adosse à la porte.
Je lui ai fait mal. Je sais que je lui ai fait mal. J’ai une boule dans la gorge. Pourquoi n’ai-je pas dit oui ? Pourquoi ? Rien ne m’y empêchait vraiment. Aucune loi, aucun règlement…
J’éclate en sanglots.
Ma vie est misérable.
J’ai le poste le plus passionnant au monde mais ma vie est misérable.
Ne pas penser. Ne pas penser… à lui. LUI.
Je secoue la tête. Si je reste ici je vais cogiter toute la nuit. J’attrape mon sac et prépare mes affaires. Quitte à passer une nuit blanche, autant que ce soit à étudier l’artéfact de P9X568 et non pas à me morfondre comme une midinette. Je pars pour la base.
SJSJSJSJSJSJSJSJSJ
8 heures 30. Déjà. J’ai du dormir quoi… deux heures… Le briefing est à 9 heures. Bah, de toutes façons, il sera encore en retard. Même dans son propre bureau il n’est pas capable d’être à l’heure !
Cette pensée me fait sourire.
Penser à lui me fait toujours sourire…
NON. C’est à Pete que je dois penser. A Pete que j’ai abandonné
hier avec sa bague à la main, qui va passer une des pires semaines de
sa vie à cause de moi. Le moins que je puisse faire c’est au moins
penser à lui !!!
J’entre dans la salle de briefing.
Daniel et Teal’C sont déjà là. Je me sens tout à
coup un peu plus détendue, rassurée. Je suis en famille.
- Bonjour Colonel Carter.
- Bonjour Sam ! Alors, bon week-end ?
- Bonjour Teal’C, bonjour Daniel… Oui, très bon Daniel, merci…
Daniel fronce les sourcils.
- Sûre ? Vous n’avez
pas bonne mine…
- J’ai peu dormi… j’ai passé une bonne partie de la
nuit à travailler sur l’artéfact que SG7 a rapporté
de P9X568.
- Et bien moi j’ai dormi comme un loir. Travailler un dimanche soir, mon Dieu, Carter, cela doit faire partie de votre « mystère féminin » !
Un frisson vient de parcourir mon dos en entendant sa voix. La surprise, sans doute. Je ne l’avais pas entendu entrer. Je me retourne vers lui et me mets au garde à vous.
- Bonjour, mon général.
- Bonjour à tous. Repos, Carter.
Nous nous installons dans nos fauteuils
respectifs. Je le regarde. Sa haute stature, ce visage fin, cet air posé,
ces cheveux poivre et sel, ces yeux bruns, ce sourire… toujours ce sourire…
Je me saisis rapidement du dossier qui est posé sur la table. Le briefing
commence. Je suis un peu dans le brouillard. Plein de pensées se télescopent
dans ma tête. J’ai toujours trop de pensées qui se télescopent
dans ma tête.
Se concentrer sur la mission. Ecouter, intervenir, retenir.
9h37. Fin du briefing. Jack… non… LE GENERAL O’NEILL nous pose la traditionnelle question :
- Bon, quelque chose à ajouter
?
- Pete m’a demandée en mariage.
POURQUOI ??????
POURQUOI J’AI DIT CELA ????? ICI ??????????? MAIS QU’EST-CE QUI M’A PRIS ??????
Je reste les yeux fixés sur mon dossier. Pourquoi ne réagissent-ils pas ? Peut-être que je n’ai finalement rien dit en fait ? Peut-être que je l’ai juste pensé ?
- Les félicitations sont donc de rigueur, Sam ?
Zut. Je l’ai donc bien dit.
Pourquoi la voix de Daniel est-elle si calme… si… triste ?
Je lève les yeux. Ils semblent pétrifiés tous les trois.
De vraies statues. Pas un sourire. Teal’C c’est normal… mais
Daniel et Jack…
- Elle n’a pas dit ce qu’elle avait répondu, Daniel.
La voix de Jack est posée, neutre. Je le regarde. Ses yeux sont rivés sur moi. Parfaitement inexpressifs et en même temps si…
Je baisse les miens. Je parle sans les regarder.
- Je n’ai pas encore répondu.
J’ai dit que je devais y réfléchir. A cause des implications
de ma vie professionnelle.
- Bien. Donc les félicitations attendront.
Sa voix… si froide….
- Je suis désolée
de vous avoir dit cela, je ne sais pas ce qui m’a pris, je n’aurais
jamais du vous ennuyer avec ma vie personnelle…
- Non Sam, vous avez bien fait, nous sommes avant tout vos amis… votre
vie nous intéresse… vous avez raison de nous en parler… nous
en sommes très flattés…
Que la voix de Daniel est douce… j’adore Daniel. Je le regarde avec gratitude. Il me sourit. Je voudrais me blottir dans ses bras comme dans ceux d’un grand frère.
La voix de Jack me ramène à la réalité.
- Bon, si personne n’a d’autre annonce à faire…. Quoiqu’il va être difficile de faire mieux que Carter… Teal’C, pas de grossesse en vue ?
Le jaffa hausse un sourcil. Jack se lève.
- Bien. Alors fin du briefing.
Il sort. J’essaye de me concentrer à nouveau sur le dossier en face de moi. Je dois aller l’étudier dans mon labo.
Une main se pose doucement sur mon épaule. Je lève les yeux. Daniel me regarde, l’air grave. Il s’assoit près de moi. Teal’C aussi est sorti, je ne m’en suis même pas rendu compte.
Non, Daniel, pitié, ne dis
rien, Daniel…
- Qu’est-ce qui ne va pas, Sam ?
Non, Daniel, pitié, arrête… pas ça… Je suis tellement… au bord du gouffre…
- Rien, tout va bien. J’ai peu dormi, voilà tout.
Silence.
- Sam…
Sa voix est si douce… Elle s’enfonce comme une lame dans ma poitrine…
- Sam… Je ne vous ai jamais
vue ainsi… Jamais à parler de vous dans un briefing….
- Je sais, c’était ridicule, je suis désolée…
- Ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. Je ne sais pas… C’est
ce que vous avez toujours souhaité… C’est ce que j’ai
tellement souhaité pour vous. Un mariage, des enfants, le bonheur. Vous
le méritez tellement Sam. Tellement. Et pourtant je vous ai rarement
vue si triste qu’à cet instant… Pete…
- Pete est adorable. Je l’aime.
Pourquoi ma voix sonne-t-elle si faux ? Pourquoi Daniel me regarde-t-il avec une telle tristesse ?
- Oui Sam. Pete est vraiment quelqu’un de bien. Il vous aime comme un fou. Il passerait sa vie à essayer de vous rendre heureuse. Mais…
Il ne finit pas sa phrase… Tais-toi Daniel, pitié tais-toi… Je sens les larmes monter en moi.
- Mais il n’est que Pete. C’est ça, Sam ?
Je ne réponds rien. Que répondre ? Je lis dans les yeux de Daniel ce qu’il veut dire. Il lit la réponse dans les miens.
J’éclate en sanglots. Je n’aurais jamais cru avoir tant de tension et de larmes en moi. Le flot ne s’arrête pas. Daniel m’a prise dans ses bras. Je m’accroche à lui de toutes mes forces. J’arrive à articuler entre deux sanglots :
- Daniel, pourquoi sommes-nous maudits ? Pourquoi aucun de nous n’a le droit au bonheur ?
Il ne répond rien. Il me serre un peu plus fort, c’est tout.
Les minutes passent. Je suis bien. Mes larmes se tarissent petit à petit. Daniel est l’une des seules personnes au monde – peut-être la seule – devant laquelle je n’ai pas honte de pleurer. Il s’éloigne finalement un peu de moi et prend mon visage dans ses mains. Il essuie mes joues du bout des doigts. Nous nous regardons. Je crois voir des larmes au fond de ses yeux.
- Qu’allez-vous faire, Sam
?
- Je ne sais pas. Je pense que je vais dire oui.
Silence.
- C’est peut-être ma
seule chance d’avoir une vie normale, Daniel.
- Mais c’est votre vie, Sam. Votre vie entière. Que vous allez
unir avec la mauvaise personne…
- Il n’y a pas de bonne personne, Daniel.
- Sam…
- Non, Daniel. Vous savez qu’il n’y aura jamais… de bonne
personne.
Il a mal. Mal pour moi. Il sait que j’ai raison. Je le serre une dernière fois dans mes bras.
- Merci Daniel. Merci d’être…
comme vous êtes. Merci.
- De rien Sam. N’hésitez jamais à venir me parler. Jamais.
Quand à… enfin… je ne sais plus trop quoi dire.
- Il n’y a rien à dire, Daniel.
Nous nous levons. Il me rend mon sourire. Je quitte la pièce et rejoins mon labo rapidement, la tête basse pour que personne ne voie mes yeux bouffis par les larmes. J’y reste la fin de la matinée, j’y déjeune même. Je m’abrutis de travail.
15h33 : « Le colonel Carter en salle d’embarquement. »
En arrivant dans la salle, je trouve Jack face à la porte dont le dernier chevron est en train de s’enclencher. Il me tourne le dos et fixe maintenant la vague bleutée. Je m’approche de lui.
- Mon général… vous m’avez fait demander…
Il se tourne vers moi et me sourit malicieusement.
- Oui Carter. J’ai pensé que vous aimeriez accueillir notre visiteur à mes côtés.
A ce moment un homme pose le pied sur la rampe métallique.
- Papa !
Je me retiens de me jeter dans ses bras. Je suis heureuse qu’il soit là, justement aujourd’hui. Je jette un regard vers Jack. Il m’observe en souriant, puis va saluer mon père.
- Bonjour Jacob.
- Bonjour, Jack. Sam !
- Bonjour papa.
Il me serre brièvement dans ses bras.
- Je dois discuter avec le général
O’Neill à propos des Tok’ras. On se voit après ?
- Bien sûr. Je t’attends dans mon labo.
Je sors de la salle d’embarquement pendant que Jack et mon père se dirigent vers le bureau du nouveau général.
Je vais devoir le lui dire.
Cette pensée me traverse l’esprit tout à coup. Et anéantit toute la joie que le fait de voir mon père avait apportée en moi.
Comment le lui dire ? Que va-t-il
répondre ?
Il va être heureux. Il n’attend que cela. Il connaît Pete,
il l’a déjà rencontré deux fois. Il a semblé
l’apprécier, le fait que cela soit un ami de Mark le rassure. Il
n’a pas fait de commentaire, mais de toutes façons il n’en
fait jamais.
Enfin une personne qui va se réjouir pour moi. Qui va me conforter dans mon choix. J’en ai tellement besoin.
Je suis arrivée à mon labo. Je me remets au travail en attendant mon père.
…
- Je peux entrer, Sam ?
Je ne l’ai même pas entendu frapper…
- Bien sûr. Comment vas-tu,
papa ?
- Bien, très bien. Je viens de discuter un moment avec Jack, nous progressons
à nouveau dans les relations entre Tok’ras et jaffas. Mais elles
se rétablissent très lentement, c’est un travail de longue
haleine.
- Bien. Euh… Voilà…
Je ne sais pas trop par où commencer. Il a décelé mon trouble et me regarde avec les sourcils froncés. Je lui désigne une chaise.
- Asseyons-nous. J’ai quelque chose à t’annoncer.
Nous nous installons. Je sens son regard attentif, interrogateur. Je détache mes yeux du sol et le regarde en souriant. En souriant maladroitement.
- Voilà, Pete m’a demandée
en mariage.
- …
Il ne répond rien. Il ne sourit pas. Il ne bouge pas. Pourquoi ???? Pourquoi lui non plus ne bouge-t-il pas ???
Continuer.
- … Je n’ai pas encore
accepté, à cause du SGC, tout cela… mais je pense dire oui.
- Ah.
« Ah » ????? C’est tout ??? Mon cœur se met à battre la chamade. Cela ne se passe pas du tout comme je l’avais escompté. Pas du tout. Je sens la colère monter en moi.
- C’est tout ? Tu n’es
pas heureux pour moi ? Je croyais que tu aimais bien Pete.
- Pete est charmant. Et si tu es heureuse je le suis aussi, Sam.
Tout son visage dément cette affirmation. Ses traits sont figés, tendus. Ses yeux semblent sonder mon âme. Cela me rend mal à l’aise.
Sourire. Continuer de sourire.
- Suis-je la première personne
à qui tu en parles ?
- Non. Je l’ai dit ce matin pendant le briefing à Teal’C,
Daniel et au général O’Neill.
- Qu’a dit Jack ?
Pourquoi Jack ? Pourquoi est-ce important pour papa, tout à coup, ce que dit Jack ? Pourquoi toujours Jack ?????
- Rien. Il n’a pas fait de
commentaire. Il n’avait pas à en faire.
- Bien sûr.
Mon père reste songeur, puis semble se souvenir que j’existe. Enfin.
- Bon. Je vais y aller, ma chérie.
- Bien. Je ne te raccompagne pas, tu connais le chemin…
En toute autre occasion j’aurais été profondément déçue qu’il parte si rapidement, sans rien ajouter de plus. Mais là je préfère qu’il s’en aille. Vite. Loin.
Cela a du s’entendre dans le ton de ma voix. Il me regarde avec étonnement. Et avec tristesse.
Comme Daniel, encore de la tristesse. Marre de leur tristesse, de leur pitié. Je n’ai pas besoin d’eux pour être heureuse, de toutes façons. J’ai Pete.
Papa me fait un petit sourire gêné auquel je réponds à peine et sort du labo.
Vite, me replonger dans mon travail. Vite.
…
Zut, j’ai besoin d’un dossier qui est en salle de commande.
Quand j’entre dans la pièce, je constate avec étonnement que la porte des étoiles est ouverte. Je m’approche de la vitre. Papa est sur la rampe. Il parle avec O’Neill.
Qu’est-ce qu’il fait encore là ? Il devrait être reparti depuis… je regarde ma montre… une demi-heure.
Papa s’éloigne dans le halo bleuté. La porte se referme.
O’Neill se retourne et lève les yeux. Il m’aperçoit. Il reste figé. Je ne bouge pas. Ses yeux sont si sombres, ses traits soudain si sérieux… Je suis comme hypnotisée par ce regard… Puis il se détourne et sort de la salle. Je suppose qu’il va vers son bureau.
Que se sont-ils dit ? Ont-ils parlé de moi ?
Je secoue la tête pour en chasser cette idée saugrenue : ils ont des sujets de conversation autrement plus importants que ma petite personne.
Vite, retourner au labo et me replonger dans mon travail. Vite.
SJSJSJSJSJSJSJSJS
« SG1 en salle de breefing – SG1 en salle de briefing »
Je regarde ma montre tout en me précipitant en salle de briefing. 10h37. Vendredi.
Déjà vendredi. J’ai passé la semaine dans mon labo entre deux missions. Le travail est la seule chose qui m’empêche de penser. Etonnamment j’ai bien dormi cette semaine. D’un sommeil lourd, sans rêve. Comme la mort.
J’ai peu pensé à Pete. Je sais, j’aurais du. Mais de toutes façons je vais accepter. Je n’ai pas… d’autre choix.
A cet instant j’arrive en salle de briefing et mes yeux se posent sur O’Neill.
Pas d’autre choix….
Teal’C et Daniel viennent aussi d’arriver. Jack nous fait signe de nous asseoir rapidement et se met à parler.
- Bon, comme vous le savez sûrement, SG8 est actuellement sur P7X563. Ils viennent à l’instant de nous envoyer un appel de détresse, ils ont été attaqués par une troupe assez nombreuse de jaffas. Ils sont encore à 30 minutes de la porte mais n’arrivent plus à progresser. J’ai décidé de vous envoyer en renfort. Départ dans 5 minutes.
Il sourit et ajoute :
- La mauvaise nouvelle, c’est que je viens avec vous !
Je souris instantanément.
Daniel et Teal’C aussi. Il nous manque tellement. J’aime mon rôle
de nouveau leader de SG1, mais il me… il NOUS manque.
Teal’C s’incline légèrement.
- C’est une excellente nouvelle,
O’Neill.
- Oui, pour moi aussi, j’ai besoin d’exercice ! Colonel, me permettriez-vous
de prendre exceptionnellement le commandement de votre unité ?
Ce sourire. Même si je ne l’avais pas voulu, je ne peux rien refuser à ce sourire. Mais là, en plus, j’ai hâte de me reposer à nouveau sur sa présence rassurante.
- Avec plaisir, mon général.
- Bien. Alors à tout de suite.
Nous rejoignons les vestiaires au pas de course. Je vais peut-être me faire blesser ou tuer à l’autre bout de l’univers dans 30 minutes, alors pourquoi suis-je si heureuse ?
Nous passons la porte tous les quatre.
Comme avant.
Nous nous tenons sur nos gardes en arrivant, mais il n’y a pas âme qui vive. L’endroit est une sorte de steppe assez désertique, avec ça et là quelques rochers. Jack nous indique la direction à suivre. Nous partons en courant.
Mon équipement est lourd. J’ai chaud. Je cours sur une planète inconnue, à la rencontre d’une race extra-terrestre qui ne pense qu’à nous éliminer.
Mais je me sens bien.
Ils sont là tous les trois. Ils courent à mes côtés.
Je me sens bien.
Je croise son regard. Lui aussi, cela lui manque, je le sais.
Je me sens bien, enfin.
Des tirs se font entendre à nos oreilles. Nous arrivons à la zone de combat. Les tirs sifflent maintenant dans notre direction. Je me jette vers la gauche, roulant à couvert derrière un rocher. Jack se trouve à quelques centimètres de moi. Teal’C et Daniel sont derrière un autre bloc de pierre, à quelques mètres.
Les tirs sont très fournis. Je jette un coup d’œil. Les membres de SG8 sont à environ 100 mètres, mais une vingtaine de jaffas leur barrent le passage.
L’adrénaline prend le dessus. Comme toujours.
Tirer. Se cacher. Riposter. Tuer. Recommencer.
Les minutes passent. Combien ? Aucune idée.
Jack, à mes côtés, fait la même chose. Nous ne nous regardons même pas. A nous deux, nous avons déjà du en tuer quatre ou cinq. Mais les autres sont bien dissimulés derrière d’autres rochers. Impossible pour SG8 de nous rejoindre pour le moment, ils devraient passer à découvert. La situation s’enlise.
- Bon. On en a pour un moment, Carter.
- Oui mon général. Il vaudrait peut-être mieux ne pas bouger
et laisser les jaffas se découvrir.
- Entièrement d’accord. Prévenez les autres.
Je prends le talkie-walkie et je préviens SG8, Daniel et Teal’C de ne pas bouger. Nous attendons que les jaffas se découvrent.
Jack et moi nous retrouvons donc côte à côte, adossés au rocher, Les tirs des jaffas continuent. Nous nous relevons parfois, en même temps, pour tirer une ou deux fois. Cette synchronisation entre lui et moi me rassure.
Je jette un coup d’œil. Daniel et Teal’C sont toujours derrière leur rocher. Ils me font un petit signe. Tout va bien. J’évite de justesse un tir. Je me rejette en arrière. Mon cœur bat vite.
- Alors, Carter, allez-vous épouser Pete ?
Quoi ?
Ai-je bien entendu ? Je tourne la tête vers lui.
Il est à nouveau en train de tirer. Il ne m’accorde pas un regard.
Un jaffa sort de derrière un rocher sur notre gauche. Je tire. Raté, il a eu le temps de se mettre à couvert.
- Vous ne m’avez pas répondu, colonel.
Je n’ai donc pas rêvé. Il me jette un regard, cette fois. Calme, déterminé. Maître de lui, comme toujours. Tirant sur des jaffas d’un côté, me torturant de l’autre.
Répondre.
- Je ne sais pas encore. Je n’ai pas pris de décision. La logique voudrait que j’accepte.
Pourquoi ai-je répondu cela ? Je croyais que ma décision était prise, pourtant ? Pourquoi n’avoir pas répondu simplement « oui » ?
Adossée au rocher, je le
vois sourire tout en observant ce qui se passe autour de nous.
- La logique. Bien sûr. Que serait une scientifique telle que vous sans
la logique.
Mon cœur s’emballe. Je me sens perdue. Cela ne rime à rien, cette conversation, ici, au milieu des bruits du combat.
Les jaffas se sont rapprochés. C’est ce que nous espérions. Nous en abattons deux qui se sont trop découverts dans l’espoir de nous atteindre. Il n’en reste que cinq ou six, je crois.
Je reprends mon souffle. Ma tête bourdonne.
- Carter, préférez-vous la logique ou le Minnesota avec moi ?
QUOI ?????????
Nous sommes là à risquer nos vies et il me propose d’aller
pêcher ? A quoi cela rime-t-il ?
Il se lève à nouveau pour tirer et se rassoit à côté de moi. Nos regards se croisent. Il a un sourire malicieux.
Je le hais. Mon Dieu comme je le hais.
- Pêcher ? Vous me parlez
ici, maintenant, d’aller pêcher ??
- Mais non, Carter, je vous demande de m’épouser.
Un tir siffle à nos oreilles. Nous nous baissons.
- A gauche, Carter !
Un jaffa vient de surgir. Je ne l’avais pas vu arriver, celui-là. J’ai juste le temps de brandir mon arme et tirer. Il s’écroule à deux mètres de nous.
Je crois que les tirs se sont arrêtés. Jack jette un coup d’œil, puis se lève avec précaution. Il prend son talkie-walkie, s’assure que tout le monde va bien.
Du moins c’est ce que je crois
comprendre, je suis dans un épais brouillard.
Je suis assise contre le rocher.
Je ne comprends pas. Je ne comprends
pas. Je ne comprends pas.
Je déteste ne pas comprendre.
Une voix. Sa voix.
- Vous venez Carter, on y va. Tous les jaffas sont à terre. On fait passer
SG8 en premier, le major Callahan est blessé. Nous on sécurise
la zone.
Je lève les yeux vers lui. Il est debout à côté de moi. Il me lance un coup d’œil et part rejoindre les autres.
Je me lève lentement.
J’agis en automate.
Rejoindre Daniel et Teal’C. Rester sur nos gardes pendant que SG8 se dirige vers la porte. Couvrir leur retraite si nécessaire.
La zone est bien déserte. Tous les jaffas sont bien morts. Pas d’autres en vue. Nous prenons à notre tour la direction de la porte. Jack, Daniel et Teal’C marchent devant moi.
L’adrénaline redescend. Je me mets à trembler. J’ai envie de pleurer.
Encore. Décidemment !
Pas ici. Certainement pas ici.
Mon cœur bat la chamade. Mon cerveau m’envoie des SOS désespérés. Je suis incapable du moindre raisonnement. Mon esprit me renvoie en boucle la phrase qu’il a prononcée. Que je crois qu’il a prononcée.
NON. Il l’a bien prononcée.
- Alors, Carter ?
Je lève les yeux. Je croise son regard. Il a ralenti pour se mettre à mes côtés. Il sourit. Il est content de lui.
Je le hais.
- Alors quoi, mon général
?
- Moi non plus je n’ai pas droit à une réponse ? Décidemment,
cela devient une habitude chez vous de recevoir des demandes en mariage et de
ne pas y répondre ! Vous en avez beaucoup, des prétendants transis
? Ou ne sommes-nous que deux au club, Pete et moi ?
Il sourit. Il se moque de moi. Délibérément.
STOP.
Je me suis arrêtée. J’ai envie de le gifler. De lui ôter ce sale petit sourire. Cet insupportable sourire qu’il arbore depuis huit ans.
- Non mais vous vous foutez de moi, MON GENERAL ?
Il écarquille les yeux. Daniel
et Teal’C se sont arrêtés et me regardent sidérés.
Tant pis. Cela suffit.
- Vous croyez quoi, exactement ? Cela fait huit ans que vous me tenez à distance, huit ans que vous soufflez alternativement le chaud et le froid entre nous, huit ans que vous jouez au chat et à la souris avec moi ! Et quand j’ai enfin une chance de vivre une vie normale, vous arrivez et vous mettez tout par terre d’un revers de manche ! Vous êtes content, hein, général O’Neill ! Vous avez fait votre petit effet, encore une fois !
Je reprends mon souffle. Il a en effet perdu son sourire.
- … J’ai enfin rencontré
un gentil garçon. Quelqu’un avec qui j’ai enfin l’illusion
de pouvoir peut-être un jour vous oublier, ou du moins avec qui je peux
peut-être fonder un foyer NORMAL, et vous… vous…. Vous ne
trouvez rien de mieux que de me demander en mariage au beau milieu d’une
bataille !
- Jack, vous l’avez demandée…
- La ferme Daniel.
Jack a fait taire Daniel sans me quitter des yeux.
Je le hais.
Je ne sais plus.
Je pleure.
Je continue.
- Vous voulez vraiment faire de ma vie un enfer ? Mais je vous rassure, ma vie est déjà un enfer. Vous voir est un enfer. Vous croiser tous les jours, manger avec vous, rire avec vous, me battre avec vous, c’est un enfer. C’est un enfer dont je me délecte parce que… parce que c’est vous. Parce que c’est tout ce que je peux attendre de vous. Je me suis habituée à cet enfer. Je connais ses règles, ses limites, et vous… vous venez tout détruire avec une question stupide, idiote, qui ne représente rien pour vous, que vous sortez sans y penser, pourquoi, d’ailleurs ? Par esprit de compétition macho ? Pour vous prouver que vous êtes bien le meilleur face à Pete, que vous pouvez bien me détruire d’une phrase ?! Réjouissez-vous : c’est fait.
Je ne peux plus parler. Mes yeux sont embués de larmes. Je les sens couler sur mes joues les unes après les autres.
Je veux que cela s’arrête. Vite, faites que cela s’arrête. Que tout s’arrête.
Je le sens près de moi. Je relève la tête. Il n’est maintenant qu’à quelques centimètres de moi. Il est triste. Il est grave.
Ses mains sur mon visage. Ses yeux. Ses yeux presque noirs à présent. Mais que…
…
Il se recule. Ne me lâche
pas. Me regarde.
Reste la sensation de ses lèvres sur les miennes. Si douces. Si chaudes.
Comme sa voix à présent. Douce et chaude.
- Je n’ai jamais voulu vous détruire Carter. Jamais. J’ai voulu saisir ma seule chance de sortir, moi aussi, de cet enfer. Ma question n’est pas stupide. Elle est très sérieuse et mûrement réfléchie. Et vous n’y avez pas répondu.
Il sourit. Moi aussi, je crois. Je ne sais pas. Je ne sais plus rien.
- Je suis désolé. Je sais que vous devriez être en robe blanche sur une terrasse, moi à vos pieds avec des fleurs et une bague … cependant… je n’ai jamais été très doué pour ces choses-là. Mais je vous aime. Depuis de longues années, trop longues. Alors je vous repose quand même ma question : Colonel Samantha Carter, acceptez-vous de devenir ma femme ?
J’entends tout mon être lui répondre :
- Oui.
Il m’attire vers lui. Je me blottis dans ses bras. Je respire son odeur. Plus rien n’a d’importance. Je suis heureuse. Je serai, maintenant, toujours heureuse.
Je suppose que le temps continue
de s’écouler.
Une voix me ramène à la réalité.
- Hum hum…
Je m’éloigne un peu de Jack. Il garde ses bras autour de moi. Nous
nous tournons vers Daniel et Teal’C.
Qui nous regardent avec le plus merveilleux sourire que je leur aie jamais vu. Surtout pour Teal’C !
- Et là, on peut féliciter, non ?
Je ris. Je pleure. Jack répond pour nous deux :
- Je crois que oui, Daniel.
Daniel s’approche de nous. Il ne sait manifestement pas par lequel commencer. Il finit par poser ses yeux sur moi.
Je me détache de Jack et
me jette dans ses bras. Je l’entends murmurer contre mon oreille :
- Félicitations Sam… Je suis tellement heureux pour vous…
Il se recule un peu et me regarde.
- …et voilà la tête qu’une femme est sensée
faire après une demande en mariage !
- Merci Daniel… Merci…
Teal’C a donné une
accolade à Jack en le félicitant. Puis le jaffa se tourne vers
moi et s’incline. J’entoure son cou de mes bras. Il me serre dans
les siens.
- Le général O’Neill est un homme chanceux, colonel Carter.
La voix de Jack lui répond
:
- Il le sait, Teal’C… il le sait.
Je regarde Jack. Je l’aime. Mon Dieu comme je l’aime.
Il me sourit. Encore. Se rapproche de moi et passe sa main autour de mon épaule.
- Bon… Je crois qu’il faudrait quand même rentrer à la base, non ?
La base… le SGC… l’armée… La réalité se rappelle douloureusement à moi. Il a dû lire ma peur dans mon regard, car il serre un peu plus fort mon épaule.
- Pas de panique, Carter… Je vais arranger tout ça. J’ai un entretien de prévu dans dix jours avec notre bien-aimé Président à Washington. Je vais lui proposer ma démission.
QUOI ??? J’ai sursauté.
- NON ! Mon général,
vous ne pouvez pas faire cela…
- Oh si je le peux ! J’y réfléchis depuis pas mal de temps.
Depuis le départ de Hammond surtout. Quitte à ne plus être
en service aussi… actif qu’avant, autant prendre ma retraite. Et
la passer avec vous.
Je veux intervenir, son regard m’arrête. Je le laisse finir.
- Mais j’ai comme dans l’idée que nous n’en arriverons pas là. Le président était aux premières loges lors de l’attaque d’Anubis. Et je crois qu’il m’aime bien… il a le sens de l’humour et je suis le seul à essayer de détendre l’atmosphère dans ces réunions sinistres avec tous ces vieux gratte-papiers !
J’imagine Jack faisant le
pitre dans le bureau ovale…
Daniel se racle la gorge. Nous nous tournons vers lui. Il rit à moitié.
- Euh… je ne voudrais pas intervenir dans une conversation aussi grave que cruciale mais… maintenant que vous allez vous marier, vous ne pensez pas que vous pourriez… cesser de vous vouvoyer et de vous appeler par vos grades ? Pour tout vous dire, c’est franchement ridicule, là.
Jack et moi nous regardons. Perplexes.
Comme si tout à coup nous ne savions plus nous appeler autrement. Je
l’ai déjà appelé Jack. Il m’a déjà
appelée Sam. Rarement. Très rarement. Mais nous ne nous sommes
jamais tutoyés…
Il se racle la gorge. En fait, il
est tout aussi gêné que moi.
- Euh… Bien. Donc SAM, ce serait de toutes façons avec plaisir
et sans regret que je prendrais ma retraite pour la passer avec TOI.
Il ponctue sa phrase d’une
petite grimace. Nous rions tous les quatre.
Nous sommes arrivés devant la porte.
Jack se tourne vers nous.
- Bon, bien sûr, à la base pas un mot de tout ceci avant que j’aie
réglé… les détails nécessaires.
Daniel et Teal’C acquiescent.
- … et pas de blagues déplacées, Daniel !!!
L’archéologue sourit malicieusement et commence à composer le code de la Terre. J’envoie notre signal. Quand le vortex est stable, Teal’C et Daniel se dirigent d’un air entendu vers l’ouverture.
Jack et moi sommes restés tous deux en arrière.
Daniel se retourne et nous fait
un clin d’œil.
- Ne tardez pas trop…
Nous sommes seuls. Pour quelques secondes.
A nous deux, O’Neill.
Il ne m’a pas entendue m’approcher de lui. Quand il se tourne vers moi je ne suis plus qu’à quelques centimètres. Ses yeux bruns pétillent. Je fais enfin les gestes dont j’ai rêvé tant de fois…
Je passe une main dans ses cheveux et penche sa tête vers la mienne. Je ferme les yeux.
Enfin.
Je sens une main jouer avec mes cheveux. Je sens l’autre dans mon dos, glisser sous ma veste. Son corps contre le mien.
Mon Dieu.
Nous nous arrachons l’un à
l’autre.
Je reprends mon souffle. Lui aussi, manifestement. Je suis toujours dans ses
bras. Sa force. Son parfum…
- Waouw, Carter !
- Je n’aurais pas dit mieux, mon général…
Nous rions. Les habitudes vont être dures à perdre…
- Il va falloir que nous recommencions
cela bientôt… très bientôt, Sam !
- A vos ordres mon général…
Ses mains glissent de mon dos. Je
m’écarte de lui. A regret, ô combien !
Nous nous sourions. Il passe sa main sur mon visage.
Je sens un frisson me parcourir. Son sourire se fait plus malicieux.
- Je suis trop vieux pour vous.
- Définitivement.
- Je suis désordonné.
- Je rangerai.
- Je peux être très désagréable.
- J’aurais dit « odieux ».
- Je ronfle.
- Je sais.
- Vous serez obligée de venir pêcher.
- C’est un risque à prendre.
- Bien. Alors je n’ai plus rien à objecter. Nous rentrons ?
J’acquiesce. Nous passons la porte. A l’instant où mon corps se recompose à quelques milliers d’années lumière de là, dans la salle d’embarquement du SGC, mon esprit ne pense qu’à une chose :
Jamais un homme ne m’a embrassée comme cela. Jamais.
SJSJSJSJSJSJSJSJSJSJ
Je suis aux côtés de Jack, en salle d’embarquement. J’attends mon père qui doit arriver d’une seconde à l’autre.
Pendant huit jours nous avons joué la comédie à la perfection. Notre attitude est irréprochable. J’en venais même parfois à me demander si je n’avais pas rêvé… Mais généralement, comme s’il lisait en moi mon hésitation, c’est à ce moment-là que Jack me jetait un coup d’œil, qu’il me lançait un sourire… qui ne laissaient aucun doute dans mon esprit.
J’ai perdu toute ma concentration.
Je n’avance plus du tout sur l’artéfact, alors que je pensais
avoir presque fini…
J’ai raconté cela à Daniel, il a trouvé ça
très drôle.
Moi aussi, en fait.
J’ai vu Pete. Je l’ai
appelé comme prévu à mon retour de mission, nous nous sommes
fixés rendez-vous dès le samedi après-midi. J’ai
essayé d’être la plus douce possible. Je lui ai expliqué
que je ne pouvais pas accepter sa demande. Je lui ai dit la vérité
quand il m’a demandé pourquoi. Que sa proposition m’avait
fait beaucoup réfléchir. Que je m’étais rendu compte
que j’avais en fait des sentiments pour quelqu’un d’autre.
Et que cette personne s’était elle aussi décidée
à me demander en mariage.
Je voulais qu’il l’apprenne par moi. Pas par mon frère quelques
semaines plus tard.
Je lui ai dit que j’avais passé avec lui des moments extraordinaires,
que je ne m’étais jamais moquée de lui. C’est vrai.
Je pense qu’il m’a crue.
Il ne m’a pas demandé qui j’épousais.
Il s’est levé, il m’a souhaité d’être
heureuse. Puis il est sorti de ma vie.
Mon père vient d’arriver.
Jack lui a demandé de venir sans en préciser la raison.
Papa m’embrasse et salue Jack. Je suis nerveuse. Après les banalités
d’usage, nous suivons Jack dans son bureau.
Papa et moi nous asseyons. Jack reste debout, appuyé au mur, bras croisés, et s’adresse enfin à mon père.
- Jacob, votre fille vous a fait venir, avec mon assentiment, pour un motif très… personnel en fait.
Papa se tourne vers moi, très surpris et m’interroge du regard. Il doit repenser à notre dernière conversation et se demande pourquoi Jack reste là.
Je sais que je suis écarlate.
Courage…
- Papa… je vais me marier.
- Je sais cela, tu me l’as déjà dit. Tu as donc accepté
la proposition de Pete ?
Je perçois de la déception dans sa voix. Jack doit se délecter de la scène.
- Non. Je n’épouse
pas Pete. J’ai rompu avec Pete samedi dernier.
- Comment ? Mais alors… qui… ?
Tétanisée. Je suis tétanisée.
Papa se tourne alors vers Jack, pour chercher auprès de lui une explication. Jack ne dit rien, il sourit toujours. Papa se tourne à nouveau vers moi. Je peux lire dans ses yeux qu’il a deviné sans y croire.
Selmak ne semble pas vouloir intervenir. Je lui en suis reconnaissante.
Papa me regarde. Je souris. J’entends alors la voix de Jack.
- Alors Jacob, on ne félicite pas son futur gendre ?
Il n’a pas pu résister.
Papa ouvre la bouche. Aucun son ne sort. Mais un sourire se dessine lentement sur ses lèvres. Le sourire que j’avais vainement attendu de lui dix jours plus tôt.
Il se lève, se penche vers moi et me serre dans ses bras.
Je ferme les yeux. Je savoure cet instant.
Papa s’écarte et me regarde longuement.
- Il est inutile que je te demande si tu es heureuse, Sam : tu rayonnes.
Il se tourne alors vers Jack. Ils se regardent un moment, chacun un sourire aux lèvres. Puis papa lui tend la main et Jack la serre avec une certaine solennité.
- Qu’elle soit toujours aussi
heureuse que je la vois aujourd’hui, Jack. C’est mon vœu le
plus cher.
- Et c’est mon seul but, Jacob.
Je voudrais graver cette image dans mon cœur à tout jamais.
En fait, je crois que c’est fait.
La voix de Selmak retentit alors dans la pièce.
- Je me permets de vous transmettre
mes plus sincères félicitations.
- Merci, Selmak.
Jack grimace.
- Ouai... merci…
Il ne s’y fera jamais.
C’est maintenant à nouveau la voix de mon père, dont le visage est soudain redevenu sévère.
- Attendez une minute. Ce mariage est impossible. La loi…
Jack le coupe.
- … de non-fraternisation. Je sais. Votre fille et moi ne le savons que trop bien, Jacob. Personne n’est encore au courant. Je vois le Président demain. S’il refuse de nous laisser nous marier, je prends ma retraite. Sans regret. Vous n’avez aucune inquiétude à avoir pour la carrière de Sam.
Papa a eu l’air surpris, il doit trouver étrange d’entendre Jack m’appeler Sam. Puis son visage se détend définitivement.
- Vous pourriez me remercier, Jack.
- J’allais le faire.
Quoi ?
- Je ne pensais pas que notre conversation
aurait un effet aussi… rapide et efficace.
- Elle n’aurait même pas du avoir lieu. Je n’aurais jamais
du attendre aussi longtemps. Mais merci.
- Je peux savoir de quoi vous êtes en train de parler, messieurs ?
Ils se tournent vers moi, amusés.
- Disons, Sam, que je n’aurais pas aimé être à ta place petite quand tu te faisais gronder par Jacob.
Quoi ???
Devant mon air ahuri, Jack continue.
- Lundi … quand vous…
quand TU nous as annoncé la demande de Pete, tu en as également
fait part à ton père. Or Jacob est venu directement me voir derrière.
Et m’a passé un sacré savon.
- Comment cela « un sacré savon » ?? Papa ??
- Cela fait des mois, ou plutôt des années, que je connais vos
sentiments l’un pour l’autre. Et je ne pense pas être le seul,
loin de là. Hammond cherchait déjà une solution à
votre… problème. Mais quand tu m’as appris, Sam, que tu allais
peut-être épouser Pete, je suis directement allé voir Jack.
Pour lui dire une bonne fois ce que je pensais de ce qu’il faisait. Ou
plutôt de ce qu’il ne faisait pas. C’est d’ailleurs
une des rares fois ou vous m’avez épargné votre mauvais
humour, Jack. Mais comme vous ne m’aviez rien répondu, je n’espérais
pas que mes paroles aient eu un quelconque effet. Encore moins si rapide.
Je regarde Jack. C’était donc cela, leur conversation avant que mon père ne reparte…
- Bien. Je vais devoir vous laisser, les Tok’ras m’attendent. Tenez-moi au courant de l’évolution de… cette affaire.
Je l’embrasse. Nous le raccompagnons en salle d’embarquement.
Je rejoins mon labo. Aucune chance que je puisse avancer sur l’artéfact encore cet après-midi…
SJSJSJSJSJSJSJSJSJ
Je pense que mes étagères sont rangées. Et propres.
Cela fait trois fois que je les nettoie.
En deux heures.
J’ai essayé le classement des livres par collection. Tout enlevé, tout remis. Mais non, je préfère le classement par ordre alphabétique. J’ai donc tout enlevé et tout remis à nouveau.
Je regarde l’horloge : 18h32. Dimanche.
Forcément. Il y a deux minutes, il était 18h30.
Arrêter de regarder l’heure.
…
18h35.
Il n’a pas téléphoné. Son avion atterrissait à 14 heures. J’ai même appelé l’aéroport pour vérifier qu’il était bien arrivé.
J’ai le sentiment d’avoir quinze ans. Maximum. Je suis ridicule.
Je ne l’ai pas revu depuis vendredi soir, à sa sortie de la base. Il prenait l’avion pour Washington à 20 heures.
Son regard me manque. Son sourire
me manque.
Ses lèvres me manquent.
Pourtant on ne s’est même pas embrassés depuis P7X563…
Ridicule. Je suis ridicule.
Je jette un coup d’œil vers la table basse. Encore. J’y vois
le magazine que Daniel m’a glissé vendredi. Le titre s’étale
en couverture :
« Mariage : 100 modèles pour trouver la robe de votre vie »
Sacré Daniel.
Je me refuse à y jeter le moindre coup d’œil. Pas maintenant. Pas tout de suite. Cela me semble encore si fragile, si irréel…
Moi devant choisir une robe de mariée.
Moi mariée.
Moi mariée avec le général Jonathan O’Neill…
…
Quel est ce bruit ?
La porte d’entrée, on frappe à la porte d’entrée.
Je me précipite.
Il est là devant moi, en jean, chemise blanche et veste en cuir. Je sens mes jambes se dérober.
Il me regarde et hausse les sourcils, surpris.
Quoi ?
Je réalise ma tenue. Jean troué et vieux T-shirt. J’ai encore mon chiffon à poussière à la main. Quelle idiote !
Je voudrais disparaître sous terre. Son sourire goguenard me rappelle à la vie.
- Eh bien, quelle classe, Colonel !
Je le hais. Je l’adore.
- Si vous voulez vous donner la
peine d’entrer, mon général… Vous pouvez même
vous asseoir par terre, si vous voulez : tout n’a jamais été
aussi propre !
- Je n’en doute pas mais je préfère le canapé, si
vous n’y voyez pas d’objection…
Je vais pour passer devant lui et entrer dans le salon.
Sa main sur mon bras me retient. Il me tourne vers lui.
- … mais avant j’ai terriblement envie de faire ça.
Son sourire. Son souffle. Ses lèvres.
Enfin.
Il se détache de moi très doucement.
NON. Je le veux encore.
…
Il se détache à nouveau de moi. Cette fois je le laisse faire. Mon souffle est court. La question qui me taraude depuis deux jours revient à mon esprit.
- Alors ? Qu’a dit le Président
?
- Oh, tu sais, les banalités d’usage, les réunions qui n’en
finissent plus, les commentaires insipides des scientifiques divers et variés…
La routine quoi…
- JACK !!!!!!!!!!!!
Il rit. Moi aussi.
- Tu restes colonel en charge de SG1. Je reste général et responsable du SGC. Il nous faudra être discrets à la base, bien sûr, sinon il s’arrange pour le reste. De toutes façons nos postes respectifs sont classés secret défense… Eh, Sam ?
Les larmes. Encore.
La tension. La tension accumulée depuis des jours. Des mois. Des années.
Il sourit à nouveau et me prend dans ses bras. Il me berce. J’entends sa voix. Douce.
- Sam… J’ai promis à
Jacob de te rendre heureuse… S’il te voit pleurer tout le temps,
je vais encore me faire disputer !
- Je sais… je suis désolée…
- Chutt…
Après quelques instants il se recule un peu de moi et essuie mon visage du bout des doigts.
- Bon. Et si on allait dîner ? Restaurant français, ça va ? J’avais pensé à un excellent Tex-Mex que tu devrais adorer, mais l’ambiance y est un peu… tapageuse… cela ne convient pas vraiment à un premier rendez-vous…
Un premier rendez-vous. C’est notre premier rendez-vous…
- et puis, le Tex-Mex, on pourra y aller une autre fois !
L’avenir. L’entendre parler d’avenir. De notre avenir. Ensemble.
- Par contre… si tu comptes garder ce délicieux jean un peu… aéré, il voudrait peut-être mieux aller au Tex-Mex en fait !
Je réalise une seconde fois ma tenue.
- Je vais me changer… je te
laisse un quart d’heure ?
- C’est un vrai quart d’heure ? Ou un quart d’heure dans le
continuum espace-temps féminin, qui se transforme en deux heures dans
le mien ?
- Ai-je jamais été en retard à un briefing, MON GENERAL
?
- Ok Sam… je t’attends là !
M’arracher à son sourire. Monter les escaliers.
Trouver la robe noire.
Dans mes rêves, je me disais toujours que lors d’un rendez-vous
avec lui, je mettrais la robe noire. Légère, courte, simple…
et un petit peu décolletée.
Attraper des dessous.
Mon Dieu. Lesquels ?
Je n’avais pas pensé à cela. Que va-t-il se passer… après le restaurant ?
Le souffle me manque. Je m’appuie quelques secondes contre l’armoire.
Il ne faut pas penser à cela. J’attrape un ensemble bleu. Simple et joli. Advienne que pourra. Ne pas y penser, surtout ne pas y penser.
La salle de bain. La douche. La serviette. Les dessous. La robe. Le mascara, l’ombre à paupière, le brillant à lèvres, le parfum, le coup de brosse dans les cheveux. Je retourne vers ma chambre. Je jette mes affaires sales au fond de l’armoire. J’attrape un gilet et mes chaussures à talon.
Je respire. Je descends l’escalier. Calmement.
Il est dans le salon, de dos. Il observe la photo de SG1 que j’ai placée sur la cheminée. En m’entendant, il se retourne en regardant sa montre.
- 16 minutes Carter ! Si c’était pour un briefing, je devrais…
Tout en parlant il a levé
les yeux vers moi. Et s’est tu.
Son regard… Son regard me déshabille de la tête aux pieds.
Un frisson parcourt mon dos.
Je pourrais préciser que ma minute de retard est due au choix des sous-vêtements. Mais je doute qu’en ce cas nous n’atteignions jamais le restaurant.
Je continue donc de sourire. Au prix d’un effort qui semble surhumain, il se remet à parler.
- Carter… vous êtes…
resplendissante…
- Merci, MON GENERAL !
Il réalise qu’il m’a
encore vouvoyée et sourit. Il agite soudain quelque chose dans sa main
droite d’un air malicieux.
ZUT. Le magazine.
- Cadeau de Daniel.
- Il n’en rate pas une, celui-là. J’ai feuilleté,
il y a des robes pas mal. Je vous ai même fait des croix…
Le général O’Neill a coché les robes qui lui plaisent dans un magazine de mariage ???
J’éclate de rire.
J’ai l’impression qu’avec lui je vais passer le reste de ma vie à rire.
Il m’ouvre la porte d’entrée en souriant toujours. Je prends mon sac et passe devant lui.
Nous n’avons presque pas parlé pendant le trajet. Nous sommes aussi tendus l’un que l’autre, et en même temps très calmes.
Le restaurant est parfait. Simple et discret. Assez loin de la base pour ne pas risquer de mauvaises rencontres.
Nous nous asseyons. Nous nous sourions. Et à partir de là tout est simple.
Simple de se parler, simple de se tutoyer, simple de se tenir la main sur la nappe, simple d’évoquer des souvenirs, simple de parler d’avenir, simple de rire…
Tout est le plus naturel du monde.
Tout est une évidence.
Depuis huit ans c’est une évidence.
- Tu ne m’as pas demandé
pourquoi j’étais en retard, aujourd’hui.
- Alors, pourquoi étais-tu en retard ? Pourquoi m’as-tu laissée
nettoyer au moins trois fois l’ensemble de ma maison sans me passer un
coup de fil ?
- Je me doutais que c’était très sale…
Je lui envoie un petit coup de pied sous la table. Il feint la douleur et sourit. Son sourire en coin, terrible, machiavélique. Celui auquel je ne peux résister. Ah bon, parce que les autres j’y résiste, peut-être ?
- En fait, j’ai dû repasser à la base chercher cela…
Il a sorti quelque chose de sa poche.
Un écrin noir.
Il l’ouvre.
Une bague. En or. Une pierre bleue. Unique.
…
Il m’a pris la main. Je suis incapable de bouger. Il me passe la bague, très doucement. Elle me va parfaitement. Elle est sublime. Le métal et la pierre semblent parfois se mêler… irradier ensemble d’un même éclat dont l’intensité varie selon mes mouvements…
Ce n’est pas un saphir. Ce n’est pas de l’or. C’est… c’est…. Non, cela ne peut pas être ça !
- Jack !!!
- Elle te plaît ?
Il se délecte de mon trouble. J’ai donc raison. Je baisse la voix.
- Tu ne l’as pas trouvée…
ici… n’est-ce pas ?
- Non. J’avoue. C’était sur P3X-quelque chose… mais
je n’ai pas retenu la suite.
- Tu es… tu es…
- Génial, je sais.
Je pensais plutôt à « complètement stupide » et « irresponsable ». Mais en fait « génial » me convient assez. Je regarde à nouveau la bague. Puis ses yeux. Je ferme les miens, me penche par dessus la table et l’embrasse.
SJSJSJSJSJSJSJSJSJ
Cela fait maintenant huit jours
depuis cette soirée.
Encore un lundi. Il est 10h25. Je me suis remise à travailler, et enfin
j’avance bien. Je suis plus sereine maintenant, tout doute s’est
envolé de mon esprit. De toutes façons il me suffit maintenant
de jeter un coup d’œil à mon annulaire gauche pour m’assurer
que je ne rêve pas.
Je sens parfois, en passant dans les couloirs, des petits coups d’oeil vers ma main. Daniel m’a confirmé que tous nos collègues sont certains que j’épouse Pete. Normal, il avait passé quelques heures à la base après sa blessure par Osiris, ils avaient donc constaté que j’étais avec quelqu’un.
Jack et moi avons évoqué
le mariage. Nous sommes d’accord sur tout : quelque chose de simplissime,
en très petit comité, chez Jack. La date a été fixée
au samedi 21, dans douze jours maintenant. Il a demandé à Daniel
et Teal’C d’être ses témoins. J’ai dit que je
ne voulais que Cassie.
Cela l’a étonné, il pensait que je demanderais aussi à
Mark.
Non. Cela aurait dû être Cassie et Janet.
Cela ne sera que Cassie et personne d’autre.
Il a parfaitement compris.
Après le restaurant, il m’a
ramenée chez moi. Nous nous sommes retrouvés sur le pas de ma
porte, enlacés. J’avais tellement… envie de lui. Et lui de
moi.
Mais il s’est finalement détaché de moi. Ses yeux étaient
sombres et sa voix un peu plus rauque qu’à l’ordinaire quand
il a murmuré dans un souffle :
- Pas maintenant Sam… pas encore…
Je n’ai pu retenir un gémissement qui l’a fait sourire.
- Nous avons attendu huit ans Sam… nous ne sommes plus à un mois
près… Je veux qu’avant tu sois ma femme… que tu sois
Madame O’Neill…
J’ai cédé. Je lui cède toujours. Douze jours.
Maintenant que j’y repense, dans mon labo, je sens encore une vague de chaleur envahir mon corps…
Nous avons dîné ensemble deux autres fois. Mais ce n’est pas très pratique en semaine, il faut s’éloigner de Colorado Springs et revenir séparément à la base. De plus ce week-end nous avons dû rester au SGC pour une alerte.
Bon, où en étais-je avec cet artéfact ???
13h10. Il est temps d’aller manger. Daniel et Teal’C doivent déjà y être. Je rejoins le mess.
J’entre dans la grande salle, pleine de monde à cette heure avancée. Je me dirige vers les plateaux.
Le SILENCE. Je réalise tout à coup le silence quasi total qui règne dans la pièce. Je lève les yeux.
Ils me regardent. TOUS. Ils se sont presque tous figés à mon entrée. Je perçois quelques murmures inaudibles.
QUOI ???
Je dois être écarlate. J’ai eu peur un instant d’être entrée totalement nue, vues leurs têtes. Mais non, mon uniforme est bien là.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ???
J’ai lancé la question à la cantonade. Personne ne me répond. Ils se détournent petit à petit, et font mine de retourner à leurs occupations. Tout en continuant à me regarder plus ou moins à la dérobée.
Je distingue soudain Teal’C et Daniel, attablés non loin de là. Daniel sourit malicieusement et m’indique du doigt l’autre bout de la pièce.
Il y a en effet un attroupement
devant le tableau, à l’entrée du quartier des officiers.
Je m’y dirige.
Ils se reculent tous. Un passage s’ouvre devant moi comme par magie. Je sens leurs regards braqués sur moi.
Arrivée devant le grand panneau blanc, je commence la lecture des différents papiers accrochés par des punaises. La routine.
« Le major Hubert sera décoré
de l’ordre…. »
« Les douches du niveau 13 seront en réfection du.. »
« L’ambassadeur Kaskech de la Tok’ra a été reçu…
»
Rien qui puisse…
Mon nom. Je viens d’apercevoir mon nom sur un de ces insignifiants bouts
de papier blanc, frappés du tampon officiel de l’Armée de
l’air.
Je me penche, je lis.
« Sur dérogation spéciale
et exceptionnelle du Président des Etats-Unis d’Amérique,
le Général Jonathan O’Neill épousera le Colonel Samantha
Elisabeth Carter, le samedi 21 août 2004. La célébration
aura lieu dans la plus stricte intimité. »
Signé : Général O’Neill.
Le tampon. La signature. Le petit bout de papier blanc à en-tête
habituel. Au milieu de tous les autres.
Une note de service.
Il a fait une NOTE DE SERVICE !!!!!!!!!!!!!!!!!!
Je ferme les yeux un instant.
Ils sont derrière moi. Immobiles. Ils attendent ma réaction.
Ne pas réagir. Rester parfaitement
impassible.
Je prends une grande inspiration. Je me redresse. Ils s’écartent.
Je me retourne. Je fais face à tout le monde mais je ne regarde personne.
J’avance, à nouveau ils s’effacent devant moi.
Aller prendre un plateau. Le garnir (de quoi ? Aucune idée). M’asseoir avec Teal’C et Daniel, que la scène amuse manifestement beaucoup.
Je mange sans dire un mot. Les murmures se sont intensifiés, je n’écoute pas. Je sais que les regards sont toujours braqués sur moi. Je ne lève pas les yeux.
J’entends la voix de Daniel, moqueuse.
- Il a fait fort, là !
Je réponds sans le regarder.
- Oui. Très fort.
- Je suppose, Sam, que ce n’est pas une idée à…
- Non. Ce n’est sûrement pas une idée à moi, Daniel.
La voix grave et calme de Teal’C
s’élève.
- Sur Chulak, pour annoncer un mariage, nous faisons cela de façon un
peu plus… euh…romantique…
- Chez nous aussi, Teal’C !
Il hausse un sourcil. Il ne comprend pas mon agacement. J’essaye d’expliquer :
- D’habitude, on le dit par oral, ou alors on envoie un faire-part, une jolie invitation… Je ne sais pas…
Teal’C à nouveau :
- Si j’ai bien compris, Colonel Carter, vous ne trouvez pas la note appropriée
et vous auriez préféré que O’Neill soit plus…
romantique ?
- …qu’il envoie à chaque membre de la base un faire-part
décoré de deux petites colombes, Sam ?
Je foudroie Daniel du regard.
- Non. Bien sûr que NON, Daniel.
Daniel se tait mais continue de
me regarder en souriant. Teal’C est perplexe.
Je replonge dans mon assiette.
Le silence. A nouveau.
Qu’est-ce qu’il y a, encore ????
Je relève la tête.
Jack vient d’entrer dans le mess, et se dirige vers notre table le plus
naturellement du monde. Son petit sourire aux lèvres.
Je vais le tuer.
- Colonel, Teal’C, Daniel…
ce week-end à la base vous a plu ?
- Moyennement, Jack. Mais la semaine s’annonce passionnante.
Le ton de Daniel est faussement détaché, il me regarde et se mord la lèvre pour ne pas rire.
Je vais tuer Daniel aussi. Il ne va vraiment pas rester grand monde à ce mariage.
Je lève les yeux vers Jack, furieuse. Il me regarde d’un air faussement surpris. Je sais que tout le monde a les yeux braqués sur nous. Le silence est à nouveau total. Tout le personnel de la base est suspendu à nos lèvres. Je pose un regard glacial sur Jack.
- Excellent week-end mon général.
Merci.
- Avez-vous avancé sur l’artéfact de P… bidule, Colonel
?
Son ton est parfaitement professionnel, mais je sais qu’il jubile.
- Oui mon général.
Je pense que j’aurai fini demain, si je peux travailler sereinement.
- Mais j’espère bien que rien ne peut venir perturber votre travail,
Carter !
Je suis partagée entre l’envie de lui planter mon couteau en inox dans la poitrine… et celle de l’embrasser ici, devant tout le monde.
- Quand ce sera terminé,
vous passerez un exemplaire de votre rapport à SG9, ce sont eux qui retourneront
en mission sur cette planète.
- Bien mon général.
- Parfait. Alors à plus tard. Et bon appétit, Carter. Mangez bien,
je trouve que vous avez une petite mine.
Tout mon sang remonte à mon
visage. J’enrage.
Il s’éloigne vers une autre table, parle un instant avec le colonel
en charge de SG9 et repart.
Je finis rapidement la fin de mon repas et je quitte le mess. Toujours sous les regards et les murmures. Quelque chose me dit que ce n’est pas prêt de s’arrêter.
SJSJSJSJSJSJS
Daniel m’a confirmé
quelques jours plus tard que Jack et moi sommes devenus le seul et unique sujet
de conversation de tout le personnel du SGC. Je lui ai demandé si cette
entorse à la loi de non fraternisation créait des jalousies.
Il m’a assuré que les deux ou trois personnes qui s’étaient
permis des réflexions désagréables derrière notre
dos s’étaient fait rembarrer immédiatement.
« Tout le monde se réjouit pour vous deux, Sam. Tout le monde sait
que personne sur Terre ne doit le mériter plus que vous. » Il a
ensuite ajouté avec un sourire :
« Par contre, Jack était déjà l’homme le plus
respecté du SGC – avec Teal’C, peut-être… - Maintenant,
il est devenu en une matinée l’homme le plus respecté ET
le plus détesté ! »
Devant mon regard inquiet il s’est expliqué.
« Vous étiez un mythe Sam. Le fantasme secret et inaccessible de
presque chaque homme à la base. Une déesse de marbre sur son piédestal.
Maintenant ils ont tous le cœur brisé… et haïssent Jack
! »
J’ai rougi. Daniel ne peut décidemment pas s’empêcher
d’en rajouter.
D’un autre côté, moi qui n’avais jamais eu d’amie à part Janet au SGC, j’ai cru lire dans les regards furieux de mes homologues féminins que cela n’était pas prêt de changer…
SJSJSJSJSJSJSJSJ
Mon dieu mon dieu mon dieu
- Tout va bien, Sam ?
La voix de Cassie me tire de ma rêverie. Je me tourne à nouveau vers elle. C’est vraiment une magnifique jeune fille. La robe longue, d’un bleu sombre, lui va à ravir. Ses longs cheveux châtains tombent en cascade sur ses épaules. Son petit bouquet blanc est posé sur mon lit, à côté du mien…
A côté du mien…
- Oui, je suis juste… un peu nerveuse… Tu es ravissante, Cassie.
Elle éclate de rire.
- C’est à moi que tu dis cela ??? Mais regarde-toi, Sam !!
Je me tourne à nouveau vers
le miroir. Je ne me reconnais toujours pas dans le reflet qui m’est renvoyé.
Mes cheveux sont légèrement bouclés, ornés de quelques
minuscules fleurs blanches.
J’ai choisi une robe… très simple d’après Cassie.
Comment peut-on qualifier cela de « simple » ??
Elle est ivoire, en soie. Sans dentelle, sans voile, sans perles, sans rien.
Mes épaules sont nues. Je me suis maquillée moi-même, à
peine.
Et j’ai pourtant l’impression d’être déguisée.
Mon treillis me manquerait presque. Je soupire.
- Tu dois porter quelque chose de prêté. Je crois que j’ai ce qu’il te faut, Sam.
Cassie a sorti une boite de velours
et me la tend. Je l’ouvre.
Un collier en or repose à l’intérieur. Aucune pierre. Juste
le métal, épais, travaillé.
Il est sublime, simple et sublime.
Je connais ce collier. Je lève les yeux. Je vois briller une larme dans
ceux de Cassie.
- C’est celui… de maman.
Ma gorge se serre. J’ouvre les bras. Cassie se jette dedans.
- Je voudrais tellement qu’elle
soit ici avec nous, Cassie. Tellement.
- Moi aussi Sam.
Nous restons ainsi quelques instants.
Janet, où que tu sois, j’espère que tu es fière de nous deux.
Cassie se détache de moi. Elle sourit à nouveau en me passant le collier qui complète parfaitement ma… tenue.
- Tu as quelque chose de neuf ?
- Ma robe !
- Quelque chose de vieux ?
- Mes chaussures. Elles ont trois ans !
- Quelque chose de bleu ?
Je lui souris malicieusement.
- Oui… dessous…
Cassie rougit. Nous éclatons de rire. On frappe à la porte d’entrée.
- C’est sûrement ton père, Sam ! J’y vais !
Cassie a attrapé son bouquet et est descendue en courant. Je me retrouve seule dans ma chambre. Face au miroir.
Respirer. Respirer.
Dans une heure je serai peut-être…
Madame Jonathan O’Neill.
Comment un mois peut-il passer si rapidement ?
Et si lentement à la fois ?
- Sam…
Je me retourne. Papa est dans l’encadrement de la porte de ma chambre, il porte son uniforme de l’armée. Il me regarde en souriant.
- Tu es magnifique, Sam. Ta mère serait fière de toi.
Je sens à nouveau une boule dans ma gorge. Je lui rends son sourire.
- On y va, Sam ? Je connais quelqu’un qui doit nous attendre…
Je prends mon bouquet et je suis papa dans l’escalier.
Je ne réalise pas.
La voiture est devant le perron, Cassie nous attend à l’intérieur.
Je ne vois pas passer le trajet. J’entends soudain la voix de papa.
- Sam… Nous sommes arrivés…
Mes oreilles bourdonnent. Le souffle me manque.
Papa se penche vers moi, inquiet.
- Sam, qu’est-ce qui ne va
pas ?
- J’ai… j’ai peur…
- Peur ? Peur de quoi, Sammy ?
- Peur... après tout ce temps… je ne sais pas… j’ai
du mal à réaliser…
- Tu l’aimes ?
Mon dieu oui.
Je regarde papa.
- Oh oui, papa, je l’aime.
- Alors c’est le moment d’aller le lui dire. Viens.
Je prends la main qu’il me tend et sors de la voiture. Je me laisse guider, Cassie est devant nous.
Nous contournons la maison. Je crois. Je ne sais pas.
Je tremble. La main de papa sur mon bras me rassure. Je serre un peu plus fort mon bouquet.
Le jardin.
Eux.
Mark mon frère, ma belle-sœur, mon neveu et ma nièce, Daniel, Teal’C…
Jack. Jack dans son uniforme bleu sombre.
Les yeux de Jack. Le sourire de Jack.
Je ne vois plus que le sourire de Jack. J’avance vers le sourire de Jack.
Je suis maintenant à ses côtés, devant le général Hammond.
Le général Hammond ???
Mais … ? Il ne devait pas être là ! Il ne pouvait pas venir ! Il était sur le Prométhée !
Il me sourit, manifestement amusé par ma tête.
- Je ne pouvais pas rater cela, Samantha. Décidément pas.
Je me remets à trembler.
Non, je ne pleurerai pas.
La main de Jack dans la mienne. Je le regarde, il me sourit. Il murmure.
- Tu es magnifique. Je t’aime Sam.
Tout va mieux. Tout va bien.
Le général commence la lecture des actes. Je l’écoute à moitié. Jack et moi ne nous quittons pas des yeux.
« … Si quelqu’un ici a de bonnes raisons pour s’opposer à ce mariage, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais. »
Mon cœur se serre.
La voix de Teal’C retentit, parfaitement calme et posée.
- Si quelqu’un s’oppose à ce mariage, je le tue.
Il est sérieux.
J’éclate de rire. Tout
le monde éclate de rire.
Sauf Mark et sa famille, un peu inquiets…
Daniel s’empresse de les rassurer.
- Ne craignez rien, Teal’C est un grand comique… il a toujours adoré faire des blagues au moment où on s’y attend le moins !
Rassuré par les paroles de
Daniel et par notre rire, mon frère se détend.
Jack et moi nous tournons à nouveau vers le général Hammond.
- Bien, étant donné que je doute que quiconque ose s’interposer après cela, vous pouvez maintenant échanger vos consentements.
Mon cœur se met à battre encore plus vite, je ne pensais pas que c’était possible.
Daniel s’avance avec les alliances… et un sourire radieux que nous lui rendons tous deux.
Je plonge mes yeux dans ceux de Jack. Son regard me calme et me rassure. Il prend mes mains dans les siennes et me passe l’anneau au doigt.
« Moi, Jonathan O’Neill, je te prends, Samantha Carter, pour légitime épouse et je jure de t’aimer fidèlement tout au long de notre vie. »
Je prends la seconde alliance et la lui passe à son tour. Je crains que ma voix ne se brise sous l’émotion.
« Moi, Samantha Carter, je te prends, Jonathan O’Neill, pour légitime époux et je jure de t’aimer fidèlement tout au long de notre vie. »
Je lis sur son visage… un tel calme… et un tel bonheur… ses traits sont sûrement le reflet des miens…
- Par les pouvoirs qui m’ont
été confiés par le Président des Etats-Unis d’Amérique,
c’est avec une immense joie que je vous déclare mari et femme.
Jack, vous pouvez embrasser la mariée.
- Inutile de me répéter cet ordre, mon général !
Jack me soulève dans ses bras et m’embrasse passionnément.
J’entends des applaudissements, des rires.
Il me repose lentement, ses yeux toujours rivés aux miens.
Puis c’est un tourbillon. Tout le monde se presse autour de moi. Tout le monde me dit que je suis belle, que je suis radieuse. Tout le monde nous félicite.
Je serre longuement Daniel dans mes bras.
Je ne croyais pas qu’il était possible d’être aussi heureuse.
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Je ne sais pas quelle heure il est. La nuit est tombée. Nous sommes maintenant au salon.
Je suis assise dans le canapé, Jack à mes côtés. Sa main caresse distraitement mon épaule. Je frissonne. Il me sourit.
Le dîner a été parfait. Je n’aurais jamais cru que Daniel avait de tels talents d’organisateur de mariage !
Je ne les avais jamais vus tous aussi heureux. Jack et Daniel n’ont pas cessé de se chamailler. Ils s’adorent.
Je ne pensais pas que Teal’C était capable de sourire si longtemps. Il a du faire des réserves pendant ces huit dernières années !
Mark et sa famille sont repartis depuis un petit moment. Cela m’a fait du bien de les avoir à mes côtés avec papa. Ma nièce m’a juré qu’elle voulait la même robe que moi à son mariage.
C’est juste après leur départ que c’est arrivé. L’éclair habituel, puis soudain les murs gris et lisses… et la voix agacée de Jack.
- Ah non, Thor, je vous aime bien,
mais là ce n’est vraiment pas le moment !
- Désolé O’Neill. Je voulais juste féliciter la nouvelle
Madame O’Neill.
J’ai souri et serré sa longue main grise et translucide. Il a penché
la tête de côté.
- Toutes mes félicitations. Et à bientôt.
- Merci Thor. Si vous voulez bien nous rendre à nos invités, maintenant…
Jack lui a souri. Nous étions à nouveau dans son salon. Les autres n’avaient même pas eu le temps de s’inquiéter.
Cela nous a permis de revenir à nos sujets de conversation favoris.
Daniel est maintenant lancé
dans une description délirante du serpent géant qu’à
priori il aurait affronté à mains nues sur P8X563. Jack lui rappelle
qu’il a suffit d’un coup de zat de Teal’C pour l’anéantir
pendant que l’archéologue courait se cacher derrière une
ruine. Daniel rouspète, faussement outré.
Cassie est pliée en deux de rire sur le fauteuil.
Hammond et mon père sourient, leur verre à la main.
Je les aime. Tous.
Mon regard croise celui de Jack. Ses yeux sont sombres.
Je les aime. Mais je veux qu’ils s’en aillent.
- Bon, je ne sais pas vous, mais moi je pense que je vais rentrer avant de ne plus être en mesure de raccompagner Cassie !
Jack et moi regardons Daniel qui nous sourit malicieusement et remettant ses lunettes.
Daniel a toujours lu en moi comme dans un livre ouvert.
Tous se lèvent d’un même élan. Je les embrasse les uns après les autres sur le pas de la porte, Jack derrière moi.
Je me retourne vers Jack, qui referme la porte d’une main dans mon dos.
Sa respiration est rapide.
La mienne est totalement anarchique.
Ses yeux sont presque noirs maintenant.
Ce petit sourire en coin ne le quitte pas.
Je frissonne au contact de sa main sur ma joue. Sur mon cou. Sur ma gorge.
Mon dieu.
Il se recule et me prend la main. Hypnotisée, je le laisse m’entraîner vers la chambre.
Nous sommes debout à côté de son lit. Son regard se fait tout à coup moins sérieux.
- Tu imagines, si c’est une catastrophe ?
Il sourit. Je m’approche et, tout en commençant à déboutonner sa chemise, je lui murmure à l’oreille :
- Aucun risque, mon général…
Je sens ses mains dans mon dos. La fermeture de ma robe glisse lentement.
SJSJSJSJSJSJ
Lundi. 6h57.
Je m’assois sur le lit. Je le regarde à nouveau. Il est allongé sur le ventre. Les muscles de son dos se soulèvent lentement au rythme de sa respiration.
Son visage est serein, presque enfantin.
6h59.
J’appuie sur le radio-réveil
avant qu’il ne se déclenche.
Je passe la main dans ses cheveux. Mes doigts suivent les courbes de son dos.
Une fois de plus.
Je ne m’en lasserai de toutes façons jamais.
Il sourit. Il s’étire. Il ouvre un œil. Il marmonne :
- Bonjour, madame O’Neill…
- Bonjour, monsieur O’Neill.
Il replonge la tête dans l’oreiller.
- Hum… Quelle heure est –il
?
- 7 heures pile, Jack.
Il sursaute et me regarde, les yeux ronds. Je m’attendais à cette réaction. J’ai envie de rire. De rire et de me glisser dans ses bras.
Encore…
- QUOI ???? 7 heures ??? Tu me réveilles
à 7 heures ???
- Pour être au SGC à 8 heures, cela me paraît raisonnable.
- Mais il est beaucoup trop tôt Sam !!!!! Je ne me lève jamais
avant… 7h45 !
- Je comprends mieux tes retards aux briefings…
Il me regarde d’un air désespéré.
Puis une lueur s’allume au fond de ses yeux. Une lueur que je connais
bien maintenant…
Je m’attendais aussi à cette réaction. Je me lève
vivement pour lui échapper.
Pas assez vivement.
Ses bras autour de ma taille m’ont faite basculer sur le lit.
Ses lèvres sont à nouveau sur moi… ses mains…
Je feins de capituler.
Je ne feins pas tant que ça, en fait…
NON !!
J’arrive à me glisser
hors de son étreinte et je pars en courant vers la salle de bain. Je
me retourne. Son air ahuri me fait éclater de rire.
Il saute du lit. J’ai juste le temps de claquer la porte et pousser le
verrou.
Je suis appuyée contre la porte. Je sais qu’il est derrière.
Mon dieu que cela fait du bien de rire.
J’entends sa voix. Plaintive.
- Sam… S’il te plait…
Il faut que je me prépare moi aussi… laisse moi entrer… je
promets que je ne tente rien.
- Menteur !!!!!
- Je dois me doucher !
- Dans 5 minutes !
- Je dois continuer mes mots croisés !
- Je te les ai posés dans la cuisine avec un stylo.
- Tu dois sortir me préparer le petit déjeuner comme hier !
- Tout est prêt depuis maintenant 3 minutes dans la cuisine.
- ZUT ! Tu es décidemment bien trop intelligente pour moi, je capitule.
Mais tu ne sais pas ce que tu rates…
Ses pas s’éloignent dans l’escalier.
Oh si, Jack…je sais ce que je rate…
Vite. Une douche. Froide.
SJSJSJSJSJ
7h56. Jack gare la voiture sur le parking du SGC. Il se tourne vers moi.
- Prête à devenir le
colonel O’Neill ?
- Prête.
- Alors allons-y.
Nous sortons de la voiture. Nous nous dirigeons côte à côte vers l’ascenseur et nous plongeons dans les entrailles du SGC.
Avant que les portes s’ouvrent, il me lance un ultime sourire. Puis son visage redevient grave.
Il est à nouveau le général O’Neill, en charge du SGC.
Je suis maintenant le colonel O’Neill, en charge de SG1.
Nous avançons dans les couloirs. Nous ne croisons que des sourires. Il est difficile de ne pas y répondre.
Nous pénétrons dans la salle de commande où se tient Hammond. Jack va à sa rencontre.
Hammond lui serre la main, me fait un petit signe de tête.
- Je vous rends le commandement
du SGC, Jack. Je vous remercie de me l’avoir laissé à nouveau
pour 36 heures.
- C’est moi qui vous remercie, George.
- Bien. Il semble que nous ayons un souci avec l’iris. Rien de grave,
mais des interférences sont apparues à son ouverture après
le retour de SG7 ce matin.
Jack se tourne vers moi.
- Colonel, vous voulez bien y jeter
un coup d’œil ?
- Bien sûr mon général.
Je m’assieds devant le clavier. Mes doigts volent sur les touches.
Comme avant.
Je souris au fond de moi. Non. Plus rien ne sera comme avant.
FIN