Projection privée

Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : Romance, encore romance, uniquement romance, définitivement romance
Saison : saison 7
Raiting : aucun
Date d’écriture : décembre 2004

Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else. This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes : hommage à mes pauvres cassettes vidéos qui souffrent beaucoup… vive les dvd…

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- Flûte. C’est bien ma chance, cela doit être la seule fois depuis sept ans qu’elle n’est pas dans son labo !

Le colonel O’Neill soupira. Pour une fois qu’il avait vraiment quelque chose d’important à demander au Major Carter ! Pour une fois qu’il ne venait pas juste la regarder travailler sur son réacteur à naquadah, observer son corps mince, son profil fin et décidé. Pour une fois qu’il ne venait pas juste fondre devant son sourire en lui racontant une blague stupide.

Pour une fois qu’il voulait travailler !

Jack grimaça. Comme quoi il n’était vraiment pas fait pour ça. Mais bon, il savait qu’elle avait vraiment pris du retard sur son étude de l’artéfact de P6V865, et voulait visionner la cassette de la sonde pour pouvoir préparer le topo de leur prochaine mission.

Oui. Le colonel O’Neill voulait préparer le prochain topo. D’accord, préparer vaguement un résumé qu’elle remanierait sûrement de fond en comble pour préparer le vrai topo, mais bon, c’était histoire de l’aider un peu. Elle semblait si fatiguée… Elle le cachait à tout le monde, sauf à lui. Car il la connaissait par cœur, connaissait parfaitement ses soupirs, ces moments où elle se massait la nuque d’un geste discret et rapide, ces moments où dans ses yeux bleus passait soudain un voile d’épuisement.

Elle était éreintée. Il devait l’aider. Daniel était lui-même submergé de paperasse.

Jack entra dans le laboratoire. Il devait trouver la cassette de la sonde, il savait qu’elle les rapportait à son labo dès que l’engin revenait. D’un geste timide, il souleva quelques papiers sur le large bureau de Sam. Rien. Il hésita un moment, partagé entre le désir d’aider sa coéquipière et la culpabilité de fouiller dans ses affaires. Oh, il ne fouillait pas vraiment… Tout cela n’était que des rapports de mission, des plans, des mémos, des comptes-rendus de recherches… Le visage pâle et fatigué de Sam revint à l’esprit de Jack et il s’enhardit. Avec un sourire triomphant il découvrit enfin la cassette marquée « P8X234 » sous un dossier. Il s’approcha alors du magnétoscope pour en faire un premier visionnage et s’assurer qu’il ne se trompait pas.

Une cassette était déjà enclenchée dans l’engin. Jack appuyant par erreur deux fois de suite sur la touche d’éjection, la cassette repartit dans l’appareil et s’enclencha. La télévision reliée au magnétoscope s’alluma automatiquement et l’image apparut.

Le colonel O’Neill, qui avait déjà le doigt sur le bouton « stop », se figea en entendant sa propre voix et leva les yeux vers l’écran :

« - … j’aurais préféré choisir moi-même mes hommes.
- Pas sur cette mission. Désolé. Carter est notre expert de la Porte des Etoiles.
- On peut savoir d’où il débarque ?
- ELLE débarque du Pentagone. Vous devez être le colonel O’Neill. Capitaine Samantha Carter au rapport mon colonel…. »

Jack regardait l’écran bouche bée. Il reconnaissait parfaitement la salle de briefing. Il reconnaissait parfaitement Hammond, Kawalski et tous les autres. Il se vit, sept ans plus tôt, les cheveux encore châtain en bataille. Il la vit s’avancer dans la salle, en tailleur, se figer devant lui, le saluer, lui sourire. Belle. Tellement belle. Pas aussi belle que maintenant, mais déjà tellement belle.
Il se souvenait parfaitement de cette scène – comment l’oublier d’ailleurs ? L’image était assez mauvaise, les caméras de surveillance étant placées à même le plafond de la salle. Il sourit en entendant la jeune femme lui proposer un bras de fer. Tiens, ils n’en avaient jamais reparlé depuis….

A cet instant l’image coupa et il découvrit le vestiaire du SGC. Son sang sembla se figer quand il se vit lui-même, enfilant un T-shirt. Mais il la reconnut alors, adossée aux casiers avec… LE petit haut vert !!!! Jack écarquilla les yeux quand, sur l’écran, il la vit se précipiter sur lui, posant ses lèvres sur les siennes dans un baiser sauvage… Il ne comprit même pas ce qu’il disait…. Il regardait les deux corps tomber sur le banc, enlacés, lui la repoussant enfin…

Le colonel O’Neill s’était assis sans s’en rendre compte, bouche bée, le regard rivé à l’écran. Il grogna malgré lui quand il se vit emmener rudement la jeune femme hors des vestiaires… pourtant il savait ce qu’il allait se passer…. Mais il ne pouvait s’empêcher, huit ans après, de ressentir un léger regret.

Léger ?

La scène avait à nouveau changé. L’infirmerie à présent. Daniel parlait.

Jack monta le son et entendit la voix de l’archéologue :
- …. Vous étiez fiancés, vous deviez vous marier.
- Excusez-moi ??
- Quoi ???

Sur l’écran, Sam et Jack échangèrent un regard surpris et gêné.

O’Neill se souvint…. La découverte du miroir quantique… Daniel dans une autre réalité… L’image changea à nouveau et les scènes se succédèrent. Toujours Sam et lui, seuls ou non. Souvent seuls. Au mess, dans un couloir, dans le laboratoire de la jeune femme. Jack grimaça en entendant certaines de ses blagues, décidemment il ne comprenait vraiment pas en quoi elles pouvaient faire rire Sam. Parfois il entendait les conversations (il l’avait invitée tant de fois que ça à la pêche ??), parfois non, c’était juste leurs deux silhouettes qui passaient fugitivement devant les caméras de surveillance. Jack remarqua que rien n’avait été filmé dans leurs quartiers personnels. Enfin si, sûrement, mais rien n’avait été récupéré sur cette cassette.

Il était hypnotisé par l’écran. Il revivait tant de moments dont il ne se souvenait même plus, et d’autres encore si intenses dans sa mémoire.

Il se revit dans un couloir, un zat à la main brandi vers Sam. Son cœur se serra quand il se vit presser la détente et que le rayon mortel atteignit la jeune femme. Deux fois. Il sentit à nouveau cette douleur dans sa poitrine quand le corps de Sam s’affaissa sur le sol. Immédiatement après il se vit à son chevet, dans l’infirmerie, demander – supplier Janet – de lui laisser une heure de plus.

La cassette devint soudain encore moins bonne, l’image moins nette. Pourtant le cœur de Jack faillit s’arrêter de battre quand il se vit assis dans un épais fauteuil, Sam penchée vers lui. Il ne pouvait entendre ce qu’elle lui disait, mais il n’en avait pas besoin. Il le savait pertinemment : elle était en train de lui expliquer qu’ils n’étaient pas des zatarcs. Qu’ils devaient refaire le test d’Anise.

Jack ferma les yeux un instant, le souffle court. Quand il les rouvrit, l’image avait changée, mais était pleine d’interférences. Il portait maintenant le bandeau sur le front. Anise et Sam se tenaient face à lui et la Tok’ra reprenait l’interrogatoire.

Il entendit sa propre voix. Si hésitante et si forte à la fois, si posée.

« - Je ne suis pas parti….parce que je préférais mourir plutôt que de… de perdre Carter.
- Pourquoi ?
- Parce que je tiens à elle… beaucoup plus que je ne suis sensé le faire. »

Jack regardait toujours l’écran, lèvres entre-ouvertes. Il ne pouvait distinguer le visage de Sam mais son expression était gravée à jamais dans sa mémoire. De même que les paroles de la jeune femme quand elle fut interrogée, quelques instants plus tard. Les lèvres de Jack, assis devant l’écran, formaient silencieusement les mots en même temps qu’il les entendait.

Puis il découvrit Sam blottie dans les bras puissants de Teal’C, pleurant son absence – il devait être avec Maybourne.

Puis ce fut Sam, entrant dans une pièce alors qu’il remettait son T’shirt.

Il se souvint et ferma les yeux. Janet. Janet qu’il avait vue revivre quelques instants sur cette cassette. Quand il regarda à nouveau, Sam était dans ses bras, son corps soulevé par les sanglots, lui la serrant de toutes ses forces, s’agrippant presque à la jeune femme.

Puis la salle d’embarquement. Et tout le personnel, suspendu aux lèvres de Sam alors qu’elle rendait un ultime hommage à sa meilleure amie. Il était là, au premier rang, dans son uniforme, à la regarder sans rien pouvoir faire pour apaiser sa peine.

Puis plus rien. La neige sur l’écran. Jack resta plusieurs minutes à observer la surface grise en silence. Elle avait tout récupéré. Elle avait été chercher, Dieu seul savait comment, tous ces petits moments sur les kilomètres de bandes enregistrées dans le SGC. Ses moments qui n’appartenaient qu’à eux, ces moments que lui-même essayait de garder jalousement gravés dans sa mémoire, elle en avait fait une cassette. Un sourire passa sur le visage de Jack quand il réalisa qu’elle avait tout de même raté – forcément- leur baiser en pleine salle d’embarquement, sous le nez de Hammond !
Il était sonné. Jack O’Neill était sonné. D’avoir revu tous ces moments, et de savoir qu’elle les chérissait comme lui. Qu’elle en avait fait une cassette.

Il appuya sur le bouton de retour en arrière, chercha quelques instants, puis trouva ce qu’il cherchait :

« - Je ne suis pas parti….parce que je préférais mourir plutôt que de… de perdre Carter.
- Pourquoi ?
- Parce que je tiens à elle… beaucoup plus que je ne suis sensé le faire. …»

Retour en arrière. Lecture.

« - Je ne suis pas parti….parce que je préférais mourir plutôt que de… de perdre Carter.
- Pourquoi ?
- Parce que je tiens à elle… beaucoup plus que je ne suis sensé le faire. »

Retour en arrière. Lecture.

« - Je ne suis pas parti….parce que je préférais mourir plutôt que de… de perdre Carter.
- Pourquoi ?
- Parce que je tiens à elle… beaucoup plus que je ne suis sensé le faire. »

Il mit l’appareil en pause. Carter était installée dans le fauteuil et le regardait, lui qui se tenait debout face à elle.

L’image était mauvaise, sautait. Mais Jack ne pouvait détacher son regard d ‘elle.

Une voix très douce se fit alors entendre dans le laboratoire :

- La cassette est mauvaise sur ce passage parce que… parce que je me le repasse souvent.

Jack arrêta le magnétoscope et se retourna lentement. Sam était debout au milieu du laboratoire, livide, ses yeux bleus agrandis par la crainte et l’incertitude. O’Neill se leva doucement sans la quitter du regard. Elle ne parvenait pas à déchiffrer l’expression de son visage. Elle était terrifiée. Il murmura sans sourire :

- Et moi qui croyais que vous travailliez, dans ce laboratoire.

Elle ne put empêcher un sourire de passer sur son visage puis baissa les yeux. Elle murmura :

- Je suis désolée mon colonel. Je suis consciente que ces enregistrements ne sont pas destinés à… à … un usage personnel. Je suis prête à assumer toutes les conséquences de mon acte.

Il acquiesça et sortit la cassette du magnétoscope. Puis il la posa sur le bureau et se dirigea vers la sortie. Quand il arriva au niveau de Sam, à côté d’elle, il s’immobilisa. Elle était figée, le souffle court, les yeux toujours baissés. Sans la regarder, il murmura :

- Je vous la laisse et j’oublie tout ceci à une condition, Carter.
- La…laquelle mon colonel ?
- Vous m’en faites une copie.

Sam cessa de respirer. Jack sortit du laboratoire sans se retourner, le sourire aux lèvres.

FIN