Le coup de la panne

Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : romance, humour (on fait ce qu'on peut...)
Saison : saison 7, après "Chimères"
Raiting : PG13 pour le langage et les sous-entendus
Date d’écriture : septembre 2004

Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else. This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes : je l'ai écrite en deux heures, ce n'est que ma deuxième fanfiction,

__________________________________________________________________________________________________

Merde !

Satanée caisse. J’abandonne.
Je regarde ma montre : 23 heures.
J’ai définitivement raté les Simpsons.
Merde merde merde.

Je hais les rapports de mission. Je hais la paperasse. Je hais le SGC.
Je hais surtout cette voiture.

Je passe mon vendredi soir dans le parking d’une base militaire ultra secrète, penché sur un moteur qui ne veut pas démarrer. Merveilleux. Ma vie est merveilleuse.

Aïe ! J’ai flanqué un grand coup de pied dans le pneu. Cela ne sert à rien, mais cela défoule, comme dirait quelqu’un.

« … : Mon colonel ? »

J’ai sursauté. Je ne suis donc pas le seul être vivant dans ce sous-sol sinistre ? Une forme s’avance vers moi depuis l’ascenseur de la base, à l’autre bout du parking. Je ne distingue pas encore bien de qui il s’agit mais je n’ai que trop bien reconnu sa voix. Bien sûr. Qui d’autre pourrait rester ici à travailler un vendredi soir à 23 heures ??

« Oui Carter. Je suis en but à un problème d’ordre… mécanique. »

Elle sort petit à petit de la pénombre.

Mon Dieu.

Mon dieu mon dieu mon dieu.

Cuir. Noir. De la tête au pieds.
Je ne l’avais jamais vue avec ses habits de moto. En tout cas pas ceux-là.

Je m’en serais souvenu.

Comment peut-elle bouger aussi gracieusement dans un pantalon si… si… près du corps. Et quel corps.

Mon dieu.

Respire, Jack. Respire. N’oublie pas de respirer. Et dis quelque chose. Vite.

« Voilà une heure que je m’acharne sur ce satané engin qui refuse obstinément de démarrer. »

Silence.

« J’ai raté les Simpsons. »

Quel abruti !! Pourquoi avoir ajouté cela !!!

Mais elle sourit. Comment est-ce que j’arrive à toujours faire sourire la femme la plus intelligente de cette galaxie avec des blagues toujours aussi nulles ?

« - Voulez-vous que je jette un coup d’œil, mon colonel ?

- Merci beaucoup, Carter, mais je ne voudrais surtout pas vous retarder, vous avez certainement d’autres projets…

- Mon plat surgelé devra attendre dix minutes de plus avant d’être réchauffé au micro ondes. »

Elle n’a rien de prévu. Comment peut-elle n’avoir rien de prévu ? Ce Pete est décidemment un abruti fini. Jamais je ne la laisserais passer un vendredi soir seule devant un surgelé si nous étions…

Stop.

« Alors merci pour le coup demain, Carter. Mais de grâce, si vous arrivez à faire démarrer ce tas de ferraille, que cela reste entre nous ! Je ne veux pas qu’on sache que j’ai laissé une jeune femme réparer ma voiture à ma place ! Mon orgueil masculin en prendrait un sacré coup. »

Je m’écarte pour la laisser accéder au moteur. Elle pose son casque par terre et passe devant moi.

Tout près.

Elle sent bon. Son parfum français, je crois… Chanel. Comme Marilyn Monroe, qui se vantait de ne mettre que cela pour dormir. Est-ce que Carter aussi ne met que cela…

STOP !!!!

Je me concentre sur son visage. Elle m’amuse. Elle a le même air en regardant ce vieux moteur de voiture qu’en étudiant un réacteur à naquadah. Toujours aussi sérieuse. Toujours cette même ride de concentration au milieu du front. Toujours ces sourcils froncés et cette mâchoire un peu crispée. Juste un peu. Cette moue concentrée, délicieuse.

Je m’appuie à la portière. Je sais que quand elle est lancée dans un problème d’ordre mécanique, cela peut durer longtemps. Jusqu’à ce qu’elle trouve, en fait. Elle trouve toujours.

Faites qu’elle ne trouve pas trop vite cette fois.

Ce pantalon est… insupportable. Comment fait-elle pour garder un corps si fin alors qu’elle est si musclée ? Et cette chute de reins…
Elle relève la tête, me regarde.

J’espère qu’elle n’a pas vu où portait mon regard ! Je lui rends son sourire. Je suis incapable de faire quoi que ce soit d’autre.

Je rêve ou elle vient de se cambrer légèrement davantage au-dessus du moteur ?

Respire, Jack. Respire. Reste détendu. Respire.

Elle enlève sa veste de cuir noir.

Mon dieu. Elle le fait exprès, maintenant j’en suis sûr.

Je n’ai jamais vu ce petit… chemisier avant. Là encore je m’en souviendrais. Un chemisier ? Oui, cela doit être un chemisier. Blanc. A manches courtes. Jamais une chemise ne m’a fait cet effet-là.

C’est peut-être parce qu’elle a laissé le bouton du haut ouvert et qu’elle est penchée sur mon moteur…

J’ai failli glisser, je me suis retenu au rétroviseur. Je rêve ou elle vient de laisser échapper un rire ?

Ridicule. Je suis ridicule. Parler, vite.

« Carter, faites attention, n’allez pas mettre du cambouis sur votre chemisier pour moi ! »

Mais pourquoi diable ai-je parlé du chemisier ?? Mon dieu. Son regard. Qu’est-ce qu’elle a à me regarder comme cela ??

« Je pourrais enlever mon chemisier, mon colonel, mais le faire seule avec vous la nuit dans le parking du SGC pourrait être mal interprété par les gens qui sont dans le poste de vidéo surveillance. »

Ce sourire. La garce. Elle le fait exprès. Elle sait très bien l’effet qu’elle a sur moi et elle en joue. Ne pas bouger. Ne rien dire. Juste sourire.

Et la regarder. Puisqu’à priori c’est ce qu’elle veut que je fasse.

A vos ordres, Major. Avec plaisir, Major.

Je n’arriverai jamais à comprendre comment cette femme aussi belle peut devenir en un instant le meilleur soldat de l’Air Force que je n’aie jamais rencontré. Doublé d’une scientifique des plus brillantes. Comment elle peut rester de marbre dans toutes les situations et soudain me faire craquer d’un sourire. Etre aussi sexy en tailleur qu’avec son treillis et de la boue jusqu’aux yeux.

Bleus.

Bleus, les yeux. Définitivement bleus. Je ne trouve pas d’autre mot que bleus. Elle sait que quand elle me regarde dans les yeux, elle pourrait me demander n’importe quoi.

Enfin, presque n’importe quoi… Mais cela elle ne me le demandera jamais. Parce qu’elle sait que je devrais refuser. Et elle sait que ce serait pour moi la pire des tortures. Elle sait. Et je sais qu’elle aurait aussi mal que moi…

« … Mon colonel ! Euh, mon colonel ? »

Quoi ? Cela fait longtemps qu’elle me parle ? Je ne dois pas avoir l’air gai, vu sa tête. Cela m’apprendra à ressasser ces idées stupides.

« - Oui oui, Carter, j’étais perdu dans mes pensées. Où en êtes-vous ? Avez-vous trouvé ?

- Je crains que oui. Votre courroie de distribution est morte.

- Paix à son âme. C’est grave ?

- Oui. Il nous sera impossible de réparer ici. Il faudra faire venir un dépanneur, et la réparation va vous coûter cher. »

Je grimace. C’est bien ma veine. Mon week-end au bord du lac est définitivement fichu.

« - Bon. Il ne me reste plus qu’à m’appeler un taxi. Merci beaucoup pour votre aide, Carter. Désolé de vous avoir fait perdre votre temps.

- Si vous voulez, je peux vous déposer mon colonel.

- Après tout, pourquoi pas. »

Un déclic vient d’avoir lieu dans mon esprit. Trop tard. Je viens de comprendre ce qu’elle me propose : elle va me ramener chez moi en moto ??? Elle et moi en moto ????

Vu sa tête, elle vient elle aussi de réaliser ce qu’elle m’a proposé. Elle est ravissante quand elle rougit.

STOP.

« … Mais ne vous sentez pas obligée, Major… Je ne voudrais pas abuser de mon autorité hiérarchique… Et puis vous n’avez manifestement pas de second casque…

- Euh.. En fait si, dans mon labo… Et de toutes façons je dois retourner me laver les mains… alors… »

Elle est mal à l’aise. Elle est craquante quand elle est mal à l’aise. C’est si rare qu’elle ne soit plus si maîtresse d’elle-même.
C’est si agréable que cela soit à cause de moi.

Je croise les bras et je lui souris. A mon tour de m’amuser un peu, après ses effets de chemisier…

« Alors c’est entendu Carter. Je vous attends près de votre moto. Encore merci de me ramener, j’accepte l’offre… avec plaisir. »

J’ai un tout petit peu appuyé sur ces deux derniers mots. A peine. Ses pommettes sont écarlates. Nos regards se croisent, je ne baisse pas les yeux, toujours souriant.

Alors, mon Major, on a perdu sa belle assurance ?

Elle est partie en courant presque vers les ascenseurs. Je me retiens de ne pas rire. Bon. J’ai quelques minutes avant qu’elle ne revienne. Où a-t-elle garé sa moto ?

Sa moto. Cela me revient à l’esprit maintenant. Elle va me raccompagner à moto. En fait ce n’est pas du tout une bonne idée, ça. Pas du tout. Très agréable mais pas bonne du tout.

C’est même une idée complètement stupide. Rentrer chez moi un soir derrière Carter sur sa moto… contre Carter avec un pantalon en cuir noir et un petit chemisier blanc…

Respire. Respire. On se calme et on respire !!

Je me dirige lentement vers l’engin, le casque de Carter à la main. Bon sang, ce que c’est petit, une selle de moto…

STOP !! Respire !!! Respire à fond !!!!

Ce n’est rien. Juste une collègue de travail qui propose poliment de te raccompagner chez toi. Et c’est tout.

C’est tout. Le fait que la collègue en question soit la femme la plus belle, la plus intelligente, la plus courageuse, la plus… désirable que j’aie jamais connue n’a rien à voir là dedans.
Le fait que j’aie vécu à ses côtés bon nombre des instants les plus intenses de ma vie n’a rien à voir là-dedans…
Le fait que je l’aie déjà vu rire, pleurer, dormir, souffrir, sauver le monde, me sauver moi… Le fait que je sois… fou d’elle depuis plusieurs années n’a rien à voir là-dedans.

Je suis un idiot. Je suis moins stressé avant d’aller combattre Anubis qu’avant de faire 15 minutes de moto avec elle. Je suis un idiot. Un idiot qui doit rapidement se calmer, mais un idiot.

La porte de l’ascenseur vient de s’ouvrir. Elle marche d’un pas assuré. Trop. Elle a un sourire décontracté. Trop. Je la connais, elle est aussi tendue que moi. Mais elle a raison, sauvons les apparences, feignons d’être détendus. Allez, courage, O’Neill !

Elle me tend le second casque. Je lui rends le sien. Nous échangeons un sourire mal assuré. Elle enjambe la moto, s’assoit sur la selle et enlève la béquille d’un léger coup de reins.

Un léger coup de reins…
STOP !!!!!!!!!!!!

Je mets mon casque, elle le sien. Je prends une grande inspiration et j’enjambe la moto.

Impossible de n’être pas collé contre elle. Même si je voulais l’éviter – ce qui est loin d’être le cas, je dois l’avouer - , ce serait impossible. J’attrape d’une main le bord de la selle. J’hésite un instant, puis je passe mon autre main autour de sa taille.

J’ai senti une décharge électrique quand mes doigts ont à peine frôlé le cuir de son pantalon. Si fin. Elle a tressailli, elle aussi.

Elle ne me lance pas le moindre regard. Tant mieux. Je ne suis pas sûr de ce qu’elle lirait en ce moment dans mes yeux. Ou plutôt si, je ne le sais que trop bien.

Elle démarre la moto. Nous traversons doucement le parking désert. Elle s’arrête devant les portes closes, se redresse. Je la sens hésiter. Qu’y a-t-il ? Au moment où je m’apprête à le lui demander, je sens sa main gauche s’insinuer maladroitement entre nos deux corps.

MAIS QU’EST-CE QU’ELLE FAIT ????

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand ses doigts effleurent le haut de ma cuisse à travers le jean. D’un léger déhanchement elle se soulève un peu de la selle.

Mon dieu mon dieu mon dieu… Il faut qu’elle arrête… Tout de suite….

Elle saisit quelque chose dans la poche arrière de son pantalon et se remet rapidement – très rapidement – en position assise.

Je viens de comprendre. Son badge d’ouverture du parking. Elle avait oublié de sortir son badge d’ouverture du parking !!!!

Les lourdes portes s’ouvrent lentement. Elle a rangé son badge je ne sais où, heureusement pas à son emplacement initial. Je réalise soudain qu’elle tremble légèrement. J’ai moi-même du mal à retrouver une respiration relativement calme.

La moto repart. Je la sens accélérer quand nous atteignons la route. Nous filons dans la nuit. Nos deux corps suivent les mouvements que Carter imprime à l’engin. Elle conduit vite et bien. Comme tout ce qu’elle fait.

En fait, je suis tout à coup très calme. Lancé à toute vitesse sur cet engin, derrière la seule personne au monde qui puisse me faire perdre tous mes moyens, je suis étrangement calme et serein. Je savoure ces minutes. Je sais bien que le temps passe toujours à une vitesse folle dans ces moments-là. Je regarde son dos devant moi, si frêle et si fort à la fois. Je savoure le contact de nos cuisses à travers le tissu. De ma main sur sa taille. Je resserre un tout petit peu mon étreinte. Un tout petit peu.

Elle tressaille et la moto accélère.

Je sens son corps, maintenant détendu lui aussi. Je sais que nous pensons aux mêmes choses. Que nous profitons tous deux de ces instants d’intimité volés au règlement de l’armée.

Je lève les yeux. Au-dessus de nous, les étoiles restent parfaitement immobiles. Je ne veux plus penser à rien.

La moto ralentit. Je reconnais soudain cet endroit. Ma rue. Déjà.

Nous nous arrêtons finalement tout en douceur juste devant le pas de ma porte.

A contrecoeur je détache doucement ma main de sa taille et je descends de la moto, m’arrachant à ce contact si précieux. Nos deux corps se séparent, comme après la nuit que nous n’aurons jamais…

J’enlève le casque et le lui tends, ne sachant trop ce qu’elle va en faire. Elle n’ôte pas le sien mais ses yeux me transpercent derrière la visière.

« - Gardez-le colonel, vous me le rapporterez lundi.

- Bien. Alors bon week-end Carter.

- Bon week-end mon colonel.

- …et merci pour la ballade. Merci beaucoup. Ce fut un plaisir.

Pourquoi ai-je dit cela ??? Pourquoi sur cet air sérieux ???? Je voudrais sortir une blague. Détendre l’atmosphère. Trouver quelque chose à dire, quoi ! Mais cette boule dans ma gorge semble bloquer totalement mon inspiration, pour une fois. Je ne peux détacher mon regard du sien. C’est finalement elle qui rompt le silence.

- De rien. Plaisir partagé.

Elle tourne l’accélérateur et la moto repart dans la nuit.

Je suis certain d’avoir vu briller une larme dans ses yeux.

Ma putain de vie est décidemment merveilleuse.

FIN