Le collier

Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : action (40%) et romance Sam/Jack (60%)
Saison : début saison 8
Raiting : aucun
Date d’écriture : août 2004

Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else. This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes : J’ai essayé de rester, autant que possible, relativement fidèle à l’esprit de la série et aux personnages. Donc pour ceux qui attendent déclarations enflammées, mariages et bébés, désolée.
Un grand merci à Témérah pour sa relecture attentive, ses conseils et encouragements.

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Au large de La Guadeloupe, France, à 6 heures et 6 minutes heure locale.

Amédée Pati replongea une fois de plus sa ligne. Les poissons n’étaient pas très coopératifs, ce matin. Il s’installa plus confortablement dans son bateau. Il aimait cette heure calme, où personne n’était encore sur l’eau. La frêle embarcation suivait doucement le mouvement de la houle. Amédée était bercé par le clapotis des vagues. Le ciel était parfaitement dégagé, une légère brume de chaleur s’élevait seule à l’horizon.

C’est alors qu’il le vit.
L’objet sembla trouer le bleu du ciel avant de chuter comme au ralenti. Amédée ne put distinguer autre chose qu’une boule de feu qui s’abîma bientôt dans la mer, à une dizaine de kilomètres de lui.

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Au même instant, Colorado Springs, 4 heures 6 minutes heure locale, domicile du Lieutenant-colonel Samantha Carter.

Elle se réveilla en sursaut. Son sang battait dans ses tempes, elle était couverte de sueur. Elle tremblait.
Ce qu’elle venait de voir n’était donc qu’un… rêve ? La jeune femme secoua ses cheveux blonds. Cela ne pouvait pas être un rêve, c’était… différent.
Elle reprenait lentement son souffle. Elle réalisa qu’elle ne pourrait pas se rendormir, du moins pas avant un moment. Elle repoussa doucement le drap fin qui la couvrait et se leva.
L’homme étendu à ses côtés poussa un grognement ensommeillé et se tourna vers elle :
- Sam… Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien Pete. Juste un mauvais rêve. Je vais à la cuisine une minute, rendors-toi.
Elle passa doucement la main sur le visage de Pete qui sourit dans son demi sommeil. Puis elle sortit de sa chambre et descendit l’escalier en s’étirant.

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4 minutes plus tard, toutes les alarmes du complexe militaire de Cheyenne Moutain se mirent soudain en action.

C’est dans un bruit assourdissant de sirènes que le général O’Neill gagna en courant la salle de commande, tout en finissant de boutonner sa chemise.
- Que se passe-t-il ?
- Alerte quatre, mon général : un vaisseau Goa’uld vient de sortir de l’hyper-espace et s’est positionné au-dessus de la ville.
- La ville ? Quelle ville ?
- Colorado Springs, mon général.
- QUOI ?? Donnez l’ordre immédiat d’envoyer trois patrouilles d’intervention aérienne, et préparez-vous à rappeler toutes les équipes SG actuellement en mission.
Le jeune lieutenant affecté à la surveillance du radar se tourna vers le général.
- Mon général, ce n’est pas exactement la base qui semble être leur objectif, mais bien la ville de Colorado Springs elle-même, et un point précis dans la ville.
- Transmettez les coordonnées GPS, nous envoyons une équipe à terre.

Le jeune homme se remit à son clavier et son visage pâlit instantanément quand le résultat s’afficha sur l’écran.
- Mon général…
- Et bien lieutenant, ces coordonnées ?
Le lieutenant regarda le général et annonça d’une voix blanche :
- Ce sont les coordonnées GPS du domicile du colonel Carter, mon général.

Jack O’Neill ne cilla pas. Sa mâchoire se crispa peut-être encore davantage, mais personne n’eut le temps de le remarquer : il avait déjà saisi le téléphone le plus proche et composait le numéro du leader de SG1. Les sonneries commencèrent à s’égrener lentement dans le combiné, pendant lesquelles il hurla au personnel de commande :
- Départ immédiat de trois équipes d’intervention pour le domicile de Carter !

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Le téléphone se mit à sonner. Sam, surprise, leva les yeux vers l’horloge du four : 4h12. Qui pouvait bien l’appeler à cette heure ? La base, sans doute. Elle finit son verre d’eau d’un trait, le reposa sur la table de la cuisine et passa dans l’entrée. Elle porta le combiné à son oreille.
- Carter, j’écou…
- Carter, ici O’Neill, un vaisseau Goa’uld s’est positionné il y a quelques instants au-dessus de chez vous, sortez immédiatement et…
Une main puissante venait de saisir le cou de la jeune femme, une autre entoura sa taille comme un étau, la soulevant de terre. Elle lâcha le combiné qui tomba à terre. Elle ne voyait pas son assaillant qui se tenait derrière elle. Elle ne pouvait faire aucun mouvement. Les mains qui la maintenaient étaient gigantesques, glacées, recouvertes d’une sorte de métal gris…
L’atroce vérité frappa tout à coup l’esprit du colonel : un super soldat.

Le combiné était à terre, mais elle entendait toujours la voix de Jack qui hurlait :
- Carter ! Carter répondez-moi ! CARTER !!!!!!!!!!!!!!!!
Elle cria à son tour, espérant qu’il l’entendrait :
- C’est un super-soldat !!!!!!!!!

Elle était perdue. Elle essaya de se débattre, donna des coups de pieds vers l’arrière, mais il n’y eut aucune réaction de la part de son agresseur. C’est alors qu’elle perçut un bruit dans l’escalier et Pete apparut au bas des marches.
- Sam, que se…
Il eut un mouvement de recul devant la scène qui s’offrait à lui : un colosse gigantesque sans visage, vêtu d’une armure d’acier, soulevait devant lui la frêle jeune femme qui se débattait désespérément. Il croisa le regard de Sam qui hurla :
- Va-t-en, Pete !! Va-t’en !!!

C’était hors de question. Il plongea vers son blouson, accroché près de la porte, s’en saisit et, tout en roulant à terre, récupéra son arme de service dans la poche intérieure.
Pendant ce temps, le super soldat s’était lentement retourné vers lui.
Pete ajusta son angle de tir, Sam se recroquevilla pour éviter les balles et le jeune policier déversa son chargeur sur la tête du monstre. Celui-ci desserra son étreinte un instant, ce qui permit à la jeune femme de se glisser comme une anguille hors de ses bras glacés. Elle se précipita vers Pete qui avait déjà ouvert la porte d’entrée et rechargeait son arme.

Le super soldat fit un pas vers eux et leva lentement son bras.
Pete fit de même, brandissant à nouveau son revolver. Sam attrapa l’autre main du jeune homme pour le tirer dehors, mais il résista. Elle hurla :
- Pete, viens, tu n’as aucune chance !
Mais il la poussa dehors violemment.
- Va-t’en Sam ! C’est toi qu’il veut ! Cours !

Sam dégringola les quelques marches de son perron et ressentit une violente douleur à l’épaule gauche. Elle s’étala dans l’herbe déjà humide de rosée. Elle entendit alors les coups de feu et le son froid du laser. Puis le silence.
Elle se releva et jeta un coup d’œil derrière elle. La porte s’ouvrit lentement et le super soldat commença sa poursuite inexorable.
Elle se mit à courir. Elle pleurait à présent. Son épaule ne la faisait pas encore trop souffrir, la blessure était trop récente. Ses pieds nus s’écorchaient un peu plus à chaque instant sur l’asphalte de la route. Sa mince chemise de nuit blanche à bretelles entravait ses mouvements. Elle ne regarda plus derrière elle, elle savait qu’il était là, loin derrière mais là, toujours là.

Elle chassa la panique qui montait en elle et, courant toujours, essaya de discipliner les pensées qui se bousculaient dans son esprit. Elle prit un rythme de course plus régulier, consciente qu’elle devait garder ses forces. Elle soutenait de sa main droite son bras blessé et décida de se diriger vers la zone industrielle, qui offrait deux avantages : à terrain découvert la jeune femme serait facilement repérable par satellite et elle entraînerait ainsi le soldat hors de la zone habitée.

« Il va venir… Il m’a appelée, il sait, il va venir… Il faut tenir jusque là, il arrive…. »

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Jack avait tout entendu. Tous les soldats présents au poste de commande avaient tout entendu : le cri de Sam, la voix de Pete, les coups de feu, puis le silence. Jack se rua sur un des interphones :
- Que les équipes d’intervention prennent les armes contre les soldats d’Anubis et qu’elles m’attendent, je les accompagne.
Il se tourna vers les soldats qui le regardaient, pétrifiés :
- Je reste en contact radio, localisez-la par satellite. Et prévenez Teal’C et le docteur Jackson.
Il était déjà sorti de la salle et courait maintenant dans les couloirs du SGC. Il atteignit en quelques instants le niveau du parking où les équipes l’attendaient dans les trois camionnettes noires. Il bondit dans la première qui démarra en trombe, saisit la tenue que lui tendait l’un des soldats, enclencha sa radio et commença à se changer.

Les trois véhicules filaient dans la nuit vers le domicile maintenant silencieux du colonel Carter.
La radio grésilla, Jack s’en saisit.
- O’Neill. Où en est-on ?
- On les a repérés grâce au satellite, mon général. Deux personnes se dirigent vers la zone industrielle Nord, par Carlington Road. L’une court manifestement, l’autre suit à environ 200 mètres d’écart.
- Bien. La troisième équipe continue sa route vers le domicile du colonel Carter, je pars avec la première et la seconde dans cette direction.

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Son épaule lui faisait maintenant très mal. Elle courait toujours. Ses pieds étaient en sang. Les larmes avaient séché sur ses joues pâles.
Elle n’avait croisé personne. C’était mieux ainsi, personne n’aurait pu l’aider.
Sauf lui. Il allait venir. Il fallait qu’il vienne.

Soudain elle s’arrêta net : un mur de briques rouges s’élevait devant elle. Affolée, elle regarda de tous les côtés : un cul de sac. Elle était piégée.
Elle essaya d’escalader le mur du fond, mais son épaule blessée l’en empêcha. Elle retomba à terre avec une grimace de douleur. Elle se retourna et le vit.

Il venait d’apparaître au bout de la rue. Il avançait, toujours à la même vitesse, toujours dans sa direction.
Elle se releva lentement, lui faisant face, appuyée contre le mur. Il était maintenant assez près pour tirer, mais il ne leva pas son bras. Il avançait toujours.
La jeune femme sentit ses jambes trembler.

C’est à cet instant que les deux véhicules surgirent dans l’impasse et s’arrêtèrent dans un crissement de pneus. Les portes s’ouvrirent et des hommes sortirent, armes au poing. Instinctivement Sam se jeta à terre sur le côté et se protégea la tête alors que les tirs commençaient à fuser autour d’elle.
Puis elle entendit la voix de Jack crier de cesser le feu. Et elle s’évanouit.

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Le super soldat s’était enfin écroulé sous les tirs des soldats. Seuls deux hommes étaient légèrement blessés. Jack se précipita vers la jeune femme qui gisait à terre. Il prit rapidement son pouls et soupira, rassuré. Il remarqua cependant que son épaule faisait un angle assez étrange et peu rassurant avec son buste. Il prit délicatement le corps mince de Sam dans ses bras et se dirigea rapidement vers la camionnette, pendant que les soldats montaient le corps du soldat d’Anubis dans l’autre.

Jack la garda appuyée contre lui pendant le trajet du retour, pendant qu’un soldat faisait un bandage de fortune autour de l’épaule de la jeune femme. Le général O’Neill avait repris sa radio.
- O’Neill. Le super soldat est mort. Je ramène deux hommes à nous blessés et le colonel Carter qui semble s’être démis l’épaule. Prévenez l’infirmerie. Où en est-on avec le vaisseau Goa’uld ?
- Il a quitté l’orbite terrestre il y a deux minutes, mon général. Aucune autre présence dans les parages.
- OK. Restez en alerte trois et rappelez les chasseurs.
- A vos ordres. Le docteur Jackson vient d’arriver à la base.
- Bien. Je le retrouve là-bas. Fin de transmission.

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O’Neill venait de sortir de l’infirmerie où il avait déposé Carter toujours évanouie quand Daniel se précipita à sa rencontre dans le couloir du SGC.
- Jack, que s’est-il passé ? Comment va Sam ?
- Elle va bien, semble-t-il, malgré une blessure à l’épaule. Elle est inconsciente depuis qu’on l’a retrouvée, sous le choc je pense. Elle a été attaquée par un super soldat.
La voix de Teal’C s’éleva derrière eux, il venait de les rejoindre.
- Un soldat d’Anubis ? Ici ?
- Il semble avoir été « déposé » par un vaisseau Goa’uld qui est resté en orbite basse quelques temps. Jusqu’à ce que le soldat soit mort, en fait. Puis il est reparti avant que nous ayons pu l’intercepter. Je ne sais rien d’autre pour l’instant. Suivez-moi en salle de commande, on va faire le point sur ce que nous avons.

A ce moment un soldat déboucha en courant du couloir devant eux et, manifestement gêné, s’arrêta devant O’Neill.
- Mon général, la troisième équipe vient de rentrer. Les nouvelles sont mauvaises.
Daniel l’interrompit :
- Une troisième équipe d’intervention ? Mais où était-elle ?
Le visage de Jack s’assombrit. Il murmura :
- Chez Carter.

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Elle reprit conscience doucement. Elle réalisa qu’elle était à nouveau dans un lit et se demanda un instant si tout ceci n’avait pas été un rêve. Mais une gêne au niveau de son épaule gauche lui ôta immédiatement cet espoir. Elle ouvrit lentement les yeux.
L’infirmerie du SGC. Bien sûr.
Il était donc arrivé à temps. Bien sûr.
Elle entendit la voix de l’infirmière parler dans le téléphone : « Elle vient de reprendre conscience, mon général… »
Elle referma les yeux, laissant son corps s’éveiller lentement.
Quelques instants plus tard Jack, Daniel et Teal’C entrèrent dans l’infirmerie et se dirigèrent vers le lit de la jeune femme. Elle les entendit arriver et ouvrit les yeux à nouveau. Daniel prit une chaise et s’assit à côté d’elle. Jack et Teal’C restèrent debout, en face du lit.
- Comment vous sentez-vous, Sam ? demanda l’archéologue.
- Mmm… Assez moyen. Mon épaule et mes pieds sont un peu douloureux.
- Vos pieds sont justes très écorchés, mais rien d’important. Par contre vous vous êtes démis l’épaule, mais les calmants doivent faire leur effet.
- Que s’est-il passé ?
Jack prit la parole.
- Pour une raison tout à fait inconnue encore, un Goa’uld vous a envoyé un super soldat jusque chez vous.
- Et vous ? Avez-vous été attaqués ?
- Non Carter. Ni Teal’C, ni moi, ni même Daniel qui était pourtant aussi chez lui n’avons été agressés. Vous avez une idée de ce qu’il voulait ?
- Aucune. Je sais juste qu’à priori il ne voulait pas me tuer, il en a eu l’occasion et ne l’a pas fait. Il m’avait seulement ceinturée quand vous veniez d’appeler, et que Pete…
La jeune femme se tut et sembla soudain manquer d’air un instant. Puis elle leva des yeux pleins d’inquiétude et demanda d’une voix tremblante :
- Comment va Pete ? Où est-il ?
Seul le silence lui répondit. Les trois hommes avaient baissé les yeux. Daniel prit doucement la main de Sam dans la sienne et se mit à murmurer lentement :
- Je suis désolé Sam. Quand l’équipe est arrivée chez vous… il n’y avait déjà plus rien à faire. Il a du mourir sur le coup. Nous… nous sommes vraiment désolés.
Il serra un peu plus la main de la jeune femme. Elle le regarda sans sembler comprendre. Puis ses lèvres fines se mirent à trembler et des larmes brillèrent dans ses yeux bleus. Elle articula difficilement :
- Mais… non… ce n’est pas possible… C’est après moi que le soldat en avait… Pourquoi…
Le souvenir de la scène lui revenait petit à petit : Pete brandissant son arme, lui permettant de s’échapper, la poussant dehors… Ses trois amis la regardaient en silence. Une grande tristesse se lisait sur leurs visages. La voix de Jack s’éleva doucement :
- J’ai tout entendu Carter, par le téléphone… il a voulu vous sauver, il vous a sauvée. Il vous aimait, il a fait un choix, il a voulu vous protéger. Vous l’aimiez aussi, vous auriez pris la même décision à sa place.
Elle regardait Jack. Elle écoutait ses paroles, toujours sans sembler comprendre, le regard rivé aux yeux bruns de son supérieur. Elle entrouvrit les lèvres pour parler, mais aucun son ne sortit. Puis son visage s’empourpra soudain, elle se mit à trembler et la colère submergea son esprit. Elle arracha sa main de celle de Daniel, qui recula, surpris. Elle se mit à hurler, toujours en fixant Jack :
- Comment osez-vous parler de lui ? Comment osez-vous prétendre savoir pourquoi il est mort ?
Jack recula d’un pas, bouleversé par l’attitude de Sam qui s’était redressée sur son lit et le regardait avec une haine qu’il n’avait jamais encore vue chez la jeune femme. Elle continua, presque hystérique :
- Que savez-vous de Pete ? de moi ? Pete est mort pour RIEN !!! Pour RIEN !!! SORTEZ !!!
Jack allait répondre mais Daniel lui fit signe de se taire et se leva. Les trois hommes sortirent à reculons de l’infirmerie, observant toujours la jeune femme qui sanglotait maintenant, prostrée sur son lit, le visage caché dans ses mains.

Jack referma la porte, se retourna vers ses deux anciens coéquipiers, dans un geste d’incompréhension, et demanda à Daniel :
- Mais qu’est-ce que j’ai dit pour la mettre dans cet état-là ?
- Ce n’est pas forcément ce que l’un de nous a dit ou fait, Jack. Elle est sous le choc, je ne crois pas qu’il faille forcément essayer d’interpréter sa réaction.
- Soit. Mais il va bien falloir essayer d’en savoir un peu plus sur cette histoire à un moment ou un autre.
- Laissons-lui quelques heures. Elle reprendra le dessus rapidement, elle l’a toujours fait. C’est une femme très raisonnable.
Jack et Teal’C acquiescèrent.

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Quelques heures plus tard, Jack saisit le téléphone qui se trouvait sur son bureau et appela l’infirmerie.
- Comment va le colonel Carter ? Est-elle plus… calme ?
Après un silence, la voix hésitante d’une infirmière lui répondit :
- Mais… mon général… le colonel Carter a quitté l’infirmerie il y a une heure.
- COMMENT ?
Jack bondit de son fauteuil. Daniel et Teal’C, assis en face de lui, écarquillèrent les yeux.
- Mais qui a donné l’autorisation qu’elle quitte l’infirmerie ??
- C’est que… vous n’aviez pas demandé à ce qu’on la garde… et comme elle allait mieux et qu’elle a demandé à partir…
- Où est-elle allée ?
- Je ne sais pas… elle a dit qu’elle rentrait chez elle. Elle a quitté le SGC.
Jack raccrocha le téléphone, furieux, se mit à marcher de long en large dans la pièce et fusilla Daniel du regard.
- « Raisonnable » ? C’est bien ce que vous m’avez dit, Daniel ? Elle est blessée, recherchée par on ne sait quel Goa’uld, et elle part sans rien dire ! C’est sûrement là une attitude que vous qualifiez de « raisonnable », Daniel !
- Oh, ça va ! Je n’ai fait qu’émettre un avis ! Rien ne vous empêchait de passer outre, comme vous le faites si souvent, et de lui interdire de sortir de la base ! C’est vous le général, je vous rappelle !
Jack s’arrêta net devant Daniel et s’apprêtait à répondre quand Teal’C prit la parole :
- Vous ne croyez pas qu’il faudrait se mettre à la recherche du colonel Carter ?
Jack et Daniel regardèrent le jaffa, se regardèrent, et acquiescèrent finalement. Jack reprit son téléphone et demanda qu’on aille vérifier chez le colonel Carter et dans divers endroits si on pouvait la trouver. Il demanda à ce qu’elle soit ramenée à la base d’urgence, pour sa propre sécurité.

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Daniel poussa doucement la porte de la salle de sport et passa la tête à l’intérieur. Jack était bien là, frappant le punching-ball avec application. Il s’arrêta en apercevant Daniel, qui s’approcha.
- Toujours rien Jack ?
- Rien. Aucune nouvelle. Elle est introuvable. Elle n’est pas repassée chez elle depuis sa sortie de l’infirmerie. On sait juste qu’elle a pris sa moto et sûrement quelques affaires.
- Conduire alors que son épaule se remet à peine, c’est de la folie.
Jack acquiesça : oui, c’était de la folie. Et cela ne ressemblait décidemment pas à Carter. Daniel enchaîna :
- On a du la rater de peu.
- Oui. Cela fait déjà deux jours qu’on n’a pas de nouvelles.
- Je sais. Vous avez dormi, Jack ?
- Peu. Et vous ?
- Pareil. Mais je crois qu’on a une chance de la retrouver cet après-midi.
O’Neill fronça les sourcils.
- Cet après-midi ? Pourquoi ?
- C’est l’enterrement de Pete. Je pense qu’elle y sera.
Le général soupira et s’épongea le front avec le bas de son T-shirt noir. Il regarda à nouveau Daniel.
- Pourquoi est-elle partie ? Sans rien nous dire, ni à Teal’C, ni à vous, ni à moi ?
- Parce qu’on fait partie du SGC. Parce qu’elle doit haïr tout ce qui a trait au SGC. Parce qu’elle ne doit plus savoir où elle en est : Janet, Martouf, Pete maintenant… Le SGC lui a tout pris.
- C’est pour cela qu’elle s’en est prise à nous à l’infirmerie ?
- Ce n’est pas à nous qu’elle s’en est prise, Jack, mais à vous seul je pense.
- MOI ? Pourquoi moi ?
- Parce que vous êtes son plus grand échec, Jack…
Jack fit un geste de la main pour arrêter Daniel, son visage trahissait à la fois le malaise et l’agacement.
- Oh, arrêtez Daniel, Carter est un membre irremplaçable du SGC et…
- Jack !! Cela suffit, c’est de Sam qu’on parle, là !!!!!!
Les deux hommes se toisèrent quelques instants, puis Jack se retourna vers le punching-ball et se remit à taper dedans. Daniel se dirigea vers la sortie et, sans se retourner, ajouta :
- L’enterrement est à 17 heures, au cimetière de Colorado Springs.

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- Elle n’est pas là.
Les trois hommes se tenaient un peu à l’écart. Il y avait énormément de monde : parents, amis, collègues… Jack était en civil. Il avait déjà été très délicat de faire accepter le classement de la mort de Pete en secret défense, il était inutile d’en rajouter. Peter Shannahan était quelqu’un d’apprécié et respecté, les étranges circonstances de son décès et le secret qui l’entourait intriguaient et révoltaient pas mal de monde.
- Non, Daniel, elle n’est pas là.
- J’aurais vraiment cru pourtant…
- O’Neill, Daniel Jackson, regardez.
Les deux hommes suivirent le regard du jaffa.
Derrière eux, à environ une centaine de mètres, un peu en hauteur, seule debout au milieu des tombes, se tenait le colonel Carter.
La jeune femme était en jean et chemisier blanc. Elle tenait son casque de moto à la main et portait des lunettes de soleil. Ses traits semblaient, même à cette distance, tirés.
La cérémonie allait bientôt se terminer. Elle tourna la tête vers les trois hommes. Sam et eux se regardèrent un moment, puis elle se détourna et partit sans se presser.
Jack fit signe à Teal’C et Daniel de le suivre. Ils avançaient lentement, ne pouvant décemment pas se mettre à courir au beau milieu d’un enterrement. Quand ils arrivèrent en vue de la route, elle venait de démarrer la moto et s’éloignait rapidement.
Daniel jura. Jack regardait l’endroit où la moto venait de disparaître. Il murmura :
- Au moins on sait qu’elle va bien. Et qu’elle n’est pas loin…
Ils rentrèrent au SGC, dépités.

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Il était maintenant 23 heures 35. Jack, Daniel et Teal’C prenaient un café au réfectoire quand un soldat arriva en courant.
- Mon général, une communication pour vous, c’est à propos du colonel Carter…
Les trois hommes bondirent de leur siège et se dirigèrent rapidement vers le bureau de O’Neill, qui s’empara du téléphone et enclencha le haut-parleur. La première chose qu’ils entendirent fut un bruit de musique assourdissante. Ils se regardèrent étonnés.
- Ici le général O’Neill. Qu’y a-t-il ?
- Mon général, euh… c’est le second lieutenant Philips ici. Je… Enfin… On a retrouvé le colonel Carter.
- Parfait lieutenant. Je vous attends, ramenez-la au SGC.
- C’est que… enfin… Je ne suis pas sûr que ce soit possible…
- Comment cela « pas sûr que ce soit possible » ???
L’agacement faisait petit à petit place à l’énervement dans la voix de Jack. Ce qui ne faisait manifestement qu’affoler davantage le pauvre lieutenant.
- Ben, euh… Enfin…. Il vaudrait mieux que vous veniez, mon général…
- QUOI ??? Mais que se passe-t-il Philips ? Est-ce que le colonel va bien ?
- Euh oui… je crois que oui, globalement… On a essayé, mais elle ne veut pas nous suivre…
- Pour l’amour du ciel, où êtes-vous, lieutenant ??
- Au Black Pearl, mon général.
- Au…
Jack resta bouche bée. Teal’C leva un sourcil, il ne comprenait pas. Daniel, manifestement aussi surpris que Jack, murmura :
- Mais c’est une boite de nuit !
Jack, passablement remis de sa surprise, porta à nouveau le combiné à son oreille.
- Mais qu’est-ce que vous faites au Black Pearl, lieutenant ?
- C’est que… on est vendredi soir, mon général, je suis en permission pour le week-end…
- Ah. D’accord. Bon, j’arrive. D’ici là surveillez le colonel, ne la quittez pas des yeux et suivez-la si elle part.
- Euh, mon général…
- Quoi encore ???
- Si je peux me permettre un conseil, mon général, vous devriez peut-être venir en civil pour ne pas… aggraver la situation.
- Aggraver la… ??? Bien, lieutenant. Nous arrivons.
Jack raccrocha. Les trois hommes se regardèrent, consternés. Puis Jack soupira et dit :
- Cela vous dirait, une petite virée en boite, messieurs ?

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Il n’était pas encore minuit quand ils entrèrent dans l’établissement. Les baffles déversaient leur flot de musique électronique, la piste en contrebas semblait déjà pleine à craquer. Les trois hommes se dirigèrent vers le bar sur la mezzanine. Ils virent un jeune homme courir vers eux : le lieutenant Philips. Il était suivi par deux autres jeunes officiers du SGC, tous en civil.
Teal’C, Daniel et Jack avaient eux aussi passé des vêtements plus décontractés et discrets.
Les trois officiers voulurent se mettre au garde à vous mais Jack les arrêta d’un geste de la main.
- Repos messieurs. Inutile que tout le monde sache qu’on vient de la base. Mais dites-moi, vous êtes les seuls du SGC ou tout le monde s’est donné rendez-vous ici ?
- C’est que c’est la boite la plus proche de la base, alors, on vient souvent ici le week-end… A priori ce soir on est huit.
- Où sont les cinq autres ?
- Au balcon, ils… euh…. ils surveillent le colonel, comme vous nous l’avez demandé.
Les jeunes gens étaient manifestement extrêmement mal à l’aise. Jack fronça les sourcils et se fraya un passage dans la foule, suivi par Teal’C et Daniel. Arrivé au bord de la mezzanine, il repéra les cinq autres officiers et s’approcha d’eux. Ils avaient les yeux rivés sur la piste, bouches bées, et sursautèrent en voyant arriver le général O’Neill. Là encore Jack les stoppa avant qu’ils le saluent et se pencha par-dessus la rambarde.
Il se figea.
Teal’C et Daniel venait de le rejoindre et se penchèrent à leur tour ; l’archéologue avala sa salive difficilement et murmura, comme pour se convaincre lui-même :
- C’est…. Sam ?
Même sur la piste pourtant presque pleine, elle était facilement repérable : les gens s’étaient manifestement écartés pour la regarder danser et elle était donc seule dans un petit périmètre. Et elle dansait, terriblement bien. Elle portait un petit haut noir décolleté sous lequel on devinait à peine son bandage et une jupe bleu pâle, près du corps et… très courte. Elle évoluait gracieusement, sensuellement, balançant ses boucles blondes au rythme effréné de la musique, les yeux mi-clos.
Les trois hommes ne pouvaient détacher leur regard d’elle. La main de Jack se crispa sur la rambarde quand un grand gaillard s’approcha de la jeune femme et lui passa la main autour de la taille. Mais elle le repoussa fermement et leva les yeux.
Et elle le vit. Elle s’arrêta instantanément de danser et sourit, ses yeux maintenant rivés à ceux de Jack qui ne bougeait toujours pas.
Ils se regardèrent ainsi quelques secondes, puis elle détacha son regard du sien et se fraya un passage dans la foule vers l’escalier qui menait au bar. Jack regarda Daniel, l’archéologue leva les mains en signe d’impuissance ; aucun d’eux ne savait quoi faire. A ce moment le colonel Carter apparut en haut de l’escalier et s’approcha lentement d’eux, les yeux toujours rivés sur Jack.
Elle se planta devant lui et s’apprêta à le saluer militairement, toujours le sourire aux lèvres. Il retint le bras de la jeune femme et murmura :
- Pas ici Carter… On va éviter d’attirer l’attention plus que ce n’est déjà fait.
En effet les trois hommes avaient parfaitement repéré les regards concupiscents qui avaient suivi l’arrivée de la jeune femme auprès d’eux. Sam sourit alors malicieusement et lorsqu’elle parla le ton de sa voix était extrêmement chaud et sensuel.
- Très bien… Alors bonsoir, Jack.
Elle avait légèrement appuyé sur son prénom. Il lui sembla soudain qu’il manquait d’air. Il avisa les huit jeunes officiers, sidérés, qui regardaient la scène avec des yeux écarquillés et leur dit, d’un ton qui n’admettait aucune réplique :
- Laissez-nous.
Les jeunes gens disparurent dans la foule. Daniel et Teal’C, un peu en retrait, observaient leur coéquipière en silence. Celle-ci se rapprocha alors de Jack qui tenait toujours son bras droit, jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres de lui. Elle souriait toujours quand elle passa son bras gauche autour du cou de Jack. Elle ne put retenir une légère grimace de douleur, sa blessure la faisant manifestement encore souffrir. Elle rapprocha son visage de celui de Jack qui ne bougeait toujours pas, les traits tendus et sévères.
- Mon équipe au complet, fabuleux… et vous êtes venu me chercher jusqu’ici, Jack… C’est gentil à vous.
- Vous avez bu, Carter. Vous puez la vodka.
Son ton était glacial. Un éclair de colère passa dans les magnifiques yeux bleus de la jeune femme, mais elle ajouta d’une voix toujours aussi douce :
- Il faut bien se donner un peu de courage, Jack… un peu de courage pour oser enfin faire ce dont nous rêvons depuis si longtemps… Mais je vous préviens, c’est une mission à haut risque, aucun ne s’en est sorti jusqu’à présent…
Leurs visages étaient maintenant tout proches. Elle souriait toujours. Les traits de Jack exprimaient une colère froide mais il ne bougeait toujours pas. Il resserra un peu son étreinte autour du bras de Sam et articula lentement sans la quitter des yeux :
- C’est comme cela que vous honorez la mémoire de Pete, Carter ? C’est pour que vous alliez vous saouler et vous donner en spectacle dans une boite de nuit qu’il a donné sa vie pour vous ? Je vous rappelle qu’il a été enterré cet après-midi, vous pourriez au moins avoir la décence d’attendre 24 heures avant de vous jeter dans les bras d’un autre.
- Jack !!!!!!!!!!
Daniel avait crié. Jack ne quittait toujours pas Sam des yeux. Des larmes montèrent dans ceux de la jeune femme qui sentit ses jambes se dérober sous elle. O’Neill lâcha son bras et ne fit rien pour la retenir. Elle s’effondra à genoux sur le sol en pleurant. Daniel se précipita pour relever Sam et la serrer contre lui. Il jeta un regard noir à Jack :
- Comment pouvez-vous être si… si…
- Ramenez-la au SGC, Daniel. Je ne pense vraiment pas qu’elle soit en état de conduire.
Le général O’Neill s’éloigna à grandes enjambées, suivi par Teal’C. Il s’arrêta un bref instant en passant devant les huit jeunes officiers qui avaient suivi la scène de loin.
- Si l’un de vous fait le moindre commentaire sur ce qui vient de se passer, ou s’il relate jamais à qui que ce soit ne serait-ce que le moindre détail de cette soirée, je vous jure que vous récurerez toutes les toilettes du SGC jusqu’à ce que vous deveniez général à ma place. C’est bien clair ?
Les huit hommes acquiescèrent fébrilement. Jack et Teal’C quittèrent la boite de nuit, suivis peu après par Daniel qui soutenait Sam.

La jeune femme pleurait toujours, blottie dans les bras de l’archéologue. Celui-ci avançait vers sa voiture, tout en parlant doucement à son amie.
- Cela va aller, Sam… Jack n’a pas voulu… Jack est si… Vous le connaissez…Je sais ce que vous ressentez, je suis passé par là. Tout va s’arranger Sam, cela prendra du temps mais cela va s’arranger.
Il l’assit avec douceur dans la voiture et lui passa la ceinture de sécurité. La tête dans ses mains elle pleurait silencieusement maintenant. Daniel se mit au volant et démarra. Un quart d’heure plus tard ils avaient regagné le SGC. Il conduisit la jeune femme vers ses quartiers. Elle se laissait mener sans réagir, anéantie. Elle s’assit machinalement sur son lit, les yeux dans le vague. Il s’agenouilla devant elle et lui prit les mains.
- Sam, il faut vous coucher maintenant. Tout ira déjà un peu mieux demain. Il faut…
Elle leva ses yeux bleus vers lui et murmura :
- Il est mort pour rien Daniel. Pete est mort pour rien.
- Non Sam ! Il est mort pour vous sauver, il est mort par amour pour v…
- Il est mort par amour pour moi, alors que moi je… je…
- Vous quoi, Sam ?
Elle ferma les yeux un instant. Quand elle les rouvrit, ils étaient à nouveau pleins de larmes.
- Alors que moi je ne l’aimais même pas. Il est mort pour rien, Daniel, pour une femme qui n’était même pas capable de lui rendre ne serait-ce qu’une infime partie de l’affection qu’il avait pour elle. Pour rien Daniel. Cet homme est mort pour moi, donc cet homme est mort pour rien.
Elle éclata à nouveau en sanglots. Daniel ferma les yeux et soupira : il avait compris. Il la prit dans ses bras, la berça.
- je sais Sam… mais vous n‘y pouvez rien… c’est lui qui a choisi… Vous n’y êtes pour rien, il y a des choses qui ne se commandent pas, des choses qui ne répondent à aucune logique…. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux ou non…. Ce n’est pas votre faute, Sam…. Pete n’est pas mort pour rien. Vous êtes la femme la plus extraordinaire que je connaisse, et je suis tellement heureux que vous soyez toujours là… Oh non, Sam, Pete n’est pas mort pour rien.
Daniel la sentit se calmer petit à petit. Il l’allongea doucement sur son lit et essuya délicatement du bout des doigts les larmes sur son visage. Quand il remonta la couverture sur elle, elle dormait déjà. Il sortit doucement de la chambre de la jeune femme et regagna la sienne. Quand il s’endormit à son tour, il avait lui aussi pleuré sur l’injustice de leurs vies.

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En fin de matinée, on frappa à la porte de son bureau. Jack répondit d’entrer et le colonel Carter pénétra dans la pièce. Ses yeux étaient légèrement cernés et son teint un peu pâle. Elle se mit au garde-à-vous devant le bureau du général.
- Repos, Carter.
Il savait qu’elle viendrait le voir. Il avait même eu droit à un sermon de Daniel qui lui avait gâché son petit déjeuner, au sujet de son manque de sensibilité et de la conduite à tenir quand elle viendrait s’excuser. O’Neill ne savait toujours pas quelle conduite adopter, mais quand il la vit s’avancer, il s’adoucit immédiatement. Il préféra la laisser commencer et continua à triturer son stylo en lui demandant :
- C’est à quel sujet, colonel ?
- Au sujet de mon attitude de ces jours derniers, et d’hier au soir en particulier, mon général.
Elle le regardait bien en face, mais c’était de la crainte et non du défi qu’il lisait dans les yeux bleus.
- Ah.
- Je suis désolée de vous avoir mis dans une situation… embarrassante récemment. J’aurais du rester au SGC depuis le début, je sais parfaitement qu’il y allait de ma protection. Je n’ai pas de justification valable à ma conduite, incompatible avec mes actuelles responsabilités. Je suis prête à accepter toutes les sanctions.
Elle se tut et continua de le regarder en silence. Sa voix était restée parfaitement calme et posée, mais il avait vu trembler très légèrement les mains de la jeune femme. Il posa son stylo et prit un air grave.
- Je suis ravi que vous ayez conscience de vos erreurs et que vous soyez prête à assumer pleinement les conséquences disciplinaires de vos actes, colonel.
Il fit une pause, se retenant de sourire, savourant son effet en voyant la jeune femme pâlir un peu plus. « Daniel me tuerait s’il m’entendait » pensa-t-il.
- J’ai donc décidé, après mûre réflexion, de vous infliger un séjour de deux semaines dans mon chalet du Minnesota.
La jeune femme sursauta et écarquilla les yeux en bégayant.
- Mais… mais...mon général…
- Détendez-vous Carter, c’est une blague !
Elle secoua la tête : on ne le referait décidemment pas. Il continua :
- Pas de sanction. Je pense que ce que vous venez de traverser est déjà assez difficile comme cela. Chacun de nous a eu, malheureusement, à gérer ce genre de… situation et chacun réagit comme il peut.
- Mon général, si je peux me permettre, ce n’est peut-être pas très juste de m’éviter tout…
- Mais je n’ai jamais prétendu être juste, Carter ! Et puis quand ces politiciens ont donné le commandement du SGC à un caractériel tel que moi, ils devaient bien se douter que je n’en ferais qu’à ma tête. Cela sert à quoi, d’être chef, si on ne peut plus faire ce qu’on veut et favoriser ses amis ?
Elle sourit. Elle n’avait plus souri ainsi depuis plusieurs jours. Il le savait et se réjouissait intérieurement d’arriver à dérider un peu son visage si grave.
- Euh… mon général, quand même, pour hier soir, je voulais vous dire….
Il l’arrêta d’un geste.
- Il ne s’est rien passé Carter. Rien dont je me souvienne en tout cas. Et je serais fort étonné que vous vous souveniez vous aussi de quoi que ce soit !
- Je me souviens juste que je vous dois des excuses.
- Elles viennent donc compléter les miennes pour ce que j’ai pu vous dire avec mon tact habituel. Si vous saviez le savon que Daniel m’a passé ce matin….
Ils se regardèrent quelques instants en souriant toujours. Il enchaîna.
- Et votre réputation est sauve : je doute que les quelques membres de la base qui étaient présents aient un jour une quelconque envie d’en parler à quelqu’un, même dans un confessionnal ! Je leur ai expliqué ce qui pourrait en découler.
- Je vous remercie, mon général. Pour en revenir à l’attaque du super soldat, j’ai peut-être un fait intéressant qui m’est revenu. J’ai fait un rêve étrange quelques minutes avant son arrivée. J’aimerais en parler avec vous, Teal’C et Daniel.
- Bien sûr colonel. J’allais de toutes façons vous proposer qu’on se voit tous les quatre en salle de briefing à 16 heures. Cela vous convient-il ?
- Très bien mon général.
- Votre épaule, colonel, comme va-t-elle ?
- Elle est encore douloureuse, je dois éviter de forcer, mais elle se rétablit doucement.
- Bien. Alors à toute à l’heure.
Elle se dirigea vers la porte, hésita et se retourna, le visage à nouveau sérieux.
- Merci mon général. Merci pour tout.
Jack aussi ne souriait plus.
- De rien Carter. Et…. je suis sincèrement désolé pour Pete.
- Je sais.
Elle avait la main sur la poignée quand il ajouta.
- Vous avez remarqué Carter, que je n’ai même pas évoqué votre jupe d’hier !
Elle sourit et se retourna :
- Oui. Cela m’étonne, d’ailleurs.
- C’est que le choc est trop récent. Il me faut du temps pour m’en remettre.
La jeune femme lui lança un sourire radieux auquel il répondit et elle sortit.

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Bien entendu, Jack arriva le dernier en salle de briefing. SG1 l’attendait au complet. Sam avait passé le reste de la journée avec ses deux coéquipiers et dans son laboratoire. Une grande tristesse se lisait toujours sur son visage pâle, mais elle était un peu plus détendue, et sa conversation avec Jack y était pour beaucoup. Daniel avait bien du reconnaître que, pour une fois, le général s’en était bien sorti.
Jack s’assit au bout de la table et fit signe de la main à Daniel qui prit alors la parole.
- Bien. Nous savons qu’un vaisseau Goa’uld, pour l’instant non identifié, s’est placé mercredi dernier à 4 heures 10 du matin en vol stationnaire au-dessus de votre domicile, Sam. Q’un super soldat a été télé porté chez vous, sûrement avec des anneaux de transport, à priori pas pour vous tuer car d’après vous il en a eu l’occasion et ne l’a pas fait.
Sam acquiesça et Daniel enchaîna.
- Quasiment à l’instant où le super soldat a été abattu, le vaisseau est reparti en hyper espace et n’est plus réapparu. Voilà. C’est tout ce que nous avons pour le moment.
Le colonel Carter prit alors la parole.
- J’ai peut-être une information supplémentaire, à laquelle je n’avais tout d’abord pas prêté attention. J’ai fait un rêve étrange quelques minutes avant l’arrivée du super soldat. Voilà, je voyais un objet, un coffret. Ce coffret traversait l’immensité et me tombait dans les mains. Enfin, dans les mains d’une femme, à la place de laquelle j’étais mais que je ne voyais pas.
Daniel l’interrompit.
- Jolinar ? Vous pensez que cela pouvait être Jolinar, Sam ?
- Oui, peut-être… je ne sais pas trop, cela ne correspond pas trop aux perceptions habituelles que j’avais de Jolinar. Bref, une fois en possession du coffret, j’ai comme… posé les mains dessus, de diverses manières, et il s’est ouvert.
- Une sorte de code secret… tactile ?
- Tout à fait. Là se trouvait un collier, lourd, travaillé, magnifique, que je passais autour de mon cou.
- Carter, si vos histoires de rêves sont inventées juste pour nous donner des idées de cadeau pour votre prochain anniversaire, cela ne marche pas, je tiens à vous prévenir.
- Jack !
- Oui, Daniel, je sais … Continuez colonel.
La jeune femme reprit la parole en souriant. Daniel se dit en lui-même que l’humour de Jack avec au moins comme immense qualité d’arriver à faire sourire Sam.
- Bien, donc je passais le collier et soudain je me trouvais tout à coup encerclée par des Goa’ulds…
- Sympa comme collier !
- … et étrangement je me sentais très calme. Un sentiment de grande plénitude, de décontraction…
- Comme le Kelnurim, colonel Carter ?
- Peut-être Teal’C, je l’ignore. En tous cas j’ai ressenti une grande vague d’énergie s’échapper de moi, ou du collier, je ne sais pas trop, et les Goa’ulds sont tombés. Morts. Je me suis sentie exsangue, épuisée, et je me suis réveillée en sursaut. Voilà.
Teal’C leva un sourcil ; Daniel et Jack répétèrent en cœur :
- Morts ??
- Carter, Vous avez découvert un bijou qui tue les serpents ?? Cela doit valoir très cher, ça !
- Je n’ai rien découvert du tout mon général. C’est juste le rêve que j’ai fait juste avant l’arrivée du soldat d’Anubis.
- … qui n’est plus un soldat d’Anubis, Carter ! Je vous rappelle, non sans une certaine fierté, que je me suis personnellement débarrassé de cet affreux…. méchant.
Sam sourit et Daniel soupira. L’archéologue reprit la parole.
- Oui, mais sans vouloir vous vexer, on n’est jamais sûr de rien avec lui, il pourrait très bien…. ressusciter pourquoi pas !
- Vous êtes bien placé pour en parler, Daniel….
- Oh, ça va, Jack ! Ou alors un autre Goa’uld a récupéré les soldats après sa mort... Je ne m’explique pas bien comment, mais je ne vois que ces deux solutions….
Teal’C se tourna à nouveau vers Carter :
- Pourquoi, colonel Carter, dites-vous ne pas être sûre qu’il s’agisse ou non d’un souvenir de Jolinar ?
- Parce que ce n’était pas… comme d’habitude. Certaines images, certaines impressions, étaient tout à coup moins nettes... moins précises que d’autres….
- Comme une émission de télévision mal captée ?
- Jack !!!
- Non Daniel, en fait le général a raison. Oui, quand j’y repense, c’était un peu cela. Comme si le rêve venait… d’ailleurs et que je le recevais plus ou moins bien.
Jack regarda Daniel d’un air de défi, puis fronça les sourcils et dit :
- Donc, si on récapitule, vous avez reçu une sorte de « transmission » sur un collier qui pourrait peut-être tuer des Goa’ulds. Et, quelques minutes plus tard, un vaisseau Goa’uld arrive justement au-dessus de chez vous, et pas pour vous tuer, mais manifestement pour vous enlever. Avouez que ce serait une sacrée coïncidence si les deux événements n’étaient pas liés.
Sam, Teal’C et Daniel acquiescèrent en silence. Jack continua.
- Et tout cela serait lié une fois de plus à Jolinar…
- … ce qui expliquerait que les Goa’ulds aient eu soudain besoin de Sam, ajouta Teal’C.
- Ils auraient, en quelque sorte, intercepté la transmission ?
- En quelque sorte.
- Mais si Sam détient d’une façon ou d’une autre le moyen de tuer les Goa’ulds, pourquoi voudraient-ils l’enlever, et non la tuer pour supprimer cette menace ?
Daniel intervint :
- Peut-être l’un des grands maîtres veut-il la récupérer pour l’utiliser contre les autres grands maîtres et prendre la place laissée vacante par Anubis ?
Un court silence suivi. Puis Jack maugréa :
- Bref, c’est encore en rapport avec Jolinar, donc avec la Tok’ra, comme d’habitude !
- Ils nous en auraient parlé, tout de même, s’ils avaient une telle arme !
- Alors là Daniel, rien de moins sûr avec ceux-là ! … sans vouloir manquer de respect à votre père, Colonel !
Sam et Daniel soupirèrent. La jeune femme enchaîna.
- Je pense mon général, qu’il serait peut-être bon de les contacter, pour en discuter avec eux.
- Et moi je préfère attendre un peu et voir si on peut chercher un peu par nous-même pour une fois. Comme cela ce ne sera pas toujours les mêmes qui feront des cachotteries !
- Et que peut-on chercher ?
- Euh... et bien…
Daniel reprit la parole :
- On a deux événements quasi simultanés : le rêve de Sam, qui serait une sorte de… mode d’emploi, et la tentative d’enlèvement dont elle a été victime. Reste l’élément qui aurait pu déclencher tout cela.
- Et c’est ?
- La livraison du colis.
Sam ouvrit des yeux ronds :
- Mais je n’ai rien reçu, Daniel ! Rien du tout !
- Vous disiez que dans votre rêve, le coffret arrivait dans vos mains après avoir traversé l’immensité ?
- Oui, il passait au milieu du ciel.
- Par la porte des étoiles ?
- Non. Absolument pas.
Le silence s’installa à nouveau. Sam suggéra :
- Peut-être pourrions nous faire des recherches sur des événements qui se seraient produits au même moment que mon rêve, que l’arrivée du vaisseau ?
- Pourquoi pas Carter. Je vais donner l’ordre de lancer une recherche. Bon, et bien, si personne n’a rien à ajouter, fin du briefing.

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Sam, Teal’C et Daniel étaient attablés au mess quelques heures plus tard quand Jack se dirigea vers eux, un grand sourire aux lèvres. Il s’assit. Les trois coéquipiers le regardaient, attendant qu’il explique la raison de sa bonne humeur. Jack piqua nonchalamment un morceau de pain sur le plateau de Daniel. Ce dernier, agacé, demanda :
- Alors ?
- J’ai une excellente nouvelle.
- On a trouvé déjà quelque chose ?
- Oui, une météorite est tombée sur Terre à priori quasiment au moment même où vous avez rêvé, Carter.
Les trois membres de SG1 s’entre-regardèrent, étonnés et souriants, et Daniel enchaîna :
- Mais c’est vrai que c’est une excellente nouvelle, et totalement inespérée !
- Ah mais non, Daniel, ce n’est pas cela, la bonne nouvelle !
- Mais… quoi, alors ?
Jack se pencha vers eux, souriant encore davantage.
- La bonne nouvelle c’est qu’il va falloir aller la récupérer nous-mêmes… et qu’elle est tombée dans les eaux territoriales françaises, au large de la GUADELOUPE !!!
Teal’C leva un sourcil :
- Comment, O’Neill, en Goa’uld …
- NON Teal’C ! Gua-de-lou-pe, une île paradisiaque des Antilles françaises qui n’a aucun rapport avec ces maudits serpents… enfin pas jusqu’à présent !
Daniel fronça les sourcils :
- Attendez Jack… vous avez bien dit qu’il allait falloir que nous la récupérions ? Mais pourquoi le gouvernement français ne peut-il pas nous faire parvenir l’objet ?
- Comme vous le savez sûrement nos deux gouvernements ne sont pas… en très bons termes, ces derniers mois. Et les français n’ont semble-t-il porté aucune attention à ce qu’ils ont classé comme un phénomène astronomique mineur. Donc inutile d’ébruiter l’affaire, on y va nous –mêmes, on récupère l’objet, on rentre et on sauve le monde. Voilà.
Sam et Daniel répétèrent en cœur :
- « NOUS-mêmes » ?
Le sourire de Jack s’élargit encore.
- Bien sûr. Il est hors de question que je rate une partie de pêche dans la mer des Caraïbes ! Il y a des poissons magnifiques, Teal’C, vous savez !
Le jaffa fronça les sourcils, manifestement inquiet à l’idée de retourner pêcher avec O’Neill. Ce dernier feignit de ne pas y prêter attention et continua :
- De plus le colonel Carter est blessée je vous rappelle, et il serait d’ailleurs peut-être sage, si elle le souhaite, qu’elle reste ici au calme quelques …
Sam le coupa d’une voix rapide, monocorde, inhabituelle :
- Vous ne pourrez pas le récupérez sans moi, je suis indispensable.
Les trois hommes la regardèrent, avec des yeux ronds. Daniel demanda :
- Qu’est-ce que vous avez dit, Sam ?
- Quoi ? C’est moi qui ai dit cela ?
- Ah oui, c’est bien vous, Sam !
Elle les regarda, manifestement surprise. Jack fronça les sourcils :
- Carter, vous n’auriez pas mis votre tête dans une bibliothèque extra-terrestre quelconque, récemment ?
- Non… absolument pas… je ne sais pas pourquoi j’ai dit cela…
Ils la regardaient toujours. Elle enchaîna rapidement :
- Je vais bien, je vous dis que je vais bien !
Jack soupira :
- Bon, alors on part tous les quatre demain matin. Je pense qu’on ne devrait pas en avoir pour plus de vingt quatre heures, nous avons les coordonnées de l’endroit où elle est tombée, c’est à quelques miles de la côte.
- Mais mon général, vous ne pouvez pas abandonner la base comme cela !
- Oh que si Carter je le peux ! Justement parce que je suis le général et que c’est moi qui commande, ici !
Daniel et Sam soupirèrent, atterrés. Jack ajouta avec un petit sourire :
- Ne vous inquiétez pas, ce n’est que pour deux jours, tout est calme en ce moment…
- … mis à part l’attaque d’un officier supérieur chez elle par un super soldat Goa’uld ….
- La ferme, Daniel. Donc je disais que tout est calme, et en cas de problème je… je demanderai à Thor de me télé porter directement dans mon bureau ! Et puis je pense qu’une journée de vacances dans un pays paradisiaque ne sera pas de refus par les temps qui courent.
Il jeta un petit coup d’œil à Sam, avala le bout de pain de Daniel avant que l’archéologue ait pu réagir et repartit dans son bureau.
Teal’C le regarda s’éloigner et dit lentement :
- Cette mission m’inquiète.
- Pourquoi ? Vous craignez que les Goa’ulds viennent chercher l’objet jusque là-bas ?
- Non. Je crains qu’O’Neill veuille pêcher.

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- Aïe !!
Daniel fit un bond en avant sur son siège et ses lunettes tombèrent sur ses genoux. Sam et lui, assis côte à côte dans l’avion, se retournèrent vivement vers Jack et Teal’C qui occupaient les places derrière eux.
- Mais Jack, vous m’avez fait mal ! Pourquoi diable tapez-vous dans mon siège ??
Jack prit un air faussement navré, brandissant sa manette à titre d’excuse :
- Je suis désolé, je me suis un peu emporté…. Ces manettes de jeu sont lamentables, elles ne fonctionnent pas !
Teal’C, son chapeau de toile sur la tête, sourit :
- Ce que O’Neill essaye de vous dire, Daniel Jackson, c’est qu’il est très énervé car je viens de le battre trois fois de suite aux jeux vidéo. Mais je ne suis pas certain que cela soit une excuse suffisante pour avoir donné un coup de poing dans votre siège.
Sam pouffa de rire et Daniel, qui avait remis ses lunettes, ouvrit des yeux ronds :
- Il y a des jeux vidéo dans les avions ??
- Bien sûr Daniel, surtout en première ! Canal douze sur votre télécommande !
Daniel regarda, surpris, le boîtier encastré dans son siège. Jack continua, sarcastique :
- Mais je suis sûr que vous êtes trop occupé par votre bouquin pour avoir même remarqué l’écran qui se trouve en face de vous sur le siège !
- Non, merci, j’avais vu. Mais de là à jouer aux jeux vidéo…
Daniel se retourna, se cala à nouveau dans son siège et grommela à l’adresse de Sam :
- Quand je pense que ce type est à la tête d’un organisme militaire crucial pour l’équilibre diplomatique de l’univers…
Sam sourit et replongea dans ses notes.

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- Vous êtes conscient que c’est l’argent du contribuable américain qui nous paye notre voyage, Jack ?
- Oh, ça va Daniel, si nous n’étions pas là, le contribuable américain serait depuis longtemps un hôte Goa’uld, alors il peut bien nous offrir une nuit dans un hôtel correct !
- CORRECT ??
Ils avaient récupéré une voiture à l’aéroport et venaient d’arriver devant l’hôtel ou le général O’Neill avait fait réserver quatre chambres.
Ils avaient traversé une longue allée bordée de palmiers au fond de laquelle se dressait une haute et magnifique demeure coloniale blanche au milieu d’un parc verdoyant. Au loin, ils pouvaient distinguer une piscine à débordement. La mer, turquoise, s’étalait en contrebas, derrière cet ensemble sublime.
Jack sourit et précéda ses amis à la réception. Un gigantesque ventilateur tournait lentement au plafond. Une jeune femme brune, vêtue d’un tailleur immaculé, le gratifia d’un sourire qu’elle ne devait pas faire à tous ses clients…
- Bonjour Monsieur, que puis-je pour votre service ? demanda-t-elle dans un anglais parfait.
- J’ai une réservation au nom de O’Neill.
La jeune femme pianota quelques secondes sur son clavier et releva la tête :
- Bien sûr Monsieur. Voici les clés des trois singles et de la suite, on va vous y conduire immédiatement. Bon séjour chez nous.
Sam et Daniel étaient bouche bée. Teal’C leva un sourcil. Jack savourait son petit effet en prenant tranquillement les quatre clés et en se dirigeant vers l’escalier monumental. Ses trois coéquipiers le suivirent. Daniel semblait sur le point de se décrocher la mâchoire :
- Une SUITE ? Non mais Jack je ne vous reconnais pas, là ! Le grade de général ne vous serait finalement pas un peu monté à la tête ??
Jack souriait toujours et ne répondit pas. Le groom qui les précédait s’arrêta devant une première porte qu’il ouvrit.
- Voici la suite.
Jack se retourna vers Sam et dit :
- La suite est pour Madame.
- Très bien. Si vous voulez bien vous donner la peine…
Sam était tétanisée, elle regardait Jack avec des yeux écarquillés sans rien dire. Jack lui fit un petit clin d’œil :
- On se retrouve dans un quart d’heure à la piscine ?
Sans laisser le temps à la jeune femme de réagir, il s’éloigna, suivi de Daniel et Teal’C. L’archéologue sourit en secouant la tête :
- Jack, vous êtes… vraiment…
- Je sais Daniel, je sais… Mais c’est ce que vous aimez chez moi, non ?
Avec un grand sourire il entra dans sa chambre dont le jeune garçon qui les accompagnait venait d’ouvrir la porte. Les chambres de Teal’C et Daniel étaient juste à côté.

Dix minutes plus tard, O’Neill, vêtu d’un bermuda et d’un T’Shirt, portant un sac, s’arrêta devant la porte de la suite et frappa doucement. La voix de Sam lui répondit, lointaine :
- Qui est là ?
- O’Neill. Puis-je entrer ?
- Euh… Oui, allez-y mon général.
Jack poussa la porte et se retrouva dans un petit salon superbement décoré de meubles en acajou. La lumière entrait à flot par la porte-fenêtre qui donnait sur la terrasse. Il s’avança. La mer s’étendait à ses pieds, quelques dizaines de mètres plus bas. Il se retourna : les deux battants d’une porte ouvragée étaient grands ouverts sur une chambre entièrement blanche. Le lit s’étalait au milieu, à côté d’une coiffeuse en acajou elle aussi. Le sac de voyage de Sam était posé sur les draps.
- Carter ?
- Je suis dans la salle de bain mon général… je… ZUT !
- Un problème Carter ?
- Non…enfin…
- Je peux peut-être vous aider ?
Un silence suivi.
- Carter ?
- C’est que… enfin… c’est ridicule… je n’arrive pas à attacher le haut de mon maillot à cause de mon épaule…
Jack crut un instant que son cœur s’était définitivement arrêté de battre. Il prit une grande inspiration.
- Vous êtes visible, Carter ?
- Oui.
- Bon, alors j’arrive à votre secours.
Il pénétra dans la chambre et passa dans la salle de bain. Sam était face à la glace. Elle avait passé un maillot deux pièces noir et portait un paréo bleu clair noué autour des hanches. Elle n’avait plus qu’un fin bandage autour de l’épaule. Jack ne put s’empêcher de laisser son regard parcourir rapidement le corps fin et musclé de la jeune femme. Quand il croisa enfin son regard dans la glace, elle l’observait. Il se sentit rougir et baissa à nouveau les yeux vers le dos de Sam : elle tenait en effet dans sa main droite les deux lacets de son maillot. Jack s’approcha :
- Bon, voyons le problème.
Un frisson le parcourut quand il effleura le dos et la main de sa partenaire. Penché derrière elle, il respirait le parfum qui se dégageait de sa nuque. D’une main experte il enclencha en un instant les deux parties de la fermeture compliquée.
- Et voilà !
Elle se retourna vers lui, une moue impressionnée sur le visage :
- Et bien mon général, quelle dextérité !!
- J’ai suivi un stage commando pour maîtriser ce type de technique…
Il sourit et enchaîna :
- … et encore, je suis bien meilleur en dégrafage !
Elle sourit à son tour, secouant ses cheveux blonds. « Que c’est bon de la voir sourire… » se dit Jack. Il regarda autour de lui. Comme les trois pièces étaient en enfilade, la salle de bain aussi s’ouvrait par une baie vitrée sur la terrasse. Une grande baignoire ronde était encastrée dans le sol en teck, on y descendait par trois marches.
- Merci mon général.
Il se retourna vers elle. Il lut dans ses yeux bleus à la fois de la reconnaissance et de la tristesse.
- Pour le maillot ? De rien, si je peux aider… A propos, je vous ai déposé le sac de matériel scientifique près de votre lit en passant, j’étais venu pour vous l’apporter.
- Je ne parlais pas du maillot. Enfin, merci aussi pour le maillot, mais surtout pour… tout cela. Car je suppose que c’est pour moi, tout cela ? Le choix de l’hôtel, la suite….
Ils se regardèrent quelques instants sans rien dire. Jack avait la gorge sèche. Il articula lentement :
- Je veux juste que vous vous sentiez bien, Carter. Et je sais bien que si nous ne prenons pas soin de vous, vous ne le ferez pas vous-même. Je pense qu’une journée avec des amis dans un palace sous les palmiers est meilleure pour le moral que de passer son temps enfermée dans un labo à étudier un réacteur à naquadah.
Les yeux de Sam étaient toujours rivés à ceux de Jack. Ce dernier se détourna rapidement et, au moment de sortir de la salle de bain, se retourna à nouveau vers elle, gêné :
- Euh, Carter, pendant que nous serons ici, comme nous sommes censés être de braves touristes, peut-être devrions-nous abandonner les grades et nous appeler par nos prénoms, vous ne pensez pas ?
Elle acquiesça et répondit :
- Bonne idée. Donc… je vous rejoins tout de suite à la piscine, Jack.
Il n’arrivait pas à détacher son regard de la magnifique jeune femme en maillot qui se tenait devant lui.
- Euh… juste une question Carter : où avez-vous caché votre zat dans votre tenue ?
Elle sourit enfin à nouveau, et Jack sortit rapidement, se disant qu’il faisait vraiment trop chaud pour lui dans ces contrées tropicales…
Il referma la porte de la suite… et se trouva nez à nez avec Daniel et Teal’C qui se dirigeaient vers l’escalier. Un large sourire se dessina sur le visage de l’archéologue.
- Ne serait-ce pas la suite de Sam, Jack ? Vous vous êtes trompé de chambre ?
- Je suis juste passé lui déposer le matériel et l’aider à mettre le haut de son maillot qui…
Il s’arrêta net. Teal’C avait haussé un sourcil et Daniel écarquilla les yeux.
- Non, mais non… mais arrêtez de me regarder comme cela Daniel, je me trouvais là, elle me l’a demandé, c’est un service, j’aurais fait pareil pour… pour Teal’C !
- Vous m’auriez aidé à mettre mon maillot, O’Neill ??
Le visage du jaffa trahissait l’incompréhension la plus totale. Daniel semblait sur le point d’exploser littéralement de rire. Jack, furieux et écarlate, grommela.
- Mauvais exemple…. Bon, on y va, oui ?
Sans attendre de réponse, il partit d’un pas rapide vers l’escalier, suivi par un jaffa perplexe et un archéologue hilare.

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Les trois hommes étaient installés depuis quelques minutes au bar, au bord de la piscine, et admiraient la magnifique vue qui s’étalait devant eux, lorsque Sam les rejoignit. Le sourire mélancolique qui flottait sur son visage la rendait encore plus belle. Il n’était que cinq heures et demi du soir, mais le soleil accélérait déjà sa course vers l’horizon, faisant flamboyer la courte chevelure blonde de Sam. Jack sentit son cœur se serrer en la regardant s’approcher. Il remarqua non sans une certaine fierté que toutes les conversations autour du bar s’étaient tues : tous n’avaient d’yeux que pour la magnifique jeune femme qui venait de s’asseoir à ses côtés. Elle commanda un cocktail à un barman subjugué, et demanda :
- Alors messieurs, quel est notre programme ?
- On attaque demain matin à la première heure. Notre avion décolle à 15 heures, ce qui nous laisse une bonne matinée. Départ de l’hôtel à 7 heures, je pense qu’on sera en mer à 8 heures, le bateau doit nous attendre à l’embarcadère dès 7h30 avec le matériel de plongée.
Daniel blêmit :
- Le matériel de plongée ?
- Ne craignez rien Daniel, seuls Sam et moi sommes concernés par cet exercice.
L’archéologue haussa les sourcils :
- euh… « Sam » ?
Jack baissa la voix et murmura :
- Ah, ne faites pas cette tête-là et réfléchissez un peu, c’est sensé être votre spécialité ! Il vaut mieux que nous nous appelions par nos prénoms à l’hôtel pour ne pas éveiller l’attention… C’est valable pour vous aussi Teal’C, évitez les « colonel Carter ».
Le jaffa acquiesça. Daniel reprit la parole.
- Bien. Et ce soir, quel est le programme ?
Jack s’étira en souriant.
- Ce soir : RE-POS pour tout le monde. Coucher de soleil, cuisine française, ballade sous les étoiles si vous voulez… Mais interdit de se plonger dans le moindre livre, hein Car…Sam ! Et c’est valable pour vous aussi Daniel.
Ils restèrent un moment assis tous les quatre, à regarder le soleil se coucher en sirotant leurs cocktails. Sam écoutait en souriant doucement Jack et Daniel se chamailler continuellement. Elle savait qu’ils faisaient cela pour elle, pour qu’elle ne pense pas trop à la mort de Pete.
Au bout d’un moment elle se leva cependant, s’excusa auprès de ses coéquipiers et descendit lestement le sentier qui menait à la plage. Jack se tourna vers Daniel :
- Vous ne voulez pas l’accompagner ?
- Non Jack. Je pense qu’il vaut mieux qu’elle reste un peu seule.
- Mais elle vous parlerait à vous, elle pourrait vous expliquer la réaction qu’elle a eue… Franchement, cela ne lui ressemble pas d’agir comme elle l’a fait… même dans ces circonstances…
- Elle me l’a déjà expliqué Jack, quand nous sommes rentrés de la boite de nuit.
Jack parut surpris. Comme Daniel se taisait, il demanda d’un ton inquiet :
- Et alors ? Elle a donné une explication particulière ?
- Oui. Mais je doute que vous vouliez l’entendre.
O’Neill fronça les sourcils.
- Pardon ? Vous doutez que je puisse m’intéresser à ce qui peut perturber Sam à ce point ?
- Non non, cela je n’en doute pas, je sais qu’elle est… un « membre irremplaçable du SGC » !
Daniel avait fini sa phrase avec un petit sourire ironique et triste. Les traits de Jack étaient à présent sévères. Les deux hommes se jaugèrent du regard. Daniel haussa les épaules.
- Soit. Sam est extrêmement malheureuse que Pete soit mort, mais c’est surtout le fait qu’il ait donné sa vie pour elle qui la perturbe à ce point.
- Elle culpabilise de ne pas être morte à sa place ?
- En quelque sorte... Il a agi par amour pour elle alors qu’elle se juge indigne de cette preuve d’amour.
- Mais pourquoi ?
- Parce qu’elle ne l’aimait pas. Elle ne l’a jamais aimé. Ni avant, ni maintenant. Pourtant elle aurait voulu. Elle voudrait encore. Mais elle ne peut pas. C’est ce qui la mine, d’être incapable de lui rendre le moindre amour alors que lui, il lui a offert sa vie par amour. Elle a honte.
Les traits de Jack, sourcils froncés, traduisaient sa surprise.
- Je ne comprends pas Daniel ? Elle n’aimait pas Pete ? Mais cela faisait des mois qu’ils étaient ensemble, il vivait quasiment chez elle, il….
- Elle ne pouvait pas l’aimer. Personne mieux que vous ne peut comprendre pourquoi, Jack.
O’Neill s’immobilisa, lèvres entre ouvertes. Il fixait Daniel, qui pouvait lire sur le visage de son ami qu’il réalisait enfin d’où venait réellement la douleur de Sam : de là où venait aussi sa propre douleur à lui, à lui le général O’Neill.
Daniel se leva sans plus regarder Jack et murmura :
- Vous me l’avez demandé, je vous l’ai dit. Voilà pourquoi je ne pense pas que ma présence soit nécessaire auprès de Sam. La vôtre non plus, d’ailleurs. Je vous retrouve au dîner.
Il s’éloigna, Teal’C le suivit.

Quand Sam remonta de la plage un moment plus tard, elle trouva O’Neill toujours sur la terrasse, seul à présent, les yeux dans le vague, assis face à la mer. Elle hésita puis se dirigea vers lui. Il se retourna vers elle en l’entendant arriver ; elle souriait, mais bien que la nuit soit à présent tombée il savait qu’elle avait pleuré. Il lui sourit à son tour et d’un geste lui proposa de s’asseoir à côté de lui. Ils restèrent un moment en silence, à regarder la surface lisse de la mer qui scintillait maintenant du reflet des étoiles. Deux masses sombres s’élevaient au large. Sam murmura :
- J’ai lu le nom de ces îles, mais j’ai oublié…
- Ce sont les Saintes.
Elle le regarda, étonnée.
- Je croyais que vous aviez passé le vol à jouer avec Teal’C, quand avez-vous trouvé le temps…
- J’ai triché. Je suis déjà venu.
- Ah bon ? Quand ?
- Il y a… longtemps.
Sa voix était empreinte d’une certaine nostalgie. Il fixait toujours le large. Il hésita, puis continua.
- Charlie avait six ans. Je leur avais offert le voyage, à Sarah et lui, pour… me faire pardonner mes nombreuses absences. Ce furent deux semaines fabuleuses. Nous avions loué un appartement en bord de mer. Charlie et moi passions presque toutes nos journées dans l’eau à observer les poissons. Il nageait déjà très bien. Sara bronzait sur la plage, de temps à autre on faisait ce que Charlie appelait une « opération commando » : on se précipitait sur elle, elle feignait la surprise et finissait invariablement dans l’eau.
Sam le regardait. Il souriait à l’évocation de ce souvenir. Il tourna lentement la tête vers elle, la fixa longuement en silence et dit :
- Il y a certaines choses auxquelles on ne peut rien. Des choses qui nous font honte. On donnerait tout pour avoir agi autrement. Et puis, un jour, très longtemps après, quand une partie de la douleur – une partie seulement – s’est estompée, on comprend que, peut-être, il y a un sens, quelque part, à tout ce gâchis… à tout ce qui nous semblait être un tel gâchis… Parfois il suffit de peu de choses, un but qu’on se fixe, une mission qu’on accepte, une rencontre…. et on se remet à espérer.
Ils étaient parfaitement immobiles, assis côte à côte, les yeux dans les yeux. Puis des larmes apparurent dans ceux de Sam et coulèrent lentement sur ses joues.
Jack murmura :
- Je suis désolé Sam… tellement désolé pour tellement de choses…
Il hésita un instant puis, souriant tristement :
- Venez là.
Il la prit dans ses bras. Ils restèrent ainsi un long moment, cramponnés l’un à l’autre. Sam sanglotait en silence. Jack avait blotti son visage dans le cou de la jeune femme.

Daniel les observait depuis le balcon de sa chambre. Il réalisa qu’il ne savait pas bien, en fait, lequel consolait l’autre.

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Au bout d’un moment, Jack s’était doucement détaché d’elle. Ils souriaient à nouveau à présent. Chacun était remonté dans sa chambre afin de se changer, puis ils redescendirent tous les quatre au restaurant de l’hôtel, sur la terrasse, pour dîner. Les trois hommes avaient chacun passé un pantalon léger et une chemise. Quand Sam, quelques minutes après, s’assit à son tour à leur table, dans une robe bleue légère, elle étouffa un rire. Ils la regardèrent et Jack demanda :
- Et bien, qu’est-ce qui est si drôle ?
- Une réflexion que je viens d’entendre en arrivant à table.
Daniel fronça les sourcils :
- Mais nous n’avons rien dit !
- Je sais Daniel… ce sont les deux jeunes femmes de la table derrière vous, qui ont murmuré sur mon passage avec un agacement certain que j’aurais au moins pu leur en laisser un sur les trois…
Daniel rougit et Jack gratifia d’un large sourire les deux jeunes femmes qui plongèrent le nez dans leurs assiettes, écarlates.
La soirée fut extrêmement détendue et agréable, chacun appréciait la délicieuse cuisine qui leur était servie dans ce cadre idyllique. Puis les quatre amis, après un dernier café, remontèrent dans leurs chambres : la journée du lendemain s’annonçait chargée.

Sam regarda un moment le lourd ventilateur tourner au-dessus de son lit. Elle tourna la tête vers l’oreiller vide à ses côtés et soupira. Elle réalisa soudain qu’elle ne savait pas bien quel visage elle aurait espéré y voir… et se remit à pleurer doucement.

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- Il est 6 heures 15, Madame. Bonne journée.
- Merci…
Elle reposa le combiné et se leva. Le soleil était levé depuis longtemps. Un quart d’heure plus tard, elle rejoignit Daniel, Teal’C et Jack au restaurant. O’Neill était visiblement de mauvaise humeur. Devant le regard interrogateur de Sam, Daniel murmura, l’air faussement désolé :
- Ben oui, il n’y a pas de Fruit Loops…

Ils garèrent la voiture un peu en retrait de l’embarcadère. Sam et Teal’C récupérèrent les équipements de plongée et les outils scientifiques dans le coffre pendant que Jack et Daniel se dirigeaient vers le quai où devait les attendre leur bateau.
Quand Sam s’avança à son tour, Teal’C à ses côtés, elle comprit que quelque chose n’allait pas : Jack semblait agacé et se passait nerveusement la main dans les cheveux. L’homme en face d’eux, d’une quarantaine d’année, dont la chemise à fleur cachait mal le ventre déjà rebondi, semblait parlementer en français avec Daniel. Elle s’avança.
- Jack, Daniel, que se passe-t-il ?
Le général O’Neill se tourna vers elle :
- Cet abruti prétend ne plus avoir de bateau de la puissance que j’avais demandée. Nous allons mettre des heures à arriver sur le site avec l’épave qu’il veut nous refiler…
L’homme s’était tu. Le regard qu’il jetait sur Sam n’était bien sûr pas passé inaperçu aux yeux de la jeune femme. Elle se tourna vers lui et ôta doucement ses lunettes de soleil avant de les poser dans ses cheveux. L’homme avala difficilement sa salive. Elle fit un pas vers lui et, souriante, lui demanda dans un français à peine teinté d’un charmant accent américain :
- Bonjour, je m’appelle Samantha. Il y a un problème ?
L’homme balbutia :
- Euh… c’est que…enfin… je n’ai plus le bateau…un soucis de moteur ce matin…
Pendant qu’il tentait ainsi de lui répondre, Sam, sans le quitter des yeux, avait ôté le paréo qui lui ceignait les hanches et, après l’avoir replié lentement, l’avait glissé dans son sac. Elle portait le même maillot que la veille. Elle s’approcha à nouveau de l’homme et murmura :
- Comme c’est dommage…. C’est moi qui avais demandé un bateau puissant… j’adore… les bateaux puissants.
Daniel et Jack échangèrent un coup d’œil amusé et discret. L’homme était écarlate, il essuya du revers de la main un filet de sueur qui lui coulait du front et désigna en tremblant une vedette rapide amarrée près d’eux.
- Je… j’ai bien celui-là sinon… Je le gardais pour un autre client…mais si vous en avez tellement besoin…
- Merci beaucoup, c’est fort aimable à vous.
Elle s’approcha du bord du quai et tendit en souriant sa main à l’homme, qui se précipita pour l’aider à monter lestement à bord. Teal’C et Daniel chargèrent rapidement les affaires pendant que Jack finissait d’enlever les amarres. Sam avait pris les commandes et fit un petit signe de la main au loueur qui la regardait toujours depuis le quai, tétanisé. Quelques secondes après elle murmura :
- Les hommes…
Ses trois compagnons souriaient et Teal’C lui dit en s’inclinant :
- Colonel Carter, votre capacité à résoudre tous les problèmes, qu’ils soient d’ordre militaire, scientifique ou… psychologique m’inspirera toujours le plus profond respect.
- Merci Teal’C.

La vedette filait maintenant depuis près de trois quarts d’heure sur les flots, bondissant de vague en vague. Sam guidait Jack grâce aux indications du GPS. Depuis un moment maintenant, Daniel, assis sur la banquette, les yeux fermés, ne disait plus rien. La jeune femme lui jeta un coup d’œil :
- Est-ce que ça va, Daniel ?
- Oui oui… c’est juste… enfin… le bateau et moi….
Sam et Teal’C sourirent. Jack s’adressa à l’archéologue sur un ton ironique :
- Désolé Daniel. La prochaine fois que nos amis extra-terrestres auront un objet quelconque à nous envoyer, je leur préciserai de le faire atterrir plutôt dans un musée ou une bibliothèque.
Daniel lui lança un regard noir et s’apprêtait à répondre, mais un léger haut le cœur le saisit ; il referma les yeux et respira profondément.

Jack arrêta le bateau et Teal’C jeta l’ancre. On devinait maintenant à peine la côte au loin. Jack et Sam enfilèrent leurs combinaisons de plongée et, après un dernier coup d’œil, ajustèrent leurs détendeurs et basculèrent ensemble dans l’eau tiède. Teal’C et Daniel, debout sur le bateau, les regardèrent s’éloigner rapidement sous la surface.
Sam était émerveillée devant la quantité de coraux et de poissons multicolores qui s’offrait à sa vue. Jack regarda en souriant les yeux pétillants de sa partenaire qui nageait gracieusement à ses côtés. Après seulement quinze mètres de descente ils atteignirent le fond sablonneux. Jack leva les mains en signe d’ignorance vers Sam, il ne savait pas où se trouvait le météore. Il lui jeta un coup d’œil surpris quand elle lui attrapa la main, mais elle le guidait à présent rapidement au travers des rochers, semblant connaître son chemin, plongeant finalement entre deux massifs de corail. Là elle s’immobilisa. Jack s’approcha d’un coup de palmes et découvrit une masse noire, calcinée, d’environ cinquante centimètres de diamètres. Le corail ne l’avait pas recouverte, signe que sa présence à cet endroit était toute récente. Jack et Sam s’approchèrent encore et découvrirent que la roche était fêlée, laissant apparaître un métal doré. Les deux militaires se regardèrent, et Jack détacha les outils qui se trouvaient à sa ceinture. Il attaqua la roche au niveau de la fêlure, l’élargissant peu à peu assez facilement. Sam le regardait faire, son épaule blessée lui interdisant d’intervenir. Finalement la masse s’ouvrit en deux, laissant apparaître un coffre doré d’une trentaine de centimètres de longueur, magnifiquement ouvragé. La représentation d’un serpent ornait ce qui semblait être le couvercle. Jack fronça les sourcils. Quand Sam approcha la main pour toucher l’objet, il saisit son bras et lui fit non de la tête. Elle acquiesça. Jack prit le coffret et ils remontèrent doucement vers le bateau.

Daniel prit l’objet des mains de Jack pendant que Teal’C récupérait les bouteilles des deux militaires et les aidait à monter à bord. Pendant qu’ils se séchaient, l’archéologue examina attentivement le coffret. Il tenta en vain de l’ouvrir et regarda Sam.
- C’est bien celui-là ?
- Oui. C’est exactement le même que dans mon rêve.
Jack intervint :
- Comment saviez-vous où il se trouvait, Carter ?
- Aucune idée. Je… je le savais, c’est tout. J’ai su d’instinct où me diriger.
Daniel tendit l’objet à la jeune femme :
- A priori Sam, c’est vous seule qui pouvez l’ouvrir…
Jack saisit le coffret alors qu’elle avançait la main vers lui :
- Pas maintenant Daniel. Pas ici. On rentre au SGC.
- Et je propose qu’on contacte la Tok’ra, Jack. Il est évident que cet objet relève de leur technologie.
Le général soupira et acquiesça. Il enfila un T-shirt et remit le bateau en route. Daniel examina attentivement le coffret pendant le trajet du retour, semblant soudain avoir complètement oublié son mal de cœur…

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« Activation extérieure de la porte »
- C’est le signal de la Tok’ra, mon général.
- Ouvrez l’iris.
Jack se retourna vers les trois membres de SG1, debout à ses côtés en salle de commande.
- Je trouve qu’ils ont été bien rapides, cette fois-ci… L’objet doit vraiment les intéresser.
Le halo bleu s’étant formé en salle d’embarquement, deux hommes et une femme s’avancèrent sur la rampe métallique. Jack, Teal’C, Daniel et Sam connaissaient parfaitement deux d’entre eux : Jacob Carter et Anise. Le troisième personnage était un homme d’une quarantaine d’années, de haute stature. Ses cheveux noirs encadraient un visage aux traits à la fois durs et séduisants. Il leva ses yeux d’un vert très pâle vers la salle de commande et rencontra ceux de Sam ; elle recula d’un pas. Jack fronça les sourcils.
- Un problème, colonel ?
- Je… je connais cet homme. Enfin, Jolinar devait connaître cet homme…
- Et ?
- Et je ne l’aime pas.
Les trois hommes se regardèrent, extrêmement surpris. Il n’était pas du tout dans les habitudes de Sam de porter un jugement hâtif sur quelqu’un. Surtout un jugement si négatif. Jack, tout en se dirigeant vers la salle d’embarquement pour accueillir leurs invités, leur souffla :
- Alors on reste sur nos gardes. On attend de savoir qui c’est.

Ils étaient à présent tous assis en salle de réunion. Jacob prit la parole :
- Je vous présente Sherag et son hôte, Guieret.
L’homme inclina la tête poliment. Jack avait remarqué qu’il jetait de nombreux coups d’œil vers Sam, enfoncée dans son siège, manifestement mal à l’aise. Jacob continua :
- Nous avons été immédiatement envoyés par le haut conseil de la Tok’ra dès qu’ils ont appris que vous aviez le coffret en votre possession.
Leurs regards à tous se posèrent sur l’objet placé au centre de la table. Jacob continua :
- Comment l’avez-vous trouvé ? Où ?
Jack fit un signe à Daniel qui répondit :
- Sam… le colonel Carter a rêvé de cet objet avant d’être attaquée chez elle par un super soldat Goa’uld qui voulait manifestement l’enlever.
Jacob tourna immédiatement un regard inquiet vers sa fille qui garda le visage fermé :
- Comment ? Tu vas bien Sam ?
- Oui, juste une blessure au bras gauche. Mais Pete est mort en me sauvant.
La voix de la jeune femme avait légèrement tremblé. Jacob accusa le choc et murmura :
- je suis… je suis désolé Sam…
- Je sais. Merci. Continuez, Daniel.
L’archéologue remonta ses lunettes et enchaîna.
- Cet objet s’est écrasé sur Terre au moment précis où Sam en a rêvé. Nous sommes donc allés le récupérer. Nous ne savons pas… exactement à quoi il sert.
- A tuer les Goa’ulds. C’est une arme que j’ai construite avec Jolinar. Nous y avons longtemps travaillé ensemble.
La voix de Sherag venait de s’élever pour la première fois. Jack se pencha au-dessus de la table et dit lentement :
- Et vous l’aviez égarée, peut-être ?
- Jolinar l’avait effectivement… cachée. Je ne croyais pas qu’elle était terminée.
- Vous avez créé cette arme avec elle et elle ne vous a pas dit où elle était cachée ?
- Non. Nous avons été… en froid quelques temps, juste avant qu’elle soit capturée par Sokar. Vous connaissez la suite. Avez-vous ouvert le coffret ?
- Non. Nous avons préféré vous attendre. Mais je vous en prie…
- Je ne peux pas. Seule Jolinar peut.
Jack et Teal’C échangèrent un coup d’œil inquiet. Le général regarda alors Sherag droit dans les yeux :
- Attendez un peu. Si j’ai bien compris, vous êtes ici alors que Jolinar ne vous faisait pas confiance, qu’elle ne vous a pas permis de pouvoir actionner le coffret, ni de savoir où elle dissimulait l’arme ? Et nous devrions, nous, vous faire confiance ?
La voix d ‘Anise s’éleva dans la pièce :
- Calmez-vous. Sherag est un des plus grands scientifiques de la Tok’ra, sa loyauté envers nous ne fait aucun doute. Jolinar a agi ainsi car à l’époque, Sherag avait été enlevé par Bâal et s’était échappé. Nous ne savions pas encore si nous pouvions lui refaire confiance. Mais depuis il est passé au test Zart’ac et a retrouvé sa place au sein de la Tok’ra. Malheureusement entre temps, nous avons perdu Jolinar.
A l’évocation du test Zart’ac, Sam se sentit rougir légèrement. Elle leva les yeux et rencontra le regard perçant de Sherag. Elle était à nouveau mal à l’aise. Jack réfléchit un instant et soupira.
- Soit. De toutes façons encore une fois, nous n’avons pas le choix si nous voulons tenter de faire fonctionner cette arme. Carter, si vous voulez bien ouvrir le coffret…
Tous se tournèrent vers la jeune femme qui ouvrit de grands yeux étonnés :
- Mais, je ne sais pas si je vais pouvoir…
- Si. Vous pouvez. Jolinar avait fait en sorte que le coffret vous arrive, c’est à dire arrive à l’endroit où elle se trouverait à ce moment…. Où ce qui resterait d’elle se trouverait. Ce n’est pas pour rien. Vous pouvez l’ouvrir.
La voix de Sherag était à la fois tranchante et douce. Sam prit délicatement le coffret dans ses mains et le regarda. Elle passa doucement ses mains sur les différents côtés, comme pour se familiariser avec le métal. Puis, petit à petit, ses doigts fins gagnèrent de la vitesse alors qu’elle caressait toujours la matière ouvragée, frôlant ça et là divers reliefs du coffret.
Elle s’arrêta. Il y eut un déclic et le couvercle se souleva légèrement. Tous avaient retenu leur souffle. Jack brisa le silence :
- C’est tout ? Même pas un jet de lumière ou un génie quelconque ?
Daniel le foudroya du regard pendant que Sam ouvrait lentement le coffret et en sortait un magnifique collier, très lourd et ouvragé lui aussi. Une étrange cavité était creusée au centre du pendentif. Sam et Sherag dirent en même temps :
- Il manque la pierre.
Jacob soupira :
- C’était trop beau…
Jack les regarda en fronçant les sourcils :
- Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est quoi cette histoire de pierre ?
Sherag lui répondit.
- Le collier est incomplet. Une pierre centrale, rarissime, lui apporte son énergie et permet de faire fonctionner l’arme. Nous étions à la recherche d’une planète où trouver la pierre quand j’ai été enlevé. J’espérais que Jolinar l’ait trouvée, mais vous m’ôtez tout espoir.
- Non.
Tous se retournèrent vers Sam qui fixait le collier qu’elle tenait toujours dans ses mains.
- Donnez-moi un papier et un stylo.
Jack la regarda et fronça les sourcils :
- Carter, que se…
Mais Daniel avait déjà passé son bloc et son crayon à la jeune femme qui gribouilla rapidement quelque chose avant de retourner la feuille vers le centre de la table. Tous se penchèrent vers elle. Daniel murmura :
- Ce sont les coordonnées d’une planète par la Porte des Etoiles.
- Alors elle avait trouvé…
Les yeux verts de Sherag brillaient d’excitation. Tous le regardèrent.
- Jolinar avait trouvé le métal. Elle n’a pas du avoir le temps de l’extraire, mais elle savait où le prendre pour compléter le collier. C’est un dérivé du naquadah, mais bien particulier, une sorte d’isotope assez spécial qui n’a aucune autre utilité…
- Votre iso… machin truc me semblera d’une très grande utilité s’il nous débarrasse des Goa’ulds. On est sûr qu’elle fonctionne, cette arme, au moins ?
- Hélas non. Nous n’avons eu le temps de n’en faire que ce modèle expérimental, qui n’a donc jamais fonctionné, si ce n’est sur le papier.
Sherag se tourna vers Jacob et Anise.
- Il faut que j’aille sur cette planète avec le colonel Carter pour compléter le collier.
- C’est hors de question.
La voix de Jack était calme et déterminée. Anise prit la parole :
- Général, c’est peut-être une chance inespérée pour nous tous d’achever enfin une arme qui puisse vaincre les Goa’ulds. La présence du colonel Carter et de Sherag est indispensable, vous en conviendrez. Ce sont deux scientifiques de très haut niveau qui pourront s’allier pour trouver le minerais. De plus, les souvenirs de Jolinar semblent à nouveau très présents chez le colonel et indispensables dans cette entreprise majeure pour nos deux races.
Jack regarda Sam qui acquiesça. Jacob et Daniel n’émirent pas d’objection. Seul Teal’C semblait sceptique. Après quelques instants, le général O’Neill reprit la parole.
- Soit. Je vais faire envoyer une sonde sur cette planète. Puis nous aviserons. Si Sherag et le colonel Carter doivent aller là-bas, je les accompagnerai avec le reste de SG1. Ceci n’est pas négociable. Il est hors de question que je laisse le colonel Carter, qui est normalement en convalescence, partir sans son équipe sur une planète inexplorée chercher un métal inconnu, pour finir une arme qui ne fonctionnera peut-être jamais !
Sherag, Jacob et Anise se regardèrent, puis le père de Sam acquiesça.
- Bien Jack. Nous allons donc repartir pour tenir le conseil de la Tok’ra au courant. Peut-être notre lutte touche-t-elle enfin à son terme, qui sait…
- Peut-être. Nous verrons cela. Je vous enverrai un message pour vous dire quand aura lieu la mission.

Les trois Tok’ra se levèrent pour sortir. Sherag, au moment de passer en dernier la porte de la pièce, hésita puis se retourna vers Sam :
- Colonel Carter, puis-je vous parler un instant en particulier, je vous prie ?
Sam regarda le général O’Neill qui haussa les épaules :
- C’est comme vous voulez Carter.
- Soit.
Teal’C, Daniel et Jack sortirent à leur tour de la salle de réunion, laissant Sam et Sherag seuls. Il la regarda longuement avant de lui demander :
- Vous me détestez, n’est-ce pas ? Enfin, vous sentez que Jolinar me détestait ?
La jeune femme hésita un instant.
- Oui. Elle vous détestait.
- Je sais. Il y a une explication à cela. J’ai… j’étais tombé amoureux d’elle.
Sam fronça les sourcils.
- Elle m’a repoussé. Evidemment. Elle aimait Martouf. J’ai alors… perdu la tête. Je l’ai menacée de lui faire du mal, d’en faire à Martouf. C’est une période assez obscure de mon existence. Et c’est à ce moment là que j’ai été enlevé par Baal. Ce petit… séjour forcé m’a bien changé, vous vous en doutez, je crois savoir que le général O’Neill a subi le même traitement.
Il ferma les yeux un instant, souffrant manifestement à ce souvenir. « Comme Jack », pensa Sam.
- J’ai honte de ce qu’il a pu se passer. J’ai honte d’avoir agi ainsi envers elle. Je souffre qu’elle soit morte avec cette image détestable de moi.
- Je crois que je vous comprends un peu…
Sam s’était adoucie. La peine manifeste de Sherag à l’évocation de la mort de Jolinar lui rappelait celle de Pete.
- Je vous demande juste de me laisser la chance de me racheter en essayant de terminer ce qu’elle et moi avions commencé ensemble. Nous étions, à une époque, des équipiers efficaces et attachés l’un à l’autre.
« Comme Jack et moi… » pensa à nouveau la jeune femme. Elle tendit la main à Sherag qui la serra en s’inclinant.
- Je vous promets de faire un effort. J’espère que notre collaboration sera aussi fructueuse que celle que vous avez eue avec Jolinar.
Ils se sourirent, puis Sherag rejoignit Jacob et Anise en salle d’embarquement et ils partirent.

Le colonel Carter repartit à son laboratoire où Teal’C, Daniel et Jack la rejoignirent quelques instants plus tard. Daniel lui demanda, sitôt entré :
- Alors Sam ? Que vous voulait-il ?
- Me donner une explication. Il sait que Jolinar le détestait au moment où ils ont été séparés.
- Pourquoi le détestait-elle ?
- Oh… pour des raisons….sentimentales dirons-nous. Rien de grave.
Jack haussa les sourcils. Sam sourit :
- Tout va bien. Je comprends mieux mon… appréhension vis-à-vis de lui et je peux vous promettre qu’elle n’affectera en rien notre collaboration.
- Alors parfait. Je fais envoyer la sonde.
Teal’C dit alors :
- Il y a quelque chose que nous n’avons pas résolu. Quel Goa’uld vous a attaquée, colonel Carter, et comment a-t-il pu intercepter votre… rêve ?
Les trois amis du jaffa se regardèrent, perplexes. Jack soupira :
- Nous n’avons pas la réponse à cela, Teal’C. Vous pensez bien, ce serait trop simple…
Il sortit, accompagné du jaffa, laissant Daniel étudier le collier avec Sam.

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Ils avaient envoyé la sonde le lendemain. L’air était respirable mais il n’y avait pas la moindre trace de vie. La planète était à priori hautement volcanique, bien qu’il y régnât une température d’environ 10 degrés au-dessous de zéro, nouvelle qui avait bien entendu réjoui le général O’Neill.
Celui-ci se tenait à présent sur la rampe de la porte, à côté de Daniel, Teal’C et Sherag, prêts à partir. Jack grommela :
- Moins dix degrés… quand je pense qu’on revient de la Guadeloupe… Je préférais la première partie de cette mission…
A cet instant le colonel Carter les rejoignit, prête elle aussi. Jack regarda la jeune femme, qui avait comme eux revêtu sur son treillis une lourde parkas beige. Il murmura :
- Mouai… décidemment, je préférais vraiment la première partie de cette mission….
Sam sourit en secouant la tête et ils passèrent tous la porte.

Un fort blizzard les accueillit. Le paysage qui s’offrait à eux semblait sorti d’un cauchemar : ils avaient débouché sur un promontoire dominant une plaine entièrement recouverte de neige et battue par des vents violents. Un profond ravin s’ouvrait à gauche de la porte et semblait se perdre à l’horizon en face d’eux. Là se dressait une chaîne de volcans, dont plusieurs étaient en éruption, crachant des jets de lave dans un ciel grisâtre. Le contraste entre le feu qui jaillissait vers l’épaisse couche de nuages et le paysage de neige était saisissant. Les cinq voyageurs restèrent quelques instants à observer la scène. Ils avaient tous mis leur casque et leurs lunettes de protection.
Jack prit la parole :
- Bon. Au moins, il n’y a pas d’arbres. Mais si on ne risque pas un chaud et froid avec tout ça… Bref, Carter, Sherag, quel est le programme ?
- On suit le ravin vers les volcans.
- Et pourquoi donc, Carter ?
- Parce que, mon général, je sais que c’est ce qu’il faut faire.
- Merveilleux. Bon, et bien on vous suit colonel !
Ils commencèrent leur progression. Ils avançaient lentement, s’enfonçant à chaque pas dans la neige sous le poids de leur lourd équipement. Ils longeaient le ravin qui devait avoir une profondeur d’environ quinze mètres. Au fond coulait une imposante rivière dont les eaux tumultueuses serpentaient entre les rochers. Des sortes de cavernes semblaient creusées dans les falaises de part et d’autre de l’eau glacée. Sam marchait toujours en tête. Jack se mit à ses côtés.
- Bon, et si je vous demande, jusqu’où on va comme cela Carter, pensez-vous pouvoir me répondre ?
- Pas vraiment mon général. Nous n’en n’avons pas pour très longtemps, je crois.
- Super. Quand je pense que je pourrais être en train de donner des ordres depuis le confortable fauteuil en cuir de mon bureau…
- Je pense, mon général, que vous détestez rester à donner des ordres depuis votre fauteuil.
Ils se sourirent.
- Détrompez-vous Carter, cela a du bon, parfois. Aujourd’hui, par exemple, je suis sûr que ce serait bien mieux… que marcher dans la neige par moins dix degrés !
Jack se dit en lui-même qu’en fait non, il aurait donné tous les fauteuils en cuir de la Terre pour pouvoir marcher à côté d’elle dans la neige.

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Ils marchaient maintenant depuis deux heures et étaient arrivés au niveau des premiers escarpements de la chaîne de volcans, toujours en suivant le précipice. Daniel essayait de chasser la buée de ses lunettes toutes les trente secondes. Il avait demandé avec inquiétude s’ils ne se rapprochaient pas trop des montagnes en éruption. Sam lui avait répondu qu’ils étaient beaucoup trop loin pour risquer quoi que ce soit. Soudain la jeune femme s’arrêta et se tourna vers Sherag, qui fermait la marche.
- Je pense que c’est ici qu’il faut chercher. Je n’ai pas le souvenir… enfin Jolinar ne semble pas être allée beaucoup plus loin. Mais cet amas de roches me dit quelque chose.
- On est déjà allés assez loin comme cela, grommela Daniel.
Sherag commença ses recherches. Il sortit deux appareils de son sac et sembla les mettre en marche. Sam reconnut en l’un d’eux une sorte de détecteur de naquadah, mais d’un modèle un peu différent de ceux qu’elle connaissait. L’autre appareil lui était totalement inconnu : une simple lumière rouge clignotait doucement à intervalles réguliers sur un boîtier dépouillé. A la question de la jeune femme, Sherag répondit qu’il s’agissait d’un détecteur de mouvements sismiques pour éviter toute surprise, comme ils approchaient de la chaîne de volcans. Sam trouvait son détecteur bien calme dans un environnement sismique pareil, mais elle se dit qu’il devait être réglé sur une sensibilité particulière et ne posa plus de question, suivant le Tok’ra dans sa recherche. L’autre détecteur sembla soudain s’emballer et Sherag s’arrêta net, se tournant vers un amas de rochers. Jack et Teal’C sortirent les charges de C4 qu’ils avaient apportées et en coincèrent dans une fissure de la roche. Daniel restait à l’écart avec Sam. Elle sourit à l’archéologue manifestement inquiet :
- Ne craignez rien Daniel. L’explosion sera bien trop infime pour déclencher quoi que ce soit.
Daniel soupira, rassuré. Il avait appris à avoir une totale confiance dans les compétences scientifiques de son amie.
Quelques secondes plus tard, Teal’C, Jack et Sherag s’étant éloignés, la charge explosa et les rochers volèrent en éclats. Sam et Sherag s’approchèrent des débris : au milieu des morceaux de roches brillaient des éclats verts translucides. Sherag en saisit un et le fit tourner entre ses doigts, un sourire aux lèvres. Il entreprit de les ramasser fébrilement. Sam fronça les sourcils en le voyant faire. L’impression de malaise qu’elle ressentait depuis qu’elle l’avait rencontré ne faisait qu’augmenter. La jeune femme essaya de se raisonner… mais, mue par une intuition, elle avisa un éclat de minerai qui lui sembla être de la taille de la pierre manquante et le glissa discrètement dans sa poche alors que Sherag, à quatre pattes dans la neige, rangeait d’autres morceaux dans son sac.
Un grondement retentit alors. Daniel regarda Sam :
- Je croyais que nous ne risquions rien des volcans ?
- Et le colonel Carter avait raison : ce n’est pas un tremblement de terre, Daniel Jackson, mais des vaisseaux Goa’ulds.
Sam, Daniel et Jack levèrent la tête pour suivre le regard du jaffa : une vingtaine de vaisseaux venait d’apparaître au-dessus d’eux et descendait lentement au milieu des tourbillons de neige.
- Inutile de fuir. Mon maître arrive.
Les quatre membres du SGC se tournèrent vivement vers Sherag qui les regardait en souriant, un zat à la main.
- Votre maître ? demanda Daniel ahuri.
- Baal.
- Mais vous êtes un Tok’ra ! Vous n’êtes pas un Goa’uld ! cria Sam.
Les traits de Sherag se durcirent :
- Et alors ? Les Tok’ra sont voués à disparaître, leur race s’éteint. Mon maître m’a expliqué où est mon intérêt. Et maintenant que nous avons le collier, plus rien ne peut s’opposer à ce que mon maître, qui a déjà récupéré grâce à moi la maîtrise des super soldats, devienne l’unique grand maître Goa’uld.
Daniel murmura :
- Baal a récupéré les super soldats… C’est vous qui guettiez la réapparition du collier… c’est vous qui vous teniez prêt à intercepter le message, où qu’il arrive,…. et qui avez demandé à Baal d’enlever Sam car elle seule…
- Ce n’est pas un détecteur sismique que vous avez enclenché, mais une simple balise pour permettre aux vaisseaux de nous repérer sur la planète, acheva Sam.
Les vaisseaux venaient d’atterrir sur la pleine enneigée, à quelques centaines de mètres. Teal’C put distinguer des dizaines de jaffa et deux super soldats. Ils leur coupaient toute retraite vers la porte.
Sherag brandit son zat vers Sam.
- Bonnes déductions. Maintenant, vous lâchez vos armes et, colonel Carter, vous allez m’accompagner bien gentiment.
Sam échangea un regarda avec Jack. Elle n’avait pas le choix. Pris totalement au dépourvu, O’Neill, Daniel et Teal’C déposèrent lentement leurs armes dans la neige. La jeune femme avança vers le Tok’ra.
- Voilà… maintenant vous allez me donner votre sac, où se trouve le collier, de votre main gauche…. Je crois que c’est à ce bras que vous vous êtes blessée, non ?
Il sourit méchamment en prononçant ces paroles. La jeune femme s’arrêta à un mètre en face de lui et, doucement, de la main gauche, fit glisser le sac qui reposait sur son épaule droite. Sherag suivait la manœuvre des yeux. Sam s’interrompit soudain :
- C’est pour cela que Jolinar vous détestait ? Parce qu’elle commençait à se douter de ce dont vous étiez réellement capable ?
Sherag leva les yeux, surpris à l’évocation de celle qu’il avait aimée. C’est à cet instant précis que Sam, détendant soudain son bras gauche, le frappa de toutes ses forces au visage avec le sac avant qu’il n’ait pu réagir. Sherag tomba à la renverse, laissant échapper son zat qui glissa sur la neige et tomba dans le précipice. Sam se jeta sur Sherag avant qu’il ne se relève et lui décocha un coup de poing qui l’assomma.
Puis elle s’effondra dans la neige, serrant les dents sous la douleur qui vrillait son épaule. Jack, qui avait accouru, l’aida à se relever rapidement.
- Il faut y aller Carter, tout de suite.
Les jaffas, dans la plaine, se dirigeaient maintenant vers eux. Laissant Sherag à terre, Jack, Teal’C, Daniel et Sam partirent en courant dans les rochers, longeant toujours le ravin. Ils se retrouvèrent rapidement face à un escarpement d’une dizaine de mètres qui leur faisait face. Jack regardait le mur de pierres qui s’élevait devant eux.
- Nous n’aurons jamais le temps d’escalader avant qu’ils arrivent. Nous sommes piégés. Il va falloir se défendre.
- Mais Jack, ils sont beaucoup trop nombreux !
Jack regarda Daniel, l’air sombre.
- Je sais Daniel. Ils sont beaucoup trop nombreux.
Après un silence, la voix de Sam s’éleva :
- Peut-être que si je propose de les suivre en échange de votre…
- Vous laisser partir avec Baal n’est pas une option, Carter.
La voix de Jack était calme et déterminée. Teal’C prit la parole :
- Il reste peut-être une solution O’Neill. Le collier. J’ai vu le colonel Carter ramasser l’un des fragments.
Les trois hommes se tournèrent vers Sam, qui ouvrit des yeux ronds :
- Quoi ? Mais non, c’est impossible, on ne sait même pas si cela fonctionne…. Je ne sais même pas comment le faire fonctionner…
Daniel s’approcha de la jeune femme :
- Souvenez-vous de votre rêve, Sam. Vous nous aviez dit avoir ressenti un état de calme absolu, Teal’C avait comparé cela à du Kelnurim…
- Mais je n’ai jamais pratiqué le Kelnurim !
Jack ajouta :
- Ecoutez, Carter est blessée, elle vient de passer des moments délicats, nous sommes sur une planète hostile, poursuivis par des Goa’ulds ! Alors je ne crois vraiment pas que ce soit le meilleur moment pour elle de s’initier à la médiation !
Teal’C regarda le général O’Neill, puis la jeune femme.
- Je ne crois malheureusement pas que nous ayons le choix, O’Neill. Mais je peux peut-être essayer d’aider le colonel pendant que Daniel Jackson et vous tentez de retenir nos assaillants. Asseyez-vous face à moi colonel Carter.
La jeune femme hésita puis s’assit en tailleur dans la neige, face au jaffa. Jack soupira et, avec Daniel, s’installa en position de tir contre les rochers, prêt à accueillir les premiers jaffas qui se présenteraient. Ils savaient qu’ils n’avaient que quelques minutes devant eux.

Sam avait sorti le collier et Teal’C y avait emboîté comme il pouvait le fragment de roche. La jeune femme avait glissé le bijou autour de son cou, sous ses vêtements, contre sa peau nue, et essayait maintenant de suivre les conseils de Teal’C. Elle avait fermé les yeux et tentait de discipliner sa respiration, essayant d’oublier la douleur et le froid. Mais elle entendait son cœur battre rapidement et des dizaines de pensées se bousculaient dans sa tête.
Jack et Daniel jetaient des coups d’œils furtifs vers la jeune femme, le doigt toujours sur la gâchette de leurs armes. Le général s’écria soudain :
- Il faudrait vous presser, là, parce que je vois les premiers jaffas qui viennent d’atteindre les rochers !
- Taisez-vous O’Neill.
Daniel et Jack échangèrent un regard surpris devant la remarque de Teal’C, qui ouvrit les yeux et les posa sur la jeune femme.
Elle tremblait et des larmes s’écoulaient lentement sur ses joues.
- Il faut vous calmer colonel Carter. Il faut faire le vide en vous, ou vous concentrer sur une image calme et positive.
Sam éclata en sanglots et gémit :
- Une image calme et positive… mais je n’ai que des images de douleur et de mort à l’esprit…. Je n’y arriverai jamais Teal’C…
Le jaffa réfléchit une seconde, puis ferma à nouveau les yeux. Sa voix se fit très douce.
- J’ai un souvenir personnel, qui n’est pas forcément un souvenir heureux d’ailleurs, mais qui pourra peut-être vous aider. Ecoutez-moi Samantha et essayez de vous représenter ce que je dis.
La jeune femme, surprise que Teal’C l’appelle par son prénom, se concentra à nouveau sur sa voix.
- Le chalet de O’Neill est effectivement perdu dans le Minnesota. On y accède par une piste en terre. L’endroit est situé au milieu des bois. Les arbres sont tous centenaires, la végétation est luxuriante, mais le soleil passe au travers des feuilles…
Jack se retourna vers Sam et Teal’C, bouche bée. La jeune femme avait tressailli mais écoutait maintenant la voix du jaffa qui continuait lentement.
- L’endroit est parfaitement calme, on perçoit seulement le chant des oiseaux. La maison est située juste au bord du lac. Celui-ci est immense, il s’étend au milieu de la végétation et tous les arbres s’y reflètent. Le chalet lui-même est entièrement en bois. Il est simple et chaleureux…
Jack et Daniel suivaient, ébahis, le changement sur le visage de Sam. Les larmes avaient cessé de couler sur ses joues pâles. Ses traits s’étaient détendus. Elle souriait.

Elle était à des milliers d’années lumière de là, au fin fond du Minnesota. Elle contourna le chalet et s’avança doucement vers le lac. Pieds nus, elle marchait à présent sur un sol en bois. Elle sentait la caresse du soleil du matin sur sa peau. Une petite chaise longue en toile se trouvait au bout du ponton, au bord de l’eau. Le fil d’une canne à pêche plongeait dans la surface parfaitement calme et limpide. Une bière à peine entamée était posée sur le sol.
Il se redressa dans sa chaise longue, se tourna lentement vers elle et la regarda s’avancer vers lui dans la lumière. Il tendit la main vers la jeune femme et lui sourit.

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Une onde bleue d’une intensité gigantesque jaillit du corps frêle de Sam, toujours assise dans la neige, et se répandit autour d’elle, balayant tout sur son passage tel un raz-de-marée.
Jack, Daniel et Teal’C furent projetés au sol par le choc.
Quand ils se relevèrent, plusieurs secondes plus tard, ils découvrirent avec stupéfaction au pieds des rochers les corps des jaffas gisant au sol.
Manifestement morts.

Jack se retourna vivement : Sam était allongée dans la neige. Alors que Teal’C et Daniel reprenaient leurs esprits, il se précipita vers elle et constata avec soulagement qu’elle n’était qu’évanouie. Il la prit délicatement dans ses bras et la redressa. Elle ouvrit doucement les yeux et rencontra ceux de Jack qui lui sourit :
- Vous avez réussi Carter. Ils sont tous morts. Vous les avez tous tués. C’est très simple, en fait !
Elle sourit faiblement. Elle était manifestement épuisée. La voix de Daniel s’éleva :
- Nous avons toujours un problème. Ou plutôt trois. Sherag et les deux supers soldats sont toujours là et avancent maintenant dans notre direction, même s’ils sont encore loin.
Jack regarda à nouveau Sam :
- Il faut repartir Carter. Vous sentez-vous capable de marcher avec mon aide ?
Elle secoua la tête affirmativement. Il l’aida à se mettre debout. Teal’C demanda :
- Où allons-nous, O’Neill ?
- Nous n’avons pas le choix, il faut retourner vers la porte des étoiles.
Daniel fronça les sourcils :
- Vers la porte ? Mais ils se trouvent entre elle et nous !
- Nous avons nos armes contre les supers soldats. Et de toutes façons, ici nous sommes dans un cul-de-sac. Alors on y va, en tentant de rester à couvert au maximum.

Longeant toujours le précipice, ils progressaient lentement, enjambant les jaffas morts dont les corps ne portaient aucun signe de blessure apparente. Ils reposaient juste allongés sur la neige, sans vie.
La jeune femme marchait difficilement bien que O’Neill la soutînt à chaque pas. Son souffle était court. L’arme semblait l’avoir vidée de son énergie.
Soudain un grondement se fit entendre et le sol trembla sous leurs pieds. Ils se regardèrent, inquiets. Sam murmura, toujours appuyée sur Jack :
- Le collier…. Cela doit être à cause de l’onde de choc…. Cela a pu déclencher une réaction….
Teal’C suggéra :
- Il vaudrait peut-être mieux se séparer. Vous resteriez avec le colonel Carter, O’Neill, et Daniel Jackson et moi partirions avec le collier. Ils vont devoir se diviser, ils ont besoin des deux.
- D’accord. On se retrouve devant la porte.
Sam essaya de porter la main à son cou mais elle se sentait faiblir à chaque mouvement. Jack hésita, puis finalement glissa lui–même ses doigts sous l’épais col jusqu’à toucher la peau de la jeune femme. Il saisit délicatement le collier, le passa au-dessus de la tête de Sam et le donna à Daniel qui le rangea dans sa poche. Puis les quatre équipiers se regardèrent et Jack murmura :
- Bonne chance.
Teal’C et Daniel partirent en courant pour contourner la plaine enneigée de l’autre côté pendant que Jack, soutenant toujours Sam, se remit plus ou moins à longer le précipice.

Teal’C et Daniel constatèrent qu’effectivement l’un des super soldats se dirigeaient à présent vers eux, alors que Sherag et l’autre allaient manifestement à la rencontre de Jack et Sam.
Le sol se remit à trembler, plus violemment cette fois. Des fissures apparurent ça et là dans lesquelles la neige disparaissait. L’archéologue et le jaffa devaient maintenant se méfier de là où ils posaient les pieds et avançaient plus lentement vers la porte, se dissimulant derrière des rochers et tentant de contourner au maximum la plaine enneigée. Le super soldat avançait dans leur direction, toujours à la même vitesse.
- Teal’C, pourquoi ne pas essayer de le combattre dès maintenant ?
- Non Daniel Jackson. Nous devons d’abord essayer de l’éloigner au maximum du colonel Carter et de O’Neill. Comme cela s’il nous tue il mettra plus longtemps à les rejoindre et nous devons leur laisser le maximum de temps pour essayer de s’en sortir.
Daniel murmura :
- et bien, vous êtes optimiste, ça fait plaisir…
Le jaffa ne répondit pas et ils reprirent leur progression.

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Pendant ce temps, Jack et Sam s’étaient dissimulés derrière un rocher quand ils ressentirent eux aussi une très violente secousse. Une profonde crevasse de deux mètres de large s’ouvrit à côté d’eux. La neige disparut dans les profondeurs de la planète.
Jack s’était instinctivement penché sur Sam pour la protéger. Quand il releva la tête et regarda autour de lui, il murmura :
- Carter, j’espère que vous n’êtes pas sujette au vertige : nous avions un précipice à notre droite, nous avons maintenant aussi une crevasse à notre gauche. Il ne reste plus qu’à espérer que le super soldat et votre ami Tok’ra aient disparu dans un trou quelconque…
A ce moment ils entendirent la voix de Sherag hurler :
- Il la faut vivante ! N’oubliez pas ce que Baal a ordonné !
Jack sourit faiblement :
- Raté.
Le super soldat apparut à quelques mètres devant eux. Sherag, toujours sans arme, s’immobilisa un peu en retrait en voyant les deux terriens. Jack et Sam brandirent leurs armes et tirèrent ensemble une fois sur le super soldat, qui s’arrêta sous le choc. Jack lança un regard éperdu à la jeune femme :
- Pourquoi ne marchent-elles plus ???
Ils pressaient désespérément la gâchette de leurs armes qui refusaient de fonctionner à nouveau.
- Je ne sais pas… peut-être l’onde encore une fois…
Jack jura. Le super soldat reprit doucement sa progression ver eux et ils se retrouvèrent acculés au bord de la crevasse fumante qui s’était ouverte quelques instants plus tôt. Jack voulut se mettre devant Sam pour la protéger mais c’est elle qui, d’un air décidé, se plaça devant lui, bras écartés.
- Qu’est-ce que vous faites Carter ?
- Il ne tirera pas. Il ne vous fera rien si vous restez derrière moi, il a reçu l’ordre de ne pas tirer sur moi.
- Soit, mais je n’ai pas vraiment l’habitude de me cacher derrière une femme…
Jack resta cependant derrière Sam. Le soldat s’avançait toujours et n’était plus qu’à deux mètres d’eux. Sherag, en retrait plus loin, observait la scène en souriant. Le soldat tendit sa main pour saisir Sam qui murmura, tremblante à présent :
- Et on fait quoi, maintenant, mon général ?
- On fait ça !
Jack poussa violemment la jeune femme sur le côté au moment où le soldat allait la saisir et se jeta dans les jambes du monstre. Celui-ci bascula en avant et, déstabilisé, tomba dans le gouffre sans fond où il disparut. Jack, entraîné malgré lui par la masse du colosse, glissa à sa suite et se retrouva pendu par une main au rebord de l’abîme, le corps dans le vide.

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- Mais, mais… que se passe-t-il ??
- L’onde de choc a du endommager nos armes, Daniel Jackson.
Le soldat avançait toujours vers eux et brandit son bras. Daniel ferma les yeux.
Mais rien ne se passa. Quand l’archéologue ouvrit à nouveau les yeux, le super soldat était toujours face à eux, à quelques mètres, bras levé, immobile. Daniel entendit la voix de Teal’C à ses côtés :
- A priori, il n’y a pas que nos armes qui ne fonctionnent plus.
- Nous sommes donc à égalité !
Le jaffa leva un sourcil :
- Si on peut dire, Daniel Jackson, si on peut dire… La seule chose qui nous reste à faire, c’est gagner le maximum de temps en espérant que le colonel et O’Neill s’en sortent.
Le colosse s’avança à nouveau vers eux. Teal’C se mit en position de combat. Daniel ne savait absolument pas quoi faire : lutter à mains nues contre un soldat invincible lui semblait une option peut attrayante. Il se rapprocha néanmoins du jaffa, prêt à vendre chèrement sa peau et le collier de Jolinar. Quand Teal’C se jeta sur le soldat, il l’imita. Ils basculèrent dans la neige. Teal’C plaça son genou au niveau de la gorge du soldat et appuya de tout son poids pendant que Daniel essayait désespérément de maintenir au sol l’un des bras du monstre. Mais ce dernier se relevait petit à petit sans difficulté, comme si les deux hommes n’avaient été pas là. Daniel sentit la panique l’envahir quand le soldat leva son bras pour l’abattre manifestement sur le jaffa.

Une voix retentit alors derrière eux :
- Docteur Jackson, Teal’C, à terre !!
Instinctivement le jaffa et l’archéologue, lâchant le soldat, se jetèrent de côté. Le super soldat, encore assis, reçut une dizaine de rafales et s’écroula inerte.
Daniel et Teal’C découvrirent les quatre membres de SG3 qui s’avançaient vers eux en courant. Le colonel Reynolds aida rapidement Daniel à se relever tout en demandant :
- Que se passe-t-il Docteur Jackson ? Nous avons essayé de prendre contact depuis le SGC mais vous ne répondez pas. Où sont le général O’Neill et le colonel Carter ?
- C’est une longue histoire colonel. Nos radios doivent être hors d’usage, tout comme nos armes à cause… d’un phénomène trop long à expliquer maintenant. En tous cas les vôtres fonctionnent et vous êtes arrivés au bon moment, Dieu merci !
Teal’C le coupa :
- Il faut rejoindre O’Neill et le colonel immédiatement, ils doivent être plus loin, vers la rivière, ils devaient essayer de la suivre pour revenir vers la porte. Un autre super soldat est à leurs trousses, ainsi que le traître Tokra.
Reynolds ouvrait de grands yeux étonnés :
- Un autre super… le traître…. Bon, allons-y.
Les six hommes partirent en courant vers le précipice.

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Sam se précipita et saisit le poignet de Jack de sa main droite pour l’aider à remonter. Mais il n’avait aucune prise qui lui permette de progresser. La jeune femme sentait ses pieds glisser sur la neige. Elle croisa le regard de Jack :
- Vous n’y arriverez pas Carter !
- SI !!!!!
Jack essaya de remonter son autre main vers le rebord mais sentit qu’il risquait de briser son équilibre instable et tomber. Sam enfonçait de toutes ses forces ses talons dans la neige, s’arc-boutant pour faire contrepoids. Presque assise à présent, elle posa son bras gauche à terre et la douleur lui vrilla à nouveau l ‘épaule. Mais elle n’avait pas le choix.
Elle ramena sa main gauche, saisit le poignet de Jack et commença à tirer. La douleur lui transperça le haut du corps comme une décharge quand elle entendit craquer ses articulations. Elle faillit hurler mais resta, mâchoires crispées, à se concentrer sur le poignet qu’elle tenait à présent à deux mains. Elle réussit à faire un pas en arrière, remontant Jack de quelques centimètres. C’était suffisant. Immédiatement il agrippa le haut de la crevasse avec son autre main et se hissa en un instant à genoux sur le rebord.
La jeune femme le lâcha alors, et tomba dans la neige en gémissant. Jack se précipita : l’épaule était à nouveau totalement démise. Sam pleurait à présent, recroquevillée sur le côté. O’Neill balbutia :
- Sam…
Une décharge de zat l’interrompit et il s’effondra au sol. Sherag appuya plusieurs autre fois sur le zat qu’il venait de récupérer sur le corps d’un jaffa, mais plus rien ne se produisit. Avant que Jack ne puisse réagir, Sherag saisit Sam par les cheveux et la mit debout brutalement. Elle hurla sous la douleur de son épaule.
Quand Jack se releva, Sherag se tenait devant le précipice, un couteau placé sous la gorge de la jeune femme qu’il tenait devant lui comme bouclier. Jack savait qu’en temps normal elle se serrait déjà sortie de cette situation, mais là les jambes de Sam tremblaient d’épuisement et les traits de son visage ne traduisaient que la douleur. O’Neill resta donc face à eux, ses yeux bruns rivés à ceux du Tok’ra.
- Laissez tomber Sherag. Vous n’avez aucune chance. Relâchez-là. Vous ne lui ferez de toutes façons aucun mal, vous avez trop besoin d’elle.
Il fit un pas vers le Tok’ra qui hurla :
- N’avancez pas ! C’est vous qui êtes perdu O’Neill ! Bientôt le soldat de Bâal va revenir avec le collier et je partirai avec elle… et vous me laisserez partir avec elle si vous ne voulez pas qu’elle meure…
- Le soldat ne reviendra pas. C’est fini Sherag.

Sherag et Jack tournèrent la tête pour découvrir, à quelques mètres d’eux, de l’autre côté de la crevasse où avait disparu le soldat, Daniel, Teal’C et les quatre membres de SG3. L’archéologue tenait le collier de Jolinar dans la main.

Jack vit le couteau de Sherag trembler sous le cou de Sam. Le Tok’ra paniquait. Les quatre membres de SG3 le tenaient en joue, mais il gardait toujours Sam devant lui. Il recula d’un pas, se tenant maintenant juste au bord du précipice. Quinze mètres plus bas l’eau de la rivière faisait entendre son cours tumultueux. Jack avança d’un pas vers Sherag :
- Cette fois-ci c’est fini Sherag. Si vous relâchez le colonel maintenant, vous pouvez encore…
- NON !

Tous se figèrent. Les traits du Tok’ra étaient déformés par la rage et la peur.
- Non… Mon maître ne me pardonnera pas… Jolinar ne doit pas… gagner encore une fois… Il ne faut pas que vous puissiez faire fonctionner l’arme… Il faut…

Jack réalisa soudain ce que Tok’ra s’apprêtait à faire et s’élança vers lui. Trop tard.

Celui-ci venait de se jeter dans le vide, entraînant Sam avec lui. Jack vit la jeune femme tomber sans un cri et disparaître dans les eaux glacées pendant que Daniel hurlait « NON !!!! ».

Ils restèrent quelques instants figés dans le plus profond silence.

Jack était tombé à genoux dans la neige et regardait dans le vide l’endroit où la jeune femme avait touché l’eau. Pétrifié.

Daniel et Teal’C, ayant contourné la crevasse, accoururent quelques secondes plus tard avec SG3 et se penchèrent au-dessus du vide à leur tour. L’archéologue s’effondra au sol et des larmes se mirent à couler sur ses joues. Les lèvres de Teal’C tremblèrent légèrement.

Un long silence suivit. Après quelques minutes, Reynolds se tourna lentement vers Jack :
- Mon général… on ne peut plus rien faire… Il faut…
- Je vais la chercher.

La voix de Jack était glaciale. Il se releva lentement, regarda tour à tour les six hommes qui l’entouraient, et répéta :
- Je vais la chercher. Maintenant.
La voix de Daniel, brisée par l’émotion, s’éleva.
- Mais Jack… il n’y a quasiment aucune chance…
Jack tourna les yeux vers lui, les deux hommes se regardèrent puis Daniel ajouta :
- Je viens avec vous.
- Moi aussi O’Neill.
Le jaffa avait fait un pas en avant.

Jack se retourna vers SG3 :
- Colonel Reynolds, vous rentrez au SGC au pas de course et vous revenez avec une équipe médicale au plus vite. Laissez-nous trois radios.
- Mais, mon général, si Bâal…
Jack regarda Teal’C et Daniel qui secouèrent la tête et l’archéologue répéta :
- On va la chercher Jack. On vient avec vous.
- Colonel Reynolds, vous retournez au SGC. Si Bâal arrive nous vous préviendrons par radio. Alors… alors vous bloquerez la porte.
- Mais mon…
- C’est un ordre.

Le ton de O’Neill était sans appel. Les quatre membres de SG3 se regardèrent et partirent au pas de course dans la direction de la porte après leur avoir laissé les radios.

Jack, Teal’c et Daniel commencèrent à suivre rapidement le bord du précipice, retournant vers les montagnes en suivant le sens du courant. L’activité sismique semblait s’être calmée. Ils trouvèrent enfin un endroit où un éboulement le long de la paroi leur permit de descendre lentement le long du cours de la rivière. Ils n’avaient trouvé aucune trace des corps de Sam et Sherag.
La rivière faisait plusieurs mètres de large et semblait profonde, ce qui redonna espoir à Jack. Il toucha l’eau du bout des doigts et sentit son cœur se serrer : elle était glacée. Le courant était très violent, il avait pu emporter la jeune femme rapidement très loin.
Jack se releva et regarda ses deux amis :
- On continue. On suit le courant.
Ils acquiescèrent et les trois hommes reprirent leur course en silence le long de l’eau, au milieu des rochers, escaladant le bord quand c’était nécessaire.
Peu après la rivière se sépara en deux. Ils s’arrêtèrent quelques secondes. Jack ordonna :
- Vous partez sur l’un des côtés, je pars sur l’autre. Seul. On se contacte par radio.
Daniel et Teal’C savaient qu’il était inutile de discuter et partirent donc de leur côté.
Jack recommença sa course le long du bras de la rivière, enjambant les rochers. Le courant était beaucoup moins violent maintenant.

Il avait perpétuellement devant les yeux l’image du corps de la jeune femme tombant lentement dans le vide.
Elle n’était pas morte. Elle ne pouvait pas être morte. Il avait le sentiment qu’il serait mort aussi, au même instant qu’elle. Parce qu’il lui serait alors impossible de continuer.
Il ne continuerait pas sans son sourire. Sans ses cheveux blonds qui dansaient autour de son visage. Sans ses yeux bleus où il pensait se noyer chaque fois qu’elle le regardait en riant. Sans ses explications scientifiques qu’il aurait écoutées des heures. Sans son courage. Sans son intelligence. Sans sa douceur.
Il ne continuerait pas sans la magnifique jeune femme qui lui avait redonné le goût de vivre en passant un beau matin la porte de la salle de briefing du SGC.
S’il ne la retrouvait pas, il ne rentrerait pas.

Il entendit soudain la voix de Daniel dans la radio :
- Jack…
O’Neill serra les poings et, fermant les yeux, répondit :
- Quoi Daniel ?
- On a retrouvé Sherag… mort.
- Et Carter ?
- Aucune trace.
- Alors on continue.
- Jack, je…
- J’ai dit, on continue. Rappelez quand vous avez du nouveau. Fin de transmission.

S’il ne la retrouvait pas, il ne rentrerait pas.

Il jeta un coup d’œil à sa montre : cela faisait trois heures que Sam avait disparu.
Trois heures… dans l’eau glacée… « impossible » lui soufflait son expérience militaire.
Il sentit son cœur se serrer encore un peu plus dans sa poitrine.

C’est à cet instant qu’il la vit, à quelques mètres devant lui, étendue sur la grève face contre terre, les jambes encore dans l’eau, immobile.
Il se précipita et tomba à genoux. Il la retourna doucement vers lui. Elle était trempée, glacée.
Il chercha fébrilement son pouls et mit de longues secondes avant de sentir enfin la peau de Sam frémir sous ses doigts au niveau de la veine jugulaire.
- Merci…, murmura-t-il.
Il savait ce qu’il avait à faire. Il regarda autour de lui et avisa l’une des cavités dans la roche où il estima pouvoir se glisser avec elle. Il prit délicatement la jeune femme dans ses bras et la porta à l’intérieur, avançant le plus loin possible dans l’ouverture pour l’isoler de l’extérieur. Puis, tout en commençant à ôter les chaussures de Sam, il pressa le bouton de sa radio :
- Je l’ai ! Elle est vivante !
Daniel cria à son tour :
- Elle est vivante ! Où êtes-vous ? Comment va-t-elle ?
- Elle est inconsciente, en hypothermie, je vais tacher de la réchauffer. Appelez SG3 et rejoignez-moi, je suis dans une grotte à droite de la rivière à approximativement 5 kilomètres de l’embranchement.
- On arrive !
Jack jeta la radio à terre et déshabilla fébrilement la jeune femme dont les vêtements étaient gorgés d’eau glacée. Sa peau était mortellement pâle et ses lèvres bleuies par le froid. Il prit son couteau et découpa soigneusement la veste, la polaire et le T-shirt de Sam pour ne pas avoir à bouger son épaule plus que ce n’était déjà fait. La chair était bleue, presque noire même autour de la cassure. Jack immobilisa le bras du mieux qu’il put et fit glisser le pantalon de treillis sur les longues jambes fines.
C’est alors qu’il réalisa que c’était Sam. Il s’arrêta.
Une boule se noua dans sa gorge devant la jeune femme qui reposait maintenant en sous-vêtements devant lui. Il passa une main hésitante sur le côté de la brassière de coton blanc. Elle était trempée et glacée elle aussi.
Il savait pourtant ce qu’il avait à faire. Sans attendre. C’était l’une des premières leçons de survie, et c’est de la survie de Sam qu’il s’agissait.
Il découpa la brettelle de la brassière, l’enleva… et jugea qu’il pouvait s’arrêter là. Il se déshabilla à son tour à toute allure, et s’allongea en boxer sur elle, rabattant sur eux la couverture de survie qu’il avait sortie de son sac. Il restait appuyé sur les coudes pour ne pas l’écraser et fit bien attention à ne pas toucher son épaule. A priori elle n’avait pas d’autres blessures visibles.
Il sursauta au contact de sa peau contre celle de Sam : elle était gelée. Il se serra un peu plus contre elle et enfouit son visage dans le cou de la jeune femme.
Et attendit qu’elle puise dans son corps à lui la chaleur qui lui permettrait de revivre.

Jack se prit à sourire quand il réalisa qu’il avait souvent rêvé se retrouver dans cette position avec elle, mais qu’il n’avait jamais pensé que cela puisse arriver dans de telles conditions. Il n’était pas mal à l’aise. Le contact de la peau de Sam lui semblait la chose à la fois la plus merveilleuse et la plus naturelle au monde. Il voulait qu’elle vive. Seulement qu’elle vive.
Il murmura dans l’oreille de la jeune femme :
- Reviens Sam…je t’en prie, reviens…
Petit à petit, au bout d’un long moment, il lui sembla que la peau de la jeune femme se réchauffait doucement au contact de la sienne. Il releva la tête et regarda le visage de Sam : elle était toujours extrêmement pâle mais ses joues semblaient avoir un peu rosi et ses lèvres reprenaient doucement de la couleur. Il sourit quand ses paupières tremblèrent.

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Les premières impressions qu’elle perçut en émergeant de l’inconscience furent la douceur et la chaleur. Puis la douleur immédiatement après, qui la fit grimacer.
Puis sa voix.
- Ne bougez pas Carter…. Votre épaule est mal en point, vous êtes épuisée et en hypothermie.
Elle ouvrit très lentement les yeux et lut la joie dans les siens à quelques centimètres. Elle sentit une main caresser ses cheveux et le vit sourire.
- Bonjour Dorothée…
Elle referma les yeux et se laissa envahir par la chaleur et le bien-être de son corps sur le sien. Elle sut immédiatement qu’il était quasiment nu au-dessus d’elle. Elle sut immédiatement pourquoi. Elle laissa ses sens se réveiller doucement au contact de la peau de Jack.

Il regarda Sam sourire doucement et replaça à nouveau son visage dans le cou de la jeune femme, ses lèvres touchant à peine sa peau. Il sentit le bras droit de la jeune femme remonter très lentement dans son dos et ses doigts venir se poser dans ses cheveux poivre et sel. Il ne dit rien et ferma les yeux.

Le corps de Sam était revenu à une température à peu près normale depuis un moment déjà quand ils entendirent la voix de Daniel dans la radio.
- Jack ? Jack ?
Jack se souleva un peu. Sam ouvrit les yeux et ils se sourirent à nouveau. Puis O’Neill saisit la radio en soupirant.
- Ici O’Neill. Où en êtes-vous Daniel ?
- On sera là d’ici peu de temps, l’équipe médicale est en route. Comment va Sam ?
Il jeta un coup d’œil amusé vers la jeune femme qui le regardait, toujours allongée sous lui.
- Je crois qu’elle va mieux. Elle s’est réveillée. On vous attend.
Il reposa la radio, replongea ses yeux dans ceux de Sam et murmura :
- Je ferais mieux de me lever et de me rhabiller.
Il ne bougeait toujours pas. Puis les doigts de Sam quittèrent les cheveux de Jack et glissèrent très lentement sur sa nuque. Sans le quitter des yeux, elle releva à peine la tête et posa ses lèvres sur celles de Jack. Elle reposa sa tête sur le sol et murmura en souriant :
- Merci.
Le cœur de Jack battait à tout rompre dans sa poitrine. Il sourit à son tour :
- De rien Sam.
Puis, sans la quitter des yeux, il se détacha très doucement d’elle et se releva lentement. Il sentit sa gorge se serrer devant le corps presque nu de la jeune femme avant de rabattre sur elle la couverture brillante. Elle le regarda se rhabiller rapidement.
Il chercha sa gourde dans son sac et lui fit boire un peu d’eau. L’épaule de Sam était toujours très douloureuse mais Jack l’avait bien immobilisée. Il s’assit à côté d’elle et la regarda en souriant en attendant leurs coéquipiers.
- On a le collier, Carter. Grâce à vous nous avons maintenant une arme exceptionnelle contre les Goa’ulds.
Elle ferma les yeux un instant.
- Non.
- Comment ça non ? Ah, mais j’y étais, et je vous assure qu’il a fonctionné… peut-être que vous, dans votre kelnurim, vous n’avez pas tout suivi, mais les serpents sont bien tous morts grâce à vous !
- Il ne marchera plus. Il ne pouvait marcher qu’une fois, c’était un… prototype.
- Vous le saviez ?
- Je l’ai su… au moment de l’utiliser.
Sam avait parlé lentement, très doucement. La tristesse se lut sur son visage quand elle regarda Jack qui était resté silencieux.
- Je n’aurais pas du. J’ai gâché notre seule chance…
- Non Carter. Vous avez fait un choix que je respecte. J’aurais fait le même. C’était notre seule chance de nous en sortir, sinon le collier et vous tombiez aux mains de Bâal de toutes façons.
Il lui sourit à nouveau pour la rassurer et ajouta :
- Et pour mon chalet, je tiens à vous dire que la description de Teal’C est très en dessous de la réalité, c’est bien mieux que ça !

Quelques secondes plus tard, ils entendirent la voix de Daniel à l’extérieur :
- Jack ? Vous êtes là ?
- Oui Daniel, mais je doute que vous puissiez entrer. Attendez, je vous laisse la place.
Il fit un clin d’œil à Sam qui sourit et sortit.
- Elle va bien. Allez la voir Daniel.
Daniel et Teal’C étaient radieux. L’archéologue se fraya un passage dans l’ouverture de la roche et son visage s’illumina encore davantage quand il vit Sam, allongée sous la couverture, le regarder en souriant faiblement.
- Sam, qu’est-ce que je suis heureux… j’ai vraiment cru…. Mais vous allez bien… ils vont arriver dans peu de temps, nous rentrons au SGC.
Teal’C et Jack s’assirent sur les rochers à l’extérieur.
- Elle va bien Teal’C. Quand je l’ai retrouvée, j’ai vraiment cru que…. Je ne suis pas sûr que, à quelques minutes près…
- Je ne pense pas que n’importe qui aurait pu la sauver.
Jack ne regarda pas le jaffa, qui continua :
- Aucun signe de Bâal. N’ayant plus aucun contact, il a du se douter que cela avait mal tourné.
- Peut-être.
- Nous avons le collier, O’Neill.
- Il ne sert plus à rien. Carter savait en l’utilisant pour nous sauver qu’il ne fonctionnerait qu’une fois.
Le jaffa réfléchit une seconde puis dit :
- Elle a pris la bonne décision. J’aurais pris la même.
- Je sais, moi aussi. C’est ce que je lui ai dit mais elle s’en veut. A mon avis elle va passer un bon moment dans son labo à notre retour pour essayer de le refaire fonctionner.
- Peut-être y arrivera-t-elle.
- Peut-être. Si quelqu’un peut, c’est bien elle.
Après un nouveau silence, Jack se tourna vers Teal’C, les sourcils froncés :
- Alors comme ça mon chalet, ce n’est pas un bon souvenir ?

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L’équipe médicale et SG3 étaient arrivés peu après et avaient ramené Sam au SGC sans encombre.
Elle ouvrit doucement les yeux et découvrit Jack souriant, assis sur une des chaises de l’infirmerie. L’épaule juste opérée de la jeune femme disparaissait sous un épais bandage.
- Vous n’avez rien de mieux à faire, mon général ?
- Si, plein de choses. Beaucoup trop de choses en fait, alors je vous utilise comme alibi pour ne pas y aller. Vous avez meilleure mine. Daniel et Teal’C vont être ravis de savoir que vous êtes réveillée.
- Pourquoi êtes-vous venus me chercher ? J’aurais du être morte.
- Je ne sais pas Carter. Je savais que vous étiez en vie, c’est tout.
Ils se regardèrent en silence. O’Neill sourit à nouveau :
- Je vous rappelle que vous saviez bien, vous, où se trouvait la météorite, comment ouvrir le coffret, … j’ai le droit d’avoir des intuitions moi aussi de temps en temps, même si elles ne sont pas féminines !
- Je ne pense pas que le collier fonctionnera à nouveau un jour.
- Tant pis. L’important c’est que vous soyez là.
- Mais peut-être que si j’avais proposé de suivre Sherag sans résistance, il vous aurait laissés tranquilles, Teal’C, Daniel et vous, et vous auriez pu venir…
- Taisez-vous Carter. Vous avez fait un choix pour nous sauver tous les quatre, comme Pete avait fait le choix de vous sauver vous. Chacun fait ses propres choix, et je n’ai jamais rien eu à redire aux vôtres. Donc le débat est clos.
- Il y a d’ailleurs quelque chose qui m’échappe au sujet de Sherag… Comment a-t-il pu faire illusion auprès des Tok’ra ; il a passé le test Zart’ac qui est… euh… particulièrement fiable.
Jack regarda à nouveau la jeune femme silencieusement avant de répondre :
- Anise avait omis de prendre en compte un petit détail : Sherag était le concepteur du Zart’ac. Il était donc en bonne place pour pouvoir… le contourner.
Puis, après un temps, il ajouta :
- Nous nous sommes beaucoup inquiétés pour vous, depuis quelques temps… à tous points de vue.
- Désolée mon général.
- Cela va mieux ? Vous avez failli y laisser votre bras, en me remontant de la crevasse.
- Oui… je pense que cela va mieux… à tous points de vue, même si cela prendra du temps pour… accepter. Merci à vous aussi de m’avoir sauvé la vie une fois de plus.
- Ce fut un plaisir Carter.
La jeune femme rougit légèrement en souriant, Jack enchaîna :
- Les cours de survie restent heureusement souvent très théoriques. Je pense que vous êtes tout à fait le genre de travaux pratiques donc rêvent tous les jeunes soldats de notre armée.
Les pommettes de Sam s’empourprèrent encore davantage et un large sourire éclaira le visage de son supérieur :
- C’est vrai que vous reprenez vite des couleurs, dites donc !
Sa voix redevint douce :
- Cela va aller. Tout va aller mieux maintenant. Dormez, vous êtes encore épuisée.
- Vous serez encore là quand je me réveillerai ?
Les yeux bleus de Sam brillaient, elle ouvrit sa main qui reposait sur les draps le long de son corps. Jack la regarda gravement. Puis il se leva, s’approcha et prit la main qu’elle tendait sans quitter son visage des yeux.
- Je serai là aussi longtemps que vous aurez besoin de moi, Sam.
Il pencha la tête sur le côté et sourit :
- Mais pour ce qui est d’aujourd’hui, je ne peux rien promettre, je crains que ma cachette ne soit découverte et qu’ils viennent me chercher… Il paraît que j’ai des responsabilités !
Elle lui rendit son sourire et ferma les yeux.
Jack resta debout à la regarder s’endormir, la main dans la sienne. Puis, très doucement il se détacha d’elle une fois de plus en murmurant pour lui-même :
- Un jour Sam… je vous promets qu’un jour…
Il se dirigea vers la porte de l’infirmerie. Au moment où il posait la main sur la poignée, il entendit sa voix, à la fois très faible et parfaitement distincte :
- J’attendrai Jack.

Le général O’Neill resta immobile face à la porte quelques secondes.

Puis un sourire passa sur son visage et il sortit sans se retourner.


FIN


Désolée pour les erreurs que les spécialistes de la série auront sûrement relevées.
J’attends maintenant vos commentaires avec impatience !