Interminables secondes

Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : romance
Saison : saison 10
Raiting : aucun
Date d’écriture : avril 2006

Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else. This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes de l’auteur : inspirée par la BO de Virgin Suicide

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L’ascenseur remonte. Lentement. Si lentement. Il est seul dans cet espace clos. Toujours la même légère odeur de métal et de renfermé à la fois. Toujours la même peinture, si grise. Un peu plus écaillée, c’est tout.

Les chiffres rouges des étages défilent un à un sur l’écran mural. Des numéros qui signifient tant. Des numéros qui ouvrent chacun sur une page de son passé. Ses quartiers. Le mess. La salle de sport, les vestiaires….
Son univers, bien avant tous ceux qui sont derrière la Porte des Etoiles.

21, 20………………..19.

19.

La cabine s’immobilise. Les portes s’ouvrent. Le gris, encore le gris.

Des câbles sur les murs. Des lignes de couleur au sol. Terne la couleur. Même le rouge, le jaune semblent éteints, comme pour se fondre dans le gris.

Ses pas résonnent toujours dans ce réseau, loin, si loin sous terre.
Il respire lentement, il veut garder le contrôle. Toujours.
Il ne se rend pas compte que ses poings sont crispés au fond de ses poches.

Il ralentit son pas. Freine un peu sa foulée ample et conquérante. Il veut garder le contrôle.
Il veut surtout faire durer ces instants, mais cela il ne se l’avouera pas.

Les couloirs sont étrangement déserts. Ou peut-être est-ce lui qui ne voit personne.
Les couloirs sont à la fois incroyablement longs, et en même temps si vite traversés.

Il ralentit encore. Il n’est pas pressé.

En fait il a peur. Mais cela jamais il ne se l’avouera.

Le gris, toujours le gris. Le gris du dernier embranchement, du dernier couloir. Un couloir comme tous les autres. Un couloir totalement différent.

Le même réseau de câbles sur le mur. La même fissure de quelques centimètres, toujours là, à hauteur de son épaule gauche. Le même néon qui clignote légèrement, là, juste avant.

La porte. Là, au milieu de toutes les autres. Aussi grise, aussi terne, aussi anonyme.

La même plaque écaillée, un numéro différent de celui de la porte d’à côté, c’est tout.

La même porte, la même plaque. Depuis presque 10 ans.

Il s’arrête. Regarde le panneau froid et triste. Laisse affluer les images, les souvenirs. Le passé.

Il jette un coup d’œil autour de lui. Personne. Il s’en veut de rester immobile devant cette porte.

Il a avancé la main vers la poignée, machinalement. Il suspend son geste. Il regarde ses doigts, et réalisent qu’ils tremblent. A peine. Il referme le poing.

Il veut garder le contrôle, toujours.

Il respire. Il est sur le point de s’énerver contre lui-même. Pour l’amour du ciel, il n’est plus un adolescent quand même !
Mais il sourit et soupire. Il sait que, contre cela, il ne peut plus lutter.

Alors il pose la main et, d’un geste du poignet, tourne doucement. Le léger bruit mat du verrou se fait entendre et la porte bouge lentement, si lentement sur ses gonds. Il l’accompagne, s’avançant dans la pièce.

Il adore cet espace. Cette lumière un peu tamisée, colorée de dizaines – de centaines – de voyants lumineux qui indiquent il ne saura jamais quoi. Cette odeur de plastique et de métal. Avec une pointe plus acre : la brûlure d’un fer à souder.

Le gris des murs disparaît derrière les étagères…. Toujours plus hautes…. Toujours plus remplies…
Le silence….. bercé par les bips discrets de quelques appareils. La même pièce. A laquelle il ne comprendra jamais rien mais qu’il aime entre toutes.

Il ralentit le mouvement de son bras. Fait durer les secondes pendant lesquelles la porte s’ouvre, lentement. Ce panneau gris qui dévoile à ses yeux le reste du laboratoire.

Le coin de la paillasse. Des papiers dessus… des objets…. Des outils….. Elle.

Soudain le panneau a disparu. Soudain les bips paraissent s’être tus. Soudain la seule lumière qui semble éclairer la pièce est celle du bureau.

Et cette lumière ne semble là que pour jouer dans les cheveux blonds, danser au creux de son cou, suivre le profil de son visage.

Et il est chez lui. Et la tension dans son ventre – non, il ne s’avouera pas que c’était la peur – fait place à une infinie sérénité. Il se détend, il n’avait pas conscience qu’il était si nerveux.

Elle ne l’a pas entendu. Elle ne l’entend jamais. Elle est là, le visage baissé vers une chose informe et métallique qu’elle fouille avec application.

Son corps reprend de lui-même le cours de leur histoire. Il s’appuie au chambranle de la porte. Penche la tête sur le côté. Croise les bras. Et sourit.

Rien n’a changé de cette scène jouée des dizaines de fois pendant une dizaine d’années.

Les protagonistes sont justes un peu plus marqué par le temps et les épreuves de la vie. Ils ont perdu un peu de cette passion, pour laisser mûrir des sentiments plus profonds, plus sûrs.
Pour réaliser l’évidence.

Il laisse passer les secondes, les minutes. Le temps n’a enfin plus d’importance, le temps ne joue plus contre eux. Le temps ne peut plus les mener enfin que vers ce qu’ils veulent tous les deux.

Alors il profite de ce temps. Profite de cet instant magique avant que tout bascule.

Profite de cette vision si réelle dans cette lumière artificielle. De la grâce de ses mains fines qui volent sur l’objet, du mouvement de sa respiration sous l’affreux t-shirt qui n’est jamais parvenu à l’enlaidir. De la couleur si pure de sa peau. De la courbe des joues qu’il devine derrière les mèches blondes. De la teinte subtile des lèvres serrées dans la concentration.

Il ne voit pas encore ses yeux. Mais il sait que ce n’est qu’une question de temps. Il sait que quand il les verra, alors tout deviendra possible.

Il attend. Il a la vie devant lui à présent.

Il n’attend pas longtemps.

Et soudain elle relève le visage. En une seconde qui semble une éternité.

Ses yeux sont soudain immenses, transparents, encore plus bleus que dans son souvenir. Ses lèvres ont tremblé, un instant, une éternité.

Elle ne bouge pas. Puis, doucement, très doucement, un sourire se dessine sur son visage. Un sourire qu’elle ne cache plus. Qu’elle ne réprime plus. Un sourire qui l’illumine, qui les illumine tous deux.

Un sourire qu’ils partagent enfin. Et enfin il peut à nouveau dire les mots, ceux d’avant.
Parce que tous deux savent que ces mots n’ont désormais plus l’amertume de l’interdit, mais la saveur délicate des souvenirs partagés.

- Carter.

- Mon général.

FIN