Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : romance, missing scene
Saison : saison 4
Raiting : aucun
Date d’écriture : octobre 2004
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi
un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and
showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or
anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else.
This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes de l’auteur : Ma réponse au petit défit
lancé par ma Hito préférée à Aurélia
et moi. Très chère, vos désirs sont des ordres…
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C’était pourtant simple. Ils avaient été séparés, puis la charge avait sauté, le bouclier avait cédé et ils avaient pu se sauver. Voilà tout, rien à ajouter. Un énorme coup de chance, comme d’habitude, SG1 bénie des dieux.
Mais non. La machine n’était pas d’accord.
Il manquait quelque chose. Quelques minutes. Le temps peut-être pour les Goa’ulds d’en faire des machines à tuer, à leur insu.
Elle. Lui.
Et pourtant cela leur semblait si simple.
Il était venu la voir dans sa cellule pour lui annoncer qu’il était lui aussi soupçonné – accusé – d’être un zatarc. Les enjeux étaient trop importants pour risquer l’assassinat de Persus ou du Président. Ils le savaient tous deux. Ils devaient servir, même au péril de leur vie. Ils l’avaient déjà fait tant de fois, après tout… Mais il ne faisait pas le fier, pas cette fois. Il avait même avoué sa peur. Ils avaient assisté tous deux à l’agonie d’Astor, à sa mort tragique. C’est ce qui les attendait tous deux : la folie ou la mort. Quel choix ! Que dire d’autre ? Que rajouter ? Ils s’étaient regardés longuement. Cherchant à lire dans les yeux de l’autre si c’était vrai. Semblant demander à l’autre de se souvenir. De se sauver.
Il ne voulait pas se sauver lui. Elle ne voulait pas se sauver elle. Si, un peu bien sûr. Mais surtout sauver l’autre. Chacun voulait la solution pour sauver l’autre. Aucun ne le dit. Comme d’habitude.
Le général Hammond souhaitait les endormir pendant la visite officielle du Président. Ils risquaient toujours la folie, mais au moins ne seraient pas dangereux.
Il refusa. Il vit là la seule
chance de la sauver elle. D’essayer du moins. Qu’importait sa vie
si cela lui offrait une chance, à elle ? Pour qui d’autre donner
sa vie, si ce n’était pour elle ?
Mais toujours avec humour. Toujours avec dérision, en ajoutant comme
une dernière révérence que son cerveau à elle était
plus précieux que le sien. On peut tout cacher avec l’humour. Ou
tout révéler, c’est selon.
Il ne lui avait pas laissé le choix. Il savait qu’elle refuserait sinon. Alors il avait profité du fait qu’il était son supérieur, qu’elle ne pouvait rien dire.
Son supérieur. Au moins cela
servirait à quelque chose…
Les gardes le conduisaient, lui le héros, vers son exécution quasi
certaine. Mais c’était pour elle, alors qu’importait ?
Elle avait crié pour l’appeler.
Il avait entendu sa voix derrière lui, pleine d’amertume et de
colère à la fois.
- Mon colonel !
Son colonel. C’était si peu et tellement à la fois. Ce lien
entre eux, si formel et en même temps si intense avec les années.
Ce lien qui avait fait d’eux des frères d’armes. A la fois
tellement et si peu.
Il n’avait pas pu s’empêcher de se retourner un instant. Il avait pourtant presque espéré ne pas la revoir, ne pas croiser son regard une dernière fois.
Son regard. Son regard bleu tendu vers lui, comme tout son être. Vers cet homme au bout du couloir, qui s’éloignait d’elle. Ce regard brun, résigné, désolé au point de se mordre la lèvre, et tellement sûr de lui en même temps. Tellement sûr de ce qu’il faisait.
Deux soldats la retenaient.
L’armée entre eux. Quelle ironie. L’armée entre eux jusqu’au dernier instant. Il y avait toujours eu quelque chose entre eux : des soldats, un grade, un bouclier…
Un bouclier. L’image revenait maintenant dans son esprit embué, maintenant que Janet venait de faire l’injection. Un bouclier entre eux, presque invisible et en même temps infranchissable.
L’urgence, encore une fois. Le compte à rebours, les pas des jaffas. La mort, certaine, pour elle. Elle qui était du mauvais côté du bouclier.
Il était revenu, bien sûr. On n’abandonne jamais personne. Jamais. Et surtout pas elle. Mais cette fois-ci il ne pouvait rien faire, et ils le savaient tous les deux. Sauf que lui ne paraissait pas s’en soucier, frappant le boîtier de commande avec toute l’énergie du désespoir. En vain, bien sûr. Inutile. Inutile et dangereux. Il fallait qu’il parte, vite, loin. Qu’il vive.
Elle l’avait supplié,
elle qui ne suppliait jamais personne. Elle qui serait morte sans un cri face
à n’importe quel ennemi.
Mais pas face à lui. Car il fallait qu’il vive. Mourir n’était
rien. L’entraîner avec elle était inconcevable. Alors elle
l’avait supplié.
-Mon colonel allez-vous en !
-Non !
Il ne la regardait même plus.
Il ne voulait pas la regarder. Pas lire dans ses yeux bleus qu’il allait
la perdre. Même s’il le savait. Il frappait comme un damné
sur le panneau de commande pour oublier ce qu’il savait déjà.
Mais elle avait supplié à nouveau. Supplié qu’il
arrête, supplié qu’il la regarde en criant ces simples mots
qui étaient toute leur vie :
-Mon colonel !
- Non !
Il avait hurlé cette fois. Hurlé de désespoir face à
elle, pour qu’elle comprenne qu’il ne partirait pas !
Mais à cet instant c’est lui qui avait compris pourquoi il ne partirait
pas.
Compris tellement de choses en croisant son regard bleu. Compris que c’était fini. Compris qu’il ne la sauverait pas. Et compris que c’était sa propre raison de vivre qu’il perdait.
Elle était au bord des larmes. Elle allait mourir. Elle allait mourir à l’instant où elle lisait dans ses yeux bruns ce qu’elle désirait y voir depuis des années. Elle allait mourir face à son regard, son regard si intense, où se mêlaient la détresse, l’étonnement de la découverte et son amour pour elle. Enfin.
Mais il fallait qu’il parte. Maintenant. Pour qu’il vive elle devait perdre ce regard si précieux. Alors elle continuait de le regarder, avec des larmes dans ses yeux bleus. Il fallait qu’il parte. Maintenant qu’elle savait, il fallait qu’il parte. Et bien sûr c’est à cet instant précis que lui savait qu’il ne partirait plus.
Mais non. La chance encore une fois, insolente. Le bouclier avait cédé. Teal’C était venu – encore une fois – et ils étaient rentrés.
Oui, c’était aussi simple que cela. Ils n’avaient pas menti sur le bouclier. Non, pas sur le bouclier, mais sur quelque chose de tellement plus important !
Elle s’en souvenait maintenant.
Elle pouvait peut-être encore le sauver, maintenant c’était
son tour. Elle arrêta Janet :
-On a menti, on ne savait même pas qu’on mentait !
Janet avait couru, couru jusqu’au laboratoire, couru en priant pour qu’il ne soit pas trop tard. Mais non, la chance, encore une fois.
Ils l’avaient autorisée
à lui parler.
- Nous ne sommes pas des zatarcs.
- Comment le savez-vous ?
Lui-même avait fini par en douter. Il fallait qu’il se justifie
tout cela à lui-même, qu’il trouve une raison au fait qu’il
allait sûrement mourir. Alors elle le lui avait dit, sans détour
ou presque pour une fois, dans l’urgence de la situation :
- L’appareil pense que nous avons de faux souvenirs, mais ce n’est
pas cela du tout. Nous mentions.
- Moi j’ai menti ?
Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? Elle l’accusait de mentir
maintenant ? Elle soupira, nuançant son propos pour ne pas froisser son
orgueil qu’elle connaissait si bien. Pour qu’il accepte mieux les
choses, si c’était possible, pour l’amener doucement à
la même conclusion qu’elle :
- D’accord, vous avez omis quelque chose.
- Non, désolé !
Elle lisait l’incompréhension sur ses traits. Bien sûr, ils
passaient tout deux leur temps à feindre de ne pas comprendre. Mais là
c’était différent. C’était de leur vie qu’il
s’agissait. De sa vie à lui.
Alors elle avait insisté, plus franche qu’elle ne l’avait
jamais été, qu’elle ne le serait peut-être jamais
:
- Mon colonel, quand vous avez refusé de me laisser…
Elle le regardait, bien en face,
sans le quitter des yeux, essayant de déceler dans les siens l’instant
où il se souviendrait à son tour.
- …êtes-vous sûr qu’il n’y avait pas autre chose
que vous refusez d’admettre ?
- de quoi me parlez-vous exactement ?
D’accord, c’était encore plus difficile que prévu.
Normal. Il avait passé toute sa vie à lutter contre des sentiments.
Il avait passé les quatre dernières années à lutter
contre celui-là.
- De quelque chose que ni l’un ni l’autre ne pouvons admettre étant
donné nos relations de travail et nos grades respectifs.
Quelle belle formule. Si formelle
et si franche. Cette fois il allait saisir. Cette fois il ne pouvait plus feindre
l’incompréhension. Elle le fixait toujours.
- AH ! Oui, enfin…
Il avait compris. Et immédiatement son regard avait flanché, il
avait fui les yeux bleus. Mal à l’aise devant tous ces gens. Non,
mal à l’aise devant elle qu’il n’osait plus regarder
en face. Alors elle continuait, pour lui éviter de répondre, pour
rester si professionnelle, expliquer, toujours expliquer…
- Mon colonel, nous n’avons pas dit toute la vérité, et
c’est pour ça que l’appareil pense que nos souvenirs sont
faux.
- Vraiment ?
Il l’avait à nouveau regardée. Gêné. Comprenant à son tour la situation dans laquelle ils étaient. Comprenant qu’on attendait d’eux l’inconcevable, et qu’ils n’allaient pas pouvoir y échapper.
Elle s’était retournée vers Anise et avait exigé qu’on refasse le test.
Et Anise l’avait fait. Et Anise avait compris quelles questions elle devait poser. Ils savaient maintenant tous deux que tout allait se jouer entre ces quatre murs gris, devant Anise, Teal’C et Janet. Tout allait se jouer, leur vie et bien plus encore.
Elle s’était placée derrière Anise. Délibérément. Pour l’aider à le dire ou pour mieux l’entendre, le voir ? Un peu des deux. Et Anise avait posé les questions, les bonnes questions. Les questions qui prouvaient qu’il aurait pu s’en sortir, seul. Mais que c’était inconcevable. Restait à savoir pourquoi.
-Qu’avez-vous éprouvé
colonel ?
-Comme si quelqu’un allait mourir.
Non. Ce n’était pas
cela. Ce n’était pas « quelqu’un », c’était
elle. Et cela changeait tout, pour la machine notamment qui indiquait à
nouveau que ce n’était pas la vérité. Elle le savait
déjà, et murmura :
- Mon colonel…
Elle l’encourageait. Pour qu’il vive, pour qu’elle l’entende.
Et tout à coup il se jeta à l’eau. Tout à coup des défenses tombèrent. Son regard n’était plus gêné. Son regard était maintenant fixé sur elle, chaud et déterminé. S’il fallait le dire, alors il le dirait. Mais il le lui dirait à elle, pas à une machine extra-terrestre.
A elle.
Les mots avaient du mal à sortir. Du mal à franchir les barrières qu’il avait patiemment construites toutes ces années. Mais il les prononça enfin, lentement, en en mesurant la portée, sans la quitter des yeux.
- je suis resté car je préférais mourir… plutôt que de perdre… Carter.
C’est elle qui avait alors
fermé les yeux. Un instant. Tentant de rester calme face à ce
qu’elle venait d’entendre. Ce qu’elle venait enfin d’entendre.
Ce qu’elle venait de lire dans ses yeux bruns si décidés
à présent. Si francs. Face à l’aveu de toute une
vie. De toute leur vie.
L’émotion était trop forte. Beaucoup plus forte que tout
ce qu’elle avait imaginé. Elle ne pouvait plus le regarder. Quand
elle ouvrit à nouveau les yeux, elle fixait le sol. Mais Anise continua.
-Pourquoi ?
-Parce que je tiens à elle…
Sa voix l’appelait. Il voulait
qu’elle le voie, elle le savait. Elle n’avait pas le droit de se
défiler. C’est elle qui avait déclenché cela, elle
devait l’entendre.
Elle voulait l’entendre.
Elle releva les yeux et rencontra à nouveau sur les siens, toujours fixés
sur elle, toujours déterminés, tellement sûrs de cet aveu.
- …beaucoup plus… que je ne suis censé le faire.
Elle manquait d’air. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Elle entrouvrit les lèvres… pour respirer ? Pour parler ? Pour pleurer ? Elle ne savait pas. Ils restèrent face à face, dans la grande salle grise, muets. La voix d’Anise brisa le silence :
-Vous n’êtes pas un zatarc.
Qu’importait ?
Tout avait été dit.
Non, pas tout. C’était son tour, à elle :
-Refaites-moi le test.
Il fallait qu’il l’entende lui aussi. Oui, bien sûr, pour vérifier qu’elle n’était pas non plus un zatarc. Mais ils le savaient tous deux, là n’était plus l’important. L’important c’était que lui aussi sache. Qu’elle puisse saisir elle aussi cette occasion unique de le lui dire, là, devant eux, dans la base, au milieu des militaires.
Quelle ironie.
Elle s’assit à son tour. A son tour il se plaça face à elle. A nouveau leurs yeux se rencontrèrent et ne se lâchèrent plus. Anise reprit :
- Major Carter, vous saviez que
le colonel aurait pu s’enfuir ?
- Oui.
- Vous avez essayé de le dissuader de rester ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Parce que je voulais qu’il vive. Parce que la mort n’était
rien si lui vivait.
- Pourquoi ?
- Parce que sa vie a toujours été la chose la plus importante.
Parce qu’il a toujours été le plus important. Et parce qu’il
était plus important pour moi à cet instant qu’il ne l’avait
jamais été. Parce qu’alors que j’avais compris ses
sentiments je pouvais partir heureuse.
Sa voix à elle était douce. Calme. Comme son regard, ses yeux bleus si calmes et si déterminés à la fois, fixés sur lui. Lui qui la regardait, impassible. Lui qui buvait ses paroles, les paroles de la femme qu’il aimait. Les paroles de cet être si extraordinaire qui ne vivait que pour lui. Il le savait maintenant. Il le lisait dans les yeux bleus. Lui qui croyait que ce qu’il ressentait n’avait pas d’égal pouvait mesurer dans ses yeux que si, que quelqu’un d’autre ressentait quelque chose d’aussi fort. Et que ce quelqu’un d’autre, c’était elle.
Elle.
-Vous n’êtes pas non plus un zatarc.
Ces quelques mots d’Anise, si évidents et inutiles pour eux, avaient brisé l’instant. Brisé la bulle fragile qui s’était créée autour d’eux. Immédiatement il s’était approché d’elle. Instinctivement. Pour se libérer de la tension qui régnait, pour la libérer elle aussi. Enlever ses liens autour de ses frêles poignets.
La tension était retombée. L’instant était brisé. La peur revenait, la honte, la culpabilité. Le désir de se protéger après s’être tant –trop- dévoilé. Ils s’étaient dépêchés de se cacher derrière d’autres mots que ceux qui les avaient mis à nus. Comme on se rhabille rapidement, honteusement, maladroitement, sans se regarder après une nuit qu’on n’aurait pas du partager.
-On est bien d’accord Carter ?
D’accord sur quoi ? D’accord
sur l’aveu ? D’accord sur l’élan vers le futur ou sur
le retour vers la situation passée ?
-Absolument. Rien ne doit sortir de cette pièce.
D’accord avec le passé. D’accord avec la peur. D’accord avec le refus d’une émotion si grande qu’elle les dépassait tous deux. Et aucun des deux ne voulait être dépassé. Il avait eu un mouvement d’hésitation. Il avait senti que passait là une chance qui ne se représenterait peut-être jamais.
Il l’avait lui aussi laissée passer.
Pour toujours ?
FIN