Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : romance, drame (pas de mort...)
Saison : saison 8 (pas mal de références à
Heroes, saison 7), après Threads
Raiting : déconseillé aux moins de 15 ans, pour
la violence
Date d’écriture : mai 2005
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi
un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and
showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or
anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else.
This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes de l’auteur : un immense merci à Hito, qui
m’a donné l’idée de base et m’a permis de l’utiliser,
et qui a assuré la relecture avec GJC. Hommage à Heroes 1 et 2,
qui reste à ce jour mon épisode préféré de
toute la série…
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- … et pour l’amour du ciel ne dites rien ! J’ai déjà tout essayé, le Président est catégorique.
Daniel Jackson, le lieutenant colonel Samantha Carter et Teal’C ne répliquèrent pas. Leurs visages étaient sombres, leurs esprits à nouveau emplis des tragiques circonstances dans lesquelles la dernière expérience du même genre s’était déroulée.
L’archéologue soupira
finalement :
- Et cette petite… expérience commencera quand ?
- D’un jour à l’autre. L’équipe devrait arriver
très bientôt, ils règlent les dernières formalités.
Ils seront trois, comme la dernière fois.
- Est-ce que ce sera Monsieur Bregman ?
- Non. Une femme, grand reporter. Helena Cornwell.
Daniel fronça les sourcils :
- Une femme ? Elle connaît les risques qu’impliquent le passage
de la… ?
Il se tut soudain, conscient de ce qu’il venait de dire, et tourna lentement
la tête pour rencontrer le visage fermé de Sam. Il balbutia :
- Non, enfin Sam, je ne voulais pas dire… enfin….
- Enfin QUOI Daniel ?
- Non, rien, je ne pensais pas à vous quand je disais « une femme
», je…
- Ah bon ? Et vous pensiez à quoi alors ?
Jack sourit et murmura :
- Oula, je ne voudrais pas être à votre place, Danny boy…
- En effet, renchérit Teal’C.
L’archéologue soupira :
- Je suis désolé Sam, ce n’est bien sûr pas ce que
je voulais dire, mais bon pour une mission de terrain ils auraient pu envoyer…
je ne sais pas moi… un ancien militaire reconverti… Bref, quelqu’un
qui aurait peut-être davantage eu sa place ici que… que…
- Qu’un archéologue à lunettes ? demanda Sam avec un sourire
ironique.
Jack se cacha brusquement derrière un rapport pour éclater de
rire et un mince sourire se dessina sur les lèvres du jaffa. Daniel soupira
:
- Ok, ok, je n’ai rien dit…
Sam sourit plus largement et, sur un geste de Jack, ils quittèrent le
bureau du général.
Les trois membres de SG1 continuèrent leur discussion dans les couloirs
du SGC en rejoignant le mess. Daniel était très animé :
- Franchement, il était très bien le reportage d’Hemett
Bregman ! Il leur en faut toujours plus, maintenant ils nous collent une équipe
sur le terrain. Et en plus il faut que cela tombe sur nous. Merveilleux.
- Je sais Daniel, mais vous avez entendu le général, on ne peut
rien faire.
- Je suis sûr que O’Neill a tout essayé pour l’éviter,
ajouta Teal’C.
- Je sais, je sais…. soupira Daniel. C’est juste que…
- … que cela nous rappelle à tous la mort de Janet, murmura Sam.
Ils gardèrent le silence quelques instants, puis la voix grave du jaffa
s’éleva à nouveau :
- Je fais confiance à O’Neill pour écourter cela au maximum.
Daniel et Sam acquiescèrent. Ils arrivaient au mess.
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Trois jours plus tard, SG1 se trouvait à nouveau réunie en salle
de briefing avec le général O’Neill. Ils levèrent
les yeux quand Walter ouvrit la porte et s’effaça pour laisser
passer trois personnes, une femme et deux militaires. Jack se leva :
- Je suis le général O’Neill. Je vous souhaite la bienvenue
au SGC.
Les deux militaires se mirent au garde à vous et la femme sourit.
Elle avait une quarantaine d’année.
C’était une eurasienne, de taille moyenne et menue. Ses traits
d’une extrême finesse étaient illuminés par de magnifiques
yeux noirs. Sur son superbe visage se lisaient l’assurance, la détermination,
et l’admiration quand elle s’approcha d’un pas décidé,
tendant la main à Jack :
- Helena Cornwell. C’est un honneur de vous rencontrer, général
O’Neill.
Jack sembla hésiter un court instant, puis son visage se détendit
et il serra la main fine en souriant :
- Vous verrez, ça vous passera. Repos messieurs.
Les deux soldats quittèrent le garde à vous. Sam fronça
très légèrement les sourcils et Teal’C haussa le
sien. Daniel se racla la gorge et Jack se tourna ver lui :
- Ah oui, laissez moi vous présenter SG1, que vous allez suivre pendant
ces quelques jours : le colonel Carter, Daniel Jackson et Teal’C.
Helena les salua en souriant d’un signe de tête. Avant que Jack
ait pu à nouveau ouvrir la bouche, son visage redevint sérieux
et elle dit :
- Je vous remercie beaucoup d’accepter notre présence ici. Je sais
que le Président ne vous a pas laissé le choix, et je suis parfaitement
consciente que notre intrusion doit surtout vous gêner. Mais mon équipe
et moi-même serons à votre disposition. J’ai couvert dans
mon métier plusieurs conflits armés, et j’ai déjà
suivi des troupes sur le terrain. Pas celui-là, bien sûr. Je ne
l’aurais même jamais rêvé. Mais je tiens juste à
vous faire savoir que j’essayerai au maximum de ne pas être un fardeau
trop lourd à porter.
Le général resta un instant silencieux, manifestement pris de
court, et répondit en souriant :
- Et bien je vois que nous sommes d’accord. Euh… Carter, vous voulez
bien accompagner Madame…
- Vous pouvez m’appeler Helena si vous le souhaitez.
Le sourire de Jack s’élargit encore et il acquiesça :
- Bien, alors Carter, accompagnez Helena à ses quartiers.
Un frisson de colère parcourut Sam mais elle ne laissa rien paraître et avec un visage parfaitement neutre précéda la jeune femme dans le couloir.
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Helena, vêtue d’un jean et d’une veste simple, suivait facilement
les pas rapides de Sam. Elles croisèrent de nombreux soldats et la journaliste,
consciente de certains regards étonnés et appuyés, demanda
:
- Colonel, ce n’est pas trop dur, vivre ici enfermée dans cette
base, ce monde d’hommes…
- Non. Je suis traitée parfaitement d’égal à égal,
nous travaillons tous ensemble, c’est tout.
- Mais justement, à force d’être traitée d’égal
à égal – ce dont je ne doute pas, entendez bien –
n’en avez-vous pas perdu un peu… de votre féminité,
au milieu de tous ces soldats ?
Elles étaient arrivées devant les quartiers des invités
et Sam s’immobilisa :
- Comment cela ?
- Non rien, ajouta Helena avec un sourire franc, mais cela doit être agréable
de retrouver la surface, de s’occuper de soi, redevenir jolie… Quand
j’étais en reportage sur le front, je pense que c’est une
chose que je trouvais à la fois agréable et désagréable,
le fait de devenir l’une des leurs… et par là même,
de disparaître parfois en tant que femme. Non ?
Sam regarda la femme ravissante qui se trouvait devant elle, souriant avec franchise,
magnifiquement sûre d’elle et féminine, et le colonel sentit
son cœur se serrer. Elle répondit rapidement :
- Sûrement… Je dois vous laissez, installez-vous aussi confortablement
que possible, je vous montrerai les vestiaires des femmes plus tard. Le briefing
pour la mission est demain à 8 heures. D’ici là…
- J’ai rendez-vous avec le général pour un entretien dans
une heure, et il doit me faire visiter la base d’après le planning.
Merci beaucoup colonel. J’apprécie vraiment beaucoup de pouvoir
suivre une équipe SG aussi illustre que la vôtre.
- Ne me remerciez pas, ce sont les ordres.
- Bien sûr, répondit Helena en souriant toujours.
Sam, gênée, fit à son tour un petit sourire maladroit et
regagna son laboratoire.
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La militaire referma la porte et se tint immobile un instant, cherchant des
yeux ce qu’elle savait qu’elle ne trouverait pas : un miroir.
Elle avança alors vers une vitrine de plexiglas encombrée de produits
et appareils divers et sa silhouette se dessina dans la surface transparente.
Elle s’observa en silence.
Elle n’était pas maquillée. Enfin si, un trait de noir sur
le bord des paupières. Ses paupières alourdies par le surcroît
de travail et le manque récurrent de sommeil. Elle se trouva pâle,
le teint blafard, les joues creuses. Elle ne se dit même pas que c’était
sûrement du à l’éclairage aux néons de la pièce.
Elle leva le regard vers ses cheveux blonds légèrement ébouriffés.
Avec une mèche rebelle sur le côté qu’elle tenta en
vain de discipliner.
Elle observa sa tenue. Son uniforme kaki, le pantalon dont les multiples poches
cachaient ses formes, la veste large qui gommait le galbe de sa poitrine.
Elle soupira. Elle ne ressemblait à rien. Elle avait plus de trente cinq ans, pas de mari, pas d’enfants, et elle ne ressemblait déjà plus à rien.
Sa féminité, avait
dit Helena Cornwell (si fine, si jolie, si bien maquillée, elle !). L’image
de Kerry Johnson, revint soudain à l’esprit de Sam. Kerry Johnson
si belle avec son ample chevelure auburn, si sûre d’elle, si pulpeuse…
si féminine.
Où était-elle sa féminité, à elle ? Oubliée
depuis sa rupture avec Pete. Avec lui, au moins, elle avait fait des efforts,
voulu être jolie, voulu couper avec sa vie souterraine du SGC. Avec Pete,
elle avait voulu oublier ; oublier son travail, ses responsabilités,
le SGC,… Jack.
Elle avait échoué. Ou réussi. Réussi à se
rapprocher de lui, à revoir dans son regard ce qui lui manquait depuis
si longtemps. Passer quelques jours dans son chalet, enfin. Avec Daniel et Teal’C,
bien sûr, mais de toutes façons rien n’était possible.
Rien n’était encore possible.
Un frisson la parcourut et elle
fronça les sourcils :
Quelque chose serait-il UN JOUR possible ?
Quelque chose de plus que quelques regards ? Qu’une promesse tacite ?
Quelque chose de plus que passer quelques jours avec trois hommes à pêcher, discuter et s’affaler tous les quatre devant la télé ?
Pourquoi tout ceci prenait-il soudain un goût si amer ? Pourquoi ce qui, quelques heures avant, était un souvenir si magnifique et si précieux lui donnait soudain l’envie de hurler ?
Ils la traitaient d’égal à égal. C’est pourtant ce qu’elle avait toujours voulu et toujours eu… non ?
Non ?
Elle se mordit la lèvre pour ne pas pleurer et se dirigea rapidement vers son bureau. Travailler.
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Le lendemain matin, quand les membres de SG1 se retrouvèrent en salle
de briefing, Sam avait peu dormi. Sa nuit avait été hantée
par les visages de son père, de Janet et de Kerry Johnson. Les deux soldats,
les lieutenants Carlson et Wenders, avaient installé la caméra
et le micro pour enregistrer la réunion. Teal’C avait les mains
croisées devant lui, impassible. Daniel feignait d’oublier la caméra
en restant plongé dans ses notes. Sam faisait de même, se mordillant
la lèvre nerveusement.
Ils levèrent les yeux quand des rires leur parvinrent. Jack apparut,
la mine réjouie, descendant lestement l’escalier de métal,
suivi par la journaliste qui riait. Le général se laissa tomber
sur son fauteuil et Helena l’imita. Sam et les deux soldats s’étant
mis au garde à vous, Jack les mit à l’aise d’un geste
distrait et s’intéressa enfin au dossier placé devant lui
:
- Bien, donc vous partez dans deux heures pour P7X367…. Qui s’annonce
très calme, non ? Carter ?
- Oui mon général. Le MALP est donc revenu avec des clichés
de ruines assez intéressantes mais manifestement abandonnées depuis
des siècles. Il est possible que la civilisation ait un rapport avec
celle des Anciens.
Sam, oppressée par le manque de sommeil et la présence de la caméra,
avait parlé doucement, d’une voix peu assurée. Le timbre
clair et enjoué de Helena s’éleva alors :
- Colonel Carter, vous avez donc toutes ces informations grâce au MALP
?
- Oui, cette sonde terrestre ou aérienne nous transmet toutes sortes
de données, que l’ordinateur confronte avec toutes celles que nous
possédons déjà. Cela permet des recoupements indispensables.
- L’information la plus importante pour moi est la température
! ajouta Jack.
Helena le gratifia d’un sourire magnifique et radieux qui fit à
Sam l’effet d’une balle en plein cœur. Jack jeta un coup d’œil
à son second :
- Carter, j’ai décidé de vous accompagner sur cette mission,
si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
- Non, bien sûr mon général.
Il venait avec eux. Elle aurait
du s’en réjouir. Elle s’en serait réjoui s’il
était venu pour elle, et non pour… une autre.
Sam ferma les yeux un instant, cherchant à chasser de son esprit ces
idées ridicules et puériles. En vain.
La voix chaude de Jack s’éleva
à nouveau :
- Bien, alors si tout le monde est d’accord, on se retrouve à 9h20
dans la salle de la Porte ?
Il se leva, imité immédiatement par Helena, Daniel et Teal’C.
Sam ajouta soudain, alors que Jack était déjà à
la porte de son bureau :
- Mon général, je dois vous signaler que je n’ai pas de
relevés électromagnétiques, la sonde doit avoir subi un
disfonctionnement à ce niveau.
Il fronça les sourcils, manifestement contrarié :
- Ah, et est-ce un problème ?
Elle hésita… le brouillard dans lequel son esprit se trouvait freinant
sa réflexion.
- Carter ?
- Euh… Non, a priori non… Tout le reste fonctionne…
- On maintient la mission ?
- Oui, je pense que oui.
- Bien. Alors 9h20.
Il disparut. Sam leva les yeux. Helena, radieuse, donnait quelques explications devant la caméra. Sa voix était décidée, son teint parfait, ses yeux en amandes légèrement et magnifiquement maquillés. Ses longs cheveux d’un noir de jais retombaient souplement sur ses épaules.
Sam récupéra à toute allure ses papiers et quitta la pièce.
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Le colonel Carter était à l’armurerie, prenant des chargeurs
dans l’épaisse armoire d’acier. Elle entendit des soldats
entrer dans la pièce en discutant :
- …. Super mignonne la journaliste !
- Tu m’étonnes…. Je comprends que O’Neill parte en
mission pour une fois.
- En plus c’est une sacrée nana il paraît. Elle a couvert
l’Irak, c’est mon cousin qui me l’a dit, elle avait suivi
l’équipe d’un copain à lui. Il paraît qu’elle
était extra, très pro. Ils étaient tous dingues d’elle
!
- C’est qu’on n’a pas beaucoup l’occasion de se rincer
l’œil ici… à part….
- Oh pardon mon colonel !!! s’exclama soudain l’un des soldats en
découvrant Sam qui avait refermé bruyamment la porte de l’armoire.
Le second soldat balbutia :
- oui, excusez nos propos, on… on ne vous avait pas vue…
- Je sais, ce n’est pas grave, murmura Sam en sortant rapidement, son
P90 sous le bras.
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Quand elle arriva dans la salle de la Porte, elle fut surprise d’être
la dernière. Jack regardait en souriant Helena s’extasier sur l’immense
structure de naquadah. Les deux soldats étaient empêtrés
entre leurs armes et la caméra. Seule la journaliste n’avait pas
de P90. Daniel se tourna vers Sam et fronça les sourcils :
- Sam ? ça va ? Vous avez l’air fatiguée.
- Un peu, rien d’important, tout va bien. Merci Daniel.
L’archéologue lui sourit alors que les premiers chevrons s’enclenchèrent.
Sam regarda à nouveau Helena, bouche bée devant la Porte des Étoiles,
ses cheveux ramenés dans une longue tresse élégante. Le
vortex se forma et les trois membres de l’équipe TV eurent un sursaut.
Sam monta sur la rampe, prenant la tête de l’équipe. Elle
jeta un dernier coup d’œil derrière elle avant de traverser,
le temps de voir Jack qui faisait élégamment signe à Helena
de passer devant lui.
De l’autre côté, une nature accueillante les attendait comme
prévu. Daniel et Teal’C apparurent quelques instants plus tard.
Le jaffa retint de justesse le caméraman qui trébucha à
la sortie du vortex. Helena et Jack apparurent côte à côte
et la journaliste, manifestement secouée, s’agrippa un instant
au bras du général. Elle murmura :
- C’est…. C’est extraordinaire….
Jack lui sourit chaleureusement avant de se tourner à nouveau vers Sam
:
- Carter, on vous suit !
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Ils s’avancèrent, le colonel Carter et Daniel en tête, suivis
par Jack et l’équipe de tournage, puis Teal’C fermant la
marche. Sam pouvait entendre son supérieur répondre vaguement
aux questions de la journaliste. Elle tentait de garder l’esprit fixé
sur la mission et baissa les yeux à nouveau vers ses instruments de mesure.
Elle fronça les sourcils : par instant, les chiffres s’effaçaient,
se modifiaient puis revenaient à la normale. Elle donna un petit coup
avec la paume sur le côté du boîtier et ouvrit la bouche
pour prévenir Daniel…. Qui au même instant annonça
fièrement :
- ça y est, nous y sommes, voilà les ruines !
Ils venaient de grimper une colline et, en contrebas, apparurent devant eux les vestiges d’une cité avec en son centre ce qui avait du être un temple majestueux. Ils s’arrêtèrent quelques minutes, le temps pour Daniel de prendre quelques photos et pour l’équipe de tourner quelques plans. Helena conseillait à merveille les techniciens, repérant d’un seul coup d’œil les meilleurs angles de prise de vue. Sam baissa à nouveau les yeux vers ses instruments : tout semblait redevenu normal. Elle haussa légèrement les épaules et se massa sa nuque raidie par le manque de sommeil.
Son geste n’échappa pas au général, qui fronça les sourcils mais ne dit rien.
- Sam, on y va ? demanda l’archéologue.
- Oui. Je ne détecte aucune présence. Descendons.
Ils continuèrent leur progression, entrant dans la ville. Daniel expliquait à Helena qu’il devait s’agir d’une cité vieille de plusieurs milliers d’années, appartenant manifestement à une civilisation très évoluée, peut-être en rapport avec les Anciens… Sam et Teal’C surveillaient toujours les alentours mais l’endroit, si ce n’est la planète entière, semblaient parfaitement déserts. Ils arrivèrent enfin à l’entrée du temple dont ils montèrent les marches. Ils pénétrèrent lentement dans l’édifice gigantesque.
Daniel demanda distraitement :
- Sam, pas de soucis, on peut continuer ?
Elle baissa à nouveau les
yeux et murmura machinalement :
- Oui, je vérifie juste que…. Euh… attendez !
Une des aiguilles de ses instruments venaient de s’affoler soudain.
Mais Daniel avait déjà fait un pas, passant entre deux statues aux formes étranges. Il se retourna vers Sam, ouvrit la bouche pour parler, quand sa voix fut couverte par un grondement intense : une imposante porte de pierre venait de boucher en un instant la porte de l’édifice. Ils se retrouvèrent coincés, dans le noir total. Jack et Teal’C se précipitèrent sur la paroi, pour constater qu’elle était bien trop lourde et massive pour tenter quoi que ce soit. Ils allumèrent leurs lampes et constatèrent avec dépit qu’une autre porte s’était fermée en même temps que la première, les bloquant dans un espace réduit, une sorte de vestibule. Une vive inquiétude se lisait sur les visages de la journaliste et des deux soldats, mais ils ne disaient rien, attendant les ordres. Jack grommela :
- Merveilleux. Daniel, vous auriez
du attendre l’ordre de Carter !
- Quoi ? Mais elle a dit d’avancer ! Ce n’est qu’après
que….
L’archéologue s’arrêta
net, gêné soudain, et regarda Sam dont le visage avait encore blêmi
à la lueur blafarde des lampes.
- Sam, je suis désolé, je n’aurais pas du…
- Non Daniel, vous avez raison.
- Là n’est pas de savoir qui a raison ou non, coupa Jack d’une
voix tranchante. Sortons-nous d’ici.
Ils observèrent la pièce en silence. Sam jetait de fréquents
coups d’œil inquiets à ses instruments qui s’affolaient
toujours. Daniel murmura :
- C’est étrange… Il n’y a aucune inscription…
La pierre semble parfaitement lisse… Je me demande à quoi pouvait
servir cette pièce…
- Nous ne sommes pas ici pour nous amuser à trouver de quoi lire, Daniel
! aboya Jack.
L’archéologue se retourna et braqua sa lampe sur lui :
- Il faut bien trouver un moyen de sortir non ??
D’un geste sec, le général poussa la lampe de son ami. La
voix de Sam s’éleva :
- Il y a un problème. Je pense savoir d’où venait la panne
du MALP. Il semble que cet édifice ait une très importante charge
électromagnétique qui a du perturber les mesures et….
- Carter ! En quoi cela nous intéresse-t-il exactement ??
Elle soupira :
- La charge est en train de se concentrer depuis que la porte s’est refermée.
Les niveaux d’ondes montent de façon inquiétante. Je crains
que ce soit une arme.
Helena et les deux soldats devinrent
livides et échangèrent un regard inquiet, mais n’intervinrent
pas. Le visage de Teal’C était toujours aussi fermé. Sur
celui du général se lisait une colère à peine contenue.
Daniel demanda :
- Une arme ? Comment cela ? Que va-t-il se passer ?
- Il est possible… que les ondes se concentrent pour être envoyées
ici, dans cette pièce à présent close.
- Et ? demanda Jack d’un ton exaspéré.
- Et… c’est comme si nous étions dans une sorte… de
micro–onde géant, mon général. Et très puissant.
Un silence total accueillit les
paroles de la jeune femme. A cet instant, les lampes clignotèrent un
instant, puis s’éteignirent. La voix de Jack résonna dans
l’obscurité :
- Pour l’amour du ciel, Carter, vous êtes le chef de cette équipe,
sortez-nous de là !
- Oui mon général.
Elle se concentra un instant, tentant
d’évaluer l’épaisseur de la porte, le recul nécessaire
à une explosion… Elle annonça :
- Teal’C, nous allons faire sauter la porte.
- Bien colonel Carter. C’est aussi ce que je pense être le plus
raisonnable.
Se guidant à la voix, elle
rejoignit le jaffa près de la porte et ils s’agenouillèrent,
préparant les pains de plastique. Des gerbes d’étincelles
brillèrent soudain et les soldats poussèrent un même cri
en lâchant la caméra. La voix de Sam s’éleva :
- Tout ce qui est électronique va griller. Mettez tout au sol ou vous
risquez d’être brûlé.
Chacun ôta à toute
allure les divers instruments qu’il portait. Sam et Teal’C venaient
de finir de préparer les explosifs. Elle murmura :
- J’espère que le détonateur va fonctionner…
La voix de Jack s’éleva
tout près de Sam, la faisant sursauter très légèrement
:
- Carter, nous ne disposons que de très peu de recul…
- Je sais mon général. Il faudra protéger en priorité
Mademoiselle Cornwell et les lieutenants.
- Bien.
Le ton du général n’était plus teinté de colère,
mais d’inquiétude. La voix calme du jaffa retentit à nouveau
:
- J’ai fini, colonel Carter.
- Moi aussi. Reculons-nous. Mettez-vous tous le plus loin possible, protégez-vous
le visage en priorité.
A tâtons, elle s’écarta de la porte, tenant dans sa main le détonateur. Il fallait faire vite, elle ignorait le temps dont ils disposaient avant que la puissance de l’arme ne devienne dangereuse pour eux. Elle heurta doucement un des soldats et se plaça entre lui et la porte, espérant le protéger au maximum du souffle. Elle supposa que Jack était à côté, protégeant Helena comme il pouvait.
Elle posa le doigt sur le détonateur :
- Bien. Je compte jusqu’à trois et je fais sauter la porte. Si ça marche, protégez-vous bien des débris et de la poussière en vous levant. Un, deux,…
Elle perçut soudain son souffle dans son cou et le bras puissant de Jack vint entourer ses épaules. Elle le sentit se déplacer à peine, la protégeant par là même un petit peu de son corps. Elle ferma les yeux :
- … trois.
Elle appuya sur le détonateur
et la porte vola en éclat. Le bras de Jack se resserra contre elle. Quelques
secondes passèrent avant qu’elle n’ouvre à nouveau
les yeux. La lumière du soleil entrait par l’ouverture. Ils étaient
toujours blottis les uns contre les autres, toussant, recouverts de poussière.
Elle demanda :
- Tout le monde va bien ?
Plusieurs voix s’élevèrent, y compris celle de Jack à
côté d’elle, pestant contre l’état de son dos.
Le bras du général avait quitté ses épaules dès
la fin du souffle.
Sam fronça les sourcils et appela d’une voix inquiète :
- Teal’C ? TEAL’C ?
Le silence lui répondit.
Elle sauta sur ses pieds. Le corps du jaffa, le plus proche de la porte, ne
bougeait plus. Sam se précipita, suivie par Jack, et cria :
- Teal’C est blessé ! On évacue immédiatement et
on regagne la porte !
Le jaffa était évanoui. Son dos portait d’importantes blessures.
Jack et Daniel le soulevèrent et glissèrent leurs bras sous ses
larges épaules. Sam s’écria :
- Il faut que je récupère quelque chose ! Allez-y, j’arrive.
Jack fronça les sourcils mais ne posa pas de question. Les trois hommes et l’équipe de reportage quittèrent les lieux. Sam ramassa le plus possible des instruments qu’ils avaient tous jetés au sol quelques minutes plus tôt, et partit au pas de charge vers la Porte des Étoiles.
Quand elle arriva, les autres avaient doucement étendu Teal’C dans l’herbe. Le jaffa était revenu à lui mais souffrait manifestement beaucoup. Il avait encaissé une grande partie du souffle de l’explosion en protégeant de son corps imposant ses camarades.
Dès qu’il la vit arriver en courant, Jack s’écria :
- Carter ! On ne peut plus envoyer
notre signal ! Les GDO ne fonc…
- Je sais mon général. Je vais tâcher de réparer
cela.
Elle se pencha au-dessus de Teal’C
et dit d’une voix douce :
- ça va aller ? je vais nous ramener au SGC.
Il murmura :
- Je sais. J’ai confiance en vous colonel.
Elle ferma les yeux un instant et étala sur le sol les différents appareils qu’elle avait récupérés. Attrapant dans sa poche un tournevis, elle se mit à les décortiquer.
Jack, agenouillé près de Teal’C, le visage fermé, la regardait faire. Daniel avait retiré la veste du jaffa et arraché son t-shirt, et tentait de nettoyer au maximum ses plaies.
Helena et les deux soldats se tenaient un peu à l’écart, silencieux et inquiets, n’intervenant pas pour ne pas les gêner.
Sam avait à présent
étalé devant elle toutes sortes de fil, de résistances,
de circuits, les testant comme elle pouvait, montant à toute allure les
éléments minuscules. Elle jura entre ses dents, un énième
circuit venant de griller entre ses doigts. Le général s’impatienta
:
- Carter ! Il va falloir vous presser ! On a besoin de rentrer, maintenant !
- Je sais mon général…
- Oh ça va Jack ! Laissez la travailler ! aboya Daniel.
Le général se tourna à nouveau vers lui :
- Je vous rappelle que si vous n’étiez pas entré dans ce
fichu temple nous n’aurions pas un homme à terre !
- Et comment pouvait-on savoir ce qui allait se….
- En interprétant convenablement les problèmes du MALP !!!
Sam serra les mâchoires mais ne dit rien. Il avait raison. Elle avait
été déconcentrée. Elle n’avait pas pris suffisamment
de précautions. Et maintenant elle était à l’autre
bout de la galaxie à essayer de les ramener sur Terre, et Teal’C
était blessé. Par sa faute.
Et il y avait même une équipe de reportage pour assister à cela.
Et Jack.
Au bout de quelques minutes, elle
ouvrit le DHD pour y brancher le GDO et s’en servir comme source d’énergie,
puis se releva d’un bond :
- Cela devrait être bon, nous devrions être capables de faire passer
notre code d’identification.
Elle composa les symboles. Le vortex s’ouvrit et, tenant le GDO débordant
de fils, elle composa le code de SG1. Ils attendirent quelques instants et Jack
demanda :
- Vous êtes sûre que ça a fonctionné, colonel ?
Elle leva la tête et leurs regards se rencontrèrent. Il ajouta
:
- Vous n’avez vraiment pas droit à l’erreur cette fois.
- Je sais. Je suis sûre que cela a marché.
- Bien. Alors on y va.
Daniel et Jack relevèrent
doucement Teal’C et ils traversèrent tous le vortex. Quelques instants
plus tard, ils arrivèrent tous sur la rampe métallique du SGC.
Jack hurla :
- Une équipe médicale, vite !!!!
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Helena marchait d’un pas rapide dans les couloirs, sourcils froncés.
Les deux soldats la suivaient. L’un d’eux murmura :
- Et c’est ça l’équipe d’élite qui est
censée protéger le monde, eh bien…
- Ouai, ça fait froid dans le dos. Ils passent leur temps à s’engueuler,
et résultat d’une simple exploration sans aucun danger : un blessé
et tout le matériel perdu. Imaginez quand il y a vraiment du grabuge…
La journaliste ne répondit rien. Elle ne pouvait rien répondre. Elle avait eu l’immense honneur d’être sélectionnée pour effectuer un reportage sur une des glorieuses missions de SG1.
Glorieuses missions de SG1. Cette mission était une catastrophe. Bien sûr, tout le matériel ayant été rendu inutilisable, elle n’avait gardé aucune trace de ce fiasco. Mais devait-elle l’oublier pour autant ? Devait-elle oublier, partir, et se taire ?
Non. Elle ne l’avait jamais fait et ne le ferait jamais. Le Président aurait la vérité, même si ce n’était pas celle qu’il espérait. Elle tournerait lors d’une autre mission, que le général le veuille ou non. Elle devait de toutes façons ramener des images. Elle en ramènerait, et ils sauraient.
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- Vous avez décidé de signer mon arrêt de mort, c’est
ça ?
Daniel et Sam gardèrent le
silence, debout face au bureau. O’Neill tapota nerveusement sur la surface
de bois foncé et finit par se rejeter dans son fauteuil. Il demanda sèchement
:
- Alors vous pouvez m’expliquer ?
Sam, sans le regarder, prit la parole :
- Tout est de ma faute mon général. En tant que leader de SG1
je prends toutes les responsabilités de cet échec. Je…
- Sam, non, je…
- Laissez moi parler Daniel. Je n’ai pas prêté assez attention
au dysfonctionnement du MALP quand il est revenu, et j’ai répondu
trop vite à Daniel avant de m’assurer qu’il pouvait pénétrer
dans le temple.
L’archéologue la regardait
avec douleur. Jack reprit la parole :
- Bien. Le plus important est que Teal’C ne soit pas gravement blessé.
Il sera sur pieds d’ici peu. J’attends vos rapports au plus tôt.
- Et pour l’équipe de Mademoiselle Cornwell ? demanda Daniel.
Jack soupira :
- On peut dire qu’elle tombe à pic celle-là. Moi qui espérais
qu’on en serait vite débarrassé, cela ne va pas être
du gâteau. Ils n’ont rien pu rapporter, à mon avis elle va
vouloir repartir en mission d’ici peu. Particulièrement maintenant,
je me suis renseigné sur elle, c’est une bonne journaliste, intègre,
et faire des articles qui déplaisent ne lui a jamais posé le moindre
problème.
Daniel et Sam acquiescèrent en silence. Le général les
renvoya d’un signe de tête.
Dès qu’ils furent sortis, le colonel Carter refusa poliment l’invitation
de son ami à le suivre au mess et partit s’enfermer dans son labo.
Elle resta assise dans la pénombre. Elle avait déçu Jack. Elle avait commis une erreur.
Elle avait surtout failli perdre Teal’C.
Elle se repassa le film dans sa tête des dizaines de fois, à chaque fois plus consciente de ses erreurs. Inadmissibles.
Elle ne sentit même pas les
larmes commencer à couler lentement sur son visage.
Elle n’entendit même pas la porte s’ouvrir doucement.
Jack resta un moment immobile dans l’embrasure, mains dans les poches, à observer le dos courbé de sa coéquipière. Il s’avança finalement, refermant la porte derrière lui, et s’approcha d’elle. Quand il fit le tour du bureau, elle releva soudain son visage baigné de larmes et le coeur de Jack se serra violemment dans sa poitrine.
Il détestait la voir pleurer. Plus que tout au monde.
Détournant le regard, elle
s’essuya les yeux d’un revers de manche fébrile, honteuse,
et balbutia :
- Mon général, excusez moi, je ne vous avais pas entendu entrer,
je suis désolée, je vous fais mon rapport immédia…
- Qu’est-ce qui se passe Carter ?
La douceur de sa voix fit tressaillir
la jeune femme qui leva à nouveau le regard vers lui. Elle lut dans les
yeux bruns non pas de la colère, mais une peine infinie. Elle soupira
et ne répondit rien. Il continua :
- Écoutez, ne soyez pas trop dure avec vous-même. Même avec
les données du MALP, on aurait sûrement maintenu la mission, et
on n’aurait pas forcément pu anticiper non plus, et puis Daniel
n’écoute jamais de toutes façons !
Il avait dit la fin d’un ton plus enjoué, mais elle ne sourit pas.
Il enchaîna :
- Cela arrive à tout le monde de commettre des erreurs, on…
- Pas en mission mon général. On ne peut pas se le permettre.
Il ne répondit rien. Elle avait raison. Elle avait toujours raison.
- Je sais.
- Mon erreur a failli tuer Teal’C.
- Carter, combien de fois avons-nous failli y passer ? L’important est
que Teal’C aille bien et que nous nous en soyons sortis. Le reste…
Le reste est bon pour la paperasse.
- Cela ne serait jamais arrivé sous votre commandement, mon général.
Jack fronça les sourcils et la saisit par les épaules par-dessus
le bureau :
- Oh si. Les erreurs j’en ai fait des dizaines, mais je vous avais, vous
trois pour les corriger. Pour désobéir parfois. Nous savons tous
les deux que le métier de soldat nous pousse dans nos retranchements
et dans nos limites à chaque fois. Et que dire quand il faut y ajouter
le fait que nous, nous traversons à chaque fois la Porte de Étoiles
sans savoir ce que nous trouvons derrière. Mais je ne vous apprends rien
Carter. Je le répète encore une fois : ne soyez pas trop dure
avec vous-même.
Il lui sourit, et ajouta :
- C’est un ordre, Carter.
Un mince sourire passa enfin sur le visage de Sam. Jack relâcha alors
les épaules de la jeune femme et se redressa. Il demanda :
- Sinon, ça va ? Je vous trouve… fatiguée ces temps-ci.
Vous avez une petite mine.
Elle rougit légèrement, songeant soudain que son apparence devait
être encore plus pitoyable que d’habitude, et balbutia :
- Non, non, ça va, merci. Un peu de fatigue, mais rien d’important.
- Bon, répondit-il sans la croire. Alors je vous laisse.
Après un dernier sourire, il quitta le laboratoire.
Tout en marchant dans le couloir, il repensa à Sam. Une fois de plus. Elle n’allait pas bien. Elle était épuisée, physiquement et moralement. Elle avait prétendu s’être remis de sa rupture, de la mort de Jacob… mais c’était faux. Elle n’allait pas bien.
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Jack se passa nerveusement la main dans les cheveux :
- Oui monsieur le Président… Bien. La prochaine mission, oui, je
m’y engage. Oui. Au revoir Monsieur le Président.
Il raccrocha en soupirant le téléphone rouge. A cet instant l’alarme se déclencha :
« Activation non programmée de la Porte des Étoiles ».
Quand le général arriva
en salle de commande, Sam s’y trouvait déjà. Il demanda
:
- Qu’est-ce qu’on a ?
- C’est le code de la Tok’ra.
- Ouvrez l’iris.
Quelques instants plus tard, un homme d’une cinquantaine d’années sortit du vortex.
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Helena et les deux lieutenants étaient à nouveau installés
en salle de briefing, de même que Sam, Daniel et Teal’C rapidement
remis de ses blessures. Le jaffa avait gardé une étonnante capacité
de cicatrisation.
Jack sortit enfin de son bureau et vint prendre place dans la salle de briefing.
Le général prit la parole :
- Bien. Encore une fois nos amis de la Tok’ra ont besoin de nos services.
Colonel…
- Merci mon général. Ils ont donc besoin de nous pour détruire
un prototype de poison sur lequel travaillait Anubis et qui devait être
efficace sur les symbiotes Tok’ra uniquement.
- Sur le modèle de celui mis au point par les Tok’ra jadis ? demanda
Daniel.
- En effet. Pour des raisons évidentes de sécurité, les
Tok’ras préfèrent que nous y allions. Le poison est dans
une ancienne base d’Anubis désertée, ils l’ont su
par un de leurs espions.
- Bien. Le MALP a été envoyé, l’endroit est bien
désert. Nous partons demain à 10h15, je vous accompagne, ajouta
Jack.
Sam croisa son regard, ouvrit la bouche pour parler, mais ne dit rien.
Il n’avait plus confiance en elle. Même lui.
Elle rassembla ses papiers. Jack était souriant, en grande discussion avec une Helena toute pimpante dans un petit jean pâle et un chemisier noir cintré. Toujours magnifique. Si sûre d’elle. Si féminine.
Et pourtant parfaitement professionnelle et sympathique. C’était presque le plus insupportable, songea Sam en quittant la pièce.
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Quand Sam entra dans la salle de sport, dans l’après-midi, elle
trouva Teal’C entrain de taper avec application dans un punching ball.
Il s’arrêta en la voyant et inclina la tête en souriant. Elle
vint à lui et demanda :
- ça va Teal’C ? Vous êtes sûr d’avoir pleinement
récupéré ?
- Oui colonel, je vous remercie.
- Bien. Je suis contente. Mais surtout, si vous…
- Colonel Carter, l’interrompit doucement le jaffa, mes blessures étaient
sans gravité et pleinement guéries. Et je ne vous tiens nullement
pour responsable de ce qui est arrivé.
Elle sourit largement au grand jaffa, mais ne put s’empêcher de
murmurer en posant sa serviette contre le mur :
- Si seulement il en était de même pour tout le monde…
Teal’C s’arrêta de taper et demanda :
- Vous pensez que O’Neill vous en veut ?
- Il ne me laisse même plus partir seule en mission. Mais laissons cela,
je suis désolée de vous ennuyer.
Le jaffa était immobile et regardait la jeune femme attentivement. Elle
s’était assise pour faire quelques exercices de musculation. Teal’C
dit :
- Je pense que O’Neill vous fait toujours aussi confiance mais qu’il
vient pour s’occuper de l’équipe de Mademoiselle Cornwell.
- Mouai…
Le jaffa sourit :
- Cela ne semble pas vous rassurer, colonel Carter.
Sam perçut l’ironie dans la voix de son ami et se redressa soudain,
rougissante :
- Quoi ? Mais si…. Enfin…. Si…
Elle soupira et le sourire de Teal’C s’élargit :
- Seriez-vous inquiète, colonel ?
Elle regarda l’imposant jaffa et ne put s’empêcher de sourire
à son tour :
- Je ne vous savais pas doué en psychologie féminine, Teal’C
!
- Je vous rappelle que j’ai été marié. Longtemps.
Sam rit doucement puis soupira :
- Merci Teal’C. C’est juste…. Enfin… C’est difficile
d’être une femme parfois ici… De se souvenir…. Que je
suis une femme.
Teal’C leva légèrement un sourcil et considéra son
amie gravement. Il savait que Sam était perturbée, qu’elle
avait – à juste titre – du mal à encaisser tous les
bouleversements qui avaient eu lieu. Mais il venait juste de réaliser
à quel point le moral et la confiance de la jeune femme étaient
ébranlés, au plus profond d’elle-même, de ce qu’elle
était bien avant d’être un excellent soldat et une scientifique
hors pair.
Elle resta silencieuse un instant, semblant l’avoir oublié, fixant
ses baskets. Le jaffa ouvrit la bouche pour répondre, mais elle l’arrêta
d’un geste :
- Excusez moi Teal’C, je suis ridicule, je suis seulement fatiguée,
ça va aller, ne prêtez pas attention à mes divagations !
Un sourire feint passa sur le visage de Sam et elle s’allongea à
nouveau sur le banc de musculation, commençant ses exercices. Elle ne
voulait plus parler. Elle en avait déjà tellement dit, c’était
si rare en fait, songea le jaffa.
Il inclina doucement la tête, respectueux de son silence, et reprit son
propre entraînement.
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A nouveau ils se retrouvaient à sept devant la porte des Étoiles.
L’ambiance était beaucoup plus tendue que la première fois.
Helena s’était à nouveau mise aux côtés du
général, mais cette fois Sam s’efforça de ne pas
y prêter attention, de se focaliser uniquement sur la mission.
Jack observait le profil mince de
son second, son teint si pâle sous ses cheveux blonds. Depuis combien
de temps n’avait-elle pas dormi une nuit complète ? Depuis combien
de temps n’avait-elle plus oublié un instant le poids de sa tristesse,
de sa douleur, de ses responsabilités écrasantes ? Elle ne savait
pas s’arrêter. Il le savait depuis longtemps, c’était
à la fois sa force… et peut-être sa seule faiblesse. Elle
avait tellement du se battre pour arriver où elle était, tellement
lutté pour conquérir et conserver sa place. Se montrer si parfaite,
si infaillible, toujours. Mais elle était en train d’atteindre
ses propres limites et ne le supportait pas. Elle ne pouvait l’accepter,
le reconnaître. Encore moins le laisser paraître.
Mais il le savait. Et il aimait cela. Voir en elle une femme fragile ne rendait
qu’encore plus exceptionnel ce qu’elle était. Cette sublime
humanité inspirait encore davantage le respect devant le parfait soldat
qu’elle était.
Il fallait juste qu’elle cède. Qu’elle perde enfin ce bras de fer contre elle-même, pour qu’il puisse l’atteindre et l’aider. Il attendait un mot, un geste, un regard.
Qui ne venaient pas. Mais attendre que le colonel Carter cédât contre elle-même, n’était-ce pas attendre en vain ?
Il soupira imperceptiblement alors
que d’un pas décidé elle s’engouffrait dans le vortex.
Il sourit machinalement à Helena et ils avancèrent dans la vague
bleutée.
La plaine était déserte. Helena fit signe au lieutenant Carlson
qui mit la caméra en marche et commença à filmer. Ils avancèrent
avec précaution, jusqu’à ce que Sam s’arrête
et annonce :
- D’après l’espion Tok’ra, la base d’Anubis devrait
se situer juste au-dessous. Il faut activer les anneaux de transports.
- Mouai, d’après l’espion Tok’ra… grommela Jack.
Bien, allez-y et renvoyez-nous l’ascenseur.
Sam, Teal’C et le lieutenant Wenders disparurent, filmés par Carlson.
Jack, Daniel, Helena et Carlson se placèrent à leur tour au centre
du cercle.
Quand ils réapparurent, ce fut pour découvrir Sam, Teal’C
et Wenders en train de poser leurs armes à terre. Ils étaient
entourés par plusieurs dizaines de jaffas. Jack soupira :
- Bienvenue sur Tok’ra air lines…
Ils se trouvaient en effet manifestement
dans une base Goa’uld abandonnée. Un avant poste plutôt,
vues les dimensions assez réduites des pièces, surtout des laboratoires
à ce qu’ils purent constater alors qu’ils étaient
poussés sans ménagement vers les cellules. Ils se retrouvèrent
bientôt enfermés tous les sept. Helena demanda d’un ton empreint
d’inquiétude :
- Ce sont des Goa’ulds ?
- Non, des jaffas, répondit Jack. Mais à la solde d’un goa’uld
quelconque qui ne va pas tarder à venir nous faire son petit discours
de bienvenue…
A cet instant, plusieurs jaffas arrivèrent. Ils s’écartèrent
et un homme assez jeune avança d’un pas assuré vers la cellule,
un affreux sourire suffisant sur son visage. Jack murmura d’un air las
:
- Qu’est-ce que je vous disais…. Tiens, mais je vous connais vous
!
- Lord Zipacna… dit Sam.
Le sourire du Goa’uld s’élargit encore :
- Eh oui, comme on se retrouve, SG1. Ce que vous êtes prévisibles.
Vous tombez dans les pièges qu’on vous tend avec une stupidité
déconcertante.
- A propos de stupidité déconcertante, comment va Anubis, votre
cher maître ? Ah non, zut, c’est vrai, on l’a tué,
déclara ironiquement le général.
- Je devrais même vous en remercier. J’ai ainsi pu récupérer
une grande partie de ses jaffas et de son armée.
- Oui, enfin ne vous réjouissez pas trop vite, ajouta Daniel, c’est
quand même Baal qui a les super guerriers et qui est en train de vous
écraser tous.
Zipacna jeta un coup d’œil mauvais vers l’archéologue
:
- Peut-être, mais quand les grands maîtres et les jaffas sauront
que j’ai capturé et tué la fameuse SG1, ils se rallieront
à moi et Baal ne sera vite plus qu’un souvenir.
- Ah oui, on est si illustres que ça ? demanda Jack avec fierté.
- Silence ! Vous resterez ici pendant que je vais décider de votre sort
à chacun… Mais qui sont ces humains ? Je ne les ai jamais vus.
Helena, Carlson et Wenders reculèrent d’un pas. Sam s’interposa
entre eux et Zipacna :
- Ils ne font pas partie du SGC. Ils étaient avec nous à titre
d’observateurs.
- Ont-ils un rapport avec ces choses ? Ce ne sont pas des armes.
Il fit un geste et un jaffa apparut avec la caméra et le micro. Sam tenta
d’expliquer :
- Oui, ce n’est qu’une caméra, un moyen d’enregistrer
le son et l’image, pour garder une trace d’une mission par exemple.
La Goa’uld éclata de rire :
- Garder une trace ? A mais vous aller en garder des traces ! Mais si vous en
voulez une supplémentaire… Amusez vous bien.
Il fit un geste aux jaffas, qui entrouvrirent la porte de la cellule et y jetèrent
la caméra et le micro. Sam répéta :
- Ils ne font pas partie du SGC, laissez les, ils n’ont aucune valeur.
Le regard de Zipacna passa lentement sur Helena qui frémit de dégoût.
- Ils ont toujours une valeur d’hôtes potentiels…. Et je recherche
justement une reine…
Mais à cet instant la main de Zipacna passa au travers des barreaux et
il saisit Sam à la nuque, l’attirant violemment à lui, mettant
son visage à quelques centimètres du sien :
- … mais quelle plus belle reine que le colonel Carter de SG1 ?
Avant que personne ait pu esquisser un geste il avait relâché le
cou de la jeune femme et s’était rapidement éloigné
de la cellule. Jack, qui avait bondi, ne put même pas le toucher et dut
se contenter d’écouter son rire décroître dans le
couloir.
Le général se tourna
alors vers Sam qui se massait la nuque :
- ça va Carter ?
- Oh oui, rien de très grave, juste leur délicatesse habituelle
mon général.
Ils échangèrent un bref sourire.
Les deux lieutenants interrogèrent la journaliste du regard, et elle
acquiesça. Ils remirent alors les équipements en route et commencèrent
à filmer. Daniel fronça les sourcils :
- Vous croyez vraiment que… ?
- Laissez les Daniel, ils sont là pour ça après tout. Qu’ils
filment la réalité.
La voix de Jack était sans appel.
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Les terriens attendirent dans un silence quasi-total. Les deux lieutenants et
Helena étaient terrorisés mais parvenaient à garder leur
calme pour ne pas aggraver la situation. Jack lança quelques sourires
rassurants à la journaliste qui n’en menait pas large.
Sam détourna les yeux, se concentrant sur un moyen de les faire sortir.
En vain.
Un long moment plus tard, Zipacna
revint avec ses jaffas. Helena murmura à l’adresse des deux lieutenants
:
- Continuez de filmer. Quoi qu’il arrive. Continuez.
Le regard du Goa’uld passa sur les terriens, s’arrêtant sur
Jack :
- Général O’Neill…. Je vais faire de vous mon invité
de marque pour quelques heures… le temps de vous extorquer les informations
nécessaires.
- C’est trop d’honneur, murmura Jack entre ses dents.
Sam le regarda se lever lentement. Elle bondit sur ses pieds :
- Non ! Cela ne sert à rien. Vous savez que Baal l’a torturé
sans rien en tirer.
- Carter ! Je...
- Emmenez-moi à sa place.
Zipacna observa la jeune femme en souriant :
- Après tout, pourquoi pas… J’aurai de toutes façons
tout le temps de m’occuper des autres après.
Sans un regard pour ses coéquipiers, Sam se plaça devant la porte
qui s’ouvrit. Elle sortit, la tête haute. Daniel hurla :
- Sam ! Non !!!
Elle disparut, entourée par les jaffas. La dernière chose qu’elle
entendit fut la voix de son supérieur, un cri à la fois plein
d’inquiétude et de colère :
- CARTER !!!
Instinctivement, le lieutenant Carlson quitta l’angle où venait de tourner la jeune femme et zooma sur le visage du général O’Neill. Jack fixait l’endroit où elle venait disparaître, ses traits tendus par la peur, immobile, lèvres entre ouvertes.
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Le colonel Carter tenta une fois
plus de retrouver sa respiration. Elle était à genoux, ses bras
écartelés le long de la barre de métal à laquelle
elle était attachée. Ses poumons la brûlaient atrocement.
La douleur dans sa tête était insupportable. A chaque fois que
Zipacna l’avait touchée avec le bâton de torture, elle avait
cru que son crâne allait exploser. Les décharges d’énergie
étaient de plus en plus puissantes, et elle s’affaiblissait elle-même
un peu plus à chaque fois.
Mais elle n’avait pas parlé. Et ne parlerait pas. Elle ignorait
si elle allait mourir ou non, mais le fait qu’elle ne dirait rien était
la seule certitude à laquelle elle se rattachait encore.
Ça et les images qui apparaissaient encore dans sa tête. Toujours
les mêmes. Jacob, Daniel, Teal’C, Cassie, Mark. Et Jack, bien sûr.
Des images positives auxquelles son esprit se rattachait désespérément.
Les images de ceux qu’elle aimait.
Zipacna avait perdu son sourire. La résistance de cette femme l’agaçait au plus haut point. D’un geste sec il posa à nouveau le bâton de torture sur la jeune femme. Un peu plus longtemps.
Cette fois-ci elle hurla et son
corps s’affaissa, inerte, seulement retenu par les liens sur ses poignets.
Zipacna jeta au loin l’arme d’un geste rageur et ordonna :
- Ramenez la avec les autres !
Deux jaffas la levèrent rudement
et le mouvement brutal lui fit entrouvrir les yeux. Alors qu’ils la traînaient
vers la porte, son cerveau enregistra la présence d’un objet. Dans
un dernier effort, elle fit mine de s’affaler tout d’un coup et
s’effondra sur le panneau situé près de l’issue. Les
deux jaffas la relevèrent sans ménagement, ne prêtant pas
attention à la main de la jeune femme qui venait de se glisser dans sa
poche de treillis.
Alors Sam perdit réellement conscience.
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Le corps de Sam fut projeté dans la cellule et Teal’C la retint
de justesse, l’allongeant sur le sol avec précaution. Jack se précipita
avec Daniel et ils se penchèrent sur elle, la même inquiétude
se lisant sur leurs visages. Le général prit délicatement
le visage de la jeune femme dans ses mains, l’appelant doucement :
- Carter… Carter…
Ils avaient constaté en un instant qu’elle ne portait pas de blessures
visibles et en avaient immédiatement conclu qu’elle avait été
torturée avec le bâton qu’ils connaissaient tous malheureusement
si bien.
Le lieutenant Carlson, tremblant, se remit à filmer. Helena observa la
scène avec compassion et inquiétude.
Sam gémit finalement et Jack
sourit faiblement :
- Salut Dorothée…
Glissant doucement sa main derrière la nuque de Sam, il la releva très
lentement et l’appuya contre le mur. Elle reprenait lentement ses esprits,
tenta de parler, mais n’y parvint d’abord pas. Daniel dit :
- Doucement Sam, ça va aller, mais prenez votre temps.
Elle ouvrit lentement les yeux et découvrit le regard inquiet de Jack
en face d’elle. Elle murmura très faiblement :
- Mon général… J’ai pu… prendre ça….
Ses doigts fins glissèrent en tremblant dans la poche de son treillis
et elle en sortit une télécommande des anneaux de transport.
L’admiration les força tous au silence.
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Sam avait petit à petit récupéré, même si
elle restait faible et exténuée. Ils étaient tous assis
en silence contre les murs de la cellule. Ils n’avaient encore trouvé
aucun moyen de sortir. Teal’C avait essayé de parler avec les jaffas
qui passaient régulièrement les voir, mais sans succès.
Les derniers fidèles des faux dieux étaient de loin les plus difficiles
à convaincre.
Jack vint s’asseoir à
côté de son second et lui dit :
- Je suis fier de vous Carter.
Elle tourna la tête vers lui, un mince sourire sur les lèvres.
Il continua :
- Mais vous savez, ce n’est pas nouveau. Je l’ai toujours été.
Vous n’avez depuis longtemps plus rien à prouver, à qui
que ce soit. Encore moins à moi.
Sam le regarda un instant, pleine de gratitude, et murmura à son tour
:
- Merci. Je crois… que je l’avais oublié. Mais je ne fais
que mon travail.
- Je sais. Mais je n’en suis pas moins fier.
Ils restèrent un instant immobiles, souriant. Puis Sam referma les yeux
pour se reposer et Jack se releva pour se dégourdir les jambes.
Des pas se firent alors entendre
et Lord Zipacna apparut à nouveau, entouré de ses jaffas. Jack
posa sur lui un regard plein de haine. Le Goa’uld dit :
- Ne vous inquiétez pas général O’Neill…. Pas
de torture cette fois… Je viens juste me chercher une compagne pour la
nuit. A cause de vous, les distractions manquent en ce moment.
Il fit un signe aux jaffas, désignant Helena du menton :
- Amenez-la moi.
La journaliste, soudain terrorisée, se colla à la paroi de la
cellule en gémissant. Jack et Teal’C tentèrent de s’interposer,
mais le nombre des jaffas qui pointaient sur eux les lances les dissuada de
tenter quoi que ce soit. A ce moment la voix de Sam retentit à nouveau
alors qu’elle se redressait lentement :
- Laissez la. Elle ne fait pas partie du SGC, elle n’est pour rien dans
tout ce qui est arrivé. Ce n’est pas elle que vous voulez. Prenez
moi à sa place.
La consternation les figea sur place.
Jack tourna lentement la tête vers son second. Il était livide.
Zipacna regardait Sam avec étonnement, puis son ignoble sourire revint
sur ses lèvres :
- Décidemment colonel… vous m’étonnez…. Je vous
plais tant que ça ?
La voix du général le coupa :
- Carter, je vous donne l’ordre de vous taire immédiatement.
Sam leva les yeux vers lui. Ceux de Jack étaient noirs, plein de colère
et de terreur. Les muscles de sa mâchoire étaient tendus à
l’extrême, la ride sur son front plus profonde que jamais. Le colonel
Carter ferma les yeux un instant, et plongea à nouveau dans ceux de Jack.
Mais elle s’adressa au Goa’uld :
- Vous savez que je ne suis pas en état de résister. Emmenez moi
à sa place, c’est une civile, elle n’a rien à voir
avec tout ça. Emmenez moi.
- Sam, balbutia Daniel.
Teal’C et Jack, soudain pleins de rage, firent un pas en avant mais se
retrouvèrent instantanément face à trois lances Goa’ulds
pointées sur eux. L’ancien prima serra les poings de rage et d’impuissance.
Jack saisit Sam par les épaules avec force et hurla presque face à
elle :
- Carter je vous ai ordonné de vous taire ! Vous avez entendu ! Taisez-vous
!!!
Elle se mordit la lèvre et il vit ses yeux bleus briller face à
lui. Elle murmura :
- Il n’y a pas d’autre solution mon général. Cette
équipe est sous ma responsabilité. C’est à moi…
- TAISEZ-VOUS !!!!!!!!!!!!!!!!!
Elle fut soudain comme transportée quatre ans en arrière. Quand
il avait pareillement hurlé de rage derrière un bouclier Goa’uld.
Elle lisait à cet instant le même désespoir dans ses yeux,
la même souffrance infinie, les mêmes sentiments. La même
impuissance quand il avait réalisé qu’elle avait raison.
Le même refus d’entendre la vérité. Il restait immobile,
ses mains crispées sur ses épaules. Elle se dégagea doucement,
lui sourit tristement et murmura à nouveau :
- Je ne fais que mon travail.
Il resta immobile, tétanisé. La regardant s’éloigner.
Daniel se jeta soudain sur l’un des jaffas :
- Non ! Laissez la ! Vous ne pouvez pas….
Il reçut un très violent coup de poing dans le ventre et s’écroula
sur le sol, le souffle coupé. Sam lui jeta un regard inquiet mais fut
poussée dehors par un jaffa. Ils refermèrent la porte de la cellule
et Zipacna passa doucement sa main sur la joue de la jeune femme que ce contact
fit frémir de dégoût. Elle gardait les yeux fixés
sur Jack.
Leurs yeux semblaient ne jamais devoir se détacher. Les yeux bruns de Jack, si pleins de douleur, d’une peine immense, de refus et d’anéantissement. Les yeux bleus de Sam, pleins d’amour, de tristesse et d’acceptation. De larmes.
Elle fut poussée par un jaffa et disparut à nouveau brusquement au coin du couloir.
Ils restèrent parfaitement
immobiles, silencieux, en état de choc. Helena se laissa glisser lentement
contre le mur en sanglotant. Daniel avait retrouvé son souffle et leva
les yeux vers le général, toujours figé devant la porte
de la cellule :
- Jack… gémit-il.
La voix grave de Teal’C lui fit écho :
- O’Neill…
Le général leva la main, leur intimant de se taire.
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Sam se retrouva dans une pièce vaguement aménagée en salle
de détente. Elle frissonna quand elle avisa une sorte de sofa contre
l’un des murs. Elle entendit la porte se refermer. Elle était seule
avec Zipacna. Elle ferma les yeux et tenta de calmer sa respiration saccadée,
de retrouver son calme, de réfléchir.
D’oublier le regard de Jack.
Elle devait leur laisser du temps, le temps de sortir, de s’échapper. Ils y arriveraient. Il fallait juste leur laisser du temps.
La voix caverneuse du Goa’uld
retentit juste derrière elle :
- Colonel Carter… Vous êtes une femme très attirante. Vous
ferez un hôte parfait.
Il rit et posa la main sur la nuque de la jeune femme. Elle eut un haut le cœur
mais resta parfaitement immobile. Zipacna vint se mettre devant elle et leva
le menton de la jeune femme. Elle le regarda avec une haine froide. Il sourit
:
- Déteste moi. C’est encore meilleur. Bientôt ma victoire
sera totale.
Elle tremblait de rage à présent. Le menton relevé, ses
yeux bleus rivés à ceux du Goa’uld. Zipacna se recula alors
et croisa les bras. Il ordonna :
- Déshabille toi.
L’estomac de Sam se tordit et un frisson la parcourut. Elle serra les
poings pour s’empêcher de trembler, à s’enfoncer les
ongles dans les paumes.
Ils avaient besoin de temps. Il fallait leur laisser du temps.
Alors elle fit tomber sa veste de treillis et, très lentement, glissa ses mains sous son t-shirt et le fit passer au-dessus de sa tête.
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Jack était toujours immobile. Ses compagnons s’étaient rassis.
Daniel pleurait lui aussi, des larmes silencieuses qui lui brûlaient la
peau. Les lèvres de Teal’C tremblaient de rage. Des pas se firent
entendre soudain, et trois jaffas apparurent. Les prisonniers se levèrent
immédiatement. Les jaffas cherchèrent Teal’C du regard et
il se précipita :
- Tu es Teal’C, n’est-ce pas ? Celui qui a pris Dakara ? demanda
l’un des jaffas.
- Oui. C’est bien moi.
- Nous sommes de ton côté. Mais nous ne sommes que trois. Nous
avons du attendre que Lord Zipacna soit occupé avec « elle »
pour pouvoir récupérer cela.
Le nœud dans l’estomac de Jack se noua encore davantage. Les jaffas
sortirent alors les P90 des terriens et ouvrirent la porte de la cellule. Teal’C
sourit tristement et inclina la tête. Sans un mot, Jack empoigna une arme
et ils partirent en courant dans les couloirs, lui en tête avec les jaffas,
l’équipe de tournage à l’arrière avec Teal’C
fermant la marche. Helena, qui n’avait pas d’arme, empoigna la caméra.
Les secondes s’égrenaient
pour O’Neill dans une lenteur atroce. Il agissait sans presque s’en
rendre compte, son esprit entièrement tourné vers son unique but.
Trouver Sam. Daniel et Teal’C semblaient dans le même état.
Les trois hommes n’avaient pas besoin d’échanger le moindre
mot. Chaque patrouille, chaque jaffa, était tué avec une rapidité
et une précision infaillible. Les trois coéquipiers étaient
mus par la même haine, la même colère.
Daniel tirait avec une précision dont il ne se serait jamais cru capable,
même après des années d’entraînement. Il sauva
le lieutenant Carlson, le poussant contre le mur d’un geste sûr
et abattant froidement le jaffa qui les menaçait.
Teal’C avait récupéré une lance goa’uld sur
l’un des cadavres et chacun de ses tirs faisait mouche. Wenders et Helena
étaient à ses côtés. Ils assistaient avec une admiration
teintée de terreur à la progression inéluctable des trois
frères d’arme.
Jack était toujours en tête. Rien ne semblait pouvoir le ralentir.
Il avançait au même rythme, évitant avec souplesse et intelligence
toutes les attaques, son parfait instinct de soldat lui dictant ses moindres
gestes. Son visage était totalement fermé, pâle de rage,
ses mâchoires serrées. Il jeta soudain un coup d’œil
en arrière. Daniel, comprenant immédiatement sa demande muette,
lui lança un nouveau chargeur. Jack l’enclencha et se remit à
tuer.
Helena et Carlson échangèrent un regard inquiet : ils ne savaient
plus bien, tout à coup, qui leur faisait le plus peur. Qui avait le plus
la volonté de détruire. Ou plutôt si, ils ne le savaient
que trop.
Et soudain ils n’eurent plus
personne à tuer. Les derniers jaffas avaient du fuir. Jack baissa les
yeux, découvrant les cadavres, le silence. Il se retourna vers les cinq
personnes qui l’accompagnaient et les deux jaffas rebelles, le troisième
ayant été tué. Il ordonna froidement :
- Vous évacuez. Je vais chercher Carter. Je m’occupe de Zipacna.
Daniel hésita un bref instant, mais ne répliqua pas. C’était
totalement inutile. D’ailleurs Teal’C acquiesça sans broncher.
Jack se tourna alors vers l’un des rebelles qui lui indiqua d’un
geste la direction à suivre. Le général O’Neill partit
en courant.
Helena hésita un instant.
Puis elle partit elle aussi, caméra au poing, disparaissant dans le couloir
avant que Teal’C ait pu la rattraper. Le jaffa allait s’élancer
à sa poursuite mais Daniel, mu par une intuition, l’arrêta
:
- Non. Il faut qu’on sache. Il faut qu’ils sachent ce qui se passe.
Comme pour Janet. Il faut qu’ils le sachent.
Les deux hommes échangèrent un regard, puis Teal’C inclina
la tête et ils partirent tous en courant vers les anneaux.
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La voix d’un jaffa avait retenti dans la pièce où se trouvaient
Sam et Zipacna :
- Monseigneur, les prisonniers se sont échappés !
Le Goa’uld se redressa, furieux… et reçut un puissant coup
de pied dans l’abdomen. Mais Sam n’avait pas assez recouvré
ses forces pour lui faire réellement mal et le Goa’uld lui retourna
une gifle magistrale. La tête de la jeune femme fut rejetée sur
les coussins du sofa.
Zipacna enfila immédiatement son large pantalon noir et se retourna,
entendant la porte s’ouvrir.
Jack était dans l’embrasure. Son regard posé sur la scène qui s’offrait à lui : Zipacna debout devant Sam. Sam manifestement nue, blottie sur un sofa, se couvrant comme elle le pouvait d’un bout de tissu richement ouvragé.
Le Goa’uld ne s’attendait pas à trouver le général O’Neill là si vite. La seconde qu’il perdit à retrouver ses esprits suffit à Jack pour se jeter sur lui, ne lui laissant pas le temps d’armer son bouclier. Les deux hommes roulèrent à terre. Et Jack se mit à frapper. Méthodiquement. Avec une rage froide, dans le seul but de faire souffrir. De tuer. Assis sur sa victime, ne lui laissant pas la moindre chance, bloquant ses mains avec ses genoux, tenant son cou d’une main et frappant de l’autre jusqu’à avoir le poing en sang. Quand Jack sentit son adversaire récupérer sa force et se préparer à le repousser, il saisit le couteau qu’il portait le long de la cuisse.
Il leva un instant les yeux vers Sam. Elle s’était redressée et, toujours blottie sur le sofa, observait Jack. Leurs regards se croisèrent un instant et ils lurent chacun la haine et le désir de vengeance dans les yeux de l’autre. Alors Jack planta son couteau dans la gorge du Goa’uld. Zipacna se figea, eut un râle alors que le sang commençait à jaillir le long de la lame. Il lut dans les yeux bruns de Jack une haine infinie et le général O’Neill tourna d’un coup sec l’arme dans la plaie. Les yeux de Zipacna s’éteignirent et son corps cessa de bouger sous celui de Jack.
O’Neill resta immobile un instant, les yeux toujours fixés sur le visage du Goa’uld. Puis il se redressa, sortit la lame et l’essuya sur son propre pantalon. Alors, très lentement, il se retourna vers Sam. Elle était assise au fond du sofa, tenant maladroitement le tissu sur elle, ses doigts crispés sur la matière soyeuse, des larmes silencieuses coulant sur son visage.
En un pas Jack fut près d’elle et la prit très doucement dans ses bras. Il la serra contre lui alors qu’elle enfouissait son visage dans son cou, sanglotant maintenant, s’agrippant à lui avec l’énergie du désespoir. La peau de Sam, si douce, si chaude. Sam nue dans ses bras, se serrant contre lui…
Dieu sait s’il l’avait voulu, espérer, souhaité, rêvé. Et il fallait que cela arrive maintenant, ici, dans ces conditions tragiques dont peut-être aucun d’eux ne se remettrait jamais. Jack serra les dents, tremblant de colère.
Ils restèrent enlacés un moment, tachant de trouver dans l’autre la force de se calmer, de repartir. De continuer.
Helena était à la porte, la caméra sur l’épaule, ses jambes tremblant sous le choc, sous l’émotion.
Il fallait qu’ils sachent.
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Jack se détacha finalement doucement de Sam et détourna le regard
d’elle, gêné. Il se releva et ramassa à toute allure
sur le sol les vêtements éparpillés de la jeune femme, les
posant près d’elle et se retournant pudiquement sans un mot. Helena
était à l’extérieur de la pièce, les attendant.
Sam se rhabilla à la hâte d’une main tremblante et murmura
:
- Je suis prête mon général, on peut y aller.
Il se retourna à nouveau vers elle et la regarda une fois de plus avec
une peine infinie. Levant doucement sa main, il effleura la joue de la jeune
femme. Puis il lui tendit un p90 et ils sortirent. Ils ne firent aucune remarque
en retrouvant Helena à l’extérieur. Ils partirent en silence
tous les trois vers les anneaux. Jack les actionna grâce à la télécommande
volée par Sam et ils réapparurent à la surface. Ils regagnèrent
la Porte où les attendaient Daniel, Teal’C, les deux lieutenants
et les deux jaffas. Un silence total accueillit leur arrivée. Sam ne
leva pas les yeux, conscients des regards emplis de douleur qui étaient
braqués sur elle. Elle se mordit la lèvre et s’avança
elle-même vers le DHD, composant l’adresse d’une main qu’elle
s’efforça d’être assurée. Ils passèrent
le vortex sans un mot de plus.
A peine avaient-ils posé le pied sur la rampe métallique du SGC, Sam disparut dans le couloir et se précipita à l’infirmerie. Elle ne réapparut plus. Jack s’était enfermé dans son bureau, Daniel dans le sien et Teal’C dans la salle de sport. Personne ne parla de faire un débriefing qui serait pourtant inévitable.
Helena s’enferma seule pour commencer le montage du film, refusant l’aide des deux soldats et leur ordonnant de se taire sur les événements de cette mission.
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- Mon travail ici est terminé, je vais retourner à Washington.
- Bien, répondit Jack. Vous repartez en reportage ?
- Non, je pense… avoir besoin de souffler quelques temps avant de repartir
en reportage, passer quelques semaines avec mon compagnon loin, très
loin me feront le plus grand bien.
Le général O’Neill acquiesça avec un sourire triste.
Helena hésita, puis ajouta :
- Je voudrais…. Vous montrer le film, général.
Jack releva les yeux vers la journaliste.
Les magnifiques yeux noirs de la jeune femme étaient emplis de gravité.
Il la regarda un moment en silence, puis répondit :
- Je ne veux pas le voir.
- Général, je comprends que…
- Je vous fais confiance. Faites en ce que vous voulez. Donnez le à qui
vous voulez. Moi je ne veux pas le voir. Je pense que personne ici ne voudra
le voir. Mais je vous fais confiance pour le montrer aux bonnes personnes.
- Merci. Je suis désolée… de vous avoir connu dans des circonstances
pareilles. J’ai une admiration sans borne pour votre travail et celui
de vos hommes. Mon avis n’a certainement aucune importance mais…
Je voulais que vous le sachiez.
- Merci. Beaucoup.
Ils restèrent un instant silencieux.
Sam venait d’arriver et s’apprêtait
à frapper lorsqu’elle vit Helena face à Jack. Elle détourna
le regard et attendit, son dossier à la main. La journaliste ne l’avait
pas vue et sourit à Jack :
- Alors, à bientôt.
Jack acquiesça, jetant un coup d’œil à son second.
Helena se retourna, prête
à partir, et découvrit Sam dans l’encadrement. Elle murmura
:
- Colonel Carter, merci… pour tout. Je repars pour Washington.
- De rien. Au revoir Mademoiselle Cornwell.
Le ton de Sam était désespérément neutre. Elle tendit
la main et la journaliste la serra. Puis elle partit. Jack regarda son second
s’avancer et poser sur son bureau un nouveau rapport. Elle recommença
ses explications habituelles de sa voix monocorde :
- Voici mon rapport sur les données rapportées par le MALP de
P9X863. L’atmosphère, comme nous le pensions, contient un fort
taux de….
Il n’écoutait pas. Il la regardait en silence, le visage fermé. Il observait le parfait petit soldat qu’elle était redevenue depuis leur retour, une semaine auparavant. Elle avait refusé de prendre plus d’un jour de congés et le médecin l’avait conseillé, mais pas ordonné. Il avait juste préconisé une évaluation psychologique, ce qu’elle avait tout à fait accepté, et passé avec brio. Aucun problème. Apte pour le service.
Elle était très forte. Jack le savait parfaitement. Jack la connaissait aussi parfaitement, mieux qu’elle-même peut-être. Elle allait mal, très mal. Daniel et Teal’C étaient de son avis.
Daniel avait parlé avec Sam juste après leur retour. Jack ne lui avait pas demandé ce qu’ils s’étaient dit. Il n’avait pas lu le rapport médical. Il ne voulait pas le lire. Ne pouvait pas.
Ils attendaient tous les trois, Jack, Teal’C et Daniel. Qu’elle s’effondre.
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Sam monta à nouveau le son de la chaîne. Il fallait que la musique
envahisse le salon, lui donnant l’illusion de remplir cet espace si vide.
Vide… comme le verre. Qu’elle remplit à nouveau. Elle avait
toujours détesté le whisky. Cette odeur trop forte, trop capiteuse,
trop écoeurante. Elle ne savait même plus pourquoi elle en avait
une bouteille chez elle…. Pour des invités éventuels sûrement.
Pour être une hôtesse parfaite. Une scientifique parfaite. Un soldat parfait. Une femme…
Elle jeta le verre déjà à nouveau à moitié vide contre le mur. Il explosa contre le papier peint, laissant une longue traînée d’alcool couler sur la tapisserie.
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Le bureau ovale était plongé dans le silence le plus total.
Sur l’écran, l’image s’était figée. Sur Sam prête à passer à nouveau la Porte pour rentrer enfin sur Terre, mais surtout sur le regard de Jack, plein d’une douleur sans nom. Sur ces deux êtres à la fois si forts et si faibles, là devant la Porte des Etoiles.
Helena appuya sur la télécommande et l’écran s’éteignit. Le président Hayes était assis dans le canapé, les coudes sur les genoux, les mains croisées devant sa bouche, l’horreur et la consternation se lisant sur ses traits.
Le général Maynard et le général Vidrine gardèrent eux aussi le plus profond silence.
Mais la personne la plus affectée, même si rien ne se lisait à cet instant sur son visage, était le général Hammond, assis un peu en retrait, et dont le poing s’était serré au fur et à mesure, à blanchir ses articulations marquées par le temps.
Hayes demanda d’une voix blanche,
à peine un murmure :
- Georges… Dites moi… Dites moi que ce n’est pas vrai…
Je… Je sais tout cela, mais… le voir….
Hammond prit une grande inspiration
et répondit d’une voix étrangement calme :
- Si Monsieur le Président. C’est ce qui se passe vraiment. C’est
ce que ces monstres sont vraiment et c’est… ce que nos hommes peuvent
endurer à chaque fois qu’ils passent la Porte des Etoiles.
Hayes sembla réfléchir
un instant. Il leva les yeux vers Helena qui n’avait pas bougé
:
- Je vous remercie Mademoiselle Cornwell. Votre travail est remarquable.
- Merci monsieur le Président. Mais je le dois malheureusement surtout
aux… tragiques circonstances de mon séjour au SGC.
- Je suppose en plus que votre montage…. nous évitait le pire ?
- Oui Monsieur.
Hayes murmura :
- J’ai l’atroce sentiment que nous sommes en train de détruire
nous-même nos deux meilleurs éléments.
Le général Maynard soupira :
- Je suis d’accord avec vous, Monsieur le Président. Mais ceci
est malheureusement la réalité tragique de tout conflit, pas seulement
ceux menés contre les Goa’ulds… et le règlement, si
dur soit-il….
- Franchement général, on en a quelque chose à foutre de
ce fichu règlement ??? s’exclama le président.
Les trois généraux ne répondirent rien. Hayes soupira à
nouveau, se calmant soudain :
- Je sais bien. C’est ridicule, mais voir là cette souffrance,
cette… horreur… Je ne sais pas comment les membres du SGC supportent
cela…
- Avec courage et fierté, Monsieur le Président, répondit
doucement Hammond.
Hayes acquiesça. Helena reprit
la parole :
- Comprenez moi bien Monsieur le Président… Mon équipe et
moi-même avons eu la chance d’être intégrés
à SG1, ce qui implique que mon reportage est focalisé sur cette
équipe, sur les liens, parfois… particuliers qui ont pu se tisser
entre eux. Mais je ne veux pas que vous puissiez penser que le général
O’Neill et le colonel Carter entretiennent des liens qui ne seraient pas
en accord avec le règlement de…
- Oh ne craignez rien, Mademoiselle Cornwell ! C’est un secret de polichinelle
leur histoire. J’ai même tout un dossier sur eux dans lequel de
sombres bureaucrates ont cherché à me faire croire qu’ils
avaient enfreint ces foutues règles, et ils est hors de question que
j’y prête la moindre attention. Leur professionnalisme – leur
sacrifice devrais-je dire – est proverbial.
Les trois généraux acquiescèrent en silence.
Hayes sourit tristement :
- Je comprends mieux la lettre que j’ai reçue.
- Laquelle, Monsieur le Président ? demanda Hammond en fronçant
les sourcils.
- La demande de transfert du général O’Neill.
- Allez-vous l’accepter ?
- Je ne voulais pas. Mais je crois… je crois maintenant que je n’ai
plus le choix. Je leur dois bien ça, à tous les deux.
Le général Hammond
sourit et sa poitrine se gonfla soudain d’émotion. Sa voix fut
cependant parfaitement calme quand il demanda :
- Me permettez-vous de l’annoncer moi-même au général
O’Neill ?
- Faites George, je vous en prie.
- Merci Monsieur le Président. Merci beaucoup.
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Le général gara sa voiture sur le bas-côté et sortit
son portable qui sonnait désespérément. Il ouvrit le clapet
d’un geste agacé :
- O’Neill.
- Jack ? C’est moi, vous êtes où là ?
- Pourquoi Daniel ? Je viens juste de quitter le SGC, j’étais ENFIN
en route pour chez moi.
Il regarda sa montre : 23 h 24. Il soupira. L’archéologue enchaîna
:
- En fait, je suis chez moi avec Teal’C et… Sam devait nous rejoindre
pour se faire une pizza. Il y a plus de deux heures. Elle ne répond pas,
on s’est dit qu’elle était peut-être toujours au SGC…
- Non. Elle est partie vers 19h30.
- Ah. Mince. Est-ce que… ?
- Oui, je passe chez elle, je suis à côté. Je vous tiens
au courant.
- Merci. A plus tard.
Jack redémarra et fit demi-tour sur la rue déserte.
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Il constata en garant la voiture que la lumière était allumée
chez le colonel Carter. Il avança d’un pas rapide vers le perron
et sonna. Rien. Il sonna encore. Rien. Il sortit son portable et composa le
numéro. Il entendit depuis l’extérieur la sonnerie du téléphone
mais personne ne vint répondre. Il essaya le portable, sur messagerie.
Il resta immobile un moment, le visage fermé, se demandant ce qu’il
devait faire, ou pas.
Ce n’était pas du genre
de Carter de ne pas se rendre à un rendez-vous avec Daniel et Teal’C.
Ce n’était pas du genre de Carter de ne pas répondre au
téléphone. L’inquiétude le gagnait petit à
petit, et il finit par sortir son trousseau où se trouvait la petite
clé qu’elle lui avait confiée voilà des années
de cela. Il ne l’avait jamais utilisée. C’était…
au cas où. Au cas où une mission tournerait mal… au cas
où il faudrait vider sa maison… comme ils l’avaient fait
des années plus tôt pour Daniel avec la clé qu’elle
gardait elle.
Il n’avait, Dieu merci, jamais utilisé cette petite clé.
Jusqu’à ce soir.
Il ouvrit doucement la porte et
entra en appelant :
- Carter ? Carter vous êtes là ? C’est Jack !
Rien. Un bruit sourd et régulier venant du fond de la maison.
Il dépassa la cuisine… mais revint immédiatement. Il s’arrêta
net, fronçant les sourcils en regardant la table.
Un verre. Trois… non quatre bouteilles vides. Whisky, Gin, Vodka…
Elle ne buvait pas. Ou alors une bière ou une coupe de champagne, exceptionnellement.
Il accéléra le pas
et gagna la porte de la salle de bain d’où lui parvenait le bruit
d’une douche. Il frappa :
- Carter ? CARTER ? Vous êtes là ??
Il tambourina contre le battant. Toujours rien. Il hésita un instant,
puis tourna la poignée. Un nuage de buée l’accueillit et
il mit quelques secondes à se repérer dans l’espace saturé
d’humidité. Puis il la vit.
Elle était assise dans la douche, contre la paroi, recroquevillée
sur elle-même, ses bras fins enserrant ses genoux. Immobile sous le jet
d’eau brûlante, ses yeux absents rougis par les larmes. Jack fronça
les sourcils en apercevant plusieurs gels douche sur le sol, tous vides. Il
s’agenouilla près d’elle sans prêter la moindre attention
au jet d’eau et posa doucement sa main sur son épaule :
- Carter…
Elle sembla prendre conscience de sa présence et leva les yeux vers lui.
La détresse qu’il y lut le transperça de part en part. Sans
un mot il se redressa, ferma le robinet et saisit un drap de bain. Il attira
doucement la jeune femme contre lui et l’enroula dans l’épais
tissu. Elle se laissa faire sans un mot, sans la moindre réaction. Ignorant
la douleur de ses genoux, il se releva et la prit dans ses bras, sortant de
la salle de bain et gagnant la chambre plongée dans la pénombre.
Il la déposa sur le lit et alluma la lampe de chevet. Le visage de Sam,
ravagé par les larmes, apparut dans la lueur pâle. Ses yeux bleus
lui semblèrent soudain immenses. Il s’assit près d’elle
et caressa ses cheveux mouillés collés à ses tempes :
- Sam…
Les yeux de Sam se remplirent à
nouveau de larmes et elle se détourna. Jack garda une main sur l’épaule
de la jeune femme et sortit de l’autre son portable.
- Daniel ? C’est moi. Oui, oui, elle est chez elle… Non, je ne pense
pas que ça aille bien, mais je vais rester là, je m’occupe
d’elle…. C’est ça, à demain.
Il referma le portable. Sam le regardait et murmura :
- Vous allez rester ?
- Oui. Sauf si vous ne voulez pas.
- Si, souffla-t-elle.
Il se releva doucement et ôta rapidement sa veste, son jean et son pull,
passablement trempés, se retrouvant en t-shirt et boxer. Il se dirigea
vers l’armoire, fouilla une minute, et trouva enfin un pyjama. Faisant,
une fois de plus, totalement abstraction de la nudité de Sam, il la frictionna,
ôta la serviette et lui passa rapidement le pyjama. Elle ne réagit
pas, ses grands yeux pâles toujours fixés sur lui. Sans un mot,
il partit remettre la serviette dans la salle de bain et revint. Il tira doucement
la couverture, ouvrant le lit, et soulevant les jambes de Sam la glissa sous
les draps. Puis il s’allongea derrière elle et passa ses bras autour
de la jeune femme.
Elle répondit immédiatement à son étreinte et se blottit contre lui, dans sa chaleur, dans son odeur, et réalisa que c’était cela, dont elle avait besoin. Dont elle avait si désespérément besoin.
La voix de Jack retentit, soudain
extraordinairement douce :
- Vous avez vraiment utilisé tous ces gels douche ?
- Oui, murmura-t-elle.
- Vous devez vraiment être très très propre Carter.
Un très mince sourire passa sur les lèvres de la jeune femme,
mais disparut immédiatement :
- Non.
- Non ?
Elle se blottit davantage contre lui et se remit à pleurer. Il soupira
:
- Et MacKenzy n’a rien vu… Vous êtes même trop forte
pour lui. Il faut arrêter, Carter. Arrêter d’être forte.
Ou on ne peut pas vous aider. Ni MacKenzy, ni Daniel, ni Teal’C ni moi.
Il la sentit se raidir contre lui et elle gémit :
- Je ne suis pas forte…. Vous croyez que je suis forte mais… Je
me sens si faible. Et il s’est… il s’est servi de cette faiblesse…
Elle se remit à trembler contre lui. Jack fronça les sourcils,
se redressa et la força à se retourner vers lui, prenant son menton
dans une main pour plonger dans son regard :
- Quelle faiblesse ?
- Je ne suis… qu’une femme. Ça ne serait jamais arrivé
sinon.
Elle lut dans les yeux bruns de Jack la consternation et sourit amèrement
:
- Je sais, vous l’aviez oublié… Je fais tellement en sorte
que tout le monde l’oublie…
Jack s’assit complètement, ses yeux toujours rivés à
ceux de Sam, et se passa nerveusement la main dans les cheveux :
- Vous pensez que je peux… Qu’on peut oublier que vous êtes
une femme ? Que quiconque au SGC l’oublie ? Sam, vous êtes LA femme.
Les soldats se retournent sur votre passage dans les couloirs, ils se damneraient
pour avoir le droit d’entrer dans votre laboratoire. Personne ne peut
oublier que vous êtes une femme, et personne ne considère cela
comme une faiblesse. Pensez-vous vraiment que SG1 aurait été ce
qu’elle a été, ce qu’elle est encore, si vous n’aviez
pas été une femme ? Pensez-vous que cela n’a pas fait partie
de cette alchimie entre nous, que nous aurions agi pareil entre hommes, que
votre féminité ne nous a pas tempérés parfois ?
Elle ne répondit rien. Elle avait écarquillé les yeux,
ne pleurait plus, écoutait sans un mot les paroles de Jack. Ne pouvait
qu’y croire. N’avait d’autre choix d’y croire, étant
donné la flamme qui brillait dans ses yeux bruns.
Jack s’adoucit et demanda en souriant :
- Vous pensez vraiment que j’oublie quelle femme vous êtes, Sam
? J’aurais vraiment aimé en être capable quelques fois, mais
c’est, définitivement, impossible.
Alors elle sourit enfin. Elle sourit et un poids immense sembla s’envoler
soudain. Jack se rallongea derrière elle et la prit à nouveau
dans ses bras. Il déposa un léger baiser sur la nuque de la jeune
femme et ajouta :
- Maintenant dormez. C’est un ordre.
Elle ferma les yeux et plongea dans un profond sommeil, calme pour la première
fois depuis longtemps.
Quand elle ouvrit les yeux le lendemain matin, elle était seule. La cuisine avait été rangée, des croissants remplaçaient les bouteilles qui avaient disparu. Elle trouva un petit mot près de sa tasse :
« J’ai éteint le réveil, venez travailler quand vous voulez. Vous êtes magnifique quand vous dormez. Jack. »
Elle sourit.
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Tout allait mieux. Sam avait repris rendez-vous avec MacKenzy et avait elle-même
demandé quinze jours de congé. Daniel, Teal’C et Jack étaient
passés la voir à plusieurs reprises.
Puis ils avaient été conviés à Washington par le Président, avec d’autres personnels du SGC, pour un cocktail en l’honneur du personnel de la base. Hayes avait été bouleversé par ce que le reportage de Helena lui avait fait réaliser une fois de plus et voulait remercier – autant qu’il le pouvait – ces hommes et femmes exceptionnels. Ils étaient donc assez nombreux à se retrouver pour une soirée dans les salons de la Maison Blanche.
Quand Helena arriva, elle se dirigea
en souriant vers Jack et Teal’C. Le général portait son
habituel uniforme d’apparat, et le jaffa avait revêtu un costume
sombre. Ils saluèrent en souriant la journaliste, radieuse dans une petite
robe rouge.
- Je suis heureuse de vous revoir, général O’Neill, Teal’C.
- Nous aussi Helena. Comment allez-vous ?
- Bien, merci. Je vais reprendre les reportages dans une semaine. Où
sont Daniel Jackson et le colonel Carter ?
- Ils devraient arriver.
Le général Hammond
les rejoignit alors, accompagné du Président. Ils discutèrent
un moment, souriants et détendus. Les tragiques évènements
étaient naturellement bannis des conversations, chacun profitait de la
paix retrouvée, sachant qu’elle pouvait être de courte durée.
Hayes était lancé dans une grande tirade quand il s’interrompit
soudain, et sourit :
- Je crois… Il me semble bien que c’est le colonel Carter qui vient
d’arriver.
Ils se retournèrent. Sam
s’avançait au bras de Daniel, radieuse. Elle portait une robe noire
longue, dont le fin tissu tombait à merveille sur ses formes parfaites.
Daniel, en costume noir, la regardait avec une juste fierté. Ils rejoignirent
le groupe qui les attendait et Hayes murmura en s’inclinant :
- Colonel Carter, le fait que vous soyez une femme absolument superbe est à
rajouter à la très longue liste de vos qualités.
- Merci Monsieur le Président, répondit-elle en souriant.
- Désolé pour le retard, ajouta Daniel en feignant de soupirer,
j’ai du parlementer.
- Parlementer ? demanda Hammond qui venait de saluer la jeune femme.
- Oui, Sam voulait venir avec son uniforme… Nous avons eu une petite discussion.
- Eh ! gronda l’intéressée en donnant une petite tape amicale
sur le bras de l’archéologue.
Jack sourit et murmura :
- Cela aurait été dommage…
- Merci mon général, répondit Sam, un sourire éblouissant
sur les lèvres.
En entendant « mon général », le Président
fronça les sourcils et se tourna vers Jack…. qui d’un geste
discret et respectueux, l’invita à ne rien dire. Hayes sourit et
s’excusa, partant rejoindre avec Helena d’autres invités.
Hammond, Daniel, Teal’C, Sam et Jack restèrent seuls, leur coupe de champagne à la main. O’Neill leva finalement son verre :
- Et si on trinquait ?
- A quoi trinquons-nous, Jack ? demanda Hammond avec un sourire.
- A mon départ du SGC.
Les trois membres de SG1 restèrent stupéfaits. O’Neill continua
:
- Je vous arrête tout de suite avant que vous ne vous mettiez à
pleurer, Daniel, je suis juste muté à ma demande au Pentagone,
au Home World Security. Mais je ferai de fréquents allers-retours, car
je superviserai les opérations du SGC. Je ne serai seulement plus...
votre général.
En disant cela son regard avait glissé sur Sam qui sourit doucement.
Hammond, Teal’C et Daniel sourirent à leur tour. Et ils trinquèrent.
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Il était tard à présent. Daniel était en grande
conversation avec Helena, Teal’C les écoutant en souriant. Sam
et Jack observaient leurs amis. Le général remarqua une goutte
de sueur sur la tempe de la jeune femme et proposa :
- On va faire un tour dans les jardins ?
- Avec plaisir mon g… Jack.
- Mon Jack ? C’est un bon compromis !
Elle rit et ils sortirent. L’air était frais et Sam frissonna.
O’Neill enleva sa veste d’uniforme et la lui glissa sur les épaules.
Ils se mirent à marcher, en silence, le visage levé vers les étoiles.
Sam murmura :
- Vous allez vous installer à Washington ?
- Non, je ne pense pas que ce soit nécessaire. Ici je logerai à
l’hôtel, mais je garderai ma maison de Colorado Springs.
- Bien.
Ils restèrent silencieux et continuèrent d’avancer. Sam
observa le profil de Jack et reconnut la ride au milieu de son front, la légère
tension de sa mâchoire. Elle sentit son cœur se mettre à battre
plus rapidement et s’arrêta soudain. Jack se retourna vers elle,
surpris. Elle demanda :
- Vous ne trouvez pas que le moment soit bien choisi ?
- Pardon ?
- Regardez.
Elle posa sa main sur la joue de Jack et lui tourna doucement le visage pour
qu’il voie. La Maison Blanche se dressait devant eux dans le bleu sombre
de la nuit, éclairée de l’intérieur par les lumières
de la réception. Jack sourit largement :
- Si, en effet c’est pas mal. Mais je ne voudrais pas…
Elle franchit en deux pas la distance qui les séparait, passa ses mains
derrière la nuque de son ancien officier supérieur et posa ses
lèvres sur les siennes.
Il entoura de ses bras le corps
mince de la jeune femme et savoura ce contact tant attendu, espéré.
Leurs souffles enfin mêlés, la saveur de ses lèvres, la
caresse de sa langue contre la sienne. Quand ils se détachèrent
enfin, il la serra contre lui et elle enfouit sa tête dans son cou. Il
murmura, amusé :
- Je disais juste que je ne voulais pas vous brusquer.
Elle rit, et il sentit les larmes de Sam couler dans son cou. Mais il savait
qu’il n’avait pas à s’inquiéter de ces larmes
là. Il la serra davantage. La voix de Sam s’éleva, soudain
moins assurée :
- Je sais que vous ne me brusquerez pas… mais c’est juste…
cela peut prendre un certain temps pour…
Il se détacha d’elle et saisit entre ses paumes le visage de la
jeune femme. Il plongea ses yeux bruns dans les siens, sourit, et s’exclama
:
- Franchement Sam, au bout de huit ans, je ne suis plus à quelques semaines
près !
FIN