UNE AUTRE CHANCE
Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : romance Sam/Jack, action (30%, comme d’habitude
ça met longtemps à démarrer mais ne désespérez
pas !), mini drame (j’ai dit « mini » !!!), et même
un petit peu de romance Daniel/Janet !
Saison : saison 8, après Affinity. Mais sans Threads,
hein !
Rating : aucun
Date d’écriture : mai 2005
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi
un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and
showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or
anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else.
This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes de l’auteur : Cela devait au départ être
une fic rose bonbon, dégoulinante de guimauve…. et puis au fur
et à mesure des mois (si, si, des mois vous dis-je !) et de mes humeurs,
elle est devenue… assez sombre en fait. Mais pour ceux qui me connaissent,
vous savez qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter…
Spéciale dédicace à gjc, qui m’a trouvé la
fin sur laquelle je séchais totalement ! Merci mille fois, sans toi j’y
serais encore ! … et à Hito bien sûr, mais ça c’est
même plus la peine de préciser….
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"Activation extérieure non programmée, activation extérieure non programmée".
Avant la fin de la première annonce le général O’Neill avait déjà quitté la salle de briefing, suivi des trois membres de SG1 avec qui il se trouvait alors. Ils entrèrent en salle de commande et Jack demanda :
- On a un code ?
- Attendez… oui, voilà. C’est le code de SG1.
- De SG1 ??
Jack se retourna vers ses trois
anciens coéquipiers. Sam haussa les épaules en signe d’ignorance
:
- Je ne sais pas, mon général…
Il hésita quelques instants,
puis se tourna à nouveau vers le Sergent Harriman :
- Tout le monde en position. Sergent, ouvrez l’iris.
Tous les militaires se tenaient en place en salle d’embarquement, leurs armes pointées vers le bouclier en titane qui s’ouvrit. La vague bleue envahit la pièce et le vortex se stabilisa.
Jack, Sam, Daniel et Teal’C regardaient la scène depuis la salle de commande, côte à côte derrière la vitre.
Trois personnes apparurent soudain sur la rampe métallique. Quatre, en fait, avec l’enfant blotti dans les bras de l’une d’elle.
Sam porta une main à sa bouche et balbutia :
- Mon Dieu… Janet….
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Charles Kawalski, Janet Fraiser, et un jeune homme portant un enfant dans ses
bras se tenaient devant la Porte des Etoiles. Ils étaient figés,
regardant avec des yeux effarés les militaires qui braquaient toujours
leurs armes sur eux. Très lentement Kawalski posa le P90 qu’il
portait.
C’était eux. Aucun doute possible. Kawalski et Janet étaient vêtus militairement, de même que le jeune homme qui les accompagnait. Celui-ci ne devait pas avoir plus de vingt ans. Un petit garçon était blotti dans ses bras, le visage caché dans son cou.
Jack, Sam, Teal’C et Daniel
étaient eux aussi figés de stupeur. O’Neill tourna la tête
vers le colonel Carter et l’interrogea du regard. Elle était perdue
dans la contemplation de son amie disparue. Elle sentit pourtant le regard de
Jack et murmura :
- Je ne sais pas… Ils viennent sûrement d’une autre réalité…
O’Neill réfléchit
un instant puis, se penchant vers le micro, ordonna :
- Baissez vos armes.
Les soldats obéirent immédiatement. Au son de sa voix, les trois voyageurs avaient levé les yeux vers la salle de commande, découvrant ainsi les quatre coéquipiers.
Ils semblèrent horrifiés.
Kawalski murmura :
- Mon colonel…
Janet, comme Sam quelques instants
plus tôt, porta la main à sa bouche et balbutia :
- Non… non… pas ça… Daniel…
Le jeune homme avait lui aussi levé les yeux et fixait Jack. Le général sentit son sang se glacer dans ses veines. Une pensée lui traversa l’esprit un instant, pensée fugace, terrible, absurde, merveilleuse…
Mais à cet instant le petit garçon poussa un hurlement déchirant :
- MAMAN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Il voulut sauter à terre
mais le jeune homme le retint, le ceinturant avec difficulté.
L’enfant pleurait maintenant. Sur son visage se lisait une douleur sans
nom. Il se débattait, hurlait, tentant désespérément
de se dégager de la poigne de fer qui le maintenait. Il répétait,
sa voix déchirant le silence total de la salle :
- MAMAN !!!!! MAMAN !!!! MAMAN !!!!
Il gardait ses yeux embués de larmes fixés sur Sam. Celle-ci avait reculé d’un pas sous le regard insoutenable de l’enfant.
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Le petit garçon, vaincu, arrêta de se battre et éclata en
sanglots. Le silence était tel qu’ils entendirent alors les paroles
du jeune homme, dont la voix était étonnamment douce. Douce et
empreinte d’une tristesse immense :
- Ce n’est pas elle Jolan…
Je suis désolé Jolan… Ce n’est pas maman… Elle
lui ressemble mais ce n’est pas maman.
- Mais… mais pourtant c’est eux… regarde… hein c’est
eux ??
- Non Jolan… Je suis désolé… Je suis désolé…
Kawalski et Janet regardaient l’enfant.
Le médecin avait les larmes aux yeux et se pencha vers le petit garçon
qui sanglotait.
- Tu veux venir avec moi ?
- Oui…
Le petit garçon quitta doucement les bras du jeune soldat pour se blottir dans ceux de Janet qui enfouit son visage dans la chevelure blonde de l’enfant.
Sam s’était appuyée
sur l’un des panneaux de commande, en proie à la plus grande confusion.
Daniel, Teal’C et Jack gardaient les yeux fixés sur les arrivants.
Retrouvant péniblement ses esprits, O’Neill murmura dans le micro
:
- Conduisez-les à l’infirmerie. J’arrive.
Escortés par de nombreux soldats, les quatre personnes se dirigèrent lentement vers l’infirmerie.
Jack se retourna alors vers Sam,
ainsi que Daniel et Teal’C. Le général murmura doucement
:
- Colonel, une idée… ?
- Non… Non… Je… Manifestement ils viennent d’une réalité
alternative où je suis… enfin où Samantha Carter est la…
- La mère de cet enfant. Oui, manifestement. Cela va aller Carter ? Ou
souhaitez-vous que nous allions les voir seuls ?
- Non, ça va aller. Je vous suis.
Ils prirent tous les quatre le chemin de l’infirmerie.
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Les quatre nouveaux venus étaient
assis sur des lits en silence. Le petit garçon était blotti dans
les bras de Janet qui le berçait doucement. O’Neill et SG1 entrèrent
dans l’infirmerie à leur tour. L’enfant leva à nouveau
les yeux vers eux. Il n’avait pas quatre ans, des traits fins encadraient
d’une masse épaisse de cheveux blonds comme les blés. Son
visage pâle était illuminé par de magnifiques yeux bruns
qu’il posa sur Jack. L’enfant gémit et regarda Janet qui
hocha la tête d’un air navré :
- Non Jolan… Ce n’est pas lui…
- Janet, je ne comprends pas…
- Je sais mon chéri. C’est très compliqué. Et c’est
très très dur pour nous aussi.
L’enfant regarda Jack et Sam,
puis se remit à pleurer doucement. Janet demanda à O’Neill
:
- Mon colonel, puis-je effectuer moi-même les prises de sang de Jolan
?
- Bien sûr. Demandez ce qu’il vous faut. Mais… je ne suis
plus colonel.
Kawalski émit un petit sifflement
:
- Général… et bien Jack, félicitations.
- Merci Kawalski.
O’Neill prit une chaise et
s’assit, puis demanda :
- Bon, je suppose que vous venez d’une… autre réalité
? C’est ça ?
- Oui, par un miroir quantique. Nous vous expliquerons tout.
- Bien. Et vous nous connaissez ?
- Tout à fait, enchaîna Janet. Vous êtes Jack O’Neill,
Samantha Carter, Teal’C et…
La voix de la jeune femme se brisa
et elle détourna des yeux soudain pleins de larmes. Daniel fronça
les sourcils. Kawalski posa une main sur l’épaule de Janet et enchaîna
:
- … et le Docteur Daniel Jackson. Et vous… Qui sommes-nous pour
vous ?
Daniel se racla la gorge et répondit
:
- Et bien nous vous connaissons vous, Kawalski, et Janet. Par contre nous ignorons
qui est ce jeune homme…
Le jeune soldat murmura :
- C’est bien ce que je pensais.
Il était très grand,
mince et athlétique. Des cheveux châtain clair coupés courts
encadraient un visage fin aux traits durs. On lisait dans ses yeux noisette
la maturité de quelqu’un qui a déjà beaucoup souffert.
Il regarda Jack dans les yeux :
- Tu… Vous ne me connaissez pas ?
Le général O’Neill
observait le jeune homme en silence. Ce visage… Ces mains fines…
Ces yeux… Les yeux de Sara… Un nœud se forma dans l’estomac
de Jack. Une angoisse, une joie, un espoir se mêlaient soudain en lui,
dans un flot tumultueux et dévastateur. Ses lèvres tremblèrent,
il hésita, puis murmura d’une voix blanche :
- Charlie… ?
Le visage du jeune homme s’éclaira tout à coup d’un
magnifique sourire. Il balbutia :
- Oui ! Oui c’est moi !
Mais Jack ne cilla pas face à
la joie du jeune homme. Son visage resta parfaitement fermé, figé.
Il se leva, se tourna vers le médecin de la base et ordonna froidement
:
- Vous leur faites des tests ADN à tous. Je retourne dans mon bureau
en attendant, prévenez-moi quand vous avez les résultats. Installez-les
dans les quartiers VIP.
Le jeune homme le regarda, bouche
bée. Une immense douleur se lisait sur ses traits.
Avant de sortir, Jack se pencha cependant vers le petit garçon et lui
demanda doucement :
- Et toi bonhomme, comment tu t’appelles ?
Le petit garçon, manifestement
affolé, regarda Janet et balbutia :
- Mais, il…
- Non, il ne te connaît pas. Charlie te l’a dit Jolan, ce n’est
pas lui. Réponds lui.
L’enfant se tourna à
nouveau vers Jack, des larmes sur ses joues pâles :
- Je suis… Jolan O’Neill.
Jack resta parfaitement immobile.
Sam se mordit la lèvre jusqu’au sang. O’Neill demanda à
nouveau très doucement :
- Jolan, qui sont ton papa et ta maman ?
- Mon papa c’est le colonel Jack O’Neill et ma maman Samantha.
- Merci Jolan. Je dois m’en aller, mais on se reverra plus tard, d’accord
?
- D’accord.
Jack se redressa très lentement et sortit de l’infirmerie sans regarder personne.
Daniel et Teal’C échangèrent
un regard inquiet. Sam fixait le petit garçon ; un mélange de
douleur et de peur se lisait dans ses yeux bleus. Elle balbutia à son
tour :
- Je… je vais vous laisser moi aussi, je… je vous retrouve après.
Elle sortit à son tour précipitamment
de la pièce. Charlie se passa nerveusement la main dans les cheveux,
dans un geste bien connu qui fit sourire tristement Daniel. L’archéologue
prit la chaise laissée vide par le général et s’assit
à son tour face à Janet et Jolan. Il tenta de sourire, mais Janet
détourna les yeux vers Kawalski et gémit :
- Charles… C’est trop dur… Je ne peux pas…
Kawalski répondit doucement
:
- Je suis désolé Janet… On n’aurait jamais du arriver
ici… Jamais…
Daniel les regarda, surpris, et
murmura :
- Janet, que se passe-t-il ? Qu’y a-t-il ? Vous semblez vous aussi bouleversée…
Elle le fixa à nouveau avec
ses yeux bruns à présent embués de larmes et répéta
:
- Vous… Tu… On se vouvoie ? Vous ne me connaissez pas ?
- Bien sûr que si, vous êtes Janet Fraiser, l’ancien docteur
du SGC, la meilleure amie de Sam, la mère de Cassie…
Janet blêmit et, posant Jolan
à côté d’elle, se leva en tremblant :
- La mère de Cassie… Cassie est… là ?
- Non, pas ici, elle vient d’entrer à l’Université,
elle…
Le visage du médecin s’illumina
d’une joie totale alors qu’elle fondait en larmes :
- Cassie est en vie ??? Cassie va bien ????
- Mais bien sûr… Elle a dix-huit ans, c’est une magnifique
jeune fille…
Janet se retourna vers Kawalski
et Charlie qui souriaient eux aussi :
- Cassie est en vie ! Cassie va bien !
Daniel la coupa :
- Mais… pourquoi ? Dans votre monde…
Un voile de tristesse passa sur le visage de Janet et elle se rassit face à
Daniel, plongeant ses yeux dans les siens.
- Dans mon monde Cassie est morte il y a quelques années des suites du
traitement de Nirtti.
- Ah… Je suis désolé… tellement désolé…
Cassie a été malade ici aussi, mais elle a pu être sauvée
à temps, elle n’a plus rien à craindre maintenant.
Janet souriait à présent en regardant Daniel, des larmes coulant
sur son visage. Daniel se sentit soudain mal à l’aise, hésita
puis demanda :
- Mais… Dans votre monde Janet… il y a autre chose que vous vouliez
me dire ?
- Dans ma réalité…
Elle prit une grande inspiration puis, les yeux posés sur Daniel, murmura
:
- Dans ma réalité j’étais fiancée au Docteur
Daniel Jackson, de SG1.
- Oh… OH !!!!
Elle lut la surprise la plus totale
sur le visage de l’archéologue et se mordit la lèvre pour
ne pas pleurer à nouveau. Elle ajouta :
- Manifestement il n’en est pas de même ici.
- Non… En effet… je suis désolé…
- Ce n’est pas grave. Je savais… je savais que cela pouvait arriver.
Daniel acquiesça. La voix
de Teal’C s’éleva alors :
- C’est la première fois que nous rencontrons ce… cas de
figure dans une autre réalité. D’habitude c’est le
général et le colonel qui sont ensemble.
Kawalski et Janet s’entreregardèrent et Charlie fronça les
sourcils. Le Docteur Fraiser demanda :
- Vous voulez dire que ici… ?
- Ils ne sont pas ensemble. Contrairement à toutes les autres réalités
alternatives que nous avons rencontrées ici ils ne sont pas ensemble.
- Mais… j’ai vu la bague au doigt de Sam… ajouta Janet.
Daniel hocha la tête d’un air désolé.
- Non, Sam est fiancée à un policier du nom de Peter Shanahan.
- Mais comment… mais c’est impossible !! Impossible !! s’écria
le jeune homme.
Jolan sursauta et se mit à trembler, ce qui calma immédiatement
Charlie. Kawalski secoua la tête :
- Bien sûr… Sam est toujours dans l’armée ici…
Elle est même colonel…
- Oui, répondit Daniel. Pas chez vous ?
- Non. Chez nous elle avait quitté l’armée et SG1 il y a
5 ans, pour épouser Jack. Elle travaillait toujours au SGC mais en tant
que scientifique civile.
- Ils n’ont pas pris la même décision ici, ajouta le jaffa.
Janet leva les yeux vers lui :
- Vous voulez dire, Teal’C, qu’ils auraient pu le faire ? Qu’ils…
?
- Je ne peux rien dire Docteur Fraiser, mis à part que la situation entre
eux a toujours été complexe mais que la loi de ce monde leur a
évité de réfléchir.
- Ah…
Ils gardèrent tous le silence.
Daniel se leva et murmura :
- On vous laisse finir vos examens. Je vous propose de vous retrouver au briefing
quand vous serez prêts. Peut-être vaudrait-il mieux que Jolan n’y
assiste pas…
L’enfant se serra un peu plus contre Janet qui passa la main dans ses
cheveux blonds. Elle sourit et dit doucement :
- Je lui parlerai, c’est un petit garçon très obéissant
même s’il a un caractère bien trempé.
Daniel sourit à son tour en regardant l’enfant :
- S’il est leur fils, cela ne m’étonne pas outre mesure.
Puis l’archéologue redevint grave et s’approcha de Charlie.
Il dit doucement pour que Jolan n’entende pas :
- Il ne faut pas en vouloir à Jack pour sa froideur, il faut que vous
compreniez son attitude … Ici Charlie est mort il y a neuf ans. Il s’est
tué accidentellement avec l’arme de service de son père.
Charlie ouvrit de grands yeux horrifiés :
- Mon Dieu… Je… je ne sais pas quoi dire….
- Il n’y a rien à dire. Mais… vous voir ici doit être
très difficile pour lui. Vous êtes… un magnifique jeune homme,
celui que son fils aurait pu devenir si… Laissez lui du temps. Cela ira
?
- Oui, oui, je comprends… Merci Daniel… euh, pardon, Docteur Jackson.
L’archéologue sourit :
- Tu peux m’appeler Daniel si c’est plus simple.
Teal’C et lui sortirent de
l’infirmerie. Une fois dans le couloir, le jaffa dit :
- Je vais aller voir le colonel Carter.
Daniel fit une petite grimace :
- … Et vous me laissez me charger de Jack ?? Merci du cadeau Teal’C
!
Le jaffa inclina la tête en souriant et prit le chemin du laboratoire
de Sam. Daniel soupira et gagna le bureau de Jack.
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Quand le jaffa pénétra dans le laboratoire de Sam, la jeune femme
était en train de s’escrimer sur son réacteur à naquadah
avec un tournevis. Teal’C la regarda en silence jusqu’à ce
qu’elle se laisse enfin tomber sur une chaise et lève les yeux
sur lui :
- Que puis-je faire pour vous, Teal’C ?
- Rien. C’est moi qui suis venu voir si je pouvais faire quelque chose
pour vous Colonel.
Elle soupira et murmura comme pour elle-même :
- Je… J’en ai assez… Cela ne s’arrêtera donc jamais,
ces histoires de réalités alternatives…
- Qu’est-ce qui vous gêne exactement ? Que nous soyons face à
un autre cas de réalité alternée ou que vous soyez obligée
de constater qu’une fois de plus votre double y était mariée
au général O’Neill ?
Elle sourit en secouant la tête :
- Devinez… Et en plus ce coup-ci nous avons… enfin ILS ont un petit
garçon. Il leur ressemble, hein ?
- Sans aucun doute Colonel. A tous les deux. Il est magnifique.
Sam sembla un instant perdue dans ses pensées, puis se reprit et cessa
de sourire.
- Vous vous rendez compte Teal’C, la situation que cela doit être
pour cet enfant ??
- Je crois que cet enfant a malheureusement vécu des choses déjà
plus dures…
- Je crois aussi… Et Charlie ! Mon Dieu ! Le général se
retrouvant face au double de Charlie !
- Daniel Jackson est parti lui parler.
- Pauvre Daniel…
- En effet.
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- Je peux entrer ? demanda timidement Daniel après avoir entrebâillé
la porte du bureau.
Jack releva les yeux des papiers qu’il tentait vainement de lire et jeta
un regard noir à l’archéologue :
- Je suppose que pour vous « non » ne serait pas une réponse.
- Effectivement.
Daniel pénétra dans le bureau et s’assit en face de Jack.
Ils gardèrent le silence un moment, Jack feignant de continuer sa lecture.
L’ archéologue murmura :
- Vous devriez tourner la page, sauf si vous essayer d’apprendre ce rapport
de mission par cœur.
Jack soupira et reposa le rapport sur son bureau. Il se passa nerveusement la
main dans les cheveux, s’enfonça dans son siège et contempla
le plafond. Il murmura :
- C’est de pire en pire ces histoires de réalité alternée.
- Oui, pour moi aussi je vous signale. Mais des constantes restent.
Jack grimaça :
- ça va, ça va…C’est dur pour l’enfant, c’est
tout.
- Si vous le dites, Jack… Et comment arrivez-vous à gérer…
pour…Charlie…
- On n’est pas sûr que ce soit lui. J’attends les résultats
ADN.
- Jack, j’ai vu votre expression. Vous savez que c’est lui.
Le visage de Jack devint à nouveau triste, douloureux même. Il
murmura pour lui-même :
- C’est tout le portrait de Sara… Elle serait tellement heureuse…
- Jack, ce n’est pas votre Charlie...
- Je sais !!!! hurla O’Neill, se levant soudain et commençant à
faire les cent pas dans son bureau.
Daniel ajouta :
- Si cela peut vous consoler un peu, moi aussi cette fois je me retrouve dans
une situation délicate…
- Vous ? demanda Jack en s’arrêtant, surpris.
- Oui. Dans leur réalité… Mon double est fiancé à
Janet.
- PARDON ??
- A priori oui.
Jack était partagé entre hilarité et anéantissement.
Il choisit de sourire :
- Je me disais bien que vous passiez beaucoup de temps à l’infirmerie
!
Daniel leva vers lui des yeux furieux :
- C’est bon, hein !! Je vous rappelle qu’ici… Il ne s’est
jamais rien passé… Enfin j’ai toujours été
proche d’elle et de Cassie mais… Le moment le plus intense que j’ai
partagé avec Janet est quand même celui de sa mort.
L’archéologue se mordit la lèvre et baissa les yeux à
l’évocation de ce terrible souvenir. Jack l’observa en silence.
On frappa à la porte du bureau,
et le médecin de la base entra. O’Neill se rassit et lui demanda
d’un air fatigué :
- Alors ? ces résultats ?
- Tous les tests concordent : ce sont bien le Major Kawalski et le Docteur Fraiser.
Quand aux deux garçons… et bien là encore les résultats
sont positifs, ce sont bien vos fils mon général… Et le
petit garçon, Jolan, est aussi celui du colonel Carter. Il n’y
a aucun doute possible.
Jack se passa la main dans les cheveux et murmura :
- Je suppose que ce sont de bonnes nouvelles…
Il leva les yeux vers Daniel qui n’avait pas bougé et ajouta :
- On va avoir un long briefing je crois.
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« SG1 en salle de briefing. »
Quand Teal’C et Sam pénétrèrent dans la pièce, tout le monde était déjà installé. Sam remarqua avec un mélange de soulagement et de déception que Jolan n’était pas là. En s’asseyant face à Janet, elle ne put s’empêcher de sourire à son « amie ». Janet lui rendit son sourire.
Jack s’éclaircit la
voix et commença :
- Bien… Nous sommes donc dans une situation… à la fois totalement
nouvelle et déjà vue… C’est ce qui est génial
avec ces histoires de réalité alternée…
Ils sourirent tous plus ou moins franchement. Jack continua :
- Je pense que le mieux serait que vous nous racontiez comment vous êtes
arrivés chez nous.
Janet et Kawalski se regardèrent et la jeune femme prit la parole :
- Est-ce que je raconte juste les derniers événements ou je…
reprends tout depuis le début ? Nos vies… Tout cela….
Jack eut un geste las :
- Reprenez tout, Docteur, nous ne sommes plus à ça prêt.
Elle prit une grande inspiration et commença :
- Bien. Donc, à priori comme chez vous, nous travaillions tous –
le colonel O’Neill, le major Carter, Teal’C, Daniel Jackson, le
major Kawalski et moi au projet Stargate. Nous sommes en lutte contre les Goa’ulds
que nous avons pu repousser à maintes reprises. Kawalski a rejoint SG1
après le départ de Teal’C qui est retourné sur Chulak
aider la résistance jaffa.
- Jusque là, c’est… à peu près pareil. A la
différence que Teal’C est resté avec nous, et que vous Kawalski…
- Je suis mort, c’est ça ?
Jack soupira et regarda son vieil
ami :
- Oui. Il y a huit ans, à notre première mission en fait. Vous
avez été infecté par une de ces saloperies de serpents
et nous n’avons pas pu vous sauver.
- Je m’y attendais…. Au moins je n’ai pas d’entropie
machin à craindre ! ajouta-t-il avec un sourire.
Janet continua :
- Vous, général, avez le commandement de SG1 depuis le début
du projet. Charlie vit quasiment avec nous à la base, et a pu pour cela
intégrer le projet comme soldat dès son entrée dans l’armée…
Jack fronça les sourcils et demanda :
- Mais… Ce n’est pas Sara qui s’est occupée de lui
?
Janet et Kawalski restèrent bouche bée et tournèrent lentement
les yeux vers le jeune homme qui avait blêmi et qui murmura :
- Maman… Maman est morte d’un cancer quand j’avais quatre
ans… C’est pour cela que tu as accepté le projet…
Jack fixait le jeune homme sans
pouvoir ajouter un mot. Teal’C, Daniel et Sam se regardèrent, inquiets.
Charlie se leva lentement et demanda d’une voix tremblante :
- Pourquoi ? Elle n’est pas… Sara n’est pas…
Jack répondit doucement, ses yeux dans ceux de Charlie :
- Non. Elle n’est pas morte. Nous sommes séparés depuis
que…
Charlie l’arrêta d’un geste :
- je sais, Daniel m’a dit…
Puis il regarda Janet et son visage s’illumina lentement :
- Janet… elle est vivante… Ma mère est vivante…
Janet lui sourit. Sam ferma les yeux douloureusement. Jack regardait toujours
le jeune homme avec une infinie tristesse et ajouta lentement :
- Ce n’est pas votre mère, et je crains que vous ne puissiez pas
la voir.
- Quoi ? Mais pourquoi ? balbutia Charlie.
- Elle n’est pas… vraiment au courant du projet Stargate. Il est
impossible de lui dire. Je suis désolé.
- Désolé ??
Charlie se tenait face à Jack, le regard brillant de colère et
d’incompréhension. Un silence absolu se fit. Ils se regardaient,
les yeux dans les yeux, la même détermination se lisant sur leurs
visages. Jack ordonna d’un ton qui, normalement, n’admettait aucune
réplique :
- Asseyez-vous. Il y a des règles, celle-là tout particulièrement,
que je ne peux pas enfreindre, même si…
- Des règles ?? Mon père à moi savait quand il devait enfreindre
les règles ! Mon père les a bien enfreintes pour Sam ! Mon père
les aurait enfreintes pour moi ! Mon père savait toujours quand il devait
enfreindre ces foutues règles !!! Mon père ne se pliait jamais
devant un règlement quand il était injuste !
- Ton père n’était pas général !!!!!
Jack s’était levé, plein de rage et de douleur à
la fois. Le jeune homme ne se démonta pas pour autant et, relevant fièrement
le menton, articula lentement :
- Non. Mais mon père à moi, quand il est mort, était heureux.
Je vais rejoindre Jolan.
Il quitta la pièce dans un
silence de mort. Jack respira un grand coup pour se calmer et se rassit dans
son siège. Kawalski murmura enfin :
- Il a toujours été… enfin… Il a beaucoup de caractère….
Et ses dernières semaines ont été très difficiles
à vivre.
- En tous cas, pas d’erreur, c’est bien le fils de Jack…
Le sourire de Daniel s’effaça sous le regard noir que lui lança
O’Neill.
Janet se racla la gorge et continua son récit.
- Bref… suite au décès
de Sara en effet vous… Enfin le colonel O’Neill s’est jeté
à cœur perdu dans son travail. C’est le père de Sara
qui s’occupa de Charlie jusqu’à ce qu’il trouve la
mort dans un accident de voiture. Charlie est alors venu vivre au SGC, il avait
dix ans. Le colonel allait mieux, notamment… enfin… Il avait rencontré
Sam qui avait été intégrée à SG1 avec Teal’C
et Daniel. Sam et Jack sont tombés amoureux l’un de l’autre
très vite, mais rien n’était alors possible.
- Comme ici, murmura Daniel.
Jack et Sam le foudroyèrent du regard, et l’archéologue
ajouta précipitamment :
- Enfin, comme ici, pour la constitution de SG1…
Un sourire passa sur le visage de Janet qui continua :
- Au bout de quelques années, à peine quatre en fait, Sam a démissionné
de l’armée et ils se sont mariés. Sam continuait de travailler
au SGC. Jolan est né quelques temps après, il y a un peu plus
de trois ans. Je suis sa marraine, et Daniel était son parrain. Quand
à moi…
Elle s’arrêta un instant.
Kawalski posa sa main sur la sienne pour l’encourager à continuer.
Elle baissa les yeux et murmura :
- J’étais fiancée au Docteur Jackson.
Teal’C leva un sourcil et Sam écarquilla les yeux. Janet ne les
regarda pas et continua :
- Daniel avait perdu sa femme Shaa’re il y a six ans. Petit à petit
après la mort de Cassie nous nous sommes rapprochés. Nous devions
nous marier dans quelques semaines.
Elle releva à nouveau ses
yeux bruns vers Daniel qui semblait muet d’émotion. Il dit cependant,
dans un murmure :
- Ici… Ici Cassie n’est jamais morte. J’ai bien perdu Shaa’re
il y a cinq ans. Et… Et Janet est morte au combat il y a à peine
un an. J’étais… J’étais là, à
côté d’elle quand elle a été tuée.
Daniel et Janet se regardèrent
longuement. Le silence dans la pièce était total. Jack se prit
un instant la tête dans les mains avant de se redresser :
- Bon… et…. Ensuite ? Pourquoi êtes-vous ici ? Où sont…
nos doubles ? Enfin, nous ? Enfin bref !!
Kawalski enchaîna :
- Et bien en fait tout a commencé avec la naissance de Jolan. Chez nous,
Sam a été l’hôte d’une Tok’ra, Jolinar…
- Chez nous aussi, l’interrompit doucement Sam.
- Bien… et Jack a été un hôte goa’uld pendant
plusieurs semaines…
- QUOI ??? hurla Jack.
- Oui… désolé mon colo… mon général…
- J’ai déjà été un hôte ici, mais assez
peu de temps en fait…
- Chez nous le colonel a disparu plusieurs semaines et a pu être retrouvé
et sauvé par les Tok’ras.
Sam leva la main pour interrompre à nouveau Kawalski :
- Mon père… enfin le général Carter est-il aussi
un Tok’ra chez vous ?
- Oui. C’est grâce à lui que Jack a été sauvé.
Donc, je disais que Sam a été un hôte Tok’ra et Jack
un hôte goa’uld. Et quand Jolan est né, nous nous sommes
petit à petit rendu compte de certaines… particularités.
Sam et Jack froncèrent les sourcils. Ce fut Janet qui continua :
- En plus d’être sa marraine, je suis bien sûr son médecin.
En nous nous avons réalisé que cet enfant n’était…
jamais malade. Rien. Il a passé des examens, et son sang est imprégné
de naquadah, à des doses beaucoup plus fortes que celui de Sam ou Jack.
Avec votre…. Avec leur accord, j’ai fait passer des tests à
Jolan, et nous sommes arrivés à la conclusion qu’il détient
dans son subconscient la connaissance des Goa’uld et des Tok’ras.
Il ne s’en rend pas compte, c’est un petit garçon comme les
autres, seulement plus intelligent…
- Enfin ça c’est normal vu la mère qu’il a.
Tous se retournèrent vers
Jack, surpris lui-même de sa remarque. Janet sourit à nouveau et
continua :
- Encore plus intelligent. Et qui a en lui des connaissances… précieuses,
mais auquel il n’a pas accès. Il nous a déjà appris
beaucoup de choses, sans s’en rendre compte. Parfois c’est quand
on le regarde jouer aux Legos, il fabrique soudain quelque chose d’étrange…
ou alors dans les histoires qu’il invente…
- Un arsiésis… murmura Daniel.
Janet acquiesça.
- Tout à fait. Et depuis les goa’ulds n’ont de cesse de tenter
de mettre la main dessus. Côté Tok’ra, il était protégé
par l’influence de Jacob.
- Que s’est-il passé ? demanda Teal’C.
Kawalski baissa les yeux et continua
:
- Anubis a attaqué la Terre, il y a quelques jours. Teal’C et les
jaffas sont revenus pour nous soutenir. Il a repris sa place dans SG1 pour la
bataille, et moi je suis resté au SGC pour veiller sur Jolan avec Janet
et Charlie. Ils ont réussi à détruire plusieurs vaisseaux
d’Anubis mais…
Il se tut. Il leva les yeux vers
Janet. Des larmes commençaient à couler sur les joues de la jeune
femme. Kawalski serra le poing et enchaîna :
- Ils sont morts dans l’explosion d’un des vaisseaux. Jack, Daniel,
Teal’C. Ils sont morts. Ils ne restaient que quelques instants avant l’arrivée
d’Anubis, alors Sam nous a obligés à partir tous les quatre.
Elle a calculé des coordonnées en nous disant qu’il y avait
un miroir quantique sur cette planète, qu’il fallait que nous changions
de réalité et que nous retournions sur Terre après. Elle
a refusé de partir avec nous, elle disait qu’elle pourrait retarder
Anubis, lui faire croire que Jolan était toujours là. Je crois
surtout qu’elle ne voulait pas survivre à Jack. Alors on est partis.
Janet se leva soudain et se détourna vers la vitre, fixant la Porte, son corps secoué par des sanglots.
Kawalski soupira et continua :
- Nous avons attendu plusieurs jours, puis nous avons essayé de réactiver
la Porte vers la Terre. Sans succès. Elle doit…
Il se tut. Daniel murmura :
- Elle ne doit plus être active. Anubis a dû détruire la
Terre.
- Oui, acheva Kawalski dans un souffle.
Ils restèrent tous silencieux quelques instants. Sam regardait son amie. Kawalski reprit :
- Donc nous avons fait ce que Sam
nous avait demandé. Nous avons activé le miroir depuis cette planète
et nous sommes allés dans la réalité qu’elle nous
avait indiquée.
- Qu’elle vous avait indiquée ? demanda Sam, surprise.
- Oui, pourquoi ?
- Elle pouvait… choisir la réalité qu’elle voulait
?
- Bien sûr, nous avons travaillé depuis des années avec
les réalités alternatives, c’est comme cela que nous évitions
de reproduire des erreurs faites ailleurs, que nous apprenions… Mais nous
ne connaissions pas Anubis.
Jack fronça les sourcils
:
- Vous n’avez pas utilisé la technologie des Anciens ?
- Des Anciens ? Les constructeurs de la Porte ? Vous utilisez leur technologie
?
Jack, Teal’C, Sam et Daniel se regardèrent, perplexes. Ce dernier
expliqua :
- Pas exactement… en fait Jack a acquis par mégarde leur technologie
temporairement.
- Non… cela n’est jamais arrivé chez nous… Nous avons
rencontré brièvement les Anciens par l’intermédiaire
de Daniel et du fils de Sha’ree… bredouilla Janet.
- … mais votre Jack n’a jamais mis sa tête dans un truc bizarre
dont l’aurait sauvé Thor ? demanda O’Neill.
Kawalski répondit :
- Euh si, Jack a bien mis sa tête en effet dans un artéfact étrange,
peu après son mariage avec Sam. Cet engin l’a fait un peu débloquer…
- Je vous en prie Kawalski ! gronda gentiment O’Neill.
Le major sourit :
- Pardon mon général… Enfin il s’en est remis tout
seul en quelques jours. Nous n’avons pas été en contact
avec ce… Thor ?
- Thor, oui, un mètre trente, tout gris, une grosse tête bien pleine…
non, ça ne vous dit rien ? enchaîna Jack.
Kawalski et Janet, qui s’était rassise, secouèrent la tête.
Le docteur Jackson murmura :
- Jack s’en serait remis tout seul… C’est étrange…
Et donc vous ne connaissez pas les Asgards ??
- Non, du tout… Qui sont-ils ??
- Une autre race… des « amis » des Anciens en fait, expliqua
Daniel. Grâce à eux Jack a pu retirer de sa tête la mémoire
des Anciens après nous avoir sauvés de l’attaque d’Anubis.
- Vous avez vaincu Anubis ??? s’écrièrent Janet et Kawalski
en cœur.
- Oui, il y a quelques mois.
- Sam devait le savoir… murmura Janet.
- Oui, renchérit Kawalski, elle avait du calculer que cette réalité
était déjà parvenue à une étape supérieure,
mais n’a pas du avoir le temps de l’exploiter… Donc elle nous
y a envoyés. De même elle devait savoir que nous ne risquions pas
l’entropie en cascade.
- C’est incroyable, murmura Sam. Elle pouvait « calculer »
les probabilités de tel ou tel monde, calculer sans y aller ce qui pouvait
être arrivé dans telle ou telle réalité ??
- Oui, je crois. Les réalités alternatives étaient sa principale
base de travail.
- Avec son réacteur à naquadah je suppose… ajouta Jack avec
un petit sourire que tous lui rendirent.
Janet regarda Sam et murmura :
- Ici aussi tu… vous passez vos journées sur le réacteur
?
Sam fit une petite moue gênée.
Jack tapota sur la table avec son
crayon. Il réfléchissait et finit par dire :
- Bon. En tous cas à priori vous ne risquez pas d’entropie en cascade
ici. Donc vous pouvez rester à la base pour le moment sans courir de
risque, je vais en informer le Président. Pour la suite… et bien
nous aviserons. Vous résiderez dans les quartiers VIP. Docteur Fraiser,
si vous êtes d’accord, je souhaiterais installer Jolan avec vous.
- Bien sûr mon général. Je… enfin…
- Oui, je pense que vous pourrez voir Cassie si vous le souhaitez. Elle est
au courant du projet. A vous de voir ensuite si vous pouvez… supporter
cela, et si elle le doit.
O’Neill et Janet se regardèrent
en silence. Il lui sourit et elle acquiesça. Jack déclara :
- Bon, fin du briefing, je pense qu’on a tous besoin de souffler un peu.
Ils se levèrent et quittèrent
la pièce. Janet regarda Daniel s’éloigner. Elle sentit une
main sur son épaule et leva les yeux : Sam lui souriait. La jeune scientifique
s’assit à côté d’elle, hésita un instant
puis murmura :
- Vous… Elle… Janet me manque. Tellement.
- Je sais Sam. Vous me manquez aussi, depuis moins longtemps, mais tellement…
Elles se regardèrent et tombèrent dans les bras l’une de
l’autre. Elles restèrent ainsi un moment, les yeux fermés,
profitant de cet instant de calme. Puis elles se séparèrent et
Sam dit doucement :
- Je suis désolée pour Daniel… Je ne m’y attendais
vraiment pas.
- Je ne m’attendais pas non plus à te savoir fiancée à
un autre que Jack. C’est si… étrange.
Sam détourna les yeux, gênée. Janet continua :
- Mais bon, peut-être aurai-je la chance d’assister deux fois à
ton mariage…
- Comment cela ? demanda Sam, surprise
- Et bien oui… Ce policier… Pourquoi, tu croyais que je parlais
de qui ? demanda Janet avec un sourire.
- Ah Pete, oui, bien sûr… Tu verras, c’est un garçon…
adorable.
- Sûrement Sam. Sûrement.
- Viens, je vais te conduire dans tes quartiers, et tu pourras retrouver…
Sam s’interrompit soudain. Janet enchaîna :
- Charlie et Jolan. Jolan leur ressemble, à tous les deux. A vous deux
en fait.
- C’est si… Cette situation…
- Oui.
Elles se sourirent à nouveau et quittèrent la pièce. Elles
rejoignirent l’infirmerie où se trouvaient les deux fils de O’Neill.
Jolan sourit en voyant entrer Sam. Il s’approcha d’elle et elle
s’agenouilla. Ils se regardèrent longuement. Sam sentait son cœur
battre rapidement dans sa poitrine. Ses traits… ses cheveux… Elle
se retrouvait tellement dans le visage du garçon.
Mais c’était les yeux
de Jack. Ses yeux bruns, profonds, où brillait cette étincelle
qui n’appartenait qu’à lui. L’enfant leva doucement
la main et la passa sur la joue de la jeune femme. Il demanda timidement :
- Dis… je peux avoir un câlin ? Même si tu n’es pas
ma maman ?
Sam sembla hésiter un instant, puis ouvrit les bras et il vint s’y
blottir. Elle le serra contre elle et enfouit son visage dans les boucles de
Jolan. Le petit garçon se détacha enfin d’elle, la regarda
à nouveau et sourit :
- Tu ressembles vraiment beaucoup à ma maman… tu sens bon comme
elle.
- Ta maman a beaucoup de chance d’avoir un petit garçon aussi gentil
et courageux, Jolan.
Elle se releva et posa les yeux
sur Charlie, à côté duquel elle alla s’asseoir. Sam
demanda doucement :
- Tu connais bien… l’autre Sam ?
- Je vivais avec elle depuis l’âge de dix ans. Au SGC ou chez nous.
- Chez vous…
- Chez papa. Avec Jolan.
- Ah.
- Elle me manque.
Sam ne répondit pas. Le jeune homme continua :
- Et toi tu… Pardon, vous…
- Non non, n’hésite pas à me tutoyer, tu peux m’appeler
Sam, tu fais comme tu veux.
- Bien. Alors… tu es fiancée Sam ?
Elle baissa les yeux, soudain mal à l’aise, et murmura :
- Oui. Avec un policier.
- C’est… étrange. Dans mon monde, rien n’aurait pu
vous séparer papa et toi… enfin elle. Quand il avait été
enlevé, elle a tout fait pour le retrouver, elle n’a pas dormi
pendant des jours. Je me souviens, j’étais chez Janet. Alors qu’ici…
il ne s’est jamais rien passé entre le général et
toi ? Vous n’avez jamais rien éprouvé l’un pour l’autre
?
Sam se mordit la lèvre, s’efforça de sourire et répondit
:
- Non rien.
- En fait, tu es différente de ma Sam à moi.
- Comment cela ?
- La mienne n’aurait jamais essayé de mentir, elle savait qu’elle
n’y arriverait pas.
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Sam arrêta Harriman en le
croisant dans le couloir :
- Avez-vous vu le général ?
- Il est dans son bureau, colonel. Il a dit qu’il avait du travail, qu’il
ne voulait voir personne.
- Du travail ? demanda-t-elle, dubitative.
Un très léger sourire passa sur le visage de Harriman qui ajouta
:
- Il fera peut-être une exception, colonel.
- Merci sergent.
Elle se dirigea vers le bureau du
général O’Neill et frappa.
- J’ai dit : « personne » !!!! Voyez cela avec le sergent
Harriman !! rugit O’Neill.
Elle passa cependant la tête par l’entrebâillement. Jack se
radoucit immédiatement et lui fit signe d’entrer d’un geste
las.
- Carter… Vous êtes envoyée par Daniel je suppose ?
- Non mon général. Je suis juste venue vous demander ce que vous
comptiez faire… et si vous alliez bien.
- Pourquoi n’irais-je pas bien, Carter ? Ce matin encore je n’étais
qu’un sombre bureaucrate et me voici maintenant avec la charmante petite
famille de mon double décédé !
Elle ne sourit pas. Elle continua de le regarder de ses yeux tristes. Il soupira
:
- Je ne sais pas bien comment nous pouvons… gérer cette situation.
- A priori Janet peut très bien s’occuper de Jolan, elle y semble
habituée.
- Bien. C’est amusant, j’ai toujours adoré le prénom
Jolan.
- C’est normal mon général, c’est vous qui le lui
avez donné.
- Vous devez avoir eu votre mot à dire à priori !
Ils se regardèrent un instant en souriant, puis détournèrent
tous deux les yeux. Jack murmura :
- Oui, bon, enfin… Ses parents ont du choisir… Bref ! Je vous avouerais
que je ne sais pas trop quoi faire.
- Je ne vois que trois solutions : les renvoyer d’où ils viennent,
les installer sur une autre planète, ou les garder ici.
- Leur monde a été détruit. Les installer sur une autre
planète… C’est à voir. Quand à la dernière
solution… vous vous voyez expliquer cela à… Pete ?
- Non, pas vraiment. Mais si c’est nécessaire il le faudra bien.
- Bien sûr, bien sûr…
- Mon général, que comptez-vous faire pour Charlie ?
Le visage de Jack se ferma instantanément. Sam s’assit et plongea
les yeux dans les siens. O’Neill répondit sèchement :
- Rien de particulier, je ne vois pas exactement ce que je pourrais faire, et
à propos de quoi.
Sam soupira et secoua la tête :
- Lui parler, tout bonnement… Lui parler de sa mère.
- Sara n’est pas sa mère.
- Vous savez bien ce que je veux dire. Il souffre de ne pas pouvoir la rencontrer,
même s’il comprend pourquoi.
- Il l’a perdue il y a longtemps, il a du s’y faire.
Jack vit passer un voile de tristesse dans les yeux bleus de Sam. Il détestait
cela, plus que tout au monde. Elle murmura :
- Sa mère est morte. Si je peux me permettre, mon général,
je suis bien placée pour vous dire qu’on ne s’y fait jamais.
- Je suis désolé Carter, tout cela… remue beaucoup le passé
pour nous tous.
- Oui. Mais… c’est une chance inespérée de revoir,
d’une certaine façon, ceux que nous pensions avoir perdu à
jamais.
- J’aurais préféré ne jamais les revoir.
Sam sourit et Jack fronça les sourcils :
- Quoi ? Pourquoi riez-vous ?
- Je pense à ce que vient de me dire Charlie… que, comme la Sam
de son monde, je ne savais pas mentir. Vous non plus.
- Et pourquoi lui avez-vous menti, Carter ? demanda Jack étonné.
Elle le regarda et se releva lentement
:
- Avec votre permission mon général, je souhaiterais me retirer
et aller retrouver nos invités.
- Vous pouvez y aller…
Elle se dirigea rapidement vers la sortie mais, alors qu’elle avait la
main sur la poignée, la voix de Jack retentit à nouveau :
- … mais vous ne m’avez pas répondu Carter.
Sam se retourna vers lui et le regarda.
Elle hésita un instant… Elle n’avait pas le droit…
Elle avait Pete, elle allait se marier, elle n’avait plus aucun droit…
Elle ne l’avait même jamais eu… Elle ne devait pas se torturer,
le torturer… Elle entendit cependant sa propre voix, soudain étrangement
peu assurée, répondre d’un ton neutre :
- J’ai confirmé à Charlie qu’il ne s’était
rien passé entre vous et moi.
Elle sortit. Jack resta plusieurs secondes à regarder la porte close avant de poser sa tête dans ses mains.
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Elle avait mal. Si mal. Son
corps était épuisé, brisé. Elle reposait sur le
métal depuis si longtemps déjà. Plusieurs jours qui auraient
pu être des siècles.
La douleur lui vrillait continuellement le cerveau. Elle sentait chaque parcelle
de son être hurler sans cesse, sans répit, sans repos. Les images
défilaient dans son crâne sur lesquelles elle n’avait plus
aucun contrôle. Elle ne pouvait plus contenir ce flot qui la submergeait.
Sa vie défilait continuellement, des images, des chiffres, des sentiments…
et la douleur, toujours.
Elle avait tenu si longtemps. Tenu des jours entiers.
Mais c’était fini à présent. Ses secrets les plus
intimes comme le reste de sa vie s’enfuyaient sur l’écran
qu’observaient ses deux bourreaux.
Anubis, et Eris à ses côtés, comme toujours.
Un jaffa entra et, mettant un genou à terre, s’inclina devant son maître. Celui-ci demanda de sa voix gutturale et irréelle :
- Alors ?
- Alors cette fois-ci les coordonnées étaient les bonnes. Nous
avons retrouvé la trace des fugitifs, nous savons dans quelle réalité
ils sont passés.
- L’enfant ?
- Il était avec eux maître. Ils ont vraisemblablement rejoint la
Tau’ri.
- Bien. Eris, ramenez-moi l’enfant. Vivant.
Le Goa’uld s’inclina,
un sourire aux lèvres :
- Avec joie maître.
Elle quitta la pièce. Anubis se tourna vers le corps immobile qui était allongé à côté. Il le regarda longuement, se demandant à nouveau comment un être si inférieur avait pu résister si longtemps avant de livrer son secret. Puis il leva la main vers le panneau de commande et augmenta une dernière fois la puissance de l’objet logé dans le cerveau de sa victime.
Celle-ci eut un soubresaut. Une dernière image se figea dans son esprit dévasté. Un homme qui souriait, un regard brun si chaud, si aimant. Un enfant, un enfant qui courrait vers elle en riant.
Puis tout devint blanc.
Le Docteur Samantha Carter O’Neill venait de mourir.
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Charlie entra dans la salle de
sport où Teal’C était entrain de s’entraîner.
Le jaffa arrêta ses exercices et s’inclina légèrement
en regardant le jeune homme :
- Vous désirez me parler, Charlie O’Neill ?
- Euh… oui, si je ne vous dérange pas, Teal’C.
- Vous ne me dérangez nullement. Je vous écoute.
Le jeune homme soupira et s’assit sur un tapis. Teal’C vint s’asseoir
à côté de lui et dit doucement :
- Vous ressemblez beaucoup à O’Neill.
- Je sais, on me l’a toujours dit. Et à ma mère aussi, mais
là j’ai juste pu le constater sur des photos. Je viens vous voir,
pour… en savoir un peu plus sur lui. Dans mon monde Daniel, Charles et
vous étiez les meilleurs amis de papa. Charles est même mon parrain.
- Daniel Jackson a toujours été plus doué que moi pour
parler et pour raconter.
- Je sais… mais souvent justement il parle beaucoup et je ne comprends
rien ! Alors que vous, c’est… plus simple et plus… rapide.
Le jaffa inclina à nouveau la tête en souriant.
- Je ferai de mon mieux. Que voulez-vous savoir ?
- Tout… Enfin, sur mon père surtout.
- Je vous en parlerai. Mais je crois qu’il y a quelque chose qui vous
préoccupe plus que le reste.
- Oui. Vous croyez qu’il m’en veut pour… le briefing ?
- Non. Je crois qu’il s’en veut à lui. Il voudrait vous emmener
voir Sara O’Neill, et il ne le peut pas. Vous voir, et vous voir malheureux
sont des choses qui doivent être difficiles pour lui. Et dans ce cas…
- Il se renferme, est odieux et on ne peut plus rien en tirer… sauf Sam…
- Oui. Le colonel Carter est douée pour cela, en effet. Mais le Docteur
Jackson aussi.
- Je ne comprends pas qu’il ne soit pas avec Sam… Dans mon monde
ils étaient tellement…
- Ici aussi. Mais ils ont fait des choix différents. Nous le déplorons
tous mais c’est ainsi.
- Vous le déplorez ? Vous pensez qu’ils… s’aiment ici
aussi ?
- C’est une évidence. Mais ils ont décidé de faire
passer leur carrière avant, tous les deux. Leur carrière et le
SGC, la lutte contre les Goa’ulds. Je ne peux rien dire, j’ai fait
le même choix.
- Vous pensez que c’est le bon choix ?
- Pour moi, oui. Pour eux je ne sais pas. Les lois de ce monde sont étranges,
je suis persuadé que le fait qu’ils soient unis ne modifierait
absolument pas leur façon de travailler.
- Ils sont heureux, chacun ?
- Non. De cela je suis certain.
Charlie se passa la main sur le visage dans un geste de lassitude.
- Si vous les aviez vus Teal’C… Ils étaient tellement heureux…
Quand Jolan est né… Sam a toujours été comme une
mère pour moi… Ici je ne sais plus comment me comporter avec les
uns et les autres, c’est trop compliqué. Je sais que ce n’est
pas eux, pas vous, et pourtant… c’est si facile de confondre, j’ai
tellement… envie de confondre je crois.
- Je comprends. En tous cas c’est un honneur pour moi de faire enfin votre
connaissance, Charlie O’Neill.
- Et c’est un plaisir de vous revoir, Teal’C. Dans mon monde vous
avez vécu et vous êtes mort en héros. On fait un combat
?
Le jaffa haussa un sourcil :
- Un combat ?
- Un entraînement comme… au bon vieux temps. Enfin, pour moi.
- Bien.
Charlie ôta sa veste, se prépara et ils se mirent en position sur
le ring. Teal’C était bien sûr d’une force bien supérieure,
mais il admirait la technique, la souplesse et l’agilité de son
si jeune adversaire. Il le lui dit entre deux échanges :
- Vous êtes un combattant remarquable. Vous êtes digne de votre
père.
- Merci, mais j’ai eu très tôt le meilleur professeur.
- Qui ?
- Vous.
Le jaffa sourit et ils continuèrent l’entraînement.
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Daniel hésita puis se décida
à frapper à la porte. La voix de Janet lui répondit :
- Entrez !
Il pénétra dans la chambre. Janet était assise par terre
et jouait avec Jolan. Elle leva les yeux vers Daniel et sourit. Il sourit en
retour et vint s’asseoir à côté d’elle sur la
moquette. Le petit garçon s’amusait avec un jeu de construction.
Daniel observa les pièces déjà assemblées et murmura
pour Janet :
- Vous croyez que cela peut représenter quelque chose ??
- Bien sûr. C’est sa maison.
Daniel regarda Janet qui se mit à rire. Il rit lui aussi et la jeune
femme enchaîna :
- Tu … Vous savez cela arrive rarement, c’est avant tout un petit
garçon de trois ans.
- Oui, bien sûr… J’ai rencontré un arsiésis,
il était très très avancé pour son âge. Donc
je me demandais…
- Ce n’est pas le cas de Jolan. A priori comme ses parents ont été
des hôtes pendant relativement peu de temps, sa mémoire génétique
est vraiment enfouie au plus profond de son subconscient.
Ils restèrent un moment en silence. Daniel regardait la jeune femme à
la dérobée. C’était la première fois qu’il
voyait Janet avec ses yeux-là, en se disant que dans un autre monde –
plusieurs peut-être – ils s’étaient entendus au point
de vouloir se marier. Janet avait réussi à guérir un autre
Daniel de la mort de Shaa’re. Il observait le profil fin du médecin,
ses yeux bruns et profonds, les mèches châtain qui tombaient sur
son front, s’échappant de son chignon. Il ne pouvait chasser de
son esprit l’instant où il l’avait vue mourir sous ses yeux.
L’instant où Janet Fraiser était morte en sauvant une vie
de plus, après avoir tant de fois sauvé la sienne, à lui.
Daniel réalisa alors que la jeune femme l’observait en souriant
et rougit.
- je suis désolé… C’est… compliqué tout
ça. De savoir…
- Je sais. Croyez-vous que je doive voir Cassie ?
- C’est votre décision Janet. Je connais bien Cassie, et je crois
qu’elle préférerait vous revoir. Elle peut supporter cela,
elle a déjà vécu des choses assez… étranges
avant.
- Oui. Je crois aussi que je voudrais la voir.
- J’en parlerai à Jack.
- Comment va-t-il ?
- Mal je suppose. Mais je n’en suis pas certain, pour savoir ce qu’il
pense celui-là !
Janet rit et secoua ses boucles brunes :
- Je vois que pas mal de choses sont vraiment semblables ici à mon monde
!
- Il est toujours aussi insupportable ?
- Oui, et vous vous adorez toujours autant !
- MOI ???
La jeune femme rit de plus belle, ce qui fit sourire Daniel.
Voir Janet sourire. Voir Janet rire. Voir Janet.
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- Entrez ! rugit O’Neill.
Kawalski entra dans le bureau et Jack sourit instantanément. Ils se regardèrent
un moment puis le major demanda avec un petit sourire :
- Une bière, mon général ?
- Pourquoi pas… J’estime l’avoir méritée. Sortons.
- De Cheyenne Mountain ??
- Oui. J’ai besoin de prendre l’air. De toutes façons à
la moindre chose je verrai le sergent Harriman débarquer dans les dix
secondes.
- Le sergent Harriman ?
- C’est la nounou qu’ils m’ont collée depuis que je
suis général. Ils ne semblaient pas avoir très confiance
en mon sens inné de l’organisation et du respect des horaires.
Jack se leva et attrapa sa veste. Ils sortirent en souriant du bureau.
Ils s’installèrent
dans un bar non loin de la base, à une table isolée dans le fond
de la salle. Jack étendit ses longues jambes et soupira en se massant
la nuque. Kawalski dit en souriant :
- C’est amusant, vous avez l’air plus épuisé nerveusement
que moi. Or ce n’est pas votre monde qui vient d’être détruit.
- C’est vrai, mais mes nerfs sont mis à rude épreuve aussi,
vous avouerez.
- C’est vrai. On trinque ?
- A quoi ?
- A une nouvelle chance ?
Les deux amis se regardèrent, puis Jack murmura :
- Je ne sais pas si vous allez rester ici. Je n’en sais rien.
- Oui. Mais au moins, on a l’opportunité de passer quelques jours
ensemble, c’est déjà pas mal vu les circonstances. Alors,
à une nouvelle chance ?
- A une nouvelle chance Kawalski.
Ils trinquèrent en souriant et sirotèrent leur bière en
silence.
Jack se passa la main dans les cheveux et, évitant soudain le regard
de son ami, demanda doucement :
- Parlez moi de lui. Parlez moi de Charlie.
Kawalski reprit lui aussi une gorgée de bière et, tournant son
regard vers l’extérieur, se mit à raconter :
- C’est un garçon merveilleux. Il est fin, intelligent, et déjà
un excellent soldat. Il faut dire qu’avec des modèles comme Teal’C
et vous, il avait de qui tenir. Il a toujours été très
courageux face à… sa vie. La mort de Sara d’abord. Il a été
la seule chose qui vous – enfin qui a sauvé Jack, je pense. La
seule chose qui faisait revenir Jack de mission. Et puis il s’est installé
au SGC – personne n’a jamais su ce que son père avait dit
au Président pour qu’il accepte un gamin de dix ans au SGC ! Mais
il a été parfait, toujours. C’était un peu notre
mascotte. Daniel, Teal’C et moi veillions sur lui constamment. Et Sam.
Sam a été pour lui une deuxième mère, un lien très
fort les a unis dès le premier jour, quand elle a débarqué
au SGC. Une femme et un enfant dans ce monde d’hommes. Il passait presque
plus de temps que Jack dans le labo de Sam ! Leur mariage et la naissance de
Jolan ont été les plus beaux jours de la vie de Charlie, et Dieu
sait s’il y avait droit. Il a été très courageux
ces derniers jours, quand tout s’est écroulé. Jolan a été
sa seule préoccupation. De toutes façons on ne saura jamais ce
qu’il ressent, il vous ressemble trop pour ça.
Jack avait écouté
en silence, les yeux dans le vague, le visage fermé. Kawalski continua
:
- Jack m’a dit une fois ce qu’il ressentait. C’est le lendemain
de la naissance de Jolan. J’étais venu à la clinique, et
Jack et moi sommes sortis boire un pot – comme aujourd’hui -. Quand
on a quitté la chambre, Sam était dans son lit et discutait avec
Charlie qui tenait Jolan dans ses bras. Jack a souri puis m’a dit qu’il
ne regrettait pas un instant les choix qu’ils avaient faits. Qu’il
avait retrouvé le bonheur grâce à Sam et que passer à
côté aurait été le plus grand échec de sa
vie.
Ils restèrent un instant
en silence, puis Jack murmura :
- C’est pour cela que cela s’appelle les réalités
alternées.
- Je ne la trouve pas si différente de celle que je connais.
- Elle est complètement différente Kawalski. Ici vous êtes
tous morts.
La remarque était sèche,
mais Kawalski connaissait trop O’Neill pour se laisser démonter
:
- Oui, presque toutes les personnes qui peuvent vous dire que vous faites les
mauvais choix sont mortes. On croirait presque que cela vous arrange.
Jack le foudroya du regard et finit
sa bière d’une traite. Kawalski se radoucit :
- Je suis désolé mon général… C’est
juste que… c’est dur d’être ici, de vous retrouver,
vous qui êtes tous si semblables à eux…
- Je sais, c’est dur pour nous aussi. On rentre ?
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Quelques jours plus tard, Daniel
frappa à nouveau à la porte de Janet. Elle l’attendait,
en tailleur, assise sur son lit. L’archéologue s’approcha
doucement et s’assit près d’elle. Elle leva ses yeux bruns
vers lui, ils étaient remplis d’appréhension :
- Vous croyez toujours que c’est une bonne idée ?
- Oui. Et puis vous n’avez plus le choix, elle vous attend.
- Je suis… tellement nerveuse.
- Elle aussi.
- Dans mon monde, quand elle est morte, elle n’était qu’une
adolescente…
- Ici c’est une femme maintenant. Une femme qui n’a jamais cessé
d’aimer sa mère et qui compte bien suivre ses traces en tant que
médecin du SGC !
Janet sourit faiblement. Daniel hésita, puis passa un bras autour de
ses épaules.
- On y va ?
Elle acquiesça et ils montèrent
ensemble les quelques niveaux qui les séparaient des étages autorisés
aux civils. Janet suivit Daniel et l’archéologue ouvrit une porte.
Il sourit à Janet et elle entra dans la pièce. La jeune fille
qui s’y trouvait se leva lentement de sa chaise. Elles se regardèrent
quelques instants, muettes de la même émotion. Puis Janet balbutia
:
- Mon Dieu Cassy que tu es belle…
Cassandra s’approcha doucement, sans quitter Janet du regard. Daniel les
observa un instant en souriant et sortit de la pièce.
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Deux semaines s’étaient
écoulées depuis l’arrivée de Janet, Charlie, Kawalski
et Jolan. Ils logeaient toujours au SGC. Sam et Janet arrivaient assez bien
à gérer la situation de leur côté. Daniel évitait
de passer trop de temps avec le Docteur Fraiser pour ne pas raviver sa peine.
Le médecin et Cassandra se revoyaient assez souvent, ne se lassant pas
de se raconter leurs vies respectives.
Sam passait de plus en plus de temps avec Charlie et Jolan. Elle se sentait
attirée par eux. Elle ressentait le lien étrange qui l’unissait
à l’enfant. Elle avait aussi constaté à bien des
reprises qu’elle s’entendait à merveille avec le jeune homme.
Elle ne pouvait repousser ces deux orphelins qui avaient manifestement besoin
d’elle. Elle ne pouvait pas les repousser et n’en avait pas envie.
Jack était glacial. Avec tout le monde. Il évitait au maximum de croiser les deux enfants – si on pouvait encore considérer Charlie comme un enfant. Il passait ses journées dans son bureau. La paperasse semblait être devenue sa nouvelle passion. Les autres avaient renoncé à essayer de lui parler pour autre chose que le travail. Charlie souffrait en silence, comme Jack.
O’Neill leva les yeux de sa paperasse en entendant frapper. Teal’C entra dans la pièce et se planta devant le bureau du général, les mains dans le dos. Son regard était froid et décidé.
- Euh… Que puis-je pour vous
Teal’C ?
- Il faut en finir O’Neill. Cette situation ne peut plus durer.
Jack soupira et se laissa aller contre le cuir de son fauteuil. Il savait par
expérience que le jaffa ne serait pas aussi facile à contrer que
Charles ou Daniel. Il demanda d’un air las :
- Quelle situation ?
- Le fait que vous ignoriez vos deux enfants.
- Ce ne sont pas…
- Ce sont vos enfants O’Neill. Les tests ADN le prouvent. Ils ont beaucoup
souffert. Les voir souffrir à nouveau, à cause de vous cette fois,
m’est pénible. Très pénible.
Le ton du jaffa aurait glacé le sang de n’importe qui. Jack écarquilla
les yeux : Teal’C était énervé. Très énervé.
Il restait là, impassible, sans un mouvement du visage, mais O’Neill
savait qu’il avait poussé la patience – l’immense patience
– du jaffa à bout. C’était assez rare pour mériter
qu’on s’en préoccupât. Jack répondit d’une
voix douce :
- C’est pénible pour moi aussi Teal’C.
- Je sais. Alors que vous devriez vous réjouir de les revoir ou de les
rencontrer. Alors que vous devriez profiter de chaque seconde avec eux. Que
vous préfériez souffrir encore un peu plus vous regarde, mais
vous n’avez pas le droit de les faire souffrir eux.
- Ecoutez Teal’C…
- Non O’Neill. C’est vous qui allez m’écouter. Vous
allez sortir de ce bureau et parler avec eux. J’ai toujours respecté
votre attitude envers le colonel Carter même si j’avais du mal à
la comprendre. Mais je refuse que vous fassiez souffrir deux enfants par égoïsme.
Le jaffa tourna les talons et quitta le bureau, laissant O’Neill bouche
bée. Jamais Teal’C ne lui avait fait de tels reproches. Jamais
Teal’C n’avait tant parlé, en fait…
Il était rarissime que Teal’C s’énerve. Il était
rarissime que Teal’C parle autant. C’était toujours en dernier
recours. Jack le savait parfaitement.
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Tout n’était qu’un
jeu pour elle. Elle était partie seule, dédaignant d’emmener
la moindre escorte. Elle avait directement rallié la planète d’Olokun
qui était la même que dans sa réalité.
Elle se présenta donc seule au palais du faux dieu qui, intrigué,
accepta de recevoir cette déesse Goa’uld dont il n’avait
jamais entendu parler.
Quand elle entra dans la salle le silence se fit et Olokun se leva lentement de son trône.
Eris avait toujours adoré son hôte. L’apparence qu’Anubis lui avait trouvée était parfaite. Elle avait pourtant craint que la symbiose ne fonctionne pas, étant donné la jeunesse de son hôte.
C’était une jeune fille d’à peu près treize ou quatorze ans, assez petite, avec un corps frêle, menu, juvénile et gracieux. Elle était vêtue d’une tunique noire fendue sur ses jambes fines, retenue aux épaules par deux broches en or. Ses pieds minuscules apparaissaient dans ses sandales d’or fin. Les traits de son visage semblaient d’une finesse toute enfantine, ses lèvres relevées dans une moue boudeuse et attendrissante. Son teint semblait presque translucide, d’une pureté et d’une pâleur quasi diaphane, accentuée par une épaisse chevelure d’un noir d’ébène qui tombait jusqu’au creux de ses reins, retenue par un fin bandeau.
Olokun recula d’un pas
sous le regard de la toute jeune fille.
Ses yeux étaient d’un vert presque transparent pailleté
d’or. De longs cils noirs formaient un écrin pour ces deux joyaux
dorés à présent posés sur le Goa’uld.
Eris inclina la tête et posa un genou à terre, dévoilant par là même une cuisse d’albâtre.
Olokun, hypnotisé, s’avança vers elle et lui tendit une main tremblante. Elle releva son visage et se redressa doucement, tous ses gestes empreints d’une candeur insupportablement mêlée de sensualité.
Il finit par demander :
- Qui êtes-vous ? Que
voulez-vous ?
- Je suis Eris, je sers mon maître Anubis, et je voudrais votre armée.
Un éclair passa dans
les yeux du Goa’uld qui se recula vivement :
- Anubis ? Mon armée ? Qu’est-ce que cela signifie ?? Anubis est
mort, tué par les Tau’ri…
- Pas d’où je viens. J’ai besoin de votre armée pour
servir mon maître. Donnez la moi ou je vous tue.
Le visage sévère
d’Olokun se détendit et il sourit :
- Tu es seule, sans arme, dans mon palais, et tu me menaces, pauvre folle ??
- Je considère cela comme un refus.
La jeune fille leva alors son bras gracile et Olokun fut projeté contre son propre trône où son corps se disloqua.
Les jaffas restèrent un instant tétanisés puis tirèrent sur Eris qui avait déjà enclenché son bouclier et attendit en souriant la fin des tirs. Alors, dans le silence revenu, elle releva le menton dans un geste de défi et déclara :
- Je suis Eris, votre nouvelle déesse. Quiconque ne m’obéira pas subira le même sort que votre ancien maître.
Elle balaya de son regard doré la salle du trône. Un par un, les jaffas mirent un genou à terre et s’inclinèrent devant elle. Souriante, Eris alla s’asseoir d’un pas dansant sur le trône bien trop large pour son corps mince.
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Quand le général
O’Neill arriva dans le mess et se dirigea vers la table où déjeunaient
Charlie, Kawalski, Daniel et Teal’C, le silence se fit. Jack toisa le
jeune homme, cachant sa gêne derrière un visage sévère.
Il demanda :
- Veux-tu m’accompagner quelque part ?
Charlie échangea un regard perplexe avec ses voisins, puis répondit
:
- Oui Mon général.
- Bien. Alors suis-moi.
Le jeune militaire se leva précipitamment et suivit le général
qui s’éloignait à grandes enjambées. Daniel et Kawalski
se regardèrent, surpris. Teal’C esquissa un léger sourire.
Jack et Charlie montèrent
sans un mot jusqu’au parking. Ils prirent la voiture personnelle du général
qui conduisit longtemps. Le jeune homme n’osait rompre le silence, il
se contentait de jeter quelques brefs coups d’œil au profil fin et
sec de son père.
Du double de son père.
Jack gara finalement la voiture dans un quartier pavillonnaire d’une petite
ville. Des enfants jouaient ça et là sur des pelouses. Le général
se tourna lentement vers le jeune homme et murmura d’une voix étonnamment
douce :
- Tu ne pourras pas lui parler. Elle ne devra pas nous voir.
Charlie sentit son cœur se serrer et sa respiration s’accélérer.
Incapable de prononcer un mot, il acquiesça fébrilement. Jack
coupa le moteur et regarda sa montre. Avec un petit sourire nostalgique, il
murmura :
- Elle ne devrait pas tarder…
Comme appelée par cette remarque, une voiture bleue les dépassa
et s’engagea dans l’allée d’une maison, à dix
mètres de là. Charlie sut que c’était elle. Avant
même de la voir il sut que c’était elle. Il cessa de respirer
quand la portière du véhicule s’ouvrit et qu’une femme
en sortit. Sara devait avoir maintenant quarante cinq ans, peut-être plus.
Elle était belle. Ses cheveux clairs, coupés courts, encadraient
un visage aux traits réguliers. Elle portait un jean et une veste légère.
Elle avait gardé une allure athlétique. Elle alla ouvrir le coffre
de la voiture et en sortit des sacs de course.
Jack regardait Charlie. Les traits
du jeune homme étaient sereins. Il gardait les yeux fixés sur
Sara. Sur celle qui, dans ce monde, avait été la mère de
Charlie O’Neill. Elle lui semblait encore plus belle que sur les photos
qu’il avait eues d’elle, les photos qu’il avait du abandonner
quand il avait fui son monde. Quelques minutes plus tard, Sara finit de rentrer
les dernières courses et la porte de la maison se referma sur elle.
Charlie resta encore quelques instants à observer le pavillon, parfaitement
immobile. Jack vit ses yeux briller un court instant mais le jeune homme ne
pleura pas. Le général O’Neill murmura :
- Je ne sais pas si j’ai …
- Si. Tu as bien fait.
Leurs yeux bruns se croisèrent et ils se regardèrent un instant.
Puis Jack remit le contact :
- On rentre ?
- Oui… Mon général.
- Laisse tomber le général. Appelle moi Jack et cesse de me vouvoyer.
- Mais la base….
- Je suis le général de cette base, et j’attends de pied
ferme celui qui aura quelque chose à me dire !
Ils se sourirent puis Charlie demanda :
- Comment savais-tu qu’elle arriverait maintenant ?
Un voile de tristesse passa sur le visage de O’Neill.
- Parce que nous sommes samedi. Elle passe d’abord au marché, tôt,
puis au cimetière. Toujours à la même heure.
- Ah. Tu y vas de temps en temps ?
- Oui. De temps en temps.
Le retour fut plus agréable que l’aller. Jack avait craint que
le jeune homme soit anéanti, furieux de ne pouvoir l’approcher,
mais en fait non. Charlie semblait apaisé, serein. Ils discutèrent
de la base, de la carrière de Jack, de la vie de Charlie au SGC.
Les jours suivants furent bien plus
agréables. Jack s’était détendu, rapproché
petit à petit de ces visiteurs inattendus. La situation restait néanmoins
des plus délicates.
Aucun des adultes ne savait vraiment comment se comporter avec les autres. Chacun
d’eux n’avait qu’une envie : profiter de cette seconde chance
fabuleuse et inespérée de revoir ceux qu’ils avaient tant
aimés et perdus.
Mais chacun savait au plus profond de lui que ce n’était pas eux.
Chacun souffrait. Chacun passait de la joie la plus totale à la souffrance
la plus terrible.
Seul Jolan ne se posait pas toutes ses questions. Son jeune âge lui permettait d’appréhender les choses au jour le jour, sans réaliser que tout ne pourrait certainement pas rester ainsi.
Et en effet tout ne resta pas ainsi. Tout s’effondra.
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« Activation extérieure non programmée, activation extérieure non programmée ».
Jack se tenait à présent
aux côtés de Harriman et demanda avec un soupir blasé :
- Alors, un code cette fois ?
- Non mon général.
- Bon, alors laissez l’iris fermé.
A cet instant le dernier chevron
s’enclencha et le bouclier de titane s’ouvrit. O’Neill fronça
les sourcils et se retourna vivement vers le sergent :
- Walter, je vous ai dit…
- Je n’y suis pour rien… Je… je ne comprends pas…
Jack avait déjà donné un coup de poing sur le signal d’alarme qui résonnait maintenant dans toute la base.
Une grenade à choc Goa’uld
rebondit sur la rampe d’accès, suivie rapidement par deux autres.
Les soldats présents en salle d’embarquement s’écroulèrent.
Quand Jack se redressa, il découvrit derrière la vitre le vortex
ouvert déversant un flot ininterrompu de jaffas. Alors que le lourd rideau
de fer se baissait, il aperçut une jeune adolescente qui sortit à
son tour de la vague bleutée et leva vers O’Neill un regard d’or
pur.
Puis ce fut l’enfer.
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Quand les sirènes retentirent, Sam se trouvait dans son laboratoire avec Daniel. Teal’C, Charlie et Kawalski étaient eux dans la salle de sport et Janet faisait passer à Jolan quelques examens de routine à l’infirmerie.
La voix de Jack retentit dans les haut-parleurs :
- Nous sommes attaqués par des Goa’ulds, tous à vos postes de com…
Sa voix se tut soudainement. Sam et Daniel s’entre regardèrent une fraction de seconde et partirent en courant vers l’armurerie. Tous les gardes couraient dans les couloirs. Le colonel Carter descendit au niveau 21, où se trouvait l’infirmerie, et y fut rapidement rejointe par Teal’C, Charlie et Kawalski. Elle ordonna :
- Janet, garde Charlie et Jolan
avec toi. Daniel et vous, major Kawalski, vous restez avec eux.
Charlie et Kawalski voulurent intervenir mais elle les arrêta d’un
geste et ajouta froidement :
- C’est un ordre.
S’étant lourdement armée, elle repartit en courant avec Teal’C.
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Jack manquait d’armes et d’hommes. La situation était catastrophique. Les jaffas avaient fait sauter plusieurs portes et progressaient assez rapidement. Le général O’Neill se tenait maintenant en embuscade près des échelles avec quelques hommes. Il avait du mal à viser, ses yeux se remettaient mal de la grenade à choc bien qu’il ait eu le temps de plonger derrière le panneau de commande. L’armurerie principale n’était plus accessible. Au milieu du fracas et des détonations, il distingua le grésillement d’une radio et avisa un cadavre à côté de lui, affreusement mutilé par une explosion. Il se saisit de l’appareil et entendit la voix de Sam :
- Ici le colonel Carter ! Répondez
si vous m’entendez !
- Carter, c’est O’Neill !
Le cœur de Sam avait bondi dans sa poitrine en reconnaissant sa voix. Il continua :
- Je suis au niveau 28, les pertes sont très importantes, l’accès à l’armurerie et aux ascenseurs est bloqué ! Je n’ai pas pu activer l’autodestruction mais tous les accès à la base sont verrouillés.
Elle enclencha à son tour la radio :
- Affirmatif, les jaffas ont envahi
les différents niveaux. On vient vous…
- Négatif !!!!! La situation est désespérée ici,
c’est nous qui vous rejoignons !
- Bien reçu, nous sommes au niveau 25.
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Les jaffas avaient pris le contrôle des ascenseurs. Les soldats tentaient vainement de les empêcher d’en sortir. Les couloirs étaient déjà emplis de fumée, du bruit des armes et des sirènes. L’ennemi se répandait dans les étages comme une peste noire.
Daniel et Kawalski se tenaient devant la porte de l’infirmerie, prêts à faire feu si un jaffa entrait, immobiles et silencieux. Une odeur de sang et de poudre montait de toutes parts. L’archéologue jeta un coup d’œil derrière lui : Charlie, armé d’un zat, se trouvait derrière un bureau, terré avec Janet et Jolan. Le médecin avait récupéré un P90. Le petit garçon tremblait de tous ses membres, des larmes silencieuses coulant sur ses joues.
Les bruits des combats se rapprochaient dans le couloir.
Daniel fixait la porte. Il sentait son sang battre dans ses tempes.
Une voix lui parvint, celle de Janet.
Il tourna légèrement la tête et la vit. Elle murmura :
- Je vous en prie Daniel… Faites attention à vous.
L’archéologue resta
pétrifié devant la détresse qu’il lut dans les yeux
bruns. Il la revit, inerte, morte sur un lit de feuilles, loin, très
loin de la Terre. Il balbutia :
- Vous aussi Janet.
Elle acquiesça avec un sourire
triste.
Un bruit de pas se fit entendre qui les rappela à la réalité.
La porte s’ouvrit violemment.
Daniel et Kawalski, d’un même geste, pressèrent la détente et le bruit des rafales emplit la pièce. Les deux jaffas s’effondrèrent, morts. Deux autres entrèrent.
Daniel avait le doigt crispé sur la détente. Les balles fusaient sans discontinuer. Il ne sentait plus son épaule qui encaissait le recul de l’arme. Il tuait, sans s’arrêter, tous les jaffas qui tentaient d’entrer. Sa tête résonnait du fracas des balles et des cris des jaffas qui gisaient à leurs pieds.
Puis plus personne ne passa la porte. Kawalski se précipita pour la refermer mais une grenade à choc glissa à l’intérieur. Daniel n’eut pas le temps de se mettre à couvert et s’effondra, inerte.
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Teal’C et Sam se battaient côte à côte au niveau 25. Ils repoussaient méthodiquement les jaffas, sans avoir besoin d’échanger un seul mot pour se comprendre. Ils avaient été rejoints par le colonel Reynolds et SG3.
Le colonel Carter avait pris le commandement des opérations. Elle avançait dans les couloirs, ses hommes derrière elle, froide et implacable. Elle foulait les corps des jaffas sans un regard. Son visage était éclaboussé du sang des ennemis, maculé de fumée.
Teal’C et elle se heurtaient
à présent à un groupe importants d’ennemis retranchés
près des ascenseurs. Le colonel Carter et l’ancien prima faisaient
feu et se rejetaient en arrière, évitant les coups de lance. Ils
échangèrent un regard et Teal’C dit avec un calme qui contrastait
avec le vacarme du couloir :
- Nous sommes bloqués, ils sont trop nombreux. Impossible d’avancer
davantage dans ses conditions.
Elle réfléchit un instant et posa la main sur l’épaule
du jaffa :
- L’armurerie est toujours accessible, non ?
- Oui.
- Je reviens, tenez bon.
- Bien.
Il fit feu pendant qu’elle partait en courant dans le couloir. Quand elle
revint quelques minutes plus tard, Teal’C la regarda en haussant un sourcil
: la jeune femme était en train de positionner rapidement un bazooka
sur son épaule. Elle échangea un regard avec son ami qui demanda
:
- Vous allez tirer dans le couloir ?
- Vous voyez une autre solution ?
Un léger sourire passa sur le visage fermé de Teal’C :
- Non colonel Carter. J’imaginais juste la tête de O’Neill
quand il verrait les dégâts.
Sam sourit à son tour et fit un signe de tête à Teal’C.
Sortant du recoin où ils se trouvaient, celui-ci tira plusieurs salves
sur les jaffas qui reculèrent. Le colonel Carter en profita pour se précipiter
au milieu du couloir, posa un genou un terre et ajusta rapidement sa cible.
Quand les jaffas ressortirent de leur cachette pour riposter, ils découvrirent
dans l’espace réduit l’ancien prima debout à côté
d’une jeune femme blonde.
Ils n’eurent pas le temps de réagir : Sam fit feu et l’extrémité
du couloir vola en éclat, entraînant la mort d’un grand nombre
de jaffas. Les autres s’enfuirent de l’autre côté.
Alors que Sam posait la lourde arme au sol, respirant difficilement dans la fumée, une voix lui parvint. Sa voix.
- CARTER !!!!! Ne tirez pas.
Elle leva la main et tous ses soldats
s’arrêtèrent immédiatement. Le général
O’Neill déboucha de l’échelle de secours, en sueur,
son arme à la main.
- Mon général ?
O’Neill la regarda un instant, avisa le bazooka à ses pieds, jeta
un coup d’œil sur ce qui restait du couloir du SGC… et sourit
à la jeune femme :
- Carter, rappelez-moi de ne jamais vous refuser une augmentation.
Elle sourit à son tour un
instant. Puis le visage de son supérieur redevint sévère
et il annonça :
- Le niveau 28 est perdu. Où en êtes-vous ?
- Nous tenons ce niveau, mais ils ont toujours les ascenseurs.
Ils restèrent un instant
en silence. La voix de Teal’C s’éleva :
- Ils ne sont pas là pour nous détruire. Ils cherchent quelque
chose.
- Ou quelqu’un… murmura Jack.
Il releva la tête et croisa
le regard de Sam. Terrifiée. Ils réalisèrent tous deux
au même instant la vérité. Elle murmura :
- L’arsiésis… Jolan…
Jack hurla :
- Où est-il ?? Où sont-ils ??
- Niveau 21, dans l’infirmerie avec Charlie, Daniel Jackson, le docteur
Frasier et le Major Kawalski, répondit Teal’C.
O’Neill attrapa sa radio :
- Daniel ?? Kawalski ?? Ici O’Neill, m’entendez-vous ??
Ils attendirent tous, les yeux rivés sur l’objet d’où ne s’échappaient que quelques grésillements. Sam ferma les yeux.
Soudain une voix leur parvint :
- Ici Kawalski… Ils nous ont envoyé une grenade à choc… Je viens juste de me… JOLAN ! Ils ont pris Jolan mon général !!!
La main de Jack se crispa sur la radio.
- Kawalski, ne bougez pas, j’arrive…
- Je vais le récupérer.
- NON ! Kawalski ! Attendez-moi, j’arrive !!!
- Je lui ai promis mon général… Je lui ai promis d’en
prendre soin.
- KAWALSKI C’EST UN ORDRE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
La radio était muette. Jack se retourna vers Sam :
- Colonel, vous restez ici et vous
tenez le niveau avec SG3. Teal’C, avec moi, on descend.
- Mon général !… s’écria Sam
Il se retourna vers elle et la regarda.
Il contempla son visage. Elle l’observait elle aussi, lèvres entre
ouvertes, trop consciente de ce qui allait se passer. Jack murmura très
doucement avec un sourire triste :
- C’est un ordre, Carter. Foutez moi ces serpents dehors.
- Mon général… répéta-t-elle dans un murmure
implorant.
Jack était déjà reparti en courant dans les escaliers, suivi par Teal’C.
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Kawalski avançait seul dans les couloirs. Il avait dévalé les escaliers à toute allure, tuant sans presque s’en rendre compte les jaffas qu’il avait pu croiser.
Son monde n’avait pas été détruit pour rien. Il ne le fallait pas. Cela ne se pouvait pas.
Il se cala dans un angle de mur du niveau 28, près de l’ascenseur, espérant que les jaffas n’étaient pas encore passés avec Jolan, espérant qu’ils aient été retardés par les combats.
Les lourdes portes s’ouvrirent et deux jaffas apparurent. L’un d’eux portait l’enfant inanimé dans ses bras. Kawalski était sûr de lui : il sortit de sa cachette et fit feu. Les deux soldats s’écroulèrent. Il n’avait pas touché Jolan et se précipita vers lui. Il prit doucement la tête de l’enfant dans ses mains et vérifia son pouls. Il le souleva contre lui et, son arme dans l’autre main, repartit vers les escaliers.
Un couloir. Un deuxième. Un troisième. Plus que…
Elle se tenait devant lui, seule, devant l’accès à l’escalier.
Kawalski se figea et sentit son
sang se glacer dans ses veines. Il murmura :
- Eris…
La rafale de P90 rebondit sur le
bouclier. Elle s’avança en souriant :
- Donne moi l’enfant.
- JAMAIS !!!!!!!!! hurla Kawalski en serrant son précieux fardeau contre
lui.
- Alors meurs.
Elle leva la main et Kawalski fut projeté contre le mur.
Eris s’approcha tranquillement du corps disloqué et souleva Jolan qui gisait à terre. Puis elle repartit vers la Porte des Etoiles.
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Quand Jack et Teal’C arrivèrent
quelques instants plus tard en bas de l’escalier, ils faillirent trébucher
sur le corps de Kawalski. O’Neill sentit son estomac se nouer brusquement
et tomba à genoux à côté du major. Celui-ci ouvrit
les yeux, un rictus de douleur déformant ses traits :
- Jack…
- Ça va aller Kawalski, ça va aller…
C’était un mensonge. Un affreux mensonge. La seconde fois qu’il faisait à Kawalski ce mensonge. La seconde fois que Kawalski n’était pas dupe.
- Je suis désolé…
Je n’ai pas pu… Elle l’a emmené… Elle a…
Jolan…
- Ne vous inquiétez pas, on va le récupérer, et vous aussi
vous…
- J’avais promis…
- Et vous avez tenu votre promesse, nous allons le récupérer,
vous avez fait tout ce que vous pouviez.
- Je suis désolé Jack.
La tête du Major retomba,
inerte. Jack serra les dents, se releva soudain et ordonna :
- Teal’C, je vais à la Porte. Vous, sécurisez la zone.
- Bien O’Neill, répondit le jaffa.
Le général O’Neill partit en courant. Teal’C se retourna alors, entendant des pas précipités. Il ne laissa aucune chance aux jaffas qui surgirent devant lui. Il avançait calmement, le bras tendu devant lui, tuant méthodiquement, le visage fermé, implacable.
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Eris allait monter doucement sur
la rampe d’accès. Un jaffa à ses côtés portait
Jolan et demanda :
- Et… les autres jaffas, maîtresse ?
- Aucun intérêt. Qu’ils meurent.
Avec un sourire satisfait, elle
détacha de sa ceinture la télécommande du miroir quantique
et murmura :
- Je vais rentrer chez moi. Mon maître sera content.
A cet instant, le précieux objet explosa dans sa main. Elle cria de douleur et se retourna.
Le sergent Harriman se tenait péniblement debout, derrière le panneau de contrôle, son arme à la main. Le visage si pur de la jeune fille se déforma sous la colère et elle leva la main. Le sergent, bien que s’étant jeté derrière les panneaux de commande, vola avec eux et s’effondra sur le sol.
Eris contempla en tremblant de rage sa main mutilée et les morceaux de la télécommande éparpillés à ses pieds. A cet instant une voix retentit derrière elle :
- N’avancez pas !
Eris fit volte-face et découvrit
le général O’Neill dans l’encadrement de la porte,
son arme pointée sur la Goa’uld. Elle attrapa rapidement Jolan
et mit le corps de l’enfant devant elle. Elle lut l’hésitation
sur le visage de Jack et ordonna au jaffa :
- Tue le.
Avant que le jaffa ait pu faire un geste il s’effondra, touché par un tir de O’Neill. Eris avait enclenché son bouclier et reculait en souriant vers la surface bleutée. Jack avançait vers elle, lentement, son arme toujours levée, cherchant désespérément un moyen de l’arrêter.
Ce fut quand elle arriva en haut
de la rampe et qu’elle le toucha qu’il remarqua le bloc doré
posé près de la Porte. Jack fronça les sourcils et sentit
une peur sourdre en lui. Il croisa à nouveau le regard doré de
la déesse qui murmura avec délectation :
- Adieu, Tau’ri.
Eris passa la Porte des Etoiles,
Jolan dans ses bras.
Jack posa les yeux sur le bloc métallique, crut entendre son nom et aperçut
une fraction de seconde une lumière blanche aveuglante.
La Salle d’embarquement explosa.
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La lumière avait vacillé
dans les étages. Le groupe électrogène de secours prit
le relais et une lumière rouge envahit le SGC.
Sam s’était appuyée contre le mur. Elle fronça les
sourcils et croisa le regard de Reynolds :
- Colonel Carter… C’était…
- Une explosion. Oui.
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Daniel lui-même avait perçu
la détonation qui acheva de le tirer de son évanouissement. Il
se redressa, remettant d’un geste machinal ses lunettes en place. Il regarda
autour de lui et réalisa où il se trouvait. En un instant il fut
sur ses pieds et se précipita derrière le bureau. Janet et Charlie
étaient eux aussi entrain de reprendre péniblement leurs esprits.
Finalement leurs regards se croisèrent et le médecin demanda :
- Jolan… où est Jolan ? OÙ EST JOLAN ?????
Mis à part les corps des jaffas, la pièce était déserte. Daniel avisa une radio et l’enclencha :
- Ici Daniel Jackson, répondez
!
- DANIEL !!! C’est Sam, nous sommes descendus au niveau 26. Où
êtes vous ??? Qui est avec vous ???
- Je suis à l’infirmerie, avec Charlie et Janet qui vont bien.
Où… où sont Kawalski et Jolan ?
Après un silence, la voix
de son amie lui parvint à nouveau, teintée d’une inquiétude
qu’il perçut immédiatement :
- Ils ont pris Jolan. Kawalski, Teal’C et le général O’Neill
sont partis le récupérer.
Daniel blêmit :
- Ce bruit… c’était une explosion ?
- Oui. Restez avec Janet et Charlie, on va aller voir.
- Sam, je…
- Fin de transmission.
Daniel leva lentement les yeux vers Janet et lut la peur sur son visage.
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Débarrasser le SGC des derniers jaffas ne prit pas longtemps. Ils avaient compris qu’ils avaient été abandonnés. Les derniers qui tentèrent de résister étaient maintenant en nombre très inférieur et furent tués rapidement par les soldats qui s’étaient, eux, réorganisés. Une dizaine de jaffas se rendirent.
Les ascenseurs étaient inutilisables. Sam, le cœur battant, dévala l’échelle qui menait au niveau 28 et ouvrit la Porte. Elle recula d’un pas.
Tout était calciné. Une odeur atroce la prit immédiatement à la gorge.
Elle fit un pas dans le couloir
et fut prise d’un violent tremblement. Dans un épais brouillard,
elle perçut la voix de Reynolds qui la suivait :
- Oh Mon Dieu…
Sam se mit à avancer machinalement
dans le couloir dévasté. Ses pieds foulaient des corps impossibles
à identifier, débris d’hommes et de métal. Elle marchait
lentement vers la salle d’embarquement, comme hypnotisée.
Une douleur atroce lui enserrait la poitrine. Elle refusait d’écouter
ce que son esprit lui hurlait.
Les lourdes portes avaient été arrachées de leurs rails. Enjambant cet amas d’acier et de chair, elle entra dans la vaste pièce. Il n’y avait plus rien. Tout avait volé en éclat. Les murs avaient été déformés sous l’impact. La Porte gisait à terre, calcinée. Le sol était jonché de ce qui devait être des cadavres. Les salles de briefing et de commandes avaient été soufflées par l’explosion.
Sam se tenait seule, pétrifiée, immobile dans cet espace d’habitude si animé et soudain dramatiquement silencieux.
Au bout de plusieurs secondes elle perçut une voix dans sa radio et la porta machinalement à sa bouche, sans quitter des yeux le spectacle effroyable qui s’offrait à elle.
- Carter.
- Ici Reynolds… on vient de trouver Teal’C, il est vivant.
- Je… J’arrive.
Elle s’arracha à sa
macabre contemplation et repartit en courant. Elle découvrit les membres
de SG3 administrant les premiers soins à l’ancien jaffa. Celui-ci
était allongé sous des débris, à une dizaine de
mètres de l’autre accès à la salle d’embarquement,
respirant péniblement mais conscient. Sam tomba à genoux à
côté de lui et prit sa large main dans la sienne. Il leva les yeux
vers elle et elle sentit son sang se glacer.
La voix de Daniel retentit derrière elle :
- Sam ! Mais que s’est–il… Mon Dieu Teal’C !!!!
L’archéologue se précipita à son tour vers son ami.
Sam fixait toujours ses yeux bruns dans lesquels il lui semblait lire sa propre
mort. Daniel murmura :
- Teal’C… Où est Jack ?
Le grand soldat ferma les yeux un instant et les posa à nouveau sur le
visage de la jeune femme qui se trouvait devant lui. Il répondit dans
un souffle :
- Il était… Il était dans la salle d’embarquement
quand elle a explosé. Elle a emmené Jolan et a enclenché
une bombe. Je l’ai vue passer la Porte… O’Neill… O’Neill
était trop loin… Je l’ai appelé… Je me suis
rejeté en arrière et… tout a sauté.
Les lèvres de Sam se mirent
à trembler. Daniel observait l’ancien jaffa sans sembler comprendre.
Il balbutia :
- Mais… enfin… Que voulez-vous dire… Ce n’est pas possible…
C’est… Jack…
- Je suis désolé Daniel Jackson… Je suis désolé
Colonel…
L’archéologue tourna
lentement la tête vers Sam. Elle fixait toujours Teal’C, immobile,
pâle comme la mort. Daniel avança une main et lui toucha doucement
l’épaule :
- Sam… Mon Dieu Sam…
Elle se releva lentement et prit
sa radio. Elle ordonna d’une voix totalement neutre :
- Une équipe médicale au niveau 28.
Elle se tourna vers Reynolds :
- Il faut s’assurer qu’il ne reste aucun jaffa et organiser l’évacuation
des blessés.
- Tout à fait. Je vais rassembler les hommes valides et contacter l’extérieur.
Elle acquiesça et se détourna.
Tous la suivirent des yeux sans un mot. Tous suivirent des yeux la mince silhouette
vacillante et soudain fragile qui s’éloignait lentement dans ce
couloir détruit et calciné. Daniel se leva à son tour.
Quand il atteignit à sa suite la salle d’embarquement, l’archéologue
porta la main à sa bouche et sentit ses jambes se dérober sous
lui. Il s’appuya à une cloison et murmura :
- Il était ici… Ce n’est pas possible…
Le colonel Carter se tenait devant lui, parfaitement immobile devant l’immense
carcasse calcinée qu’était devenue la Porte des Etoiles.
Daniel s’approcha doucement :
- Sam…
Elle se tourna vers lui. Les yeux bleus de la jeune femme étaient comme
vidés de toute expression. Elle dit d’une voix irréelle
:
- Il faut organiser les secours.
Daniel la regarda s’éloigner d’un pas d’automate. C’est
seulement alors qu’il tomba à genoux en pleurant.
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L’archéologue était remonté à l’infirmerie retrouver Janet et Charlie. Quand ils l’avaient vu, immobile dans l’encadrement de la porte, le médecin et le jeune homme s’étaient levés lentement. Janet avait murmuré :
- Daniel… Que se passe-t-il
?
- Ils ont enlevé Jolan… Kawalski… est mort… et…
et….
Il porta ses grands yeux bleus sur
Charlie, incapable de prononcer un mot de plus. Le jeune homme pâlit et
balbutia en reculant contre le mur :
- Non… non… Pas lui…. Ce n’est pas possible… Pas
encore…
La mâchoire de Daniel trembla à nouveau. Janet porta la main à sa bouche pour étouffer un gémissement et Charlie s’effondra en hurlant sur le sol. Daniel se précipita vers un évier alors que son estomac se tordait de spasmes.
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Sam n’arrêtait pas. Elle était, avec Reynolds, la plus gradée parmi les rescapés et avait pris avec le leader de SG3 les opérations en main.
La femme en elle était morte. Morte devant la carcasse calcinée de la Porte des Etoiles, morte quand elle avait réalisé ce qui était vraiment arrivé. Morte quand elle avait réalisé ce qu’il LUI était arrivé.
La femme était morte. Le soldat était plus efficace que jamais.
Son cerveau se concentrait entièrement sur les problèmes soulevés par l’urgence de la situation, ignorant les appels désespérés de son cœur.
En quelques heures elle avait organisé des équipes, réparti les tâches, préparé l’évacuation des blessés, mis en place un hôpital de campagne, demandé une évaluation des dégâts. Le SGC était toujours isolé de la surface.
Janet s’occupait des blessés, au nombre desquels se trouvait le nouveau médecin du SGC, le docteur Brightman. Teal’C avait eu de la chance et se remettrait rapidement des ses nombreuses contusions et de ses brûlures. Le sergent Harriman avait été découvert miraculeusement encore en vie mais ses blessures étaient très graves et il ne reprenait pas connaissance. Charlie s’était enfermé dans un mutisme total mais participait lui aussi avec Daniel aux opérations.
Quand les colonels Carter et Reynolds furent certains que plus aucun jaffa n’était en liberté dans le complexe, ils décidèrent de permettre l’accès de la base aux équipes de secours qui attendaient à l’extérieur.
La jeune femme, qui se trouvait
alors à genoux dans les ruines de la salle de commande avec Siler en
train de faire le point sur ce qui pouvait être récupéré
à courte échéance, sentit une main se poser sur son épaule
et se retourna.
Daniel, Teal’C et Reynolds se trouvaient devant elle, le visage sombre.
La voix douce de l’archéologue s’éleva :
- Sam… Il faut joindre le Président. Il faut appeler Hayes.
- Appeler le Président, bien sûr…répéta-t-elle
machinalement en se levant.
Sam réalisa alors ce que
signifiait appeler Hayes et les trois hommes virent l’horreur dans ses
yeux bleus. Elle recula d’un pas. Le colonel Reynolds ajouta :
- Je peux le faire si vous le souhaitez.
Elle se redressa et passa la main
sur son front pâle :
- Non… non… ça va aller… Je dois le faire. La ligne…
?
- … est réparée. Le téléphone est toujours…
- Je sais où est le téléphone, répondit-elle froidement
à Daniel.
L’archéologue ferma les yeux un instant et ils la suivirent dans
les ruines de la salle de briefing, vers le bureau. SON bureau.
Sam ne put empêcher son corps
de trembler quand elle pénétra dans cet espace qui avait été
à lui. La vitre avait été soufflée et la bibliothèque
s’était écroulée. Le bureau avait été
remis plus ou moins à sa place. Elle ferma les yeux, prit une grande
inspiration et se saisit du téléphone rouge qui avait été
rebranché par Siler et placé sur des caisses. Elle décrocha,
enclencha le haut parleur et demanda d’une voix à nouveau calme
:
- Le colonel Carter en ligne, je dois parler au Président.
Une voix de femme annonça qu’elle était immédiatement
mise en ligne. Quelques secondes plus tard, la voix de Hayes, teintée
d’une profonde inquiétude, résonna dans la pièce
:
- Colonel Carter ? Mais bon Dieu que s’est-il passé ??
- Nous avons été attaqués par un Goa’uld inconnu.
Pour une raison encore indéterminée l’iris s’est ouvert
et les jaffas ont investi la base. Ils venaient pour enlever l’enfant.
- Ah oui, l’arsiésis, votre…
- Oui Monsieur, l’arsiésis, le coupa-t-elle.
Après un silence, Hayes demanda :
- Mais colonel… Pourquoi est-ce vous qui m’appelez ? Où est
le général O’Neill ?
Sam eut l’impression qu’on broyait son cœur dans un étau
et se mordit la lèvre. Daniel serra le poing.
- Colonel ??
- Le général O’Neill est porté disparu dans l’explosion
de la salle d’embarquement, Monsieur le Président, annonça-t-elle
d’une voix blanche.
- Oh Mon Dieu…
- Le colonel Reynolds et moi-même avons pris la tête des opérations
en attendant les renforts. Nous pensons que la base est sécurisée
et peut être rouverte.
- Bien… bien… Laissez moi réfléchir une minute.
- Oui Monsieur le Président.
Elle regarda à nouveau les trois hommes qui la fixaient toujours avec
une tristesse immense. Incapable de soutenir leur regard elle baissa les yeux.
Les cadres brisés jonchaient le sol. Le regard de la jeune femme s’arrêta
sur un morceau de photo calciné où on le devinait encore, souriant
debout près d’un avion. Elle tendit machinalement une main tremblante
pour la ramasser. A cet instant la voix de Hayes retentit à nouveau et
elle sursauta, se redressant brutalement.
- Colonel, voilà ce que je vous propose : je vais rappeler le général
Hammond.
A l’évocation de son ancien supérieur, le cœur de Sam
se desserra légèrement, mais elle répondit, fronçant
soudain les sourcils :
- C’est une excellente idée Monsieur, mais il est actuellement
sur le Pro…
- Je sais. Je vais le faire rappeler, mais cela prendra plusieurs jours, vous
le savez mieux que moi. C’est pour cela qu’en attendant je vous
confie le commandement du SGC.
Sam blêmit et balbutia :
- Monsieur, le colonel Reynolds…
- … est un excellent élément. Mais vous faites partie de
SG1 et vous avez plus d’ancienneté à la base. Je préfèrerais
que ce soit vous. Je pourrais aussi vous envoyer un bureaucrate pour assurer
l’intérim, mais je pense que le personnel du SGC doit avoir besoin…
de têtes connues dans ces circonstances tragiques. Qu’en pensez-vous
Colonel Carter ? Vous en sentez-vous capable ?
Elle leva les yeux vers Reynolds qui acquiesça silencieusement et sourit
pour la rassurer. Teal’C et Daniel acquiescèrent à leur
tour. Forte du soutien de ses amis, elle répondit :
- Oui Monsieur. J’accepte le commandement de la base en attendant le retour
du général Hammond.
- Bien. Si vous jugez que tout est rétabli, vous pouvez lever le blocus.
Nous vous avons envoyé tous les moyens nécessaires. La Porte est…
?
- Inutilisable pour un long moment, si elle est réparable un jour.
- Bien. Colonel…
- Oui Monsieur le Président ?
- Je suis conscient de votre… profond respect pour le Général
O’Neill. Je sais que vous serez à la hauteur de ce qu’il
aurait attendu de vous. Bon courage.
- Merci, Monsieur le Président.
Elle raccrocha le téléphone
d’une main tremblante. Ils restèrent parfaitement silencieux quelques
secondes, puis Teal’C dit :
- Le Président Hayes a trouvé la bonne solution. Vous pouvez compter
sur notre soutien.
Sam releva la tête, leur fit un petit sourire triste, et quitta rapidement la pièce. Ils la suivirent.
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Quand le général Hammond arriva, quelques jours plus tard, le personnel l’accueillit dans le plus profond silence. Il ne dit pas un mot. Il resta plusieurs minutes immobile, observant la salle d’embarquement maintenant totalement en travaux, la Porte remise debout sur laquelle s’affairaient des dizaines de techniciens. Il échangea un long regard avec le docteur Frasier et ce jeune homme qu’il n’aurait jamais espéré connaître. Ce jeune homme qui LUI ressemblait tant et qui portait dans ses yeux bruns toute la douleur de deux mondes.
Il hocha doucement la tête
et regagna le bureau, suivi par SG1. Il caressa du bout des doigts la surface
lisse des nouveaux meubles et jeta un coup d’œil derrière
lui : Sam gardait les yeux obstinément fixés sur le sol devant
elle. Hammond, sans s’asseoir dans ce fauteuil qui n’était
plus le sien, murmura seulement :
- Colonel, où en est-on ?
- Comme vous avez pu le voir, les travaux avancent mais il reste beaucoup à
faire. Les fonds ont été débloqués immédiatement
par le Pentagone mais ils refusent de refaire fonctionner la Porte tant que
nous ne savons pas pourquoi l’iris a pu être actionné de
l’extérieur. Nous y travaillons mais n’avons pas de réponse.
- Bien. Les victimes ?
- Nous avons presque fini l’identification de tous les corps mais certains
restent non identifiables à cause de la violence de l’impact. Le
labo renverra les résultats dès que possible.
La voix de Sam tremblait légèrement. Seules les trois personnes
qui étaient dans la pièce auraient pu le percevoir. Et une quatrième
qui n’y était plus. Hammond ferma les yeux et hocha la tête.
Le colonel Carter continua :
- L’enfant a été enlevé. Comme vous le savez, le
Prométhée a pu contacter un vaisseau Tok’ra pour leur demander
de l’aide.
- Bien. Autre chose ?
Sam leva les yeux vers Daniel qui s’avança :
- Monsieur, nous avons une requête. Comme vous le savez, Jolan était
arrivé avec le docteur Frasier et Charlie O’Neill.
Hammond acquiesça doucement, un voile de tristesse passant à nouveau
sur son visage.
- Les quartiers ont été totalement détruits. Je me proposais
donc d’héberger à titre temporaire le docteur Frasier et
Teal’C, et Charlie aurait pu rester chez le colonel Carter. Il était
très proche de… son double.
- Cela me convient parfaitement.
- Merci.
Daniel et Teal’C allaient sortir quand le jaffa se tourna à nouveau
vers Hammond et dit :
- Je suis heureux de vous retrouver, général Hammond. Je suis
navré que cela soit dans de si pénibles circonstances.
- Moi aussi Teal’C.
Ils sortirent tous deux. Sam attendait que Hammond lui permette de quitter le
bureau, mais il gardait ses yeux tristes fixés sur la jeune femme. Elle
sentit un malaise l’envahir petit à petit. Le général
murmura finalement :
- Est-ce que ça va ?
- Le personnel s’en remettra Monsieur. Cela sera long, mais ce sont tous
des…
- Non Sam. Je parlais de vous. Je vous demandais comment vous alliez, vous.
Elle leva vers lui ses yeux bleus si transparents tout à coup. Elle ne
répondit pas. Hammond continua :
- Je sais Sam. J’ai toujours su. Je sais que la douleur que nous ressentons
tous à sa disparition n’est rien comparée à la vôtre.
Elle resta immobile, silencieuse. Seul le léger tremblement de ses lèvres
fines trahissait le désespoir qui habitait tout son être. Le général
demanda :
- Depuis combien de temps n’avez-vous pas dormi ?
- Je… Je ne sais pas mon général.
- Allez vous reposer. Sortez de cette base, rentrez chez vous.
- Mais, mon…
- C’est un ordre. Vous faites peine à voir, vous êtes épuisée.
Je m’occupe de tout ici.
- Bien mon général, répondit-elle dans un souffle.
Elle quitta la pièce, paniquée. Sortir. Remonter à la surface. Respirer, vivre. Sans lui.
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Elle éteignit le moteur
et se tourna vers Charlie. Il regardait droit devant lui, ses yeux vides de
toute expression. Elle se demanda une fois de plus si elle avait bien fait.
Il était évident qu’elle était la seule présence
que le jeune homme semblât supporter.
Mais elle, supporterait-elle d’avoir à ses côtés ce
vivant portrait du disparu ? Supporterait-elle de croiser son visage dans sa
propre maison ?
Elle secoua la tête pour tenter vainement d’en chasser à
nouveau son image et sortit de la voiture. Elle installa Charlie dans la chambre
d’ami. Elle agissait machinalement, faisant sans y penser les gestes habituels
: faire quelques courses, ranger son paquetage, arroser les plantes… Le
jeune homme visitait la maison en silence. Quand Sam entra dans le salon, il
était debout face à la cheminée. Sam sut immédiatement
ce qu’il regardait et s’approcha lentement jusqu’à
se tenir à côté du jeune homme.
La photographie datait des quelques
années maintenant. Datait de l’époque où SG1 comptait
quatre personnes. Sam se tenait entre Daniel et Jack. Teal’C était
debout près du colonel O’Neill, droit comme un i, les mains croisées
derrière le dos.
Ce n’était pas la bonne photo. La bonne photo, la photo officielle,
trônait jadis dans le bureau du général. Ils y étaient
tous les quatre fiers, sérieux, avec le regard détaché
de ceux qui sont habitués à sauver le monde…
Non, cette photo là, qu’elle chérissait, était officiellement
ratée. A cause de LUI, qui avait sorti une énième bêtise.
Bêtise qui avait une fois de plus fait bondir Daniel, figé en plein
éclat, manifestement outré, bouche ouverte et bras levé.
Même Teal’C esquissait un sourire. Sam riait, les yeux plissés
tournés vers Jack. Jack qui était content de lui. Jack qui la
regardait, le sourire aux lèvres, heureux. Heureux de l’avoir faite
rire car, après tout, faire rire Samantha Carter était la chose
la plus importante au monde, bien plus importante que de vaincre les Goa’ulds.
Cette photo ratée qu’elle contemplait maintenant aux côtés de Charlie dans un silence de mort. Ces sourires qui, quelques jours plus tôt, lui réchauffaient le cœur quand elle posait ses yeux bleus dessus. Ce sourire qui maintenant faisait sourdre en son cœur un froid glacial.
Elle sentit le regard du jeune homme et leva la tête. Leurs yeux se croisèrent. Ils restèrent parfaitement immobiles, figés dans une même souffrance.
La sonnerie du téléphone
retentit. Une fois. Deux. Trois. Quatre. Cinq…
Elle se dirigea vers l’appareil et décrocha. Une voix d’homme
lui parvint :
- Sam ? Ah enfin tu es rentrée
! Sam ?
- Oui… ?
- C’est moi, Pete !
Pete… Ce nom résonna
à son oreille mais elle ne réagit pas. Il continua :
- J’étais inquiet, tu devais rentrer il y a plusieurs jours…
Sam, ça va ?? Sam ??
- Ecoute… non… je ne…
- Ok, j’ai compris, gros coup de cafard. Je viens de finir mon service,
j’arrive. Je t’aime.
- Non, je…
Il avait raccroché. Elle reposa le combiné. Il arrivait. Après tout, quelle importance ?
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Quand la sonnette retentit elle
se dirigea vers l’entrée d’un pas lent et Charlie se leva
du canapé. Elle ouvrit la porte et le sourire de Pete disparut immédiatement
de son visage :
- Mon Dieu, Sam… qu’y a-t-il ???
Elle s’effaça pour laisser passer cet homme qu’elle devait
épouser et qui soudain lui semblait totalement étranger. Elle
récita à nouveau les paroles qu’elle avait déjà
prononcées tant de fois :
- Il y a eu un grave accident à la base. Nous avons eu de nombreuses
pertes humaines et nous sommes restés en isolement depuis.
- Je suis… désolé… Est-ce que Daniel va bien ?
- Oui, Daniel et Teal’C vont bien mais… mais…
Et tout à coup c’était
fini. Tout à coup c’était trop. Tout à coup son corps
et son cœur se brisèrent. Elle éclata en sanglots, des rivières
de larmes coulant soudain sur ses joues creusées et pâles. Pete
resta figé, bouche bée, incapable de réagir devant ce torrent
d’émotion déferlant de celle qu’il avait toujours
vue si maîtresse d’elle-même.
Elle partit en courant et la porte de sa chambre claqua. Pete découvrit
alors un tout jeune homme qui l’observait silencieusement dans l’embrasure
du salon.
Le policier balbutia :
- Qui… Qui êtes-vous ?
- Je suis Charlie O’Neill.
- O’Neill… répéta machinalement Pete.
- Je suis le fils de Jack O’Neill.
- C’est le général, le supérieur de Sam, c’est
ça ?
- Oui.
La voix et le regard de Charlie
étaient glaciaux. Pete se sentait de plus en plus mal à l’aise.
Une crainte naissait en lui sans qu’il pût comprendre à quoi
elle correspondait. Les yeux noisette de Charlie ne le quittaient pas, sévères
et tristes à la fois. Le fiancé de Sam demanda :
- Pourquoi est-elle dans cet état là ? Je ne l’ai jamais
vue…
- Il est mort. Jack est mort.
- Mort ?? Et vous… je suis désolé, j’ignorais…
- Il est mort. Voilà pourquoi elle est dans cet état là,
voilà pourquoi vous ne pouvez rien y faire.
- Je ne peux… mais... c’était juste son supérieur.
Un sourire empreint de mépris
et de pitié naquit sur les lèvres fines de Charlie qui demanda
doucement :
- Juste son supérieur ? Vous croyez vraiment qu’elle serait dans
cet état s’il avait été « juste son supérieur
» ?
Pete avait avancé lui aussi jusqu’à l’entrée
du salon. Il fronça les sourcils et ses yeux s’arrêtèrent
sur la photo, qu’il sembla soudain voir pour la première fois.
Charlie s’effaça pour le laisser passer et le policier prit dans
une main tremblante le cadre de verre.
Il leva les yeux vers le jeune homme et lut sur son visage la confirmation de
ses craintes. Tout était clair. Tout était soudain si clair, si
limpide, si évident. Il reposa la photo et murmura :
- Elle… Elle ne m’a pas…
- Non. Vous la connaissez.
- Oui… Elle s’en sortira ?
- Je ne sais pas.
Sans un mot de plus, Pete tourna
les talons. Charlie était toujours debout face à la photo quand
il entendit la porte d’entrée se refermer.
Un sentiment de honte l’envahit : il les avait réunis. Mais trop
tard. Et maintenant que ce Pete était parti, il n’y avait vraiment
plus personne pour consoler Sam.
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Elle avait pleuré longtemps. Des larmes de colère, de rage. Elle avait hurlé même, hurlé dans cette chambre vide et sombre.
Elle avait toujours su ce qu’elle risquait, elle avait frôlé cette situation tant de fois déjà. Tant de fois où ils avaient failli mourir, lui, elle, eux deux.
Tant de fois où ils avaient survécu. Tant de fois où ils avaient eu une autre chance. Tant de fois où ils l’avaient gâchée.
Et maintenant c’était fini. Plus d’autre chance. Plus d’espoir, plus de question sur ce qu’elle ressentait elle, sur ce qu’il ressentait lui, sur ce qui pouvait se passer, ou pas, ou peut-être…
Plus d’avenir. Plus rien. Que le vide immense qu’elle sentait au creux de son être.
Ils avaient tout gâché. Tout. Ce n’était même pas la mort qui avait tout gâché, tout détruit, c’était eux.
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Charlie n’avait pas pleuré. Il n’avait plus de larmes à verser. Il était resté, des heures, assis en silence sur ce canapé, à écouter les sanglots étouffés de Sam dans sa chambre. Puis elle se tut, longtemps après. Alors le jeune homme se leva lentement et alla entre ouvrir la porte.
L’épuisement avait eu finalement raison de Sam et elle s’était endormie toute habillée, contre un oreiller baigné de larmes. Son corps mince était recroquevillé, ses poings serrés dans son sommeil. Charlie s’approcha et ramena doucement la couverture sur elle. Puis il sortit et alla s’allonger sur son lit. Il passa la fin de la nuit à observer le plafond blanc, immobile et seul.
Jolan avait disparu. Il était loin de chez lui, seul. Si seul. Orphelin pour la deuxième fois. Devant assister à cela pour la deuxième fois. Jack était mort.
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- Salutations, O’Neill.
Ses paupières closes se crispèrent sous la douleur lancinante de son crâne. Il ouvrit très doucement les yeux, ébloui par la lumière pourtant tamisée de la salle du vaisseau.
Il cligna des yeux plusieurs fois,
se redressa lentement sur un coude et découvrit devant lui la petite
silhouette familière du Commandeur de la flotte Asgards. Jack grommela
:
- C’est ça, bonjour aussi Thor… Laissez moi juste une minute,
ok ?
- Bien.
Il s’assit doucement et resta
immobile quelques instants, le temps que la douleur lancinante dans ses tempes
s’atténue suffisamment. Puis il se redressa enfin et sortit du
caisson où il se trouvait. Il demanda :
- Euh… Ce n’est pas que je ne sois pas content de vous voir, c’est
toujours un plaisir hein… Mais… Je suis où là ?
- Vous êtes à bord de mon vaisseau depuis maintenant six de vos
journées, O’Neill.
Jack écarquilla les yeux :
- Six de nos …. ?
Tout lui revint en mémoire
dans un flash : l’arrivée des quatre, l’attaque, la Porte…
Il blêmit et murmura :
- Le SGC, est-ce que…
- D’après mes informations le SGC a été sauvé.
Mais Eris a enlevé l’enfant.
O’Neill ferma un instant les yeux. Le Asgard continua :
- Ceux que nous connaissons semblent être vivants, par contre ils vous
croient mort.
- MORT ??
- Oui, dans l’explosion. Je suis désolé.
- Mais je ne suis pas mort… Non ?
Il commençait à douter, et tout s’embrouillait dans sa tête
encore douloureuse.
- Non. J’ai pu vous télé porter à temps. Par contre
je suis arrivé trop tard pour l’enfant à quelques instants
près. Et nous avons du quitter immédiatement votre système
solaire, donc je n’ai pu envoyer un message pour prévenir que vous
êtes en vie.
- Pourquoi avons-nous du partir ?
- Pour ça.
Une image irréelle apparut
sur l’immense écran translucide. Jack y reconnut la représentation
de deux vaisseaux, l’un derrière l’autre. Il fronça
les sourcils :
- Les réplicateurs, c’est ça ?
- Oui. Ils ont pris en chasse ce vaisseau, qui est le dernier de notre flotte,
peu avant mon arrivée dans votre système solaire et je n’ai
donc eu qu’une très faible marge de manœuvre.
- Le dernier vaisseau de votre flotte ? Waou, quel honneur, murmura Jack en
regardant autour de lui.
Il ne voyait aucune différence.
Thor expliqua :
- Ce vaisseau est le fleuron de notre technologie. Nous l’avons voulu
à la fois intelligent et… esthétique diriez vous.
- Et vous l’avez appelé ?
- Le Samantha Carter.
Jack sourit et murmura :
- Intelligent et esthétique… Vous ne pouviez lui trouver un meilleur
nom.
- Merci.
- Essayez juste de le garder opérationnel plus longtemps que le O’Neill…
L’alien pencha doucement la
tête. Jack étira ses muscles engourdis et demanda :
- J’étais blessé ?
- Oui, assez gravement. Principalement par le début du souffle de l’explosion.
Un millième de seconde plus tard et…
- Ok, ça va, j’ai compris. Merci encore une fois, acheva Jack avec
un sourire.
Le général se tourna vers l’une des gigantesques baies vitrées
et observa quelques instants les éclats irisés du couloir d’hyper
espace. Puis il demanda à nouveau :
- Où allons-nous Thor ?
- Nous rentrons.
Jack se retourna brusquement :
- Nous rentrons ?? Mais… chez vous ou chez moi ??
- Chez vous. Nous y serons dans quelques jours mais avant nous devons retrouver
un autre vaisseau de la flotte pour nous débarrasser des réplicateurs,
cela devrait être cette fois-ci assez facile. Je devais retrouver l’enfant
avec vous, mais j’ai échoué.
- Vous deviez… Mais pourquoi ? En quoi Jolan vous intéresse-t-il
? Qui vous a demandé cela ?
- L’enfant – votre fils – est beaucoup plus important que
vous ne le pensez. C’est le conseil des Anciens qui a fait appel à
nous, par l’intermédiaire d’un membre que vous devez connaître
: Oma Dessala.
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Daniel décrocha le combiné
:
- Allo ?
Une voix à peine audible, un murmure en fait, lui parvint.
- Daniel ? C’est moi.
- Sam ?? Que puis-je faire pour vous ?
- Est-ce que… est-ce que tout se passe bien ?
Daniel jeta un coup d’œil
à côté de lui. Janet achevait de boire une tasse de café
et Teal’C se tenait debout devant la porte fenêtre. Ils n’avaient
quasiment pas dormi. L’archéologue avait passé la nuit à
discuter avec Janet qui ne se pardonnait pas d’avoir perdu Jolan.
Teal’C et Daniel avaient eux perdu leur meilleur ami. Leur frère.
Daniel soupira :
- Tout… se passe. Et vous Sam ?
Le silence lui répondit. Il la devina en train de lutter contre l’envie
de s’effondrer en larmes. Elle balbutia :
- Est-ce que… est-ce qu’on peut venir ? Ici c’est…
insupportable.
- Bien sûr. On vous attend.
- Merci.
Daniel raccrocha et leva ses grands
yeux bleus vers ses deux invités forcés. Teal’C s’était
retourné vers lui. Daniel se contenta de dire :
- C’est Sam. Ils arrivent.
L’ancien prima et le médecin acquiescèrent douloureusement.
Moins d’un quart d’heure plus tard, Charlie et le colonel Carter se tenaient sur le seuil de l’appartement de Daniel. Ils passèrent la journée tous ensemble, sans presque parler. Qu’y avait-il à dire ?
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Janet était sortie depuis
un moment seule sur le balcon. Le jour commençait à décliner
et baignait la terrasse dans une torpeur orangée. Elle sentit sa présence
avant même de le voir. Elle demanda :
- Comment… Comment est-elle morte ? Mon double… votre Janet.
Daniel ôta un instant ses
lunettes, se frotta les yeux et s’accouda à la balustrade. Il garda
son regard bleu fixé au loin et murmura :
- Lors d’une mission stupide. Une équipe SG a été
attaquée par des jaffas et l’un des hommes a été
blessé. On nous a envoyés, avec d’autres, sur le terrain.
Je suis resté avec Janet, nous nous occupions du blessé. Il était
grièvement touché, il était sûr de ne pas s’en
sortir. Il allait être papa. Alors Janet l’a soigné, moi
je l’assistais comme je pouvais. Le soldat m’a demandé de
le filmer, pour qu’il puisse dire adieu à sa femme. C’est
là que c’est arrivé. Un tir isolé, perdu. Janet a
été touchée de plein fouet. Elle est morte sur le coup.
Et moi… et moi je filmais. J’ai filmé sa mort. Elle était
à mes côtés, elle le soignait, le réconfortait…
et tout à coup plus rien.
La mâchoire de Daniel était crispée. Ses yeux étaient
sombres. Il fixait un point invisible sur l’horizon doré. Il sentit
une main sur son bras. Une main minuscule, fine, douce. Il tourna la tête
vers elle. Les yeux bruns de Janet étaient embués de larmes. Il
détailla en silence son teint transparent, ses yeux à la fois
si pétillants de vie et si tristes en cet instant, son nez fin, ses pommettes
légèrement saillantes, ses lèvres délicates d’un
rouge sombre. C’était Janet. Il ne lui manquait que le sourire.
Elle demanda doucement :
- Et le soldat ? Il s’en est sorti ?
- Oui. Elle l’avait sauvé. Il a eu une adorable petite fille qu’il
a prénommée Janet.
Un mince sourire passa sur le visage du médecin, qui murmura :
- Alors elle a de la chance. Elle est morte en sauvant une vie, en accomplissant
son métier. Elle est morte en ayant vu grandir Cassandra. Elle est morte
près de vous. Je l’envie tellement en cet instant.
Ils se regardèrent en silence. Puis Daniel tendit lentement la main vers elle et l’attira à lui. Elle se blottit contre sa poitrine et il l’entoura de ses bras, la serrant contre lui dans le crépuscule.
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Sam, Daniel, Teal’C, Janet et Charlie étaient retournés au SGC dès le lendemain. Hammond avait cédé, comprenant que le travail seul leur permettrait peut-être de ne pas sombrer.
Jacob Carter avait presque immédiatement répondu à l’appel de la Tau’ri. L’ancien général avait rallié la Terre grâce à un vaisseau cargo jusqu’à la zone 51, puis avait pris un avion militaire. Il savait seulement que le SGC avait été attaqué par un Goa’uld appelé Eris, que les dégâts étaient immenses, et que Jack était mort. Le choc de la nouvelle avait fait place à une terrible inquiétude. Pour Sam.
Alors qu’il descendait de l’appareil, il distingua quelqu’un qui s’avançait sur le tarmac.
Le cœur de Jacob se serra violemment dans sa poitrine quand il réalisa que c’était sa fille qui venait à lui.
S’il avait encore eu le moindre doute sur ce qu’elle avait éprouvé pour le général O’Neill, celui-ci se serait envolé dans l’instant. Elle était livide. Ses joues étaient creusées, amaigries. Son visage était dévasté par le chagrin et la fatigue. Ses yeux étaient vides. Ses magnifiques yeux bleus étaient vides. Eteints.
Elle s’arrêta devant
son père, à la fois droite et fragile dans son uniforme. Il balbutia
:
- Mon Dieu Sam…
Il passa ses bras autour d’elle
et l’étreignit longuement, comme s’il voulait faire passer
en elle un peu de sa force et de celle de Selmak. Il s’écarta finalement
et la regarda avec tristesse. Elle luttait contre les larmes, se mordant la
lèvre. Elle murmura :
- Viens, je t’emmène à la base.
- Je te suis.
Ils quittèrent en silence l’aéroport.
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- Je suis désolé de ne pouvoir vous aider davantage. Nous n’avons aucun renseignement actuellement concernant cette Goa’uld.
Jacob se tut et Hammond hocha la
tête. A l’exception de Charlie, ils se trouvaient tous en salle
de briefing à la demande du général. Daniel prit la parole
:
- Eris est le nom d’une déesse de la Grèce antique, la déesse
de la Discorde. Pour vous situer, c’est elle qui fut la cause initiale
de la fameuse guerre de Troie : elle avait déclenché une querelle
entre trois déesses majeures, Athéna, Héra et Aphrodite,
ce qui a ensuite entraîné la guerre. Dans la mythologie, elle est
la sœur et compagne d’Arès, dieu de la guerre. Elle fait partie
des filles de la Nuit, déesses qui semblent mineures mais en réalité
primordiales. C’est malheureusement tout ce que j’ai, je fais des
recherches mais elle est très peu mentionnée et semble totalement
absente du monde Goa’uld que nous connaissons.
- Merci Docteur Jackson. Docteur Frasier ?
- Je n’en sais pas beaucoup plus. Daniel travaillait dessus dans mon monde,
il cherchait le moyen de la vaincre. Elle semblait liée à Anubis,
elle était toujours à ses côtés, dans l’ombre.
Je ne sais rien de plus.
La voix du colonel Carter s’éleva alors :
- J’ai enfin réussi à récupérer la bande d’une
des caméras de contrôle.
Daniel demanda d’une voix blanche :
- Est-ce qu’on assiste à… ?
Sam le coupa d’une voix tranchante :
- On ne voit que l’arrivée des jaffas, après tout est irrécupérable.
Après un bref silence ils se tournèrent vers l’écran
sur lequel apparut la salle d’embarquement. Puis l’activation, les
grenades à choc, l’éclair, et les jaffas qui s’engouffraient
dans le SGC.
Ils observaient la scène dans un silence de mort. Enfin Eris apparut
et descendit lentement la rampe d’acier. Sam mit la cassette en pause.
La toute jeune fille était parfaitement visible sur l’écran,
l’image même de la candeur et de la fragilité dans ses vêtements
fluides.
La voix de Teal’C s’éleva :
- C’est impossible. Elle ne peut pas être un Goa’uld.
- Et pourquoi donc, Teal’C ? demanda Hammond.
- Son hôte est beaucoup trop jeune, il n’aurait jamais supporté
l’implantation.
- Je suis d’accord avec Teal’C, intervint Selmak.
Sam ne répondit pas. Elle se contenta d’avancer l’enregistrement de quelques secondes, jusqu’à ce qu’on distingue furtivement, mais clairement, l’éclair trop connu dans les yeux de l’adolescente. Daniel murmura :
- Et pourtant, c’est bien
un Goa’uld… mais…
- Qu’y a-t-il Docteur Jackson ? demanda le général.
- Je ne sais pas, répondit doucement Daniel en fixant l’écran,
quelque chose… une impression diffuse… non, vraiment, je ne sais
pas. Rien sans doute.
- Bon, tout cela ne nous avance pas beaucoup… soupira le général.
La voix du jaffa s’éleva à nouveau, grave :
- Quand aura lieu le service funèbre pour le général O’Neill
?
Jacob vit les doigts fins de sa fille se crisper sur la télécommande
qu’elle tenait toujours. Hammond répondit :
- J’attends encore. Nous avons pu en inhumer certains, comme le regretté
Major Kawalski. Mais certains corps ne sont toujours pas… identifiés
définitivement. L’ADN du général a été
retrouvé dans la pièce… mais… nous attendons toujours.
Ils sont malheureusement plusieurs à être… dans ce cas là.
Je suis désolé.
Le jaffa inclina doucement la tête. Après quelques instants, Hammond
se tourna vers Sam :
- Colonel Carter, où en est-on au niveau de la Porte ?
- Elle devrait être bientôt opérationnelle mon général.
Par contre nous n’avons toujours aucune idée de la raison pour
laquelle l’iris a pu être ouvert. Cela était-il arrivé
dans votre monde, Janet ?
- Non, mais nous n’avions pas d’iris en fait. Nous étions
protégés par un champ d’énergie magnétique
qui empêchait l’activation de la Porte.
- Peut-être est-ce pourquoi votre porte n’avait jamais été
forcée, proposa Jacob.
Daniel ouvrit la parole pour parler,
mais une intense lumière blanche emplit la salle de briefing. Un instant
plus tard, Jack se trouvait debout devant eux, finissant une phrase qu’il
avait manifestement commencée ailleurs :
- … pas en plein milieu du SGC sans prévenir !!!
Un silence total accueillit son
apparition. Le général O’Neill fit une petite grimace gênée,
puis murmura avec un petit signe de la main :
- Euh… Bonjour à tous… Quoi de neuf ?
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Ils restèrent tous figés
plusieurs longues secondes. Jack pouvait mesurer sur leur visage le choc que
venait de causer son apparition et ne savait plus que dire. Il restait là,
immobile, attendant que l’un d’eux se décidât à
parler, à réagir. Un sourire apparut enfin sur le visage de Teal’C
qui murmura :
- O’Neill.
- Et bien oui… Désolé pour le retour un peu… théâtral…
mais Thor ne m’a même pas laissé le temps de… Carter
???
Tous suivirent le regard du général O’Neill.
Sam venait de se lever, lentement.
Elle gardait les yeux fixés sur Jack. Ce dernier entrouvrit les lèvres,
totalement bouleversé par le visage de la jeune femme. Ce visage magnifique
qui semblait à cet instant ravagé par la détresse, l’incertitude,
l’espoir… et quelque chose sur lequel le cerveau de Jack se refusa
à mettre un nom.
Elle avança vers lui, très doucement, comme hypnotisée,
contournant la table sans le quitter des yeux. Sa poitrine se soulevait rapidement
sous son t-shirt noir. O’Neill murmura alors qu’elle s’approchait
:
- Carter…
Sa voix mourut quand elle leva une main pâle, tremblante. Elle sembla hésiter un instant, ses yeux bleus soudain emplis d’une terreur immense. Mais Sam plongea dans le regard brun de son supérieur et, franchissant les quelques centimètres qui les séparaient encore, posa la main sur le torse de Jack.
O’Neill ne pouvait plus parler.
Il entrevit un court instant une joie totale dans les yeux de Sam, avant que
celle-ci ne s’effondrât évanouie. Il la retint de justesse
et l’allongea doucement sur le sol, s’agenouillant lui-même.
Quand il releva les yeux, Janet était déjà à ses
côtés, prenant le pouls de la jeune femme. Tous s’étaient
levés et précipités. Le médecin croisa le regard
inquiet de Jack et sourit :
- Ne vous inquiétez pas. Elle est seulement totalement épuisée
et vous voir… lui a causé un trop grand choc. Il vaut mieux l’emmener
à l’infirmerie, mais je pense qu’elle va bien. Je vais faire
appeler des…
- Non non, je peux l’emmener.
Jack souleva doucement le corps de Sam dans ses bras, et escorté de Janet,
prit le chemin de l’infirmerie. En sortant il adressa un clin d’œil
à ceux qui restaient toujours debout dans la pièce :
- Attendez-moi, je reviens.
Quelques instants plus tard, après
avoir croisé dans les couloirs des soldats médusés, il
déposa délicatement la jeune femme sur un lit. Il restait immobile,
encore bouleversé de ce qu’il avait pu lire dans les yeux de Sam.
Il observait en silence son visage à la fois si douloureux et si serein
à présent. Il sentait son propre cœur se serrer devant les
traces manifestes d’épuisement de son corps mince. Une voix douce
le rappela à la réalité. Il se tourna et découvrit
le visage souriant de Janet :
- Ne vous inquiétez pas général, tout va bien. Elle va
bien. Vous devriez retourner les voir.
Il acquiesça et reprit en silence le chemin de la salle de briefing.
Tous se levèrent quand il
entra à nouveau dans la pièce. Jacob ouvrit la bouche mais Jack
le devança :
- Elle va bien, Janet me l’a assuré.
Ils le regardèrent en silence, souriants. Mal à l’aise,
O’Neill ajouta au bout de quelques instants :
- Jacob, Georges… c’est gentil d’être passés
nous voir.
Daniel secoua la tête en riant :
- Vous… Vous…
- Ne rêvez pas petit scarabée, vous ne vous débarrasserez
pas de moi aussi facilement, notre Asgard préféré veille
sur ma petite personne.
Il échangea avec l’archéologue un rapide regard et lui donna
une petite tape familière sur l’épaule avant de se tourner
vers Teal’C qui inclina la tête en souriant.
Puis Jack s’assit dans le fauteuil laissé vacant par Sam et soupira
:
- Bon, je ne sais pas où vous en êtes, mais moi j’ai appris
plein de choses.
- Le colonel vient juste de finir les réparations de la Porte qui était
très endommagée, expliqua Hammond. Jacob est venu grâce
à un vaisseau cargo. Le SGC est à nouveau opérationnel,
le Président m’avait envoyé en renfort. Avant ma venue…
c’est le colonel Carter qui avait pris la tête des opérations.
- Oh ?? s’exclamèrent en choeur Jack et Jacob.
Daniel prit la parole :
- Oui, elle était la plus gradée avec le colonel Reynolds. Elle
a abattu un travail de titan. Elle a été parfaite.
- Bien sûr, murmura Jack.
Il enchaîna rapidement :
- Je sais que vous n’avez pas récupéré Jolan. Eris
l’a emmené avec elle pour l’interroger, mais elle ne pourra
pas.
- Elle ne le pourra pas ? demanda Jacob. Mais si elle a la technologie d’Anubis,
pourtant, elle…
- Non, elle ne pourra pas. Jolan a été plongé dans une
sorte de coma artificiel où elle ne pourra pas l’atteindre.
- Plongé… Mais, comment ? Par qui ?... balbutia Daniel.
- Par votre grande amie, Daniel. Par Oma Dessala.
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Sam ne revint à elle que
plusieurs heures plus tard. Janet avait profité de son évanouissement
pour lui administrer quelques calmants afin qu’elle récupère
un peu.
Bien que toujours dans un épais brouillard, elle reconnut presque immédiatement
les odeurs et les bruits feutrés de l’infirmerie. Elle cligna plusieurs
fois des paupières pour s’habituer à la lumière.
Sam regarda autour d’elle et distingua une forme à côté
d’elle. Une voix lui parvint :
- Bonjour Dorothée.
Elle referma les yeux et sentit à nouveau les battements de son cœur
s’emballer dans sa poitrine. La peur. La peur que ce ne soit qu’un
rêve, qu’une hallucination. Pourtant elle sentait bien une présence
près d’elle… sa présence. Alors, très doucement,
elle ouvrit les paupières et plongea dans les bruns qui se tenaient maintenant
au-dessus d’elle.
Jack O’Neill. Ses yeux, sa voix, son visage.
- Alors Carter, j’ai déjà vu mieux comme accueil…
Vous n’avez vraiment pas envie de me revoir en vie à ce que je
constate…
Son sourire.
Un pâle sourire passa à son tour sur les lèvres de Sam qui
murmura :
- Comment ?
- Thor. Il m’a emmené faire un tour sur le « Samantha Carter
». Magnifique vaisseau d’ailleurs, je vous le recommande.
Jack sentit confusément son cœur se serrer sous le regard bleu de
la jeune femme. Ce regard avait changé… Mal à l’aise,
il se redressa et annonça :
- Bon, et bien je vais me sauver, j’étais juste passé voir
comment vous alliez…
Elle sourit, plus largement. Il mentait mal. Elle savait qu’il avait attendu,
elle savait qu’il était peut-être assis depuis très
longtemps sur cette chaise métallique. Il continua :
- … Je vous envoie Jacob. A plus tard !
Alors qu’il commençait à s’éloigner, sa voix
le rappela :
- Mon général…
- Oui Carter ? dit-il en revenant près d’elle.
- Si vous n’avez pas encore vu Charlie… Ménagez-le.
Il sourit :
- J’essayerai de ne pas apparaître devant lui dans un halo de lumière.
Sam rit doucement, reprenant déjà des couleurs. Il ajouta :
- Carter… Vous avez fait de l’excellent travail ici. Je suis fier
de vous.
- Merci mon général.
Ils se regardèrent un instant sans sourire, puis il tourna les talons
et quitta l’infirmerie.
Une chose avait sauté aux yeux de Jack O’Neill alors qu’il
guettait son réveil, alors qu’il la regardait dormir.
Une chose qui accaparait maintenant son esprit alors qu’il devait se concentrer
sur des sujets bien plus cruciaux :
elle ne portait plus sa bague de fiançailles.
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Quelques heures plus tard, le colonel
Carter frappa doucement à la porte du bureau du Docteur Jackson. La voix
de ce dernier retentit et elle entra. L’archéologue se leva lentement
de son bureau en la voyant. Ils se regardèrent quelques instants, souriant
tous deux. Heureux. Puis Sam s’approcha de son ami et, ouvrant les bras,
il la serra quelques brefs instants contre lui. Ils en avaient besoin tous les
deux. Besoin de partager leur joie, leur bonheur. Il était revenu. Il
n’était pas mort. Elle pouvait enfin savourer le retour de Jack,
là, dans le bureau de Daniel, dans ses bras protecteurs, parce que ceux
de Jack lui étaient interdits.
Ils se regardèrent un instant, sans parler. Sans avoir besoin de parler.
Puis, redevenant sérieux tout à coup, l’archéologue
prit la parole :
- Vous n’avez pas pu assister à notre petite réunion de
toute à l’heure, je vais tâcher de vous résumer.
Sam s’assit et l’écouta en silence, à nouveau concentrée,
à nouveau elle-même. Enfin.
- Bien. Thor a été contacté par Oma Dessala pour retrouver
Jolan avant les Goa’ulds, en l’occurrence Anubis et Eris. Il se
trouve – ce qui n’est pas illogique – que Oma est la même
dans toutes les dimensions… Mère Nature pour toutes les réalités.
Or dans la réalité d’où vient Jolan, vos doubles
– Sam et Jack – ont rencontré les Anciens mais n’ont
pas eu le droit de le révéler. Si bien que Janet, Charlie et le
regretté major Kawalski n’en étaient pas au courant. Quand
leur Jack a acquis comme ici la connaissance des Anciens, Oma Dessala l’a
aidé en secret. Cela me semblait étrange aussi qu’il s’en
soit sorti seul… Bref, ils ne lui ont pas repris la connaissance. Ils
l’ont inscrite dans ses gênes et…
- … Jolan en a hérité… murmura Sam.
- Oui. Le fait qu’il détienne le savoir des Goa’ulds n’intéresse
absolument pas Anubis et Eris. C’est la connaissance des Anciens qu’ils
veulent. Car ce sont plus ou moins eux-mêmes des Anciens.
- PARDON ?
- Oui. Comme nous le savons, Anubis est bloqué dans un état intermédiaire
de l’ascension. Les connaissances de Jolan lui permettraient d’achever
son ascension…
- … et d’obtenir le pouvoir des Anciens. D’accord. Mais cette
Eris ?
- Alors elle, c’est autre chose. Son hôte descend des Anciens, c’est
ce qui explique qu’elle soit si « jeune » et qui lui donne
ses dons exceptionnels.
- Cela expliquerait entre autres qu’elle puisse agir à sa guise
sur la Porte des Etoiles.
- C’est ce que nous pensons en effet. C’est Anubis qui lui a trouvé
cet hôte, c’est pourquoi elle le sert. Les connaissances de l’enfant
lui permettraient elle aussi de parfaire ses pouvoirs et d’accéder
à un niveau supérieur.
- Des Goa’ulds avec le pouvoir des Anciens… Mon Dieu… Que
vont-ils faire à Jolan pour…
Sam se tut et ferma les yeux un instant, son cœur se serrant à la
pensée que l’enfant était entre les mains de ces monstres.
La voix de Jack s’éleva alors, douce et rassurante :
- Non Carter. Ils ne peuvent rien lui faire.
Sam releva la tête et découvrit Jack et Teal’C qui venaient
d’entrer à leur tour dans la pièce. Le général
continua :
- Thor m’a expliqué que Oma Dessala avait pris l’initiative
d’endormir l’enfant, de le mettre dans une sorte de coma où
ils ne pourraient pas l’atteindre. Ils ne peuvent rien lui soutirer, ils
ne peuvent pas le torturer.
- Alors ils le tueront, acheva-t-elle d’une voix blanche.
Jack et Sam se regardèrent un bref instant, la même angoisse leur
enserrant le cœur comme un étau. Le jaffa intervint :
- Ils ne le tueront pas avant longtemps. Il est trop important.
- Alors il faut continuer de le chercher.
Daniel posa une main rassurante sur l’épaule de Sam. Le général
O’Neill sourit et s’adressa à la jeune femme :
- Carter, j’ai cru comprendre que Charlie était chez vous ?
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Sam avait proposé à
Jack de l’emmener chez elle pour qu’il puisse y retrouver le jeune
homme. Elle avait conduit en silence.
O’Neill observait à la dérobée le profil fin de la
jeune femme. Elle avait changé. Cela n’était certainement
perceptible pour personne d’autre que lui. Rien ou presque. Une lueur
dans son regard, un éclat. La fragile cicatrice d’une blessure
qui ne guérit jamais.
Une voix lui répétait qu’il savait ce qu’était
cette blessure. Qu’il savait qu’il aurait eu la même s’il
l’avait crue morte. Qu’il savait qu’il n’y aurait pas
survécu.
Le militaire refusait une fois de plus d’écouter cette voix.
L’homme avait peur. Peur que le fragile équilibre entre eux soit rompu. Peur de l’assurance qu’il lisait sur son visage fatigué. Peur de la voir si calme. Peur du tourbillon de sentiments qu’il avait lu dans son regard quand elle s’était évanouie dans ses bras. Peur du bonheur quand elle avait ouvert ses yeux bleus dans l’infirmerie.
Peur. Le général O’Neill avait peur.
Sam gara sa voiture devant chez
elle et Jack la suivit. Il attendit quelques instants qu’elle rentre la
première et resta debout dans l’entrée pendant qu’elle
gagnait le salon.
Charlie était encore en train de parcourir les albums photos que Sam
lui avait laissés. Il avait finalement préféré rester
seul, éloigné de la base pour quelques jours. Quand il entendit
le pas de Sam il se retourna.
Elle resta debout dans l’embrasure de la porte. Charlie se figea et se leva lentement sans la quitter des yeux. Sans quitter du regard ses yeux bleus à nouveau si pleins de vie.
Le jeune homme balbutia :
- Il est… Il… Sam…
Elle sourit, rayonnante à
nouveau, belle à nouveau, forte à nouveau. Elle sourit, acquiesça
et jeta un coup d’œil vers Jack qui s’avança et parut
à l’entrée de la pièce. Charlie resta un moment immobile.
O’Neill sourit à son tour et dit :
- Et oui, je suis comme la mauvaise graine, je reviens toujours…
Le jeune homme franchit en quelques pas la distance qui les séparait
et le serra brièvement dans ses bras. Jack, ému, répondit
à son étreinte. Puis Charlie s’écarta rapidement
et murmura simplement :
- Je suis… Je suis content que tu ailles bien.
Jack, mal à l’aise,
se tourna à nouveau vers Sam :
- Bon… et bien on va y retourner…
- Voulez-vous boire quelque chose avant ? demanda la jeune femme, radieuse.
- Va pour un café… mais rapide, hein Carter !
- Oui mon général, répondit-elle en s’éclipsant.
O’Neill balaya du regard le
salon de son second. Son regard fut attiré par les cadres qui ornaient
habituellement le linteau de sa cheminée. Il s’approcha, cherchant
ce qui lui semblait différent aux dernières fois où il
était passé avec Teal’C ou Daniel. La voix de Charlie retentit
derrière lui :
- Elle a enlevé ses photos.
Jack fit volte-face :
- Quoi ? Quelles photos ?
- Les photos de… Peter Shanahan. Elle les a enlevées. Sa bague
aussi.
- J’ai vu, murmura Jack sans quitter le jeune homme du regard.
Charlie baissa les yeux et continua à voix basse.
- C’est un peu à cause de moi je crois… Il est passé…
Sam était bouleversée à cause de… enfin, je lui ai
fait comprendre qu’il ne pouvait rien faire pour elle. Qu’il n’avait
rien à faire avec elle.
- Tu as fait QUOI ?
Charlie releva la tête. Jack le dévisageait, une colère
froide sur le visage. Le jeune homme balbutia :
- Mais… elle ne m’a rien dit… d’ailleurs elle ne l’a
pas rappelé et elle a enlevé les photos, tu vois j’ai eu
raison, de toutes façons elle et toi êtes….
- Tu as eu tort ! aboya le général. Il faudrait que tu comprennes
une fois pour toutes qu’il ne s’agit pas de TON monde ici. Tout
est différent, IRREMEDIABLEMENT différent. Tu n’as pas le
droit d’agir ainsi. Si tu as brisé sa vie je ne te le pardonnerai
jamais.
- Brisé sa vie ??? Moi ??? Mais c’est TOI qui brises sa vie !!!
Les deux hommes se toisaient en
silence quand Sam entra dans la pièce avec deux mugs fumants. Son regard
alla rapidement de l’un à l’autre et elle bredouilla :
- Mais… Que se passe-t-il… ?
- Rien. Merci pour le café Carter, ce sera pour une autre fois.
Le général O’Neill partit en claquant la porte, laissant Charlie muet de rage et Sam d’étonnement.
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« Arrivée d’une équipe SG, arrivée d’une équipe SG »
Jack entra dans la salle de commande
et croisa le regard du sergent Harriman, qui avait repris son poste à
peine quelques jours plus tôt.
- C’est SG1, mon général.
- Ouvrez l’iris.
Il regarda le vortex se former.
Quelques instants plus tard, Teal’C, Daniel et Sam en sortirent. Le colonel
Carter leva les yeux et rencontra ceux de O’Neill. Il lut immédiatement
sur son visage qu’ils avaient à nouveau échoué. Il
annonça dans le micro :
- SG1, débriefing dans trente minutes.
Teal’C et Daniel gagnèrent lentement l’infirmerie. Sam les y avait précédés, traversant les couloirs d’un pas rapide, le visage fermé, les sourcils froncés.
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Une demie heure plus tard, lorsque
le général O’Neill s’installa dans son fauteuil, les
visages des trois coéquipiers exprimaient une fois de plus fatigue et
déception. Jack demanda d’une voix plus sèche qu’il
ne l’aurait voulu :
- Alors ? Quoi cette fois ?
Sam serra le poing et annonça
calmement :
- C’est fini. Ils ne veulent plus nous aider. Même mon père
et Selmak n’ont rien pu faire.
Le général tapota sur la table, agacé :
- Les Asgards sont trop occupés avec les crabes, les jaffas avec leurs
révoltes, les Tok’ras avec leurs foutues infiltrations… Que
la survie de l’univers soit dans les mains d’un enfant et que celui-ci
soit entre les mains des Goa’ulds ne les préoccupe pas plus que
cela on dirait !
La voix de Daniel s’éleva
doucement :
- Ecoutez Jack… Il faut bien avouer… Cela fait plus d’un mois
que la Porte est réparée et que nous le cherchons, sans avoir
trouvé aucune piste… si cela se trouve, il est peut-être….
Le regard outré que Sam leva
vers l’archéologue le stoppa net. Les yeux bruns de Jack le fixaient
à présent à leur tour avec colère. Teal’C
continua :
- C’est une éventualité O’Neill. Une horrible éventualité.
Il peut être n’importe où, y compris reparti dans une autre
réalité…
- Non. Walter nous a dit avoir détruit la… télécommande
des miroirs.
- Elle peut en avoir trouvé une autre. Elle peut aussi… avoir renoncé
à l’interroger.
Les jointures des poings du colonel
Carter blanchirent. Elle leva ses yeux bleus vers Jack, cherchant son soutien.
Il évita son regard et, pour la première fois, murmura :
- C’est… une possibilité.
Elle poussa un cri étouffé
:
- Mon général !
Il se tourna alors vers elle, plus froid que jamais :
- QUOI Carter ?
- Mais…, balbutia-t-elle, on ne peut pas…. abandonner comme cela
! On ne peut pas abandonner Jolan !!
- UN MOIS ! Cela fait un mois que plusieurs de mes équipes sont mobilisées
! Un mois que nous attendons une piste, une aide, un signe de ces foutus Anciens
!
- Jack… commença Daniel.
- NON ! Non Daniel, cela suffit. Vos histoires d’ascension, d’Anciens,
cela suffit. Je vous donne quartier libre jusqu’à lundi et vous
reprendrez les missions habituelles. L’un de vous a-t-il une seule preuve
qu’il soit toujours en vie quelque part dans cette réalité
??
Les trois coéquipiers restèrent silencieux. Puis, lentement, Sam
se leva, blême, tremblante de rage contenue et de désespoir :
- Mais mon général, Jolan est…
Jack se tourna à nouveau vers elle et la dureté de son regard
à présent presque noir arrêta net la jeune femme. Il articula
lentement :
- Jolan est QUOI, colonel ?
- Mon… vôtre….
- NON. Ce petit garçon est une malheureuse victime de plus de la guerre
contre les Goa’ulds. Guerre qui en l’occurrence n’est même
pas celle de notre… réalité. C’est tout. Il n’est
RIEN de plus. Pour PERSONNE. C’est bien clair colonel ?
Elle ne répondit rien. Elle continuait de le fixer, livide. Teal’C
observait la scène, le visage fermé et les sourcils froncés.
Daniel regardait Jack avec une colère muette. O’Neill répéta,
criant presque :
- C’est bien clair COLONEL CARTER ???
Elle se raidit et répondit avec haine :
- Oui, mon général.
- Bien. Fin du débriefing.
Se levant brusquement il quitta la pièce et claqua la porte de son bureau.
Daniel suivit en courant une Sam défaite qui refusa de se laisser approcher.
Elle lui referma au nez la porte de son laboratoire. L’archéologue
donna un violent coup de pied dans le mur le plus proche et, instinctivement,
gagna l’infirmerie pour parler à Janet.
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Charlie s’arrêta, en
sueur, les mains sur les genoux, haletant. Teal’C sourit et commença
calmement à ôter ses gants de boxe. Alors qu’ils regagnaient
ensemble les vestiaires, le jeune homme murmura :
- Il a encore été dur avec Sam, à votre retour ?
- Oui.
- Teal’C, pourquoi fait-il….
- Je pense que O’Neill est en colère contre lui-même parce
qu’il ne peut rien faire pour trouver Jolan. Je suis persuadé qu’il
est très attaché à l’enfant. Je crois que voir la
douleur du colonel Carter lui rappelle la sienne et qu’il ne le supporte
pas.
Charlie s’arrêta et observa le jaffa. Celui-ci continua :
- Ce que je n’explique pas, c’est pourquoi il est à nouveau
en colère contre vous, Charlie.
Le jeune homme soupira et se remit à marcher :
- Moi je sais. C’est à cause de ce Peter Shanahan.
La jaffa haussa un sourcil. Charlie continua sans le regarder :
- Quand Jack avait disparu… Peter Shanahan est venu chez Sam et je l’ai
fait partir. Elle ne voulait pas le voir. Je lui ai fait comprendre… pourquoi.
Pourquoi elle était malheureuse. Pourquoi il fallait qu’il parte,
et qu’il ne revienne plus. Vous aussi vous pensez que j’ai eu tort
? Sam ne m’a rien reproché, elle ne m’en a jamais parlé.
Ils étaient arrivés aux vestiaires et sortaient à présent
leurs affaires des casiers. Teal’C, Charlie et Janet avaient réintégré
leurs quartiers du SGC et le jeune homme avait été intégré
dans les équipes de gardes de la base. Janet était médecin
en second. Le jaffa réfléchit un instant puis répondit
:
- Je comprends mieux. Je ne peux pas vous dire si vous avez bien ou mal fait.
Je pense que vous n’avez fait qu’accélérer les choses.
Mais vous avez reposé à O’Neill un problème qu’il
croyait – à tort- résolu.
Ils échangèrent un regard plein d’amertume et se dirigèrent
vers les douches.
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Sam arrêta la voiture et observa la maison. Elle savait qu’il était là, elle savait qu’il avait pris son dimanche hors du SGC. Elle ignorait pourquoi ELLE était là. Tout son être n’était mu que par la haine, la colère, la rancœur. Contre lui. Contre lui face auquel elle se sentait si impuissante, si faible, si inférieure.
Elle détestait cela, avait toujours détesté. Dépendre de quelqu’un, devoir se ranger à l’avis de quelqu’un, aux décisions de quelqu’un d’autre qu’elle. Il avait rendu cela étrangement supportable quand il était encore dans SG1, car un équilibre merveilleux s’était tissé au sein de l’équipe. Car il n’était alors souvent pas question d’ordres arbitraires, mais de décisions communes prises dans un respect mutuel. Parce que ses ordres n’avaient jamais été pesants. Ils avaient toujours été justes. Elle savait reconnaître la justice.
Parce que toutes ces années il ne l’avait jamais considérée comme faible, comme impuissante, comme inférieure. Parce qu’il l’avait au contraire toujours poussée à se dépasser, à montrer ce qu’elle avait de meilleur et à combattre ses rares faiblesses.
Jusqu’à aujourd’hui. Cette décision était insupportable. Inacceptable.
Pourtant toute l’extrême
intelligence de Sam arrivait à la même conclusion que la sienne.
Abandonner. Mais au plus profond de sa chair, au plus profond de ce qu’elle
était sans même le savoir, au plus profond de l’être
même qu’elle était bien avant d’être un soldat,
elle ne pouvait l’accepter.
Abandonner Jolan n’était pas une option.
Elle sortit de la voiture et, les poings crispés, grimpa les marches du perron et sonna. Après quelques instants, il vint ouvrir, en jean et T’shirt à manches longues. Une bière à la main. C’était loin d’être la première.
Elle resta immobile. Droite et fière dans son jean et son petit pull bleu. Ses yeux brillants de haine et de colère. De larmes. Il demanda d’une voix sèche :
- Carter, qu’est-ce que vous faites là ?
Alors la rancœur, le désespoir et la vision de cet homme en face d’elle submergèrent d’un coup l’esprit si brillant de la jeune femme.
Instinctivement il para la gifle, enfermant le poignet frêle dans sa main puissante.
Il n’eut pas le temps de parer la deuxième. La fraction de seconde qu’il perdit à lâcher la bouteille qui vint exploser sur le carrelage suffit à Sam. Sous l’incroyable violence du geste il vacilla.
Un instant plus tard elle fut projetée contre le mur de son entrée, ses deux poignets emprisonnés dans ses mains, plaquée contre la cloison par son corps, son visage à quelques centimètres du sien.
Ses yeux bruns plongés dans les yeux bleus, ses yeux bruns eux aussi pleins de haine, de douleur et d’amertume.
- POUR L’AMOUR DU CIEL, MAIS QU’EST-CE QU’IL VOUS PREND, CARTER ????
Elle resta silencieuse quelques instants, essayant de retenir les larmes qui montaient dans ses yeux. Il desserra un peu son étreinte sans cesser de la fixer. Elle ne tenta même pas de se libérer. Elle restait ainsi, tendue, à quelques centimètres de sa peau, sentant son souffle sur elle, sentant son être vibrer contre le sien. Il répéta, plus doucement cette fois, d’une voix rauque et déterminée :
- Qu’est-ce qui vous prend ?
Elle sentit son estomac se tordre
à nouveau et lui cria au visage :
- Vous n’avez pas le droit d’abandonner Jolan. C’est mon fils.
C’est notre fils !
- NON ! CE N’EST PAS NOTRE FILS !
- SI ! Que vous le vouliez ou non ! Elle nous l’a envoyé pour qu’on
s’en occupe, car il est une partie de moi comme il était une partie
d’elle ! Et vous vous allez le laisser mourir, vous refusez de vous battre,
et vous préférez supporter cela comme vous l’avez supporté
pour…
Elle s’arrêta net, réalisant
soudain. Jack la lâcha et recula d’un pas. Sam fut transpercée
par son regard. Son regard tout à coup plein d’une douleur sans
fond dans son visage blême. Elle murmura :
- Oh mon dieu… je suis désolée… je suis… Je
ne me rendais pas compte…
Il murmura tristement, amèrement
:
- Je sais. Je connais cette douleur. Je ne voulais plus jamais l’éprouver.
Je n’aurais jamais voulu que vous l’éprouviez. Je suis désolé.
Ils étaient toujours face à face, debout dans l’entrée, au milieu des bris de verre et de l’alcool répandu. Tous les deux réunis par un seul regard, par une seule douleur. Par un mal lancinant qui lacérait le fond de leur être. Tous les deux soudain emportés par la même nécessité de combler ce vide atroce qu’eux seuls partageaient.
Et tout à coup ils étaient
à nouveau l’un contre l’autre, leurs souffles se mêlant
enfin dans un même élan désespéré. Ils s’embrassèrent
longuement, avidement, dévorant avec fièvre les lèvres
tant désirées de l’autre, goûtant son souffle et le
parfum de sa peau, faisant glisser leurs mains tremblantes sur le corps que
chacun avait tant rêvé.
Aucun d’eux n’aurait été capable de dire qui avait
fait le premier geste, comment ils avaient gagné la chambre de Jack,
comment ils s’étaient soudain retrouvés nus et enlacés
sur le lit.
Des heures plus tard, alors que la nuit était déjà tombée depuis bien longtemps, il sentit le corps mince de Sam se détacher du sien. Leurs étreintes avaient été brutales, passionnées, désespérées. Silencieuses. Puis ils s’étaient blottis l’un contre l’autre, épuisés moralement et physiquement, sans avoir prononcé une seule parole.
Jack ne bougea pas. Il entendit Sam se lever, ramasser ses affaires et les enfiler rapidement. Il entendit son pas dans l’escalier et le bruit de la porte d’entrée.
Il ouvrit les yeux. Elle était partie. Et il l’avait laissée partir.
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Le colonel Carter arriva le lendemain
matin au SGC et remarqua immédiatement la voiture de son supérieur
sur le parking.
Elle avait transgressé tout ce à quoi elle obéissait, les
règles les plus évidentes de l’US Air Force, tout ce qui
avait régi sa vie ces huit dernières années.
Elle était étrangement calme. Cette nuit avait légèrement apaisé la tension qui l’habitait depuis ces dernières semaines. Cette nuit avait éteint en elle un feu dévorant et destructeur. Pour en allumer un autre.
Elle regagna son laboratoire et se remit au travail.
Quand Daniel passa la tête par l’entrebâillement pour lui proposer d’aller déjeuner, elle fut toute surprise d’apprendre qu’il était déjà 13 heures. Elle sourit et l’accompagna au mess où ils retrouvèrent Charlie, Teal’C et Janet.
Elle était détendue.
Elle le vit entrer dans le mess et rejoindre leur table. Elle l’entendit
les saluer, elle l’entendit prononcer son nom :
- Carter.
- Mon général.
Elle s’entendit rire doucement à ses plaisanteries.
Quand Sam regagna son laboratoire,
Janet la regarda s’éloigner et demanda :
- Elle a l’air d’aller mieux, non ?
- En effet, elle semble un peu plus détendue, et Jack aussi. Ils se sont
peut-être expliqué. Tant mieux.
- Oui, tant mieux, murmura distraitement le médecin en se replongeant
dans son assiette.
Marchant dans le couloir, Sam sourit
légèrement.
C’était si simple en fait. Si simple de faire exactement les mêmes
gestes, prononcer exactement les mêmes paroles que ces huit dernières
années.
Si simple de mentir. Elle n’aurait jamais cru que ce serait si simple.
Si simple et si délicieux.
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Les jours se remirent à passer. SG1 avait repris les missions habituelles et personne ne recevait la moindre nouvelle de Jolan ou Eris. Ils semblaient s’être volatilisés.
Les Asgards ne donnaient aucun signe de vie, et la Tok’ra n’avait aucune nouvelle. Rien.
Le colonel Carter se sentait impuissante. Totalement impuissante. Cette simple pensée lui était insupportable. Cette simple pensée était également insupportable à O’Neill, qui passait les quelques instants de calme dont il disposait dans son bureau, la tête dans les mains, à chercher en vain une solution. Une preuve. Car ne pas savoir était pire que tout. Pire que la mort presque.
Car Jolan était-il seulement encore en vie ?
Telle était la question qui la torturait une fois de plus alors qu’elle était chez elle, blottie sur son canapé en cette soirée froide et sinistre.
Telle était la question qui amena le général O’Neill à se retrouver devant sa porte à elle, immobile sous la pluie.
Elle sursauta en entendant frapper et essuya rapidement les larmes de rage qui coulaient une fois de plus sur ses joues pâles.
Ils se retrouvèrent face à face, silencieux à nouveau. Il ouvrit la bouche pour parler mais ne dit rien. Ils se regardèrent longuement.
Et les lèvres de Jack furent à nouveau sur les siennes. Et le corps de Jack à nouveau contre le sien. Et leurs deux corps à nouveau réunis cette fois dans son lit à elle.
Et à nouveau, bien plus tard, sans un mot, ces corps se séparèrent et c’est elle qui, cette fois, ne fit pas un geste quand il quitta la maison.
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Les semaines passèrent. Huit, dix, douze.
Janet s’inquiétait
pour Charlie. Le jeune homme avait bien du mal à refaire surface. L’image
de son jeune frère l’obsédait. Il passait beaucoup de temps
avec Jack qui s’ouvrait petit à petit au contact du jeune homme.
Charlie passait aussi des heures dans le laboratoire de Sam, l’aidant
comme il pouvait. Il semblait être la seule personne qui pût rester
à ses côtés sans la déranger. La seule personne avait
laquelle elle pouvait discuter tout en travaillant, la seule personne qu’elle
ne renvoyât pas avec un gentil sourire au bout de quelques minutes.
Mais le général O’Neill et le colonel Carter avaient eux-mêmes
bien trop mal pour pouvoir soigner les blessures du jeune homme. Celui-ci ne
semblait retrouver une certaine paix intérieure qu’au contact de
celle de Teal’C avec lequel il passait des heures en entraînement
ou en méditation.
Janet, elle, avait pu trouver le soutien dont elle avait besoin auprès de Daniel. Ils apprenaient à se connaître et l’archéologue s’attachait chaque jour un peu plus à la personnalité de la jeune femme. Celle-ci réalisa un jour qu’elle était en train de retomber amoureuse de ce qui l’avait séduite jadis, mais aussi de toutes ces différences qu’elle découvrait petit à petit. Elle n’en parla à personne, étant bien trop intelligente pour ignorer la complexité de leur situation.
Sam et Jack avaient eux passé huit ans à réfléchir à la complexité de leur propre « relation ». Huit ans à se demander s’ils franchiraient un jour la frontière sacrée qui les séparait.
La frontière avait été franchie. La frontière était à présent franchie toutes les semaines, chaque fois que l’un d’eux, cédant à l’appel de plus en plus désespéré de son être, se retrouvait en pleine nuit à la porte de l’autre.
La frontière était franchie et étrangement ils ne se posaient plus aucune question. Sur le règlement, sur leur rapports, sur rien. Amants silencieux pendant la nuit, parfaits professionnels le jour. L’avenir n’avait aucune importance, seul Jolan en avait.
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- Sam ? Sam ? Est-ce que tout va bien ??
Charlie sentait la panique s’emparer
de lui. Sam semblait le regarder sans le voir. La jeune femme avait soudain
changé de couleur, palissant à vue d’œil, ses yeux
bleus creusés et étrangement ternes. Il répéta,
saisissant la main glacée de son amie :
- SAM ? Mais dis moi, qu’est-ce qui se passe ??
Elle se plia tout à coup en deux sur sa chaise, vaincue par la douleur, gémissant alors qu’elle glissait au sol. En deux pas Charlie fut à côté d’elle et la souleva. Il partit en courant, son précieux fardeau dans les bras. Sam semblait à présent inconsciente. Il traversa les couloirs sans les voir, hurlant aux soldats effarés de le laisser passer et de prévenir le général.
Quand il entra dans l’infirmerie,
le personnel se figea. Il cria :
- JANET !!!!!!!
Le médecin arriva dans l’instant et découvrit le jeune homme
bouleversé dans l’embrasure de la porte, Sam évanouie dans
les bras. Elle ordonna :
- Mets la sur le lit, vite !!!!
Charlie s’exécuta et se recula, horrifié. Janet blêmit
: le pantalon de Sam se couvrait lentement de sang. Déjà le médecin
prenait son pouls, vérifiait ses constantes, hurlant des ordres aux infirmières
qui se pressaient autour d’elle.
Le jeune homme fut poussé
dehors et resta pétrifié face à la porte close. Il était
toujours immobile quand une main ferme le retourna. Il se trouva face à
Jack dont le visage traduisait la plus vive inquiétude :
- Charlie, qu’est-ce qui se passe ??
Le jeune militaire le regardait sans comprendre. Daniel et Teal’C, qui
avaient été prévenus, arrivèrent alors et l’archéologue
s’écria :
- Mon Dieu Charlie, tu es blessé ?!?
Le jeune homme surpris baissa les
yeux et découvrit son propre uniforme taché de sang. Il balbutia
:
- Non… C’est… C’est le sang de…Sam…
- QUOI ??? s’écria Daniel.
Jack n’avait pas bougé.
Son visage était plus fermé, plus sévère que jamais.
Il demanda à nouveau d’une voix étrangement posée
et froide :
- Charlie, que s’est-il passé ?
- Je…. Je ne sais pas, on était au labo, elle allait bien, elle
était en train de me parler, et puis soudain elle s’est tu…
elle est devenue si pâle… et elle s’est effondrée au
sol. Je l’ai emmenée ici immédiatement…. Je ne sais
pas, je ne comprends pas, elle semblait avoir si mal…
L’archéologue s’appuya
contre le mur. Teal’C n’avait pas bougé, son visage si calme
creusé par l’inquiétude. Jack murmura :
- Charlie, va te changer. Tout de suite. Le Docteur Frasier nous tiendra…
A ce moment la porte de l’infirmerie
s’ouvrit et une infirmière parut. Elle avisa le général
et annonça d’une voix peu assurée :
- Le Docteur Frasier s’occupe du colonel. Il semble… qu’elle
doive subir une opération qui peut durer un certain temps. Elle vous
informera dès que ce sera terminé.
- Comment va-t-elle ? demanda Jack d’une voix inquiète.
- Son état actuel est jugé critique. Je n’en sais pas plus.
L’infirmière disparut. Les quatre hommes restèrent immobiles dans le couloir. Charlie se laissa lentement glisser au sol.
Plusieurs heures plus tard, la sonnerie
du téléphone retentit dans le bureau du général
O’Neill. Celui-ci décrocha immédiatement. Daniel, Teal’C
et Charlie, assis face à lui, écoutèrent dans le plus profond
silence :
- Oui, oui, comment va-t-elle ?
Ils virent le visage de Jack se détendre imperceptiblement et les trois
hommes sentirent se desserrer un peu l’étau qui enserrait leur
cœur depuis le début de l’opération. Jack releva la
tête :
- L’opération s’est bien passée, ses jours ne sont
pas en danger, elle se remettra. Est-ce que…. Est-ce que vous pourriez
me laisser une minute ?
Ses amis échangèrent
un regard surpris puis acquiescèrent et quittèrent la pièce.
Quand il fut seul, Jack reprit le combiné :
- Alors, qu’est-ce qui s’est passé ??
- Mon général, je préfèrerais pour le moment
garder cette information pour moi jusqu’au réveil du colonel.
- Mais enfin, je…
- S’il vous plait mon général. Faites moi confiance.
Le général soupira :
- Bien… si vous y tenez… prévenez moi avant qu’elle
se réveille que je puisse…
- Non mon général.
- Comment ça non ?
- Avec tout le respect que je vous dois, non, il ne vaut mieux pas que vous
soyez là à son réveil. Pas cette fois.
Il resta sans voix, bouche bée. Comme si soudain l’idée
même de ne pas être là quand elle se réveillerait
lui semblait impossible, impensable. Janet murmura :
- Jack, s’il vous plait… Pas cette fois…
Il avala difficilement sa salive et parvint à articuler :
- Bien. Tenez-moi au courant.
- Merci.
Le général O’Neill raccrocha et balaya d’un geste rageur toute la paperasse entassée sur son magnifique bureau.
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- Sam ?
Elle ouvrit lentement les yeux,
émergeant doucement du sommeil lourd dans lequel les nombreux médicaments
l’avaient plongée. Elle découvrit le visage du médecin
penché sur elle et murmura :
- Janet… Que s’est-il passé ?
- Tu as fait un grave malaise dans ton labo et Charlie t’a transportée
ici. J’ai du t’opérer.
Sam fronça les sourcils et
demanda :
- M’opérer ? Mais de quoi ?
Janet jeta un rapide coup d’œil
autour d’elle pour s’assurer que l’infirmerie était
déserte. Elle murmura :
- Sam, je… Bref, je croyais que tu ne voyais plus ton fiancé ?
- Pete ? Non, cela fait des mois maintenant.
- Tu vois quelqu’un d’autre ?
Sam resta silencieuse et Janet vit passer un bref éclair d’inquiétude
dans les yeux bleus du colonel. Le médecin reprit encore plus doucement,
en regardant son amie bien en face :
- Ecoute, je suis ton médecin et ton amie bien avant d’être
militaire. Tout ce que tu me diras restera totalement entre nous.
Les deux femmes se regardèrent en silence et Sam se mordit la lèvre
en rougissant. Janet ne put s’empêcher de sourire et soupira :
- Quand je pense que dans toute autre circonstance j’aurais sauté
de joie…
Elle redevint grave et Sam fronça les sourcils :
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Depuis combien de temps, enfin…
- Un peu plus de trois mois.
- Et bien sûr, pendant ce laps de temps c’est le seul avec lequel…
- OUI !! s’écria Sam, comme outrée que Janet puisse même
l’imaginer dans les bras d’un autre, de n’importe quel autre,
alors qu’elle avait Jack.
Le médecin hocha douloureusement
la tête et reprit, d’une voix très douce et empreinte de
tristesse :
- Alors c’est bien ce que je pensais. Sam, je suis désolée,
mais j’ai une mauvaise nouvelle. Tu étais enceinte d’un mois
et demi, mais… tu as fait une fausse couche. Je suis désolée.
Les grands yeux bleus du colonel
Carter fixaient ceux du médecin sans sembler comprendre. Elle resta silencieuse,
parfaitement immobile. Janet marqua une pause et continua :
- Le fait que cet enfant ait été… le sien confirme mon hypothèse.
Tu n’as pas fait une fausse couche classique Sam. D’après
mes premières observations, je pense qu’elle a été
causée par des convulsions du fœtus… convulsions qui pourraient
s’expliquer par l’entropie en cascade.
Le colonel acquiesça doucement. Le médecin reprit :
- Il est très inquiet. Il va falloir…
- Dis le lui.
Sam avait soudain relevé les yeux vers Janet et avait répondu
d’un ton suppliant. Son amie acquiesça douloureusement.
- D’accord. Je peux te laisser seule ?
- Oui. Je préfère. Merci Janet.
- De rien. Tu sais que tu pourras m’en parler quand tu voudras, autant
que tu voudras. Je serai toujours là. Ah si, j’ai une bonne nouvelle
: ne t’inquiète pas pour ta santé, tu vas te rétablir
très vite et normalement l’opération ne doit laisser aucune
séquelle, tu n’as pas de soucis à avoir pour des grossesses
ultérieures.
- Pour des grossesses ultérieures… répéta machinalement
Sam.
Janet vit les larmes monter dans les yeux bleus de son amie. Elle lui prit la
main un instant. Sam détourna le regard et se mordit la lèvre.
Le médecin quitta l’infirmerie
et, inspirant un grand coup, gagna le bureau du général où
elle retrouva Daniel, Teal’C et Charlie. Elle les rassura en leur disant
que Sam allait bien mais évita soigneusement les questions sur les causes
de cet accident. Jack se taisait, fixant les yeux bruns de Janet. Elle finit
par se racler la gorge et demanda à voir le général en
privé. Leurs amis les laissèrent seuls. Jack referma la porte
derrière eux et se tourna vers Janet, une ride profonde creusée
au milieu du front.
- Alors ? Qu’est-ce qu’elle a ?
- Mon général, ce que j’ai à vous apprendre avec
l’accord du colonel Carter est assez délicat et personnel.
- Je vous écoute, dit-il en s’asseyant sans la quitter des yeux.
Janet soupira et, plongeant ses yeux dans le regard bruns de Jack, dit d’une
voix douce :
- Sam était enceinte d’un mois et demi. Elle l’ignorait.
Elle a malheureusement fait une fausse couche, due à l’entropie
en cascade. Je pense… Je pense qu’elle attendait Jolan. Sam va bien,
elle ne risque aucune complication, elle devrait se remettre rapidement. Physiquement,
bien sûr. Je suis… Je suis désolée.
Elle se tut. Jack n’avait
pas bougé. Son visage était tendu à l’extrême,
ses lèvres fines serrées au point de devenir pâles. Seule
sa main avait bougé sur le bureau, son poing se fermant et ses articulations
blanchissant au fur et à mesure que le médecin parlait.
Il baissa les yeux et murmura enfin :
- Bien Docteur. Quand sera-t-il possible de la voir ?
- Quand vous voulez. Mais je vous conseille de ne pas insister si elle préfère
rester seule. Bien évidemment les raisons du… malaise du colonel
sont du domaine du secret médical et avec votre autorisation je souhaiterais
réduire au minimum mon rapport.
Il acquiesça lentement et
ajouta d’une voix amère :
- Merci Janet.
Elle lui sourit tristement, puis sortit du bureau, laissant Jack seul. Seul et totalement désemparé.
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La porte de l’infirmerie
s’ouvrit à nouveau. Sam occupait un lit à l’écart
et avait donné comme consigne qu’elle ne souhaitait pour le moment
voir personne. La pièce était quasiment déserte.
Elle reconnut son pas avant même qu’il tire le rideau et s’approche
d’elle.
Elle ne tourna pas la tête, continuant de fixer un point imaginaire sur
le mur gris.
Jack la regarda longuement. Elle semblait soudain minuscule et si fragile, au
milieu de cet espace vide, de ce silence pesant. Les traits de la jeune femme
étaient tirés, affreusement pâles encore. Il sut immédiatement
qu’elle avait pleuré. Ses yeux bleus étaient diaphanes et
brillants, vides et en même temps pleins d’une détresse sans
nom.
Il prit une chaise et s’assit à côté du lit. Comme
elle ne bougeait toujours pas, il murmura très doucement :
- Sam…
Elle tourna alors lentement la tête vers lui, ses yeux à nouveau
pleins de larmes. Elle dit :
- Au moins maintenant on l’a.
Il haussa les sourcils, décontenancé, et demanda :
- On l’a ? On a quoi ?
Elle se mordit la lèvre, ferma les yeux un instant et répliqua
presque sèchement :
- La preuve que Jolan est toujours en vie quelque part dans notre réalité.
La preuve qu’il vous fallait pour continuer de chercher, mon général.
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Il resta là, silencieux,
bouche ouverte, à l’observer alors qu’elle se mettait doucement
à pleurer. Il sentait une poigne d’acier enserrer son cœur.
Une boule amère se former dans sa gorge sèche. Il ferma les yeux
un instant. Il pensa aux caméras, aux infirmières qui pouvaient
entrer… il rouvrit les yeux et contempla quelques secondes le visage si
pâle de Sam.
Sam. Pas le lieutenant colonel Carter. Pas le docteur en astro-physique.
Non. L’amie qui avait partagé
huit ans de sa vie. L’amante passionnée dont il connaissait la
douceur de la peau, les soupirs, les baisers brûlants et enivrants. La
femme exceptionnelle qu’il aimait depuis… toujours en fait.
Sam.
Il se leva de sa chaise et se pencha vers elle. Il passa ses bras autour du corps mince secoué de sanglots et la serra contre lui, enfouissant son propre visage dans ses cheveux blonds, dans son cou, dans son parfum. La serra contre lui pour la rassurer. Pour se rassurer. Parce que son contact en cet instant lui semblait aussi vital que le simple fait de respirer. Elle s’agrippa à lui à son tour et Jack sentit les larmes de la jeune femme couler sur sa peau.
Ils restèrent de longues
minutes cramponnés l’un à l’autre. Sam se calma petit
à petit, puisant au contact de l’homme qu’elle aimait la
force qu’elle pensait ne jamais retrouver. Elle entendit sa voix :
- Sam… Je suis désolé… Je te jure qu’on va le
retrouver.
Elle se détacha lentement
de lui :
- Je ne veux pas que vous vous sentiez responsable de ce qui m’arrive,
je…
Il fronça les sourcils et
saisit dans les paumes de ses mains le visage de la jeune femme. Il plongea
les yeux dans les siens et dit d’une voix claire :
- Tu n’es pas plus responsable que moi. Et cela nous arrive à tous
les deux. Crois-tu vraiment que cela n’a aucune importance ? Crois-tu
vraiment que ces nuits n’ont aucune importance, aucune valeur à
mes yeux ? Crois-tu vraiment que TU n’as aucune importance ?
Sam sentit à nouveau son
cœur se serrer et les larmes monter dans ses yeux bleus. Elle parvint à
murmurer :
- Non.
- Bien.
Il sourit et essuya du bout des doigts les joues humides de Sam. Il continua
très doucement :
- On va trouver une solution. On va le retrouver. Et après je trouverai
une solution pour nous, quelle qu’elle soit.
Elle acquiesça avec un sourire
triste. Il se leva lentement, hésita, puis se pencha et déposa
un baiser sur le front de la jeune femme. Sans un mot de plus il quitta la pièce.
Elle s’endormit quelques instants plus tard, apaisée.
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Jack sortit de l’infirmerie et resta immobile dans le couloir. Il serra le poing, fixant le mur gris du SGC. Puis, il prit le chemin du mess. Comme il s’y attendait, il y trouva Charlie attablé avec Teal’C et Daniel. Instantanément il se composa à nouveau un visage souriant et avança vers eux. Il ouvrit la bouche pour les rassurer quand ils disparurent.
- Salutations O’Neill.
Jack soupira :
- Thor… Il faudra vraiment qu’on reparle de ce truc pour que vous
me préveniez avant de faire… ça !
- Je suis navré O’Neill, mais le temps presse et j’ai déjà
perdu plusieurs de vos heures à rallier l’orbite terrestre.
- Que se passe-t-il ?
- Nous avons localisé l’enfant.
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Jack était réapparu
quelques minutes plus tard dans son bureau et avait immédiatement convoqué
Teal’C et Daniel en salle de briefing. Charlie fut exceptionnellement
autorisé à assister à la réunion. Jack prit une
grande inspiration et commença :
- Bien il y a du…
- Mon général !!!!
Ils levèrent tous les yeux
et découvrirent Sam debout dans l’encadrement de la porte, dans
son pyjama médical, Janet à son côté. Le médecin
semblait furieux :
- Mon général, le colonel a quitté l’infirmerie sans
mon consentement, elle sort d’une opération délicate qui…
Sam et Jack se regardèrent un instant et il dit doucement :
- Colonel, vous pouvez rester à condition que vous vous asseyiez immédiatement
et que Janet reste ici. Au moindre signe de faiblesse vous remontez immédiatement
à l’infirmerie. Est-ce que cela ira Docteur ? Nous n’en avons
pas pour longtemps et je préfère que le colonel soit là
pour entendre ce que nous avons à dire.
Janet soupira et Sam s’assit doucement. Teal’C inclina la tête, Daniel et Charlie sourirent à leur amie pourtant si pâle et si fragile.
Jack s’éclaircit la
voix et tous se tournèrent à nouveau vers lui :
- Ce briefing ne sera pas enregistré. Les caméras ont été
coupées.
Teal’C et Daniel échangèrent
un regard surpris. Sam baissa les yeux. Jack continua :
- Les Asgards ont localisé Jolan.
Un sourire illumina simultanément
tous les visages des autres personnes présentes. Daniel demanda :
- C’est fabuleux, mais comment ont-ils fait ? Est-il toujours dans notre
réalité ?
- Il est toujours dans notre réalité. Mais cela nous le savions
depuis déjà quelques heures.
Teal’C haussa un sourcil :
- Comment le saviez-vous O’Neill ?
- A cause de…
Il s’interrompit et croisa
le regard de Sam. Elle acquiesça lentement et Jack continua, d’une
voix douce et triste :
- A cause de l’entropie en cascade. Le colonel Carter a été
victime de convulsions dues à l’entropie en cascade car elle était
enceinte de Jolan. L’autre Jolan a lui aussi subi ces convulsions et c’est
ce qui a permis aux Asgards de repérer sa signature génétique
sur une planète.
Un silence accueillit cette annonce.
Puis Daniel murmura comme pour lui-même :
- Enceinte de Jolan…. Mais alors cela veut dire que…
Un sourire éclaira le visage
de Charlie et de l’archéologue au même instant et ils regardèrent
alternativement Jack et Sam qui ne bougeaient pas. Daniel ouvrit la bouche pour
parler mais la voix froide du jaffa le devança :
- O’Neill dit que le colonel ETAIT enceinte, Daniel Jackson.
Daniel sembla un instant ne pas
comprendre et se tourna vers Sam. Elle fuit son regard et se mordit la lèvre
pour ne pas pleurer à nouveau. Il balbutia :
- Oh Mon Dieu… non….
La voix tranchante de Jack retentit à nouveau :
- Si Daniel. Je ne peux que vous demander de ne pas ébruiter cette affaire,
mais je n’ai aucun droit de vous l’ordonner. Thor a demandé
à ce que nous l’accompagnions pour aller délivrer Jolan.
Il ne peut normalement pas intervenir sur un territoire Goa’uld mais peut
nous y emmener. La planète en question n’a pas de porte.
- Je veux vous accompagner.
Sam avait dit cela d’une voix
calme. Tous levèrent vers elle des yeux pleins de tristesse et de compassion.
Janet prit la parole :
- Sam, je suis désolée, mais il est hors de question que tu…
Un éclair emplit la salle
de briefing et le Commander Suprême de la flotte Asgard se matérialisa
devant eux. Janet et Charlie se levèrent d’un bond. Jack s’empressa
de les rassurer :
- Ne vous inquiétez pas, ce n’est… que notre ami Thor. Thor,
je vous présente…
- Le Docteur Frasier et le jeune Charlie O’Neill. C’est un honneur
de vous rencontrer.
Le médecin et le jeune homme, retrouvant leurs esprits, saluèrent
l’extra-terrestre qui, ayant incliné la tête, se tourna à
nouveau vers le général :
- O’Neill, il faut y aller. Comme je vous ai dit j’ignore si les
convulsions n’ont pas sorti l’enfant du coma, et dans ce cas il
peut à nouveau être torturé.
Sam tressaillit et répéta d’une voix plus forte :
- Je veux vous accompagner mon général.
- Carter, vous n’êtes…
Thor l’interrompit :
- Je peux m’occuper en chemin du plein rétablissement physique
du colonel Carter. Je pense qu’il serait préférable qu’elle
puisse venir, tout comme Teal’C et le docteur Jackson.
Jack regarda alternativement Sam
et Janet. Le médecin soupira :
- J’aurais vivement recommandé que le colonel reste au repos au
moins deux semaines encore, mais d’après ce qui m’a été
relaté les Asgards sont parfaitement capables de la soigner en quelques
heures, alors….
- Alors c’est décidé, nous partons. Je reprends le commandement
de SG1 pour cette mission.
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Les préparatifs n’avaient
duré que quelques minutes. Thor avait donné à Jack un transmetteur
pour qu’ils puissent être télé portés à
bord du vaisseau. Jack, Teal’C, Daniel et Charlie attendaient maintenant
en salle d’embarquement. Janet arriva enfin, soutenant Sam avec une infirmière.
Le colonel Carter avait passé son uniforme. Le contraste était
saisissant entre son visage pâle, ses traits soudain fragiles, et l’imposant
fusil d’assaut qu’elle tenait serré contre elle.
Jack la regarda s’avancer, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine.
Son cœur qu’il avait si longtemps cru froid, mort.
Leurs regards se croisèrent et il sourit doucement à la jeune
femme.
Janet la serra contre elle et Sam, se détachant d’elle, alla se
placer à côté de ses coéquipiers.
Daniel regarda Janet. Elle avait les larmes aux yeux. Il hésita un instant
puis s’avança et la serra dans ses bras. Elle répondit à
son étreinte. Il se détacha d’elle et prit dans ses mains
le visage du jeune médecin. Il sourit et murmura :
- Je reviendrai. Je te le jure.
Elle sourit alors que les larmes coulaient maintenant sur son visage. Daniel
déposa un baiser très doux sur ses lèvres et se détacha
à son tour.
Jack et Charlie s’observaient
toujours. Le jeune homme ouvrit la bouche pour parler mais le général
l’arrêta d’un geste de la main et dit :
- On rentrera tous et je te ramènerai Jolan.
Charlie acquiesça avec un
sourire maladroit et se passa nerveusement la main dans les cheveux. Sam lui
sourit à son tour et Jack enclencha le transmetteur :
- Thor, nous sommes prêts tous les quatre, vous pouvez…
L’instant d’après Janet et Charlie se trouvaient debout dans la salle d’embarquement. A nouveau seuls.
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-… nous télé porter.
Ils se retrouvèrent tous
les quatre dans la salle de contrôle du vaisseau, face au Commandeur Suprême.
A cet instant Sam sentit ses jambes se dérober sous elle. Les bras du
jaffa la soulevèrent avant qu’elle ne tombe évanouie. Jack
se tourna immédiatement vers Thor :
- Il faut la soigner, vite.
- Bien O’Neill.
Le Asgard déplaça
un galet translucide et un caisson sortit d’une des cloisons. Teal’C
y déposa doucement le corps de Sam et une lumière diffuse enveloppa
immédiatement la jeune femme. Les trois hommes se retournèrent
vers Thor, inquiets. Il annonça :
- Le colonel Carter sera parfaitement remise d’ici quelques heures. Notre
voyage durera à peu près deux de vos journées. Je vous
propose de vous exposer la situation d’ici là.
Teal’C, Daniel et Jack acquiescèrent.
Le Asgard commença donc :
- Nous allons sur une planète nommée Dalphina. Elle a, il y a
très longtemps, abrité une partie de la civilisation des Anciens.
Seuls quelques vestiges subsistent. Il semble que ce soit là que la dénommée
Eris ait trouvé refuge avec l’enfant. Voici les dernières
images que nous avions de la cité avant qu’elle soit abandonnée
quand les Anciens quittèrent la galaxie.
Il fit glisser un galet translucide sur le panneau de contrôle et des
images apparurent. La cité se trouvait sur le flan d’une montagne,
noyée dans une végétation luxuriante. Elle semblait construite
sur plusieurs niveaux. Les bâtiments situés dans la vallée
ressemblaient à des palais, des habitations immenses. Puis, au fur et
à mesure que le regard s’élevait, seuls apparaissaient des
temples dont les couleurs chatoyantes brillaient dans le soleil. Presque au
sommet, dominant la cité, se dressait un temple gigantesque. Toute l’architecture
ressemblait étrangement aux Palais de la Grèce antique. Daniel
murmura :
- Non… Ce n’est pas possible…
Teal’C haussa un sourcil et Jack fronça les siens :
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- C’est…. C’est la même architecture… le même
plan que celui du sanctuaire d’Apollon, à Delphes, en Grèce.
Les bâtiments… les temples… le temple… l’orientation
de la montagne…
L’archéologue s’était petit à petit rapproché de l’écran invisible et suivait du doigt la reproduction tout en parlant.
- C’est fascinant ! Penser
que ce site est en fait la copie d’une cité des Anciens située
à des centaines d’années lumière de là, et
abandonnée depuis dieu sait quand ! Vous ne trouvez pas cela fabuleux
?!?
- Ce que je trouve fabuleux dans cette histoire, répondit Jack d’une
voix froide, c’est que comme ça vous connaissez les lieux et pourrez
nous y guider. Pour le reste, moi, vous savez…
Daniel le foudroya du regard et reprit sa contemplation.
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Plusieurs heures plus tard, l’archéologue,
assis à présent, ferma les yeux un instant et se passa la main
sur la nuque. Il remit ses lunettes en place et regarda autour de lui.
Le général O’Neill était assis en silence contre
une paroi à l’autre bout de la salle et regardait le caisson où
Sam dormait toujours. Daniel se leva et alla s’asseoir à côté
de Jack. Il demanda :
- Qu’allez-vous faire ? Pour Sam ?
- Je ne sais pas.
- Vous n’allez quand même pas faire… Comme si rien ne s’était
passé…. Enfin…
- Non.
- Ah. Je suis… désolé pour le bébé.
- Merci.
Daniel attendit quelques instants
en silence, puis se remit à parler :
- Avez-vous réfléchi… pour Jolan, Charlie, tout cela…
Janet…
- Je ne sais pas non plus. Nous verrons en temps voulu.
- Bien sûr…. Mais on pourrait imaginer qu’ils restent, non
? Après tout, leur planète est détruite, et nous sommes
les seules personnes qu’ils connaissent à présent…
Un mince sourire se dessina sur les lèvres du général et
il tourna enfin la tête vers Daniel :
- Ah bon ? Vous voudriez qu’ils restent ? Et pourquoi donc ?
L’archéologue sentit le rouge lui monter aux joues et balbutia
nerveusement :
- Non… enfin… moi je dis ça… à titre purement
amical… pour les enfants…
- Amical ? Vraiment ? Pour les enfants ?
Daniel jeta un regard noir à un O’Neill à présent souriant et se leva rageusement, retournant s’installer à l’autre bout de la pièce et se replongeant dans les données que Thor leur avait fournies. Au bout de quelques heures, vaincu par le sommeil, il glissa lentement au sol.
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- Bonjour Daniel.
L’archéologue cligna
des yeux. La salle du vaisseau était plongée dans une étrange
pénombre. Il pouvait distinguer dans une sorte de brouillard les corps
de Jack et Teal’C. Et une femme brune, qui se tenait penchée sur
lui. Daniel remit ses lunettes en place et se redressa. La femme, vêtue
d’une longue robe d’un bleu pâle, lui souriait. Il écarquilla
les yeux :
- Oma ??
- Oui Daniel. Je suis heureuse de vous revoir.
L’archéologue resta silencieux un instant et murmura, soudain inquiet
:
- Moi aussi… Euh… je suis à nouveau mort, c’est ça
?
Elle rit doucement et s’assit
près de lui.
- Non Daniel, rassurez-vous. Mais il est vrai que Thanatos, dieu des morts,
est le frère de sang d’Hypnos, dieu des songes…
- Ce qui veut dire que je suis en train de dormir et que vous n’êtes
qu’un rêve ?
- Disons plutôt que je me sers de vos songes pour vous atteindre…
mais que je suis bien réelle. Je suis là pour vous prévenir.
- Me prévenir ? De quoi ?
- Vous ne pourrez pas tuer Eris. Pas avec vos armes habituelles. Elle est comme
Anubis, comme nous, elle est au-delà de tout.
Daniel l’observa quelques
instants en silence avant de soupirer :
- Bien. Donc vous venez ici nous annoncer que c’est perdu d’avance
? Que nous courons au suicide ? Que nous allons mourir et qu’elle torturera
l’enfant ?
- Non Daniel. Pas forcément. Trois clés sont nécessaires.
Vous en possédez deux. Je suis là car j’ai foi, car je veux
croire que la troisième est là elle aussi, que tout n’a
pas été fait en vain et que l’ancien secret sera enfin révélé.
Daniel ferma les yeux et se pinça
nerveusement l’arrête du nez.
- Trois clés… un secret…. J’avais oublié comme
c’était agréable de discuter avec vous Oma…
Elle sourit et se leva lentement
:
- Des sacrifices seront nécessaires, Daniel, mais rien que vous ne puissiez
faire. Rien que vous n’ayez déjà fait.
- Des sacrifices ? Des sacrifices…. importants ?
- Tout dépend du prix auquel vous estimez votre vie.
- Ma…
Daniel se tut et ferma les yeux
un instant. Il sourit amèrement.
- Ma vie. Mais bien sûr.
- Peut-être d’autres. Mais gardez la foi. J’ai foi en ce qui
peut arriver. Vous n’êtes pas tous les quatre arrivés jusqu’ici
pour rien. Des sacrifices seront nécessaires, mais la clé ne dépend
pas de vous, Daniel. Pas cette fois.
- Mais, Oma…
- Dormez Daniel.
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Quand il entendit un mince sifflement venant du caisson où se trouvait le colonel Carter, Teal’C ouvrit immédiatement les yeux. Il vit que le général était déjà debout penché sur la paroi translucide qui s’ouvrait lentement, et le jaffa, souriant en son fort intérieur, referma les yeux.
Quand il vit ciller les paupières
de Sam, Jack murmura :
- Bonjour Dorothée.
Elle ouvrit ses grands yeux bleus et sourit en découvrant le visage de
Jack au-dessus d’elle. Elle lui tendit la main et il l’aida à
s’asseoir.
- Comment ça va ?
- Bien. Bien je crois.
Jack la soutint alors qu’elle se levait doucement. Elle fit quelques pas,
la main de Jack glissée autour de sa taille. Il la lâcha doucement
quand il vit qu’elle semblait pouvoir marcher seule. Il la regarda s’étirer
et faire quelques mouvements pour se dégourdir. Il demanda d’une
voix étrangement douce :
- Et sinon… comment ça va ?
Elle se tourna vers lui, un sourire triste sur le visage :
- ça ira. Et vous ?
- ça ira.
Ils restèrent un instant face à face, immobiles dans la pénombre.
Puis Jack posa sa main sur le bras de Sam et l’attira à lui :
- Venez là.
Elle se blottit dans ses bras, dans sa force, dans sa chaleur. Il la serra contre
lui alors qu’elle laissait aller sa tête contre sa poitrine, paupières
closes. Il passa doucement sa main dans la chevelure blonde de Sam et murmura
:
- On va le retrouver. On ramènera Jolan.
- Je sais, répondit-elle simplement.
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- O’Neill, nous arrivons
dans le système solaire où se trouve Dalphina.
- Bien.
Les quatre anciens membres de SG1
se tenaient côte à côte devant la large surface translucide
qui laissait maintenant apercevoir plusieurs planètes en orbite autour
d’un unique soleil. Jack murmura :
- Pfff… ça ressemble à chez nous, aucun exotisme, tout ce
voyage pour rien, je suis déçu.
Daniel haussa les épaules et Sam sourit. Thor annonça :
- Je confirme la présence de l’enfant. Il doit à priori
se trouver dans le temple principal.
- Tout en haut… pourquoi ne suis-je même pas étonné
? demanda Jack d’un air narquois.
Personne ne prit la peine de lui
répondre. Alors que le « Samantha Carter » descendait vers
l’une des plus petites planètes, Daniel se racla la gorge :
- Euh… Si je vous disais que Oma Dessala est venue me rendre une petite
visite pendant mon sommeil, vous en penseriez quoi ?
- Que mes craintes en ce qui concernent votre santé mentale se sont enfin
avérées justifiées, grogna Jack.
Thor cligna des paupières, et Daniel continua :
- Elle a dit que Eris ne pourrait être battue par des armes conventionnelles.
- On s’en doutait, vu ce qui est arrivé au SGC, murmura Sam.
- Elle est venue me parler… d’une histoire de clés. Elle
a dit qu’on en avait déjà deux et que nous devions en trouver
une troisième.
- Toujours aussi claire votre copine Daniel. Un vrai plaisir. Pour ce qui est
des clés, j’espère que vous avez les vôtres, moi j’ai
laissé les miennes dans le vestiaire du SGC en part…
- Oh ça va Jack !
La voix de Teal’C s’éleva :
- Oma Dessala a-t-elle dit autre chose, Daniel Jackson ?
Daniel hésita un instant et répondit :
- Non, rien.
L’archéologue se détourna. Jack fronça les sourcils
et regarda quelques instants le dos de son jeune ami. A ce moment, le vaisseau
se positionna au-dessus de ce qui ressemblait à une plaine assez aride.
Les quatre coéquipiers prirent leurs armes et se mirent dos à
dos. Jack fit un signe de tête au commandant Asgard et ils disparurent
dans un éclair de lumière.
Ils se préparèrent à faire feu dès leur matérialisation à la surface de la planète, mais l’endroit était désert. Au loin, on distinguait les premiers contreforts des montagnes. Jack en tête, ils se mirent en route. Sam ne détectait aucune présence sur ses appareils.
Ils marchèrent plusieurs
heures. Jack jetait de temps à autre un bref coup d’œil à
Sam, mais elle semblait physiquement en pleine forme. Ils arrivèrent
enfin en vue de la cité. Ils s’arrêtèrent quelques
minutes devant le fabuleux spectacle que la montagne offrait. Des milliers de
ruines laissaient parfaitement imaginer la splendeur passée des gigantesques
édifices multicolores. Ca et là, des reflets d’or et de
marbre blanc brillaient sous le soleil, obligeant les quatre membres du SGC
à se protéger les yeux pour discerner les bâtiments –
ou ce qu’il en restait. La cité avait été abandonnée
depuis des temps immémoriaux, et la nature avait repris ses droits, les
colonnes et les frontons disparaissant souvent sous une végétation
dense. Sam baissa à nouveau les yeux vers ses détecteurs et fronça
les sourcils :
- Je détecte de la vie. Ils sont nombreux, tous sur les niveaux les plus
élevés de la cité.
- Nombreux comment ?
- Vingt…. Vingt deux… Non, plutôt une trentaine.
Un silence accueillit cette estimation.
Jack maugréa :
- Rappelez-moi pourquoi je n’ai pas voulu que SG3 vienne avec nous ?
- Vous avez demandé au colonel Reynolds de garder le SGC en votre absence
et en attendant le retour de Hammond, O’Neill.
- Ah oui, c’est ça. Merci Teal’C. Bon, et bien en avant,
allons chercher Jolan et si on trouve des clés au passage, on prend !
Daniel, nous sommes sur votre terrain là.
L’archéologue soupira et ils entrèrent dans la cité.
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Leur progression était lente. Ils prenaient garde à ne pas se faire repérer, et Jack dut intervenir plusieurs fois car Daniel s’arrêtait émerveillé devant chaque caillou. Quand ils parvinrent à mi-hauteur de la cité, Sam fit un signe de tête à Jack qui l’interpréta immédiatement. Tous firent silence et se dissimulèrent derrière un pan de mur écroulé. Une patrouille de quatre jaffas descendit peu après la large route pavée de marbre. Sur un signe du général, les quatre coéquipiers sortirent d’un seul mouvement et ne laissèrent aucune chance aux jaffas qui s’effondrèrent. Jack regarda avec un petit sourire satisfait les corps inertes :
- ça va, je n’ai pas trop perdu….
Sam sourit et ils reprirent leur progression.
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- Une patrouille ne répond plus.
Eris se retourna vers le jaffa qui
avait mis un genou à terre. Elle fronça les sourcils :
- Quoi ? Mais qui… ?
- Nous l’ignorons. Nous n’avons détecté aucun vaisseau,
et comme vous nous avez fait détruire la porte…
- Ne rien détecter ne signifie rien, pauvre idiot !
Elle se calma soudain et sourit
à nouveau :
- Cela n’a pas d’importance. Vous mourrez pour moi. Et de toutes
façons, qui que ce soit, ils ne peuvent rien. Et bientôt ils pourront
bien moins encore.
Elle reporta son regard doré sur la table de pierre lisse placée à côté d’elle. Jolan y était allongé, encore inconscient. Mais déjà Eris savait qu’il était en train de sortir de l’étrange coma dans lequel il était depuis qu’ils avaient quitté la Tau’ri. Ce n’était plus qu’une question de minutes. Alors elle saurait, et elle le tuerait. Et elle les tuerait tous.
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La progression était de plus en plus difficile, les jaffas de plus en plus nombreux. Grâce à la connaissance relative du site de Daniel, ils avaient pu se frayer un chemin au travers des temples en ruine, évitant au maximum la voie principale. Plusieurs autres jaffas étaient tombés quand ils découvrirent enfin, sur une esplanade monumentale dominant la luxuriante vallée, le temple principal. La pierre blanche semblait luire sous le soleil couchant, les restes de décoration chatoyant dans la lumière rasante. Les proportions du monument étaient gigantesques, ses colonnes monolithiques semblant s’élancer jusqu’au ciel.
Jack, Daniel, Sam et Teal’C n’avaient plus besoin de parler. Ils s’approchaient lentement, sûrement, de l’entrée de la colonnade.
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- Ce sont des Tau’ris. L’un
des jaffas les connaissait, ces sont ceux de SG1.
- QUOI ?
Dans un geste d’agacement, Eris leva la main vers le jaffa dont le corps
s’écrasa contre la paroi. Les autres jaffas tremblèrent,
mais ne bougèrent pas. Elle se tourna vers eux :
- Allez, mourez pour votre déesse !
Ils sortirent au pas de course. Elle se tourna à nouveau vers l’enfant
et, jugeant que le moment devait être assez proche, le prit sans ménagement
dans ses bras. Jolan gémit et ses paupières se mirent à
trembler. Déjà de la sueur perlait sous ses cheveux blonds. Son
réveil était imminent. Eris, un sourire aux lèvres, gagna
le fond du naos, la chambre sacrée des temples, et installa le corps
de Jolan sur un trépied en or. Elle baissa alors ses yeux magnifiques
vers le sol, là où l’antique crevasse semblait creuser une
cicatrice sur le marbre blanc. Quand une faible lueur apparut dans les profondeurs
de la terre, semblant monter vers la surface, répondant à un mystérieux
appel, alors Eris se mit à rire.
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Un grondement sourd parcourut la
cité et le sol trembla. Jack fronça les yeux et appuya sur le
bouton de la radio :
- C’était quoi ça ?
- Un tremblement de terre, O’Neill.
- Merci Teal’C, j’avais remarqué ! Je voulais dire, c’est
quoi, QUOI ? Daniel ???
- Je ne sais pas Jack ! Mais ça vient du temple…
- Et ??
- Et je ne sais pas moi ! Je vous ai expliqué sur le vaisseau que
le site de Delphes devait avoir été bâti sur une faille
géologique, et que les anciens grecs croyaient que les vapeurs de souffre
qui s’en échappaient étaient la parole des Dieux !
La voix de Sam retentit :
- Et déchiffrer les oracles était le rôle de la Pythie,
cette femme assise au-dessus de la faille et qui était sensée
servir d’interface en quelque sorte, entre les dieux et les hommes ?
- Oui, c’est ça Sam…
Jack fronça les sourcils :
- Attendez… et si… Si Eris avait besoin d’une sorte de Pythie
pour accéder à… à je ne sais pas moi….
La voix de Daniel retentit à nouveau, faisant écho à ce
que chacun des quatre amis avait réalisé au même instant
:
- A la connaissance totale et aux pouvoirs absolus des anciens enfermés
là… et la Pythie serait Jolan. Elle a besoin de lui pour atteindre
cette puissance, c’est par son intermédiaire qu’elle peut
l’acquérir.
Un silence de quelques instants accueillit ses paroles. Jack leva les yeux vers
le temple. L’entrée, sombre quelques secondes avant, semblait à
présent diffuser une légère lumière bleutée.
Et s’il était trop tard… Si… Il secoua la tête
et enclencha à nouveau sa radio :
- On y va. Rejoignez moi à l’entrée du temple.
Il reprit sa progression. Au bout de quelques instants, il distingua Teal’C et Carter sur la gauche de l’édifice, tirant sans discontinuer. Les jaffas s’effondraient un à un. Un tir obligea le général O’Neill à se rejeter en arrière. Daniel le rejoignit. Ils échangèrent un regard et bondirent en même temps hors de leur refuge, chacun d’un côté. Le jaffa qui les guettait hésita une fraction de seconde sur celui qu’il devait abattre… La seconde suivante, il était mort, touché par les tirs simultanés des deux terriens. Daniel et Jack échangèrent un rapide coup d’œil et continuèrent d’avancer.
Ils se retrouvèrent à
l’entrée du temple, se dissimulant derrière les hautes colonnes.
Soudain Jack perçut clairement la voix inquiète de Teal’C
:
- Colonel Carter ? COLONEL CARTER ? O’NEILL !!!
Jack, faisant fi des tirs autour d’eux, se précipita vers son ami,
entraînant Daniel à sa suite. Il tomba à genoux devant Sam
qui grimaçait, se tenant l’épaule. Elle gémit entre
ses dents :
- Ne vous inquiétez pas… Le tir m’a à peine effleurée…
Jack fronça les sourcils et la força à soulever sa main.
L’épaule était en sang.
La voix de Daniel s’éleva à nouveau :
- Jack, occupez vous de Sam le temps de lui faire un bandage… Je pars
devant avec Teal’C, on reste en contact par radio.
Le général leva un regard étonné vers son jeune
ami soudain si sûr de lui. Il ouvrit la bouche mais Teal’C le coupa
:
- Daniel Jackson a raison. Je propose qu’on se sépare à
nouveau. Le colonel sera en sécurité avec vous.
- Bien… J’en ai pour quelques secondes, on vous rejoint immédiatement.
L’archéologue et l’ancien prima se levèrent et repartirent
en avant. Daniel jeta un dernier coup d’œil par-dessus son épaule,
croisant le regard de O’Neill.
Celui-ci vit immédiatement, dans les prunelles étrangement résolues
de son meilleur ami, qu’il venait de commettre une erreur. Mais Daniel
avait déjà disparu dans les profondeurs du monument.
O’Neill tenta de chasser de son esprit l’atroce pressentiment qui
l’assaillait soudain et se tourna à nouveau vers Sam. Il comprima
rapidement la plaie, alors que Sam gémit :
- Pourquoi… Pourquoi les avez-vous laissés partir ?
- Je ne sais pas…. Je ne sais vraiment pas…
Il leva les yeux et lut dans ceux de Sam la même inquiétude que
celle qui l’étreignait depuis quelques secondes.
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- Daniel Jackson, je vois l’enfant.
L’archéologue s’avança très légèrement
et cligna des yeux sous l’intensité de la lumière. Un flot
de plus en plus intense jaillissait du sol, traversant le corps de Jolan toujours
allongé au-dessus de la faille, et gagnant le firmament par un trou circulaire
dessiné dans le toit. Une dizaine de jaffas l’observaient, manifestement
apeurés par le spectacle. Eris se trouvait à quelques pas de Jolan,
bras tendus, paumes tournées vers le ciel. Un sourire cruel sur ses traits
juvéniles, elle attendait.
Daniel murmura :
- Il faut l’arrêter.
- En effet.
- Pour cela il faut récupérer Jolan. Couper le… rayon.
- Bien. Alors allons-y.
L’archéologue leva les yeux vers son ami et murmura d’une
voix triste :
- Teal’C… Oma m’a prévenu que… enfin… Vous
êtes conscient que…
- Que nous allons sûrement mourir ? Oui Daniel Jackson. Et mourir à
vos côtés est un honneur.
Un mince sourire passa sur leurs lèvres et ils sortirent de leur cachette
en tirant. Les jaffas d’Eris mirent une fraction de seconde à réaliser
ce qui arrivait et plusieurs s’écroulèrent au sol. Mais
les autres se remirent en position de combat et tirèrent sur les deux
intrus. Daniel serra les dents quand il sentit la première brûlure
au niveau de sa cuisse mais continua malgré tout d’avancer, tuant
le jaffa qui venait de l’atteindre. A cet instant l’archéologue
leva les yeux vers Eris et la vit tendre le bras vers lui. Alors la voix de
Teal’C résonna, puis puissante que jamais :
- Je m’occupe d’elle, récupérez l’enfant !
Et l’ancien prima se jeta sur la jeune fille, l’entraînant
à terre sous son poids. Daniel, oubliant la douleur de sa jambe, se précipita
sur Jolan à travers le rayon, entraînant l’enfant contre
lui et se laissant tomber à bout de souffle contre la paroi.
C’est alors qu’il vit le corps de Teal’C, projeté dans
les airs, aller s’écraser contre une épaisse colonne et
glisser doucement au sol. Eris, blême de colère, se releva difficilement
et constata avec un grognement de rage que l’intensité du rayon
diminuait à nouveau. Daniel se redressa et tenta de gagner la sortie
en boitant, évitant au maximum le tir des derniers jaffas. Il entendit
Eris hurler :
- Jaffas, kree !!!
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Jack jeta un coup d’œil
à Sam qui grimaçait de douleur derrière lui. Le bandage
rougissait déjà. Soudain elle braqua son P90 et tira, tuant un
jaffa qui venait de déboucher d’un angle mort. Elle se rejeta derrière
une colonne pour éviter les tirs d’autres jaffas et fit un signe
de tête à Jack, qui avait bondi un peu plus loin :
- Allez-y mon général, je les retiens et j’arrive !
Il hésita un instant puis partit en courant vers le cœur du temple.
Il finit par passer une imposante porte et Daniel lui tomba dans les bras avec
Jolan. Jack les traîna derrière un bloc de pierre, asseyant l’archéologue
et prenant l’enfant tremblant et à demi conscient contre lui. Il
guettait toujours d’éventuels jaffas, son P90 tendu. Il posa la
main sur Daniel, réalisant tout à coup sa pâleur. Un liquide
chaud coula sur ses doigts et Jack resta figé un instant : du sang. L’archéologue
en était couvert. Jack se rapprocha de lui, posant sa main sur son épaule.
Les paupières de Daniel tremblèrent et un pâle sourire passa
sur ses traits exsangues :
- Salut Jack… Je suis… désolé… mais je ne crois
pas que…
- Daniel ! Arrêtez de dire n’importe quoi ! On va vous sortir de
là, vous et Teal’C, grâce à vous on a Jolan et…
Le général O’Neill se tut. A l’évocation de
son ami jaffa, les traits de Daniel étaient devenus encore plus douloureux,
encore plus tristes. L’archéologue parvint à murmurer entre
deux grimaces de douleur :
- Je suis désolé…. Teal’C….
Jack ferma les yeux un instant et serra machinalement contre lui le précieux
corps de l’enfant, ramenant son visage dans son cou. Ce n’était
pas possible. Daniel. Teal’C. Ce n’était pas possible. C’était
un cauchemar. Un atroce cauchemar.
Le corps de Daniel fut parcourut d’un spasme et il haleta soudain, cherchant de l’air qui ne lui servirait plus à rien. Jack saisit la main de son ami et, quelques instants plus tard, remontant doucement sur son front ses grandes et fines lunettes, ferma les paupières de Daniel Jackson.
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Des pas retentirent autour de lui, et O’Neill se tourna à nouveau, réarmant son arme et serrant l’enfant contre son cœur. Le premier jaffa s’écroula. Le second aussi. Mais cinq surgirent et le mirent en joue. Il hésita un instant. Se sacrifier lui ne posait aucun problème. Mais sacrifier Jolan… Posant lentement son arme, Jack se leva et suivit les soldats qui le poussèrent sans ménagement.
Ils pénétrèrent
à nouveau dans le naos du temple, où Eris sourit en les voyant
entrer. Le cœur de Jack se serra violemment dans sa poitrine : là,
contre la paroi, reposait le corps sans vie de Teal’C. Disloqué
comme l’avait été celui de Kawalski. Il serra les dents
de rage et d’impuissance. Eris s’avança alors vers lui :
- Donne moi l’enfant.
- Et si je….
Il ne finit pas. Se levant presque sur la pointe des pieds, elle avait posé
sa main sur le front de Jack qui s’effondra à genoux, les mâchoires
crispées contre l’infernale douleur. Eris se saisit alors de l’enfant
et alla à nouveau l’étendre sur le trépied. Immédiatement,
le rayon rejaillit du sol, plus clair et puissant que jamais.
Jack gémit et elle se tourna vers lui. Elle l’observa en souriant
alors qu’il se tenait la tête entre les mains, ouvrant péniblement
les yeux, son corps tordu par la douleur. Un jaffa demanda d’une voix
peu assurée :
- Que faisons-nous de lui ?
- Rien. Il est déjà en train de mourir. Laissons-le assister à
mon triomphe.
Le colonel Carter avait mal. Son bras tremblait sous la douleur. Avec les dents elle dégoupilla une dernière grenade et l’envoya rouler sur la pierre lisse. Elle se rejeta derrière la colonne et attendit la détonation. Puis se fut le silence. Morts, ils étaient enfin morts. Elle avait réussi à les tuer et à les empêcher de rejoindre Eris. Jack, Daniel et Teal’C avaient du s’occuper du reste. Sûrement. Alors pourquoi ne revenaient-ils pas ? Pourquoi la lumière qui venait des entrailles de l’édifice était-elle toujours plus forte, plus pâle ?
Sam rechargea son P90 et continua sa prudente progression vers le naos.
Elle enjambait des corps, avançait vers la lumière. Et soudain, instinctivement, elle tourna la tête et un cri mourut dans sa poitrine. Elle se précipita vers Daniel, tombant à genoux devant lui. Elle porta sa main à sa bouche et étouffa un sanglot. Elle saisit la main encore chaude de l’archéologue, ferma les yeux un instant et, se redressant, repartit en courant cette fois.
Quand elle arriva à l’immense
porte, elle se figea. Les quelques jaffas qui restaient étaient tournés
vers le centre de la pièce, subjugués par le spectacle. Le corps
de Jolan semblait irradier, la lumière étant quasiment blanche
autour de lui à présent. Eris était juste à côté,
perdue elle aussi dans sa contemplation.
Sam ajusta son arme et, de quatre balles rapides et sûres, tua net les
derniers jaffas. Eris ne s’en aperçut même pas. Ou ne s’en
préoccupa même pas.
Sam posa un pied dans la pièce, les sens toujours en alerte, balayant l’espace du regard. Ses yeux s’arrêtèrent soudain sur le corps inerte de Teal’C et un tremblement la parcourut. Elle retint un gémissement et se remit à chercher. Lui. Jack. Où…
Elle le vit et son cœur sembla
s’arrêter. Il était recroquevillé contre la paroi,
le visage couvert de sueur et déformé par la douleur. Elle se
précipita vers lui et souleva sa tête entre ses mains. Il était
brûlant, irradiant d’un feu intérieur. Il ouvrit lentement
ses yeux bruns voilés par la souffrance extrême et un râle
s’échappa de ses lèvres :
- Sam…
- Je suis là Jack, je vais te…
- Non… Sauve Jolan…
Elle tourna la tête vers le fond de la pièce alors que la lumière
devenait aveuglement blanche. Elle murmura, vaincue :
- C’est trop tard… Je ne pourrai pas…
Il déglutit péniblement et murmura en tremblant :
- Non… J’ai confiance en toi… C’est un peu… notre
fils… Tu dois…
A cet instant un spasme plus intense le saisit, et soudain sa tête retomba
en arrière dans les mains de Sam. Elle resta figée, lèvres
entre ouvertes, ne pouvant se détacher de ses yeux bruns vidés
de toute vie. Alors le ventre de la jeune femme se tordit sous la douleur et
elle se pencha sur lui, enfouissant une dernière fois son visage à
présent baigné de larmes dans le cou de celui qu’elle aimait.
Un long gémissement s’échappa de sa poitrine.
Elle entendit un rire. Un rire frais, jeune, et empli de cruauté et de victoire.
Alors Sam se redressa lentement, reposa doucement la tête de Jack sur le sol, se releva et se retourna.
La lumière était à présent d’une blancheur incandescente et Eris fit un pas vers le faisceau.
Alors Sam s’élança. Elle traversa la pièce en courant, sa colère lui fournissant ses dernières forces, et elle bondit sur la goa’uld alors que celle-ci touchait déjà de la main la colonne de lumière. Le corps mince d’Eris fut projeté sur le côté et Sam, emportée par son élan, tomba sur le sol dans le faisceau d’énergie.
Un gigantesque éclair déchira la pièce, s’élevant jusqu’au firmament et faisant trembler les fondations du temple. Eris hurla mais plusieurs blocs de pierre se détachèrent du plafond et s’effondrèrent sur le sol. Elle disparut sous l’un d’eux.
La lumière s’éteignit soudain, semblant s’évanouir dans le firmament, et tout redevint silencieux.
Le corps de Sam gisait inerte sur le sol, l’un de ses bras se balançant dans la faille.
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De longues, de très longues minutes après, les paupières de Sam frémirent et elle ouvrit les yeux. Sa tête bourdonnait. Elle balaya à nouveau la pièce du regard en se redressant péniblement. Elle sentit des larmes perler sous ses paupières quand elle vit à nouveau le cadavre de Jack étendu à quelques mètres.
Un sanglot. Elle perçut un sanglot.
Elle se releva immédiatement
et se précipita vers le trépied. Étendu sur le métal
précieux, Jolan, recroquevillé en boule, pleurait doucement. Elle
s’approcha et passa une main douce dans ses cheveux. Il ouvrit ses magnifiques
yeux bruns et murmura :
- Ma… Maman ?
Le cœur de la jeune femme se serra dans sa poitrine, elle hésita
puis murmura doucement :
- Oui… Oui mon chéri… C’est moi… C’est
fini.
Elle passa doucement ses mains autour du petit garçon et le souleva, le serrant contre sa poitrine, enfouissant son visage dans ses boucles blondes. Elle le berça doucement, le sentant se calmer à son contact. Elle ferma les yeux et laissa les larmes couler sur ses joues.
La voix de l’enfant s’éleva
:
- Pourquoi tu pleures ?
- Parce que j’ai eu peur.
- Papa ? Regarde maman, papa est là, je le vois, il dort !
Le ventre de Sam se tordit dans un spasme et elle étouffa un gémissement,
incapable de répondre. Jolan se laissa doucement glisser de ses bras,
et, avant qu’elle ait pu le retenir, courut vers le corps de Jack. Sam
hurla :
- Non ! Jolan non !!!!
Mais l’enfant s’était déjà agenouillé
et regardait le visage immobile. Sam se précipita et voulut le prendre
à nouveau dans ses bras mais il résista :
- Il faut le réveiller maman…
Sam se mordit la lèvre et gémit :
- On… On ne peut pas…
- Mais si on peut. Viens.
Alors il tourna la tête vers Sam et le sourire confiant de l’enfant
la transperça. Il mit sa petite main dans la sienne et elle s’assit
à côté de lui. Alors Jolan posa son autre main sur le cœur
de Jack et Sam sentit sa propre main, puis son corps tout entier parcouru d’une
intense chaleur. Jolan ferma les yeux un instant et fronça les sourcils.
Quand il les rouvrit, le général O’Neill gémit et
ses paupières tremblèrent. Sam porta une main à sa bouche
et étouffa un cri, puis se précipita sur lui : il était
en vie. Il se redressa petit à petit, se frottant la tête d’une
main et grimaçant de douleur. Quand Jack rouvrit les yeux, il découvrit
les sourires radieux de Sam et Jolan et y répondit instinctivement :
- Salut… Comment ça va bonhomme ?
- Bien. Je suis fatigué. Où sont Teal’C et Daniel ?
Une ombre passa sur le visage de O’Neill qui leva les yeux vers Sam et
murmura :
- Je… Ils sont….
- Ils sont endormis eux aussi ? demanda l’enfant avec candeur. Jack fronça
les sourcils :
- Oui… Mais…
Sam s’agenouilla devant Jolan, soudain saisie d’un espoir immense
:
- Jolan, tu crois que tu peux les réveiller aussi ?
- Oui, avec toi. Ils sont où ?
Elle se redressa et prit la main de Jolan dans la sienne. La même chaleur
l’envahit à nouveau et elle se dirigea doucement vers le corps
de l’ancien prima d’Apophis. Jack se releva lui aussi et dit :
- Sam je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée…. Daniel
et Teal’C…. Ils…
Elle se retourna vers lui et répondit en souriant :
- Je sais. Et vous, vous pensez vraiment que vous faisiez la sieste ?
Jack resta figé, bouche ouverte,
les regardant s’éloigner. Puis il se précipita à
leur suite, s’arrêtant derrière la jeune femme et l’enfant
à nouveau agenouillés devant le jaffa. Jolan ne semblait pas impressionné
par la vue des blessures et du sang. O’Neill murmura :
- Ne me dites pas qu’il va…
- Chuuut…. murmura-t-elle.
Et Jolan ferma les yeux et posa sa petite main sur l’imposante poitrine
du jaffa qui, au bout de quelques instants, cligna des yeux et murmura :
- O’Neill, colonel Carter… Que s’est-il….
- On vous expliquera plus tard, coupa Jack.
Le général resta aux côtés de Teal’C pendant
que Sam et Jolan allaient trouver Daniel. L’archéologue ouvrit
péniblement les yeux à son tour et grogna :
- Mes lunettes… Où sont….
Un sourire radieux sur les lèvres, Sam d’un doigt les fit tomber
sur son nez et il sourit en découvrant le visage de son amie. Elle lui
sauta au cou et il balbutia :
- Mais…. Sam…. Je ne comprends pas… Que….
- Je ne comprends pas non plus. Mais plus tard Daniel, plus tard.
Ils revinrent dans la grande salle où Jack et Teal’C étaient
penchés au-dessus de la faille. Le jaffa annonça de sa voix calme
:
- Je ne vois rien du tout.
- Moi non plus.
- Je pense qu’il n’y a de toutes façons plus rien à
voir, si jamais il y eut quelque chose… déclara l’archéologue
en les rejoignant.
Jack leva le visage vers Daniel et un immense sourire illumina ses traits. Il
posa la main sur son épaule et serra doucement. Daniel écarquilla
les yeux :
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien, Danny boy, rien. C’est juste que nous…
Il n’acheva pas sa phrase. Un fracas de pierres l’interrompit et ils se retournèrent. Eris, lentement, se redressait au milieu des décombres et les observait d’un regard plein de haine. Sa tunique était tachée de poussière et de sang, mais elle ne semblait porter aucune trace de blessure.
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Jack saisit Jolan et l’attira
dans ses bras. Teal’C saisit le P90 de Sam qui se trouvait par terre et
vida le chargeur sur la Goa’uld. Elle n’y prêta aucune attention
et fit un premier pas vers eux. Un sourire revint se dessiner sur ses lèvres
fines et elle murmura d’une voix grave :
- Vous allez payer. Je vous tuerai, à nouveau. Vous allez souffrir. Vraiment
souffrir cette fois.
Daniel murmura :
- On ne peut pas la tuer… Oma me l’a dit….
Teal’C, Daniel et Jack reculèrent.
Sam avança d’un pas.
Le général O’Neill
murmura :
- Carter…. Vous avez entendu ce que Daniel….
Sam fit un autre pas vers Eris.
Jolan murmura :
- Si.
Les trois hommes regardèrent l’enfant qui leva ses yeux rieurs
vers Jack. Celui-ci balbutia :
- Quoi Jolan ? Tu peux…
- Non. Pas moi. Maman.
- Maman ?
Les trois hommes relevèrent les yeux et restèrent figés
de stupeur.
Sam avançait toujours. Eris s’était arrêtée
et l’inquiétude se lisait dans ses prunelles dorées.
Sam ne voyait plus Eris. Sam voyait Jolan sangloter dans ses bras. Sam voyait les corps sans vie de Daniel et Teal’C. Sam voyait le visage inerte de Jack entre ses paumes.
Elle n’était plus que rage et vengeance. Ses poings étaient crispés le long de son corps tremblant de colère. Ses yeux bleus étaient fixés sur Eris.
Quand la Goa’uld leva la main, Sam avançait toujours. La décharge d’énergie sembla la traverser sans l’atteindre. Le pas du colonel se fit au contraire plus rapide, plus décidé.
Les trois hommes et l’enfant suivaient la scène, figés, impuissants. Mais Jolan souriait, blotti dans les bras de Jack.
Eris recula, s’arrêta à nouveau et tendit cette fois ses deux mains vers l’avant, doublant la force de son attaque. Cette fois Sam s’immobilisa et croisa ses bras devant elle pour se protéger. Eris sembla reprendre de l’assurance, mais son sourire mourut sur ses lèvres quand Sam releva la tête et continua sa progression.
La voix du colonel Carter retentit
soudain, claire et forte :
- Tu as bafoué toutes les lois. Tu as utilisé ce qui ne devait
pas l’être. Tu as trahi la puissance qui t’a été
confiée. Et tu as tué ceux que j’aime.
Alors Sam joignit ses deux mains, ferma les yeux un instant, et une lumière aveuglante jaillit de ses paumes soudain tendues vers la Goa’uld. Celle-ci sembla littéralement exploser en une pluie d’or qui disparut en se déposant lentement sur le sol.
Le corps de Sam s’affala doucement, inerte.
Les trois hommes se précipitèrent
et Jack, confiant Jolan à Daniel, tomba à genoux près d’elle.
La soulevant avec précaution contre lui, il passa une main sur sa joue
et sourit quand elle rouvrit les yeux :
- Bonjour, Dorothée…. Enfin, « super Dorothée »,
devrais-je dire !
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Elle sourit doucement, soudain
épuisée et tremblante. Elle leva les yeux vers Jolan et fronça
les sourcils. Jack suivit son regard et découvrit l’enfant endormi
dans les bras de Daniel. Ses traits étaient soudain très pâles,
tirés. O’Neill demanda d’une voix douce :
- On va s’occuper de lui. Ça va ?
- Oui… Je suis juste…. Je ne sais pas… vidée…
- Ce qui n’est pas très étonnant après avoir tué
sans même le toucher un goa’uld croisé avec de l’ancien
!
Elle sourit faiblement et il l’aida à se relever. Il regarda soudain
le bandage :
- Et votre épaule ?
Étonnée, elle bougea les bras et balbutia :
- Je… Je n’ai plus mal…
- Oui Samantha. Votre épaule est guérie.
Ils se retournèrent tous
et découvrirent une grande et belle femme brune. Daniel murmura :
- Oma…
Elle s’avança lentement en souriant et passa sa main fine dans
les cheveux de Jolan qui ne s’éveilla pas. Elle dit :
- Je suis là pour récupérer ce qui nous appartient.
- La force… Le pouvoir…
- … et la connaissance. Oui Samantha. Vous ne pouvez les conserver sans
mettre votre existence en péril. Votre corps n’est pas apte à
accueillir un tel présent. Celui de Jolan l’est davantage, car
il a le gêne de notre race grâce à son père, mais
il ne le supporterait pas bien longtemps.
Sam murmura :
- Vous voulez dire que j’ai….
- Oui. Non seulement la connaissance, mais tout le pouvoir des Anciens.
- Pourtant elle ne parle pas bizarrement, objecta Jack.
- La connaissance gardée ici est beaucoup plus pure et importante que
celle à laquelle vous avez été confronté deux fois,
Jack.
- Mais, c’est Jolan qui…. balbutia Sam.
- Non. C’est vous. Jolan n’aurait rien pu faire sans vous. Il est
trop petit, trop faible. Il n’a pas un accès direct à tout
cela. C’est vous qui avez permis que vos amis reviennent à la vie
et que Eris soit vaincue.
- Reviennent à la vie ? Mais comment ? Sam nous a ….. ?
- Et oui Daniel. Grâce au don qu’elle a reçu, mais surtout
grâce à sa force, son énergie, et son amour pour vous trois.
Grâce à sa colère aussi. Elle était la dernière
clé. L’hérédité et la connaissance ne suffisent
pas, s’il n’y a le courage, le coeur.
Ils restèrent silencieux
un moment. Puis Oma s’approcha de Daniel et tendit les mains :
- Confiez moi l’enfant un instant.
Elle prit très doucement Jolan dans ses bras, et l’étendit
au sol. Elle ferma les yeux en passant une main sur son front et une douce lumière
envahit le visage à présent apaisé de l’enfant. Elle
se redressa, rendant Jolan à Jack. Elle se tourna alors vers Sam et lui
sourit :
- Vous savez que je dois le faire ?
- Oui, murmura Sam.
Alors Oma posa également sa main sur le front de Sam et recommença
l’opération. Les paupières de Sam se fermèrent un
instant et elle vacilla, mais aussitôt Teal’C fut à ses côtés
et la soutint. Oma se recula d’un pas :
- Voilà. Nous n’aurions jamais du laisser ceci en partant. Mais
nous ne pensions pas que le jour viendrait si rapidement où les deux
êtres se trouveraient qui pourraient engendrer l’enfant.
Jack se racla la gorge et Sam détourna le regard, soudain mal à
l’aise. Teal’C et Daniel sourirent. Oma inclina la tête en
disant :
- Jolan restera ce qu’il est. J’ai seulement rendu son fardeau moins
lourd à porter. Nous veillerons à ce qu’il soit en sécurité
mais il faut qu’il reste près de vous.
O’Neill baissa les yeux vers l’enfant blotti dans ses bras et murmura
:
- Je ne comptais de toutes manières pas m’en séparer.
Sam regarda Jack et un magnifique sourire illumina son visage fatigué.
Oma continua :
- Bien. Je savais que vous prendriez les bonnes décisions. Vous l’avez
toujours fait. Nous avons foi en vous. A bientôt.
- Oma ! Mais que…. S’écria Daniel.
Elle avait disparu. Les quatre amis
se regardèrent et Jack sourit :
- Bon, on rentre ? C’est pas tout ça, mais j’ai faim.
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Elle gara sa voiture sur le parking
de la base de Cheyenne Mountain. Ses mains étaient moites sur le volant,
et elle inspira profondément avant de quitter le véhicule et de
se diriger vers le poste de garde qui marquait l’entrée de la base.
Elle tendit aux deux soldats la convocation signée de la main de Jack.
Il s’effacèrent aussitôt et lui indiquèrent un long
couloir qui menait vers l’intérieur de la montagne. Elle passa
à nouveau deux postes de gardes, de plus en plus sécurisés,
et croisa des dizaines de soldats en armes. Elle sentait son cœur battre
de plus en plus vite dans sa poitrine. Elle passa plusieurs portiques de détection
avant d’être conduite par un énième soldat jusqu’à
un imposant ascenseur. Ils descendirent dans les profondeurs de la montagne,
changèrent d’ascenseur et gagnèrent le niveau 27. De plus
en plus nerveuse, elle tapotait du bout des doigts contre la paroi métallique.
Le sourire forcé du soldat à ses côtés ne la tranquillisait
pas le moins du monde.
Quand les portes s’ouvrirent enfin, un homme se trouvait devant. Un militaire,
assez petit, blond, avec un visage poupin sympathique derrière ses lunettes
rondes. Il sourit :
- Madame O’Neill, je vous souhaite la bienvenue dans le complexe de Cheyenne
Mountain. Je suis le sergent Harriman, si vous voulez bien me suivre je vais
vous conduire au bureau du général.
Elle acquiesça et suivit Walter dans les couloirs. Ils croisèrent
un groupe d’hommes en tenue de combat, puis entrèrent dans une
large salle de réunion, dont la vitre était fermée par
un rideau d’acier, et où trois personnes étaient assises.
Elle fronça les sourcils, leurs visages lui étant étrangement
connus : un grand noir dont les traits calmes imposaient le respect, un homme
assez jeune avec de grandes lunettes fines et une femme blonde, athlétique
et très belle. Ils se levèrent et la saluèrent par un sourire.
Elle répondit machinalement et entra dans la pièce que lui indiquait
le militaire. Le bureau du général O’Neill. Jack reposa
le combiné et se leva en souriant. Ils se regardèrent quelques
instants en silence puis Jack dit :
- Merci d’être venue Sara. Je suis heureux de te revoir.
- Moi aussi Jack. Alors… tu es général ?
- Et oui.
- Félicitations.
- Merci.
Elle regarda autour d’elle et s’arrêta quelques instants sur
la photo de Jack et Charlie. Elle soupira et reposa à nouveau ses yeux
bruns sur le visage de son ex mari. Celui-ci lui désigna le fauteuil,
elle s’assit et demanda :
- Je t’avouerais que je suis assez stressée là. Recevoir
une convocation officielle de l’Air Force pour me rendre ici… s’il
n’y avait pas eu ton petit mot avec, j’aurais craint que tu ne sois
mort.
- Désolé. Mais je n’avais pas le choix, toute cette paperasse
est très réglementée… Et j’ai d’ailleurs
deux trois choses à te faire signer.
Il fouilla dans une des nombreuses piles posées sur le bois foncé
et sortit une liasse de documents qu’il déposa devant Sara. Elle
fronça les sourcils et il expliqua d’une voix douce :
- Pour que je puisse t’expliquer pourquoi je t’ai faite venir, il
faut que tu signes cela. C’est un formulaire de non divulgation d’informations
classées secrètes par l’armée et par les plus hautes
instances de ce pays.
Sara resta un instant silencieuse, ses yeux rivés à ceux de Jack.
Puis elle finit par murmurer :
- Des informations… vraiment secrètes à ce point ?
- Les informations les plus secrètes de toute cette planète, Sara.
- Et tu me conseilles de signer ?
- Oui. J’ai confiance en toi comme en peu de monde et j’ai vraiment
quelque chose à t’apprendre que je ne pourrai pas te révéler
sinon.
- Bien.
Elle prit un stylo sur le bureau et signa sans lire. Jack sourit et rangea les
documents. Il s’adossa au dossier de son fauteuil et prit une grande inspiration
avant de commencer :
- Alors voilà. Cette base contient un anneau de métal trouvé
en 1928 en Egypte et d’origine extra terrestre. Cet anneau permet de créer
un passage qui relie notre monde à des milliers d’autres partout
dans la galaxie. Depuis 8 ans, avant de devenir général, j’ai
parcouru avec mon équipe toutes sortes de mondes, ai rencontré
toutes sortes de races extra-terrestres avec lesquelles nous avons combattu,
ou créé des alliances.
Jack se tut. Le visage de Sara n’avait pas bougé. Elle gardait
ses yeux posés sur lui. Quand elle parla à nouveau, sa voix était
à peine un murmure :
- Je te connais. Tu ne plaisantes pas.
- Comme le dirait un ami à moi, en effet.
Les mains de Sara tremblèrent légèrement et se crispèrent
sur les accoudoirs du fauteuil. Elle ferma les yeux un instant, tentant de calmer
sa respiration saccadée. Jack attendait en silence qu’elle lui
parle, ce qu’elle fit après quelques minutes :
- Il y a plusieurs de ces… choses sur Terre ?
- Non. La seule est ici.
- Et c’est toi qui… es le chef de cette base ?
- Et oui. Ils sont malades, hein ? répondit-il en souriant.
Sara parut soudain plus calme et lui rendit son sourire :
- Non. En fait cela me rassure de savoir que cette…
- Porte des Etoiles.
Elle écarquilla les yeux :
- La Porte des Etoiles ? C’était donc vrai, ce que ton… autre
toi ou je ne sais quoi disait il y a des années à l’hôpital
??
- Oui. C’était vrai.
- Et bien, comme je le disais, je suis rassurée de savoir que c’est
toi qui en as la charge.
Jack la regarda un instant en silence avant de dire :
- Je te remercie. Je suis touché.
- Je suis sincère. Mais tout ceci n’explique pas ce que je fais
là.
Le sourire du général disparut et il sembla soudain mal à
l’aise. Il jeta un rapide coup d’œil à la photo de son
fils, puis expliqua d’une voix très douce :
- La Porte des Etoiles nous a ouvert des horizons technologiques immenses. Nous
avons notamment été en contact avec ce qu’on appelle des
réalités alternatives, c'est-à-dire – je fais simple,
hein – d’autres versions de notre monde, dans des espaces-temps
parallèles.
Sara fronça les sourcils et acquiesça. Il continua.
- Il y a quelque temps, nous avons accueilli ici quatre réfugiés
d’une autre Terre qui a été détruite. Nous avons
décidé dernièrement qu’ils resteraient ici. Parmi
ces personnes, il y en a une que… que nous…
Il se passa nerveusement la main dans les cheveux, releva la tête et plongea
ses yeux dans ceux de la femme qu’il avait aimée :
- Il y a Charlie, Sara. Le Charlie d’une autre dimension, fils du colonel
O’Neill et de son épouse Sara.
Elle resta parfaitement immobile mais pâlit instantanément. Jack
continua :
- Il a 18 ans. Il vient d’un monde où… l’accident ne
s’est jamais produit. Par contre sa mère est morte quand il avait
quatre ans.
Sara acquiesça machinalement. Ses mains s’étaient remises
à trembler. Le général enchaîna :
- Ce n’est pas notre Charlie, Sara. Mais c’est le jeune homme qu’il
serait peut-être devenu. Il me semblait de mon devoir de te prévenir,
puisque le Président a accepté qu’il reste parmi nous pour
toujours. Voilà pourquoi tu es ici Sara.
Jack voyait la poitrine de son ex femme se soulever rapidement sous sa respiration
anarchique. Elle finit par murmurer dans un quasi gémissement :
- Il… Il est ici ?
- Oui. Je peux le faire venir si tu le souhaites. Il est très impatient
de te voir, si tel est ton souhait. Tu ne pourras parler de sa présence
à personne, jamais. Mais tu pourras le voir quand tu voudras.
Elle acquiesça à nouveau :
- Je veux le voir.
- Bien.
Jack appela d’une voix forte
:
- Carter !
La porte du bureau s’ouvrit et Sam apparut. Jack se leva :
- Sara, je te présente le Lieutenant colonel Samantha Carter, mon second.
Sara tourna la tête vers la jeune femme blonde qu’elle avait croisée
en salle de briefing. Trop émue pour dire quoi que ce soit, elle la salua
d’un rapide signe de tête. Sam lui sourit et dit :
- Je suis ravie de vous rencontrer. Nous nous sommes croisées il y a
sept ans, mais très brièvement.
- Vous voulez bien faire venir Charlie ? demanda Jack.
- Oui mon général, tout de suite.
Sam quitta la pièce et Jack la suivit du regard à travers la surface
vitrée. Quand il baissa à nouveau les yeux vers Sara, celle-ci
l’observait et dit :
- Elle est très belle.
- Oui, répondit doucement Jack, un sourire flottant sur ses lèvres.
En plus c’est un brillant soldat et une scientifique exceptionnelle, peut-être
la meilleure du monde.
Son ex femme sourit à son tour et demanda calmement :
- C’est sérieux ?
- Pardon ??
- Entre vous, c’est sérieux ?
Jack sourit en secouant la tête. Sara continua :
- Je te connais trop bien. Alors ?
- Oui, c’est sérieux. Je quitte l’armée pour elle.
Ce sera effectif dans trois jours.
- En effet, c’est sérieux. Je suis ravie pour toi, tu le mérites
Jack.
- Merci.
Ils se regardèrent quelques secondes de plus en silence, puis on frappa
à la porte. Sara bondit sur ses pieds et se tourna nerveusement vers
le panneau de fer qui s’ouvrit. Charlie parut et resta immobile, ses yeux
bruns rivés sur la femme qui se trouvait face au général
O’Neill. Elle s’avança doucement vers le jeune homme et leva
une main tremblante qu’elle posa délicatement sur sa joue. La voix
très douce de Jack retentit :
- Sara, ce n’est pas…
- Je sais Jack. Je sais.
Charlie sourit timidement. Sara murmura :
- Tu t’appelles Charlie aussi, alors ?
- Oui madame, répondit-il.
- Appelle moi Sara.
Jack contourna le bureau et ouvrit la porte en disant :
- Je vous laisse quelques minutes. Si le téléphone rouge sonne,
dites au Président que je le rappellerai !
Il jeta un dernier coup d’œil à la scène qu’il
avait tant souhaitée voir des années auparavant. Sara face à
Charlie, tous les deux se regardant avec un magnifique sourire. Le général
O’Neill resta un instant immobile, le cœur gonflé d’émotion
et referma la porte derrière lui.
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Il se retrouva dans la salle de
briefing, face à Teal’C, Daniel et Sam qui souriaient. L’archéologue
demanda d’un ton enjoué :
- Alors Jack, cette petite fête ?
- Quelle petite fête ?
- La petite fête pour votre départ et pour souhaiter la bienvenue
à nos trois invités ?
Jack haussa les épaules en souriant :
- Hors de question de faire une fête. Je hais ce genre de trucs.
- Mais il faut bien célébrer tout cela quand même !
Le regard du général
O’Neill glissa rapidement sur Sam et il murmura :
- Je sais déjà comment je vais « célébrer
» tout ça….
La jeune femme rougit mais ne put
empêcher un sourire radieux de gagner ses lèvres. La voix de Daniel
s’éleva à nouveau :
- Ah mais non, je suis ravi pour vous, mais cela ne suffit pas, il faut….
- Il faut QUOI Daniel ? Vous avez besoin de nous pour « célébrer
» l’installation de Janet peut-être ???
Outré l’archéologue resta figé, bouche bée. Et le grand jaffa éclata de rire.
FIN !
Je veux des commentaires ! Quels qu’ils soient ! Vous ne pouvez pas être
arrivés jusque là et ne pas me dire ce que vous en pensez !!!!!
PLEAAAAAAAAAAAAASE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!