Too strong
Auteur : Gail R Delaney,
traduit par Helios
E-Mail : RmceWrtr@hotmail.com, helios14@free.fr
Catégorie : action, romance S/J, scène manquante
Saison : saison 8. L’action se passe immédiatement
après Reckoning, mais juste avant Threads – pour la majeure partie-
et un peu après Threads/Moebius – et un peu plus tard.
Raiting : déconseillée au moins de 12 ans
Date d’écriture : avril 2005
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi
un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and
showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or
anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else.
This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes : un très très grand merci à l’auteur
de m’avoir permis de traduire cette fic que j’adore. Mon anglais
n’étant pas parfait, j’ai (toujours avec sa permission),
réécrit certaines phrases « à ma sauce ». Je
pense – j’espère – ne pas avoir trahi le texte initial.
Si vous lisez l’anglais, je vous conseille toutes les fics de Gail qui
sont magiques.
Le lien vers son site : http://outoftheroom.homestead.com/
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Le brigadier général
Jack O’Neill gara son pick-up sur sa place de parking à l’extérieur
de Cheyenne Mountain dans les premières heures de l’aube, bien
avant que les gens normaux n’aient même l’idée de sortir
de leur lit douillet ou d’allumer leur cafetière. Mais lui était
là, une fois de plus. Il avait une réunion prévue avec
Hammond à 13 heures, et après que son ordinateur eût planté
la veille, il avait pris du retard sur son rapport.
Encore plus endormi qu’éveillé, il prit son café
du porte gobelet de son tableau de bord et sortit de sa voiture. Le garde au
premier poste de contrôle le salua d’un sourire et d’un «
bonjour » que Jack fit de son mieux pour lui retourner, mais la caféine
n’avait pas encore fait effet et parler était encore bien au-delà
de ses capacités en cet instant.
Il but à petites gorgées le liquide chaud dans le premier ascenseur,
laissant la vapeur et l’arôme se diffuser en minces volutes depuis
sa tasse pour atteindre son nez.
Au second poste de contrôle, le garde semblait aussi fatigué que
lui. Ils échangèrent un signe de tête compatissant avant
que Jack ne prenne le second ascenseur qui l’emmènerait sous les
niveaux du NORAD vers le SGC. Comme la cabine descendait vers le niveau 27,
il s’appuya contre la paroi et laissa aller sa tête en arrière,
ce mouvement faisant craquer le cuir de sa veste.
« S’il vous plait, faites que ce soit une journée tranquille.
Sans révélations apocalyptiques. Sans dysfonctionnements monstrueux.
Sans batailles rangées au mess. Juste… »
L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent pour
faire apparaître Walter attendant debout, son visage rond tendu et fermé.
« Tout ça pour ça… »
- Walter, il est 4h15, qu’est-ce qui a déjà pu mal tourner
?
- Le colonel Carter est arrivé sous le feu de l’ennemi il y a douze
minutes avec SG3 et 5 sous des tirs soutenus de Supers Guerriers.
- Des blessés ?
- Quatre. Ils sont à l’infirmerie à présent.
Jack entra à nouveau dans l’ascenseur et Walter le suivit, les
portes se refermant derrière lui comme Jack enfonçait le numéro
21 avec son pouce. Le café qui avait été son instant de
douceur une seconde plus tôt lui brûlait à présent
la gorge. L’ascenseur montait maintenant avec une lenteur atroce.
- Des morts ? demanda-t-il finalement.
- Un, mon général.
- Qui ?
« Je vous en supplie… »
- Le lieutenant McElvoy de SG5, mon général. Le major Riggs de
SG5 et le lieutenant Tannen de SG3 sont tous deux grièvement blessés.
Le major Patenski et le colonel Carter souffrent de blessures plus légères.
Jack fit en sorte de ne rien laisser paraître, mais il glissa sa main
au fond de la poche avant de son jean et ferma le poing jusqu’à
ce que ses articulations lui fissent mal. L’ascenseur s’arrêta
enfin et les portes s’ouvrirent. Jack tâcha de garder le contrôle
de lui-même et de ne pas bondir en avant, mais de confier calmement son
café à Walter.
L’infirmerie était en pleine effervescence alors que le Docteur
Brightman et plusieurs membres de son équipe travaillaient avec fièvre
sur les formes ensanglantées de Riggs et Tannen. Les masques sur les
visages des médecins assourdissaient leurs voix, et leurs ordres s’entendaient
à peine au-dessus des machines en train de biper et des instruments métalliques
qui s’entre choquaient.
Jack resta immobile plusieurs minutes, retenant son souffle en regardant le
médecin travailler. Il détestait cela… attendre et se demander
si tout le monde s’en sortirait en un seul morceau. Ou sinon, au moins
vivant. Il voulait s’enquérir de leur état, mais savait
que poser des questions à ce moment précis ne ferait que déranger
l’équipe médicale.
- Carter…
- Par là, mon général, dit Walter, marchant vers un coin
plus calme de l’infirmerie à l’écart des médecins
occupés.
Patenski était soit endormi soit inconscient sur l’un des lits
alors qu’une infirmière lui injectait un médicament en intraveineuse.
Une autre infirmière s’arrêta au pied de son lit et ouvrit
le rideau qui séparait son lit du suivant. Le cœur de Jack se serra
dans sa poitrine quand il découvrit Sam rentrant le bas d’un T-shirt
propre sous son pantalon de treillis.
Ses cheveux étaient décoiffés, et de la suie tachait ses
joues. Un large bandage blanc était enroulé autour de son avant-bras,
sortant de sous la manche de sa veste. Un autre bandage, déjà
rosi par la blessure qu’il couvrait, courrait le long de son sourcil,
partiellement caché par les cheveux de la jeune femme.
- Faites-moi part de leur état aussi vite que possible, dit Jack à
voix basse, et Walter acquiesça, disparaissant dans la direction opposée.
Sam leva les yeux et leurs regards se rencontrèrent. Jack prit lentement
une profonde inspiration, rentrant les épaules, et s’avança
vers elle.
- Carter... dit-il avec douceur alors qu’il arrivait près d’elle.
Qu’est-ce que je vous avais dit à propos de se faire tirer dessus
en mission ?
Elle se déplaça sur le bord du lit avec des mouvements raides
et hésitants.
- On a du oublier de transmettre votre mémo à l’ennemi,
mon général.
Jack essaya de sourire et poussa ses mains plus loin dans ses poches. Il leva
le menton dans sa direction :
- Ça va, vous ?
Sam acquiesça et posa ses pieds sur le sol. Jack sortit précipitamment
ses mains de ses poches et l’aida à se lever. Il plaça son
bras sur sa taille et lui tint la main alors qu’elle se tenait debout.
Elle grimaça, mais cacha rapidement ce mouvement d’appréhension
derrière un masque inexpressif.
« Un bon soldat, hein ? »
- Je ne vois que ce qui est visible, et le reste ?
Sam se redressa avec un léger soupir douloureux, mais elle ne quitta
pas sa main et il ne bougea pas son bras.
- Rien de grave.
- Carter…
Elle leva le menton et croisa son regard :
- Je me suis blessée à la jambe droite du genou à la cuisse
sur la rampe de la porte, et je me suis fêlé une côte ou
deux. C’est tout. Rien en comparaison de tous les autres.
Il la regarda un moment, et vit dans ses yeux les mêmes émotions
que celles qu’il avait ressenties pendant des années. La culpabilité
d’être le chef quand les choses tournent mal, spécialement
quand quelqu’un meurt. Neuf fois sur dix, il n’y a rien à
faire qui puisse un peu alléger le poids sur vos épaules.
Jack remonta sa main le long de son dos et la baissa à nouveau avant
de s’écarter et de reprendre sa pose « poings dans les poches
». Un geste plus simple à faire en treillis, mais il n’avait
pas encore eu la moindre occasion de pouvoir se changer.
- Que s’est-il passé ?
Sam secoua la tête, les coins de sa bouche s’abaissant.
- Je n’en suis pas sûre mon général. J’essaye
de tout démêler dans ma tête, mais la douleur n’aide
pas.
- Ok. Allez vous changer. Prenez une douche et reposez-vous. Nous en parlerons
plus tard.
Sam regarda Jack s’arrêter
à la porte de l’infirmerie et parler avec Walter et le Docteur
Brightman. Elle regarda les corps à présent silencieux des hommes.
Ils avaient tous survécu – sauf McElvoy.
« Merci mon Dieu »
Elle essaya de se rappeler ce qui était arrivé. Ils exploraient
la planète, recherchant un possible campement de rebelles jaffas. Sam
se rappela avoir grimpé une colline et avoir vu les tentes dans la vallée
en contrebas. Un picotement douloureux passa le long de sa colonne vertébrale
et se répandit dans l’arrière de son crâne comme de
l’acide dans ses veines, et Sam ferma les yeux pour lutter contre la douleur.
Alors une odeur de chair brûlée et les hurlements des d’hommes
emplirent ses souvenirs. Ils couraient vers la Porte. Des super guerriers les
poursuivaient à travers les arbres. Sam traînait Tannen derrière
elle…
« C’est de sa faute… Il savait… »
La voix murmura, telle un serpent dans le Jardin d’Eden, et Sam ouvrit
à nouveau les yeux en grand. Elle balaya la pièce du regard, trouvant
Jack toujours près de la porte. Il leva les yeux et leurs regards se
croisèrent, un sourire rassurant remontant le coin des lèvres
du général.
La brûlure se calma et le murmure cessa. Sam déglutit pour lutter
contre la sécheresse de sa gorge et gagna les douches.
- Tu a l’air très distrait
ce soir.
Jack leva les yeux de l’assiette de traiteur asiatique devant lui, sa
fourchette plantée au milieu des pâtes chinoises, pour regarder
Kerry assise en face de lui.
- Désolé, dure journée.
- Tu veux en parler ? Ou est-ce un problème qui demande une autorisation
plus élevée que celle que j’ai ?
Il secoua la tête.
- Je suis debout depuis 3 heures du matin.
Elle sourit, et but une gorgée de Merlot.
- Est-ce qu’il t’arrive d’oublier que tu es militaire ?
Jack reposa son bras, le manche de sa fourchette faisant un petit bruit sec
sur le bord de l’assiette. Il regarda la femme rousse qui s’était
si récemment infiltrée dans sa vie, si rapidement que parfois
il pouvait jurer ne pas se souvenir de comment ou quand c’était
arrivé. Un jour il était en train d’échanger des
recettes d’omelettes avec Carter, et le lendemain il partageait son lit
– un lit qui avait été vide depuis bien plus d’années
qu’il ne voulait y penser – avec une jeune femme de la moitié
de son âge.
« Qu’est-ce que tu es en train de foutre, O’Neill ? »
- Non, fut sa seule réponse.
Kerry coupa délicatement son poulet frit, en portant un morceau à
sa bouche. Jack eut un bref souvenir d’avoir partagé un repas similaire
avec son équipe dans le passé. La cuisine chinoise n’était
jamais mangée à table ou dans de vraies assiettes, mais dans le
salon devant un match – match de n’importe quoi, cela dépendait
de la « saison ». Habituellement, Jack occupait son côté
favori du canapé et Sam, le plus souvent, s’asseyait sur le sol
et utilisait le canapé comme dossier. Pieds nus, assise en tailleur,
elle mangeait ses « œufs Foo Yong » à même le
carton et à l’occasion se retournait pour croquer un bout du Chow
Mein de Jack. Daniel goûtait un peu dans tous les plats, choisissant généralement
de prendre une assiette en carton et Teal’C faisait un blocage sur le
riz au porc frit. Avec beaucoup de sauce soja. Vraiment beaucoup de sauce soja.
- J’ai entendu dire que des équipes SG étaient revenues
sous le feu de l’ennemi ce matin.
Jack cligna des yeux, s’efforçant une fois de plus à prêter
attention à la conversation – et à la compagnie –
présentes.
- Ouai.
- Tu as perdu un homme.
- Ouai.
- Est-ce ce qui te rend si silencieux ?
Jack abandonna la nourriture, posant sa fourchette et repoussant son assiette.
- Désolé. Dure journée.
Kerry finit le vin dans son verre, le regardant au-dessus du rebord. Alors elle
soupira et reposa ses couverts.
- Oui, tu l’as déjà dit.
- Tu es distraite ce soir.
Sam détacha son regard de l’écran de télévision
et du film qu’elle ne suivait pas vraiment, et se concentra sur Pete.
- Comment ?
Il eut un petit rire et sourit :
- Cela a été à peu de chose près la réponse
à toutes les questions que j’ai t’ai posées ce soir.
A quoi penses-tu, Sam ?
Elle secoua la tête et glissa son pouce entre ses dents, laissant son
coude reposer sur le bras du canapé.
- Désolée, dure journée.
- Comment te sens-tu ? Je veux dire, je sais que tu ne peux pas me dire «
comment » tu t’es fait tout ça, mais… ça va,
non ?
Sam acquiesça et se déplaça, regrettant immédiatement
son geste quand la douleur lui vrilla la jambe.
- J’irai mieux dans un jour ou deux. Je récupère vite.
- Est-ce que je peux t’attraper quelque chose ?
Le téléphone sonna derrière lui alors qu’il demandait,
et Sam le désigna du menton.
- Tu peux me passer le téléphone.
- Bien, dit-il en l’attrapant. Allo ?
Il fit une pause, et Sam vit cette ombre familière passer sur le visage
de Pete. Sans avoir besoin de demander, elle savait qui c’était.
Pete lui tendit le téléphone.
- Allo…
- Bonsoir Carter.
- Bonsoir mon général. Est-ce qu’il y a un problème
?
- Non.
La voix de Jack s’anima à l’autre bout de la ligne :
- J’appelais juste pour savoir comment vous alliez. Ça va ?
- Je suis seulement épuisée, mon général. Rien que
je ne puisse supporter.
- Avez-vous besoin de prendre un jour ou deux ? Pour vous reposer.
- Non.
Cette fois-ci Sam réalisa que c’était à son tour
de trop s’animer. Elle s’éclaircit la voix et jeta un coup
d’oeil vers Pete, qui faisait de son mieux pour avoir l’air de ne
pas écouter la conversation.
- Non, ce ne sera pas nécessaire, mon général.
- Certaine ?
- Oui, mon général.
- Bon. Alors je vous vois demain matin.
- Mon général ? dit-elle rapidement avant qu’il puisse raccrocher.
- Oui…
- Toujours pas de nouvelles ?
Il y eut un silence avant qu’il parle, et c’était la seule
réponse dont Sam avait besoin.
- Non. Pas encore. Dès que je sais quelque chose à propos de Daniel,
vous serez la première au courant. Quelle que soit l’heure.
- Merci mon général.
- Bonne nuit, Carter.
Sam raccrocha le téléphone et se laissa aller contre le dossier
du canapé. La même douleur brûlante qu’elle avait ressentie
à l’infirmerie remonta le long de sa colonelle vertébrale,
courant dans ses veines jusqu’à ce qu’atteignant sa tête
elle l’oblige à fermer les yeux. Elle pressa ses paupières
fermées et grinça des dents sous la douleur.
« Fais ce qui doit être fait…. Fais le avant qu’il ne
soit trop tard… FAIS LE ! »
- Sam ?
- Quoi ?
Pete secoua la tête :
- Rien…
Et il se leva pour aller dans la cuisine.
Sam se réveilla en sursaut,
sa tête jaillissant de ses bras repliés alors qu’elle tâchait
de se rappeler où elle était. Son laboratoire était presque
entièrement plongé dans la pénombre, mis à part
la douce lueur qui émanait des divers indicateurs lumineux de ses équipements.
Elle repoussa sa manche et tourna sa montre pour la regarder : 2 heure 16.
« Mince ! »
Elle ne se souvenait même pas ce qu’elle était en train de
faire. Elle cligna des yeux, essayant de se concentrer sur le jour présent.
Attendez… Est-ce que ce n’était pas samedi ? Pourquoi était-elle
seulement à la base ?
Sam réalisa alors qu’elle avait un petit tournevis rouge serré
fort dans son poing gauche. Elle ouvrit les doigts et le regarda, comme si elle
ne l’avait jamais vu auparavant.
« Mais qu’est-ce qui se passe ? »
Elle posa l’outil et descendit du haut tabouret sur lequel elle était
perchée. Comment elle réussit à ne pas tomber et s’ouvrir
le crâne, impossible à dire. Elle regarda autour d’elle dans
son labo. Il n’y avait rien sur la table qui indiquât sur quoi elle
était en train de travailler… pas de notes, l’ordinateur
était éteint.
« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »
Elle secoua la tête et marcha à reculons vers la porte. C’était
aussi bien de sortir aussi furtivement qu’elle le pouvait. Si quelqu’un
la voyait et disait au général qu’elle était là
si tard, elle se prendrait un savon lundi sur le fait de ne pas profiter de
la vie. Cela, et il voudrait savoir ce qui était si important pour la
faire revenir à la base aux premières heures du dimanche matin.
Et comme elle ne le savait pas, cela posait un léger problème….
- Le sergent Siler a travaillé
sur l’ascenseur en panne depuis tôt ce matin. Il n’a pas déterminé
ce qui a causé le court-circuit, mais est certain qu’il l’aura
réparé d’ici 16h30, général.
Jack acquiesça, baissant les yeux sur le rapport en face de lui.
- Bien. Les hommes en haut se plaignent que nos fournitures prennent trop de
place. Et à propos des réfrigérateurs au mess ?
Walter secoua la tête, reprenant à Jack le rapport qu’il
venait de signer.
- Deux remarchent normalement. Deux sont trop chauds, et deux congèlent
tout.
- Que diable… grogna Jack, passant une main dans ses cheveux.
Un cliquetis se fit entendre dans la ventilation au-dessus, et Jack et Walter
tournèrent la tête vers le plafond. La ventilation émit
un murmure et siffla, de l’air chaud se répandant dans le bureau.
- Ah, pour l’amour du ciel ! Walter, allez…
- Mettre le sergent Siler là-dessus. Tout de suite, général.
Comme Walter quittait la pièce, Jack mit son ordinateur en veille et
se leva de son fauteuil pour se rendre dans la salle de briefing pour sa réunion
avec Carter et Teal’C, et les membres encore en bonne santé de
SG 3 et 5. Comme il se levait, une goutte de sueur roula entre ses omoplates
et il jeta un coup d’œil menaçant au ventilateur incriminé.
L’air dans la salle de briefing n’était pas plus frais, et
il haussa les épaules d’un air navré alors que ses hommes
s’asseyaient autour de la table :
- Siler y travaille, dit-il à titre d’explication.
Sam s’assit à côté de lui, les joues rouges et les
cheveux dans son cou sombres de transpiration. Jack se dirigea vers la petite
table près de son bureau, prit la carafe d’eau et les verres qui
semblaient toujours devoir se trouver là avant les réunions, et
les rapporta avec lui.
- Vue la chaleur qui règne ici, que chacun se sente libre de…
Il fit un geste de la main vers tous ceux qui étaient assis :
- Mettez-vous à l’aise.
Sam fut la première à soupirer d’aise et à ôter
sa veste verte de treillis, révélant le petit haut sans manche
dessous. Jack s’assit, remplit un verre d’eau et le lui glissa,
puis il fit la même chose pour Hastings, assis de l’autre côté
– juste pour être poli. Puis il repoussa la carafe et les verres
et ils passèrent autour de la table pour tous ceux qui étaient
présents.
- Bon, parlons…
Les ventilateurs d’air cliquetèrent et émirent un claquement
au-dessus d’eux, et tous dans un seul mouvement levèrent les yeux.
Jack entendit un son assourdi, et quelques secondes plus tard la salle se remplit
avec la pire odeur qu’il ait sentie depuis leur mission cauchemardesque
sur Netu.
Le visage de Sam verdit, et elle se couvrit la bouche avec les mains :
- Oh, mon Dieu…
Le major Wong attrapa son rapport, l’agitant devant son visage :
- C’est une boule puante ou quoi ??
- Non mais c’est quoi ces blagues de potaches ? jura Jack, se levant avec
une telle force que sa chaise roula en arrière et cogna contre le mur
derrière lui. WALTER !!!
Sam se souffla vers le haut du visage,
essayant désespérément de se rafraîchir de la chaleur
étouffante qui plombait l’air de son laboratoire. Le petit ventilateur
installé sur son bureau était quasiment inefficace, parvenant
seulement à brasser l’air lourd plutôt que d’apporter
un réel soulagement.
Elle tenta de se concentrer sur le rapport devant elle, mais les lignes bleues
et rouges parallèles les unes aux autres dans des pics et des creux avec
des gamma et alpha avaient moins de sens pour elle à cet instant que
la physique quantique n’en avait pour un élève de maternelle.
La sensation obsédante qu’elle était supposée faire
autre chose à cet instant – aller quelque part – voir quelque
chose d’important – la chatouilla au fond de sa tête. Son
estomac se crispa et se noua sous l’anxiété d’avoir
oublié quelque chose.
- Tout va bien, Carter ?
Sam sursauta et regarda par-dessus son épaule. Jack se tenait dans l’encadrement
de la porte, la lumière venant du couloir brillant derrière lui,
laissant son visage dans l’ombre et dessinant sa haute silhouette. Son
épaule était appuyée contre le chambranle et ses mains
étaient enfoncées dans ses poches.
« Tu sais ce que tu as à faire… »
La sensation acide brûla à nouveau la colonne vertébrale
de Sam, vrillant le bas de son crâne, laissant un goût amer dans
le fond de sa gorge. Elle déglutit et ferma les yeux lentement, tentant
de repousser les sombres pensées qui étaient devenues de plus
en plus présentes ces dernières heures, ces derniers jours. Les
voix étaient pires lorsqu’elle était fatiguée, ou
quand son esprit s’éloignait trop d’un point de concentration,
mais comme le temps passait elles devenaient de plus en plus persistantes.
Elle se demanda combien de temps elle pourrait continuer à ne rien dire…
et se demanda si elle devenait folle.
- Je vais bien, mon général. Seulement…
- Chaud.
- Mon général ?
- Il fait chaud ici.
Il s’écarta du chambranle, et alors qu’il sortait du halo
de lumière, elle vit qu’il portait un T-shirt noir qui accentuait
les muscles fins de ses biceps et de ses triceps, et comme il bougeait ses doigts
au fond de ses poches, les tendons bougeaient à chaque mouvement.
- Il fait chaud partout, mon général.
Il atteignit la table où elle se tenait assise, et sa main gauche quitta
sa poche pour prendre un stylo et le tourner encore et encore, le faisant rebondir
sur les notes de Sam. S’il ne pouvait poser ses mains sur un gadget quelconque,
un stylo faisait l’affaire.
- Aviez-vous besoin de quelque chose, mon général ?
- Nan. Je… passais juste.
Le ventilateur d’air émit un cliquetis puis un son mat, et Sam
rassembla ses forces – considérant la possibilité de retenir
sa respiration. La dernière fois qu’elle avait entendu ce son,
la puanteur la plus nauséabonde avait rempli la salle de briefing. A
la place, la température ambiante dans la pièce se rafraîchit
instantanément et elle soupira.
- Oh, merci mon Dieu.
- Merci Siler... corrigea Jack, et Sam sourit.
Elle baissa son regard depuis les cheveux gris vers les yeux de Jack, et elle
arrêta de respirer quand elle le trouva en train de l’observer.
Ses yeux sombres étaient attentifs et inébranlables sur le visage
de Sam, et la main de Jack avait cessé de remuer le stylo. Jack remonta
le menton, ses lèvres s’entre ouvrant un instant, signe qu’elle
avait depuis longtemps appris à reconnaître. Il avait quelque chose
à dire…
- Donc, tout va vraiment bien, Carter ?
Sam souleva les épaules, serrant ses lèvres l’une contre
l’autre avec un léger haussement de sourcils.
- Bien sûr. Très bien.
- Vous vous sentez bien depuis PX4-133 ?
Elle acquiesça à nouveau :
- Oui.
Le regard de Jack changea, et Sam se demanda s’il savait. S’il pouvait
deviner qu’à cet instant même un serpent murmurait à
son oreille.
« C’est lui… C’est entièrement de sa faute...
Il doit mourir. »
Elle déglutit durement. Un nouveau frisson parcourut sa colonne vertébrale,
et elle ne put retenir le tremblement qui la traversa.
- Au nom du ciel, grogna Jack. D’abord c’est étouffant, et
maintenant c’est le désert Arctique.
La fine couverture de sueur qui avait recouvert la peau de Sam quelques instants
plus tôt lui faisait à présent l’effet d’aiguillons
de glace sur sa peau, maintenant que la température dans son laboratoire
avait chuté à une vitesse vertigineuse. Elle se serait presque
attendue à regarder en l’air et à voir tomber des flocons
de neige depuis la ventilation.
- C’est dingue. Il doit y avoir des gremlins dans ce truc !
Un autre frisson la traversa, la faisant trembler complètement, et Sam
croisa ses bras nus devant sa poitrine. Jack regarda autour de lui et, avisant
la veste de treillis de Sam, il l’ôta du dossier de sa chaise de
bureau et la lui apporta. Comme il la déposait sur ses épaules,
Sam leva sa main pour attirer le tissu sur elle et leurs doigts se touchèrent.
Pendant juste un instant, le flash intense d’une seconde, la douleur brûlante
dans les veines de Sam se calma. Alors Jack se retira et gagna la porte, marmonnant
pour lui-même de ne jamais nourrir Walter après minuit.
Sam le regarda s’en aller, et quand il disparut dans le couloir, une douleur
atroce frappa ses tempes comme un coup de tonnerre, la faisant crier et se prendre
la tête dans les mains.
« IL DOIT MOURIR ! »
Le docteur Brightman s’assit
dans son bureau, les derniers rapports sur les tests de SG3 et 5 posés
devant elle. Elle les avait déjà parcourus deux fois, mais se
concentra une nouvelle fois sur la première page, se préparant
à les lire à nouveau.
Ce rapport était particulier. Lieutenant Colonel Samantha Carter.
Elle était dans l’Air Force depuis suffisamment longtemps pour
savoir qu’on ne posait pas de question sur un ordre d’un officier
supérieur, et elle était au SGC depuis suffisamment longtemps
pour savoir que s’il y avait une seule personne qui connaissait Sam Carter
mieux qu’elle-même, c’était le général
Jack O’Neill.
Si bien que lorsqu’il était venu la voir deux heures plus tôt
pour lui dire que quelque chose n’allait pas avec le colonel – et
qu’il lui avait demandé d’y regarder – elle n’allait
pas refuser.
Le problème, c’était qu’elle n’avait absolument
rien trouvé.
Au-delà des blessures évidentes avec lesquelles le colonel était
rentrée, elle était physiquement revenue dans un état parfaitement
normal. Ses constantes étaient normales, son scan était bon, son
BP normal, ses niveaux respiratoires et cardiaques tout à fait acceptables
au regard de la situation. Son relevé de toxines était revenu
bon. Aucun signe d’anémie ou d’aucune autre déficience,
pas de niveau excessif d’adrénaline ou d’hormones qui indiqueraient
du stress. Les taux de globules blancs et rouges étaient normaux. Pas
de produit étranger dans le sang, surtout pas un de tous ceux qui avaient
été répertoriés ces dernières années.
Elle secoua la tête.
« Qu’est-ce qu’il voulait qu’elle trouve ? »
Elle posa sa tempe sur ses doigts fermés et regarda à nouveau
les chiffres. Alors qu’elle atteignait le bas de la page, et que les niveaux
décroissaient, elle arrêta de respirer.
Facteur inconnu : 0.002%
Elle sauta rapidement au rapport correspondant au Major Rigg, ses yeux cherchant
le bas de la page.
Facteur inconnu : 0.0021%
C’était le même pour trois des dix autres membres. Un facteur
inconnu dans leurs analyses sanguines, que le tableau des toxines de l’infirmerie
ne pouvait pas vraiment identifier. Mais avec un pourcentage si faible, l’ordinateur
n’envoyait pas de signal d’alarme.
Le Docteur Brightman s’écarta de son bureau et bondit sur ses pieds,
se précipitant hors de la pièce pour trouver le général
O’Neill.
- Un sabotage ?
Le sergent Siler haussa les épaules et acquiesça.
- Oui mon général. Tous les différents mauvais fonctionnements
du système ou de l’équipement ces dernières 24 heures
ont été le résultat direct d’un sabotage.
Jack posa brutalement ses coudes sur la table de la salle de briefing et se
frotta nerveusement les cheveux avec ses doigts.
- C’est du sérieux ?
- Non, mon général. Rien qui ne puisse être réparé
avec un peu de temps. J’aurai récupéré les nettoyeurs
d’air et les systèmes de contrôle de l’air conditionné
dans les prochaines trois ou quatre heures. L’ascenseur fonctionne déjà
à nouveau et les réfrigérateurs du mess seront réparés
rapidement. Pour ceux-là, nous avons eu besoin que des pièces
soient livrées. L’équipement dans l’infirmerie et
le laboratoire du colonel Carter prendront un peu plus de temps à cause
de leur nature très spécialisée et technique, mais…
- Le labo de Carter ? L’infirmerie ? Y a-t-il quelque chose d’autre
qui ne marche plus et dont je ne sois pas au courant ?
Siler s’éclaircit la gorge et baissa les yeux vers le rapport devant
lui.
- Euh, non, mon général, je ne crois pas.
- D’accord, bien. C’est juste… occupez-vous en et faites moi
votre rapport quand tout sera réparé. Walter !
Avant même que le nom du soldat n’ait quitté ses lèvres,
celui-ci apparut à côté de Jack.
- Oui, mon général ?
- Trouvez moi les rapports de sécurité de la base et les noms
des chefs de patrouille pour les dernières 48 heures. Je veux les avoir
ici demain à 14h30.
- Bien, mon général.
Walter gagna par le bureau de Jack le hall à côté, laissant
Jack seul dans la salle de birefing. Il inclina son fauteuil vers l’arrière.
Laissant sa tête reposer sur le cuir doux avec les yeux momentanément
fermés. « Un sabotage ? Bon dieu, qui ? Comment ? »
- Général O’Neill, puis-je vous parler un moment ?
Jack leva les yeux vers le Docteur Brightman.
- Oui, bien sûr. Que se passe-t-il ?
- C’est en rapport avec le problème que vous m’avez soumis
plus tôt.
Il se redressa immédiatement et indiqua d’un geste son bureau.
Le Docteur Brightman le précéda à l’intérieur
et il ferma la porte, passant derrière Brightman pour fermer la seconde
porte. Jack ne prit pas la peine d’aller derrière son bureau, au
lieu de cela il resta debout au coin du meuble et tapota le bois du bout des
doigts.
- Donc… De quoi parlons-nous ?
Le Docteur Brightman soupira.
- J’aimerais en être sûre, général. J’ai
parcouru les rapports médicaux de toutes les équipes SG de retour,
et dans une poignée d’entre eux – dont celui du colonel Carter
– il y a trace d’une substance inconnue dans leur sang que, à
vrai dire, je ne peux identifier.
Jack plissa les yeux.
- Vous ne savez pas ce que c’est ?
- Non. J’ai besoin de faire des tests plus poussés…
- Ah, mince, marmonna Jack dans un souffle. J’espérais que vous
me diriez qu’elle était juste… Vous savez… fatiguée,
ou quoi.
- Je suggère que nous la fassions venir, elle et les autres membres des
équipes SG, immédiatement à l’infirmerie.
Jack acquiesça, furieux de
ces nouvelles. « Merde merde merde ! »
- Je viens avec vous.
Sam parcourait son labo d’un
bout à l’autre, ses mains de contractant convulsivement et serrant
nerveusement les poings le long de son corps. Elle avait la chair de poule et
un sang chaud brûlait dans ses veines, comme fait à moitié
de lave et d’acide.
Elle ne pouvait pas penser… pas se concentrer. Son esprit était
un fouillis de voix sifflantes et de secrets murmurés accaparant toute
son attention. Des noeuds d’anxiété tordaient son estomac
et la faisaient frissonner avec une énergie frénétique.
« Cela va arriver… à n’importe quelle seconde maintenant…
n’importe quel moment. Il sera mort. Mort. MORT ! »
- NON ! hurla-t-elle dans la pièce.
Non, cela ne se pourrait pas. Qu’était-elle en train de faire ?
Les voix ! Les voix !
Sam tomba accroupie, collant les paumes de ses mains sur ses tempes, essayant
désespérément de faire taire l’amas fou dans sa tête.
Elle se balança sur ses talons, se pelotonnant sur elle-même, suppliant
les cris de s’arrêter.
« Tu l’as fait ! Tu l’as fait ! Il est mort ! Il est mort
! Tu l’as tué ! »
- NON !
Elle cria vers la pièce silencieuse et bondit sur ses pieds, balayant
de ses bras la table la plus proche. Les équipements et les notes volèrent
à travers la pièce, des papiers emplissant l’air.
- NON ! NON !
« MORT ! MORT ! MORT! »
Des centaines, des milliers de murmures, de voix sifflantes tourbillonnèrent
et s’enroulèrent autour d’elle. Elle sentait le froid, la
chaleur moite sur sa peau et elle griffa ses bras et son cou avec ses ongles.
Ils grimpèrent le long de son dos, sur sa colonne vertébrale,
dans ses cheveux – leurs langues fourchues chatouillant ses oreilles.
« MORT ! MORT ! MORT! »
Sam hurla.
La force primaire du hurlement qui
se répercuta sur le ciment des murs du SGC glacèrent un instant
Jack dans sa course, puis le propulsèrent en avant. Il n’avait
jamais entendu un cri pareil, mais il savait qui c’était.
« Sam… »
Il saisit l’encadrement de la porte, l’utilisant comme levier pour
se propulser dans la pièce, recherchant dans le sombre espace une trace
d’elle. Le laboratoire était sans dessus dessous, papiers et équipements
jonchaient le sol et la table, des objets émettant des bips de protestation
contre ce mauvais traitement.
Jack fit un pas de plus à l’intérieur au moment où
le léger tintement des talons du Docteur Brightman arrivait à
la porte.
- Carter ?
Alors il l’entendit… un sanglot gémissant accompagné
d’un battement sourd. Jack s’avança avec précaution
derrière la longue table, et sa poitrine se serra. Sam était blottie
en position fœtale, reposant sur le côté. Ses doigts et ses
bras étaient en sang à force de griffer sa propre peau. Ses joues
étaient inondées de larmes, et le bruit sourd était le
rythme régulier qu’elle gardait, alors qu’elle se frappait
la tête contre le ciment du sol.
Jack tomba à genoux à côté d’elle et l’attrapa
par les épaules, la forçant à s’asseoir.
- Carter… Carter !!
Des yeux vides se tournèrent vers lui, regardant sans voir. Jack ne pouvait
plus respirer, clignant des yeux dans la pâle lumière de la pièce
pour essayer de la voir. Mais bon dieu que se passait-il ? Que lui était-il
arrivé ? Que s’était-elle fait à elle-même
?
- Vous êtes mort..., murmura-t-elle d’une voix basse et rauque.
- Non, Carter. Je suis là.
- Nous devons aller à l’infirmerie, dit le Docteur Brightman dans
l’embrasure de la porte.
« Non, c’est vrai Sherlock ? »
Sam battit des paupières, et ses yeux se révulsèrent si
loin que les iris disparurent, ne montrant plus que du blanc. Son corps s’effondra
sur lui-même, et Jack la serra contre sa poitrine.
- Il y a une civière en route…
- Laissez tomber.
Il la souleva dans ses bras et, la tête de Sam reposant sur son cœur,
il l’emporta hors de la pièce.
Jack se tenait au pied du lit de
Sam, observant son sommeil agité. Même avec une double dose de
sédatif et de somnifères, elle n’était pas calme.
A chaque instant des mots marmonnés passaient ses lèvres si doucement
qu’il ne pouvait les comprendre et elle luttait contre les entraves que
le docteur avait fait mettre.
Trois heures. Cela faisait trois heures qu’elle était comme ça.
Jack serra les dents jusqu’à ce que la douleur lui vrillât
la mâchoire.
Il savait que quelque chose n’allait pas.
Pourquoi n’avait-il rien fait plus tôt ?
Pourquoi l’avait-il écoutée quand elle lui avait dit que
tout allait bien ? C’était Sam, pour l’amour du ciel ! Depuis
quand lui disait-elle ce qui n’allait pas sans qu’il insistât
?
Mais il ne voulait pas la forcer, il ne voulait pas s’immiscer. S’immiscer
entre elle et Shanahan. Et pourquoi Shanahan n’avait-il rien remarqué
? « Pauvre connard »
Jack faisait les cent pas le long
du lit, pouvant évaluer d’un simple regard ce qu’elle s’était
fait à elle-même. De profondes crevasses marquaient sa gorge, son
cou, ses bras, le pire étant maintenant couvert de bandages blancs. Le
Docteur avait dit qu’elle s’était fait une grosse bosse sur
le côté du crâne en se tapant la tête contre le sol,
tout ceci ajouté aux blessures avec lesquelles elle était revenue
quelques jours plus tôt.
Il baissa les yeux vers les mains de Sam. Ses poignets étaient emprisonnés
dans des attaches de cuir doublées de tissu, pour protéger sa
peau au maximum, mais il distinguait déjà une éruption
rouge sur les poignets. Ses poings étaient serrés, ses articulations
blanches. Après un rapide coup d’œil dans la pièce
pour voir si on l’observait, Jack sortit une main de sa poche et passa
ses doigts le long de ses articulations.
La peau sur le dos de la main de Sam était douce comme la soie, contrastant
avec la force qu’il savait que ces mains pouvaient avoir, contrastant
avec les blessures qu’elle s’était faites. Il passa ses doigts
le long des siens jusqu’à atteindre l’intérieur de
son poing, poussant doucement et délicatement sa main à se détendre
et à se desserrer. Elle soupira dans son sommeil, un frisson parcourant
tout son corps, et sa main s’ouvrit sous la sienne.
Jack leva les yeux vers le visage de Sam : elle s’était tournée
vers lui, ses traits légèrement plus détendus qu’un
instant avant. Finalement, les sédatifs avaient fait leur effet. Il retira
sa main de sous celle de Sam et la garda un moment sur le dessus, avant de la
remettre dans sa poche.
- On m’a dit que tu étais là.
Il se retourna pour découvrir Kerry debout à quelques pas du bout
du lit, ses bras croisés devant elle.
- Oui, fut tout ce qu’il eut la présence d’esprit de répondre,
regardant à nouveau les traits à présent calmes de Sam
pendant un bref instant, avant de s’éloigner du lit.
- J’ai aussi entendu dire qu’il y a des problèmes avec la
sécurité. J’ai pensé que nous pourrions en parler.
- Pas maintenant.
Il gardait une voix douce, mais espéra que son ton serait efficace «
Rien au monde ne me fera quitter cette pièce. »
- Y aura-t-il un meilleur moment ?
- Je dois être ici maintenant.
Le Docteur Brightman choisit ce moment pour venir vers eux, un bloc-notes dans
une main et un air inquiet sur le visage.
- Général, je pense que nous avons déterminé quel
est l’élément inconnu. Mais je ne crois pas que vous allez
aimer ça.
- Continuez.
- Et bien, comme vous savez.. il y a quatre ans les Tok’ra furent capables
d’isoler un certain composant chimique lié au contrôle mental
Za’tarc des Goa’ulds, et depuis nous avons recherché ce composant
dans chaque équipe à leur retour par la Porte.
- Oui… et… ce n’est pas ça sinon vous l’auriez
remarqué il y a trois jours.
Elle secoua la tête.
- Non, mon général, cela ne l’est pas. C’est un dérivé.
Un dérivé plus pur, une forme plus raffinée du même
composant. Il était moins apparent que l’original dans le sang,
et l’analyse est suffisamment différente pour que l’ordinateur
ne l’ait pas reconnu comme faisant partie des toxines recherchées.
- Etes-vous en train de me dire qu’elle est une Za’tarc ?
- Je ne vois aucun moyen de l’expliquer autrement, général.
- Ah, merde…
- C’est grave, je sais.
Kerry regardait entre Jack et le docteur tout en parlant.
- Je crois que je me souviens avoir lu un dossier à propos de certaines
personnalités à la base il y a quelques années...
- Non ? demanda Jack, l’interrompant.
- Et bien, oui. Certains membres d’une équipe SG se trouvèrent
être des Za’tarks, et même un Tok’ra nommé Martouf
?
Jack acquiesça, pas très sûr de savoir s’il acquiesçait
au fait que c’était tout ce qu’il y avait dans le rapport
ou non.
- Ouai… En parlant des Tok’ras… Il semble que ce soit le moment
d’appeler Anise-Freya et de la faire venir ici.
Il pointa du doigt vers le bureau du Docteur Brightman dans une demande silencieuse
d’utiliser son téléphone, et elle acquiesça. Avec
un rapide et heureusement discret coup d’œil vers Sam, Jack se dirigea
vers le bureau et composa le numéro de la salle de contrôle de
la Porte.
- Ici le général, dit-il au soldat qui décrocha. Composez
toutes les adresses actuelles de bases connues de la Tok’ra. J’ai
besoin soit de Jacob Carter soit d’Anise-Freya. En fait, les deux si vous
pouvez les joindre. Quand vous établissez le contact, vous pouvez me
joindre à l’infirmerie.
Jack raccrocha, et posa ses coudes sur le bord du bureau, prenant un moment
pour fermer les yeux et essayer d’absorber les dernières informations.
Il poussa doucement un soupir, le laissant emplir ses joues avant de passer
ses lèvres. Il ne comprenait pas. Si on regardait toutes les informations
qu’ils possédaient sur le contrôleur Zat’ark, il n’y
avait jamais eu de réaction comme celle-là. Excepté quand
les contrôlés avaient échoué et tenté de se
suicider. Mais Sam n’avait pas essayer de faire cela… quelque chose
n’était pas logique.
Pour la seconde fois ce jour là le cœur de Jack se serra dans sa
poitrine quand le cri de Sam retentit dans le SGC. Mais cette fois c’était
différent.
- Jack ! Jack !
Son nom – hurlé avec une telle terreur – se referma sur son
coeur comme un étau. Jack courut dans l’infirmerie pour trouver
Sam luttant sauvagement contre ses entraves, avec le docteur et trois infirmières
tentant de la maintenir couchée. Elle jurait et criait violemment, sa
tête allant d’un côté et de l’autre contre l’oreiller.
- Jack ! Noooooon ! hurla-t-elle à nouveau.
Jack poussa l’infirmière la plus proche de la tête de Sam
et posa ses mains sur les joues de la jeune femme, la forçant à
se tourner vers lui.
- Carter ! Eh, je suis juste là. Je suis juste là.
Elle le regarda, ses yeux aussi ronds que des soucoupes bleues et respirant
violemment, son souffle chaud contre l’intérieur des poignets de
Jack. Sam tira à nouveau sur les entraves de ses poignets, il voyait
du coin de l’œil qu’elle essayait de le toucher mais ne pouvait
pas.
- Jack ?
- Oui, je suis là.
- Ils disent que vous êtes mort.
Sa voix tomba si basse qu’il l’entendit à peine, et il se
rapprocha. Les infirmières se reculèrent pour lui laisser de l’espace.
- Qui Carter ? Qui dit que je suis mort ?
Des larmes apparurent dans les yeux de Sam, les faisant briller, et ses lèvres
tremblèrent. Un trait humide s’échappa, courant le long
de sa joue pour joindre l’endroit où la main de Jack touchait sa
peau.
- Elles. Les voix. Jack... tellement de voix.
- Elles ont tort, Sam. Ne les écoutez pas.
Elle tira à nouveau sur ses entraves, et Jack regarda le docteur. D’un
regard il indiqua qu’elle devait la libérer. Il vit dans les yeux
du médecin qu’elle ne pensait pas que c’était une
bonne idée… mais c’était l’avantage de porter
des étoiles sur sa veste. Avec ses mains libres, Sam l’attrapa
et enroula ses doigts autour des poignets de Jack.
Jack caressa sa joue avec son pouce, et la tension dans le corps de Sam sembla
s’évanouir. Lentement, elle se laissa aller sur l’oreiller
et Jack ôta ses mains de son visage. Mais comme il essayait de s’éloigner,
elle attrapa sa main, la tenant avec les deux siennes, et elle se tourna sur
le côté pour lui faire face.
Aussi vite qu’elle s’était éveillée, Sam retomba
endormie, tenant sa main.
Jack leva les yeux. Le Docteur Brightman se tenait de l’autre côté
du lit, un air énigmatique sur le visage. Kerry se tenait elle au pied
du lit, avec dans les yeux une expression qu’il ne voulait même
pas essayer de définir.
« Et merde. »
- O’Neill…
Les yeux de Jack s’ouvrirent d’un coup, et il souleva son bras de
sur ses yeux. Il leva la tête de l’oreiller derrière lui
et regarda Teal’C qui se tenait entre les deux lits de l’infirmerie,
puis il regarda le lit à côté de lui.
Il était vide.
Ses jambes pendaient toujours sur le côté du matelas, et il se
souvint vaguement s’être étendu sur l’oreiller à
un moment vers 21 heures, après que Sam eut semblé partie pour
dormir un bon nombre d’heures d’affilée.
- Quelle heure est-il ?
- Nous approchons de minuit.
Jack s’assit, son dos protestant contre l’inconfortable position
de son sommeil.
- Où est-elle ?
- Le Docteur Brightman a fait déplacer le colonel Carter et le reste
du personnel infecté dans les quartiers de sécurité.
- Elle était supposée me réveiller avant de les transférer.
- Le Docteur Brightman a exprimé son inquiétude sur le fait vous
ne vous reposiez pas assez.
- Pour l’amour du ciel, grogna Jack en sautant du lit, quand êtes-vous
rentré ?
- Il y a moins d’un demi heure, O’Neill. Je fus tout à fait
peiné d’apprendre les événements qui se sont produits
en mon absence.
Jack se passa la main sur le visage.
- Savez-vous si on a reçu des nouvelles de la Tok’ra ?
- Toutes les recherches pour trouver la Tok’ra nommée Anise ont
échoué. Un message a été transmis à Jacob
Carter et nous avons été informés qu’il serait là
dans les prochaines 36 heures.
Jack ferma les yeux un bref instant, soupirant doucement. Il se sentait impuissant,
et il détestait se sentir impuissant. Spécialement quand cela
concernait ses hommes. « Dieu, qui voulait-il tromper ? Quand cela concernait
Sam. » Donnez lui un ennemi à descendre, mettez lui une arme entre
les mains. C’est ce qu’il savait faire… C’est ce pour
quoi il était programmé.
Pas pour cette putain d’incertitude.
- Donc vous êtes au courant de ce qui se passe ? demanda Jack.
- En effet. Cela doit être très déroutant de voir le colonel
Carter dans un tel état de détresse.
- C’est une façon de voir les choses, grommela Jack dans ses mains
en se frottant le visage, essayant de chasser la fatigue. Elle ne me laisse
pas m’éloigner d’elle de plus de deux pas.
- C’est seulement à votre contact que le Colonel Carter retrouve
la paix.
Jack ouvrit à nouveau les yeux et regarda le grand jaffa.
- On vous a dit ça ?
Teal’C leva un sourcil, inclinant la tête :
- Comme diraient les Tauris, « pas en ces termes »…
Jack essaya de ne pas penser à ce qui devait déjà se dire
sur la situation. Il avait accepté il y avait longtemps déjà
de ne pas s’en faire sur le fait que, quoi que lui et Sam puissent dire
ou pas, faire ou pas, les racontars iraient bon train. Il se préoccuperait
de cela plus tard… quand elle irait à nouveau bien.
- Accompagnez moi, Teal’C, dit Jack en se dirigeant vers la porte.
Si Sam était endormie quand elle avait été transférée,
il voulait être à ses côtés quand elle se réveillerait.
Teal’C le suivit pas à pas et ils sortirent de l’infirmerie.
Les couloirs du SGC étaient silencieux au milieu de la nuit, sans aucun
des techniciens ou du personnel parcourant les couloirs d’un endroit à
un autre. Ils gagnèrent l’ascenseur le plus proche et Jack fouilla
dans ses poches pour trouver son passe.
- Flûte, grogna-t-il.
Au moment il la trouvait dans sa poche arrière, Teal’C passa sa
propre carte et les portes s’ouvrirent.
- Merci.
Teal’C inclina la tête et ils entrèrent. Jack était
plus fatigué qu’il n’en avait conscience, et s’appuya
de l’épaule sur la paroi de la cabine.
- Je parie que Carter va être heureuse de vous voir, dit-il alors que
l’ascenseur s’élevait dans un ronronnement. Avec Daniel qui
n’est pas… là… et tout ça.
- Si ma présence peut être d’un quelconque réconfort,
je ferai avec joie tout ce qui est possible.
- Merci, Teal’C.
L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent. Jack
marcha d’un pas rapide vers les quartiers où les membres infectés
de SG3, Sg5 et Sam avaient été transférés. Tout
semblait tranquille, et Jack soupira. Pas de cri, pas de pleur. Peut-être
se reposait-elle enfin.
Ils tournèrent au dernier coin et Jack vit le Docteur Brightman parlant
avec une des infirmières. Elle leva les yeux à son arrivée.
- J’étais sur le point d’aller vous voir, mon général.
- Pourquoi ne m’avez-vous pas réveillé quand vous l’avez
– les avez transférés ?
- J’ai pensé que vous aviez besoin de vous reposer.
- Excusez-moi, mon général, dit une voix calme derrière
eux, et ils s’écartèrent contre le mur pour laisser passer
un soldat avec un imposant chariot d’approvisionnement.
Jack jeta un coup d’œil au chariot qui passait. Il était surchargé,
et les approvisionnements de cuisine n’étaient pas bien rangés.
Le soldat était probablement pressé d’en finir avec ça
et de prendre une pose, et à cet instant s’inquiéter sur
la façon dont étaient disposés ces objets ne faisait pas
partie des préoccupations de Jack. Le chariot vira à gauche en
les dépassant, et le soldat eut du mal à garder sa trajectoire.
Jack haussa les sourcils, secoua la tête, et se tourna à nouveau
vers le docteur.
- Où est Carter ?
Le Docteur Brightman pointa son stylo vers une porte fermée à
quelques pas derrière elle :
- Elle est là, elle se repose actuellement. Il est apparu qu’une
fois que les sédatifs ont fait effet…
Ils entendirent le soldat qui venait juste de passer jurer à voix haute
avant que le chariot entier ne se renverse dans un bruit croissant résonnant
et de tonnerre de chutes de vaisselle et de plats.
Jack siffla :
- Ohhhhh c’est pas bon ça.
- Je suis désolée, mon général, s’excusa le
soldat. Je suis vraiment désolé, je ramasse tout immédiatement,
mon général !
Jack leva la main :
- Essayez juste de ne pas réveiller les morts la prochaine fois.
Des couvercles et des pinces étaient encore en train de tomber du chariot
quand un cri déchira l’air depuis la chambre de Sam.
- Nooooooooooooooon !
Une infirmière sortit en courant de la pièce :
- Docteur, venez vite !
Mais Jack avait déjà parcouru la moitié de la distance
et poussa l’infirmière pour entrer. Il tressaillit, évaluant
rapidement la situation qui s’offrait à lui. Sam était hors
du lit, debout du côté le plus éloigné de la pièce,
dos au mur, ses mains plaquées contre le béton gris. La panique
et le désespoir déformaient ses traits et deux infirmières
étaient près d’elle, tentant de l’attraper.
Elle hurlait, criant des choses qu’il ne pouvait comprendre, qui n’avaient
aucun sens, que c’était de sa faute à elle et qu’elle
n’avait pas voulu faire ça. Qu’elle avait essayé de
lutter, mais que les voix… les voix ne s’arrêtaient pas.
- Colonel Carter, calmez-vous ! cria le Docteur en tentant de l’approcher
avec une seringue à la main. Nous sommes ici pour vous aider !
Sam rejeta sa tête en arrière si violemment qu’elle rebondit
sur le mur de béton, un cri rude, guttural, s’arrachant à
sa gorge… et là-dessus elle cria son nom : « Jaaaack ! »
« Putain de… »
Jack poussa tout le monde hors de son chemin et, comme il se précipitait
vers Sam, elle se détourna, se couvrant le visage de ses bras :
- Non ! Mon dieu non !
- Carter…
- Non ! Il est mort !
Sam glissa contre le mur, tombant durement à genoux, et avant qu’elle
n’atteigne le sol Jack était à ses côtés. Il
s’agenouilla devant elle, comme il l’avait fait à l’infirmerie
quelques heures plus tôt, prit son visage dans ses mains et l’obligea
à le regarder.
- Sam. Sam, regardez moi !
Tout le corps de Sam trembla, de la sueur couvrant sa peau et collant ses cheveux
blonds à son front en des filets sombres. Ses paupières lourdes
cachaient en partie ses yeux, et elle semblait à peine consciente. Jack
caressa ses joues, puis plaça ses mains sur les épaules de Sam
pour la secouer doucement.
- Sam !
Elle cligna des paupières, ses yeux bleus se focalisant à nouveau
sur lui. Quand leurs regards se rencontrèrent, ses lèvres tremblèrent
et ses yeux se remplirent de larmes, un violent tremblement traversant le corps
de Sam.
- Jack ?
- Oui, répondit-il d’une voix douce, sa poitrine si serrée
qu’il lui était difficile de respirer.
Sam aspira rapidement plusieurs petites bouffées d’air, secouant
la tête. Elle tenta de s’éloigner de lui, pressant les paumes
de ses mains sur ses yeux en secouant la tête.
- Sam…
- Non ! cria-t-elle, levant les yeux pour le regarder. Non ! Vous êtes
mort ! Mort !
Quand il la toucha à nouveau, elle se débattit, secouant sa tête
comme si un essaim de guêpes l’attaquait. Jack insistait, se battant
contre elle jusqu’à ce qu’il ait pris ses poignets dans ses
mains et la tira brutalement vers lui, les mettant face à face.
- Carter !
Elle se tint immobile, le regardant, ses yeux parcourant rapidement les traits
de son visage. Ses lèvres remuèrent en silence, comme si elle
tentait de connecter des pensées en mots.
- Je ne suis pas mort. Je suis ici. Je suis – juste – ici.
La tension s’évanouit soudain, et elle entoura de ses bras le cou
de Jack, enfouissant son visage contre sa poitrine. Jack n’hésita
pas et l’attira contre lui, se disant que la santé et le bien-être
d’un soldat sous son commandement étaient plus importants que les
apparences à un moment comme celui-là… non ? « NON
? »
- Ils ne crient plus aussi fort quand vous êtes là, dit Sam doucement
avant de devenir molle dans ses bras.
- Je ne partirai pas.
- Général, cette tension n’est pas bonne pour vous et je
ne suis pas convaincue que cela aide en quoi que ce soit le Colonel Carter.
- Je ne suis pas médecin, mais comment pouvez-vous dire que cela ne l’aide
pas ?
- Je suis d’accord avec O’Neill. Sa présence calme le Colonel
Carter et lui permet de penser plus clairement, et d’atteindre le repos
dont son corps a besoin.
Jack acquiesça avec emphase et montra Teal’C :
- Ah, vous voyez ?
Jack, Teal’c et le docteur se tenaient près de la porte des quartiers
temporaires, parlant à voix basse, pendant que Sam dormait sur le lit
à l’autre bout de la pièce. Les sédatifs du médecin
avaient rapidement mis KO les autres patients, laissant Sam seule avec ses démons.
Et Jack serait damné en enfer avant de la laisser seule dans cet état
là – spécialement quand il pouvait l’aider d’une
quelconque façon.
- Regardez, ce qu’ils ont pu lui faire est manifestement différent
de la dernière fois. Et jusqu’à ce que nous sachions à
quoi nous avons à faire, je dis que je ferai tout ce qui marche. Et,
à l’heure où nous parlons, ce qui marche c’est le
fait que je reste ici.
Le Docteur Brightman soupira :
- Très bien. Mais vous devez me promettre, général O’Neill,
que vous allez vous reposer
- Oui, promis… dit-il en acquiesçant. Aucun problème.
Elle secoua la tête et quitta la pièce, le claquement de ses talons
s’amenuisant dans le couloir. Dès qu’il pensa pouvoir le
faire sans être entendu, Jack bailla à s’en décrocher
la mâchoire et se frotta le visage avec les mains.
- Avez-vous besoin que je reste pour vous tenir compagnie, O’Neill ?
- Me tenir compagnie ?
- N’est-ce pas ce que j’ai dit ?
- Oui, mais la façon dont vous l’avez dit… peu importe. Je
vais bien. Allez dormir, Teal’C. La nuit a été longue.
- Si je peux être d’une quelconque utilité...
- Je sais.
Teal’C inclina la tête et partit, fermant la porte derrière
lui. La pièce était pratiquement dans le noir, excepté
une douce lumière venant de la porte entre ouverte de la salle de bain
attenante aux quartiers. C’était une chambre d’invité
standard, avec un lit double, quelques autres meubles et des décorations
colorées sur les murs. Cela contrastait avec le béton gris et
l’acier galvanisé des tuyaux.
Sam reposait à présent calmement dans le lit, son dos tourné
vers lui et son corps replié sur lui-même. Elle avait été
changée et portait à présent le pyjama blanc de l’infirmerie
qui ressemblait davantage à un kimono de kung fu. Jack se dirigea vers
le lit, enleva sa veste d’uniforme et s’assit sur le côté
opposé à Sam. Il appuya ses coudes sur les genoux. Combattant
la lourdeur de ses paupières, il regarda tout autour de lui dans la pièce
pour savoir où prendre quelques instants de repos tout en restant à
proximité de Carter si elle se réveillait. Le petit canapé
le long du mur semblait pas mal. Peut-être que s’il…
- Jack ?
Il se retourna et se pencha :
- Je suis là.
Sam roula vers lui. Son visage était partiellement dans l’ombre
à cause du peu de lumière dans la pièce, et elle semblait
éclairée par une bougie. Elle fixa son regard sur lui.
- Comment vous sentez-vous ?
- Je les entends toujours.
Il se tourna encore un peu plus vers elle, montant ses jambes sur le lit de
sorte qu’il était à moitié couché, reposant
sur son avant-bras. Il la regarda un moment, et prit une grande inspiration
avant de parler :
- Je vais vous trouver de l’aide Sam. Je vais m’assurer qu’ils
arrêteront.
Elle se tourna sur le côté si bien qu’ils se faisaient face,
elle sous les draps et lui dessus. Sam plaça ses mains sous sa joue et
fixa un point invisible quelque part au milieu de la poitrine de Jack.
- Restez là avec moi.
- Je vous ai dit que je le ferais.
Elle leva les yeux et son regard bleu rencontra le sien :
- Je sais ce que je dis, Jack. Vous DEVEZ rester ici avec moi.
Jack fronça les sourcils, fixant son visage dans la lueur pâle.
- Pourquoi Sam ?
- Parce que si vous ne le faites pas, ils auront raison.
- Raison sur quoi ?
- Sur le fait que je vous tuerai.
Sa voix eut un accent glacial qui donna à Jack la chair de poule. Quoi
que disent les voix, quoi que le Goa’uld lui ait fait, elle en était
convaincue. Et Jack n’avait aucune raison d’en douter.
- Chut, dit-il en passant sa main dans les cheveux de Sam. Dormez.
Les yeux de Sam se fermèrent presque immédiatement et elle poussa
la longue respiration de quelqu’un sur le point de se laisser gagner par
un profond, très profond sommeil. Jack prit un oreiller à la tête
du lit et le plaça sous sa mâchoire pour pouvoir rester dans cette
position, étendu sur le côté, à la regarder dormir.
Un peu plus tard il s’arrangea pour sombrer lui aussi dans le sommeil,
juste après que la main de Sam ait trouvé la sienne dans le noir.
- Allez Carter, mangez.
Sam s’assit, le dos contre les oreillers placés à la tête
du lit, les jambes repliées contre sa poitrine. Elle se balançait
d’avant en arrière, sa tête inclinée sur le côté,
les yeux fermés, les cheveux décoiffés.
Jack tourna le bout de sa fourchette dans les fettuccini dans son assiette.
- Est-ce que vous allez m’obliger à vous donner à manger
?
- Je ne suis pas folle.
Il oublia le dîner qui refroidissait rapidement et plongea son regard
directement dans les yeux à présent ouverts de Sam. Les lèvres
du colonel étaient serrées l’une contre l’autre, et
son corps frissonnait même si une légère pellicule de sueur
couvrait son front.
- Je ne pense pas que vous soyez folle.
- Comme vous ne pensiez pas que je l’étais quand j’ai vu
Orlin ?
- Carter…
- Et comme vous ne pensiez pas que Jonas était fou quand il voyait les
bestioles ?
- Carter… répéta-t-il.
- Ou quand Daniel avait le tueur de Goa’ulds Machello dans sa tête
?
Jack posa la fourchette sur l’assiette, abandonnant l’idée
de la faire manger, et repoussa le plateau repas. Il se leva de sa chaise à
côté du lit pour s’asseoir près des pieds de Sam,
posant sa main sur le genou de la jeune femme.
Le tremblement diminua, mais ne cessa pas.
- Mon dieu, Carter, je dois être bête mais finalement j’ai
accepté tout ça, non ? Je ne pense pas que vous soyez folle, je
le jure.
Elle leva une main et la lui tendit, un léger et pâle sourire sur
les lèvres :
- Croix de bois, croix de fer ?
Il ne put s’empêcher de sourire. C’était peut-être
le premier signe en deux jours que Sam – SA Sam – était toujours
ici quelque part et pouvait toujours apprécier ses blagues d’adolescent.
Il enroula son petit doigt au sien :
- Croix de bois, croix de fer.
On frappa à la porte. Jack leur dit d’entrer, et après le
bruit du passe de sécurité dans la serrure, la porte s’ouvrit
et Walter passa la tête par l’entrebâillement.
- Général, nous avons reçu un message disant que Jacob
Carter et que la Tok’ra Anise arriveraient ensemble d’ici cinq minutes.
Je pensais que vous pourriez vouloir être dans la salle d’embarquement
quand ils arriveraient.
- NON !
Les doigts de Sam s’enfoncèrent dans l’avant-bras de Jack,
son autre main attrapant son T-shirt.
- NON ! cria-t-elle à nouveau.
Jack fit signe à Walter de sortir, espérant qu’il comprendrait
implicitement le message : « si je ne suis pas là dans cinq minutes,
ouvrez la Porte sans moi. »
- Sam, Anise est ici pour s’occuper de cela. Je serai juste…
- Non ! Vous avez promis !
- J’ai promis que j’allais m’occuper de ça.
- NON !
Elle avait hurlé à nouveau, et bondit sur ses pieds. Elle le dépassa,
gagna le pied du lit, et courut à la porte avant même qu’il
ait pensé à l’attraper.
Jack se leva et la vit couvrir de son corps la porte et la serrure… Elle
le regardait fièrement, le défiant de la faire bouger.
A la place, Jack marcha calmement vers elle. Putain, il ne voulait pas voir
cette – comment Janet l’avait-elle appelée déjà
? « Spice Tok’ra ! »
- Carter, pouvez-vous me dire ce qui va m’arriver si je pars ?
Elle secoua la tête violemment, son corps tremblant. Un muscle se contracta
sur sa mâchoire et elle serra les dents.
- Carter, que va-t-il se passer ?
- Vous mourrez ! lâcha-t-elle.
Sam tremblait à présent si violemment qu’elle pouvait à
peine tenir debout. Elle respirait rapidement par le nez, expirant par la bouche
avec une force telle que ses joues tremblaient, et elle le regardait sous ses
sourcils froncés. Il pouvait voir dans ses yeux le combat qu’elle
menait.
Jack parcourut l’espace qui les séparait et posa ses mains sur
les joues de Sam, laissant le bout de ses doigts jouer dans ses cheveux. Elle
gémit doucement, et son corps devint plus mou contre le mur, ses paupières
tremblant.
- Carter, regardez moi. REGARDEZ MOI.
Elle le fit, et il attendit jusqu’à ce qu’il sente le tremblement
se calmer légèrement et la panique frénétique décroître
dans ses yeux.
- Sam, s’il vous plait, essayez de me dire. Avez-vous fait quelque chose
au SGC ?
Ses yeux bleus se remplirent immédiatement de larmes et elle respira
encore plus rapidement.
- Oui ? demanda-t-il.
Elle acquiesça.
- Pouvez-vous me dire ce que vous avez fait, Sam ? Essayez... Essayez de me
dire ce que vous avez fait.
Ses mains quittèrent le mur et elle agrippa ses doigts au T-shirt de
Jack, serrant le tissu dans ses poings. Des larmes coulèrent sur ses
joues et elle respirait si fort qu’il craignit qu’elle n’hyper
ventilât. Mais elle ne détourna jamais son regard du visage de
Jack. Sa bouche s’ouvrit, ses lèvres bougèrent comme si
elle essayait de former des mots, mais rien ne vint. Finalement elle poussa
ce qui était à moitié un cri et un gémissement,
et se tapa la tête en arrière contre la porte.
- Ils ne me laisseront pas le dire !
- Ok, ok !
Jack l’éloigna de la porte, passant sa main dans les cheveux de
Sam pour s’assurer rapidement qu’elle ne s’était pas
ouvert le crâne.
- Sam...
Ses yeux étaient à nouveau fermés et elle roulait sa tête
de droite à gauche, une sorte de miaulement sourd dans le fond de la
gorge.
- Sam ! Regardez moi !
Docilement, elle cligna des yeux et rencontra à nouveau son regard, ses
yeux brillants de larmes. Cela la déchirait de part en part. Cette fois,
la Tok’ra avait vraiment intérêt à venir à
bout de cela ou bien il…
- Sam, pouvez-vous me dire... Est-ce que quelqu’un d’autre peut
être blessé ? Ou seulement moi ?
Elle s’éloigna de lui d’un bond et se réfugia à
l’autre bout de la pièce, s’élançant contre
le mur opposé avec une telle force qu’elle rebondit, et s’effondra
au sol comme une masse. Jack la suivit, et sans prêter attention à
ses propres genoux s’adossa au mur et se laissa glisser pour s’asseoir
près d’elle.
- Venez là…
Elle le laissa l’attirer contre sa poitrine et elle rampa pratiquement
sur ses genoux, enfouissant sa tête contre le torse de Jack en pleurant.
Jack lissa ses cheveux et passa sa main sur le mince coton de son pyjama, le
long de son dos, encore et encore. Après plusieurs minutes il l’entendit
murmurer d’une voix étouffée.
- Quoi ?
- Juste pour vous, dit-elle contre son torse. C’est juste fait pour vous.
- Ok, répondit-il contre le sommet de son crâne. Ok.
Il entendit le déclic d’une carte dans la serrure, et la porte
s’ouvrit sur le Docteur Brightman, Jacob Carter et Anise-Freya. «
Personne ne lui a dit à celle-là que le cuir, c’était
fini depuis les années 80 ? »
- Mais que se passe-t-il ? demanda Jacob, alors que Anise ouvrait de grands
yeux.
Sam gémit et s’accrocha un peu plus à Jack, enfouissant
encore davantage son visage dans son T-shirt comme un enfant intimidé.
- Pouvez-vous nous laisser un moment ?
Jack détestait attendre.
Il avait toujours détesté.
Il détesterait toujours.
Spécialement quand c’était pour des choses importantes…
pour les gens importants dans sa vie.
Comme Sam.
Dans quelques semaines, elle serait officiellement mariée à un
autre. Elle serait Madame Pete Shanahan. Ou Samantha Carter-Shanahan…
ou ce qu’elle avait décidé d’être. Mais elle
serait à cet homme et il serait à elle. Super.
Cela ne changeait en rien le fait que Jack ferait n’importe quoi pour
elle. Il l’avait accepté, oh, presque quatre ans auparavant. Ironiquement,
à cause de cette histoire de Za’tarc.
Bien sûr, la menace pour Sam et lui n’avait alors pas été
réelle. La menace la pire avait été eux-mêmes…
Mais aujourd’hui la menace était très réelle.
Et dieu sait si elle lui faisait peur.
Anise/Freya/Spice Tok’ra était arrivée sept heures auparavant
et une fois de plus ils approchaient de minuit. Jack avait l’impression
que ce cauchemar durait depuis des jours. Elle avait été voir
les autres membres du SGC que le docteur avait jugés infectés,
et Sam et lui attendaient qu’elle revienne.
Enfin, il attendait. Grâce à Dieu, Sam dormait.
Durant les dernières heures, sa faible prise avec la réalité
était devenue plus faible et son besoin désespéré
de la présence de Jack extrêmement intense. C’était
à présent tellement intense qu’il osait à peine prendre
deux minutes pour aller dans la salle de bain attachée aux quartiers.
Dans un si court laps de temps, il revenait vers une Sam Carter tremblante,
en sueur, presque hystérique qui se réfugiait immédiatement
contre lui – se collant et s’agrippant à lui jusqu’à
ce que « les voix » s’éloignent.
Encore maintenant, il reposait à moitié allongé sur le
lit, le haut de son corps contre les oreillers de la tête du lit, ses
jambes étendues devant lui. Sam était recroquevillée contre
lui, se servant du ventre de Jack comme oreiller, une jambe passée sur
les siennes. Il avait une de ses mains derrière sa propre tête,
et de l’autre caressait machinalement les cheveux de Sam, regardant devant
lui dans la pièce sombre.
Et il attendait.
Après un déclic la porte s’ouvrit, et Jack mit immédiatement
un doigt sur ses lèvres. Sam remua, mais ne se réveilla pas, et
les trois mêmes visiteurs qui étaient venus dans l’après-midi
entrèrent dans la pièce. Jacob gratifia Jack d’un regard
peu avenant à propos de sa position, mais comme pour les autres Jack
ne s’en préoccupait pas vraiment à ce moment précis.
C’était ce dont elle avait besoin.
Et, putain, elle allait l’avoir.
Si elle avait besoin du venin d’une étrange espèce d’alien
géant à trois galaxies de là, elle l’aurait.
Si elle avait besoin de la dernière goutte de son sang à lui,
Jack… elle l’aurait.
- Alors ?
- Ces quatre dernières années j’ai perfectionné la
technologie qui permet d’inverser les effets du Za’tarc, et malgré
le raffinement des drogues utilisées le traitement a été
un succès complet sur les autres membres de vos équipes, dit Anise
en s’approchant du pied du lit.
- Donc, vous ne connaissiez pas cette nouvelle drogue ? demanda Jack.
- Non, répondit Jacob. Et on donnerait cher pour savoir qui l’a
faite. Malheureusement, le traitement a non seulement annulé les effets
de la drogue mais aussi supprimé tout souvenir, si bien que les autres
membres des équipes ne se rappellent pas qui leur a fait cela.
- Ok. Donc maintenant vous vous occupez de Carter ?
- J’ai peur d’avoir de mauvaises nouvelles concernant l’état
du Colonel Carter.
Jack regarda tour à tour Anise, Jacob et le Docteur Brightman, puis reposa
les yeux sur Anise :
- Quoi ?
La Tok’ra prit une longue inspiration avant de parler :
- Nous n’avons jamais vu une réaction au Za’tarc similaire
à celle du colonel Carter.
- Et qu’est-ce que cela signifie, exactement ?
- Nous pensons que cette intense réaction est due à ce que l’ordre
placé dans l’esprit du Colonel Carter contredit si radicalement
ses propres pensées et sentiments, que son subconscient combat violemment
et activement ce contrôle de son esprit.
- L’ordre de vous tuer, Jack, précisa Jacob
Jack regardait Jacob quand celui-ci parla, et il vit dans les yeux de l’homme
passer quelque chose qu’il n’était pas sur de pouvoir définir.
De la compréhension ? Peut-être, il ne savait pas.
- Donc, elle combat l’ordre…
- C’est plus que cela, général O’Neill. Le colonel
Carter se combat virtuellement elle-même. L’ordre placé en
elle lui dit soit d’accomplir sa mission – vous tuer – soit
de se suicider si elle échoue. Son subconscient est plus fort que cet
ordre, et lui demande de ne pas laisser cela se produire. Elle a réussi
à empêcher votre mort, bien qu’elle ait cette voix toute
puissante qui lui répète sans cesse de le faire ou de mourir.
Ce besoin de proximité physique avec vous est, à priori, une sorte
de stabilité pour son subconscient – cela lui prouve que vous êtes
toujours en vie et qu’elle n’a pas échoué. Nous n’avons
jamais assisté, ou même imaginé qu’un esprit puisse
être si fort qu’il soit capable de mettre en échec la programmation
avec une telle férocité. Ce serait vraiment fascinant de pouvoir
étudier plus en détails…
- Excusez-moi ? lâcha Jack, coupant la parole à Anise.
- Je suis que dans une situation si rare et exceptionnelle, une étude
plus poussée serait justifiée.
- Jacob… dit Jack d’un ton menaçant.
Jacob leva la main :
- Nous avons déjà eu cette discussion, et cela n’arrivera
PAS. Nous sommes ici pour résoudre ce problème, pas pour faire
de Sam un sujet d’expérimentation.
Jack lança un regard furieux à Anise :
- Merci beaucoup.
Anise soupira.
- Général O’Neill, je vous assure que mon intérêt
est purement scientifique. Personne n’a jamais pu montrer la moindre résistance
à une programmation Za’tarc, encore moins la combattre à
un degré tel que le fait le colonel Carter. Pouvoir étudier des
exemples où un esprit individuel est potentiellement plus fort que la
programmation serait fascinant. Je ne voulais pas lui manquer de respect, et
je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider.
Jack baissa les yeux vers Sam endormie. Il pouvait encore voir les blessures
et traces qu’elle avait laissées sur son propre corps en se jetant
contre les murs ou les meubles, et en griffant sa propre peau. Il sentait la
bosse sur son crâne quand il passait sa main dans ses cheveux comme maintenant.
« Punition. »
- Donc, vous dites qu’elle gagne ?
- Oui, mais difficilement. Et cette victoire a un prix très élevé,
comme nous pouvons tous le constater, répondit le Docteur Brightman.
Jack grogna, la gorge soudain sèche, et garda les yeux fixés sur
Sam alors qu’il parlait :
- Elle a essayé de me dire ce qu’elle avait fait… Ce qui
me tuerait. Mais elle n’a pas pu. Elle disait qu’ils ne le laisseraient
pas faire.
- C’est probablement ce que cela semble être pour elle. Des voix
ou d’autres choses lui donnant des ordres – l’amenant au point
où soit le plan doit s’accomplir, soit elle doit mourir. Cela,
selon toute probabilité, devant aboutir à votre mort si l’origine
du sabotage n’est pas découverte, expliqua Anise.
- Vous ne pouvez pas régler cela de la même façon que pour
les autres ?
- Je ferais l’essai avec joie, mais je n’ai pas grand espoir quand
au résultat. Je crains que parce que le colonel Carter combat le contrôle
de son esprit si catégoriquement, son subconscient combattra également
la tentative d’ôter ce contrôle.
S’il avait pu, Jack aurait frappé dans quelque chose.
- Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- On force Sam à briser totalement la programmation. On la pousse…
durement… plus durement et plus loin qu’on ne voudrait. Mais il
FAUT lui faire briser ce lien. Quand elle le fera, elle sera libérée.
Jacob ajouta avec un sourire triste :
- Par « on », Jack, je veux dire « vous ».
Jack s’assit sur la chaise
à côté du lit de Sam, se courba en avant avec ses doigts
liés et ses coudes sur ses genoux. Il bougeait nerveusement sa jambe
droite, son ventre se nouant et se tordant.
Il savait ce qu’il avait à faire. Anise et le docteur le lui avaient
expliqué pendant la nuit précédente. Tout dépendait
de lui. La balle était dans son camp. Super.
Quelle connerie.
Il releva la tête et regarda Sam. Elle dormait pour le moment, mais d’un
sommeil sans repos et à nouveau sur le point de se réveiller.
C’était presque le moment de commencer.
Putain, quelle connerie.
Il attendit jusqu’à ce qu’elle roule sur le dos et cligne
des yeux. Quand il sut qu’elle était suffisamment éveillée
pour savoir où il était et ce qu’il faisait, Jack se leva
et se dirigea vers la porte.
- Jack ? l’appella-t-elle.
Il s’arrêta au pied du lit, sa main posée sur le rebord.
Il ne voulait pas la regarder, parce que s’il le faisait il ne savait
pas s’il pourrait continuer. Mais il tourna pourtant la tête et
rencontra son regard mal assuré :
- Je pars, Carter.
- Non !
Elle s’assit puis gagna à genoux le pied du lit et Jack dut se
reculer pour échapper à ses mains.
- Non, vous ne pouvez pas !
Avec toute la volonté et la force qu’il était surpris d’avoir
encore, Jack prit dans sa poche son badge de sécurité et marcha
vers la porte.
- A moins que vous ne me disiez maintenant comment et où je dois mourir,
je sors d’ici Carter. Je ne peux pas rester ici à jouer les baby
sitter pour toujours.
« Putain, quelle connerie ! »
Sa bouche avait un goût affreux, comme si les mots eux-mêmes y avaient
laissé un arrière goût.
Elle descendit péniblement du lit et se débrouilla pour se retrouver
entre Jack et le verrou avant qu’il ait pu insérer sa carte, appuyant
des deux mains sur la poitrine de Jack.
- Non, Jack ! S’il vous plait !
Il fixa un moment la charnière de la porte. La peinture grise s’était
écaillée pour révéler le métal noir au-dessous.
Inspirant profondément, il tourna la tête et baissa les yeux vers
elle. Il parla d’une voix basse, à peine audible.
- Dites le moi.
- Je ne peux pas.
- Dites le moi ou je pars.
- Jack…
- Dites le moi, Carter !
Soudain elle se prit la tête dans les mains, un cri sortant de sa gorge,
et elle le repoussa avec une force qui le surprit après trois jours passés
sans manger. Mais Jack garda l’équilibre et la plaqua entre le
mur et lui. Leurs souffles se mélangeaient dans l’espace entre
eux.
- Dites le moi, Carter. MAINTENANT ! C’est un ordre !
Elle hurla à nouveau, ses mains battant l’air et sa tête
tournant d’un côté et de l’autre. Le cœur de Jack
battait à tout rompre dans sa poitrine, et il combattit le besoin de
la prendre dans ses bras pour la calmer. Mais il savait que c’était
le contraire qu’il avait à faire. La pousser à bout jusqu’à
ce que cela devienne insupportable. Elle était forte, elle dépasserait
cela.
C’était Sam.
Sa Sam.
Jack serra les dents et la repoussa, marchant à nouveau vers la porte.
Sam tomba et se précipita à genoux derrière lui, ses poings
agrippés à sa jambe de pantalon alors qu’il engageait sa
carte dans le verrou.
- Jack ! S’il vous plait ! sanglota-t-elle.
Les yeux de Jack le brûlaient, et il passa la carte. Le verrou se désengagea
et il appuya sur la poignée de la porte.
« Ça ne marche pas, putain ! Ça ne marche pas ! »
- Une explosion ! hurla Sam alors qu’il ouvrait la porte.
Il lâcha la poignée et tomba à genoux devant elle, l’attrapant
par les avant-bras :
- Une explosion ? Sam, redites le …
Elle acquiesça, son visage trempé de larmes et son corps secoué
de violents tremblements.
- Ex-explosion. Une b-bombe.
- Où…
Elle secoua la tête, frappant de ses poings sur ses tempes.
- Taisez-vous ! Taisez-vous !
- Sam, où doit avoir lieu l’explosion ? Vous pouvez le faire !
Vous êtes plus forte que les voix ! Vous pouvez crier plus fort qu’elles,
Sam !
Elle reniflait et cherchait de l’air, son corps uniquement supporté
par l’étreinte de Jack.
- Non, je ne peux pas, Jack. J’ai fait ce qu’ils me disaient de
faire.
- Non Sam. Vous ne l’avez pas fait. Vous ne m’avez pas laissé
mourir. Mais si vous ne me le dites pas MAINTENANT, je vais partir et mourir.
Ne me trahissez pas Sam ! Ne me trahissez pas !
Elle secoua la tête lentement, paupières closes :
- Je ne peux pas vous trahir.
- Vous le ferez Sam, Vous me trahirez me si vous ne me le dites pas. CETTE FOIS
CI je vais y aller, Sam. M’entendez-vous ? Rester ici me tue !
- Non ! Vous mourrez si vous partez !
- Je vais mourir si je reste !
Elle s’effondra contre le mur, et Jack relâcha ses bras. Il mit
ses mains par terre pour se relever, mais elle bondit en avant et prit son bras
dans ses mains, tirant sur son T-shirt jusqu’à ce qu’il se
retrouve à nouveau à son niveau.
Il vit dans les yeux de Sam, dans la douleur qui déformait ses traits,
qu’elle se battait pour former les mots. Elle voulait désespérément
lui dire. Jack retint son souffle, attendant.
- L’a-ascenseur, siffla-t-elle finalement à travers ses dents serrées.
- Une explosion dans l’ascenseur ?
Elle acquiesça et laissa échapper une bouffée d’air.
- Comment ? Comment peut-elle ne se produire que pour moi?
Sam fouilla dans ses mains jusqu’à ce qu’elle lui ait pris
le badge de sécurité des doigts. Jack savait qu’on les observait,
et que à l’instant même Siler avait une équipe qui
gagnait les ascenseurs pour s’occuper de ça. Mais Sam n’était
toujours pas elle-même…
- Sam, qui vous a fait cela ?
Ses yeux s’arrondirent, comme si elle venait de voir la chose la plus
effrayante du monde, et elle se rejeta contre le mur. Jack tenta de la tourner
à nouveau vers lui, mais elle se débattit.
- Sam, regardez moi, qui vous a fait cela ?
- Je ne peux pas.
- Si, vous pouvez ! Vous m’avez dit ce que vous avez fait ! Qui vous a
fait cela ? « Comme ça je peux lui exploser la tête à
ce connard ! »
Jack s’approcha d’elle, s’asseyant sur le sol pour être
le plus proche possible, et il prit son visage dans ses mains comme il l’avait
déjà fait tant de fois pendant ces quelques jours, pour la ramener
à la réalité.
- Sam, dites moi son nom et vous serez libre… Je vous le promets.
Sa respiration s’arrêta et elle posa ses mains sur le torse de Jack.
Jack se dit qu’elle avait besoin de sentir l’intense battement de
son cœur sous ses doigts. Il allait traquer ce bâtard et lui apprendre
ce qu’étaient la douleur et la souffrance… lentement…
très, très lentement.
- Vous le promettez ?
- Oui Sam, je vous le promets.
Il avala à nouveau pour tenter de chasser le goût amer dans sa
gorge.
Les doigts légèrement détendus de Sam se fermèrent
en des poings serrés, agrippant le T-shirt de Jack entre ses doigts.
Elle essaya de se cogner à nouveau la tête contre le mur, mais
Jack la tint fermement contre lui.
- Dites moi, Sam.
Les muscles de sa mâchoire tressaillirent, ses lèvres blanchirent
sous la pression alors que son corps et son esprit se combattaient l’un
l’autre.
- Camulus.
Dès que le nom eut passé ses lèvres, tout le corps de Sam
se détendit. La poigne sur le t-shirt se relâcha, et sa tête
retomba lourdement dans les mains de Jack. Ses yeux se fermèrent et le
cœur de Jack s’arrêta.
- Sam ? Sam !
Elle cligna des yeux, son regard bleu se concentrant sur lui :
- Mon général ?
Il sourit.
- Oui.
- Les voix sont parties…
Jack ferma les yeux pour lutter contre leur chaleur moite, parce qu’il
se serait damné plutôt que de s’avouer que c’était
des larmes, et il se pencha en avant pour poser ses lèvres sur le front
humide de Sam. Les doigts de Sam se refermèrent autour des poignets de
Jack, ses pouces caressant doucement sa peau.
- Merci mon Dieu, murmura-t-il.
Jack essaya de se concentrer sur
le rapport devant de lui, mais son esprit se trouvait six étages au dessus,
à l’infirmerie… où Sam avait été à
nouveau emmenée le matin précédent.
Le docteur Brightman avait fait son rapport ce matin en disant qu’elle
avait dormi la nuit entière sans incident, et que ses dosages et son
électro-encéphalogramme étaient à nouveau normaux.
Sam était exténuée physiquement, et cela prendrait un jour
ou deux pour reprendre des forces. Le temps aussi pour les blessures qu’elle
s’était infligées de guérir.
Mais elle était à nouveau elle-même.
Alors, pourquoi se sentait-il si mal ?
Dans sa « carrière », il avait assurément fait des
choses bien pires que de tromper un bon camarade en lui faisant croire qu’un
mensonge était la vérité pour obtenir ce qu’il voulait.
Bon dieu, il avait même fait cela avec Sam plus d’une fois, quand
il en avait reçu l’ordre. Mais ça… ça avait
laissé un mauvais goût dans le fond de sa gorge depuis l’après-midi
de la veille.
Jack tapota avec son stylo sur son bureau et se recula, se levant. Il ferait
juste une petite ballade… un petit tour dans la base pendant un moment…
et si par hasard il arrivait au niveau 21, il s’arrêterait pour
voir comment elle allait. Oui, ça semblait pas mal.
Sam ouvrit les yeux en entendant
le bruit d’une chaise de métal qu’on tirait près de
son lit. Elle était sur le côté, ses mains relevées
près du menton, et sourit quand Jack s’assit, amenant son regard
au niveau du sien.
- Eh, dit-il avec un sourire en coin.
- Bonjour, murmura-t-elle.
Sa gorge était toujours rêche et douloureuse à cause de
ses cris et de l’abus total de ces derniers jours.
Jack prit le verre de jus fraise glacé qui était placé
sur la table de nuit et le porta à ses lèvres. Sam leva la tête
suffisamment pour boire un peu du liquide rafraîchissant puis reposa sa
tête.
- Merci.
- Comment vous sentez-vous ?
- Plus fatiguée que je ne peux me rappeler l’avoir été
depuis très très longtemps.
- Même après cette semaine sur P4x-2… 23…
- 239. Non, mon général. Cela bat cette semaine là à
plate couture.
- Bon, deux jours de plus et vous irez bien.
Sam soupira et sourit. Elle s’ennuyait déjà ferme, mais
était vraiment trop fatiguée pour convaincre le docteur de la
laisser sortir. A cet instant, rester juste étendue là semblait
vraiment une très bonne idée.
- Mon père est parti ce matin… dit-elle après quelques instants.
- Oui, mais il a dit qu’il reviendrait la semaine prochaine. Quelque chose
à propos d’une entrevue dont il fallait que vous me parliez ?
Sam secoua la tête sur l’oreiller.
- Pas aujourd’hui.
Jack haussa les sourcils :
- Ok. Quand vous voulez. Vous savez où me trouver.
Sam fixa le visage de Jack, et nota qu’il essayait de ne pas croiser son
regard. Il remuait ses mains, sa jambe gauche tressaillant nerveusement. Elle
tendit le bras, et il tourna immédiatement sa main si bien que leurs
paumes glissèrent l’une contre l’autre et il croisa ses grands
doigts puissants autour des siens.
- Vous avez fait ce que vous aviez à faire, mon général.
Si vous n’aviez pas dit ce que vous avez dit – fait ce que vous
avez fait – je ne pense pas que je m’en serais sortie.
L’émotion l’empêcha de continuer et elle resserra sa
main.
Jack s’avança, enveloppant la main de Sam dans les siennes.
- J’ai détesté faire cela.
- Je sais.
Alors il croisa son regard, et Sam cessa de respirer devant la sombre intensité
de ses yeux.
- Vous souvenez-vous ?
- De ces derniers jours ?
Elle acquiesça.
- De chaque minute. Je pense que je vais faire des cauchemars à propos
de ces voix tout le reste de ma vie.
Sam vit l’éclair de colère alors qu’un muscle se tendait
le long de la mâchoire de Jack.
- Mais, Jack, plus que les voix et que la terreur, je me souviens de vous. Je
me souviens de vous les maintenant à distance. Je me souviens de vous
vous battant pour moi. Et quand les cauchemars viendront, c’est de cela
que je me souviendrai le plus.
Le regard de Jack quitta un instant celui de Sam, s’attardant un moment
sur le bord de ses lèvres, avant de se détacher d’elle totalement.
Il se pencha et pressa ses lèvres sur le dos de la main de Sam, puis
pencha la tête et posa son front sur leurs mains jointes.
- Mon général ?
Jack se redressa, mais ne relâcha pas sa main aussi vite qu’elle
ne s’y attendait. A la place, il retira lentement ses mains des siennes.
- Oui, Walter ?
- Il y a un coup de téléphone pour vous, mon général.
Son regard passa de Jack à Sam.
- C’est Peter Shanahan mon général. Il est assez en colère,
et demande à vous parler. Il dit qu’il a laissé plusieurs
messages au colonel Carter et qu’il n’a pas de nouvelles, et il
veut savoir ce qui se passe.
- Personne ne l’a appelé ? demanda Sam.
- J’étais occupé, dit Jack comme simple réponse.
- Mon général…
- Je vais m’en occuper Walter.
- Je devrais lui parler, dit Sam en essayant de s’asseoir.
Jack se leva, posant fermement la main sur l’épaule de Sam.
- Vous ne ferez rien de tel. Reposez-vous. Je vais lui parler.
Il serra doucement son épaule, sa main glissant sur son bras pour serrer
à nouveau doucement les doigts de Sam, avant de quitter l’infirmerie
avec Walter.
Sam reposa sa tête sur l’oreiller, fermant les paupières
pour lutter contre les larmes brûlantes qui s’y formaient. Mais
chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle se rappelait…
Pas les voix sifflantes, persistantes qui lui demandaient de faire ce que son
cœur refusait. Pas la terreur qui glaçait son sang et l’amenait
au bord de la folie.
Elle se rappelait de son contact. De la façon dont il caressait ses cheveux
et ses joues jusqu’à ce que les voix ne fussent plus que de simples
murmures dans la nuit. Du fait qu’il n’avait jamais hésité
à la prendre dans ses bras. Dormant avec sa joue sur sa poitrine…
glissant dans le sommeil grâce au doux, au puissant battement de son cœur.
Sam plaça son bras sur ses yeux pour cacher ses larmes à quiconque
pourrait venir.
Cinq semaines plus tard –
Chalet de jack – Minnesota – 21h30
Jack se réveilla en sursaut, à moitié levé du canapé
avant même que ses yeux soient pleinement ouverts. Il rejeta la mince
couverture et parcourut du regard la sombre pièce commune du chalet.
Le feu se mourrait dans l’âtre, seules quelques petites flammes
tremblant encore sur les braises rougissantes, mais la nuit n’était
pas assez froide pour nécessiter un feu plus fourni. Daniel était
couché sur le tapis tressé le plus proche de la cheminée,
ronflant fort. Teal’C reposait sur le dos près du mur le plus éloigné,
ses mains croisées sur sa poitrine et les yeux fermés.
Jack bailla et se gratta le crâne. Il aurait pu jurer avoir entendu quelque
chose, mais se dit qu’il devait avoir à son actif trop de nuits
passées sur d’autres planètes dans la tête. Cette
heure de la nuit était habituellement son tour de garde. Il se leva et
posa la couverture sur le canapé, marchant pieds nus vers la cuisine
en t-shirt et caleçon.
Alors il s’arrêta, écoutant à nouveau. Cette fois-ci
il SAVAIT qu’il avait entendu quelque chose. Jack se dirigea vers la porte
fermée qui menait à l’unique chambre du chalet, et se tint
immobile devant le panneau de bois. Il se pencha contre la porte et écouta.
- Sam ? murmura-t-il aussi fort qu’il put.
Il l’entendit retenir son souffle et renifler, puis s’éclaircir
la voix :
- Oui ?
- Ça va ?
- Je vais bien.
Comme il ne la croyait absolument pas, il tourna doucement la poignée
et entre ouvrit la porte. Sam était assise à la tête du
lit, ses genoux ramenés contre sa poitrine et ses bras entourant ses
jambes. La lumière de la lune entrait entre les rideaux ouverts pour
éclairer son visage et faire voir à Jack les stries humides sur
ses joues.
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
Elle secoua la tête :
- Je vais bien.
Jack soupira et ferma la porte de la chambre, marchant vers son lit. Elle le
suivit des yeux, relevant le menton alors qu’il s’approchait. Il
s’assit à ses pieds, posant sa main sur ses genoux nus.
- Sam…
- J’ai fait un cauchemar, admit-elle finalement.
Il n’avait pas besoin de demander à propos de quoi. Il savait.
Ces cinq dernières semaines, il savait exactement quelles étaient
les nuits où elle avait souffert même si elle ne lui avait rien
dit. Il le voyait dans les ombres de ses yeux et dans sa façon de le
regarder en salle de briefing.
« Au moins cette nuit il pourrait y faire quelque chose. »
Il se leva et rejeta les couvertures.
- Poussez-vous.
Elle ne sembla même pas surprise et se déplaça en se recouchant
de l’autre côté du lit. Jack se coula sous les couvertures
et les tira sur eux deux. Il se tourna vers Sam, s’étendant sur
le côté et installa l’oreiller sous sa tête.
- Venez là.
Sam vint se placer entre ses bras ouverts, son dos contre la poitrine de Jack,
sa tête sur son avant bras comme oreiller. Jack entoura de son autre bras
la taille et Sam et l’attira plus près de lui, enfouissant son
visage dans l’épaule de la jeune femme.
- Dormez.
Sam tourna la tête et leva les yeux vers lui, un magnifique sourire sur
les lèvres. Elle tendit la main et posa sa paume sur la joue de Jack,
l’amenant à se rapprocher. Il obéit volontiers et posa ses
lèvres sur les siennes, chaque muscle et nerf répondant instantanément
au contact de la bouche de Samantha Carter sur la sienne.
Les lèvres de Sam s’entre ouvrirent, et il s’autorisa un
doux moment de tentation, laissant sa langue glisser sur la sienne, le doux
gémissement de Sam se propageant à l’intérieur de
lui.
Puis ils se séparèrent, sachant tous deux que c’était
là qu’il fallait s’arrêter.
« Pour le moment…. Nom de nom !!! »
Jack repoussa doucement du pouce une mèche de cheveux du front de Sam.
Elle le regardait toujours, ses yeux bleus sombres à la lumière
de la lune.
- Quoi ?
Sam sourit.
- Rien. Parfois, je n’arrive pas à réaliser que je suis
ici... que finalement nous…
- Que tous les deux on a… compris ?
Le sourire de Sam s’élargit :
- Oui, quelque chose comme ça.
Il l’embrassa sur la tempe.
- Dormez.
Elle bougea et s’installa contre lui, et Jack arrangea les couvertures
autour des épaules de Sam pour lui tenir chaud. Puis il trouva à
nouveau sa taille sous les draps et ferma les yeux.
« Finalement… c’est une nuit acceptable ! »
Quatorze mois plus tard, 2 heures
12, complexe de Cheyenne Mountain.
- Bon retour parmi nous, Jack. Cela fait du bien de vous voir.
Jack accepta la ferme poignée de main de son ami de longue date et maintenant
nouveau commandant du SGC, le général Hank Landry.
- Merci Hank. Cela fait du bien d’être ici. On vous traite bien
?
- Oh, oui ! Je pense que vous leur manquez, Jack… bien que personne ne
l’admette.
Jack sourit et suivit Hank à travers les couloirs du SGC, et une bouffée
de nostalgie le submergea. Est-ce que cela faisait vraiment un an qu’il
avait tout à fait quitté le Colorado ? Oh, bien sûr…
il était toujours au courant de tout ce qui se passait ici. Il devait
être au courant, en tant que chef du Département du Home World
Security et superviseur de tout ce qui touchait à la Porte des Etoiles.
Mais ce n’était pas comme « être là ».
Comme être chef du SGC avait été différent d’être
le leader de SG1.
Mais, on vit... on apprend… On évolue vers des choses plus importantes
et meilleures.
- Comment ça va à Washington ?
- Bureaucratie, Hank.
Hank rit.
- Je sais cela ! J’ai fait mon temps au Pentagone, mais tu sais cela.
J’aime être ici.
- Oui, j’ai aimé cela, aussi. C’est mieux ailleurs, mais
si je n’étais pas ailleurs, j’aimerais être ici.
- Madame n’est pas avec vous ?
Jack secoua la tête, un sourire incontrôlable à présent
sur les lèvres. « Il ne s’y habituerait jamais ».
- Non. Elle ne sait pas que je suis ici. Ou pourquoi. D’ailleurs j’apprécierais
que cela reste entre nous.
- Aucun problème Jack. Pour autant que je sache, vous n’êtes
même pas ici !
Ils atteignirent l’endroit du SGC qui était le but de Jack depuis
qu’il avait atteint le premier poste de garde. Les cellules. Il poussa
un long, un calme soupir.
- Il était dans un état pitoyable quand on l’a trouvé.
Bien sûr, il avait été abandonné par ses jaffas il
y a près d’un an, enfin ceux qui lui restait après que Baal
lui avait botté les fesses. Sans disciples, il passait son temps sur
une planète oubliée, préparant sa revanche.
- Sa dernière tentative a échoué, conclut Jack.
- Oui, c’est ce que j’ai entendu.
- Donc, il ne sert plus à rien ?
- Pas vraiment. Il est lessivé, desséché, un dieu inutile
sans fidèles.
Hank s’arrêta devant l’une des cellules de sécurité,
et mit un passe magnétique dans la main de Jack.
- Laissez moi dix minutes, puis allez y.
Jack acquiesça. Comme Hank commença à s’éloigner,
Jack lui posa la main sur le bras :
- Hank…
Son ami lui tapa sur l’épaule.
- Ne vous inquiétez pas pour ça, Jack. Je sais ce qu’il
a fait. Faites ce que vous avez à faire.
Hank le laissa seul dans le couloir. Jack attendit onze minutes et demie avant
de glisser la carte dans la serrure et d’ouvrir la porte. Les lumières
étaient allumées à l’intérieur, pour qu’on
puisse garder un œil sur les prisonniers à tout instant.
« Ce soir, cela n’a pas d’importance. »
Jack jeta un coup d’œil à la caméra vidéo dans
le coin de la cellule. L’indicateur rouge qui montrait habituellement
que la caméra fonctionnait était éteint.
« Merci Hank »
L’homme sur le lit roula sur le côté, ses traits hagards
et tirés encore creusés par les lampes fluorescentes. Quand il
vit Jack, il s’assit, posant ses pieds à terre. A cet instant,
Jack vit la lueur de reconnaissance – et d’assentiment – dans
les yeux de l’ancien Seigneur Goa’uld.
« Le moment est venu de payer… »
- Salut, Camulus.
FIN
Un petit commentaire ? A l’auteur si vous parlez anglais, ou à
la traductrice ?