Threads

Auteur : Helios
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : Romance, encore romance, uniquement romance, définitivement romance
Saison : saison 8, « affinity » et « threads »
Raiting : aucun
Date d’écriture : janvier 2005

Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else. This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes : c'était, quand je l'ai écrite, ma vision de l'épisode qui n'était pas sorti, mais dont j'avais vu quelques photos.

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- Elle est belle, non ?

Sam resta immobile. Elle avait peur de comprendre. Le sourire de Pete, le panneau « vendu » sur la palissade…

- Mais… Pete… Ne me dis pas que tu as…
- Si. Je l’ai achetée. Elle est ce qu’on a toujours voulu Sam. Cette maison est notre maison, c’est là que grandiront nos enfants, là que nous vivrons aussi longtemps que nous voudrons, là… Sam ? Qu’est-ce qu’il y a ?

La jeune femme ne sourit pas. Son visage était totalement fermé. Elle resta figée, regardant la haute bâtisse blanche, le grand jardin, la pelouse bien tondue, la balançoire…

Elle se recula. Instinctivement, elle se recula et détacha sa main de celle de son fiancé. Elle murmura sans le regarder :
- Tu aurais du me consulter.
- Mais… Je voulais te faire la surprise ! Ne me dis pas qu’elle ne te plaît pas, c’est exactement le style de maison que tu aimes !
- Oui... Mais… enfin, tu aurais du me consulter !

Elle était en colère à présent. Tout à coup froide, lointaine, hautaine même. Une beauté glaçante qui dévisageait avec rancœur l’homme qu’elle était sensée aimer.

Lui aussi était en colère. Il n’était pas du genre à se laisser gâcher sans rien dire un moment si important.

- Qu’y a-t-il ? Si la maison te plaît, qu’y a-t-il Sam ? Tu adores que je m’occupe de ce genre de choses, tu me dis toi-même que tu n’as jamais le temps pour cela. Tu es sûrement la seule femme au monde à ne pas s’être jetée sur un catalogue de mariage la semaine où tu as accepté ma demande.

La demande… Elle soupira et ferma les yeux un bref instant. Il avait raison. C’était juste…
- Pete, je ne sais pas, c’est juste, que… c’est une décision importante… Que tout cela devient tout à coup…
- Réel ? C’est ça ? Une question, une bague, pour l’instant, ce n’était pas sérieux, hein, c’est ça Sam ?
- Non, non… Je… Il faut que je… enfin… Enfin tu n’aurais pas du, c’est tout !

Pete eut un petit sourire triste. Il avait mal, si mal. Mal de la voir près de lui, si proche et soudain si distante, si fermée. Il la regarda. Elle tourna enfin les yeux vers lui. Ses yeux bleus qui pouvaient être parfois si pétillants de vie et de bonheur. Ses yeux bleus qui n’étaient à cet instant qu’un masque glacé sur son magnifique visage aux traits si purs.

Elle était capable de cela. Capable en une fraction de seconde de créer autour d’elle un fossé infranchissable. Un espace qui n’était qu’à elle et dont Pete était exclu. Un espace où seul son ami Daniel pouvait l’atteindre. Un espace où seule Janet pouvait aussi ; Janet que Pete n’avait jamais connue, mais dont l’évocation pouvait arracher à Sam des larmes ou le plus merveilleux des sourires.

Pete soupira. Il savait que quand elle était ainsi il ne pouvait plus rien. Il murmura :

- Ce n’est pas grave pour la maison. Si elle ne te plait pas on trouvera une solution. Si c’est autre chose… Ecoute, je préfère partir.

Elle se radoucit. Elle détestait faire souffrir les autres, elle détestait le faire souffrir lui. Lui qui était si patient, si gentil, si drôle. Lui qui l’aimait tellement. Lui avec qui elle allait passer le reste de ses jours.

Elle s’approcha doucement et caressa la joue de Pete.

- Je suis désolée, je sais que j’ai tout gâché, que tu espérais que je serais contente pour la maison, c’est juste que... que j’ai besoin de temps… Tout ça…
- Fais comme tu veux Sam. De toutes façons tu fais toujours comme tu veux. Tu as raison, c’est important de… de choisir une maison. Alors si tu n’es pas sûre… pour la maison... Bon, je te laisse.

Elle se mordit la lèvre. Elle avait honte. Il déposa un léger baiser sur son front et s’éloigna. Elle le suivit des yeux.

Pourquoi ? Que s’était-il passé tout à coup ?

Elle se tourna à nouveau vers la maison. Oui, Pete la connaissait bien : c’était exactement ce qu’elle voulait. Ce qu’elle avait cru vouloir. Elle était grande, il devait y avoir au moins quatre chambres. Sam était sûre que tout était spacieux, lumineux, agréable, calme… parfait.

Tellement parfait. Une maison parfaite pour un couple parfait avec des enfants parfaits et une vie parfaite.

Alors pourquoi avait-elle envie de pleurer ?

La sonnerie de son portable retentit : sauvée par le gong… par le travail… comme d’habitude. C’était Daniel, elle décrocha.

- Sam ? je ne vous dérange pas ?
- Non non Daniel, pas du tout…
- Sam ?
- Oui Daniel ?
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Mais rien, rien, pourquoi ?
- Sam… Je connais cette voix, je vous connais.
- Non, rien, je… enfin…
- Je suis chez moi, vous passez prendre un café ?
- Non, merci, mais…
- C’est un ordre, Colonel ! intima l’archéologue en imitant une voix bien connue.

Elle rit.

- D’accord, d’accord, je suis là dans dix minutes. A vos ordres, petit scarabée !
- A tout de suite Sam.

Elle reprit la voiture et conduisit en évitant de penser à sa vie. Elle pensa à son réacteur à naquadah. Dans ces cas-là, elle pensait toujours à son réacteur à naquadah. Comment faisaient les autres femmes, celles qui n’avaient pas de réacteur à naquadah ?
Comment faisaient ces femmes qui n’avaient pas un QI à faire pâlir un prix Nobel, qui n’avaient pas un métier passionnant, qui ne sauvaient jamais le monde ? Comment faisaient-elles ?

Elles étaient heureuses. C’est tout.

Sam était maintenant devant la porte de Daniel. En appuyant sur la sonnette elle remercia une fois de plus le ciel de connaître l’archéologue.

Celui-ci ouvrit la porte et sourit à la jeune femme. Ils se regardèrent un moment. Daniel fronça tout à coup les sourcils et murmura :
- Sam… Que se…
Elle fondit en larmes.

Elle détestait fondre en larmes. C’était tellement… tellement ce que faisaient les autres femmes.

Daniel la prit doucement dans ses bras et ferma la porte derrière elle. Il la berça contre lui et l’entraîna vers le canapé où ils s’assirent. Elle se recula et prit le mouchoir qu’il lui tendait à présent. Elle essuya rapidement ses larmes.

Ça y est, c’était fini, elle ne pleurait plus, elle était à nouveau forte.

Daniel demanda :
- Sam… Que se passe-t-il ??
- C’est Pete.
- Pete ? Quoi Pete ? Vous avez rompu ??
- Non. Il nous a acheté une maison.

L’archéologue fronça les sourcils. L’incompréhension qu’elle lisait sur son visage fit sourire Sam.

- Une maison ? Et… elle est si laide que ça ?
- Elle est magnifique. C’est la maison de mes rêves.
- J’ai du mal à vous suivre, là… Elle est trop chère ?
- Non, je ne pense pas… de toutes façons, vu les sommes faramineuses qui dorment sur mon compte en banque étant donné que je n’ai jamais le temps de dépenser mon salaire… Non, cela m’étonnerait qu’elle soit trop chère.
- Bon. Donc, si j’ai bien compris, Pete vient d’acheter une maison sublime et c’est une catastrophe.
- Voilà. C’est ridicule, hein ?
- Non. C’est loin d’être ridicule, Sam. C’est grave. C’est ce que je craignais en fait.

Sam écarquilla les yeux. Daniel la regarda avec le plus grand sérieux et soupira.

- Pardon ? Ce que vous craigniez Daniel ?
- Oui, ce que je craignais depuis que Pete est entré dans votre vie. Mais comme vous sembliez… heureuse en fait, j’espérais que… que tout irait bien. Que finalement tout était réglé, pour vous du moins. Au début j’étais sûr que cela ne pourrait pas marcher, et puis si, les mois ont passé, vous nous l’avez présenté, tout s’est bien passé, vous nous avez annoncé que vous étiez fiancés, tout ça… Bref, je commençais même à y croire.

La jeune femme fronça les sourcils :
- Vous commenciez à y croire ? Vous pensiez que Pete …
- Oh non Sam ! Pas Pete ! J’ai toujours eu parfaitement confiance en l’affection de Pete envers vous. Cet homme vous aime, profondément. Il doit remercier le ciel tous les jours d’avoir une femme comme vous à ses côtés. Il connaît sa chance, ou du moins il croit la connaître. Il veut vous épouser, il veut vous rendre heureuse. Il est gentil, il est intelligent, il est drôle. Ce n’est pas Pete qui m’inquiétait Sam, c’est vous.

Elle ne répondit rien. Daniel continua :
- Et j’avais raison de m’inquiéter, vu votre tête tout à l’heure sur le pas de ma porte. La maison, cela devient trop réel, c’est ça ? Vous réalisez soudain ce à quoi vous vous engagez vraiment ? Ce pour quoi Pete est vraiment prêt à s’engager, lui ? Vous réalisez le fossé entre vous ?
- Daniel…
- Ce fossé a un nom. Vous le savez comme moi. Si vous ne réglez pas cela une bonne fois, vous ne serez jamais prête à rien, ni avec Pete ni avec aucun autre. Vous serez toujours malheureuse dans ce cas, et cela m’est insupportable Sam. Insupportable.

L’archéologue sourit à nouveau et elle soupira :
- Que dois-je faire Daniel ?
- Aller prendre le café chez lui. Aller prendre le café chez Jack.

Elle ferma les yeux un instant en entendant son nom et ouvrit la bouche pour parler mais Daniel la devança :
- … Non Sam ! Ne me dites pas que vous n’avez pas le droit, ne me parlez pas de règlement, de loi, de supérieur, de chaîne de commandement… Ne me parlez pas de cela. Il s’agit de votre vie Sam, ainsi que de celle de Jack et de Pete. C’est beaucoup plus important, et cela vous le savez. Alors ne vous cachez pas derrière de faux prétextes. Je ne vous demande que d’aller lui parler, de votre mariage, de Pete, de vous…
- Je lui en ai déjà parlé Daniel.
- Pardon ???
- Quand Pete m’a demandée en mariage… J’ai mis longtemps à répondre. Et je l’ai dit au général, et je lui ai même demandé ce que je devais faire. Ce qu’il en aurait pensé, lui, si tout était différent.
- Et ?

Daniel était bouche bée.

- Et rien. Il m’a répondu doucement que si tout était différent il ne serait pas là, lui. Et il est sorti du labo.
- C’est tout ?? Mais… qu’est-ce que cela veut dire qu’il « ne serait pas là » ?? Qu’il serait encore avec Sara ? Qu’il serait avec vous et que la question de Pete ne se poserait même pas ? Qu’est-ce qu’il a voulu dire ???

Sam leva les yeux vers Daniel et sourit tristement :
- En fait… je ne sais pas ! Je n’y avais jamais pensé… Cela veut juste dire… qu’il ne me répondra pas.

Daniel se leva du canapé et commença à marcher de long en large dans la pièce, au comble de l’énervement maintenant.

- Il ne serait pas là ! Mais ça ne veut rien dire ça ! Quel… Quel idiot ce type ! Il a fait exprès je suis sûr, exprès pour ne rien répondre et vous laisser décider ! Non mais vraiment, n’importe quoi !

Sam regardait l’archéologue arpenter la pièce en souriant. Daniel s’arrêta soudain et s’agenouilla devant elle. Il regarda un long moment la jeune femme puis lui dit :
- Je ne devrais même pas être étonné Sam… C’est typique de Jack en fait. Mais cela veut dire surtout qu’il faut lui reposer la question. Qu’il faut savoir, Sam. Vous avez le droit d’exiger cette réponse de lui avant d’engager toute votre vie avec Pete. Faites-le. Vous savez que j’ai raison, vous savez que si vous ne le faites pas vous vivrez toute votre vie avec ce doute qui vous rongera. Vous devez en avoir le cœur net, vous vous le devez à vous et vous le devez à Pete. Il serait malhonnête de votre part d’épouser Pete sans savoir.
- Je sais Daniel, mais…
- Non Sam. Il n’y a pas de « mais » cette fois. Cela fait huit ans qu’il y a des « mais », sauf qu’avant vous n’aviez pas accepté la demande en mariage d’un autre.

Elle se mordit la lèvre pour ne pas pleurer à nouveau. Daniel, toujours à genoux devant elle, prit doucement les mains de la jeune femme dans les siennes et les serra. Il continua, regardant Sam droit dans les yeux :
- Sam, c’est toute votre vie que vous engagez. Et celle d’un autre. Vous n’avez pas le droit de le trahir et de vous trahir vous. Les moments que j’ai passés avec Shaa’re ont été les plus beaux de mon existence. Je ne les échangerais contre rien au monde, même maintenant que je sais quelle souffrance cela m’a apportée par la suite. Parce que j’aimais Shaa’re, Sam. Et je souhaite de tout mon cœur que vous viviez la même chose avec quelqu’un, quel qu’il soit. J’ai toujours pensé que cela serait avec Jack, qu’il y avait entre vous ce qu’il y avait eu entre ma femme et moi. Si je me suis trompé, si cela doit être Pete, tant pis, ou plutôt tant mieux, car tout ce que je veux c’est que vous soyez heureuse Sam. Vraiment, et sincèrement heureuse. Mais vous savez que pour cela il faut régler, dans un sens ou dans un autre, cette histoire entre Jack et vous.
- Oui Daniel. Je crois… Je sais que vous avez raison. Mais c’est tellement dur.
- De parler à Jack ?? Ne m’en parlez pas ! Vous connaissez la merveilleuse entente qu’il y a entre ce militaire borné et moi !

Ils rirent tous les deux. Puis Daniel reprit :
- Allez, il faut y aller maintenant.
- Maintenant ??
- Nous sommes dimanche après-midi, il est sûrement chez lui, vous êtes à priori disponible… Oui Sam, maintenant ! les occasions sont rares, vous le savez mieux que moi je crois.

Elle soupira :
- et si…
- Et si quoi ? Que risquez-vous que vous n’ayez déjà supporté pendant huit ans ?
- Bon. Souhaitez-moi bonne chance au moins.
- Certainement pas ! Les missions où Hammond nous souhaitait bonne chance étaient toujours les plus catastrophiques !

Sam rit et Daniel embrassa doucement la joue de la jeune femme.
- Merci Daniel.
- Allez-y. Pensez à ce que vous voulez vraiment et faites tout pour l’obtenir.

Ils se sourirent et Sam quitta l’appartement de Daniel, à la fois soulagée et terrorisée.

Vingt minutes plus tard, sans savoir comment elle était arrivée là, elle se trouvait devant la maison du général O’Neill.

Elle resta là quelques minutes, les yeux fixés sur la porte d’entrée. Elle était sur le point de renoncer, quand un raclement de gorge la fit se retourner vivement. Jack se tenait devant elle, en jean avec un T-shirt bleu à manches longues, un sac de courses à la main. Sam se sentit rougir, essaya de dire quelque chose, en vain. Jack fronça les sourcils et dit avec un sourire :
- Euh… Bonjour Carter ?
Elle balbutia :
- Pardon… Oui… Bonjour mon général.
- Que puis-je faire pour vous ? Que je sache, je n’ai pas de technologie alien dans la tête ce coup-ci… ou bien êtes-vous encore une fois passée dans le coin par inadvertance ?

Elle sourit et murmura sans lever les yeux vers lui :
- Est-ce que… je pourrais vous parler ? C’est personnel.
Le sourire de Jack s’effaça et il sembla hésiter un instant qui dura des heures pour Sam. Il murmura finalement d’une voix étrangement peu assurée :
- Euh… Oui. Attendez-moi.
Il alla déposer le sac de courses devant sa porte et revint vers Sam, se plantant devant elle bras croisés, un regard interrogateur dans ses yeux bruns.

Sam était terrifiée. Elle qui ne tremblait devant aucune menace de la galaxie se sentait pétrifiée. Son sang battait à toute allure dans ses tempes, elle avait les mains moites d’appréhension. Elle n’avait même pas remarqué que Jack ne l’avait pas faite entrer.

Sa vie allait se jouer dans les minutes qui allaient suivre.

O’Neill la regardait gravement. Il pouvait lire sur le visage de la jeune femme le trouble qui l’habitait en cet instant. Il demanda d’un ton faussement détaché :
- Alors Carter, que se passe-t-il ?
- Je voudrais vous parler de… Pete.
- Votre fiancé ?
Elle se mordit la lèvre. Il faisait exprès de lui rappeler cet état de fait.
- Oui. Il a… acheté une maison pour lui et moi.
- C’est gentil à lui. Elle est jolie ?
- Très.
- J’espère qu’il y a une niche. Indispensable une niche pour un chien.

Elle ne sourit pas. C’était mauvais signe, très mauvais signe. Le sourire feint de Jack s’effaça à nouveau de son visage. Il regardait la jeune femme blonde debout devant lui. Jack savait qu’elle ne serait jamais venue pour seulement lui parler de sa relation avec Pete. Il savait de quoi elle voulait parler vraiment. Il n’avait aucune envie d’aborder ce sujet. Surtout pas maintenant.

Elle finit par relever ses grands yeux bleus vers lui et par murmurer :
- Je ne sais pas s’il y a une niche. Je l’ai à peine vue. Je… J’ai fui.
- Fuir ? Vous ?
Un sourire passa sur le visage de Sam qui enchaîna :
- Oui. J’ai été misérable. Mais tout cela, la maison, cela m’a fait réaliser ce qu’allait vraiment être ma vie dans quelques temps.
- Vous devriez aller voir Daniel, Carter. Il est sûrement beaucoup plus doué que moi pour calmer les angoisses pré maritales…
- Non. C’est avec vous que je dois parler.
Elle avait relevé les yeux, lui avait dit cela bien en face. Elle les baissa à nouveau, le souffle court, réalisant que maintenant il fallait continuer. Maintenant.
Jack la regardait en silence, les traits tendus, parfaitement immobile. Il sentait un nœud dans son estomac, les battements rapide de son cœur. Il attendait qu’elle continue, ce qu’elle fit d’une voix hésitante :
- C’est toute ma vie que je vais engager dans quelques mois. Je pense… je pense que j’ai le droit de savoir si je fais le bon choix. Je veux savoir si ma vie ne pourrait pas… être autrement. Je voudrais l’entendre. Une fois. Juste une fois.

Elle le regarda à nouveau, les yeux voilés par l’émotion.

- S’il vous plait Jack. Répondez-moi vraiment, une fois. Si… Si je ne l’entends pas de vous je ne pourrai jamais avancer. Vous savez… vous savez qu’il a toujours suffi d’un mot de vous. Je ferai ce que vous voudrez, dans un sens ou dans l’autre, quitte à attendre. Quitte à vous attendre.

Elle ferma les yeux et se mordit la lèvre pour empêcher les larmes de couler. Quand elle le regarda à nouveau il était toujours parfaitement immobile face à elle. Leurs regards étaient rivés l’un à l’autre. Les yeux bleus de Sam étaient brillants de larmes contenues. Les yeux bruns de Jack étaient tout à coup si sérieux, si sombres. Les lèvres fines du général O’Neill frémirent, il sembla hésiter.

Ce fut à cet instant que la porte d’entrée s’ouvrit derrière Sam.

Une voix, claire, enjouée. Une voix de femme.

- Jack, tu es rentré, j’ai entendu…

Sam sentit un poison glacé courir soudain dans ses veines. Une douleur fulgurante lui transperça la poitrine. Sous le choc elle ouvrit la bouche, manquant d’air.

Jack resta parfaitement immobile, figé face à Sam. Il était désolé. Elle lut sur son visage aux traits douloureux qu’il était désolé.

Sam sourit doucement, devant l’ironie de sa vie. Elle se retourna lentement.

Une très belle femme d’une quarantaine d’années se tenait sur le pas de la porte, une expression surprise sur le visage. Elle était grande, mince, vêtue d’un jean et d’un haut rose qui mettait son teint mat et ses formes avantageuses en valeur. Une magnifique chevelure châtain tombait en cascade sur ses épaules. Ses yeux bruns brillaient dans un visage aux traits fins. Sam la reconnut immédiatement.

La nouvelle venue regarda alternativement Sam et Jack en souriant. Sam, tétanisée, entendit la voix de Jack derrière elle :
- Tu connais le colonel Carter, Kerry ?
La femme sourit et s’approcha en tendant la main :
- Bien sûr, nous nous sommes déjà croisées plusieurs fois au SGC, comment allez-vous ?
Sam la regardait s’avancer vers elle, un sourire aux lèvres. Elle avait l’impression d’être soudain vidée de toute sensation, de toute vie. Morte. Machinalement elle tendit la main et serra celle de la jeune femme. Sam entendit sa propre voix répondre d’un ton monocorde :
- Bonjour Mademoiselle Johnson.
Kerry vint se placer le plus naturellement du monde aux côtés de O’Neill et eut un petit sourire gêné :
- Et bien, il semble que notre petit secret soit éventé, Jack…
La douleur dans la poitrine de Sam augmenta encore, rendant presque insupportable le simple fait de respirer. Elle entendit à nouveau la voix de Jack. Une voix dure, sèche :
- Oui, en effet. Mais j’ai toute confiance en la discrétion du colonel Carter.
Le silence retomba à nouveau. Sam se tenait face à Kerry et Jack. Face à ce couple qu’elle venait de découvrir et qui pourtant semblait soudain si évident. Kerry fronça les sourcils et demanda doucement :
- Je… je dérange peut-être, si vous êtes venue voir Jack, c’est sûrement que vous avez quelque chose d’important à voir…

« JACK ». Elle l’appelait Jack, le plus naturellement du monde, sans interdit et sans contrainte. Jack. Le prénom agit sur Sam comme un électrochoc et la rappela à la vie. Elle articula rapidement :
- Rien de très important. Le général a répondu à ma question, nous n’avons plus rien à voir ensemble. Je vous laisse. Ravie de vous avoir revue Mademoiselle Johnson.
Elle ajouta alors, sans regarder Jack :
- Mon général.
- Carter.

Elle partit sans se retourner. Atteindre sa voiture sans s’effondrer devenait tout à coup pour elle le défi le plus insurmontable. Elle s’installa à la place du conducteur, mit le contact, démarra et quitta rapidement l’allée. Au premier croisement elle s’engagea dans une impasse, arrêta brusquement le véhicule, et hurla avant de s’effondrer en pleurant sur le volant.


Kerry regarda la voiture de Sam quitter son emplacement et filer dans la rue. Elle se retourna vers Jack. Celui-ci se tenait toujours debout, immobile, le visage totalement fermé. Kerry s’approcha et murmura :
- Un problème à la base ?
- Non.
Il baissa enfin les yeux vers elle et la regarda longuement. Elle se sentit soudain mal à l’aise. Elle sourit maladroitement et murmura :
- Alors, ces courses ?
Jack sourit à son tour tristement et attira Kerry à lui. Elle releva le visage et observa longuement les traits soudain si durs du général O’Neill. Il se recula de quelques centimètres et regarda le visage mince maintenant teinté de tristesse. Il s’empara alors des lèvres fines de Kerry et l’embrassa avec fièvre et désespoir.


Sam était rentrée directement au SGC. Elle traversa sans un mot les couloirs et se précipita dans son laboratoire. La honte, la rage et le désespoir se bousculaient dans sa tête tour à tour. Un nœud atroce au ventre ne la quittait plus.
Elle avait l’impression de se revoir après le retour de Jack de Edora. Comment avait-elle pu être aussi stupide. L’attendre… elle lui avait proposé de l’attendre ! Elle s’était humiliée devant lui comme jamais, elle avait mis sa vie entre ses mains, et elle avait été broyée en un instant. Comment avait-elle pu être assez sotte pour imaginer qu’il puisse avoir des… des sentiments ! Ce type était incapable de sentiments. Ce type était incapable d’aimer. Ce type était incapable de lui rendre la plus petite parcelle de ce qu’ELLE était alors prête à lui offrir.
La colère, la rage envahissait petit à petit Sam. Elle hurla une nouvelle fois en jetant de toutes ses forces son bloc note contre le mur.
Une voix douce, calme, lui fit alors lever la tête :
- Colonel Carter, vous allez bien ?

Elle découvrit Teal’C dans l’embrasure de la porte. Le jaffa l’observait, imperturbable. Elle répondit :
- Oui Teal’C. Je vous remercie.
- Je suis venu vous proposer de nous entraîner, si vous le souhaitez bien sûr.
Sam sut immédiatement que Teal’C n’était sûrement pas venu pour cela, mais sa proposition lui parut excellente :
- Avec plaisir. Je vais me préparer, je vous rejoins dans quelques instants.
Le jaffa s’inclina et referma la porte. Sam ramassa les papiers et quitta à son tour le laboratoire. Quelques minutes plus tard, elle était face à Teal’C sur le ring de la salle de sport. Ils commencèrent le combat. Au bout de quelques échanges, le jaffa fronça les sourcils et renforça sa garde. Se battre contre la jeune femme n’avait jamais été aussi physique, même pour lui. Elle frappait avec force et détermination, les traits fermés, les gestes précis et secs. Sa puissance semblait décuplée. Le jaffa mesura rapidement la rage qui devait habiter le corps mince de sa coéquipière.
Le combat dura très longtemps. Teal’C savait que le mieux qu’il pouvait faire était de lui permettre d’évacuer un peu cette tension qu’il sentait en elle. Il encaissait les coups, épuisait la jeune femme par des gestes énergiques et des feintes subtiles. Quand ils s’arrêtèrent enfin, elle était en sueur mais plus calme. Comme rassasiée par cette violence. En partie seulement. Elle regarda le grand jaffa et s’inclina :
- Merci Teal’C. Merci beaucoup.
- De rien colonel Carter. N’hésitez pas à faire appel à moi.
Elle sourit et se dirigea vers les vestiaires.


Jack aussi était en sueur. Allongé dans son lit, le souffle encore court, il observait fixement le plafond. Il semblait ne prêter aucune attention aux minces caresses des doigts de Kerry sur son torse puissant. Celle-ci, la tête posée sur l’épaule de Jack, l’observait. Elle sourit tristement en le regardant et murmura :
- C’était un adieu ?
Il sembla sortir de sa torpeur et baissa les yeux vers elle, sourcils froncés :
- Pardon ?
Il la regarda sans sembler comprendre. Elle se dégagea doucement et se leva. Jack s’assit sur le matelas et la regarda se rhabiller.
- C’était un bel adieu Jack. Au moins je n’aurai pas de regret. Nous aurons fait le tour de ce que nous pouvions attendre l’un de l’autre.
- De quoi parles-tu ?
- De nous Jack. Maintenant j’en suis certaine, je n’aurai jamais davantage venant de toi. Et cela je ne le supporterai pas. Je ne veux pas souffrir, j’ai passé l’âge des chagrins d’amour. Je veux être heureuse et rendre quelqu’un heureux. Et je sais maintenant pourquoi je ne te rendrai jamais heureux.
- Comment cela ?
Elle renfila son petit haut, arrangea son épaisse chevelure et se retourna vers lui. Elle le regarda longuement et continua :
- Je sais maintenant pourquoi je ne serai jamais celle qui pourra te rendre heureux. Je sais que tu as trouvé celle qui pourrait te rendre heureux, et je sais que ce n’est pas moi.
Jack se passa nerveusement la main dans les cheveux :
- Kerry, écoute…
- Non. Je comprends ce qui se passe. Je connais vos règles, vos grades. Mais malgré tout c’est une évidence. Je ne sais pas ce qu’elle était venue te dire. Je regrette d’être arrivée à ce moment-là, je suis désolée, sincèrement. Je suis navrée que deux personnes telles que le colonel et toi soyez malheureuses à ce point, après tout ce que vous avez pu vivre. C’est injuste. Mais toi seul pourrais y faire quelque chose. C’est toi le général. Pourquoi n’arrêtes-tu pas ? Pourquoi ne quittes-tu pas l’armée ? Tu en as assez, c’est visible, tu es fatigué de tout cela.
O’Neill l’avait écoutée sans un mot, parfaitement immobile et silencieux. Il murmura sans la regarder :
- Pour la protéger. Mais c’est trop tard, elle est fiancée et heureuse.
- Menteur. Elle est tout sauf heureuse et tu le sais.
Jack regarda à nouveau Kerry qui acheva de s’habiller rapidement. Elle se dirigea vers la porte de la chambre et se retourna une dernière fois :
- Ne la laisse pas faire cela. Vous êtes en train de vous détruire. Et moi je ne veux pas voir ça. Je n’ai rien à faire avec tout ça. Mais merci pour ces quelques semaines ensemble Jack, cela a été fabuleux.
- Kerry, je suis désolé, ne crois pas….
- Je sais, je ne t’en veux pas. Ce n’est pas moi que tu as trompé Jack, c’est toi-même.


Trois semaines s’étaient écoulées. Sam avait changé. Daniel était venue la voir, lui demander comment l’entretien s’était passé. Elle lui avait juste dit que tout était terminé, que Jack avait été très clair. Daniel avait été abasourdi par la nouvelle. Sam ne lui avait pas laissé le loisir d’en rajouter, avait refusé de raconter et lui avait demandé de ne plus jamais faire allusion à cette histoire. La mort dans l’âme l’archéologue avait accepté.

Sam n’avait jamais été aussi froide et distante au SGC. Efficace, aussi, que ce soit en missions ou dans ses recherches. Plus que jamais. Teal’C et Daniel admiraient un peu plus chaque jour les qualités exceptionnelles de la jeune femme, et s’en inquiétaient à la fois. Mais ils ne disaient rien. Il n’y avait plus rien à dire.

Les rapports entre Jack et Sam étaient exclusivement professionnels. Les briefings étaient rapides, efficaces. Les notes d’humour du général ne s’adressaient plus qu’à Teal’C et Daniel.

Ce soir-là, Sam était chez elle, plongée dans un magasine de mariage, relevant des adresses des traiteurs, observant d’un œil distrait les photos de robes de mariée. Dehors la pluie frappait violemment les carreaux. Ce mois d’octobre était glacial, Sam se pelotonna un peu plus sur son canapé, en jean, emmitouflée dans un pull irlandais blanc cassé. La nuit était tombée depuis un moment quand on frappa à la porte.

Sam se leva en fronçant les sourcils et alla ouvrir.

Jack se tenait sur le perron, dans son long manteau noir, le col relevé. Il était manifestement venu à pieds : la pluie dégoulinait sur son visage, collant ses cheveux grisonnant à ses tempes. Son regard transperça la jeune femme, qui resta quelques instants figée d’étonnement. Puis elle s’écarta. Il entra en la suivant toujours des yeux. Elle referma la porte et lui indiqua le salon d’un geste. Il ôta son manteau, le déposa sur une chaise et suivit Sam dans la pièce. Elle dit sèchement :
- Asseyez-vous, je reviens.
Jack s’installa et son regard tomba sur le catalogue de mariage. Il ferma les yeux un instant. Sam revint dans la pièce et lui tendit une bière et une serviette de toilette. Il murmura :
- Merci.
Il s’essuya rapidement les cheveux et leva les yeux vers la jeune femme qui se tenait debout devant lui, raide comme un piquet. Jack sourit et dit :
- Repos, Carter !
- Je ne suis pas au garde à vous, Monsieur. J’attends juste que vous m’expliquiez la raison de votre présence ici.
Il soupira et se passa la main dans ses cheveux humides. Il regarda Sam au fond des yeux et demanda calmement :
- Et vous, que feriez-vous si tout était différent ?
Elle écarquilla les yeux, ouvrit la bouche pour parler, puis son visage s’empourpra de colère.
- Pardon ? Vous osez venir me demander cela ? Maintenant ? Mais de quel droit ??

Jack ne répondit pas. Un voile de tristesse passa sur son visage et il baissa les yeux. Elle continua :
- Mais tout n’est pas différent. Rien n’est différent, rien ne sera jamais différent ! Ou plutôt si, d’ici quelques mois tout sera différent dans ma vie, car je serai mariée ! Mariée à un garçon adorable, qui m’aime, qui me le dit, qui ne sauve peut-être pas le monde mais qui se soucie des gens qui l’entourent et qui l’aiment !!
Elle se tut et resta face à lui, tremblante de colère, la rancune se lisant sur chaque trait de son visage. Il se leva doucement et, remettant son manteau, se dirigea doucement vers la porte. Elle le regarda faire, immobile. La main sur la poignée, il murmura sans la regarder :
- Alors je suis heureux Carter, car tout ce que je veux pour vous, tout ce que j’ai toujours voulu, c’est votre réussite et votre bonheur.
- Pourquoi êtes-vous venu ?
- Pour… savoir… essayer d’imaginer ce qui se serait passé si… tout avait été différent comme vous disiez. Pour imaginer ma vie … Mais vous avez raison, tout est différent maintenant.

Il sortit et disparut sous la pluie battante, sa haute silhouette happée par la nuit.

Sam resta parfaitement immobile dans son salon. Les jeux étaient faits. Jack avait perdu.

Elle avait perdu.

Elle sentit son ventre se nouer, l’air lui manquer. Elle traversa en deux foulées son entrée et, ouvrant la porte à la volée, s’élança à son tour hors de chez elle. Elle dévala l’allée et arriva sur la rue. Elle se mit à courir. A courir comme une damnée, comme si sa vie entière en dépendait.

Et sa vie entière en dépendait.

Quand elle tourna au coin il était à quelques mètres devant elle et se retourna en entendant la respiration rapide de Sam. Ils se tinrent immobiles sous la pluie battante. Les traits de Jack étaient crispés, tendus, semblant vouloir sonder la jeune femme. Elle était maintenant trempée, ses cheveux collant à son tour sur sa peau, dans son cou ruisselant. Ses petites baskets blanches disparaissaient dans une flaque d’eau. Elle parvint à calmer sa respiration et, s’approchant soudain, elle passa sa main derrière le cou de Jack, leva la tête et, après l’avoir observé un instant, elle ferma ses superbes yeux bleus et posa doucement ses lèvres sur celles de O’Neill. Puis elle se recula et murmura :
- Voilà ce que j’aurais fait si tout avait été différent.

Comme il ne bougeait toujours pas, elle se détourna et, soudain gênée, fit un pas pour repartir.

La main de Jack sur son épaule l’arrêta. Il la retourna à nouveau vers lui et la regarda gravement, ses yeux bruns presque noirs à présent.

- Tout est différent. J’ai démissionné.

Sa voix était grave, douce, posée. Elle écarquilla les yeux, incapable de bouger, comme sonnée. Après quelques instants elle murmura d’une voix blanche :

- Mais… quand ?
- Il y a trois semaines. Le lendemain du jour où vous êtes venue chez moi. J’ai reçu la confirmation aujourd’hui. Dans quinze jours je ne serai plus en poste.
- Alors… alors tout est vraiment… différent ?
- Oui.

Ils étaient toujours face à face, sous la pluie, trempés à présent mais totalement indifférents à tout ce qui n’était pas l’autre. Jack descendit sa main de l’épaule à la taille de Sam et la rapprocha doucement de lui. Il posa son autre main sur la joue fraîche de la jeune femme et sembla chercher dans ses yeux bleus la réponse à toutes leurs questions.

Elle sourit.

Alors il sourit à son tour, approcha très lentement ses lèvres de celle de Sam et, après une ultime hésitation, l’embrassa. Un baiser très doux, un baiser de chaleur et de tendresse, d’amour. Jack s’écarta de quelques millimètres et leurs yeux se croisèrent à nouveau. Ils se sourirent et leurs lèvres se joignirent à nouveau dans un élan passionné cette fois. Les bras puissants de Jack vinrent serrer contre lui le corps de Sam pendant que la jeune femme passait à son tour ses mains derrière la nuque de l’homme qu’elle aimait.

Ils finirent par se détacher et Sam enfouit sa tête dans le cou de Jack. Celui-ci la maintint serrée contre lui, enfouissant son visage dans les cheveux mouillés de la jeune femme. Puis il s’écarta un peu d’elle et la regarda à nouveau.

Le visage de Sam était lumineux, serein. L’eau ruisselait sur ses joues sans qu’il pût dire si c’était de la pluie ou des larmes. Il sourit lui aussi, tout à coup plus calme et plus confiant qu’il ne l’avait été depuis dix ans. Il passa sa main sur le visage de Sam et murmura :

- Je pense que je vais avoir besoin à nouveau de cette serviette de toilette.

Elle rit, réalisant soudain qu’ils étaient toujours enlacés sous la pluie. Elle frissonna. Jack ôta rapidement son lourd manteau et le déposa sur les épaules de Sam. Ils se sourirent et refirent le chemin inverse, marchant côte à côte sous la pluie.

Sam laissa Jack dans la salle de bain et partit rechercher la serviette. Quand elle revint Jack était torse nu, face au miroir, essayant vainement de discipliner ses cheveux. Elle parcourut du regard le dos musclé de O’Neill, ses cicatrices. Elle frissonna de désir et d’appréhension à la fois. Elle leva les yeux et croisa le regard malicieux de Jack qui l’observait dans le miroir. Elle sentit le rouge lui monter aux joues.
- Je vous rappelle que vous êtes toujours fiancée, Sam.

Elle sourit et déposa la serviette à côté de lui.
- Je sais. Il faut que je voie Pete rapidement. Et vous et… Mademoiselle Johnson ?

Jack grimaça et d’un geste de la main balaya la question :
- C’est fini, depuis trois semaines. Cela n’aurait… jamais été possible, et elle le savait. C’est elle qui m’a fait réaliser mon erreur, je crois.
- Alors il faudra vraiment que je la remercie, dit Sam en souriant.

Le visage de Jack redevint grave :
- Avant de voir Pete… réfléchissez bien Sam. Je ne veux pas que vous puissiez regretter quoi que ce soit à cause de moi.
- C’est tout réfléchi. Cela fait longtemps que c’est tout réfléchi je pense.

Ils se sourirent à nouveau et Jack passa la main dans les cheveux mouillés de la jeune femme, caressant du pouce le velours de sa joue. Elle ferma les yeux et laissa aller son visage contre sa paume si large, si chaude. Jack murmura :
- Vous devriez… vous changer je pense. En tous cas vous ne devriez pas rester là.

Elle le regarda à nouveau. Les yeux de Jack étaient presque noirs, mais une flamme nouvelle y brillait. Sam se sentit délicieusement en danger et frissonna à nouveau. Elle allait sortir de la salle de bain quand elle se ravisa. Jack la vit enlever doucement sa bague de fiançailles qu’elle posa sur la tablette au-dessus du lavabo. Puis, sans ajouter un mot, Sam partit se changer. Jack resta un long moment immobile, observant le bijou. Il leva les yeux et découvrit son propre reflet dans le miroir. Il fut étonné de se voir sourire.

Sam redescendit quelques minutes plus tard, en jean et chemise. Jack était déjà au salon, elle lui tendit un T-shirt beige :
- Tenez, il est à mon frère. Une bière ?
- Euh… je préfèrerais un café bien chaud en fait, après notre petite ballade.

Quand elle revint avec deux tasses fumantes Jack était debout, observant les quelques photos qui décoraient le salon de Sam. Il lui prit doucement la tasse des mains. Elle expliqua :
- Voici mon frère, avec sa femme et ses enfants. Ils sont à San Diego, malheureusement on ne se voit pas souvent. Là c’est…
- Jacob, avec quelques rides en moins ! Ces symbiotes, cela guérit pas mal de truc mais pas les pattes d’oie à priori. Si cela avait pu gommer quelques années j’aurais bien fait l’essai.
Sam pouffa de rire et dit sans le regarder :
- Ce serait dommage.
- Quoi ? Que je sois infesté par une de ces sales bêtes ?
- Non. Enfin oui, mais aussi que vous gommiez quelques années.

Il la regarda et murmura :
- J’ai dix ans de plus que vous.
- Je sais, ce n’est pas nouveau.
- Cela ne vous gêne pas ?

Elle leva les yeux vers lui, radieuse :
- C’est parfait.

Ils se regardèrent un instant en souriant et se tournèrent à nouveau vers les photos. A ce moment on frappa à la porte. Jack fronça les sourcils et Sam balbutia :
- Non, cela ne peut pas être Pete, il est en mission pour deux semaines…

Elle se dirigea vers la porte d’entrée et découvrit sur le perron Daniel et Teal’C, plusieurs cartons à pizza dans les mains. Elle resta interdite. L’archéologue gémit :
- Sam, si vous ne nous laissez pas entrer, les pizzas seront à essorer !

Elle hésita un instant puis, en souriant, laissa ses coéquipiers entrer. Daniel se lança dans un grand discours en enlevant sa parka :
- Sam, ne dites rien. Nous savons que cela ne va pas bien, et il est hors de question que nous vous abandonnions. Jack est un abruti, ce n’est pas nouveau, et….
- Bonsoir O’Neill, dit doucement Teal’C en inclinant la tête.
- Bonsoir Teal’C. L’abruti vous salue Daniel.

Daniel resta bouche bée face à Sam qui se retenait pour ne pas éclater de rire. L’archéologue se retourna lentement et découvrit Jack, un sourire aux lèvres, qui l’observait depuis le salon. Il balbutia :
- Jack ? Mais… Mais… Qu’est-ce que vous faites ici ??
- Je regarde de jolies photos. Et vous ?

Daniel regarda à nouveau Sam et s’aperçut alors du magnifique sourire sur le visage de la jeune femme. Il fronça les sourcils et la suivit machinalement au salon. Ils s’assirent tous les quatre, Sam s’installant tout naturellement à côté de Jack dans le canapé. Même Teal’C souriait devant la mine déconfite de Daniel qui demanda :
- Non, mais, sérieusement, que faites-vous ici Jack ? Enfin, je veux dire…
- Je suis venu fêter ma démission avec un café et une part de pizza.

Teal’C haussa un sourcil et Daniel faillit s’en décrocher la mâchoire :
- Votre démission ? Vous quittez le SGC ?

Cette fois c’est Sam qui sembla réaliser la portée de ce que Daniel venait de dire et son sourire s’effaça de son visage. Mais Jack enchaîna :
- Oui, sans regret. Elle sera effective dans deux semaines. De toutes manières j’en avais assez. Définitivement assez. Mais je resterai dans les parages, au cas où vous seriez incapables de vous débrouiller sans moi…

Un long silence suivit. Jack se tourna à nouveau vers Sam et lut dans les yeux bleus les craintes de la jeune femme.
- Je ne regrette rien. Je suis soulagé depuis que j’ai pris cette décision. Etre sur le terrain ne me manque pas trop en fait, j’ai pu en faire l’expérience. Et ce travail de paperasse n’est décidemment pas pour moi. Le Président Hayes m’a cependant fait comprendre qu’il pourrait faire appel à moi de temps en temps, et je ne suis pas contre.
Daniel baissa alors les yeux et les releva vers Sam :
- Vous n’avez plus votre bague.
Elle acquiesça :
- Non, il n’y aura plus jamais de bague.
- Du moins plus celle-là, ajouta Jack avec un petit sourire.
Sam devint écarlate. Daniel et Teal’C sourirent de plus belle. L’archéologue regarda Jack et dit :
- Finalement vous n’êtes peut-être pas autant un abruti que je le pensais…
- Peut-être Daniel, peut-être… mais votre insulte de tout à l’heure vous oblige quand même à me céder vos parts de pizza. Bon, on mange ? Les émotions, ça creuse !

Ils passèrent la soirée tous les quatre, Teal’C et Sam écoutant Jack et Daniel se quereller gentiment. Les trois hommes repartirent un peu avant minuit. Jack et Sam sourirent en voyant Teal’C pousser rudement Daniel hors de la maison alors que l’archéologue allait encore ajouter une énième réflexion. Jack se pencha alors vers Sam et l’embrassa très doucement sur la joue. Puis il murmura :
- je vous revois au SGC. Prévenez-moi quand vous aurez vu Pete.
- Oui.
Il se redressa, enfila son manteau et disparut à son tour. Sam regarda sa haute silhouette s’éloigner et referma la porte. Elle s’adossa contre le battant et se laissa glisser au sol, radieuse. Définitivement radieuse.

- Vous êtes obligé Jack.
- Non Daniel.
- Si.
- Non.
- Si.
- Non.
- Si.
- Ah ! J’ai dit non, je déteste cela, vous le savez pertinemment !
- Si.

Sam s’assit, posant son plateau à côté de celui de Jack, et regarda en souriant les deux hommes se quereller une fois de plus. O’Neill lança un regard désespéré à la jeune femme qui demanda :
- Et quel est l’objet de votre désaccord cette fois ?
Jack ouvrit la bouche pour répondre mais Daniel le devança :
- Jack ne veut pas faire de pot pour sa retraite.
Elle se tourna, étonnée, vers le général :
- Pourquoi ? Je rejoins Daniel, il faut que vous organisiez quelque chose, tout le monde s’y attend.
Jack lui lança un regard désespéré et soupira :
- Vous aussi ? C’est un complot ma parole !
- Allons allons, ce n’est pas bien compliqué, vous n’êtes pas obligé d’inviter toute la base… Juste vos plus proches collaborateurs, et on se fait une petite soirée chez vous ! renchérit Daniel.
- Chez MOI ???
- Bien sûr, ajouta l’archéologue. Il paraît que pour mon enterrement vous aviez fait cela très bien.
Sam pouffa de rire et Jack grommela :
- Ouai, mais là nous avions vraiment quelque chose à fêter !
Teal’C sourit et inclina la tête. Daniel, excédé, prit son plateau à présent vide et quitta le mess suivi par le jaffa. Jack et Sam se regardèrent en souriant et il demanda :
- Franchement, vous trouvez que ce serait une bonne idée ?
- Bien sûr. Vous pourriez inviter le général Hammond, Syler,…
- … votre père.
Elle rougit et sourit plus largement :
- Oui, mon père. C’est gentil d’y penser.
Ils se regardèrent en silence un instant, puis Jack murmura discrètement :
- Avez-vous revu Pete ?
- Pas encore. Je le verrai samedi dans la journée, sa mission s’est prolongée cette semaine.
- Aïe.
Elle fronça les sourcils :
- Quoi ?
- C’est que… c’est justement samedi que Daniel voulait faire notre petite sauterie, comme c’est vendredi soir que je serai officiellement retraité.
- Et alors ?
Jack regarda à nouveau Sam. Il put lire dans ses yeux bleus un calme et une détermination qui le firent sourire. Il ajouta :
- Et alors rien. Je suppose juste que je ne pourrai pas compter sur vous pour tartiner les toasts.
Elle rit doucement :
- Non, en effet. Mais Daniel vous doit bien cela, vu que c’est lui qui insiste pour faire la fête !
- C’est bien vrai ça ! Carter, vous me sauvez encore une fois la vie !
Ils finirent de manger tranquillement et Jack regagna son bureau en sifflotant.


Il était près de minuit, le vendredi suivant. La base était presque déserte, tous les militaires avaient regagné leurs quartiers. Le SGC n’avait pas été en alerte depuis quelques jours maintenant.

Jack se tenait seul dans la salle de briefing quand Sam y entra.
Elle observa un moment sa haute stature qui se découpait dans la pénombre de la pièce. Il ne bougea pas quand elle s’avança et vint se placer à côté de lui. Ils restèrent silencieux, fixant l’énorme anneau de métal face à eux. Sam leva les yeux vers Jack. Elle détailla une fois de plus son profil fin et sec, la fossette de son menton, la ride volontaire au milieu du front.
Elle murmura enfin :
- Cela va vous manquer ?
- Oui.
Il posa alors la main sur l’épaule de la jeune femme qui leva des yeux tristes vers lui, et ajouta :
- Cela me manquera. Cela manquerait à tout le monde. C’est grâce au SGC que j’ai pu recommencer à vivre, que je vous ai rencontrés, Daniel, Teal’C, et vous. Mais je ne regrette pas que ça finisse. Je veux autre chose maintenant. Je veux autre chose avant que cela ne soit trop tard. On a déjà assez joué avec le feu toutes ces années, je ne veux plus prendre le risque de tout perdre. Prendre le risque de vous perdre.
Il la regardait gravement. Il vit les magnifiques yeux bleus de Sam briller doucement dans la pénombre et il essuya du bout du doigt une larme qui perlait au coin de sa paupière.
- Je suis heureux Sam, et grâce à vous. La seule appréhension que j’ai, c’est que vous regrettiez plus tard votre décision.
Elle sourit doucement et murmura :
- Jamais. Je ne la regretterai jamais, c’est une évidence. Une totale évidence.
Ils restèrent longtemps côte à côte dans la salle vide. Puis Jack passa doucement la main sur la joue de Sam et tourna vers lui le visage de la jeune femme. Il s’approcha légèrement et pencha la tête vers elle. Il resta un instant à quelques millimètres d’elle, savourant son parfum, son souffle rapide, puis, très doucement, effleura à peine les lèvres de Sam. Il sourit contre sa bouche en l’entendant gémir, puis captura à nouveau ses lèvres pleines dans un baiser profond et passionné, là, devant la Porte des Etoiles.
Quand il se recula enfin, il lut dans les yeux bleus un mélange de bonheur et de surprise. Sam rougit, le souffle court :
- Mon général, les caméras, si….
- Jack. Je ne suis plus général depuis… un peu plus d’une minute.
Il la regarda en souriant lever les yeux vers une des horloges de la salle : il était minuit une. Le général Jack O’Neill ne faisait plus partie de l’US Air Force. Sam rit doucement en secouant ses cheveux blonds. Jack ajouta :
- On se voit demain soir, Sam ? Vous n’oubliez pas ma petite fête ?
- Je pense n’avoir jamais eu en tête ces huit dernières années d’information plus cruciale.
Ils se sourirent une dernière fois et regagnèrent chacun leurs quartiers.


Sam avait quitté la base assez tôt le matin. Elle attendait maintenant Pete depuis quelques minutes, assise dans un café, tournant nerveusement sa cuillère dans sa tasse. Le policer entra enfin et sourit en apercevant la jeune femme. Il se dirigea vers elle et se penchait pour l’embrasser quand elle l’arrêta en posant une main ferme sur son torse. Il se recula, fronçant les sourcils, sonné par l’attitude de Sam. Elle leva les yeux vers lui :
- S’il te plait Pete, assieds toi.
Il obéit sans y penser, tentant de lire sur le visage de la jeune femme la raison de sa froideur. Il demanda :
- Qu’est-ce qu’il y a Sam, c’est la maison ?
- Non Pete. C’est plus grave que ça.
Elle poussa alors vers lui d’une main sûre l’écrin en velours bleu. Il l’ouvrit sans y croire et découvrit la bague à l’intérieur. Il ferma un instant les yeux sous le choc. Quand il les rouvrit Sam le regardait avec tristesse. Il parvint à articuler :
- Pourquoi ?
- Parce que j’ai été malhonnête. Malhonnête envers moi, envers toi. Et que je le serais encore bien davantage en t’épousant.
- Mais… comment ça ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Elle prit une grande inspiration et continua :
- Je croyais t’aimer. J’ai passé avec toi des moments extraordinaires, je pensais vraiment t’aimer, mais je me mentais à moi-même. Je ne me suis pas moquée de toi, jamais. Tu es quelqu’un de fabuleux, et tu mérites une femme qui t’aime vraiment.
- Qui m’aime vraiment… Tu ne m’as jamais aimé ?
Sam resta silencieuse. Pete tenta sans succès de retrouver une respiration calme et murmura :
- Il y a… quelqu’un d’autre.
- Oui, répondit-elle dans un souffle.
Pete avala définitivement sa salive, sentant la colère monter en lui :
- Et cela fait longtemps que…
- Non, il ne s’est rien passé. Mais j’ai réalisé que… enfin je crois que je l’ai toujours su mais que je ne voulais pas me l’avouer, je pensais être vraiment bien avec toi.
Après un silence Pete demanda :
- Qui est-ce ?
- Pete…
- Dis-moi qui c’est Sam. Tu me connais, je ne ferai pas de scandale, ce n’est pas mon style. Mais j’ai le droit de savoir qui c’est, si je le connais.
- Tu le connais. C’est le général O’Neill.
Pete écarquilla les yeux et s’écria :
- O’Neill ? Le général de la base, ton supérieur depuis… je ne sais plus combien de temps ?
- Oui. Nous n’avions pas le droit… de penser à quoi que ce soit justement à cause de nos grades. Mais il a démissionné.
- Quand ?
- Hier.
Pete accusa à nouveau le choc, livide. Il observait toujours le visage de Sam qui avait baissé les yeux vers sa tasse. Il demanda :
- Pourquoi a-t-il démissionné ?
- Pour moi.
Un long silence suivit. Sam murmura :
- Je suis désolée Pete. Désolée de te faire subir cela. Pour la maison tout est arrangé, j’ai vu l’agent immobilier, tu n’auras aucun problème pour récupérer les fonds que tu as avancés. Tu avais raison, la maison était superbe. C’était… juste moi.
- Tu es heureuse Sam ?
Elle leva à nouveau les yeux vers lui, surprise, et croisa ceux de Pete qui la regardait en silence. Elle sourit doucement et répondit :
- Oui Pete. C’est… c’est ce que je veux vraiment.
Il soupira, sourit tristement et Sam le regarda se lever. Il ramassa l’écrin et dit :
- Tu n’entendras plus jamais parler de moi Sam. Je crois… je crois que j’ai toujours su quelques part que je ne pourrais pas garder une femme comme toi, que tu étais… trop parfaite. Tu es en fait restée inaccessible tout ce temps. Je te souhaite d’être heureuse.
Il sortit du café sans se retourner. Sam resta un moment assise, partagée entre la profonde pitié qu’elle ressentait pour Pete et… la joie de l’avenir qui s’offrait à elle. C’est avec le sourire aux lèvres que Sam rentra chez elle.


Quelques heures plus tard, Sam se tenait sur le pas de la porte de Jack. Elle sourit en se souvenant de sa visite à ce même endroit quelques semaines plus tôt. De leur entrevue dans le jardin, avec Kerry Johnson. De l’état lamentable dans lequel elle était rentrée au SGC. Elle sentit sa poitrine se gonfler d’émotion, respira profondément et sonna.
Teal’C ouvrit la porte au bout de quelques instants et s’inclina devant la jeune femme. Elle entra, ôta son manteau et se tourna à nouveau vers le jaffa qui murmura :
- Vous êtes très belle Colonel Carter.
- Merci Teal’C. C’est… une occasion particulière.
- En effet.
Sam portait une jupe longue noire fendue et un petit pull en cachemire bleu pâle, près du corps, décolleté en V ; elle s’était légèrement maquillée. Mais c’est surtout son sourire éblouissant qui sembla intimer le silence à toutes les personnes qui se trouvaient déjà là. Elle distingua Jack qui, se frayant un passage au milieu des invités, avançait vers elle. Il se retrouva bientôt devant Sam. Il avait revêtu un jean noir et une chemise écrue. Ils se regardèrent en souriant un moment puis il murmura :
- Vous êtes splendide. J’avais peur que vous… enfin….
Il se passa nerveusement la main dans les cheveux et Sam sourit :
- Tout va bien. Tout est réglé.
Une lueur d’incrédulité passa dans les yeux bruns de Jack. Elle disparut devant le sourire de Sam et il demanda :
- Une coupe de champagne ?
- Avec plaisir.
Il la fit passer devant lui et ils se dirigèrent vers le buffet improvisé où Daniel les attendait. L’archéologue dit à sa coéquipière pendant que Jack remplissait le verre :
- Vous êtes magnifique Sam. J’en connais un qui a bien de la chance.
Elle sourit encore plus largement en prenant la coupe des mains de Jack qui grogna :
- Oh ça va Daniel, vous n’allez pas commencer…
- Je suis d’accord avec Daniel Jackson, O’Neill. Mais je sais que vous en serez digne.
Jack donna une tape amicale sur l’épaule du jaffa qui leva un sourcil :
- Ah merci Teal’C ! Ce n’est pas Daniel qui m’aurait dit ça !
L’archéologue se contenta pour une fois de sourire.

Ils restèrent quelques minutes tous les quatre, silencieux, savourant cette intimité, cette amitié unique et indestructible qui les unissait depuis si longtemps, qui avait su les garder en vie si longtemps. Tout était soudain si simple, si calme. Ils avaient confiance, en eux, en l’avenir. Ils étaient bien.

Daniel fronça les sourcils :
- Jack, ça va se gâter pour vous…
Teal’C, Jack et Sam se retournèrent, suivant le regard de l’archéologue. George Hammond venait d’entrer. Jacob Carter était avec lui.

O’Neill murmura :
- Thor, si vous m’entendez, c’est le moment ou jamais de me téléporter à l’autre bout de la galaxie…
- Eh ! s’écria Sam en donnant un léger coup de coude dans les côtes de l’ancien général.
Jack sourit et posa son verre :
- J’y vais.
Il se dirigea vers l’entrée et salua les deux généraux en leur prenant leurs manteaux :
- George, Jacob, c’est gentil d’être venus…
- Alors vous vous êtes enfin décidé, Jack ? demanda Hammond.
O’Neill leva un regard surpris vers lui et Hammond enchaîna :
- … je parle de la retraite, Jack.
- Euh, oui… comme vous voyez…

Jacob fixait Jack. O’Neill se sentit soudain étrangement mal à l’aise et indiqua le buffet d’un geste nerveux :
- Si vous voulez vous joindre à nous… Votre fille est là Jacob.
- J’ai vu Jack. Merci.

Le Tok’ra se dirigea alors vers Sam qui lui avait fait un petit geste de la main. Jack soupira, ce qui fit rire Hammond :
- Bonne chance, Jack ! Et là je ne parle pas de la retraite.
Et il s’éloigna à son tour pour rejoindre les autres invités, laissant O’Neill bras ballants dans l’entrée.


- Bonsoir ma chérie, dit Jacob en déposant une bise sur la joue de Sam.
- Bonsoir papa.
- Tu es absolument ravissante. Il y a bien longtemps que tu ne t’es pas faite aussi belle pour ton vieux père.
Sam sentit le rouge lui monter aux joues tandis que Daniel se raclait bruyamment la gorge pour étouffer un rire. Jacob se tourna alors vers lui et le jaffa :
- Daniel, Teal’C, c’est un plaisir de vous revoir.
Les deux hommes lui rendirent son salut et tous se tournèrent à nouveau vers Sam qui jouait nerveusement avec sa coupe de champagne. Le regard de Jacob semblait vouloir sonder la jeune femme, qui murmura maladroitement :
- Euh… le voyage s’est bien passé… ?
- Comme d’habitude Sam. Comme d’habitude. Ton fiancé n’est pas là ?
Sam avala une grande rasade de champagne et Daniel dit :
- Euh… Teal’C, et si nous allions voir si Jack n’a pas besoin d’aide ?
- Je vous suis Daniel Jackson.
Les deux hommes s’éloignèrent, ignorant les regards implorants de la jeune femme. Jacob ne la quittait pas des yeux.
- Alors Sam ? Où est… Pete ?
- J’ai rompu avec Pete. Cet après-midi. Définitivement.
Le général Carter ne répondit pas et garda fixé sur sa fille un regard indéchiffrable. Elle continua :
- Ai-je besoin de t’expliquer pourquoi, papa ?
- Non. Je ne pense pas. Tu réalises ce que tu viens de faire ?
La voix de Jacob était glaciale. Sam écarquilla les yeux et ses lèvres tremblèrent :
- Quoi, rompre avec…
- Non. Je ne te parle pas de ton ancien fiancé, il m’est totalement indifférent. Je te parle de O’Neill. Il a démissionné Sam. Et il est indispensable au SGC. Je vous trouve bien égoïstes.
Sam avait l’impression d’avoir à nouveau quinze ans, elle se sentait tout à coup fragile et vulnérable, honteuse devant le regard de cet homme intransigeant qu’était son père. Elle balbutia :
- Mais, enfin, c’est sa décision, je ne peux pas…
- Tu sais bien que si. Tu aurais du. Sans lui à la tête du SGC, qui sait ce qui va arriver. Vous n’aviez pas le droit de prendre une décision pareille, elle est loin de n’impliquer que vous.
Sam regarda son père, les yeux maintenant embués de larmes. Elle murmura :
- Mais… Je… Excuse-moi.
Elle posa la coupe vide sur le buffet et sortit précipitamment de la pièce, se glissant entre les invités. Jacob la regardait s’éloigner quand il entendit une voix à côté de lui :
- C’est toi qui n’avais pas le droit Jacob.
Le général Carter se retourna vivement et découvrit George Hammond qui le dévisageait froidement. Le père de Sam fit un geste énervé :
- Si, j’avais le droit, et tu sais comme moi qu’ils ne peuvent pas faire ça.
- Oh si, ils le peuvent. Ils auraient pu le faire il y a bien longtemps même, et je trouve personnellement qu’ils ont beaucoup trop attendu.
- Pardon ?? Mais George, te rends-tu compte des implications…
- Je me rends parfaitement compte Jacob. Je te signale que je suis plutôt bien placé pour m’en rendre compte.
- Alors tu sais que le SGC sans Jack…
- Je reprends le commandement.
Les yeux de Jacob s’agrandirent d’étonnement :
- Pardon ???
- Je reprends le commandement du SGC dans un mois. Le général Silmer n’est là que pour l’intérim, Hayes m’a convaincu.
- Mais… et le Prométhée ?
- Le Prométhée est un vaisseau fabuleux, mais un vaisseau qui me gardait éloigné de tous ceux que j’aime. Ma place est ici, où au moins je n’ai pas plusieurs millions d’années lumière à parcourir pour voir mes petites filles. Ma vie est au SGC. Et si par cette décision je peux permettre à Jack de partir tranquille et de refaire enfin sa vie avec celle qu’il aime, alors j’en suis le plus heureux des hommes.
Le visage de Jacob était toujours fermé. George ajouta avec un sourire triste :
- Alors que cela devrait être toi, le plus heureux des hommes, Jacob. Je constate qu’en fait ce n’est pas le commandement du SGC qui te pose problème.
Le Tok’ra soupira :
- Bref, vous êtes tous contre moi.
- Tous ?
- Oui. Selmak me fait la leçon toutes les deux minutes.
- Elle est connue pour sa sagesse, je te rappelle.
- Oui. Mais enfin, George, il s’agit de ma fille !!!
- Je ne te comprends pas. N’apprécies-tu pas Jack ?
- Si. Enormément. C’est peut-être la personne que j’admire le plus au monde. Mais… enfin… c’est Sam…
Hammond sourit :
- Jacob, je sais que tout ce que tu veux c’est le bonheur de Sam. Et sur ce point encore j’ai une totale confiance en Jack, et toi aussi. Mais elle ne pourra pas être heureuse sans ton consentement. Oui Jack n’est pas quelqu’un de facile, nous connaissons tous deux son passé. Mais s’il y a bien une personne qui peut l’aider, et qu’en tous cas il ne fera jamais souffrir, c’est Sam. Aie confiance en eux Jacob. Et va le leur dire.
- C’est difficile George. Là… là j’ai vraiment l’impression que Sam m’échappe. Avec ce policier, c’était différent…
- Oui. Elle ne l’aimait pas. Elle ne t’échappe pas, Jacob. Elle vit sa vie, enfin.


Daniel poussa O’Neill du coude dans la cuisine :
- Jack !! Regardez !!
L’ancien général leva les yeux du frigo et vit la silhouette tremblante de Sam sortir vers le jardin. Il fronça les sourcils et grogna :
- Qu’est-ce que Jacob a bien pu… Rappelez-moi de les étrangler, lui et son serpent.

Il colla les deux bouteilles de champagne dans les bras de Daniel, passa dans l’entrée où il attrapa le manteau de Sam et sortit. Il descendit rapidement les marches et regarda dans la rue : personne. La voiture de la jeune femme était là, garée un peu en contrebas. Il fit en vain le tour de sa maison, puis se ravisa et un sourire passa sur ses lèvres. Il se dirigea vers son garage et monta rapidement le petit escalier de bois. Quand il arriva sur la terrasse, Sam était immobile à côté du télescope, lui tournant le dos. Il s’approcha doucement et posa son manteau sur les épaules de la jeune femme qui se retourna alors vers lui. Ses yeux étaient baignés de larmes. Jack l’attira doucement contre lui et murmura :
- Les belles-familles, c’est la plaie.
Elle sourit au milieu de ses larmes et répondit :
- Il a raison Jack. Nous n’avons pas le droit, nous avons trop de responsabilités, je ne peux pas vous faire quitter le SGC…
Il se redressa d’un geste sec, saisit le visage de Sam dans ses paumes et plongea ses yeux sévères dans ceux de la jeune femme :
- Tu ne m’as rien fait quitter du tout, que cela soit bien clair. J’ai démissionné. C’est une décision personnelle et très réfléchie, dont je connais et dont j’assume toutes les conséquences. Décision qui a été acceptée par le Président des Etats-Unis lui-même. Que Jacob ne soit pas capable de l’accepter à son tour me déçoit mais ne me fera jamais changer d’avis. Jamais. Je t’aime, je veux passer le peu de temps qu’il me reste avec toi, si tu veux toujours de moi. Et là-dessus seul ton avis m’importe.
Sam resta quelques instants sans voix, le souffle court, submergée par ce que Jack venait de lui dire et par ce qu’elle lisait à cet instant dans ses yeux bruns. Elle murmura :
- Bien sûr que je le veux toujours. Je t’aime.
Jack sourit et, écartant du bout du doigt une mèche du front de Sam, se pencha et embrassa à nouveau la jeune femme.
Ils restèrent plusieurs minutes l’un contre l’autre, s’embrassant à perdre haleine, oubliant le monde autour d’eux. Puis Sam sentit le corps de Jack frissonner et elle s’écarta de lui :
- Tu as froid, rentrons et allons affronter mon père.
- Charmante perspective, murmura Jack avec une grimace.
Ils redescendirent de la petite terrasse et entrèrent dans la maison par la cuisine. Teal’C et Daniel, qui s’y trouvaient toujours, sourirent en voyant les visages sereins de Sam et Jack. L’archéologue demanda :
- Tout va bien ?
- Très bien Daniel. Il faut juste qu’on ait une petite conversation avec papa Jacob, répondit O’Neill.
- Je vous écoute, Jack.
Les quatre anciens coéquipiers se retournèrent et découvrirent le père de Sam dans l’embrasure de la porte. Daniel et Teal’C s’entre regardèrent et l’archéologue balbutia :
- Bon, et bien nous… on va aller s’amuser, hein Teal’C ?
- Allons nous amuser Daniel Jackson, répondit calmement le jaffa en quittant la pièce.
Sam sentit alors la main que Jack venait de poser doucement sur son épaule et dit, les yeux rivés à ceux de son père :
- papa, je suis désolée que tu n’approuves pas notre décision, mais…
- Je m’excuse Sam.
La jeune femme écarquilla les yeux et se tourna un instant vers Jack, qui semblait aussi surpris qu’elle. Jacob reprit :
- J’ai discuté avec Georges. Ma réaction était stupide, je voulais te protéger, alors que tu n’en as pas besoin. Je suis désolé pour ce que je t’ai dit. Et je suis très heureux et très honoré que tu aies choisi Jack.
Les deux amants restèrent bouche bée. Le général sourit et continua :
- Vous avez raison de démissionner. Profitez de la vie comme je n’ai pas su le faire. Et le SGC est à nouveau dans de bonnes mains.
O’Neill fronça les sourcils :
- Vous connaissez bien le général Silmer ?
- Je ne parle de Silmer. Mais l’intéressé se fera un plaisir de vous l’annoncer lui-même. Et si nous allions boire à votre retraite, Jack ?
- Avec plaisir Jacob.
Ils se regardèrent un instant en souriant puis regagnèrent le salon. La soirée fut très agréable. Il y avait une trentaine d’invités, tous des proches de SG1 et membres du programme. Sam et Jack étaient souvent séparés, la jeune femme restant beaucoup avec son père et Cassandra alors que l’ancien général O’Neill allait discuter avec les uns ou les autres. La fille adoptive de Janet était devenue avec les années une superbe jeune femme, mais sa complicité avec Sam était restée celle du premier jour. Les regards que le Colonel Carter jetait de temps à autre vers son ancien supérieur n’avaient donc pas échappé à Cassandra, qui murmura quand elles furent un peu seules :
- Je suis contente pour Jack et toi. Cela fait longtemps que maman et moi attendions ça.
Sam sourit doucement à la jeune fille et passa une main dans ses longs cheveux châtains. Cassandra continua :
- Alors ça y est. Plus de règlement, plus de lois, plus rien entre vous…. Sam ?
Cassie fronça les sourcils. Elle venait de voir passer soudain dans les yeux bleus de son amie une lueur nouvelle. La peur. Sam gardait les yeux rivés sur Jack qui riait avec Daniel à l’autre bout de la pièce.
- Sam ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Je… je ne sais pas… je crois que je viens de réaliser que c’est… maintenant. Que ce que j’ai espéré si longtemps arrive vraiment.
A cet instant Jack leva les yeux vers elle et lui sourit. Sam lui sourit en retour. Cassandra toucha doucement le bras de son amie.
- Oui Sam, cela arrive maintenant. Mais tu n’as pas à avoir peur. Vous vous aimez depuis… si longtemps. Vous avez déjà supporté tellement plus que n’importe quel couple. Tout ira bien. Il va falloir que tu te fasses à cette idée.
- Justement… c’est… nouveau pour moi.
- Et pour lui ? Tu ne crois pas que c’est nouveau, que tout aille bien ?
Sam soupira :
- Oui, c’est vrai. Tu crois qu’il a… ?
- Peur ? Je pense que le général O’Neill est terrifié. Mais que jamais il ne l’avouerait, surtout pas devant Daniel !!!
Elles rirent toutes deux. Jack les observait toujours en souriant, se désintéressant totalement de ce que racontait l’archéologue, ce qui finit par agacer ce dernier :
- Bon, ok Jack, elle est superbe, mais je vous signale que je vous parle là !!
- Pardon ?
Daniel soupira et Teal’C sourit doucement. Jack se tourna à nouveau vers Sam et l’archéologue grogna :
- Ah si, vous pouvez vous demander ce qu’une femme comme elle vous trouve, je serais personnellement incapable de répondre.
- Moi je trouve que O’Neill et le colonel Carter forment depuis toujours un couple très assorti. Contrasté, mais assorti.
Jack et Daniel se tournèrent, surpris, vers le jaffa. O’Neill sourit :
- Depuis toujours… n’exagérons rien Teal’C.
- Depuis quand aimez-vous Sam, Jack ?
O’Neill, manifestement agacé, voulut éluder la réponse d’un geste, mais le jaffa renchérit :
- Je parierais personnellement sur votre découverte de la seconde porte en Antarctique.
- Vous parieriez ?? demanda O’Neill, les yeux écarquillés.
- Oui. Et vous Daniel Jackson ?
- Je ne sais pas trop… Cette histoire de réalité alternée peut-être… Quand je vous ai dit que vous y étiez fiancés.
- Moi je parierais sur avant, mais vous n’étiez là ni l’un ni l’autre.
Jack, Teal’C et Daniel se retournèrent et découvrirent Hammond, souriant, un verre à la main. L’archéologue sourit :
- Avant ?? Racontez-nous cela général !
Jack observait son ancien supérieur, surpris et amusé, attendant qu’il s’explique. Ce qu’il fit :
- Moi je parierais sur le premier jour. Sur l’entrée du colonel – du capitaine à l’époque – Carter dans la salle de briefing, pour la seconde mission sur Abidos. Elle arrivait directement du Pentagone, ravissante et décidée. Je pense que nous sommes tous instantanément tombés sous le charme. Mais ce que j’ai lu dans vos yeux ce jour-là, Jack, allait au-delà de ça. Alors, qui aurait gagné ?
O’Neill regardait Hammond en souriant et murmura :
- Je pense que ce serait vous, George.
Hammond lui rendit son sourire et ajouta :
- Je suis fier de vous. Et je suis heureux d’être encore là pour voir ça.
- Pour voir quoi ? demanda Sam en se plaçant entre Jack et Daniel.
Les quatre hommes lui sourirent et elle rougit. Hammond enchaîna :
- Mais maintenant que je suis de retour parmi vous, je vais avoir des nouvelles plus régulières.
- De retour ? Vous ne commandez plus le Prométhée ?
- Et non Samantha. Je reprends le commandement du SGC.
- PARDON ?? s’écrièrent en cœur les quatre anciens membres de SG1.
- Oui. Il semble que ma retraite à moi soit encore loin. Mais c’est vrai que je n’y ai pas la même motivation que Jack. Le général Silmer n’est là que pour un mois, après je reprends les commandes.
- C’est une merveilleuse nouvelle mon général, renchérit Sam, radieuse.
Jack Teal’C et Daniel acquiescèrent en souriant. Puis O’Neill dit :
- J’espère que les changements de décoration dans votre bureau ne vous poseront pas de problème…
- Pardon ?? demanda Hammond en fronçant les sourcils.
Jack sourit largement et Daniel s’empressa de rassurer Hammond :
- Ne vous inquiétez pas, on l’a surveillé, on l’a empêché d’y accrocher des cannes à pêches et autres carcasses de poissons. Tout est… plus ou moins en l’état.
Ils rirent tous les cinq.

La soirée se passait tranquillement, dans le calme et la détente. Jack avait reçu comme cadeau, entre autres choses, une magnifique canne à pêche. Daniel n’avait pu s’empêcher d’ajouter qu’avec du matériel pareil, même dans son pauvre lac du Minnesota il serait obligé de trouver un poisson.

Sam se trouvait maintenant à la cuisine, où elle avait rapporté quelques assiettes qu’elle allait poser sur le plan de travail quand une voix retentit derrière elle :
- Sam, tu laisses ça, je refuse que tu t’en occupes.
Elle sursauta et lâcha une assiette que Jack rattrapa au vol :
- Et, je n’ai déjà pas beaucoup de vaisselle, j’y tiens !
Elle sourit et s’appuya au plan de travail derrière elle. Il déposa l’assiette dans le lave-vaisselle et se redressa, frôlant du bras la jambe de Sam. Ils frissonnèrent tous deux et elle cessa de respirer. Il se tenait maintenant face à elle, le visage grave, les yeux presque noirs. Elle tentait désespérément de calmer sa respiration anarchique.

La porte de la cuisine s’ouvrit et Jack s’écarta rapidement de la jeune femme. Jacob les regardait avec un sourire en coin :
- Ne vous dérangez pas pour moi, j’étais juste venu dire au revoir.
- Tu pars déjà papa ?
- Oui Sam. Je loge chez George.
Sam s’approcha de son père et le serra longuement dans ses bras. Puis il se détacha d’elle et serra la main de O’Neill :
- Si vous lui faites du mal, vous regretterez d’être dans mes mains plutôt que dans celles d’Apophis.
Jack répondit en souriant :
- Je tâcherai de m’en souvenir. Merci Jacob.

Ils saluèrent aussi Hammond et les deux généraux partirent. Vers une heure du matin, il ne restait plus grand monde. Sam sentait son cœur battre de plus en plus vite au fur et mesure que les derniers invités s’éclipsaient discrètement. Teal’C et Daniel partirent les derniers après avoir aidé à tout ranger. Le regard du jaffa avait dissuadé l’archéologue de faire la moindre réflexion sur le fait que Sam ne semblait pas disposée à quitter les lieux.

Après avoir refermé une dernière fois la porte, Jack prit une grande inspiration et se dirigea vers le salon où la jeune femme finissait d’arranger les coussins sur le canapé. Elle se redressa en sentant sa présence et ils restèrent debout, face à face, un long moment. Puis Jack murmura :
- Sam, si tu veux rentrer, je peux te ramener…
Il se passa une main nerveuse dans les cheveux et Sam réalisa soudain l’impensable : il avait peur. Jack O’Neill avait peur. Etrangement cette pensée rendit à la jeune femme tout son courage et elle s’avança doucement vers lui. Il la regardait, le souffle court, lèvres entre ouvertes. Il suivait des yeux les courbes de ses hanches, le creux de sa taille, le galbe de sa poitrine sous le petit pull bleu. Son sourire. Ses magnifiques yeux bleus brillant d’un éclat nouveau, à la fois décidés et craintifs.

Quand elle fut à quelques centimètres de lui, elle murmura :
- Non. Je veux rester.
Elle sentit la main de Jack dans la sienne et, très doucement, toujours sans la quitter des yeux, il l’entraîna à l’étage et ils entrèrent dans sa chambre. La canne à pêche reposait sur le lit. Jack s’en saisit et la posa contre le mur. Sam sourit :
- Il faudra que tu m’apprennes, la pêche.
- Avec plaisir. Tu verras c’est passionnant.
Elle grimaça et Jack sourit de plus belle. Il ajouta :
- Mais il y a plein d’autres choses à faire dans le Minnesota, ne t’inquiète pas.
- Je ne m’inquiète pas, répondit Sam calmement. J’ai déjà quelques idées.
Le sourire de Jack se fit plus machiavélique et il fit un pas vers la jeune femme qui cessa de respirer. Il l’attira contre lui et murmura :
- Je suis très gâté. Vous m’avez tous gâté.
- La canne à pêche n’était pas mon vrai cadeau.
- Ah ? Et c’est ?
Elle se détacha doucement de lui, se recula un peu et, ses yeux bleus rivés aux yeux bruns, ôta doucement son petit pull. Le cœur de Jack sembla s’arrêter de battre une fraction de seconde. Elle fit à nouveau un pas vers lui, passa ses mains dans les cheveux grisonnants et posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser profond et passionné. Ils basculèrent sur le lit.


- Bon maintenant ça suffit !

Elle rit, secouant ses boucles blondes, et sauta à terre lestement. Jack la menaça du doigt :
- Tu sais que personne ne m’a jamais désobéi comme ça ??
Le ton qu’il voulait sérieux trahissait en fait son envie de rire et de la serrer à nouveau dans ses bras. Elle lui sourit, de son sourire en coin, terrible, et il se sentit fondre.

Fondre.

Une clé tourna dans la serrure.

Elle avait déjà dévalé l’escalier, Jack sur ses talons. Il arriva essoufflé en bas alors que la porte d’entrée s’ouvrait. Sam et Daniel écarquillèrent les yeux en découvrant Jack, mains sur les genoux, tentant désespéramment de récupérer sa respiration. Une tornade blonde bondit dans les bras du colonel O’Neill :
- MAMAN !!!!

Sam accusa le choc en souriant et embrassa sa fille qui se détourna ensuite vers l’archéologue :

- Bonjour Danny !
- Salut Emy ! Je t’ai rapporté un nouveau trésor.
- Ouai !!!!!

Jack fronça les sourcils en déposant un baiser sur les lèvres de sa femme :
- Daniel, arrêtez de la gâter comme ça, après elle est insupportable ! Je vis un enfer ici !

Daniel et Sam rirent, puis cette dernière demanda :
- Où est Michael ?
- En pleine sieste. Et Teal’C ?
- Il arrive, il devait repasser chez lui. Il nous rejoint.
- Bien. A la base ?
- Pas de problème. Il faudrait que tu fasses un saut à propos de Thor.
Jack grimaça :
- Aïe, pas trop tôt j’espère ? On a plein de trucs de prévus.

Daniel rit doucement et ses deux amis se retournèrent vers lui. Jack demanda :
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a encore, Daniel ?
- Rien Jack. Je me disais juste que… vous voir là, à regretter de devoir passer à la base, avec Sam, Emy et Michael… à un moment je n’y croyais plus. Et vous en papa gâteau, vraiment cela aurait été dommage de rater ça.

Jack sourit et regarda sa femme. Les magnifiques yeux bruns d’Emy pétillèrent quand son père embrassa doucement son épouse après avoir murmuré :
- C’est vrai, cela aurait été dommage.

FIN