ADRIAN
Auteur : Helios14
E-Mail : helios14@free.fr
Catégorie : Romance S/J (60%) et action (40%) (l’action
met longtemps à démarrer, je vous préviens, il ne faut
pas désespérer…)
Saison : saison 7, après Heroes. Quoi « Pete
» ? C’est quoi ça, Pete ? Un nom de chien ? C’est
ridicule, pourquoi pas Kerry tant qu’on y est !! Non, vraiment, désolée,
mais là, je ne vois pas…
Rating : aucun (ou alors PG13… mais il faudrait vraiment
être très pointilleux sur la question…)
Date d’écriture : novembre 2004
Archive : à ne pas publier sans mon autorisation (envoyez-moi
un email je dirai sûrement oui).
Disclamer : Stargate is a register trademark of MGM/UA and
showtime-online. I’m not intending to discredit the actors, writhers
or anyone involved with Stargate. It is purely a fan fiction and nothing else.
This story is not making any profit, it is strictly for entertainment.
Notes de l’auteur : Voyez cela comme un modeste hommage
à notre chère capitale française… et puis à
Hitchcock … et puis à Maurice Leblanc… Mais les 99% restants
sont de moi !
Un immense merci à mes trois correctrices pour leur patience, leurs
conseils, leurs encouragements : Hito, Témérah et Aurélia
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Grèce, site archéologique au Sud-Est de Mycènes.
- Professeur ! Les ultrasons indiquent
bien la présence d’une cavité derrière la dalle
!
Le Professeur Calvine, de l’Ecole française d’Athènes,
se précipita et regarda à nouveau le boîtier que lui tendait
son assistant. Il s’épongea le front, réfléchit
un instant et murmura :
- Alors au travail. On ôte la dalle délicatement.
L’équipe se remit à travailler, décelant le lourd
bloc de pierre en grattant centimètre par centimètre. Des heures
plus tard, quand les cordes furent attachées solidement au roc, le
professeur ordonna :
- On y va. Très délicatement.
Le système de poulies et de leviers se mit en marche et la dalle se
détacha petit à petit de la paroi dans un nuage de poussière,
puis vint lentement se poser sur le sol. Le professeur attendit que le nuage
se soit en partie dissipé et, enjambant la dalle, passa la tête
dans l’ouverture. Il alluma sa lampe torche et balaya la pièce
qui s’offrait à lui. Cela ressemblait à une chambre funéraire
avec, en son centre, un caveau en marbre. L’assistant du professeur,
le jeune Grégoire Maton, regarda à son tour et laissa échapper
un sifflement d’admiration.
- Ca alors ! Un tombeau ici !
- Oui.
La voix du professeur Calvine était teintée d’inquiétude.
Son assistant le regarda, étonné :
- Mais professeur, cela ne semble pas vous réjouir ! Nous avons peut-être
découvert le mausolée d’un des héros de l’Iliade
!
- Un tombeau grec avec des hiéroglyphes, Grégoire ?
Le jeune homme resta bouche bée et suivit du regard le faisceau de
la lampe : des hiéroglyphes recouvraient le bloc de marbre. Il murmura
:
- Mais c’est impossible… Qu’est-ce qu’on fait ?
- Rien pour le moment, on n’y touche pas. Je vais aller téléphoner.
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Un an plus tard, base de Cheyenne Mountain, Colorado :
Le colonel O’Neill étant
enfin arrivé, le général Hammond commença le briefing.
Les quatre membres de SG1 avaient noté la présence d’un
inconnu, un homme d’une cinquantaine d’années, en civil,
dont les traits durs étaient manifestement tirés. Il avait salué
les membres de l’équipe d’un bref signe de tête à
leur entrée dans la pièce.
- Bien, SG1, je vous présente le colonel Rilay, actuellement détaché
au Pentagone, et qui a des informations importantes concernant votre nouvelle
mission assez… atypique je dois dire ! Je vous en prie, colonel.
Le colonel Rilay prit alors la parole, d’une voix à la fois fatiguée
et décidée.
- Depuis plusieurs mois maintenant, des informations classées «
secret défense » ont une fâcheuse tendance à disparaître
des dossiers du Pentagone, et à réapparaître entre des
mains, disons, inamicales. Nous avons envoyé des agents sur cette affaire,
mais tous ont disparu dans des circonstances… pour le moins inhabituelles.
- En quoi la disparition de ces dossiers nous concerne-t-elle ? demanda abruptement
Jack.
- Ils concernent tous, de plus ou moins loin, le projet Stargate.
- Ah. D’accord, oui, là en effet cela peut nous concerner…
murmura le colonel O’Neill en fronçant les sourcils.
- Les informations perdues ne sont pas d’une importance cruciale. C’était
en grande partie les dossiers sur les recherches de la porte en Egypte. Rien
ne semble avoir filtré en ce qui concerne l’actuel projet Stargate,
le SGC, ou les équipes SG. Pour l’instant du moins.
Hammond prit la parole :
- En concertation avec le Président, j’ai donc décidé
de vous envoyer enquêter sur ces disparitions.
- QUOI ??? s’exclama Jack, Mais mon général, ce n’est
pas du tout notre affectation ! Envoyez des gars du FBI, ils feront cela très
bien ! Nous sommes ici pour explorer d’autres mondes par la Porte des
Etoiles, au cas où vous l’auriez…
- Je n’ai rien oublié du tout, colonel O’Neill ! Mais cette
affaire nous concerne en différents points. Continuez colonel Rilay.
L’homme n’avait pas prêté la moindre attention à
l’intervention de Jack. Il reprit :
- Nous avons déjà envoyé plusieurs agents, comme je vous
l’ai dit précédemment. Deux des corps ont été
retrouvés. Et nous sommes arrivés à la conclusion que
ce qui les a tués… est une arme Goa’uld.
- Comment ? Une arme Goa’uld sur Terre ?
- Oui Docteur Jackson. A priori une arme de poing, ajouta le général
Hammond.
Rilay continua :
- Voilà pourquoi nous avons pensé faire appel aux équipes
SG, qui sont plus familiarisées que nos hommes avec ce type…
d’adversaire. De plus nous craignons que l’identité de
nos agents n’ait été divulguée, vue la vitesse
avec laquelle ils ont été neutralisés. Alors que vos
dossiers sont parmi les mieux protégés contre ce type…
d’indiscrétion.
- Ouai… Enfin à priori vous n’êtes plus très
sûr de rien, grommela Jack.
Là encore le colonel ne réagit pas et continua.
- Les quelques pistes que nous ayons pour le moment – mais comme l’a
fait remarquer le colonel O’Neill nous ne sommes plus sûrs de
rien – nous conduisent toutes vers cet homme, que vous connaissez certainement.
Le général Hammond appuya alors sur le boîtier qui se
trouvait devant lui et la photo d’un homme apparut sur le mur. Daniel
et Sam s’écrièrent en même temps :
- Adrian Massertie !
Jack les regarda, surpris :
- Et qui est-ce ?
Sam, soudain très excitée, se tourna vers Jack :
- Adrian Massertie ! Tout le monde connaît Adrian Massertie !
Jack et Teal’C échangèrent un coup d’œil perplexe.
Sam leva les yeux au ciel et soupira :
- Enfin, presque tout le monde… Adrian Massertie est un milliardaire
français. Il a fait fortune en investissant très tôt dans
des sociétés Internet extrêmement fructueuses et, accessoirement,
dans les marchés pétroliers. Il a une grande passion pour toutes
sortes de sciences, c’est une des rares personnes à soutenir
des projets à priori voués à l’échec, à
apporter son aide financière à toutes sortes de chercheurs.
Une sorte de mécène extrêmement apprécié
dans la communauté scientifique.
- Je confirme ce que dit Sam, renchérit Daniel. Cet homme est aussi
très connu pour son aide dans le monde de l’archéologie.
Il a une passion pour les civilisations anciennes.
- Tiens tiens… murmura Jack.
- Jack, à part vous, beaucoup de monde s’intéresse aux
civilisations disparues, pas seulement les Goa’ulds ! grogna Daniel.
- Le Major Carter et le Docteur Jackson ont parfaitement présenté
notre homme, je n’ai rien à rajouter si ce n’est qu’il
est à priori blanc comme neige, dit Rilay.
Sam fronça les sourcils :
- Pourtant vous disiez…
- Que les pistes menaient vers lui, oui. Ou plutôt vers différentes
sociétés qui appartiennent au groupe Massertie. Mais toutes
nos recherches sur lui n’ont rien donné. Il faut dire aussi qu’il
a des protections en très haut lieu. Cependant un fait nouveau, récent,
nous a décidé à faire appel à vous.
- Et c’est ?... demanda Jack.
- Adrian Massertie serait en train de monnayer des armes. Très très
cher. Et des armes de type « inconnu jusqu’à présent
», d’après nos sources. Il aurait rendez-vous avec différents
contacts dans une semaine à Paris, à l’occasion…
- … de la conférence internationale ? acheva Sam.
Ses trois coéquipiers et Hammond se tournèrent vers la jeune
femme. Rilay sourit.
- Tout à fait Major. Et c’est là que VOUS entrez en piste.
- Moi ??
La jeune femme écarquilla les yeux.
- Oui. Votre présence à cette conférence se justifie
parfaitement d’après vos travaux en astrophysique.
- Attendez, cela fait des années que mes travaux ne font plus l’objet
d’aucune parution dans la communauté scientifique. Ils sont tous
classés…
- Nous savons cela Major, la coupa doucement Hammond. Mais votre brillante
carrière suffit à justifier votre retour dans cette communauté
scientifique internationale, et nous pourrons sans problème justifier
ces sept ans… d’absence.
Hammond marqua une pause, s’appuya sur la table et dit :
- Vous allez donc partir tous les quatre pour Paris dans quelques jours. Je
ne veux pas apprendre qu’un Goa’uld traîne sur Terre sous
les traits d’un magnat de la finance, et vous êtes les mieux placés
pour faire face à ce genre de situation. Une fois sur place, nous vous
laissons carte blanche pour approcher Massertie et tâcher de découvrir
s’il y a un lien entre ces fuites d’informations et lui, et s’il
y a vraiment du Goa’uld là-dessous.
Rilay enchaîna :
- Nous vous avons préparé le terrain et fabriqué pour
l’occasion de fausses identités.
Rilay ouvrit la mallette qu’il avait apportée avec lui et en
sortit quatre passeports.
- Docteur Jackson, vous êtes Daniel Jarod, archéologue détaché
de l’université de Californie. Vous venez à Paris pour
consulter les archives du Louvre. Teal’C, vous êtes Murray Dickinson,
spécialiste en civilisation égyptienne, vous accompagnez le
Docteur Jackson… euh Jarod. Et vous, colonel O’neill…
- Bond ? James Bond ? demanda Jack le plus naturellement du monde.
Sam retint un rire et Daniel leva les yeux au ciel. O’Neill continua
:
- Et bien quoi ? Un milliardaire fou, Paris, de fausses identités…
même une James Bond Girl ! finit-il en désignant Sam de la main,
faisant instantanément rougir sa coéquipière.
Daniel demanda, ironique :
- Vous vous prenez pour Pierce Brosnan, Jack ?
- Ah non, Sean Connery était beaucoup mieux dans le rôle !
- Pour une fois je suis d’accord avec le colonel, ajouta Sam en souriant.
Daniel tourna les yeux vers elle :
- Mais il a quoi… soixante-cinq, soixante-dix ans !
- Sachez Daniel, que les hommes plus mûrs sont souvent beaucoup plus
séduis…
Sam s’arrêta au milieu de sa phrase, réalisant toute l’ambiguïté
de ce qu’elle venait de dire, et devint soudain écarlate. Daniel
et Hammond écarquillèrent les yeux, Teal’c haussa un sourcil
et Jack se retourna vers Sam avec un sourire radieux :
- Carter, j’ai toujours dit que vous étiez d’une rare intelligence
!
Le général Hammond sourit et dit à Jack :
- Colonel O’Neill, je vous trouve bien présomptueux de prendre
cette remarque du major pour vous ! Je vous signale que je suis moi-même
beaucoup plus proche de l’âge de cet acteur !
Les membres de SG1 restèrent figés une seconde, puis éclatèrent
de rire. Sam soupira, reconnaissante au général de l’avoir
tirée de ce mauvais pas.
Rilay les regardait, atterré.
Il finit par s’éclaircir la gorge, et les cinq personnes tournèrent
à nouveau leur attention vers lui, retrouvant le plus grand sérieux.
- Non colonel, désolé. Vous êtes seulement Jack O’Neill,
le secrétaire du Docteur Jarod.
- PARDON ????????????
Daniel éclata de rire. Sam se mordit la lèvre. Même Teal’C
sourit devant la mine déconfite de Jack, qui se leva et rugit :
- Hors de question ! je veux bien combattre les Goa’ulds, risquer ma
vie, vivre dans une base souterraine, subir les pires tortures, mais je refuse
d’être le… le…
- Se-cré-tai-re… souffla Daniel avec un sourire machiavélique.
Jack le foudroya du regard et se tourna vers Hammond et Rilay :
- Mais enfin ! C’est ridicule ! Je ne serai absolument pas crédible
!
- C’est vrai, vous savez à peine écrire… murmura
Daniel.
Jack se retourna vers lui et pointa son doigt vers l’archéologue
:
- Vous… vous….
- Calmez-vous colonel ! ordonna Hammond. Cela ne figurera que sur vos papiers,
nous avons surtout décidé de cela afin que le Docteur Jackson,
Teal’c et vous puissiez rester ensemble sans attirer l’attention.
Jack se rassit en maugréant. Rilay se tourna alors vers Sam :
- Major, vous gardez votre identité, mais toute référence
à l’armée sera temporairement effacée de votre
dossier. Vous êtes donc le Docteur Samantha Carter, spécialiste
en astrophysique.
La jeune femme acquiesça. Le briefing se termina un quart d’heure
plus tard. Quand Jack passa la porte de la salle de réunion, Daniel
l’appela :
- Eh, Jack !
O’Neill se retourna, sourcils froncés. L’archéologue
continua, avec un grand sourire :
- Bien serré mon café je vous prie !
Il évita de justesse le bloc note que O’Neill venait de lui lancer
en quittant la pièce, furieux.
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Jack regardait Sam en souriant, debout dans l’allée de l’avion,
appuyé au dossier du siège de la jeune femme. Elle était
plongée dans ses papiers quasiment depuis le décollage. Les
sourcils légèrement froncés, la moue concentrée,
elle griffonnait à toute allure dans la marge d’un énorme
pavé qui semblait ne contenir que des signes mathématiques inconnus.
Jack s’arracha à sa contemplation et se laissa tomber sur le
siège vide à côté de Sam qui sursauta puis sourit
en découvrant Jack assis à ses côtés.
- Mon colonel ?
- Ca va ? Vous travaillez bien ?
- Jusqu’à il y a quelques secondes, oui, très bien.
- Vous n’avez même pas regardé le film ?
- Je crains que non. C’est que, voyez-vous mon colonel, j’ai eu
à préparer une conférence en moins d’une semaine,
et d’ailleurs je ne suis pas prête du tout ! acheva-t-elle avec
un soupir.
- Carter, vous serez parfaite, comme toujours ! Vous en savez bien plus que
tous ces barbons qui assisteront à cette fichue conférence.
Le seul problème que vous ayez, c’est au contraire qu’il
va falloir sembler moins brillante que vous l’êtes réellement
et taire une grande partie de vos travaux !
Elle secoua la tête en souriant. Jack se dit que jamais il ne se lasserait
de la voir sourire. Il se pencha légèrement vers les notes de
Sam, effleurant ainsi le bras nu de la jeune femme qui frémit à
ce contact. Il se recula légèrement pour ne pas la mettre mal
à l’aise.
- Vous m’expliquez ?
- Quoi ?? L’intervention que je prépare ??
- Et bien oui. Pourquoi pas ?
- Mon colonel….
- Allez, essayez au moins, et après je vous parlerai de ma collection
d’hameçons !
Elle rit plus franchement et Jack fit une petite moue déconfite en
haussant les épaules.
- Bien, tant pis, je vais devoir demander à Teal’C…
Mais O’Neill redevint soudain sérieux et ses yeux bruns fixèrent
ceux de Sam qui cessa à son tour de rire.
- Ca va aller, Carter ?
- Comment cela mon colonel ?
- La mission… Je veux dire, ce n’est pas vraiment dans vos prérogatives
habituelles de… de…
- De jouer les hameçons ?
Il sourit malgré lui. Les grands yeux bleus de Sam le regardaient avec
gratitude et calme. Il enchaîna, mal à l’aise :
- Oui, enfin… Vous savoir avec ce…Maserati…
- Massertie.
- Oui, comme vous voulez… S’il se révèle être
ce que nous craignons…
- Je le saurai immédiatement mon colonel, grâce aux particules
de… qui vous savez.
- Oui, oui, d’accord… Mais bon, quand même… N’oubliez
pas vos émetteurs, et n’hésitez pas à appeler,
nous ne serons pas loin…
- Mon colonel, puis-je me permettre de vous rappeler que je ne suis pas une
petite fille ?
Bien sûr qu’elle n’était pas une petite fille. Elle
était un excellent soldat, un chercheur mondialement reconnu, mais
plus que tout cela une magnifique jeune femme qui lui semblait –à
tort- souvent si fragile… Qu’il aurait tellement aimé protéger…
alors qu’elle n’en avait nul besoin. Jack soupira.
- Bien sûr Carter… Je suis désolé, c’est que
nous faisons rarement ce genre de mission.
- Paris, au mois de juillet, avec un passe pour la conférence scientifique
de la décennie, personnellement je trouve que les choses s’annoncent
plutôt bien mon colonel.
- Mouai, enfin moi les conférences scientifiques… Bref, faites
attention à vous Carter.
Ils restèrent silencieux quelques instants. Puis Jack se leva en souriant
:
- Allez, je retourne embêter Daniel, il y a longtemps que je ne me suis
pas rappelé à son bon souvenir !
- N’oubliez pas son café ! Bien serré !
Jack grimaça et s’éloigna dans l’allée.
Sam regarda par le hublot. La couche nuageuse immaculée s’étendait
au-dessous d’eux. Malgré tout ce que la jeune femme avait pu
voir dans ses années au sein du SGC, elle continuait de trouver cela
magique. C’était en partie pour cela qu’elle avait choisi
l’Air Force : pouvoir voler et survoler les nuages, tout simplement.
Un rêve de gamine. Elle n’aurait jamais espéré que
son souhait serait exaucé bien au-delà de ses plus folles espérances…
Sam sourit et ferma les yeux. Elle aimait sa vie. Elle était pleinement
consciente de la chance qu’elle avait de travailler au SGC, et d’avoir
rencontré des êtres exceptionnels tels que le général
Hammond, Daniel, Teal’C et Jack… Jack…
Sam cessa de sourire. Ce nœud dans son ventre, ce nœud qui ne la
quittait quasiment jamais – ou peut-être seulement lorsqu’il
était près d’elle et la faisait rire – ce nœud
se fit plus présent encore. Elle tenta de chasser cette pensée
de son esprit – en vain, comme d’habitude. Elle rouvrit son dossier.
Quelques minutes plus tard, une hôtesse annonça que l’avion
commençait sa descente vers Paris.
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Le Palais des Congrès, porte Maillot, était comble. Les plus
grands scientifiques du monde entier se pressaient à cette conférence.
Jack, Daniel et Teal’C (un superbe chapeau noir sur la tête) attendaient
tous trois dans le hall le début des interventions du jour : c’est
Sam qui devait commencer. Ils avaient repéré de loin Massertie,
qui évoluait parfaitement à son aise, toujours entouré
par deux ou trois jeunes femmes et quelques journalistes. Les trois amis gagnèrent
l’intérieur de la salle de conférence. Les milliers de
fauteuils rouges étaient tous réservés. Ils s’installèrent
à leur place, tout au fond de la salle. Un quart d’heure plus
tard, c’est dans un silence religieux que l’un des officiels annonça
l’intervention du Docteur Carter, de la NASA, annonce relayée
immédiatement en des dizaines de langue dans les oreillettes des participants.
Elle s’avança, minuscule sur la scène gigantesque et s’installa devant le pupitre qui avait été préparé. Les écrans géants renvoyèrent immédiatement l’image de la jeune femme dans la salle. Jack sourit.
Ils ne s’étaient pas revus depuis leur descente d’avion, la veille. Ils avaient convenu que, bien que demeurant au même hôtel, ils resteraient séparés pour ne pas attirer l’attention sur les trois hommes. Daniel était cependant discrètement passé voir Sam dans sa chambre en fin de soirée pour s’assurer que tout allait bien. Il avait raconté à Jack et Teal’C que la jeune femme était au comble de la nervosité, faisant les cent pas dans sa chambre dont le sol était jonché de dizaines de piles de papiers et de CD-Rom. Les deux ordinateurs portables reposaient allumés sur le lit de Sam qui, par contre, n’avait même pas déballé ses affaires personnelles. Daniel avait tenté de la rassurer, et ne l’avait quittée qu’après lui avoir fait promettre qu’elle se coucherait dans l’heure. Promesse que l’archéologue doutait qu’elle ait tenue.
La voix de Sam résonna
dans l’oreillette de Jack. Claire, déterminée, passionnée.
La jeune femme avait manifestement retrouvé toute son assurance. Jack
ne comprenait pas un traître mot de ce dont elle parlait, mais son attention
était cependant toute acquise à sa jeune coéquipière.
Elle était vêtue d’un tailleur bleu marine sous lequel
apparaissait une chemise blanche. Les schémas, les montages remplaçaient
souvent l’image de Sam sur les écrans, mais dès que le
visage de la jeune femme réapparaissait, Jack ne pouvait s’empêcher
de sourire largement. Il avait réalisé qu’il était
là pour passer une heure – ou deux ? Combien temps cela durait-il,
une conférence ? – à regarder Sam. Et ça, il pouvait
le faire, avec plaisir même. Les occasions étaient rares pour
Jack de pouvoir observer sa coéquipière tout à loisir.
Il le savait, et comptait bien profiter de cette chance. Elle était
sublime.
Les cheveux courts de Sam – quand avait-elle trouvé le temps
de passer chez le coiffeur ?? – encadraient parfaitement son visage
délicat. Quelques petites mèches blondes retombaient gracieusement
sur son front. Jack remarqua immédiatement qu’elle était
légèrement maquillée. Les lèvres fines étaient
un tout petit peu plus roses et brillantes que d’habitude. Un trait
de crayon noir faisaient ressortir encore davantage ses yeux bleus. D’un
bleu à la fois clair, limpide, et hypnotisant. Ses yeux dans lesquels
on ne pouvait que se noyer quand elle les posait sur vous. Ses yeux dans lesquels
des milliers de chercheurs avaient instantanément plongé quand
le visage de la jeune femme leur était apparu.
Des yeux qui représentaient pour Jack à la fois sa perte et
son salut.
Daniel donna discrètement un coup de coude à Teal’C qui tourna lui aussi la tête vers O’Neill. Ce dernier considérait l’écran en souriant. La fierté de Jack se lisait sur ses traits. Sa fierté et autre chose que Daniel et Teal’C reconnurent aussitôt. L’archéologue et le jaffa se regardèrent d’un air entendu. Daniel pensa un instant à titiller Jack, mais y renonça, préférant laisser son ami profiter de ce moment qu’il savait si rare et si précieux.
- …. Voilà, je vous
remercie de votre attention.
Sam s’éloigna légèrement du pupitre, regardant
à nouveau la salle, semblant prendre soudain conscience de la quantité
de personnes qui la regardaient, toujours silencieuses. Elle parut gênée,
ramena maladroitement ses mains derrière son dos comme une petite fille,
et jeta un regard inquiet vers l’un des organisateurs qui s’avançait
vers elle.
Ce fut un tonnerre d’applaudissements.
Le professeur reprit le micro, réclama le silence et, se tournant vers
Sam en souriant :
- Nous vous remercions, Docteur Carter, pour cet exposé. Et le fait
que des travaux de cette qualité soient effectués par une aussi
ravissante et jeune femme nous laisse encore espérer que la science
ait de beaux jours devant elle !
Sam rougit et un magnifique sourire illumina son visage sur tous les écrans
de la gigantesque salle de conférence. Les applaudissements retentirent
de plus belle alors qu’elle redescendait précipitamment de la
scène.
Les gens commencèrent à
se lever. Les trois coéquipiers de Sam entendirent les commentaires
des personnes qui se trouvaient près d’eux :
- … brillant ! Cette jeune femme nous ouvre des horizons !
- … ses travaux sont remarquables, et son exposé d’une
clarté rare.
- … et elle est absolument ravissante ! Ces américains ont décidemment
un truc pour repérer des perles pareilles ! Pour une fois que des recherches
de cette qualité ne sont pas le fait d’un sexagénaire
à lunettes !
Daniel, Teal’C et Jack se regardèrent en souriant. Ils étaient fiers. Ils étaient si fiers d’elle. Ils savaient tous trois ce que représentait pour elle la reconnaissance de ses travaux, de toutes ses nuits passées à travailler sur des hypothèses mathématiques d’une complexité inouïe. Et encore, elle n’avait pu exposer ici qu’une infime partie de son travail, sans quoi elle aurait révolutionné devant cette assemblée les bases mêmes de la physique quantique.
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Quand Sam se retrouva dans le hall de réception après la fin
des conférences de la matinée, des dizaines de personnes se
précipitèrent vers elle. La jeune femme, toujours souriante
bien que très mal à l’aise, tentait de répondre
à chacun, de remercier, d’expliquer certains points, …
Jack, Daniel et Teal’C, qui étaient restés au bar en attendant
la fin des autres exposés, la regardaient répondre avec patience
et bonne humeur à tous ceux qui se pressaient autour d’elle.
Massertie était sorti de la salle, avait jeté un coup d’œil
à la jeune femme mais était parti discuter avec d’autres
personnes à l’autre bout du hall.
Au bout d’un moment, Sam parvint à s’éclipser et se dirigea rapidement vers la sortie pour prendre un petit peu l’air. Elle se retrouva seule dans la brise fraîche, sur l’esplanade du Centre. Elle ferma les yeux et respira profondément pour tenter de calmer les battements de son cœur. C’était trop d’émotion. Cela lui avait manqué, de pouvoir partager ses travaux avec ceux qui pouvaient les comprendre… enfin, un peu de ses travaux… Tout s’était bien passé… Elle avait oublié de justifier les résultats de l’expérience de mai 2001, mais sinon, tout s’était bien passé… Son travail avait été accueilli… pas si mal que cela… enfin…
- Vous avez été extraordinaire. Je n’ai rien compris, mais vous avez été extraordinaire.
Elle sursauta et son cœur s’emballa à nouveau au son de sa voix. Elle se retourna. Jack était à côté d’elle.
Elle pâlit en le voyant.
Il portait un costume noir, sobre mais parfaitement coupé, avec une
chemise bleu pâle et une cravate noire elle aussi. Ses éternelles
lunettes de soleil étaient accrochées négligemment à
sa poche de veste. Il la regarda, amusé, puis sourit et ajouta doucement
:
- Vous les avez tous conquis. Je suis fier de vous, Carter.
Sam sentit son cœur gonfler sous l’émotion et fit un effort
pour ne pas trembler. Elle ne répondit rien, mais un magnifique sourire
se dessina sur ses lèvres. Qu’importait l’avis de tous
ces gens ? IL était fier d’elle.
Ils restèrent ainsi à se sourire quelques secondes à peine. Puis le visage de Jack redevint soudain sévère et il porta la main à son oreille. La voix de Daniel venait de retentir dans l’émetteur discret qu’il portait depuis le début de la journée.
« Jack, Massertie se dirige vers la sortie, vous devriez le voir arriver d’ici quelques secondes. »
O’Neill ne regarda même
pas Sam. Il murmura :
- Massertie vient par ici. Bonne chance Carter.
Il descendit lestement les marches de béton et s’éloigna calmement. Sam suivit un instant du regard sa haute silhouette, sa démarche féline, tout en force et en souplesse… Elle se mordit la lèvre. La lourde porte de verre s’ouvrit derrière elle et elle entendit quelqu’un s’approcher. Elle sentit son odeur, un parfum à la fois épicé et subtil.
- Docteur Carter ?
Sam se retourna. Adrian Massertie était face à elle.
C’était un homme d’une quarantaine d’années, grand, d’à peu près un mètre quatre-vingt cinq. Il portait un complet beige clair superbe, avec une chemise blanche. Il avait un corps mince bien que musclé et carré aux épaules. Ses cheveux bruns, presque noirs, semblaient délicieusement ébouriffés – mouvement soigneusement étudié par l’un des coiffeurs les plus en vue de la capitale française. Force et détermination se lisaient sur les traits de son visage, parfaitement réguliers. Le teint légèrement hâlé de sa peau accentuait l’étonnante couleur de ses yeux d’un vert extrêmement intense. Il avait un sourire franc et éblouissant. Il était très bel homme. Il le savait.
Sam ne détectait en lui
aucune présence de larve Goa’uld. Elle sourit à son tour
:
- Tout à fait. Et vous êtes Monsieur Massertie, si je ne m’abuse
?
Elle parlait un français parfait, chantant, à peine teinté
d’un léger accent américain. Adrian lui tendit la main,
qu’elle serra.
- Parfaitement. Je suis honoré que vous connaissiez mon nom !
- Ne soyez pas modeste. Tout le milieu scientifique connaît votre générosité.
Permettez moi d’ailleurs de saisir cette occasion unique pour vous remercier
de votre soutien sans faille dans beaucoup de projets, souvent rapidement
jugés peu… rentables par certains gouvernements.
- J’aide comme je peux. N’ayant pas votre intelligence, je me
contente d’apporter ma modeste contribution à l’évolution
scientifique de notre siècle.
Sa voix grave était, étrangement, d’une grande douceur.
Sam sourit plus franchement :
- C’est moi qui devrais être honorée que vous me connaissiez.
Je ne suis qu’une scientifique de plus parmi tant d’autres, et
ma contribution au monde sera au final certainement bien inférieure
à la vôtre.
- Ne vous moquez pas. Votre exposé était… lumineux. Je
dois reconnaître avoir raté quelques subtilités, mais
l’ensemble de vos théories est beaucoup plus intéressant
que ce que j’ai pu entendre depuis bien longtemps. Comment se fait-il
que nous ayons si peu entendu parler de vos travaux jusqu’à aujourd’hui
? Car je crois sincèrement que si j’avais eu l’occasion
de vous croiser avant… je m’en serais souvenu.
Le sourire de Massertie était sans équivoque. Sam se sentit
rougir. Elle répondit rapidement :
- J’ai travaillé ces dernières années pour la NASA,
donc…
- Ah, ces américains et leurs petits secrets ! Mais je comprends qu’ils
aient voulu vous garder pour eux.
Un homme d’une cinquantaine
d’années, au visage austère, était sorti sur le
perron et attendait manifestement Adrian. Ce dernier lui jeta un coup d’œil
agacé, soupira et sourit à nouveau à Sam :
- Pardonnez-moi, je dois vous laisser…
- Je me doute que vous êtes quelqu’un de très occupé.
- Mais je ne voulais pas manquer de faire votre connaissance. Vous suivez
toute la conférence, je suppose… Serez-vous au dîner, ce
soir ?
- Bien sûr.
- Alors nous aurons l’occasion de nous recroiser très bientôt,
Docteur Carter.
Sam lui tendit à nouveau la main, qu’il serra en s’inclinant
légèrement sans pour autant lâcher le visage de la jeune
femme des yeux.
- Alors à ce soir, Monsieur Massertie.
Adrian avait gardé la main de Sam dans la sienne. Il la serra légèrement, sourit une dernière fois à la jeune femme, et semblant s’arracher à regret à sa contemplation suivit son secrétaire à l’intérieur du bâtiment.
Sam jeta un coup d’œil à la broche discrète qu’elle portait au revers de sa veste : son micro. Elle savait que ses trois coéquipiers avaient suivi la conversation. Et Jack parmi eux. Elle soupira.
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- Entrez !
Sam venait de finir de se préparer,
elle avait passé un tailleur pantalon gris bleu et un petit haut noir.
Elle était rentrée à peine une heure auparavant des conférences
de l’après-midi, et s’apprêtait à repartir
sous peu pour le dîner.
Jack entra dans la pièce, en jean et chemise blanche.
- Tout va comme vous voulez, Carter ? Pas de problème cet après-midi
?
- Aucun mon colonel. Les interventions étaient passionnantes, mais
je doute que vous ayez envie que je vous les raconte !
Jack fit une petite grimace de dégoût et Sam sourit.
- Carter, j’ai déjà fait le suprême effort de vous
écouter ce matin sans m’endormir, alors je pense que j’ai
mon quota de discours scientifique pour les dix prochaines années au
moins !
- Et vous, qu’avez-vous fait ?
- Rien de passionnant. On est passé voir les différents labos
de Massertie, on a repéré les lieux, mais de loin. C’est
très surveillé. Ah si, figurez-vous que Daniel veut absolument
que nous allions au Louvre !!!
- Au Louvre ??
- Oui, figurez-vous que nous avons appris que la fondation Massertie a emprunté
ces derniers mois pas mal d’objets des collections permanentes du Musée,
et Daniel voudrait savoir lesquels… il prétend que cela peut
nous aider… Pfft, si vous voulez mon avis, il veut surtout sauter sur
l’occasion de se balader dans un musée de plus !
- Le Louvre n’est pas « un musée de plus », mon colonel…
- Mouai… De toutes façons je me doutais que vous seriez de son
avis…. Bon, on vous retrouve après votre dîner ?
- Tout à fait. De toutes façons je garde la broche sous ma veste,
vous saurez quand ce sera fini.
Le sourire de Jack disparut soudain, son regard quitta celui de la jeune femme,
et il demanda d’un ton faussement détaché en regardant
par la fenêtre de la chambre :
- Et avec Massertie… Tout a l’air de… bien se passer, non
?
- Bien, mais je lui ai juste parlé deux minutes. Il a apprécié
mon intervention.
- Pas seulement à priori.
Jack avait à peine murmuré sa remarque avec amertume. Sam écarquilla
les yeux, déstabilisée :
- Pa… pardon, mon colonel ??
- Non, rien Carter… Bon, et bien bonne soirée.
Il avait répondu à toute allure et sèchement, sans la
regarder, et était sorti de la chambre avant qu’elle ait pu ajouter
quoi que ce soit, laissant Sam bras ballants au beau milieu de la pièce,
ne sachant pas si elle devait s’offusquer ou se réjouir de la
remarque de Jack.
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Sam avait enfin trouvé sa place sur le plan de table et s’installa
donc au beau milieu d’une des tables immenses qui avaient été
magnifiquement dressées dans les salons de réception. Quelques
instants plus tard, elle vit Adrian Massertie se diriger vers le même
endroit, et s’asseoir face à elle en souriant.
- Bonsoir, Docteur Carter. C’est un plaisir de vous retrouver si rapidement.
- Un plaisir… et une sacrée coïncidence que nous soyons
à la même table, Monsieur Massertie.
Sam, tout en disant ces mots, lui désigna discrètement le vieil
homme furieux qui, à l’autre bout de la salle, parlementait depuis
cinq minutes, manifestement outré que sa place en face de Monsieur
Massertie ait été finalement attribuée à quelqu’un
d’autre. Adrian fit une petite moue désolée et sourit
plus largement, sourire que Sam lui rendit bien volontiers.
- Désolé Docteur Carter, je n’ai pas résisté
à la tentation d’avoir si bonne compagnie que la vôtre
pour le dîner… Vous avouerez que vos théories sont nettement
plus… attrayantes que celles de cet obscur chercheur…
- Cet obscur chercheur est l’un des plus grands spécialistes
mondiaux de chimie particulaire, mais je ne vous apprends rien.
- Vous m’en voulez ?
- Non.
Ils se sourirent à nouveau, puis se tournèrent comme tout le
monde vers le Président de la conférence qui allait commencer
son discours.
La soirée fut délicieuse. Le dîner était, bien évidemment, absolument succulent, et Sam était ravie de pouvoir discuter de ses centres d’intérêt avec des personnes nouvelles et passionnées par les mêmes sujets. Adrian Massertie était un convive absolument charmant. Il savait se montrer drôle, passionnant, avait écouté les théories de Sam avec la plus grande attention, et ses questions pertinentes prouvaient à la jeune femme qu’il s’intéressait sincèrement à son travail et le comprenait dans l’ensemble. Sam se sentait très à l’aise, et devait faire des efforts pour ne pas oublier le véritable but de sa présence à cette soirée. Elle avait donc essayé d’interroger Massertie sur certains sujets un peu sensibles qui auraient pu laisser penser qu’il avait connaissance du projet Stargate. Mais à chaque fois Adrian avait échappé à la question sans que Sam sache s’il l’avait évitée ou s’il avait naturellement rebondi vers un autre sujet… Tout le visage d’Adrian s’animait lorsqu’il parlait à la jeune femme, et les magnifiques yeux verts du milliardaire ne l’avaient pas quittée de la soirée. Au grand désespoir de la jeune et brillante journaliste qui avait du vendre au moins son âme pour obtenir une place à la droite d’Adrian ! Celui-ci n’avait quasiment pas parlé à sa belle voisine brune de toute la soirée, préférant manifestement se noyer dans le regard et le sourire de Sam.
C’est donc tout naturellement
qu’à la fin du dîner, ils se retrouvèrent ensemble
à quitter la salle de réception. Massertie, tout en aidant Sam
à passer une veste légère, proposa :
- Puis-je me permettre de vous raccompagner à votre hôtel ?
- Je vous remercie, Monsieur Massertie, mais je vais prendre un taxi. Nous
nous reverrons demain, pour la suite de la conférence, je suppose ?
- Bien sûr. Cette soirée en votre compagnie a été
délicieuse, Docteur Carter. Je suis cependant tenté d’abuser
de votre gentillesse et de vous demander une dernière faveur.
Sam le regarda avec curiosité.
- Bien sûr, laquelle ?
- Accepteriez-vous de m’appeler Adrian ?
Elle rit doucement, secouant légèrement ses cheveux blonds.
- A une condition… Que vous m’appeliez Samantha.
Adrian sourit largement en s’inclinant sur la main de la jeune femme.
Ils descendirent les marches et, pendant que la voiture d’Adrian s’approchait,
celui-ci héla un taxi pour Sam. Il lui ouvrit la portière et
elle se retourna vers lui au moment de monter en voiture :
- Alors à demain, Adrian.
- A demain Samantha. A demain.
La voix d’Adrian était soudain plus grave. Ses traits étaient
redevenus sérieux, et ses yeux étaient rivés à
ceux de Sam. Elle se sentit rougir et monta rapidement dans le véhicule.
Adrian regarda la voiture s’éloigner puis rejoignit la sienne.
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A peine Sam était-elle entrée dans sa chambre que le téléphone
sonna. La voix de Jack était parfaitement neutre.
- Bonne soirée Carter ?
- Oui mon colonel, mais je crains ne pas avoir progressé. Impossible
d’apprendre quoi que ce soit. Soit il est vraiment blanc comme neige,
soit il est très fort.
- Oui, d’accord, on verra cela plus tard. Habillez-vous, on part au
Louvre.
- Au Louvre ?? Mais il est… 23 heures ! le Louvre est fermé !
Jack soupira.
- Pas pour Daniel… Il était tellement impatient qu’il a
passé je ne sais quels coups de fils, et nous sommes attendus là-bas
dans trente minutes.
- Une visite privée du Louvre la nuit ? C’est une chance extraordinaire
!
- Mouai… C’est justement ce que je me disais. Quelle chance de
pouvoir arpenter des kilomètres de couloirs poussiéreux quand
tout le monde dort bien sagement dans son lit. On vous y précède,
rendez-vous devant la pyramide. Je commence à en avoir un peu assez,
moi, des pyramides… je pensais qu’il n’y en avait qu’en
Egypte… ou ailleurs.
Il raccrocha et Sam sourit en imaginant la tête de son supérieur,
à onze heures du soir devant la porte d’un musée. Elle
appela la réception pour demander un taxi passa rapidement un jean,
un petit haut blanc et sa veste en cuir noir.
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Quand le chauffeur la déposa devant la Grande Pyramide, Sam s’arrêta
un instant pour regarder le spectacle qui s’offrait à elle. Les
bâtiments de l’ancien palais s’ouvraient devant elle autour
de l’esplanade, magnifiquement éclairés, tels un écrin
doré autour de la pyramide centrale. Celle-ci luisait dans la nuit,
s’élançant fièrement vers le firmament étoilé.
La pyramide et les étoiles… Sam sourit en pensant à ce
que cette image évoquait pour elle… Elle distinguait trois silhouettes
devant les portes de verre et s’avança. Jack, bras croisés,
observait le monument translucide, pendant que Teal’c essayait avec
une difficulté manifeste de suivre les explications de Daniel. L’archéologue
semblait au comble de l’excitation et s’extasiait sur l’architecture
de l’immense musée. Jack sourit en voyant Sam sortir de la pénombre,
et Teal’C jeta un regard étonné à la jeune femme
:
- Je suis surpris de l’architecture de ce lieu, Docteur Carter.
- Cela ne m’étonne pas. Mais je ne pense pas forcément
qu’il faille y voir un rapport quelconque avec… qui nous savons.
François Mitterrand, le président français qui a supervisé
la construction de la pyramide, était un très grand amateur
d’art, et l’Egypte ancienne reste pour tous un objet inépuisable
d’admiration. Mais Daniel a déjà dû vous expliquer
tout cela… Murray.
- Oui. Mais je comprends mieux ce que vous me dites. Les explications du Docteur…
Jarod sont un peu confuses.
Daniel, qui n’avait cessé de parler, s’interrompit soudain
:
- Confuses, mes explications ? Alors que je connais ce musée comme
ma poche ? Méfiez-vous Murray, Jack déteint sur vous d’une
façon inquiétante !!
O’Neill haussa les épaules et dit :
- Ah, ça bouge enfin à l’intérieur.
En effet, un homme d’une quarantaine d’année montait l’escalier
accompagné d’un gardien. Il sourit en arrivant au sommet et en
apercevant les quatre membres de SG1. Le gardien ouvrit la porte de verre
et l’homme sortit à leur rencontre. Il était assez petit,
vêtu d’un complet marron, avec de petites lunettes rondes. Daniel
s’avança :
- Professeur Delarge ?
- Tout à fait, et vous êtes le Docteur Jarod je présume
?
- C’est cela. Et voici Monsieur O’Neill, le Docteur Carter et
le professeur Dickinson.
- Monsieur Falène, le conservateur, vous prie de l’excuser de
ne pas vous recevoir lui-même, il avait des obligations de longue date
auxquelles il n’a pu se soustraire. Mais Madame Langford lui a parlé
de vous en des termes tellement élogieux qu’il était navré
de ne pouvoir vous rencontrer !
Les quatre membres de SG1 sourirent à l’évocation de leur
vieille amie. Daniel enchaîna :
- Nous vous remercions de l’exceptionnelle faveur que vous nous faites
en nous permettant cette visite.
- Pensez-vous ! Monsieur Falène est un grand ami de Catherine Langford,
lui rendre ce petit service n’est rien, je vous assure. Mais je vous
en prie, suivez-moi.
Ils descendirent l’escalier vers l’intérieur de la pyramide.
Un silence quasi religieux régnait dans le gigantesque hall d’accueil,
d’habitude rempli de touristes. Les trois accès aux collections
dominaient cet espace désert depuis le haut des galeries en mezzanines.
Daniel était en grande conversation avec le professeur Delarge qui
les précéda vers l’escalier qui menait à la galerie
Sully où se trouvait la plupart des collections concernant l’Egypte
ancienne. Sam, Teal’C et Jack suivaient un peu en arrière. La
jeune femme demanda à son supérieur :
- Vous n’êtes jamais venu au Louvre ?
- Si, mais avant les travaux de rénovation et la construction de la
pyramide. Je dois avouer que le résultat est surprenant et impressionnant.
- Cette fascination pour ce qui a trait à L’Egypte ancienne me
met toujours assez mal à l’aise, je réalise encore mal
qu’elle ne symbolise pas la même chose pour moi que pour le commun
des terriens, ajouta Teal’C.
- Je vous rassure, Murray. Moi c’est tous les musées qui me mettent
mal à l’aise, grogna Jack.
Il sourit à Sam qui rit doucement. Arrivé aux premières
salles concernant l’Egypte ancienne, le professeur Delarge se retourna
:
- Nous y voilà. J’espère que vous trouverez ce que vous
cherchez. Je vous quitte, je suis attendu. Cela a été un plaisir.
Baladez-vous aussi longtemps que vous souhaitez, le musée est à
vous ! Quand vous aurez terminé, retournez à la Pyramide et
demandez à un gardien de vous ouvrir, ils sont prévenus. Et
transmettez mes meilleurs souvenirs à Madame Langford.
Ils le remercièrent à nouveau et le petit homme les laissa à
l’entrée des salles. Les quatre amis s’avancèrent
lentement dans le musée désert, mis à part les gardiens
silencieux qu’ils croisaient de temps à autre. Teal’C observait
avec étonnement tous les objets de l’ancienne Egypte qui reposaient
tels des trésors derrière les parois translucides. Daniel n’avait
nul besoin du plan et se repérait sans aucune difficulté dans
les salles qu’il connaissait parfaitement. Il allait d’une vitrine
à l’autre, notant ça et là des références.
Sam et Jack suivaient, marchant doucement côte à côte.
Sam surveillait son supérieur du coin de l’œil, et celui-ci
observait attentivement les objets exposés, sourcils froncés.
Elle sourit : elle savait qu’il aimait cela. Elle savait qu’il
s’intéressait à tous ces objets, à toutes ces civilisations,
même à ses explications scientifiques parfois… mais qu’il
ne l’aurait jamais reconnu, surtout en présence de Daniel ! Jack
O’Neill était curieux, intelligent et fin. Mais se faire passer
pour un militaire borné était pour lui un plaisir, une facette
de plus du personnage qu’il adorait jouer. Et du personnage qu’elle
adorait, elle. Elle murmura, pour le plaisir de le voir bondir :
- Vous savez, il n’y a pas de honte à demander quelques explications
à Daniel…
Il se redressa vivement, comme elle l’avait prévu :
- Vous plaisantez Carter ! Pour avoir droit à une conférence
de deux heures sur chaque morceau de terre cuite ! Merci bien…
A la place d’une dizaine d’objets reposaient des cartons marqués
« actuellement prêté à la Fondation Massertie ».
Daniel nota les références, puis dit :
- Bon, nous avons encore des salles à voir !
- Pardon ? demanda Jack. Mais on a fait toute l’Egypte, là !
- Oui, mais tous les objets empruntés ne sont pas des pièces
égyptiennes. Il y en a aussi dans les collections grecques et mycéniennes.
Sam fronça les sourcils :
- mycéniennes ? Mais pourquoi ?
- je n’en ai aucune idée. Suivez-moi.
Ils repartirent dans les couloirs
silencieux, faisant craquer le parquet sous leurs pas, et gagnèrent
le département des antiquités grecques, dans l’aile Denon.
Daniel se dirigea immédiatement vers les vitrines consacrées
aux civilisations crétoises et mycéniennes. Il semblait très
étonné. Teal’C lui demanda :
- Qu’y a-t-il, Docteur Jarod ?
- Je ne comprends pas. Les objets empruntés n’ont… aucun
rapport entre eux. Il y a des cratères, des fibules, de simples outils
en bronze minuscules, et des fragments de stèles…
Teal’C haussa un sourcil. Daniel sourit et expliqua :
- des cratères sont des sortes de vases. Des fibules sont… des
broches, si vous voulez. Tous ces objets sont totalement anodins, je ne comprends
absolument pas pourquoi ils intéressent Massertie. Et ils sont d’époque
et de provenance différentes…
- Ah bon, répondit simplement le jaffa.
Jack s’était éloigné
vers la galerie suivante. Sam le suivit et le trouva un peu plus loin, dans
le département des sculptures italiennes, observant la célèbre
représentation de « Psyché ranimée par le baiser
de l'Amour ». Le cœur de la jeune femme se serra, et elle s’approcha
de Jack, qui murmura en l’entendant arriver :
- C’est une œuvre d’Antonio Canova.
- Vous connaissez ce sculpteur ?
Jack se retourna vers elle avec un petit sourire :
- Non. Mais c’est marqué sur la plaque !
Sam sourit à son tour puis ils redevinrent silencieux, observant la
sculpture. Sam expliqua :
- C’est une représentation d’une scène mythologique.
Psyché, ayant désobéi, a libéré un filtre
magique et est endormie à jamais. Eros, qui a lui aussi désobéi
à sa mère Aphrodite, aime Psyché en secret et vient l’éveiller
par un baiser.
- Bref, tout le monde a désobéi dans votre histoire !
Jack sembla soudain réaliser ce qu’il venait de dire et se passa
nerveusement la main dans les cheveux. Sam rougit et continua sans le regarder.
- Oui. Mais regardez-les, cela n’en valait-il pas la peine ?
La jeune femme de marbre, encore étendue, semblait s’élancer
vers les lèvres de son amant qui se tenait au-dessus d’elle et
l’enlaçait tendrement. Ils étaient à quelques centimètres
l’un de l’autre, dans un élan d’amour enfin concrétisé.
Le désir et le bonheur semblaient irradier, animer le marbre blanc.
Jack, après un silence, murmura sans regarder Sam :
- Et que s’est-il passé, ensuite ?
- Eros demande à Zeus le droit d’aimer Psyché au grand
jour, lui disant qu’il ne peut vivre sans elle et elle sans lui. Zeus
ne peut rien lui refuser, il a trop besoin de lui, et Eros et Psyché
ont déjà subi beaucoup d’épreuves. Donc il accepte,
et ils vivent heureux.
Un long silence suivit, pendant
lequel ils continuèrent de regarder la sculpture. Sam sentit le regard
de Jack sur elle et leva les yeux, rencontrant ceux de son supérieur.
Les yeux bruns de Jack étaient rivés à ceux de Sam, pleins
d’amertume et… et de désir. La jeune femme frissonna et
sa respiration s’accéléra. Ils n’étaient
qu’à quelques centimètres l’un de l’autre,
seuls dans l’immense galerie. Sam eut un instant l’impression
que Jack allait faire un geste… mais il murmura d’une voix rauque
:
- Vous lisez trop de contes de fées, Carter. Cela ne se finit jamais
comme ça.
A cet instant, la voix de Daniel
retentit à l’extérieur de la pièce.
- Sam, Jack ? J’ai fini, on peut y aller.
Jack détacha son regard de celui de Sam et se dirigea rapidement vers
la sortie de la salle. Sam se mordit la lèvre de dépit et le
suivit lentement. Quand ils sortirent du musée, il était près
d’une heure du matin.
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Les trois hommes étaient assis à la terrasse d’un café,
dans le jardin des Tuileries. Au grand désespoir de Jack, Daniel avait
à nouveau entraîné ses deux coéquipiers au Louvre,
pour « vérifier certaines choses ». Ils étaient
maintenant attablés depuis plus d’une heure, Daniel toujours
plongé dans les catalogues du musée. Jack soupira en reposant
sa bière :
- Bon, c’est pas tout ça mais je commence à m’ennuyer
ferme, moi. Voilà une semaine que nous sommes ici et on n’a pas
avancé d’un pouce ! D’accord, Paris c’est sympa,
mais à la longue, cela manque d’action quand même !
Daniel leva la tête de ses notes, sourcils froncés, et s’apprêtait
à répondre quand O’Neill leva la main pour anticiper sa
remarque :
- … Oui ! Oui, je sais Daniel ! Vous travaillez à découvrir
pourquoi il a emprunté tous ces objets, et Carter s’amuse comme
une petite folle à ses conférences ! Mais là, moi, j’en
ai marre ! Heureusement que le colloque se termine ce soir…
- Jack, Sam a aussi beaucoup avancé…
- … dans ses « relations » avec Massertie. Je sais.
La réplique de Jack était sèche. Teal’C leva un
sourcil, Daniel secoua la tête et soupira.
- Jack… C’est nécessaire… Si elle peut en savoir
plus sur lui et l’amener à se découvrir, ce serait l’idéal,
car plus ça va plus je doute de pouvoir trouver quoi que ce soit à
partir des objets empruntés au musée.
- Mais je sais très bien, Daniel, que c’est… « nécessaire
». Seulement elle n’avance pas plus que vous, et nous perdons
notre temps. Nous ne sommes pas là pour faire du tourisme, je vous
rappelle.
- Vous souhaiteriez que le Docteur Carter avance davantage dans ses relations,
O’Neill ?
Le ton du jaffa était parfaitement neutre. Jack écarquilla les
yeux et Daniel sourit. Le colonel se passa la main dans les cheveux nerveusement
:
- Mais non ! Mais si ! Mais je ne sais pas, moi ! Tout ce que je veux c’est
qu’on en finisse avec cette mission stupide et inutile !
Il se leva, jeta rageusement un billet sur la table et ses coéquipiers
n’eurent d’autre choix que de le suivre.
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La conférence était maintenant terminée. Sam avait passé
beaucoup de temps avec Massertie, déjeunant avec lui quasiment tous
les jours. Il avait emmené la jeune femme dans les meilleurs restaurants
de la capitale. Sam était parfaitement à l’aise en sa
compagnie, mais regrettait de n’avoir pu obtenir aucune information
intéressante. Leurs discussions scientifiques étaient passionnantes,
mais n’avaient jamais permis à la militaire de tirer la moindre
conclusion sur un lien possible entre Adrian et les disparitions des dossiers
et des agents du FBI. Massertie semblait ignorer – comme l’immense
majorité des humains – l’existence de la Porte des Etoiles.
Pourtant il avait paru très intéressé lorsque la jeune
femme avait commencé à discuter avec lui des hypothèses
scientifiques sur les vortex multidimensionnels et la déstructuration
moléculaire. Mais quoi de surprenant à cela ? Adrian était
curieux et féru de sciences…
Quand il la déposa ce soir-là devant son hôtel, après
le dîner de clôture de la conférence, il saisit la main
de la jeune femme au moment où elle allait s’éloigner.
Sam frissonna.
- Samantha… Je ne peux me résigner à vous quitter ainsi.
- Pourtant il le faut bien Adrian. La conférence est finie…
- Je me moque bien de la conférence. J’aimerais… beaucoup
vous revoir. Vous m’avez dit que vous pouviez rester encore un peu à
Paris… Accepteriez-vous d’être mon invitée demain
soir ?
Sam rougit et balbutia :
- c’est que… enfin… je…
Adrian la trouvait encore plus magnifique quand elle rougissait ainsi. Il
sourit :
- J’organise une petite soirée. Je serais le plus heureux des
hommes si vous acceptiez de venir.
Rassurée à la perspective qu’ils ne seraient pas seuls,
elle sourit à son tour :
- S’il n’y a que cela pour faire de vous un homme heureux, alors
j’accepte avec plaisir.
Le sourire de Massertie s’élargit.
- J’enverrai mon chauffeur vous chercher vers 20 heures. Cela vous convient-il
?
- Parfait. Bonsoir Adrian.
- Bonsoir Samantha. Il me tarde déjà d’être à
demain soir.
Il serra la main de la jeune femme et la porta à ses lèvres.
Sam sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Adrian était déjà
remonté en voiture, et Sam regarda l’énorme automobile
s’éloigner dans la nuit. Elle réalisa soudain qu’elle
était toujours debout devant le perron de l’hôtel à
sourire largement. Adrian… Elle secoua la tête pour en chasser
l’image du milliardaire et regagna rapidement sa chambre.
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Le lendemain soir, à 19h30, elle entra dans la chambre de Jack, où
les trois hommes l’attendaient. A son arrivée, ils se levèrent
d’un seul élan et la regardèrent dans un silence religieux.
Elle avait passé une robe longue noire, à fines bretelles, légèrement
fendue sur la jambe droite. Le tissu fluide tombait parfaitement, laissant
deviner les formes minces et athlétiques de la jeune femme. Elle portait
une étole écrue sur les épaules et des escarpins noirs.
Ses cheveux flottaient autour de son visage. Ses yeux, légèrement
maquillés, semblaient resplendir encore davantage et son sourire souligné
par le rouge à lèvres illuminait ses traits.
Teal’C et Daniel sourirent, et Jack avala difficilement sa salive. L’archéologue
prit la main de la jeune femme comme pour la présenter à ses
deux amis. Elle sourit encore davantage, rougit et murmura, à la fois
heureuse et gênée :
- Daniel…
- Sam, vous êtes éblouissante !
- Daniel Jackson a raison, vous êtes superbe.
- Merci Teal’C. J’ai passé toute l’après-midi
à choisir cette robe… Je ne sais pas du tout ce que va être
cette soirée… Qui il y aura…
- Elle est parfaite. Vous êtes parfaite.
La voix de Jack était calme, douce, d’une gravité et d’une
sincérité rares. Sam, Teal’C et Daniel se retournèrent
vers lui, également surpris par sa remarque. Celui-ci se tenait toujours
à côté de la fenêtre, les yeux fixés sur
sa coéquipière. Comme honteux, il se détourna et ajouta
:
- Massertie sera ravi.
- Merci.
La voix de Sam était soudain triste. Daniel soupira, et se tourna à
nouveau vers la jeune femme en souriant.
- Cela va aller, Sam ?
- Oui, bien sûr Daniel.
- C’est de toutes façons notre dernière chance, après
on abandonne et on rentre, cela fait huit jours qu’on piétine,
impossible de mettre la main sur le moindre indice.
- Je sais Daniel. Je crains en plus qu’une soirée ne soit pas
l’endroit le plus adéquat pour apprendre quoi que ce soit.
Teal’C tendit une boite à la jeune femme, qui l’ouvrit
et passa les boucles d’oreilles en perles qu’elle contenait.
- Ces émetteurs sont indétectables, technologie Tok’ra
!
- Je sais Daniel, c’est moi qui les ai mis au point… répondit
Sam en souriant.
- Ce n’est pas une bonne idée. Malgré les micros nous
ne pourrons pas intervenir rapidement. Nous ne savons même pas où
vous allez.
La voix de Jack était grave, inquiète, sèche. Il se tenait
debout, bras croisés, le regard sombre, observant la jeune femme. Sam
ne répondit rien. Ce fut Teal’C qui reprit :
- On va suivre le Major Carter en voiture, O’Neill. De toutes façons,
il s’agit d’une soirée, il devrait y avoir du monde, le
Major ne sera pas seule.
Jack fixait toujours Sam. Ses traits étaient tendus et ses yeux bruns
semblaient sonder ceux de la jeune femme. Elle murmura :
- Ca va aller mon colonel. C’est notre dernière chance, après
on rentre.
Jack détacha son regard du sien et haussa les épaules, mécontent.
- Bien Carter, faites comme vous voulez. Vous êtes en âge d’accepter
un rendez-vous sans que nous n’ayons rien à y redire après
tout !
Il était amer. Daniel ferma les yeux un instant et soupira. Sam se
mordit la lèvre et murmura :
- Bon, je rejoins ma chambre, la voiture ne devrait pas tarder.
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- Vous voyez Jack, pas de quoi vous inquiétez ! La soirée a
lieu chez Massertie, et a priori il y a beaucoup de monde !
- Mouai…
Les trois hommes avaient garé discrètement leur voiture à une distance relative de l’hôtel particulier de Massertie, où le chauffeur du milliardaire avait déposé la jeune femme. Les limousines et les voitures de sport se succédaient devant l’entrée.
Quand Sam arriva à la porte
des salons, elle s’arrêta un instant, le souffle court. La pièce
était gigantesque, très haute de plafond, s’ouvrant sur
la Seine par plusieurs portes-fenêtres. Les murs crème mettaient
en valeur un splendide parquet en marqueterie et deux immenses cheminées
anciennes à chaque bout de la pièce. Des portes s’ouvraient
vers ce qui semblait être une multitude petits salons, tous décorés
avec un goût irréprochable. Des dizaines de personnes évoluaient
dans la pièce, allant d’un buffet à l’autre, discutant
bruyamment. Sam crut reconnaître plusieurs hommes politiques, des acteurs,
des chanteurs.
Elle sortit de sa torpeur en entendant son prénom.
- Samantha ! Enfin vous voilà !
Massertie se dirigeait vers elle, fendant la foule. Il lui prit la main et
la porta à nouveau à ses lèvres.
- Merci. Merci d’être venue.
- Je vous en prie Adrian, balbutia Sam, consciente des dizaines de regards
qui étaient maintenant braqués sur elle.
Son cœur battait à
toute allure, mais la main d’Adrian dans la sienne la rassurait un peu.
Elle se sentait mesurée, dévisagée, jaugée par
tous ces gens d’une façon fort désagréable. Elle
s’efforça de se concentrer sur Massertie. Il avait passé
un costume noir avec une chemise rouge sombre dont les reflets chatoyants
contrastaient parfaitement avec ses yeux verts. Il souriait à la jeune
femme, qui lui rendit finalement son sourire. Sans lâcher la main de
Sam, il l’entraîna vers un buffet pour lui faire servir une coupe
de champagne. Elle avala quelques gorgées du précieux liquide
et se détendit un peu. Adrian murmura :
- Vous êtes magnifique, Samantha.
- Vous plaisantez ?? La pièce est remplie de mannequins de vingt ans
! ELLES sont magnifiques, Adrian !
- Elles ne sont rien à côté de vous, Samantha. Croyez-moi.
- Vous vous y connaissez ? demanda la jeune scientifique en souriant.
Adrian sourit largement et fit une petite moue gênée :
- La richesse a… des avantages indéniables…
Il resta auprès d’elle un bon moment, mais dut manifestement à contrecœur la laisser pour aller discuter avec ses invités. Il la regardait régulièrement en souriant. Sam tâchait de faire bonne figure, mais était totalement paniquée. Ce n’était pas son univers. Ce n’était aucun des très nombreux univers qu’elle connaissait ! Ces jeunes femmes qui la dévisageaient sans vergogne, en riant aux éclats, ces chanteurs suffisants parlant de leur dernier album… Tout cela était totalement étranger à la jeune scientifique américaine. Elle connaissait certains visages, mais sans pouvoir mettre de noms dessus. Si seulement elle était comme toutes les autres femmes de son âge, à se plonger dans la lecture des magazines mondains, elle aurait su qui étaient tous ces gens ! Mais les seuls illustrés qu’elle dévorait étaient les revues scientifiques les plus spécialisées. Elle soupira et s’éloigna discrètement vers la terrasse.
Les salons se trouvant au troisième étage de l’hôtel particulier, la vue sur la Seine était splendide. La cathédrale Notre Dame brillait dans la nuit et se reflétait dans l’eau calme. L’air frais fit du bien à Sam, qui se sentait se calmer un peu. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle, vérifiant qu’elle était parfaitement seule, sourit pour elle-même et se mit à parler très doucement.
Les trois hommes sourirent en entendant la voix de leur coéquipière.
- Messieurs, c’est l’horreur ici. A priori il n’y a que des stars et je ne connais personne. Je suis transparente, Adrian est totalement accaparé par ses invités, je m’ennuie ferme. Daniel, j’aimerais que vous soyez là, je ne comprends rien aux conversations de ces… personnes, j’aurais bien besoin d’explications, voire de traduction ! Teal’C, je crois que vous seriez encore plus perdu que moi. Et vous mon colonel, vous seriez ravi, il n’y a que des mannequins ici ! Si je ne rentre pas complètement déprimée, vous aurez de la chance ! Vivement mon labo !
Daniel, Teal ‘C et Jack
se regardaient en souriant. Ils imaginaient parfaitement la détresse
de Sam au milieu d’une soirée mondaine ! Mais la voix de Massertie
leur parvint alors :
- Samantha, je vous cherchais… Que faites-vous ici, toute seule ?
- Rien, ou plutôt si, j’observe cette vue superbe… C’est
une magnifique soirée, Adrian.
Adrian sourit tristement :
- Vous mentez mal, Samantha.
Les battements de cœur de la jeune femme s’accélérèrent,
mais elle répondit calmement :
- Comment cela ?
- Vous vous ennuyez. Je vous observe depuis un moment, vous ne parlez à
personne, vous n’avez rien mangé, et maintenant vous vous réfugiez
sur la terrasse.
Sam sourit à son tour :
- Je suis désolée. C’est que… je ne connais personne…
je ne suis pas dans mon élément…
- Non, c’est moi qui suis désolé. C’était
une erreur de vous inviter ici, j’aurais du me douter que vous n’apprécieriez
pas ce genre de compagnie. C’est normal, vous êtes plus intelligente
et brillante que bon nombre de ces gens réunis !
Elle rougit et ne répondit pas. Adrian s’était accoudé
à la balustrade et regardait lui aussi la cathédrale en silence.
Il se redressa soudain, le visage grave :
- Allons-nous en.
- Pardon ???
- Partons d’ici Samantha.
- Mais, Adrian, enfin, c’est impossible, c’est votre soirée,
tous ces gens sont là pour vous…
Il haussa les épaules.
- Pensez-vous ! Ils n’ont besoin de personne pour s’écouter
parler ! Et je voudrais…
Il sembla hésiter un instant. Sam était très inquiète,
la situation lui échappait. Adrian lui sourit, soudain très
calme :
- Je voudrais vous montrer quelque chose Samantha. Quelque chose que personne
d’autre que vous ne pourra comprendre. Voulez-vous m’accompagner
?
Ils restèrent un instant face à face, les yeux dans les yeux.
Lui montrer quelque chose… mais quoi… et si…. Sam murmura
:
- Oui Adrian. Partons.
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- Et merde ! J’en étais sûr, que cela allait mal tourner
!
- Jack, calmez-vous, nous avons peut-être enfin une piste ! Et Sam est
quelqu’un de raisonnable, elle sait ce qu’elle fait !
Jack ne répondit pas et mit le contact, prêt à suivre
le signal de l’émetteur de Carter où il les conduirait.
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Adrian ouvrit la porte-fenêtre en souriant et la laissa passer. En gagnant
l’entrée Massertie jeta un coup d’œil à son
secrétaire qui accourut :
- Franck, le Docteur Carter et moi partons. Je prends ma voiture et je vais…
chez moi.
- Mais, Monsieur, le premier ministre est là…
- Dites-lui que je l’appellerai demain. J’ai un rendez-vous beaucoup
plus important, ajouta-t-il en souriant à Sam qui rougit.
- Bien, répondit l’homme en fronçant les sourcils.
Sam suivit Adrian dans un dédale
de couloirs et d’escaliers, et ils débouchèrent enfin
dans un grand parking où étaient alignées un grand nombre
de voitures superbes. Massertie se dirigea vers une Porsche noire, décapotable,
et ouvrit la porte à la jeune femme qui s’installa. La porte
du garage s’ouvrit lentement et la voiture s’élança
dans Paris. Adrian semblait tendu, mais conduisait tout en souplesse. Sam
demanda :
- Où allons-nous ?
- Chez moi.
- Mais… nous n’étions pas chez vous, là ?
- Si, aussi, répondit-il en souriant. J’ai beaucoup de «
chez moi », mais là nous allons dans le vrai, celui que personne
ou presque ne connaît. Celui où j’aime être seul.
Enfin, où j’aimais être seul, avant de vous connaître
Samantha.
La jeune femme ne répondit pas. Son estomac était noué,
les battements de son cœur rapides.
Ils avaient remonté le
boulevard Sébastopol et tourné dans les rues sinueuses qui menaient
à la butte Montmartre. Après s’être dirigé
vers le Sacré Cœur, Adrian engagea la voiture sous un porche discret
et ils pénétrèrent dans un petit garage. Il ouvrit la
portière de Sam et elle le suivit vers un ascenseur privé. Après
avoir passé une carte magnétique, il appuya sur le bouton du
cinquième étage. La jeune femme remarqua qu’il y avait
deux niveaux en sous-sol. Quand la porte de l’ascenseur s’ouvrit,
ils se retrouvèrent dans une petite entrée, seulement meublée
d’un fauteuil, d’un portemanteau et d’un grand miroir mural.
Adrian précéda Sam dans le salon et se retourna vers elle.
- Voilà. Là, on est chez moi.
Le salon était une pièce claire, aux dimensions raisonnables,
avec quelques meubles anciens mais confortables. Un canapé rouge sombre,
deux fauteuils et une table basse occupaient le centre de la pièce,
tournés vers une petite cheminée simple. Une cuisine américaine
agrandissait la pièce. Deux portes se trouvaient à l’autre
extrémité de la pièce, ouvrant très certainement
vers les chambres. Sam se sentit tout de suite plus à son aise dans
cet intérieur à la fois superbe et d’une grande sobriété.
Elle sourit à Adrian et se dirigea vers la fenêtre. Paris s’étalait
à leurs pieds, brillant de mille feux. Tous les monuments resplendissaient
dans la nuit.
- La vue est la première chose que je regarde dans un appartement.
Pourquoi habiter Paris si ce n’est pour en profiter à chaque
instant ?
- C’est magnifique, Adrian.
- L’endroit vous plaît-il davantage ?
- Oh oui, votre hôtel particulier est superbe, mais je… enfin…
je…
- Vous êtes plus à l’aise ici. Je sais, moi aussi. On dîne
?
Elle le regarda, étonnée, et acquiesça. Il lança
sa veste sur un fauteuil, remonta les manches de sa chemise, en déboutonna
le col et se dirigea vers la cuisine. Il refusa l’aide qu’elle
lui offrit et Sam s’assit dans un fauteuil. Elle le regarda en souriant
préparer un simple plat de pâtes au saumon. Ils discutèrent
pendant qu’Adrian s’affairait, il lui expliquait qui étaient
les personnes présentes à sa soirée. Il rajoutait là
un détail, là une anecdote qui faisaient rire la jeune femme
aux éclats.
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Dans la voiture, quelques rues plus loin, Jack fixait un point invisible sur le tableau de bord. Ses mâchoires étaient crispées, ses poings fermés. Daniel, à ses côtés à l’avant du véhicule, jeta un coup d’œil derrière lui, vers Teal’C. L’archéologue et le jaffa se regardèrent, inquiets de ce qu’ils entendaient dans leurs écouteurs et de la possible réaction de Jack.
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- Les pâtes étaient délicieuses.
- Vous vous attendiez certainement à mieux en quittant votre hôtel
ce soir…
- Non. Je n’aurais pas pu rêver mieux que cette fin de soirée,
Adrian.
Il lui sourit et rangea rapidement leurs assiettes. Pendant ce temps, Sam s’était à nouveau avancée vers la fenêtre. De quoi parlait Adrian tout à l’heure ? Où menait l’ascenseur ? Teal’C, Daniel et Jack l’avaient-ils suivie ? Sûrement. Que devait-elle faire ? Son cœur se remit à battre plus rapidement quand elle entendit Adrian s’approcher derrière elle. Elle pouvait sentir son souffle sur son cou. Elle frissonna. La voix d’Adrian s’éleva, douce, chaude, sensuelle.
- J’ai passé une merveilleuse soirée avec vous Samantha. Tous les moments que je passe avec vous depuis une semaine sont merveilleux. Vous êtes tellement… différente. Tellement belle, tellement brillante, tellement douce, fragile et forte en même temps. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un tel que vous avant. J’avais cherché, cru trouver parfois… mais je sais maintenant que vous êtes… bien plus extraordinaire que tout ce que j’avais pu espérer.
Dans la voiture, Jack ferma les yeux et serra un peu plus le poing. Ses articulations blanchirent.
- Adrian…
La voix de la jeune femme mourut quand il la prit doucement par le bras pour
la retourner vers lui. Elle leva les yeux vers son visage et lut dans le regard
Adrian… ce qu’elle aurait tellement voulu voir dans ceux d’un
autre. Elle ferma les yeux un instant et ses lèvres tremblèrent.
Adrian fronça les sourcils et caressa la joue de la jeune femme :
- Samantha… Qu’y a-t-il… je croyais… je croyais qu’il
se passait quelque chose.
Elle releva les yeux vers lui. Ils étaient brillants de larmes. Adrian
la regardait toujours, à quelques centimètres de la jeune femme,
semblant chercher dans les yeux bleus de Sam la réponse à ses
questions. Soudain il murmura, comme pour lui-même :
- Il y a… il y a quelqu’un d’autre…
- Non. Non… il n’y a personne d’autre…
- Si Samantha. Je le vois dans vos yeux. Je les vois briller d’un éclat
qui n’est pas pour moi.
- Adrian, je vous assure, il n’y a personne dans ma vie, je vous l’ai
dit…
- Il vous rejette Samantha ?
Elle se mordit la lèvre. Adrian écarquilla les yeux.
- C’est donc ça… Il y a un autre homme… et il vous
rejette… Comment… Comment est-ce possible ? Comment peut-il y
avoir quelqu’un d’assez stupide pour repousser une femme telle
que vous, Samantha ?
Adrian secoua doucement la tête de dépit et se recula légèrement,
se détachant d’elle. Sam paniquait. Elle ne savait plus quoi
faire. Cette situation… Adrian…. La mission… et Jack, Jack
qui entendait tout… Elle ferma à nouveau les yeux pour s’empêcher
de pleurer. C’était leur seule chance. Leur seule chance de découvrir
quelque chose. Et ils allaient la perdre, par sa faute… elle ouvrit
à nouveau les yeux et plongea dans ceux d’Adrian qui l’observait
toujours. Elle fit un pas vers lui alors que ses premières larmes coulaient
sur ses joues.
- Je veux l’oublier Adrian. Je veux pouvoir enfin l’oublier. Et
je veux l’oublier avec vous.
Elle passa sa main autour du cou de Massertie, le regarda, puis ferma les yeux et posa doucement ses lèvres sur les siennes.
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Le silence. Le silence tellement éloquent dans leurs écouteurs.
Jack eut l’impression qu’une lame acérée venait
de s’enfoncer dans sa poitrine. Il rouvrit les yeux et resta parfaitement
immobile. Daniel murmura :
- Jack, écoutez, je…
Très calmement, très froidement, Jack articula :
- Pour l’amour du Ciel, taisez-vous Daniel. Taisez-vous.
L’archéologue n’insista pas et soupira profondément.
Il échangea un regard plein d’inquiétude avec le jaffa.
La situation leur échappait. La situation leur échappait complètement.
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Le baiser, timide tout d’abord, était devenu plus passionné,
plus sensuel. Adrian avait pris la jeune femme dans ses bras et la serrait
contre son corps. Quand ils se détachèrent l’un de l’autre,
Adrian essuya du bout des doigts les larmes sur les joues de la jeune femme
et sourit.
- Merci de me laisser une chance, Samantha…
Sam lui sourit en retour, tentant d’ignorer son envie de hurler et de
s’effondrer sur le sol en pleurant. Adrian la conduisit vers le canapé
où ils s’assirent. Il attira la jeune femme contre lui, et elle
posa doucement la tête sur son épaule. Adrian regardait le visage
de la jeune femme, passant la main dans ses cheveux blonds avec une infinie
douceur.
- Je ne sais qui il est, Samantha. Mais je le hais. Je le hais de vous rendre
malheureuse, je le hais de faire couler ces larmes sur votre visage. Je vais
tout faire pour vous le faire oublier, pour vous rendre heureuse, pour vous
voir sourire. Votre sourire est si exquis, Samantha. Il vous illumine. Je
crois savoir comment amener une scientifique telle que vous à ne penser
qu’à moi : en vous proposant de vous allier à un projet
pour le moins…révolutionnaire. Et en balayant toutes vos connaissances
sur la physique.
Sam fronça les sourcils. Adrian la regardait toujours, un petit sourire
amusé sur les lèvres.
- Comment cela ? Que voulez-vous dire ?
- Ah ah ! Je pique votre curiosité ! J’ai… un petit secret
que je voudrais partager avec vous. Un laboratoire assez spécial. Accepteriez-vous
que je vous le fasse visiter, disons demain ?
- Bien sûr, avec plaisir… mais n’oubliez pas que je ne puis
rester bien longtemps à Paris…
- Vous resterez. Je sais qu’après avoir vu… l’étendue
de mes recherches, vous resterez.
- Je vous trouve bien sûr de vous… répondit Sam avec un
sourire.
Adrian sourit plus largement, se pencha vers la jeune femme et l’embrassa
à nouveau. Elle sentit son cœur s’emballer et ferma les
yeux.
Et elle le vit. Ses traits réguliers, sa ride au milieu du front, ses cheveux grisonnants, son port de tête altier. Ses yeux bruns, qui pouvaient être si froids, si sévères, et qui, un instant plus tard, se mettaient à pétiller malicieusement. Et ses lèvres. Ses lèvres si fines, à peine relevées à la commissure gauche dans une petite moue ironique et si sensuelle…
Adrian sentit le corps de la jeune
femme se détendre contre lui. Elle répondait maintenant à
son baiser avec passion, paupières closes. Doucement il déplaça
sa main depuis la joue de la jeune femme, caressant sa nuque, son épaule
nue, glissant avec sensualité vers le fin tissu qui couvrait la naissance
de sa poitrine. Sam cessa de respirer et ouvrit les yeux, rencontrant le regard
vert d’Adrian. Ce dernier lut instantanément la peur dans les
yeux de la jeune femme et retira sa main, la posant doucement sur la taille
de Sam. Il lui sourit, embrassa doucement sa nuque fine et se leva doucement.
- Je vais vous raccompagner à votre hôtel Samantha.
- Adrian… je…
- Ne dites rien. Je comprends parfaitement. Je passe vous chercher demain
en fin de matinée ?
- Très bien. Merci Adrian. D’être comme vous êtes…
merci.
Elle lui sourit largement, sourire qu’il lui rendit. Elle reprit son étole et ils redescendirent au garage. Quand ils arrivèrent devant la porte de l’hôtel de Sam, il déposa un simple baiser sur les lèvres de la jeune femme et la regarda entrer dans le bâtiment avant de repartir.
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- Bien. Carter est rentrée. Je pars faire un tour. Daniel, allez voir
si elle a besoin de quelque chose.
- Jack, vous ne voulez pas…
Mais O’Neill était déjà sorti de la voiture et
s’éloignait à grandes enjambées. La voix du jaffa
s’éleva :
- Je pense qu’ils ne vont pas bien du tout. Cette mission est dangereuse.
- Je suis d’accord, mais je ne vois pas ce qu’on peut faire. Je
vais essayer de parler à Sam, mais nous n’arriverons jamais à
tirer quoi que ce soit de Jack.
- Oui. O’Neill a toujours refusé d’aborder le sujet.
Daniel acquiesça en soupirant et ils montèrent dans leurs chambres.
L’archéologue rejoignit
rapidement celle de Sam. Elle lui ouvrit la porte et le laissa entrer sans
un mot. Ils se regardèrent un instant en silence puis Daniel murmura
:
- Sam…
Elle fondit en larmes et se précipita dans ses bras. Elle sanglotait
pendant qu’il la serrait contre lui, la berçant doucement.
- Je n’avais pas le choix… Je… Si… nous n’aurions
pas su…
- Chut… je sais que vous n’aviez pas le choix, vous avez été
très courageuse, nous le savons parfaitement…
Elle leva ses yeux pleins de larmes vers Daniel et murmura :
- Et… ?
- Et Jack ?
Elle acquiesça doucement et Daniel la reprit contre lui.
- Il est parti faire un tour. Il n’a rien dit. Il n’a fait aucun
commentaire, bien sûr. Il sait que vous n’aviez pas le choix.
Il sait que c’est pour la mission. Il le sait.
Daniel sentit son amie se calmer doucement et elle se détacha finalement
de lui avec un sourire triste.
- Ca va aller Sam ?
- Oui, oui. Merci Daniel. Je.. je vais tâcher de dormir un peu, j’en
ai besoin.
Il laissa donc la jeune femme, doutant qu’elle arrive à trouver
le sommeil. En effet, deux heures plus tard, au milieu de la nuit, elle était
toujours assise en robe de soirée sur son lit quand on frappa à
nouveau à sa porte.
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O’Neill se tenait dans l’encadrement, en jean, chemise et veste
de cuir. Son visage était totalement fermé, la ride qui lui
creusait le front plus profonde que jamais. Ils restèrent quelques
instants immobiles, les yeux dans les yeux. Puis Sam balbutia en s’effaçant
pour le laisser entrer :
- Je… entrez…
- Je suis juste passé voir si vous alliez bien Carter. Je ne veux pas
vous déranger.
- Non, non… vous ne me dérangez pas… Vous voyez, je ne
suis même pas couchée…
Jack se passa la main dans les cheveux, hésita un instant, puis entra
dans la chambre. Sam referma la porte de la chambre et ils se trouvèrent
debout, face à face au milieu de la pièce. Elle avait pleuré,
c’était manifeste, un peu de son maquillage avait coulé
autour de ses yeux bleus. Jack ne savait pas ce qu’il faisait là.
Daniel était sûrement passé la voir, elle n’avait
pas besoin d’être à nouveau dérangée. Et
pourtant il était là. Pourtant il était venu directement
là après avoir marché deux heures dans la nuit, sans
parvenir à se sortir de la tête l’image de Massertie serrant
contre lui le corps de Sam.
- Je… je suis désolée
mon colonel, je ne savais pas quoi faire…
- Je sais Carter. Vous avez…
Jack avala difficilement sa salive et ajouta d’un ton sec :
- … vous avez bien fait.
Les larmes embuèrent à nouveau les yeux bleus de Sam, mais elle
les retint. Jack ne pouvait détacher son regard d’elle. Elle
se tenait debout face à lui, dans sa magnifique robe. Elle tremblait
légèrement. Il suivit des yeux la nuque pâle de la jeune
femme, ses épaules, le galbe de sa poitrine, le creux de sa taille,
la courbe de ses hanches… Elle frissonna sous son regard, à la
fois si rapide et si sensuel. Il leva à nouveau les yeux vers elle.
- Vous… vous pensez vraiment que j’ai bien fait, mon colonel ?
demanda-t-elle dans un souffle.
Jack ne répondit pas. Ses traits étaient parfaitement figés,
mais il menait un combat intérieur désespéré.
Combat contre lui-même, contre cette part de lui-même qui voulait
tant la serrer contre lui, l’embrasser, lui dire enfin tout ce qu’elle
représentait pour lui. Quoi qu’il fût parfaitement conscient
qu’il aurait été incapable d’exprimer tout ce qu’elle
représentait pour lui. Lui-même ne savait pas où s’arrêtaient
ses sentiments pour elle, lui-même ne savait plus s’il y avait
une limite à la place que cette jeune femme tenait dans sa vie. Si.
Il y avait une limite : le règlement de l’armée.
Il la regardait toujours, figé. Elle n’arrivait pas à
déchiffrer ce qu’elle voyait dans ses yeux bruns : de la colère,
de l’amertume… de… de la peur ? Elle avança d’un
pas et murmura :
- Donnez-moi une raison d’arrêter Jack… je vous en supplie,
donnez-moi une raison d’arrêter…
La voix de la jeune femme était brisée par les larmes qu’elle
tentait de contenir. Elle se tenait maintenant à deux pas d’O’Neill,
ses grands yeux bleus levés vers lui, implorants, suppliants, désespérés.
- Sam…
C’était un murmure, presque un râle. Il entrouvrit les
lèvres, sembla hésiter, puis ferma les yeux. Quand il les rouvrit,
une fraction de seconde plus tard, ils étaient redevenus froids et
sévères. Il articula lentement :
- Je n’ai pas de raison à vous donner. C’est du bon travail
major. Faites attention à vous, c’est tout.
Incapable de supporter la détresse dans les yeux de Sam, il tourna
les talons et quitta la chambre. Il garda la main sur la poignée après
avoir refermé la porte, et entendit un cri étouffé à
l’intérieur et des sanglots. Il se mordit la lèvre jusqu’au
sang, serra les poings et regagna sa chambre.
Sam s’était jetée sur son lit en pleurant. C’est là qu’elle s’endormit, vaincue par la fatigue et le désespoir.
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Elle se réveilla vers 10 heures, avec un goût amer dans la bouche.
Elle ne savait pas s’il était dû aux baisers d’Adrian
ou à l’attitude de Jack. Elle resta un long moment immobile sur
son lit, toujours dans sa robe de soirée froissée, fixant le
plafond. Cette mission était une catastrophe. Ils n’auraient
jamais pensé que cela puisse se passer ainsi. Tout leur échappait.
Elle était à la merci de Massertie, elle ne pouvait plus reculer.
Et elle était dorénavant seule, tout dépendait d’elle…
et de ce qu’elle était capable de faire. D’endurer. Elle
sourit amèrement : après tout, cela faisait sept ans qu’elle
endurait bien pire que cela, non ? Mais là c’était différent.
Les règles étaient différentes. Tout était différent.
Cette mission les mettait à nu, Jack et elle. Cette situation exacerbait
leurs sentiments, les détruisait à petit feu. Ils ne sortiraient
pas indemne de cette mission, d’une façon ou d’une autre.
Elle en était persuadée.
Elle se leva, dégrafa sa robe qui tomba à terre et passa dans la salle de bain prendre une douche. Elle enfila un pantalon de lin beige et un haut noir. Elle remit les discrètes boucles d’oreille et appela la chambre de Daniel. Elle ne parla pas de la visite de Jack et se contenta de lui assurer que tout allait bien. Puis elle attendit l’arrivée d’Adrian.
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- Alors ? demanda Massertie, l’oreille collée à son téléphone
cellulaire.
- Alors rien Monsieur. Son dossier est irréprochable. Pas une ombre.
Un père militaire, mais qu’elle ne voit jamais, un frère
à San Diego, des études brillantes dans les meilleures universités
du pays, et sept ans à la NASA.
- Ah ! Que vous avais-je dit, Franck !
- Oui, son dossier est parfait monsieur. C’est même cela qui m’inquiète.
Trop parfait.
- Arrêtez de voir le mal partout. Je vous dis qu’elle est la personne
que je cherchais… à tous points de vue.
- Je vous le souhaite, Monsieur. A plus tard.
Adrian referma son téléphone
et entra dans l’hôtel, se dirigeant vers la réception.
- Pouvez-vous prévenir Mademoiselle Carter, chambre 125, que Monsieur
Massertie est arrivé ?
- Oui, bien sûr Monsieur !
La jeune femme à la réception n’en revenait pas. Elle
appela ensuite le Directeur de l’hôtel, qui se précipita
dans le hall à la rencontre de Massertie. Sam les trouva en grande
discussion quand elle descendit quelques instants plus tard. Adrian et elle
se sourirent, le milliardaire s’excusa auprès du directeur et
ils sortirent. Le directeur bondit vers le personnel de la réception
:
- Vos faites immédiatement porter des fleurs dans la chambre de Mademoiselle
Carter ! je veux que tout y soit parfait ! Et pas un mot à la presse
ou je fais renvoyer tout le monde ! La petite amie de Massertie… si
j’avais su….
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La Porsche noire se gara à nouveau dans le petit garage de la Butte
Montmartre. Adrian et Sam avaient peu parlé pendant le trajet. La jeune
femme était surprise de le sentir encore plus nerveux qu’elle.
Quand ils se trouvèrent devant l’ascenseur, il se tourna vers
elle et plongea son regard dans le sien, comme s’il voulait sonder son
âme. Elle frissonna :
- Adrian, vous m’inquiétez… Que peut-il y avoir de si terrible
chez vous ??
- Vous jugerez par vous-même Samantha. Je suis… enfin, vous allez
êtes la première personne extérieure au projet à
le découvrir. Vous ne devez révéler à personne
ce que vous allez voir. A personne. Puis-je avoir votre parole ?
- Vous l’avez.
Il sourit, se pencha vers elle et l’embrassa doucement. Puis il ouvrit
l’ascenseur et ils entrèrent dans la cabine. Il refit passer
sa carte et un écran tactile apparut. Adrian y posa sa paume, que l’ordinateur
identifia, et l’ascenseur entama sa descente dans le ventre de Paris.
Adrian ne quittait pas Sam des yeux, amusé par son trouble.
Quand ils sortirent de l’ascenseur, l’espace qui s’offrait
à eux n’avait rien à voir avec la petite entrée
de l’appartement d’Adrian. Ils avaient débouché
sur une sorte de mezzanine en acier, qui dominait une immense cave voûtée
de plusieurs milliers de mètres carrés. La pierre nue des catacombes
contrastait avec les installations qui y avaient été aménagées.
Des laboratoires ultramodernes s’étendaient dans tout cet espace,
et leurs toits transparents laissaient apparaître des dizaines de personnes
qui s’affairaient à l’intérieur. Plusieurs zones
étaient surmontées de dômes de verre. Sam était
bouche bée. Elle se retourna lentement vers Adrian :
- Adrian… Mais… De quoi s’agit-il ?
- D’un laboratoire très… discret dirons-nous. Pour mes
recherches personnelles. Venez.
Ils descendirent un escalier et entrèrent dans le premier bloc.
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Jack, Daniel et Teal’C étaient assis à la terrasse d’un
café, non loin de là, et écoutaient en silence. Ils entendaient
moins bien depuis que Sam était descendue dans les laboratoires, mais
la technologie Tok’ra vint facilement à bout des brouilleurs
d’onde installés par Massertie et ils pouvaient suivre la progression
de Sam sans trop de difficulté.
Adrian ne donnait pour l’instant aucune explication à Sam, il
la laissait découvrir les lieux. Les pièces s’enchaînaient,
remplies d’un appareillage scientifique de pointe. Les personnes qui
travaillaient levèrent à peine les yeux vers eux, totalement
absorbées par leurs recherches. Sam reconnut beaucoup des appareils
dont ils disposaient : les mêmes se trouvaient dans son laboratoire
du SGC. Pour l’instant la jeune femme suivait en silence Adrian dans
le complexe. Elle essayait de rester calme, de retenir la typographie des
lieux, le visage des personnes qui s’y trouvaient. Adrian la fit entrer
dans un très vaste bureau et elle prit place face à lui dans
un fauteuil confortable. Il la regardait, un sourire aux lèvres.
- Adrian… Qu’est-ce qui se passe ici ? Qu’est-ce que vous
faites ?
- Je cherche à découvrir un passage vers d’autres mondes
Samantha.
Sam sentit son sang se glacer dans ses veines mais seul l’étonnement
se lut sur son visage.
- Pardon ? Comment cela ?
- Un passage, passage entre notre monde et d’autres, situés bien
au-delà des étoiles que nous pouvons observer chaque soir à
l’œil nu. Passage que nous pourrions franchir grâce à
la déstructuration moléculaire qui nous enverrait, vous et moi,
à l’autre bout de l’univers en quelques secondes. Vous
savez parfaitement qu’une fois transformée en énergie
pure la matière n’est plus soumise aux lois si contraignantes
de la relativité.
Teal’C, Jack et Daniel se regardèrent. Ils ne prononcèrent pas un mot.
Une pensée stupide, totalement
inattendue, traversa l’esprit de Sam : « Ma petite, si tu
veux gagner un Oscar, c’est maintenant ou jamais ». Elle
sourit, respira profondément et regarda Adrian dans les yeux.
- C’est impossible. Vous le savez parfaitement. Nous en avons assez
parlé cette semaine. C’est un très beau rêve, mais
totalement hors de notre portée. Définitivement hors de la portée
de n’importe qui.
Adrian sourit plus largement. Il se leva, fit le tour de son bureau, se pencha
vers Sam et murmura avec délectation :
- Vous m’avez mal compris Samantha. Je n’ai pas dit que je cherchais
à créer ce passage. Je dis qu’il existe, sur Terre, et
que je veux juste le trouver.
Sam sentit un filet de sueur froide glisser le long de son dos. Il était au courant. Il était au courant pour la Porte des Etoiles. Elle ne répondit pas et se contenta de fixer les yeux verts d’Adrian.
Les trois coéquipiers de la jeune femme étaient tétanisés.
- Et votre cher gouvernement américain
le sait, Samantha. J’en ai la preuve.
- Pardon ?
- Ils ont trouvé la porte – oui, on appelle cela la Porte des
Etoiles – sur le plateau de Gizeh en Egypte dans les années 20.
Puis, pfft, plus rien, envolé, soit disant l’objet et le projet
ont été abandonnés. Mais je pense que non. Et de toutes
façons je veux le trouver.
- Pourquoi ?
Adrian écarquilla les yeux et rit doucement, toujours à quelques
centimètres de Sam.
- Pourquoi ?? Vous êtes décidemment délicieuse Samantha.
Pourquoi chercher une porte qui nous ouvrirait l’Univers ? Pourquoi
chercher à contacter les autres races qui peuplent l’Univers
?
- Les autres races… ?
A ce moment la porte du bureau
s’ouvrit et Sam tressaillit. Un homme d’une trentaine d’années,
de haute stature, vêtu d’une blouse blanche sur un pantalon et
un T-shirt noir, venait d’entrer. Ses cheveux mi-longs étaient
retenus par un bandeau doré. Il était d’une grande beauté,
mais ses traits durs et ses yeux noirs auraient rendu mal à l’aise
n’importe qui.
Pas Sam. Sam était seulement pétrifiée.
C’était un Goa’uld. Chaque particule de Jolinar qui dormait
en elle lui criait l’atroce vérité.
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Adrian se tourna vers l’homme,
manifestement énervé d’avoir été dérangé
:
- Je vous ai déjà dit de ne pas entrer dans mon bureau comme
cela.
- Je n’ai aucun ordre à recevoir de vous, répondit le
Goa’uld d’une voix sèche mais humaine.
Il posa les yeux sur la jeune femme, la toisant avec mépris.
- C’est elle ?
- Oui. C’est le Docteur Carter. Je vous ai parlé de ses travaux,
je sais qu’elle peut nous aider. Et elle est américaine.
Adrian se tourna vers Sam et tenta de lui sourire :
- Samantha, voici… le professeur Deimos. Il est grec. C’est lui
qui dirige les travaux.
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Daniel fronça les sourcils :
- Deimos…
- Cela vous dit quelque chose, Daniel ? demanda Jack.
- C’est le nom d’un dieu de la mythologie grecque. Le Dieu de
la Terreur, le fidèle compagnon d’Arès, le dieu de la
guerre.
- C’est aussi le nom d’un ancien Goa’uld. Il était
un allié de Apouat qu’a vaincu et tué Râ il y a
des milliers d’années.
- Apouat… répéta l’archéologue. C’est
logique ! Apouat est le dieu égyptien de la guerre, l’équivalent
d’Arès chez les grecs. Deimos serait donc l’ancien bras
droit de Apouat. Que lui est-il arrivé, Teal’C ?
- Je ne sais pas. Vous pensez qu’il s’agit du même Deimos
?
Jack grogna :
- Bien sûr c’est peut-être seulement un nom grec quelconque…
mais vous y croyez, vous ?
- Sam nous dira cela quand elle reviendra, répondit Daniel.
- Si elle peut revenir, murmura doucement Teal’C.
Jack le foudroya du regard et ils reprirent leur écoute.
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Les deux hommes avaient quitté le bureau pour discuter, laissant Sam
seule. Heureusement, Deimos ne s’était pas approché d’elle,
et ne semblait donc pas avoir senti les traces de Jolinar en Sam. La jeune
femme essayait d’organiser les pensées qui se bousculaient dans
sa tête. Adrian travaillait à trouver la porte des Etoiles. Il
était allié à un Goa’uld. D’où venait-il
? Comment était-il arrivé sur terre ? Etait-il seul ? A quoi
servait ce laboratoire immense s’ils ne voulaient que trouver la Porte
??
Elle se sentait seule. Elle ne savait pas si ses amis pouvaient l’entendre. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici, ce que Adrian attendait d’elle.
Elle leva à nouveau les
yeux vers Adrian quand il entra dans la pièce. Il lui sourit.
- Adrian, qu’est-ce que c’est que cette histoire de races extra-terrestres
? Avez-vous perdu la raison ?
- Non.
Devant l’air sérieux d’Adrian, Sam se composa un visage
inquiet et résigné.
- C’est vrai ? demanda-t-elle simplement.
- Oui. Venez. J’ai des choses à vous montrer.
Elle le suivit dans les laboratoires. Elle écouta Adrian lui raconter
comment, un an avant, une équipe d’archéologues qui travaillait
avec lui avait fait une fabuleuse découverte : un tombeau, ou plutôt
une sorte de caisson d’hibernation, appelé sarcophage. Comment
ils y avaient découvert le corps d’un homme venu d’un autre
monde, parfaitement intact et en vie. Comment il avait réussi à
s’allier avec lui…
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-
S’allier avec un Goa’uld ??? Ce type est complètement fou
!
- Taisez-vous Jack, et écoutez, coupa Daniel.
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… et à lui promettre de l’aider à retrouver les siens en cherchant le passage qui ouvrait sur son monde, la Porte des Etoiles. Comment depuis ce moment Adrian travaillait à rechercher la Porte, qui avait manifestement été déplacée, sûrement par les américains, mais sans qu’il arrive à trouver où. Comment de son côté le Goa’uld – c’est comme cela qu’il s’appelait – lui offrait des technologies avancées.
- Certainement les armes que Massertie
a mises en vente.
- Vous avez sûrement raison, O’Neill.
Sam ne parlait pas. Elle se contentait
de suivre Adrian dans les laboratoires et d’écouter ses explications.
Elle n’avait pas à feindre à la surprise, elle était
éberluée. Elle avait reconnu les objets qui avaient été
empruntés au Louvre, et avait demandé à Adrian ce qu’ils
faisaient là. Il lui avait répondu qu’ils contenaient,
dissimulés depuis des milliers d’années, des échantillons
d’une substance nécessaire à ses recherches.
Du naquadah.
Daniel avait failli s’en décrocher la mâchoire.
Il lui avait montré les
objets retrouvés avec le Goa’uld, tous rassemblés dans
une pièce. Il y avait là un sarcophage et une arme de poing
Goa’uld, posée dans une vitrine. Adrian n’avait toujours
pas dit à Sam que celui qu’il avait présenté comme
un professeur grec était l‘extra-terrestre en question. Elle
demanda donc innocemment où était ce fameux alien. Le milliardaire
sourit, et murmura :
- Chaque chose en son temps, Samantha… mais vous serez surprise.
- Ce n’est pas vous, tout de même ?
Elle avait feint l’inquiétude en posant la question. Adrian étouffa
un rire et, passant sa main derrière la nuque de la jeune femme, l’embrassa
avec passion avant qu’elle ait pu réagir. Quand il se détacha
d’elle il murmura :
- Non Samantha. Je suis bien humain, fait de chair et tout à votre
merci, comme vous pouvez le voir.
Elle sourit et ils continuèrent à discuter de longues heures dans le laboratoire. La jeune scientifique faisait très attention à ce qu’elle demandait, elle tâchait d’être crédible dans ses questions, tout en essayant d’en apprendre le plus possible. Adrian souhaitait qu’elle l’aide entre autres dans ses recherches sur le naquadah et son exploitation. Elle apprécia le fait qu’il ne lui proposait absolument pas de trahir son pays, les Etats-Unis, en l’aidant à trouver la porte. Mais Sam restait parfaitement sur ses gardes, maintenant qu’elle savait qu’un Goa’uld travaillait avec Massertie. Elle dîna avec Adrian dans son appartement et il la raccompagna à son hôtel assez tard dans la soirée.
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Sam fut surprise de ne pas recevoir de coup de fil de ses coéquipiers, mais attendit patiemment. Elle entendit un froissement alors qu’elle se déshabillait, et vit qu’un bout de papier avait été glissé sous la porte. Elle l’ouvrit et lut : « Nous avons tout entendu. Vous êtes à priori surveillée, on se rencontre demain à 8 heures au jardin du Luxembourg, à l’entrée rue de Fleurus. Bon travail. » Elle reconnut l’écriture de Jack, rapide et décidée. Elle se rendit dans sa salle de bain, mouilla la feuille de papier jusqu’à ce que l’encre disparaisse et la jeta dans la corbeille après l’avoir déchiquetée. Puis elle alla se coucher. Elle aurait aimé pouvoir les voir, les entendre au téléphone au moins. Mais elle se rendait parfaitement compte que maintenant qu’Adrian lui avait fait part de ses travaux, elle devait agir encore plus prudemment.
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Sam se leva tôt, enfila un jean et quitta rapidement l’hôtel. Elle prit le métro, changeant plusieurs fois de ligne, feignant de se tromper de direction. Quand elle sortit du métro rue de Rennes, elle espéra avoir semé ses éventuels poursuivant, même si elle n’avait remarqué personne. Il était 8 heures moins 3 quand elle entra dans le jardin du Luxembourg. Elle avait rendez-vous à 9 heures chez Adrian. Elle regarda autour d’elle, et repéra immédiatement la haute stature de Jack, assis sur un banc un peu plus loin. Il portait une casquette et ses lunettes de soleil. Il ne fit pas un geste quand elle s’assit sur le banc à son tour et ouvrit un livre.
- Ca va Carter ?
- Bien. Je ne pense pas avoir été suivie.
- Parfait. Il va falloir devenir très méfiants. Au moins maintenant,
on sait à qui on a affaire. Ce Deimos est bien… ?
- Oui. C’en est un. Adrian le sait mais ne me l’a pas dit, je
suis sensée l’ignorer.
- Daniel a dit que c’était le dieu grec de la terreur, ou quelque
chose comme ça. A priori il a été banni par Râ
il y a quelques milliers d’années et on n’en a pas entendu
parler depuis.
- Il a été retrouvé dans son sarcophage en Grèce,
près de Mycènes. Adrian cherche la porte pour lui.
- Il faut se méfier de lui, ils se sont alliés, et les disparitions
des agents sont peut-être de sa faute.
- Je ne crois pas qu’il soit forcément au courant, il faut rester
sur nos gardes mais Adrian ne semble pas se rendre compte…
Jack leva un sourcil et demanda sèchement :
- Vous le défendez, Carter ?
Sam rougit et bafouilla :
- Non, bien sûr que non, c’est juste qu’on ne sait pas si…
- Ce type est allié à un de ces serpents et est mêlé
à la disparition d’agents, j’en sais assez pour m’en
méfier comme de la peste. Vous feriez bien de faire pareil.
Elle ne répondit pas. Jack enchaîna plus doucement :
- Bien. Je voulais juste savoir si tout allait bien. Vous allez chez lui ce
matin ?
- Oui. Je commence les recherches dès aujourd’hui. Je crois qu’il
est très impatient de me voir à l’œuvre.
- Ben voyons… Remarquez, le naquadah, cela ne va pas beaucoup vous changer.
- C’est assez étrange. J’en sais beaucoup plus sur le sujet
que tous ceux qui travaillent avec lui, et il va falloir que je fasse mine
de tout découvrir.
- Vous vous en sortez très bien. Je n’aurais jamais imaginé
que vous puissiez feindre aussi bien l’ignorance. Mais bon, c’est
vrai qu’on a tendance à oublier que vous êtes avant tout
une blonde, Carter !
Elle se tourna vers lui, rouge de colère, prête à répliquer,
et découvrit un grand sourire satisfait sur le visage de Jack. Elle
secoua la tête et sourit à son tour. Il se leva.
- Bien, je n’ai rien à ajouter. On continue comme cela. Transmettez
nous toutes les informations possibles : plan des installations, dispositifs
de sécurité… De mon côté je vais contacter
Hammond pour savoir ce que nous devons faire. Si vous avez un message, glissez
un bout de papier sous la porte d’un de nous trois. Daniel vous embrasse.
Teal’C… euh… vous salue bien bas je suppose. Bon courage
Carter.
- Merci.
Elle le regarda s’éloigner et disparaître à l’entrée
du parc.
Quand elle arriva chez Adrian, celui-ci l’attendait à son appartement.
Elle sourit quand il ouvrit la porte et ce fut elle qui l’embrassa cette
fois, à la grande joie du milliardaire qui la serra dans ses bras.
Ils reprirent l’ascenseur et descendirent au laboratoire. L’attitude
d’Adrian n’avait absolument pas changé, ce qui rassura
Sam, certaine à présent de n’avoir pas été
suivie. La journée se passa sans encombres. Elle avait revêtu
la blouse réglementaire et avait passé la matinée à
éplucher les dossiers qui lui avaient été remis sur le
naquadah. Ils avaient avancé, mais fort peu comparé à
tout ce qu’elle-même connaissait du minerai. Elle se lança
dans ses premières expérimentations l’après-midi
même, avançant juste assez vite pour inspirer le respect aux
autres chercheurs. Adrian était ravi.
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Jack demanda une cabine téléphonique
au serveur et, laissant Daniel et Teal’C à leur table, partit
appeler Hammond. Il s’installa dans le petit réduit à
l’arrière du restaurant. La voix de son supérieur se fit
bientôt entendre :
- Alors, colonel O’neill, comment ça se passe ?
- Carter a été embauchée par Massertie et travaille depuis
ce matin au laboratoire dont je vous avais parlé hier.
- Bien. Elle fait vraiment du bon travail.
- Oui.
Hammond décela immédiatement la froideur dans la voix de son
subordonné.
- Un problème Jack ?
- Non. Enfin… c’est juste que Massertie est, disons, très
attaché à Carter et que cette mission la place dans une position….
désagréable.
- Désagréable pour qui ? demanda Hammond avec une légère
ironie dans la voix.
Jack ne répondit rien. Le général soupira.
- Bien, je vois… Ecoutez, nous n’avons pas le droit d’influencer
cette partie de sa… mission. Mais cependant, protégez la, et
prenez garde à ce qu’elle ne se sacrifie en aucune façon
de peur de déplaire à… ses supérieurs. Vous m’avez
compris colonel ?
- Oui mon général.
- J’en doute. Quoiqu’il en soit, pour l’instant vous ne
bougez pas. Nous lançons la procédure auprès des autorités
françaises pour pouvoir agir sur leur territoire, cela peut prendre
un certain temps vous vous en doutez. Continuez de me tenir eu courant, et
saluez la Tour Eiffel pour moi.
- Je n’y manquerai pas !
- Et Jack… prenez soin de Carter tous les trois.
- Comme d’habitude mon général. Comme d’habitude.
- C’est bien ce qui m’inquiète. Au revoir colonel.
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Sam travaillait maintenant depuis une semaine au laboratoire. Elle progressait suffisamment pour se rendre indispensable aux recherches de Massertie, mais sans rien dévoiler de crucial. Les autres chercheurs lui étaient inconnus, mais elle avait pu se rendre compte qu’Adrian s’était entouré d’une équipe brillante. Ils étaient peu en contact les uns avec les autres. Deimos restait seul dans le laboratoire où avait été installé le sarcophage. Sam essayait d’en apprendre le plus possible sur les projets du Goa’uld et d’Adrian, mais devait se méfier de ce qu’elle demandait pour ne pas éveiller les soupçons. Adrian était persuadé que la Porte des Etoiles était maintenant aux Etats-Unis, et qu’elle était utilisée, mais il semblait ignorer où elle se trouvait précisément. Elle gardait avec elle ses boucles d’oreilles, qui n’avaient en effet nullement été repérées par les systèmes de sécurité de Massertie. Ce dernier travaillait manifestement à reproduire les armes Goa’uld que lui décrivait Deimos. Le laboratoire contenait déjà de nombreux prototypes de zat, mais ils manquaient de naquadah. Deimos en avait bien sûr promis à Adrian si celui-ci arrivait à retrouver la porte. Sam avait envie de crier à Adrian que c’était faux, que jamais Deimos ne l’aiderait à fabriquer des armes à grande échelle, que tout ce qu’il souhaitait c’était aller chercher du renfort et revenir anéantir les Tau’ris. Mais elle ne dit rien, bien sûr.
Par contre elle avait entendu parler d’une autre arme. D’une nouvelle arme. Mise au point à partir de l’arme de poing, à priori. Mais c’était là le projet personnel de Deimos, et elle n’avait pu en savoir plus. Jack avait donné l’information à Hammond, qui avait décidé d’attendre dans savoir plus pour lancer une offensive. Il semblait de toutes façons que les négociations sur une intervention musclée avaient peu de chance d’aboutir, Massertie étant beaucoup trop influent au sein de l’intelligentsia française. SG1 risquait de devoir agir seule pour neutraliser le Goa’uld et les armes. Les autorités militaires françaises acceptaient juste de se charger du milliardaire, une fois seulement que sa culpabilité serait prouvée. Jack avait grincé des dents en apprenant cela : tout reposait décidemment sur les épaules de Carter.
Adrian et Sam passaient tout leur temps libre ensemble. Elle déjeunait et dînait avec lui quasiment tous les jours, puis il la raccompagnait à son hôtel, en parfait gentleman. Il était adorable et prévenant. Il ne se montrait pas pressant, se contentant de la compagnie de Sam et des baisers qu’ils échangeaient fréquemment. Mais elle se doutait qu’il attendait davantage d’elle, il souhaitait qu’elle s’implique davantage dans leur relation… à tous points de vue. Elle sentait son regard posé sur elle, ses mains qui tremblaient de devoir rester sur la taille de la jeune femme. Sam se refusait à y penser.
Elle retrouvait Jack tous les matins à divers endroits dans Paris. Ils ne se regardaient pas, ne se frôlaient pas, ils échangeaient à peine quelques mots, elle lui transmettait les renseignements nécessaires et il s’éloignait en lui souhaitant bonne chance. Jamais il ne l’avait interrogée sur sa relation avec Massertie. Ce qu’il entendait de leurs conversations grâce aux transmetteurs Tok’ra le rassurait jusqu’à présent.
Car il était jaloux. Jack O’Neill avait du se l’avouer, il était jaloux. Inquiet, bien sûr, de savoir Sam toute la journée enfermée avec Massertie, mais jaloux aussi. Jaloux du temps qu’il passait avec elle, jaloux de leurs discussions au restaurant, jaloux de leurs rires, de tout ce jeu de séduction qui lui était interdit, à lui. Daniel et Teal’C évitaient soigneusement d’en parler, Jack se fermant dès que le sujet de la relation entre Sam et Massertie arrivait sur le tapis. Daniel s’était senti obligé de rappeler à Jack que Sam savait parfaitement à qui elle avait affaire, ce qui avait valu à l’archéologue de se faire jeter par un O’Neill furieux.
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Adrian venait une fois de plus
de garer la voiture devant l’hôtel de Sam. Il l’embrassa
et, alors qu’elle avait déjà la main sur la poignée
de la portière, il murmura en la regardant dans les yeux :
- Samantha…. J’aimerais… j’aimerais tellement ne plus
avoir à me séparer de vous chaque soir.
La jeune femme écarquilla les yeux et son cœur se mit à
battre très vite. Adrian continua :
- Je voudrais… passer encore plus de temps à vos côtés.
Votre présence me manque dès que vous êtes loin de moi.
Bref, y penserez-vous ?
Elle le regarda longuement, puis répondit dans un souffle :
- Oui Adrian. J’y penserai. Je vous le promets.
Le séduisant visage du milliardaire s’éclaira et il déposa
un baiser sur le front de Sam.
- Merci. Rien que cela me comble de bonheur Samantha. A demain.
- A demain Adrian.
Elle s’éloigna rapidement de la voiture et regagna sa chambre.
Elle se laissa tomber sur son lit et fixa le plafond un long moment. Elle
murmura pour Jack autant que pour elle :
- Que dois-je faire ?
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Jack avait jeté l’écouteur
à terre et regardait maintenant par la fenêtre de la chambre,
immobile, sombre. Daniel et Teal’C se regardèrent, puis l’archéologue
demanda doucement :
- je pense que c’est à vous que la question de Sam s’adressait,
Jack.
- A moi ? Je suis son officier supérieur, mais c’est sur elle
que repose la mission. C’est à elle de prendre… ce genre
de décision.
- Jack….
O’Neill se retourna et foudroya Daniel du regard.
- Inutile d’ajouter quoi que ce soit. De toutes façon la question
ne se pose pas, j’ai eu le feu vert d’Hammond, on va demain soir
dans le labo de Massertie récupérer les armes.
- Avec Sam ?
- Non. Bien sûr que non vu qu’elle sera avec Massertie ! Vous
la préviendrez, Daniel.
- Ah, elle a donc la noble tâche de « détourner l’attention
» de Massertie, Jack ? Et vous disiez qu’elle n’avait pas
de décision à prendre ?
La voix de Daniel était pleine d’ironie et de colère.
Celle de Teal’C s’éleva :
- Je pense comme le Docteur Jackson que c’est de vous que le Major attend
une réponse, O’Neill. Elle fera ce que vous lui demanderez. Tout
ce que vous lui demanderez. Vous le savez. Mais vous n’avez pas le droit
de la laisser seule face à ce choix.
O’Neill ne les regarda pas, attrapa sa veste et sortit de la chambre en claquant la porte.
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Quand il revint, quelques heures
et quelques verres de bière plus tard, il s’allongea sur son
lit, pieds nus mais encore habillé. L’image de Sam lui vint tout
naturellement à l’esprit. Sam. Sam en robe de soirée,
Sam en treillis, Sam qui rit, Sam qui pleure, Sam qui réfléchit,
Sam qui sauve le monde. Sam. SA Sam. Ses cheveux blonds, les courbes de son
corps, son nez fin, son sourire, ses yeux bleus. Sam son second dans l’Armée
de l’Air des Etats-Unis d’Amérique. Peut-être après
tout n’était-elle qu’un fantasme, comme pour la grande
majorité des hommes du SGC ? Peut-être après tout était-ce
l’attrait de l’interdit ?
Non. Si seulement ce n’était que cela ! Mais elle hantait toute
sa vie, pas seulement ses nuits. Par sa seule présence elle l’avait
rendu meilleur. Par sa seule existence elle avait bouleversé la sienne.
On frappa à la porte. Jack regarda son réveil : il était plus de minuit. Il se leva et se dirigea vers l’entrée de sa chambre, prêt à incendier Daniel.
Mais ce n’était pas Daniel.
C’était elle, en chemise de nuit blanche, serrant un petit gilet contre elle.
Sans un mot il s’effaça pour la laisser entrer, ce qu’elle fit timidement. Il lui indiqua un siège et s’assit lui-même face à elle sur son lit.
- Je… je suis désolée
de vous déranger mon colonel.
- Ne vous excusez pas. Comme vous le voyez je n’étais même
pas couché. Pourquoi êtes-vous ici ?
Son ton était plus dur
qu’il ne l’aurait voulu. Elle tressaillit, baissant les yeux et
se mordant la lèvre.
- j’aurais voulu vous parler de ma mission… de ma mission avec
Massertie.
- Ah.
C’était bien ce qu’il
craignait. Qu’elle veuille en parler. Avec lui. Merveilleux. Manifestement,
il n’avait pas assez bu pour se préparer à cela. Il soupira
et elle enchaîna, toujours sans le regarder :
- Comme vous l’avez peut-être entendu…
- J’ai entendu.
- Je ne sais pas quoi faire. En plus… demain soir… pendant que
vous…. Enfin…
Elle releva lentement les yeux
vers lui. Ses magnifiques yeux bleus. Il se passa nerveusement la main dans
les cheveux et se leva, incapable de rester assis plus longtemps face à
elle.
- je ne sais pas quoi vous conseiller Carter. Cela dépasse… Cela
dépasse mes ordres. Cela dépasse votre mission. Vous êtes
seule face à cette décision.
- Mais si… si je ne fais rien… je mets en péril la mission…
votre incursion au labo...
- Je sais. Je ne vous en tiendrais jamais rigueur, vous le savez.
- Mais je perdrais votre respect.
- Non. J’ai fait moi aussi certaines choses par le passé dans
l’armée…
- Je ne parlais pas de l’armée. Je ne parlais pas du respect
de mon supérieur. Je parlais... de vous.
Jack sentit son cœur se serrer.
Il se sentit perdre pied. Elle semblait à cet instant si frêle,
si fragile dans sa chemise de nuit fine, son gilet gris serré contre
elle maladroitement, pieds nus. Mais ses yeux bleus étaient décidés,
à la fois apeurés et déterminés. Elle murmura
:
- Ce n’est pas à mon supérieur que je suis venue demander
conseil. C’est à vous, Jack.
Elle rougit et baissa la tête,
comme surprise elle-même de ce qu’elle venait de dire, tremblante
à présent. Jack se tenait debout, parfaitement immobile, le
souffle court, ses yeux bruns fixés sur elle. Quand il parla, sa voix
était rauque, basse.
- Je n’ai pas de conseil à vous donner. Je n’ai aucun droit
de vous donner un conseil, un avis.
Elle ne répondit pas. Un sourire amer, tremblant, passa seulement sur
son visage triste. Un sourire qui déchira le cœur du colonel O’Neill.
Il acheva dans un murmure :
- Faites ce que vous voulez. Vous avez toujours pris les bonnes décisions.
Faites exactement ce que vous voulez vraiment.
Pendant un instant elle ne bougea
pas. Elle le regardait toujours. Puis, très doucement, elle se leva
et fit un pas vers lui. Jack sentit un frisson le parcourir, son cœur
se serrer. Il voulut avaler sa salive mais sa gorge était sèche.
Il murmura son prénom, comme une plainte :
- Sam…
Elle fit un deuxième pas et murmura très doucement :
- Je fais ce que vous m’avez ordonné Jack. Je fais ce que je
veux vraiment. Dites-moi que vous voulez que je m’arrête. Dites-moi
que vous voulez que je sorte. Dites-moi que cela ne vous tue pas à
petit feu, dites-moi que cela n’est pas insupportable, dites-moi que
ce n’est pas une torture de tous les instants… Dites le moi.
Elle avait continué d’avancer, très doucement, jusqu’à
être devant lui, à quelques centimètres, ses yeux bleus
levés vers lui, à la fois décidés et implorants.
Tellement belle.
Il ouvrit les lèvres pour parler. Pour lui dire de partir, de se taire, d’arrêter cette souffrance sans nom. Mais à cet instant quelque chose se déchira en lui qui fit voler en éclat l’homme qu’il était.
Dans un mouvement à la fois doux et violent, il saisit la nuque de la jeune femme, l’attira contre lui et posa ses lèvres sur les siennes dans un baiser désespéré.
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Quand Sam se réveilla
le lendemain matin, les dernières lueurs de l’aube jetaient une
lumière douce dans la chambre. Elle sourit, s’étira doucement
et posa la main à côté d’elle. Personne. Elle cligna
des yeux et découvrit Jack debout, torse nu, en jeans, bras croisés,
en train de regarder par la fenêtre le jour se lever sur la capitale
parisienne.
Il tourna lentement la tête vers elle.
Elle cessa immédiatement de sourire.
Elle sut instinctivement que cela n’allait pas. Du tout. Elle le lisait
sur les traits tendus de son visage. Sur les lèvres fines et serrées.
Sur la ride au milieu du front.
Ce n’était plus Jack. C’était le colonel O’Neill.
- Cela n’aurait jamais du
se produire, Carter. Je suis désolé.
- Jack…
Il leva la main, lui intimant – lui ordonnant de se taire.
- Vous feriez mieux de quitter cette chambre Major.
« Vous », « Major ». Elle ferma les yeux un instant. Puis elle se leva, cachant comme elle pouvait sa nudité, enfilant sa chemise de nuit, se sentant tout à coup sale, honteuse. Elle n’osait plus croiser son regard. Il était toujours parfaitement immobile près de la fenêtre, tourné à nouveau vers l’extérieur. Quand il entendit la porte se refermer doucement, il appuya son front contre la vitre.
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Sam se retrouva dans le couloir
de l’hôtel… face à Teal’C et Daniel qui s’arrêtèrent
net, stupéfaits. Elle rougit, et bafouilla :
- Je suis venue… lui demander… mes ordres pour aujourd’hui…
je… je ne pourrai pas aller au rendez-vous habituel… je vous laisse,
bon courage pour ce soir.
Elle disparut au bout du couloir. Daniel et Teal’C échangèrent
un regard et frappèrent à la porte de Jack. Ils le trouvèrent
en train d’enfiler un T-shirt noir. Il leva les yeux vers ses deux amis,
maintenant debout dans la chambre. Daniel dit doucement :
- On vient de croiser Sam.
- Ah.
O’Neill se passa nerveusement la main dans les cheveux et tenta de se
justifier :
- Elle était venue… pour…
- … pour demander ses ordres pour aujourd’hui. C’est ce
qu’elle a dit.
- Oui. Oui, voilà, c’est ça.
- Vous avez mal dormi Jack ? Sommeil agité ?
La voix de Daniel était amère. Jack suivit le regard de ses
deux amis : sa chemise était encore sur le sol. Le lit était
sans dessus dessous, les deux oreillers portaient encore la marque de leur
présence.
Teal’C et Daniel regardaient Jack en silence. O’Neill entreprit
de lacer ses chaussures. Il pouvait sentir sur lui le regard froid du jaffa,
leva les yeux vers lui et demanda, agacé et mal à l’aise
:
- Quoi ?
- Rien O’Neill.
La voix de Daniel s’éleva, glaciale à présent :
- je suppose que vous n’avez pas d’ordres pour nous Jack ?
- Non.
- Sam semblait… assez perturbée par vos ordres.
- Les ordres sont les ordres, Daniel.
L’archéologue semblait bouillir intérieurement. Teal’C
avait lui aussi les yeux toujours braqués sur O’Neill, pleins
d’une muette désapprobation. L’attitude de Jack, la détresse
de Sam…
- Bien. Alors nous vous retrouvons en bas ?
- Oui. J’arrive d’ici cinq minutes.
Teal’C et Daniel tournèrent les talons. Au moment où il
s’apprêtait à sortir, Daniel se retourna, toisa Jack et
dit d’un ton plein d’amertume et de colère :
- Vous… Vous faites exactement ce qu’il faut… exactement
quand il ne faut pas !
Il claqua la porte.
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Sam passa la journée dans
une sorte de brouillard. Elle prétexta auprès d’Adrian
un méchant début de rhume, sensé expliquer ses yeux gonflés
et son malaise général.
Elle n’avança pas dans ses observations. A tout instant, elle
revivait la nuit précédente. A tout instant elle voyait son
sourire, elle sentait sa peau contre la sienne. Mais à chaque fois
elle se souvenait aussi de son regard à son réveil. De sa voix
tranchante. De la honte, la honte qu’elle ressentait encore, la honte
et la colère, le désespoir…
Mais elle était militaire,
elle l’avait voulu, elle le voulait encore. Et elle avait une mission,
qu’elle devait mener à bien. Alors elle s’appliqua à
cacher sa douleur. Et quand Adrian lui proposa de dîner chez lui une
fois de plus, elle accepta en souriant. Alors qu’ils avaient discuté
au salon avant le repas, Massertie s’excusa et repassa un instant dans
sa chambre éteindre son portable. Un email clignotait. Il venait de
Frank, qu’Adrian avait vu à peine une heure auparavant. Intrigué,
il pianota sur le clavier et le message apparut : « Je n’ai pas
voulu vous en parler avant d’être sûr, et j’ai mis
longtemps à accéder au dossier. Les photos ont été
prises ces cinq derniers jours, tôt le matin. Je suis désolé.
» Adrian fronça les sourcils et afficha les pièces jointes.
Des photos. Des photos de Sam, à différents endroits de Paris.
Toujours avec un homme à ses côtés. Toujours le même,
grand, athlétique, la quarantaine avancée, les traits sévères.
La dernière pièce jointe était une fiche signalétique,
avec la photo de ce même homme, en uniforme de l’armée
américaine cette fois. Adrian serra les mâchoires et parcourut
rapidement les informations : « Colonel Jonathan O’Neill, USAF….
Forces spéciales… Résidence : USA, Colorado… affectation
classée top secret… fait équipe avec Teal’C X, le
Docteur Daniel Jackson et le major Samantha Carter… »
Le MAJOR Samantha Carter.
Adrian resta quelques instants parfaitement immobile. Puis il pianota à nouveau et un email partit pour son secrétaire : « merci Franck. »
Massertie éteignit l’ordinateur
et passa un rapide coup de fil. Il respira profondément, se composa
un sourire et sortit de la chambre. Sam, toujours assise dans le canapé
se tourna ver lui et lui sourit à son tour. Il la regarda longuement
et elle fronça les sourcils :
- Adrian ? Tout va bien ?
- Très bien Samantha. Tout va toujours si bien quand vous êtes
près de moi. On passe à table ?
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Teal’C, Jack et Daniel
avaient revêtu leurs tenues noires de commando. Sam les avait renseignés
depuis une semaine sur les plans et les systèmes de sécurité
du laboratoire de Massertie. Ils avaient donc décidé de passer
par les égouts, et Teal’C creusait maintenant depuis un bon quart
d’heure au marteau piqueur dans la roche qui les séparait d’un
des entrepôts du laboratoire. Daniel seul avait gardé un récepteur
glissé dans l’oreille, et il écoutait distraitement la
conversation de Sam et Adrian. Son attention restait fixée sur Jack.
O’Neill n’avait pour ainsi dire pas décroché un
mot de la journée. Daniel et Teal’C avaient renoncé à
lui parler, et étaient de toutes façons passablement en colère,
se doutant plus ou moins de ce qui avait pu se passer et de la réaction
qu’il avait pu avoir. Mais c’est pour Sam qu’ils s’inquiétaient,
Sam qui devait être dans un état pitoyable et qui avait tout
de même passé sa journée, et maintenant sa soirée
avec Massertie. Peut-être sa nuit.
Jack ignorait royalement les regards noirs de l’archéologue.
Pendant toute la journée il s’était répété
inlassablement qu’il avait bien fait, qu’il allait ruiner la carrière
de la jeune femme, sa vie, si ce n’était déjà fait.
Il avait tâché de chasser de son esprit le corps de Sam, le visage
de Sam, les larmes de Sam. Comme s’il avait jamais réussi à
la chasser de son esprit avant ! Comme s’il allait y arriver davantage
maintenant que, croyant éteindre le feu dévorant, ils avaient
au contraire allumé une passion bien plus brûlante encore.
Daniel, qui avait fermé les yeux, les rouvrit et fronça les sourcils en entendant la voix de Sam, plaintive.
- Adrian…
Mais le milliardaire captura à nouveau les lèvres de la jeune femme, puis violemment cette fois, la renversant à demi sur le canapé. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre, elle ne savait plus comment réagir, elle sentait le désir d’Adrian dans ses baisers, dans ses mains qui glissaient le long de son dos, qui s’immisçaient sous sa veste légère.
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Daniel se mordit la lèvre,
se redressa, se tourna vers O’Neill et, d’un geste rageur, jeta
l’oreillette au colonel qui l’attrapa au vol.
- Je refuse de faire cela Jack ! Faites votre sale boulot vous-même
! Après tout c’est pour vous qu’elle est là-bas
!
- Mais qu’est-ce qui vous prend, pour l’amour du ciel ??
Jack foudroya Daniel du regard et, n’ayant plus le choix, ajusta l’appareil
dans son oreille. Il pâlit instantanément. Daniel le fixait toujours,
plein de rancœur et de mépris. Teal’C s’était
arrêté et regardait tour à tour ses deux coéquipiers
sans comprendre et demanda :
- Que se passe-t-il Daniel Jackson ?
- Rien d’important. Je veux juste que Jack s’assure lui-même
que le MAJOR Carter fait bien son devoir pour son pays !
Le visage de Teal’C se rembrunit immédiatement. Jack ne répondit pas. Il respira profondément, ferma les yeux, et ses mains se crispèrent sur la crosse de son arme.
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- Venez, n’ayez pas peur, Samantha… Ayez confiance en moi, comme j’ai eu confiance en vous, comme j’ai eu confiance en vous depuis l’instant où je vous ai vue sur cette scène immense…
Adrian s’était levé
et, tenant la main de la jeune femme, l’entraînait maintenant
vers sa chambre. Elle le suivait, s’empêchant de trembler, essayant
de discipliner ses pensées, essayant de sourire. Elle y était
maintenant. Elle devait le rejeter maintenant, où faire l’amour
avec cet homme qu’elle connaissait à peine, cet homme qui était
un ennemi, alors que Teal’C, Daniel et Jack entendaient toute la scène,
quelque part en bas.
Alors que Jack écoutait toute la scène. Et dire que la veille…
Elle se mordit la lèvre alors qu’Adrian la basculait maintenant
doucement sur le lit. Massertie avait un petit sourire sûr de lui, satisfait
à l’avance de ce qui allait se passer. Un sourire satisfait et
presque méchant. Il n’était plus aussi doux qu’avant…
plus aussi patient… il ne lui laissait plus le choix. Penché
sur elle, il l’embrassait avidement, laissant ses mains parcourir le
corps de la jeune femme sans sembler se soucier de son manque de réaction…
semblant l’apprécier même…. Il lui ôta sa veste,
elle était maintenant en jupe et débardeur devant lui, couchée
sur le lit, tremblante. Il la regarda un instant :
- Vous êtes belle Samantha…. Vous êtes tellement belle….
Tellement intelligente aussi. Oh oui, tellement intelligente… Vous pourriez
avoir n’importe qui. Vous m’avez eu, moi… vous m’avez
bien eu…
Il remonta doucement la main sous le tissu de la jupe, contre la jambe fine.
Elle gémit d’appréhension.
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Jack avait rouvert les yeux. Elle gémissait. Elle gémissait dans les bras d’un autre, comme la veille dans les siens. Parce qu’il lui avait dit de le faire. Parce qu’il lui avait dit de partir. Parce qu’il l’avait rejetée.
Teal’C s’était arrêté de creuser, l’ouverture leur permettant maintenant de pénétrer à l’intérieur du laboratoire. O’Neill s’aperçut que ses deux coéquipiers le regardaient, attendant son ordre. Il leur fit signe de le suivre et se glissa lui-même dans la pièce.
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Sam essayait d’oublier.
D’oublier cet homme penché sur elle, d’oublier ses mains
qui parcouraient son corps, d’oublier qu’il avait arraché
sa propre chemise, d’oublier qu’elle reposait elle-même
en sous-vêtements sur le lit d’un inconnu.
Elle essayait de se souvenir. De se souvenir de Jack. De se souvenir de ses
mains à lui, de sa chaleur, des muscles de son dos, de l’odeur
de sa peau, de sa douceur, du rythme de leurs deux corps… Les images
de la veille, qu’elle avait voulu chasser toute la journée, lui
revenaient maintenant, se bousculaient dans sa tête…
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Les trois hommes progressaient
lentement dans les couloirs obscurs du laboratoire. Teal’C, Daniel et
Jack avaient bientôt gagné l’endroit où Adrian entreposait
les armes mais furent surpris de ne pas en trouver tant que cela. Ils les
détruisirent cependant. Ils cherchaient maintenant le laboratoire de
Deimos, où devait se trouver le sarcophage, la nouvelle arme, et qui
sait, peut-être le Goa’uld…
Teal’C trouvait tout cela facile. Très facile. Trop facile. Aucun
garde, un système de sécurité déconnecté
en quelques minutes, des armes quasi inexistantes… Il le dit à
O’Neill, mais celui-ci n’écouta pour ainsi dire pas.
Jack agissait comme un automate, sans réfléchir, la machine
de guerre qu’il était prenant le relais alors que son esprit
était totalement ailleurs, à quelques étages au-dessus.
Les paroles d’Adrian s’insinuaient en lui comme le pire des poisons.
Adrian qui disait à Sam combien sa peau était douce, combien
il avait envie d’elle, combien son corps était superbe…
Le visage de Jack trahissait une rage froide, une colère muette et totale. Il avait envie de hurler, de se ruer sur Massertie, de le frapper jusqu’à le tuer, de l’arracher à ce corps qui ne devait être qu’à lui, qu’à lui à jamais. Daniel et Teal’C le suivaient sans un mot, obéissant à ses consignes, eux aussi pâles de colère. Colère contre Jack, contre cette mission, contre eux-mêmes qui devaient rester là alors que Sam… Sam…
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Elle l’avait oublié.
Elle était avec Jack. Elle était avec l’homme qu’elle
avait toujours aimé et qu’elle aimerait pour l’éternité.
C’était ses mains à lui qu’elle sentait, c’était
son corps qui s’appesantissait sur elle, ses mains encore sur ses poignets
délicats… Elle gémit :
- Jack…
Adrian s’arrêta instantanément et le désir fit place
à la colère sur son visage.
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Plus bas dans le bâtiment, Jack s’arrêta lui aussi. La joie qu’il venait un court instant de ressentir se mua immédiatement en effroi. Elle avait commis une erreur. Une si délicieuse et grave erreur.
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Sam avait immédiatement
rouvert les yeux qu’elle tenait jusqu’alors obstinément
fermés. Adrian, penché au-dessus d’elle, la regardait,
pâle de rage, les mains crispées sur les poignets de la jeune
femme. Il répéta lentement :
- Jack ?
- Adrian… je … je suis désolée…. Je ne sais
pas ce qui m’a pris….
D’un geste sec auquel elle ne s’attendait pas, il réunit
les poignets de Sam et les saisit d’une seule main. Il murmura entre
ses dents :
- Donc c’est Jack qu’il s’appelle ? Celui à côté
duquel je ne suis rien ? Est-ce que avec lui aussi tu fais aussi bien ton
devoir ?
- Adrian, je ne comprends pas, vous me faites mal, arrêtez…
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Jack était figé.
Daniel et Teal’C le regardaient, sourcils froncés, se demandant
ce qu’il pouvait bien se passer pour que O’Neill ait l’air
soudain encore plus tendu. L’archéologue murmura :
- Jack, que se…
O’Neill lui intima d’un geste de se taire et continua d’écouter.
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- Ah tu ne comprends pas ? Je
te croyais pourtant si intelligente… tu t’es montrée pourtant
si intelligente… un tel appât… Oh oui, les américains
m’ont vraiment envoyé leur meilleure arme cette fois, Major !
Elle écarquilla les yeux. La panique la gagnait, mais elle devait rester
calme, rétablir la situation… la gifle qu’elle reçut
alors fut d’une extrême violence.
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La gifle résonna dans
l’oreillette de Jack, qui débita à toute allure :
- Carter est démasquée, on va la chercher.
- Quoi, mais que… ?
- MAINTENANT !!!!
Daniel et Teal’C se ruèrent vers l’ascenseur, tentant de suivre Jack qui était déjà plusieurs mètres devant eux.
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Elle essaya immédiatement
de dégager ses jambes, mais Adrian appuyait dessus de tout son poids,
les bloquant avec les siennes. Elle essaya de dégager ses bras, mais
force était de constater qu’il était plus fort qu’elle
et lui aussi très entraîné manifestement. Il eut un sourire
mauvais :
- Alors, Major Carter, on ne vous apprend pas à mieux se battre que
cela dans l’US Air Force ? Parce que je suis votre homme, j’en
connais pas mal moi aussi des techniques de combat, et un petit corps à
corps avec vous me tente depuis longtemps…
- Adrian, écoutez-moi, vous ne savez pas ce qui est en train de se
passer, vous…
- Oh si je sais. Je sais que maintenant mes recherches vont aller beaucoup
plus vite.
Il la frappa une nouvelle fois, faisant saigner la lèvre de la jeune
femme qui tentait toujours en vain de se libérer. Elle plongea ses
yeux dans les siens, tâchant de retrouver son calme et de le ramener
à la raison :
- Adrian, Deimos est un Goa’uld, un parasite qui n’est qu’un
individu d’une race dangereuse qui veut asservir les humains pour en
faire des hôtes, il ne veut pas s’allier avec vous, il vous exploite
puis il vous tuera, croyez-moi !
- Vous croire ?? Vous qui m’avez trahi, trompé depuis le début
? Sur tout ? Mais c’est vous qui vous êtes servie de moi Samantha,
ou plutôt Major devrais-je dire !
Il la frappa à nouveau, poing serré cette fois. Emporté
par son geste, il desserra un instant son étreinte autour des poignets
de la jeune femme. Il n’en fallait pas plus à Sam qui, accusant
le choc, le frappa au cou du tranchant de la main. Elle s’était
déjà relevée et mise en garde quand Massertie sembla
s’effondrer sur son lit, la respiration coupée. Avant qu’elle
ait compris la feinte, il avait saisi un zat dissimulé sous le matelas
et en avait envoyé une décharge sur la jeune femme qui s’effondra
à terre. Adrian sourit en regardant le corps inerte de Sam puis, à
nouveau submergé par la colère, se remit à la frapper.
Encore. Et encore.
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Chaque coup de poing d’Adrian résonnait dans le cœur de Jack à lui déchirer les entrailles. Il serrait les dents, courant toujours, Teal’C et Daniel sur ses talons. Ils ne s’étonnèrent même pas de ne rencontrer personne, ils ne pensaient tous trois qu’à elle. Ils se ruèrent dans l’ascenseur, enclenchèrent la carte magnétique que Sam avait dupliquée quelques jours plus tôt à l’insu d’Adrian, et attendirent en silence que la cabine s’élève jusqu’à l’appartement.
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Sam reprenait douloureusement
conscience sous les coups d’Adrian, pelotonnée à terre,
un goût de sang dans la bouche. Il s’était arrêté
de la frapper, caressant à nouveau la peau de la jeune femme en souriant,
redessinant la courbe de sa poitrine du bout des doigts. Elle ouvrit enfin
les yeux doucement, le fixant avec défi malgré la douleur.
Un bruit de porte fit se retourner Massertie et le poing de Jack l’atteignit
en plein sur la mâchoire. Le milliardaire s’effondra, lâchant
son zat et libérant Sam. Daniel se rua sur elle, la serra contre lui
un instant, puis l’aida à se relever et lui tendit sa jupe et
son débardeur qu’elle enfila rapidement.
Jack frappait toujours, aveuglement. Massertie, qui n’avait pas eu la
moindre chance de riposter, tentait en vain de se protéger le visage.
Mais la main de Teal’C se posa sur l’épaule du colonel
:
- O’Neill. Arrêtez.
- Pourquoi ? Pourquoi j’arrêterais ???
- Pour ça.
Jack, de même que Sam et Daniel, suivit le regard de Teal’C :
dix hommes armés venaient de faire irruption dans la pièce et
les tenaient en joue.
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Les quatre membres de SG1 s’entre-regardèrent
et les trois hommes posèrent leurs armes à terre. Jack jeta
un coup d’œil à Sam, dont le visage gardait les traces du
poing de Massertie. Il murmura :
- Ca va Carter ?
- Bien mon colonel.
Adrian s’était relevé, son zat à la main, et placé
à côté de ses hommes. Il souriait tout en massant son
visage blessé :
- Colonel O’Neill je présume ?
Jack se retourna vers lui, lentement. Les deux hommes étaient face
à face. Jack regardait le milliardaire avec une haine non dissimulée.
Massertie souriait toujours :
- Et vous deux devez être…
- Je suis le Docteur Daniel Jackson et voici Teal’C. Monsieur Massertie,
il faut nous écouter, vous ne vous rendez pas compte…
Adrian dirigea son zat vers l’archéologue :
- Taisez-vous. Vous ne m’impressionnez pas. Il est hors de question
que j’écoute vos beaux discours, tout ce que veut le gouvernement
américain c’est garder la Porte pour lui. Mais c’est fini
tout cela. Car vous allez gentiment m’indiquer où elle est.
- Mais bien sûr… grogna Jack.
- Oh oui, colonel. Et très vite. Conduisez-les au sous-sol.
Ils furent séparés
le temps de redescendre au laboratoire où on les enferma dans une grande
pièce vide après leur avoir solidement lié les mains
derrière le dos et leur avoir pris la totalité de leurs armes
et leurs gilets pare-balles. Plusieurs gardes étaient postés
devant la porte. Sam se laissa glisser le long de la paroi et Daniel vint
s’asseoir à côté d’elle. Jack resta debout,
faisant les cent pas sous le regard indéchiffrable de Teal’C.
Le colonel était furieux.
- Je me suis fait avoir comme un bleu…
- Je vous avais dit, O’Neill, que c’était trop facile.
- Oui, oui, je sais Teal’C ! J’aurais du vous écouter…
Pourquoi ne vous ai-je…
- Vous étiez préoccupé par ce qui arrivait au Major.
C’est compréhensible, mais maintenant la situation se complique.
Sam avait relevé la tête en entendant la remarque de Teal’C
et son regard croisa un instant celui de Jack qui se détourna immédiatement.
Daniel passa un bras autour des épaules de la jeune femme.
- Ca va aller Sam ?
- Oui, merci Daniel. On a vu nettement pire que deux ou trois coups de poing.
La porte s’ouvrit alors
et Massertie entra, accompagné de Deimos et d’une dizaine de
gardes armés. Un éclair passa dans les yeux de Deimos quand
il aperçut Teal’C :
- Quoi ! un jaffa ! Au service de quel dieu es-tu ?
Teal’C se releva et fit face au Goa’uld.
- Je ne suis plus au service d’aucun faux dieu. J’ai été
le prima d’Aphophis, qui est mort comme bien d’autres dans la
lutte que mènent les Tau’ris contre les Goa’ulds. Je mène
avec fierté ce combat à leurs côtés.
- Shol’va !
- Tiens, il me semble l’avoir déjà entendue celle-là…
murmura O’Neill.
Deimos s’approcha alors de Sam qui redressa la tête fièrement
:
- Une traîtresse… je vous avais dit de prendre plus de précautions
!
Soudain le Goa’uld se figea à quelques centimètres de
la jeune femme et balbutia :
- Mais… Mais… comment… pourquoi ne l’ai-je pas senti
avant ?
- Parce que j’ai pris grand soin à me tenir éloignée
de vous ! répondit la jeune femme sans le quitter des yeux, avec un
petit sourire.
Adrian fronça les sourcils :
- Quoi ? Que se passe-t-il Deimos ?
- Elle a été possédée par un Goa’uld…
Je peux percevoir le naquadah en elle…
Massertie murmura, éberlué :
- Le naquadah en elle… Mais… Qu’est-ce que….
- Oui Adrian. J’ai effectivement été un hôte mais
certainement pas d’un Goa’uld ! D’un Tok’ra !
Le milliardaire serra le poing
en fixant la jeune femme qui le regardait, debout, fière et déterminée.
Deimos quitta la pièce sans un mot de plus. Adrian fit un pas vers
Sam.
- Samantha… Nous aurions pu faire tellement de choses… Nous aurions
pu former une telle équipe…
- J’ai déjà une équipe. La meilleure. Je n’en
veux pas d’autre.
Le regard d’Adrian passa sur les quatre membres de SG1. Il enchaîna,
tentant de garder son calme à présent :
- Donc vous devez savoir où se trouve la Porte des Etoiles…
- Non seulement je le sais Massertie, mais je l’emprunte depuis des
années. Mais là où elle se trouve vous ne l’atteindrez
jamais.
- C’est ce qu’on verra.
- Vous allez mourir Adrian. Il va vous tuer dès qu’il aura atteint
son but.
Massertie se rapprocha d’elle doucement, souriant à présent.
- Oh non Samantha… Car nous sommes en train de constituer une armée…
une armée qui ne le sait même pas encore…. Deimos a besoin
de moi, mes recherches lui ont apporté de quoi fabriquer une nouvelle
arme… arme qui est maintenant enfin opérationnelle…
Une lueur s’alluma dans ses yeux verts. Une lueur machiavélique
qui effaça le sourire de Sam.
- … une arme que vous allez tester, Samantha…
Deimos venait de revenir et tenait
maintenant une arme de poing, d’un modèle légèrement
différent du modèle habituel que Sam avait repéré
au laboratoire. Jack sourit :
- Ah celle-là on la connaît, c’est un peu du réchauffé…
- Oh non colonel ! C’est une… variante à laquelle nous
avons apporté des modifications… grâce à mes travaux
sur les ondes radios Samantha… Vous vous souvenez de mes travaux…
La jeune femme fronça les sourcils, ses trois équipiers se tournèrent
vers elle :
- Vos travaux… sur la dissociation par les ondes radios des différentes
parties du cortex cérébral… la séparation entre
volonté et action… Mais que…
Deimos, manifestement agacé,
l’interrompit :
- Massertie, cela suffit, le temps presse, vous êtes démasqué,
il faut agir maintenant !
- Juste un instant…. Vous allez comprendre Samantha. Deimos, voulez-vous
bien faire une petite démonstration je vous prie ?
Le Goa’uld brandit l’arme et la douleur trop connue vrilla instantanément
le crâne de la jeune femme qui tomba à genoux, tentant de résister.
Ses trois coéquipiers, qui s’étaient immédiatement
précipités, avaient été arrêtés par
les armes que tous les gardes brandissaient maintenant vers eux. Mais Deimos
interrompit le rayon.
- C’est bon.
Massertie se pencha vers elle et murmura avec délectation :
- Vous n’obéissez qu’à moi maintenant Samantha.
Levez-vous.
Elle se releva en effet. Dans ses yeux bleus ses amis pouvaient lire l’incompréhension,
la panique même. Adrian prit le revolver d ‘un des gardes et le
donna à la jeune femme dont il avait défait les liens. Elle
restait là, sans bouger. Jack hurla :
- Mais tirez Carter, tirez donc !!!!
- Je… je ne peux pas mon colonel…
Adrian s’amusait manifestement beaucoup de la situation et de la peur
qu’il lisait dans les yeux de la jeune femme.
- Expliquez leur Samantha…
- Je… Mon corps ne m’obéit plus. Je ne peux plus bouger.
Les ondes ont… séparé ma volonté de mes actions…
- Oh si vous pouvez bouger ! Il suffit que Deimos ou moi vous l’ordonnions.
Démonstration ! Regardez vos amis Samantha.
Elle se retourna vers eux, le revolver toujours le long du corps. Les trois
hommes étaient face à elle, et la peur qu’ils lisaient
dans ses yeux bleus était loin de les rassurer. Adrian murmura lentement
:
- Quand je vous le dirai, vous allez blesser le Docteur Jackson. Juste le
blesser pour le moment.
La jeune femme leva son arme lentement et la pointa sur Daniel qui recula
d’un pas :
- Sam… Sam… non….
- Non… Adrian… je vous en prie Adrian… non…
Elle le suppliait. Adrian lisait
la terreur dans ses yeux, l’incompréhension dans ceux des trois
hommes, l’incrédulité. Elle n’allait pas faire cela,
elle ne ferait jamais cela, jamais Sam ne tirerait sur Daniel…
- Maintenant.
Le coup partit. Daniel s’effondra au sol, un filet de sang s’écoulant
maintenant de son épaule. L’archéologue grimaçait
de douleur. Jack et Teal’C regardèrent Sam avec horreur puis
se précipitèrent vers Daniel.
La jeune femme était pétrifiée, des larmes coulaient
abondamment sur son visage. Mais elle ne tremblait pas, son corps restait
parfaitement immobile, son arme toujours dirigée vers Daniel, attendant
les ordres.
Le sourire d’Adrian s’élargit
:
- Impressionnant, non ?
- Je comprends pourquoi vous vous alliez avec ces serpents, vous ne valez
pas mieux qu’eux !
Jack avait hurlé cela. Des gardes l’avaient empêché
de rester près de Daniel, qui serrait les dents sous la douleur. Teal’C
aussi avait été éloigné. Massertie reprit :
- Alors, que vais-je vous demander maintenant… D’achever celui-ci
ou…
- NON ! C’est moi le chef de cette équipe, si vous devez vous
en prendre à quelqu’un allez-y, mais laissez mes hommes et Carter
!
Jack se tenait face à Adrian, les yeux pleins de rage. Daniel cria
:
- Non Jack ! Arrêtez !
Mais Adrian avait soudain pâlit et dévisageait O’Neill
avec stupeur. Il répéta doucement :
- Jack…
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Sam
ferma les yeux sous une douleur sans nom. Massertie fit un pas vers O’Neill.
Son visage était blême de colère :
- Jack ? Vous vous appelez Jack ?
Puis, se retournant vers Sam, il hurla :
- Jack ?? C’est lui Jack ???
Elle ne répondit pas. Ses trois coéquipiers étaient pétrifiés.
Daniel et Teal’C ne comprenaient absolument pas la rage soudaine de
Massertie. Jack regarda alors le milliardaire et sourit :
- Et oui Massertie. Moi, c’est Jack pour les intimes. Jonathan Jack
O’Neill.
Adrian recula d’un pas devant l’assurance du colonel et se tourna
vers la jeune femme :
- C’est lui… C’est lui dont tu murmurais le nom dans mes
bras, c’est lui… Bien sûr que c’est lui…
Elle se mordit la lèvre jusqu’au sang, les paupières closes, les larmes coulant sur son visage. L’arme toujours levée vers Daniel.
La rage de Massertie se mua alors
en une joie sauvage, un sourire terrible éclairant soudain son visage.
Les trois coéquipiers de Sam regardaient Massertie avec inquiétude,
Daniel grimaçant de douleur.
Adrian s’approcha de Sam et, caressant doucement sa joue humide de larmes,
murmura à l’oreille de la jeune femme :
- Changement de programme : quand je te l’ordonnerai, tu tueras ce cher Jack. D’une seule balle.
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Un long gémissement s’échappa des lèvres de Sam. Une terreur insondable, une panique totale se lisaient sur ses traits. Ses lèvres tremblaient, elle était d’une pâleur mortelle.
Lentement, elle décala
son arme et la pointa vers la poitrine de O’Neill. Daniel murmura :
- Oh mon dieu non…
Ils étaient tétanisés. Ils étaient tous les quatre tétanisés. Les traits de Sam étaient dévastés par les larmes et la douleur. Une souffrance extrême se lisait sur son visage. Elle regardait Jack. Elle regardait ses yeux bruns, ses traits fins, sa fossette, ses cheveux grisonnants, sa haute silhouette fine et forte dans son treillis noir, sa peau, qu’elle savait maintenant si douce, si chaude, son parfum suave, les cicatrices de son dos, les muscles de son torse… Elle revoyait son sourire, son rire, ses colères, ses moments de doute, de tristesse, de joie. Elle revoyait la fierté dans ses yeux, l’amour.
Et, à cet instant précis, la peur. La peur de Jack face à Sam. La douleur au creux du ventre de la jeune femme se fit plus terrible encore – comment était-ce possible d’avoir encore plus mal ? Elle lisait la peur dans les yeux de l’homme qu’elle aimait. Qu’elle aimait et qu’elle allait tuer.
Elle voulait hurler mais restait immobile, lèvres entrouvertes, incapable de prononcer un son. Le bras levé vers lui, prêt à tirer. Son bras qui ne tremblait pas.
Daniel cria :
- Sam non ! Vous pouvez résister ! je sais que vous le pouvez, il le
faut, Sam…
- Silence, Daniel.
La voix de Jack était maintenant
calme. Plus aucune peur ne se lisait dans ses yeux. Il regardait la jeune
femme qui se tenait devant lui, la jeune femme qui s’apprêtait
à le tuer. Il lui sourit. Il lui sourit parce qu’après
tout si la mort devait venir autant qu’elle vienne d’elle. Autant
qu’elle vienne d’elle maintenant, maintenant que tout avait été
dit, maintenant que tout avait été fait. Parce que soudain il
trouvait une justification à tout, à sa vie, à sa carrière,
à leur combat. Parce que mourir de sa main était la seule mort
qui lui semblât acceptable. Parce qu’elle était la plus
belle incarnation possible de sa mort, après avoir été
toutes ces années l’incarnation de ce qui lui restait de vie.
Parce qu’il allait retrouver Charlie. Parce qu’il la retrouverait
elle. Parce qu’il savait qu’elle ne lui survivrait pas, comme
lui ne lui aurait pas survécu.
Alors il sourit. Il sourit pour la rassurer, parce qu’il avait peur
pour elle, peur des moments qu’elle allait devoir vivre quand il ne
serait plus.
Il lui sourit, et tout ce qu’il ressentait pour elle depuis si longtemps
passa dans ce sourire, si calme, si serein. Jack murmura :
- Tout va bien Sam. S’il te plaît, souris moi…
Elle ferma les yeux un instant, et quand elle les rouvrit son visage à elle aussi était calme. Serein de la certitude de son amour, de son pardon, du fait qu’elle le rejoindrait vite. Très vite. Alors elle sourit. Elle sourit à l’homme qu’elle aimait, oubliant les visages autour d’eux, oubliant l’arme froide dans sa main. Elle lui sourit et s’illumina de ce sourire.
Massertie ne souriait plus, lui. Il observait ces deux êtres, comprenant soudain ce qu’il était en train de briser. Comprenant que ce qui se passait entre eux était bien au-delà de tout ce qu’il avait pu imaginer, bien au-delà de sa jalousie. Il hésita. Il renonça.
Alors la voix du Goa’uld
s’éleva dans la pièce :
- Tuez-le.
Le doigt de Sam pressa la gâchette de l’arme et le coup partit.
La balle atteignit O’Neill en plein cœur. Il resta debout un instant, ses yeux toujours dans ceux de Sam, puis chancela, et s’effondra à terre.
Le colonel O’Neill venait de mourir.
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Il
y eu un instant de silence total, finalement brisé par le hurlement
de Daniel :
- NON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Teal’C était bouche ouverte, la consternation et la douleur se
lisaient sur ses traits.
Sam était toujours debout, tenant le revolver à bout de bras. Elle ne souriait plus. Elle regardait le filet de sang s’échapper de la poitrine de Jack. Elle regardait sans sembler comprendre. Sans voir. Elle ne sentait plus rien, ne percevait plus rien. Plus rien n’avait d’importance, que le rejoindre. Vite, très vite. Son univers se résumait au visage de cet homme allongé à ses pieds, à ses yeux bruns déjà si ternes, à ce sang qui s’écoulait doucement.
Massertie se retourna vers Deimos
:
- Mais, que…
- Il suffit. On a perdu trop de temps à vos petits jeux. Partons, nous
lançons l’opération, maintenant que vous êtes découvert.
Programmez la destruction du laboratoire et conduisez-nous à votre
fameuse antenne avec l’amplificateur.
- QUOI ? Mais nous ne sommes pas prêts, la préparation d’une
telle opération prend des mois, nous ne pouvons pas improviser, nous
en avions seulement parlé pour une année future…
- SILENCE ! Je suis prêt moi, cela suffira, gronda le Goa’uld
dont les yeux s’illuminèrent de colère et d’impatience.
Massertie se tut et baissa le regard. Puis Deimos se tourna vers Sam, toujours
immobile :
- Vous attendrez dix minutes, puis vous tuerez les deux autres et vous après.
Sam abaissa lentement son bras. Seul son corps semblait entendre l’ordre, son visage était toujours fixé sur le corps de Jack. Massertie ouvrit la bouche pour parler, se mordit la lèvre, regarda une dernière fois la jeune femme et suivit Deimos et les gardes qui refermèrent la porte.
Daniel tomba à genoux et
balbutia :
- Ce n’est pas vrai… mon dieu… ce n’est pas vrai…
je vous en prie…
Un murmure s’éleva. La voix de Sam. Lointaine, distante, éteinte.
Mais calme, si calme.
- Vous avez dix minutes. Il a fait une erreur, pendant dix minutes vous ne
risquez rien de moi. Libérez-vous et partez.
- Major Carter…
- Ne dites rien. Je resterai ici, vous m’enfermerez. Avec lui.
- Sam… mon dieu Sam…
- Chut Daniel… Vous avez entendu Jack, tout va bien. Tout va bien aller.
Elle sourit à nouveau. Daniel se mordit la lèvre et des larmes coulèrent lentement sur ses joues. Teal’C réagit le premier, regarda autour de lui, avisa une canalisation et se rua dessus. D’un coup d’épaule il la brisa, puis entreprit de scier la corde qui lui maintenant les poignets contre le métal coupant.
Les minutes s’égrenaient petit à petit. Daniel était incapable de faire la même chose avec son épaule blessée. Il regardait le corps inerte de Jack. Il leva les yeux vers Sam, toujours immobile, son arme à la main. Il était mort. Jack O’Neill était mort de la main de Sam. Et Sam allait mourir à son tour, c’était une évidence. Et lui, Daniel, devrait vivre avec ça. Impossible.
Teal’C arracha les derniers
liens. Il s’approcha lentement de Sam qui leva ses grands yeux bleus
vers lui et sourit doucement. Le jaffa lui prit délicatement l’arme
des mains et murmura :
- Je suis désolé Major, mais je ne vous laisserai pas mourir.
Ni vous ni O’Neill. Jamais.
Sam ouvrit la bouche pour parler mais le jaffa avait prit l’arme par
le canon et en asséna un coup franc sur la tête de la jeune femme.
Il la retint délicatement quand elle s’affaissa dans ses bras
et la déposa au sol. Daniel le regarda puis hurla :
- Jack est mort Teal’C !!!! Mort !!!!!!!!!!!!!!!!
- Mais il va revivre.
Daniel le regarda, bouche bée, puis une lueur d’espoir s’alluma
dans ses yeux :
- Le sarcophage…
- Oui Daniel Jackson. Mais il faut faire vite.
Il arracha les liens de l’archéologue qui serra les dents sous
la douleur de son épaule, et souleva le corps d’O’Neill
dans ses bras puissants. Daniel se précipita pour lui ouvrir la porte,
armé du revolver de Sam. Le laboratoire était maintenant désert.
Daniel essayait de se souvenir des plans de Sam, et les orienta vers le laboratoire
de Deimos.
Le sarcophage trônait au
milieu de la pièce. Teal’C y glissa le corps de Jack et les lourds
panneaux se refermèrent lentement. Daniel se tourna vers le jaffa :
il était couvert du sang de O’Neill. Daniel détourna le
regard et murmura :
- Vous croyez…
- Je n’en sais rien. Mais il le faut. Cela prendra longtemps.
- Mais… mais le laboratoire va être détruit !!! D’une
seconde à l’autre peut-être !!
- Il faut arrêter le processus. Il faut trouver la commande.
Daniel acquiesça. Que faire d’autre ? S’il y avait un espoir qu’ils vivent, un espoir de retrouver Jack… L’archéologue attrapa une pièce d’étoffe et se mit rapidement le bras en écharpe. Puis ils se précipita à l’extérieur du bureau avec Teal’C et chacun partit dans un sens chercher la commande de destruction du complexe.
Les minutes se remirent à passer. Puis une, deux, trois heures…. Le laboratoire était immense, les commandes nombreuses, ils devaient tout vérifier, chercher un compte à rebours, quelque chose… Ils ne savaient pas de combien de temps ils disposaient. Ils se refusaient à y penser. S’ils mourraient, au moins ils auraient essayé. Fuir et abandonner Jack était inconcevable. Ils avaient vérifié que Sam était toujours inconsciente et l’avaient attachée, de peur qu’elle n’attente à leurs vies et à la sienne quand elle se réveillerait.
Enfin, Teal’C cria :
- J’ai trouvé Daniel Jackson.
L’archéologue se précipita : Teal’C se tenait devant
une table de commande dont il avait arraché un panneau. Et avait mis
à jour un compte à rebours qui indiquait un peu plus de trois
heures. Daniel demanda :
- Et maintenant ?
- Maintenant on l’éteint.
Les deux hommes cherchèrent fébrilement, appuyèrent sur
des boutons, des leviers, regardèrent les fils… que risquaient-ils
sinon ce qui devait déjà sûrement leur arriver ? Mais
ils ne trouvèrent rien. Daniel murmura :
- Nous avons besoin de Sam.
Teal’C le regarda, sourcils froncés :
- Daniel Jackson, le Major Carter est inconsciente, et programmée pour
nous tuer.
- Je sais. Mais sans elle je crains que nous ne trouvions pas et que nous
perdions un temps précieux. Il faut la mettre dans le sarcophage, en
espérant que cela contrera les effets de l’arme.
- O’Neill est déjà dans le sarcophage. Interrompre le
processus pourrait lui ôter toute chance de survie.
- On ne va pas l’enlever, on va mettre Sam avec lui. De toutes façons,
si tout saute, il mourra de toutes manières…
Le jaffa sembla réfléchir un instant puis murmura :
- Vous avez raison. Allons-y.
Les deux hommes repartirent en courant. Teal’C revint avec Sam dans ses bras, toujours inconsciente, dans le laboratoire où l’attendait Daniel. Ils ouvrirent le sarcophage et le corps de Jack apparut. Immobile. Pâle. Teal’C se pencha par-dessus le rebord et posa délicatement la jeune femme contre le corps de O’Neill, sa tête blonde contre sa poitrine, prenant soin qu’elle ne soit pas en contact avec la blessure. Daniel voulut se pencher vers Jack mais déjà les panneaux se refermaient inexorablement.
Teal’C et Daniel regardèrent les deux corps inertes disparaître lentement. Les deux corps si calmes qu’ils semblaient endormis l’un contre l’autre.
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Sam s’éveilla lentement
et sentit autour d’elle le flux d’énergie. Elle réalisa
qu’elle était allongée sur quelqu’un. Elle sut instantanément
que c’était lui et elle sourit, se pelotonnant un peu plus contre
le corps de Jack, immobile.
Immobile.
Elle ouvrit les yeux et se retrouva dans la lueur pâle du sarcophage. Elle leva immédiatement les yeux et vit son visage endormi. Si… pâle.
Les lèvres de la jeune femme tremblèrent. Elle l’avait tué. Tout lui revenait maintenant, Massertie, Deimos, l’arme… les coups de feu… Daniel d’abord, puis Jack… Jack qui était mort à ses pieds, en la regardant, en lui souriant.
Sam hurla. Un cri déchirant, un cri de douleur pure, de détresse totale, puis elle s’effondra à nouveau en larmes sur son torse.
Une pensée lui vint alors… pourquoi… le sarcophage… et si… Lentement, elle remonta sa main vers le cou de Jack. Elle hésita un instant avant de poser ses doigts sur la veine, paniquée à l’idée de ne rien sentir… Elle ferma les yeux à nouveau et appliqua ses doigts sur la peau de Jack. Ils frémirent.
Il était vivant.
Un sanglot la souleva et elle murmura : « Merci… »
Elle resta un instant blottie
contre lui, contre lui qu’elle sentait encore si faible, si loin d’elle.
Elle ne réalisa pas que les lourds panneaux s’ouvraient au-dessus
d’elle, jusqu’à ce qu’elle entende la voix de Daniel,
très douce :
- Sam…
Elle ouvrit à nouveau les yeux et découvrit ses deux amis penchés
au-dessus du sarcophage. Elle les regarda et sourit. Ils comprirent et sourirent
aussi.
Teal’C lui tendit la main. Elle regarda à nouveau Jack, se détacha de lui à contrecœur et le jaffa la hissa délicatement hors du sarcophage. Ils regardèrent tous trois O’Neill disparaître à nouveau derrière les lourdes parois.
Vivant cette fois.
Elle regarda Teal’C, Daniel
et murmura, portant la main à sa bouche :
- Oh mon dieu…
L’archéologue l’attira contre lui et la serra doucement.
- Tout va bien Sam… Il va vivre… Il a besoin de temps, mais il
va vivre.
- Et vous seule pouvez lui donner ce temps, Major Carter, ajouta le jaffa.
Elle se redressa, avisa l’épaule de Daniel :
- Daniel, je suis…
- Je sais Sam. Je ne vous en veux absolument pas. Vous n’y êtes
strictement pour rien. La balle est ressortie, la blessure est nette, rien
qui justifie un séjour dans le sarcophage. Et vous ? Comment allez-vous
? Etes-vous toujours sous l’emprise… ?
- Je… je ne sais pas, balbutia la jeune femme, s’éloignant
soudain de peur de faire du mal à ses amis.
- Il n’y a qu’une seule façon de le savoir, dit calmement
Teal’C.
Et il tendit l’arme à Sam. Sam qui réalisa soudain que ce revolver qui se trouvait dans la main de Teal’C était celui avait lequel elle avait blessé Daniel. Celui avec lequel elle avait tué Jack.
Elle se recula, horrifiée.
Teal’C sourit et mit une
main sur l’épaule de la jeune femme qui leva les yeux vers lui
:
- Vous êtes guérie. Maintenant il faut nous aider.
- Que puis-je faire ?
- Désamorcer le mécanisme d’autodestruction du complexe.
Venez.
Ils partirent tous trois en courant et Sam tomba à genoux devant la
minuterie, qu’elle observa quelques instants en silence, effleurant
les fils du bout des doigts, sa ride de concentration au milieu du front,
à nouveau sûre d’elle. A nouveau elle.
Au bout de quelques secondes,
elle arracha deux fils. Le compte à rebours s’arrêta. Daniel
écarquilla les yeux :
- Et… c’est tout ?
- Oui. C’est tout. Vous auriez voulu que j’attende la dernière
seconde pour ménager le suspens ?
Elle souriait à nouveau. Daniel et Teal’C lui rendirent son sourire.
Ils pouvaient sourire à nouveau : Jack était vivant. Et en sécurité maintenant.
Ils retournèrent tous trois
dans le bureau de Deimos après être passés prendre une
trousse de soins dans un des laboratoires. Ils s’assirent tous trois
près du sarcophage auquel Sam lançait fréquemment des
regards inquiets. Elle découpa le T-shirt de Daniel : la blessure était
nette, en effet, mais saignait toujours faiblement. Elle désinfecta
la plaie, plaça des pansements de compression et fit un bandage serré
autour de l’épaule de l’archéologue. Puis ce fut
lui qui tenta au mieux de soigner les ecchymoses dues aux coups d’Adrian
sur le visage de la jeune femme. Leurs regards se croisèrent et ils
se sourirent. Daniel posa sa main sur la joue de Sam et murmura :
- Merci Sam. Vous voyez, tout va aller bien. Il avait raison comme toujours.
Mais ne lui répétez jamais que je vous ai dit cela !
- Merci Daniel.
Teal’C s’assit à
côté d’eux et ils réfléchirent tous trois
à ce qu’ils devaient faire à présent. Daniel prit
la parole :
- Bien. Nous savons maintenant à quoi sert leur nouvelle arme. Deimos
a parlé d’une opération beaucoup plus importante.
- Adrian ne semblait pas d’accord, à priori nous avons précipité
les choses par notre intervention, ajouta Sam.
Le jaffa prit la parole à son tour :
- Deimos a demandé à Massertie de le conduire à l’émetteur,
avec un amplificateur. Que pourraient-ils vouloir faire ?
- Mais… amplifier le signal en utilisant un émetteur radio et
ainsi…
La jeune femme s’arrêta et Daniel et elle se regardèrent,
bouche bée. Teal’C finit doucement :
- … et ainsi prendre sur beaucoup plus de gens le contrôle qu’il
a eu sur vous, Major Carter.
Ils s’entreregardèrent et Sam murmura pour elle-même :
- Un émetteur radio… ou un relais radio… Il faut trouver…
Daniel bondit sur ses pieds et s’écria :
- Mais bien sûr ! C’est évident enfin !
Ses deux coéquipiers le regardèrent, fronçant les sourcils.
Il continua, au comble de l’excitation :
- Mais voyons si ! Les français ont l’émetteur radio le
plus connu au monde !!! LA TOUR EIFFEL !!!!
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Teal’c et Sam se levèrent
d’un bond et ils s’élancèrent vers la sortie. Mais
la jeune femme s’arrêta et se retourna vers le sarcophage. Daniel
murmura :
- Il faut le laisser là Sam. Il est en sécurité. Ils
croient que le laboratoire va sauter, ils ne reviendront pas. Et Jack doit
rester là.
Elle se tourna vers l’archéologue et acquiesça. Ils partirent
en courant. Teal’C avait dissimulé le revolver dans son pantalon.
Quand ils arrivèrent à l’air libre, les rues étaient
vides, seuls quelques passants dévisagèrent ces deux hommes
en noir et cette jeune femme au visage écorché qui couraient
à perdre haleine. Daniel avait remis sa veste mais se tenait le bras
en grimaçant. Sam s’arrêta soudain près d’un
vendeur pour touristes. Ses deux amis l’imitèrent. Elle remplaça
le bonnet de Teal’C par une casquette, et acheta deux chemises colorées
que ses compagnons enfilèrent. Daniel paya et ils hélèrent
un taxi dans lequel ils s’engouffrèrent :
- A la Tour Eiffel, vite !!!
- A la… ? Mais cela ne va pas…
- Vite, répéta Teal’C, fixant le chauffeur dans le rétroviseur.
- Ok, ok, on va faire ce qu’on peut…
Le taxi démarra. Daniel soupira et reposa sa tête sur le dossier.
Il était neuf heures du matin.
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- Vous ne pouvez pas aller plus
vite ??
- Mais vous voyez bien que c’est bouché ! Vous m’avez demandé
la Tour Eiffel, comment voulez-vous qu’on l’atteigne aujourd’hui
?
- Aujourd’hui ? répétèrent Sam et Daniel.
Teal’C haussa un sourcil et le chauffeur de taxi continua :
- Ben oui, pensez-vous, tout est bloqué ! Avec le défilé
!
Daniel ferma les yeux et murmura :
- Le 14 juillet… nous sommes le 14 juillet… C’est la fête
nationale ! Le défilé ! Toute l’armée française
défile sur les Champs Elysées devant le chef de l’Etat
et le Gouvernement !
- Ben évidemment ! Ah ces amerloques, j’vous jure !!
Ils se regardèrent tous les trois puis sautèrent de la voiture,
jetant un billet au conducteur. L’Eglise de la Madeleine s’élevait
devant eux. L’accès à la place de la Concorde était
entièrement bouché. Une foule dense se rendait vers la plus
belle avenue du monde. Ils partirent, sans courir pour éviter d’attirer
l’attention des nombreux agents de police, et se dirigèrent vers
le Louvre en évitant les barrages. Ils devaient contourner tout le
quartier de la Concorde, alors que la Tour Eiffel se dressait fièrement
de l’autre côté.
Sam murmura :
- Bien sûr, c’est le jour idéal pour Deimos… il aura
à ses ordres non seulement la population parisienne, mais en plus un
nombre particulièrement important de militaires et de dignitaires français…
C’est l’occasion rêvée…
- C’est pour cela que Massertie parlait d’attendre encore une
année.
Ils avaient maintenant traversé l’esplanade du Musée et
suivaient les quais. Daniel, livide, s’arrêta soudain. Teal’C
et Sam se retournèrent vers lui et le jaffa passa un bras sous l’épaule
valide de l’archéologue qui gémit :
- Non, continuez sans moi, je vous retarde…
- Si cela se trouve c’est déjà trop tard, Daniel Jackson.
Et nous ne serons pas trop de trois.
- Ecoutez, dis Sam, on va s’arrêter cinq minutes dans un café,
de toutes façons je dois prévenir le général Hammond
de toute urgence pour qu’il mette les autorités françaises
au courant. Nous ils ne nous croiront jamais.
Ils entrèrent dans un café et s’installèrent au
fond de la salle. Ils sourirent comme ils pouvaient à la serveuse en
lui commandant trois cafés. Sam demanda un téléphone
et s’éloigna rapidement. La serveuse revint avec les cafés,
puis sourit à Teal’C en disant :
- Jolie casquette ! Surtout aujourd’hui !
Elle s’éloigna en riant. La jaffa se retourna vers Daniel qui
lut l’inscription pour Teal’C :
- Mort à l’armée, faites l’amour pas la guerre !
L’archéologue rit devant le regard perplexe du jaffa et grimaça
instantanément de douleur. Sam revint et se laissa tomber sur la banquette.
- J’ai eu Hammond, et figurez-vous que le Président est injoignable
pour une excellente raison !
- Une excellente raison… mais, comment cela….
- Notre bien aimé président se trouve actuellement dans la tribune
officielle française, place de la Concorde, à Paris ! Il est
l’invité de la France pour quelques jours.
Elle ferma les yeux, un sourire amer sur la bouche. Daniel soupira :
- C’est pas vrai…. Une autre excellente raison pour Deimos de
mettre son plan à exécution aujourd’hui…
- Oui. Le général va tout mettre en branle pour tâcher
de faire le nécessaire. Il ne sait pas combien de temps cela peut prendre
et le défilé a déjà commencé. Il faut continuer
de notre côté. Daniel… ?
- Ca va aller Sam, je vous suis.
- Ok. On y va alors.
Ils avalèrent leurs cafés d’un trait et se dirigèrent
à nouveau vers la Tour Eiffel. Il était maintenant près
de dix heures. Les bruits du défilé leur parvenaient au milieu
du grondement des avions de la patrouille de France.
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Un moment plus tard, l’édifice centenaire se dressait devant eux, à la fois majestueux et ridiculement petit pour des américains habitués aux buildings… et pour des explorateurs habitués aux constructions extraterrestres les plus fabuleuses.
Un car de CRS était rangé
sur l’esplanade, qui avait été interdite à la population.
Mais les policiers qu’ils croisèrent avaient le regard vide et
ne semblèrent même pas remarquer leur présence. Daniel
murmura :
- Je crois que c’est clair, en tous cas on ne s’est pas trompé
d’émetteur, Deimos est passé par là.
- Oui… il semblerait que l’arme n’ait pas sur moi exactement
les mêmes effets, peut-être à cause de Jolinar : ils ont
l’air ailleurs, alors que j’étais parfaitement consciente…
A ces mots la jeune femme se mordit la lèvre en se revoyant un instant
tirer sur Daniel et Jack. Puis elle s’élança vers le pilier
Nord, entrée de l’édifice, ses deux amis derrière
elle. Ils essayèrent de faire fonctionner les énormes ascenseurs,
sans succès. Sam et Teal’C se retournèrent lentement vers
Daniel, qui soupira :
- Ok, ne me dites rien, il faut prendre les escaliers… Je ne veux même
pas savoir combien il y a de marches… Il se trouve où l’émetteur
?
Sam fit une petite grimace désolée et l‘archéologue
maugréa de plus belle :
- Ben voyons… Au dernier étage, suis-je bête…
Ils s’élancèrent dans les escaliers en acier, Teal’C
en tête, que la montée ne semblait absolument pas freiner. Sam
venait peu après ; elle avait rapidement ôté ses souliers
à talons et grimpaient maintenant pieds nus sur les marches métalliques.
Elle lançait de temps à autre des paroles d’encouragement
à Daniel, qui peinait sous l’effort et la douleur de son épaule.
Daniel était maintenant loin derrière quand Sam rejoignit Teal’C
qui s’était immobilisé à mis chemin entre le deuxième
et le troisième étage. Le jaffa lui fit signe de se taire. Elle
s’approcha doucement et entendit des voix. En se penchant pour regarder
au-dessus au travers des poutrelles, elle parvint à distinguer quatre
hommes, des policiers à priori auxquels Deimos avaient dû ordonner
de monter la garde. Mais les voix qu’ils entendaient étaient
celles de Massertie et du Goa’uld.
- … dépêchez-vous ! ce retard est intolérable !
- Je fais ce que je peux, les branchements seront bientôt terminés,
vous pourrez enclencher l’arme de votre côté.
Teal’C et Sam se regardèrent et ils commencèrent à
monter très doucement, se dissimulant derrière les poutrelles.
Ils arrivèrent au niveau du premier garde, situé un peu plus
bas que les autres. Sam lança adroitement au loin l’un de ses
souliers qu’elle tenait à la main et le regard de l’homme
fut détourné vers le bruit. Avant que l’homme ait pu réaliser
ce qui se passait, Teal’C avait bondi sur lui et l’avait assommé
sans bruit d’un coup de poing puissant. Il jeta l’arme du policier
à Sam et ils continuèrent leur montée. Sam murmura :
- Il ne faut pas tuer ces policiers, Teal’C.
- Je sais bien Major, mais je doute que nous puissions éviter de les
blesser…
Elle acquiesça. A ce moment ils débouchèrent sur la dernière
plate-forme, minuscule, qui faisait le tour du bureau de Gustave Eiffel et
des installations radios. Sam eut le temps d’apercevoir Deimos et Massertie
se jeter dans la pièce avant d’essuyer les premiers tirs. Elle
plongea sur le métal froid, couverte par le tir de Teal’C. Le
jaffa blessa à l’épaule un premier homme, alors que Sam
atteignait un second à la jambe. Elle eut le temps d’entendre
Teal’C lui crier de faire attention, se retourna vivement, et se retrouva
face au dernier policier qui pointa son revolver vers elle.
Il s’écroula au sol,
inerte, et Daniel apparut derrière lui, un petit extincteur à
la main avec lequel il venait d’assommer le policier. Encore essoufflé,
l’archéologue articula difficilement en grimaçant de douleur
:
- Vous…vous auriez pu m’attendre pour déclencher les hostilités
!
Sam lui sourit à son tour, se releva et se dirigea lentement vers le
réduit radio, suivie de Teal’C et Daniel. Elle ouvrit la porte
d’un coup de pied et se rejeta en arrière. Elle entendit le bruit
d’un zat. Elle grimaça : Teal’C et elle ne disposaient
que de revolvers, et avaient déjà utilisé un certain
nombre de balles. Daniel se tenait très en retrait pour ne pas gêner
leur offensive. Sam entendit la voix de Massertie :
- Ca y est… j’y suis presque…
Elle croisa le regard de Teal’C, qui hocha la tête d’un
air entendu. Elle se précipita dans l’ouverture et roula dans
la pièce tout en tirant. Un tir de zat la rata de peu alors qu’elle
tentait vainement de se cacher : la pièce était beaucoup trop
petite pour cela. Adrian se tenait de l’autre côté, agenouillé
devant tout un réseau de câbles électriques et de machines
complexes qu’il tentait manifestement de relier à l’arme
de Deimos, posée à terre. Le Goa’uld était debout
à côté de lui et brandissait son zat vers la jeune femme.
Il tira et Sam s’effondra sous la douleur. Adrian se jeta alors sur
Deimos qui allait tirer de nouveau en hurlant :
- NON !!!!!!
Le zat du Goa’uld lui échappa et glissa de l’autre côté
de la pièce. Deimos saisit alors le revolver de Sam et, se tournant
vers Massertie, lui tira dessus en criant :
- Pauvre imbécile ! Tu n’as jamais compris que tu n’étais
rien !
Adrian s’effondra au sol, et une marre de sang se forma lentement autour
de son corps inerte.
Pendant ce temps, Deimos avait rapidement ramassé et glissé
dans une poche sa fameuse arme, s’était jeté hors de la
pièce… et s’était retrouvé nez à nez
avec Teal’C qui déchargea son revolver sur lui. En vain : le
Goa’uld avait activé son bouclier et les balles ricochèrent
dessus avec un bruit mat. Sam, chancelante, sortit à son tour du réduit
pour se retrouver elle aussi face au zat que brandissait Deimos. Les yeux
du Goa’uld brillaient de joie alors que la jeune femme et le jaffa reculaient
peu à peu contre la rambarde d’acier, acculés.
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Deimos,
prêt à tirer, clama en riant :
- Pauvres idiots ! Une tau’ri et un shol’va ! Qu’espériez-vous
contre moi ! Vous allez mourir, je trouverai la porte, et…
Il n’acheva pas. L’extincteur l’atteignit en plein visage et il bascula dans le vide sous la violence du choc. Il tenta vainement de se raccrocher à une poutrelle, mais glissa dans le vide. Teal’C regarda son corps ricocher sur la gigantesque armature d’acier et s’immobilier enfin sur le sol de l’esplanade.
Sam ne le regarda pas tomber.
Sam regardait Jack, qui venait de surgir sur la passerelle, Daniel derrière
lui, et d’asséner le coup d’extincteur au goa’uld.
O’Neill lui sourit et secoua la tête en disant :
- A chaque fois ils ressentent le besoin de faire tout un discours de victoire.
Avouez que c’est bête !
Un immense sourire se dessina
lentement sur les lèvres de la jeune femme qui ne put que murmurer
:
- Je suis heureuse de vous revoir en vie, mon colonel…
Teal’C et Daniel souriaient eux aussi à Jack qui semblait radieux.
Il se tourna vers l’archéologue :
- Heureusement que je suis arrivé à temps encore une fois !
Franchement Daniel, qu’espériez vous faire ! Vous n’arriviez
même plus à soulever ce minuscule extincteur ! Jolie casquette
Teal’C. Elle plaira beaucoup à Hammond.
Le jaffa sourit en s’inclinant et Daniel rit en secouant la tête,
trop heureux de revoir son ami pour répondre.
Sam, le visage tout à coup
fermé, entra à nouveau dans le réduit et s’agenouilla
près d’Adrian. Son pouls était très faible, il
avait perdu énormément de sang. Il ouvrit les yeux et regarda
la jeune femme penchée sur lui. Il sourit faiblement :
- Samantha… Je suis…. désolé… J’aurais
du…vous écouter… j’ai été aveuglé…
- Chut, taisez-vous, on va vous soigner…
- Non, c’est trop tard… J’ai cru… j’ai cru que
je voulais le monde… alors… alors que je ne voulais que vous.
Je… je vous aimais Samantha… Je suis désolé, de
tout ce que je vous ai fait…
La mâchoire d’Adrian se crispa une dernière fois sous la
douleur, puis sa tête retomba en arrière. Sam lui ferma les yeux
doucement. Une main se posa sur son épaule. Elle tourna la tête
et découvrit Jack qui la regardait gravement. Elle se releva, ramassa
le zat et ils sortirent.
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Au bas de la Tour Eiffel, un corps venait de s’écraser au sol après sa chute vertigineuse. Le lieutenant Tessier, d’une trentaine d’années, s’approcha lentement et se pencha au-dessus du corps disloqué. Il lui sembla soudain voir une lueur dans le regard de l’homme et, surmontant son dégoût, il se pencha vers lui.
Quand il se redressa, une seconde
plus tard, le visage de ce jeune homme souriant était devenu d’une
étrange sévérité. Il attrapa rapidement un objet
sur le corps maintenant sans vie qui était allongé devant lui.
Il murmura rapidement aux policiers qui le rejoignaient à présent
:
- Il est mort, je vais demander à ce qu’on enlève le corps.
Puis il s’éloigna rapidement dans la foule. Personne ne remarqua
l’éclair dans ses yeux.
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Les quatre coéquipiers descendaient maintenant doucement les marches d’acier, Teal’C soutenant Daniel dont la blessure s’était rouverte. Ils avaient vérifié que l’état des quatre policiers français n’était pas trop préoccupant et qu’ils pouvaient attendre les soins.
Sam ne pouvait détourner son regard de Jack. Jack vivant, Jack en pleine forme, Jack de bonne humeur même !
- Franchement, heureusement que
j’ai fait ce petit séjour dans le sarcophage juste avant, mes
genoux n’auraient jamais résisté à ces marches
sinon !
- Mais, comment avez-vous fait pour nous trouver ?
- Et bien, ils voulaient une antenne, non ? Quoi ? Ne me regardez pas avec
cet air ahuri Daniel, je suis déjà venu à Paris je vous
rappelle, je sais ce que c’est que la Tour Eiffel !
Sam renchérit :
- Mais comment avez-vous fait pour nous rejoindre si rapidement ?
- Ben, j’ai pris le métro Carter. Pourquoi ?
Les trois coéquipiers de O’Neill se figèrent, s’entre-regardèrent,
et Daniel et Sam éclatèrent de rire.
- Le métro…, répéta l’archéologue,
on n’a même pas pensé à prendre le métro…
On a sauté dans un taxi…
- Esprit pratique Daniel ! Et puis comme je n’avais pas un euro sur
moi, dans le métro au moins on peut sauter les barrières…
Ils continuèrent ainsi
leur descente. Sam était toujours pieds nus, marchant doucement derrière
Teal’C et Daniel. Jack remarqua l’air soudain triste de la jeune
femme se mit à son niveau. Il murmura :
- Carter…
Elle leva ses grands yeux bleus vers lui. Elle semblait tout à coup
inquiète, fragile. Jack dit :
- Je… enfin… C’est la mort de Massertie qui vous…
Elle se figea, écarquilla les yeux, et balbutia :
- La mort de Massertie… Vous croyez que c’est la mort de Massertie
qui…
Elle resta un instant, lèvres entre ouvertes, à regarder Jack,
puis elle murmura, retenant avec peine ses larmes :
- Je… je vous ai …. Je vous ai…. J’ai cru….
Jack s’était figé à son tour, et dévisageait
la jeune femme avec gravité. Puis, d’un geste brusque, il l’attira
contre lui et la serra dans ses bras.
- Sam… Sam non… Vous n’y êtes pour rien… Tout
va bien… je vais bien… Vous n’y êtes pour rien…
- Je suis… tellement désolée… J’ai cru…
j’ai cru mourir à mon tour…
- Je sais… je sais…. Mais tout va bien…
Teal’C et Daniel s’étaient arrêtés et les regardèrent quelques instants. Puis l’archéologue et le jaffa reprirent leur descente.
Jack se détacha de Sam
et essuya les larmes qui coulaient maintenant sur les joues de la jeune femme.
Il la regarda en souriant :
- Mourir… On ne va plus s’inquiéter pour si peu, on en
a vu d’autres, non ?
Elle rit au milieu de ses larmes et il la serra à nouveau dans ses
bras. Puis ils se séparèrent et continuèrent à
descendre lentement les marches d’acier. Les derniers avions finissaient
leur parade dans le ciel parisien.
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Quand ils arrivèrent au
bas de la Tour Eiffel, ils furent immédiatement encerclés par
une dizaine de camionnettes de l’armée dont descendirent simultanément
plusieurs équipes en tenue de commando qui les mirent en joue. Les
quatre membres de SG1 restèrent figés, attendant la suite. Un
homme s’avança, d’une quarantaine d’années,
en uniforme :
- Colonel O’Neill ?
Jack s’avança à son tour :
- Tout à fait. Et voici mon équipe, le Major Carter, le Docteur
Jackson et… Teal’C.
- Enchanté, je suis le colonel Ganimard, de l’armée de
l’Air française. On m’a envoyé vous récupérer…
On arrive après bataille ?
O’Neill lui serra la main en souriant :
- Un peu, colonel… Vous trouverez au sommet de la Tour quatre malheureux
policiers sur lesquels mes hommes ont été obligés de
tirer mais dont les jours ne sont manifestement pas en danger. Vous trouverez
aussi le cadavre d’Adrian Massertie.
- Oui, je sais, je suis au courant… Inutile de vous dire que cela fait
des remous en haut lieu…
Sam demanda :
- Colonel, avez-vous récupéré le dernier corps, l’homme
qui est tombé de la Tour ? J’aimerais le voir et vérifier
certaines choses, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
- Bien entendu, il est juste à côté, venez.
Ils se dirigèrent vers
une camionnette où reposait maintenant le corps disloqué. Sam
souleva le drap et fronça les sourcils. Teal’C se pencha à
son tour et ils échangèrent un regard inquiet. La jeune militaire
se redressa et demanda à Ganimard :
- Avez-vous retrouvé des objets avec lui ? Des sortes de bijoux qu’il
portait à la main, au poignet ou dans une poche ?
- Non, rien d’autre Major.
- C’est bien ce que je pensais. Il s’est… enfui mon colonel,
dit-elle en regardant Jack dont le visage était redevenu sombre.
Ganimard leur fit signe de le suivre :
- Venez, on va ailleurs pour parler. Je suis… habilité à
ce genre de discussion mais pas ici.
Abandonnant le corps de l’hôte,
ils montèrent dans une autre camionnette qui démarra. Un médecin
de l’armée était monté avec eux et refaisait le
bandage de Daniel. Ganimard regarda les quatre personnes qui se tenaient assises
face à lui :
- Bien… Donc il semble que cet homme ait été un…
Goa’uld, c’est ça ?
- C’est bien cela, répondit Teal’C vers qui Ganimard se
tourna.
- Et vous, vous êtes un…
- Un jaffa.
Le colonel soupira en secouant la tête :
- Et ben… je fais partie des rares personnes au courant dans ce pays,
mais si on m’avait dit que j’y serais vraiment mêlé
un jour…
- Vous verrez, on s’y fait très bien, cela devient vite la routine
! assura Jack avec un sourire.
Sam enchaîna :
- Donc le Goa’uld a pris un nouvel hôte et a pu s’enfuir
avec l’arme.
- Oui. Je vais faire rechercher par nos services qui aurait pu être
en contact avec le corps.
- Bien, continua Daniel, donc il a toujours son bouclier et l’arme,
mais il ne peut plus utiliser celle-ci à grande échelle, étant
donné qu’il n’a plus l’amplificateur de Massertie.
Donc il doit vouloir se concentrer sur quelques personnes. Sur qui à
Paris pourrait-il avoir intérêt à prendre le contrôle
?
- Ben moi j’ai bien deux noms en tête, répondit Jack.
Sam écarquilla les yeux :
- Mais bien sûr ! Les deux présidents !
Ganimard bondit sur ses pieds et saisit une radio dans laquelle il parla abondamment.
Les quatre membres de SG1 attendirent quelques minutes pendant lesquelles
la camionnette filait toujours dans la capitale. Le colonel se tourna finalement
vers eux :
- Le président refuse à priori de changer son emploi du temps,
trop important aujourd’hui. Ces politiques, je vous jure… Bref,
il faudra faire avec et agir discrètement.
- Je crois que vous allez avoir besoin de moi, dit simplement Sam. Je peux
détecter la présence du Goa’uld.
- Moi aussi, ajouta Teal’C.
Jack se tourna alors vers le jaffa :
- Oui Teal’C, mais vous, vous ne pouvez pas utiliser cela.
En disant ces mots il sortit de sa poche l’arme de poing originale du
Goa’uld, celle qui avait servi de modèle à Deimos pour
créer la nouvelle. Sam s’écria :
- Mon colonel, où l’avez-vous prise ?
- Dans le labo, après mon… réveil. Je cherchais une arme,
je suis tombé là-dessus dans le bureau de Deimos, je me suis
dit que cela pourrait servir.
- Bien, enchaîna Ganimard, alors Major effectivement nous avons besoin
de vous.
- …. et de moi, colonel, ajouta Jack. Je ne laisse pas un membre de
mon équipe agir seul. Je vais avec elle.
- Bien. Je vous demande une minute.
Ganimard reprit sa radio, donna des ordres, et se retourna en souriant vers
Jack et Sam :
- Je suis désolé de vous demander cela, mais il me faudrait
vos mensurations.
- Pardon ??? demandèrent-ils en cœur.
Le colonel français sourit
plus largement :
- Colonel, Major, avez-vous déjà été à
une Garden Party à l’Elysée ?
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La camionnette était stationnée
à quelques mètres du palais de l’Elysée. Une jeune
militaire avait apporté à Jack et Sam de quoi s’habiller
et une trousse de maquillage pour la jeune femme. Ils s’étaient
changés rapidement, dos à dos, sans se parler : cette situation
exacerbait le malaise latent entre eux depuis la veille, qu’ils avaient
quelque peu oublié ces dernières heures. Sam essayait tant bien
que mal de cacher à grand renfort de fond de teint les marques sur
son visage, pendant que Jack finissait péniblement de nouer sa cravate.
Ils restaient tous deux parfaitement silencieux. La jeune femme était
à nouveau partagée entre la colère et la honte. Jack,
quand à lui, se répétait inlassablement qu’il avait
bien fait ; il tentait ainsi de réfréner son envie de serrer
Sam dans ses bras et de s’excuser auprès d’elle. Au moment
où ils allaient quitter la camionnette, il ne put s’empêcher
de murmurer :
- Vous êtes splendide.
Ils se sourirent maladroitement et descendirent du camion. Teal’C, Daniel
et Ganimard se retournèrent vers eux et l’archéologue
ne put retenir un sifflement d’admiration :
- Et bien… Vous êtes tous les deux…. Ben ça…
Jack portait un costume gris anthracite, parfaitement coupé, dans un
tissu agréable et léger. Une cravate sombre ressortait sur une
chemise d’un rose très pâle qui s’harmonisait parfaitement
avec ses yeux bruns. Sam avait elle revêtu une robe fluide, aux couleurs
pastelles, légèrement décolletée et sans manche,
qui lui arrivait sous les genoux. Elle était à la fois extrêmement
élégante et parfaitement libre de ses mouvements. L’archéologue
sourit :
- Jack, je ne pensais pas vous voir un jour aussi élégant !
- Oh ça va, Daniel, n’en rajoutez pas…
- Il faudra que je me plaigne au général Hammond en rentrant,
renchérit Sam, on ne m’a jamais proposé de tenue pareille
en service au SGC !
- Peut-être le SGC n’est-il pas situé rue du Faubourg Saint
Honoré, où on trouve les plus grandes marques de Haute Couture
? répondit Ganimard en souriant.
- Haute Couture ?? répétèrent Jack et Sam.
La jeune militaire qui leur avait apporté les vêtements s’approcha
:
- Giorgio Armani pour le costume, Yves Saint Laurent pour la robe.
- Waou ! s’exclama Sam.
- Je vous préviens, je ne peux pas promettre de tout rendre en l’état
si je dois courser un Goa’uld dans les jardins de l’Elysée
! ajouta Jack.
Ils sourirent ; Ganimard tendit à O’Neill un revolver qu’il
glissa dans son holster, le zat étant impossible à dissimuler,
et rendit son arme à Sam qui l’ajusta sur sa main. Teal’C
demanda :
- Le Major ne va-t-il pas se faire repérer avec ceci ?
- Je ne pense pas, répondit Ganimard. On prendra ce bijou pour une
excentricité de plus dans le monde de la mode… Voici vos autorisations.
Personne de chez nous ne vous posera de question, on a fait passer votre signalement.
Bonne chance.
Jack se retourna vers Sam et lui tendit galamment le bras :
- Major ?
Elle posa doucement sa main sur le bras de Jack et ils se dirigèrent
vers l’entrée du bâtiment.
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Ils passèrent en effet
sans problème les nombreux contrôles de police et se retrouvèrent
bientôt au beau milieu des jardins de l’Elysée et d’une
foule dense. Jack posa la main sur l’épaule nue de sa partenaire
:
- Alors, aussi stressée qu’à la soirée de Massertie
?
- Non, pas du tout.
- Ah bon ? L’habitude des mondanités ?
- Non, je….
- Quoi Carter ?
- Le cavalier me convient beaucoup mieux, même si ce n’est que
pour quelques minutes, répondit-elle en plantant ses yeux dans ceux
de Jack.
Il sourit à la jeune femme qui baissa alors le regard.
Ils repérèrent immédiatement les deux chefs de l’Etat,
entourés d’un important service d’ordre et de nombreux
journalistes et personnalités. Ils s’approchèrent. Deimos
devait certainement vouloir les approcher d’une façon ou d’une
autre, le meilleur moyen de le trouver était de rester à proximité.
Sam et Jack avait pris chacun une coupe de champagne. Le silence entre eux
était pesant. O’Neill savait qu’il en était la cause.
Mais il ne pouvait saisir cette occasion pour s’expliquer, s’excuser,
c’était la mission avant tout. Il murmura :
- Toujours rien, Carter ?
- Non mon colonel.
Jack porta la main à son oreille et écouta son micro un instant.
Il ajouta :
- Pourtant Deimos est bien là, nous ne sommes pas trompés. Le
colonel Ganimard vient de me prévenir que plusieurs policiers en faction
devant une des entrées ont été retrouvés dans
un état… second dirons-nous.
Ils échangèrent un regard inquiet et se remirent à observer
la foule. Au bout de quelques minutes, Sam fronça les sourcils :
- Il est là… Je sais qu’il est là, tout près.
Ils regardèrent autour d’eux, observant rapidement tous les invités
qui se pressaient autour des deux chefs d’Etat. Soudain Jack croisa
le regard d’un homme qui s’immobilisa. Ils se dévisagèrent
un instant. L’homme fit un pas vers l’attroupement, s’arrêta
quand il vit Sam et Jack avancer lentement vers lui, sembla hésiter,
puis fit brusquement volte-face et repartit en courant vers le Palais. Jack
murmura dans son micro, tout en fendant la foule, Sam sur ses talons :
- Colonel, on l’a repéré, un homme brun en costume sombre,
1m80 environ, la peau assez pâle, une cicatrice au dessus de l’arcade
sourcilière droite, les cheveux coupés ras. Il se dirige vers
les bâtiments pour s’enfuir, dites à vos hommes de le laisser
entrer, il vaut mieux l’éloigner des jardins.
Ganimard dut donner les ordres qui convenaient car Deimos pénétra sans difficulté dans les bâtiments. Jack et Sam le suivirent en courant maintenant, traversant plusieurs salons plus richement décorés les uns que les autres. Ils firent irruption dans une galerie où des arcades tapissées de velours rouge faisaient face à de gigantesques glaces. Deimos se retourna vers eux et Jack n’eut que le temps de se jeter sur sa coéquipière pour qu’ils évitent le dangereux rayon. Une trentaine d’homme firent alors irruption dans la salle et encerclèrent le Goa’uld, brandissant des armes équipées de silencieux. Ils firent feu tous au même instant.
Les balles ricochèrent désespérément sur le bouclier de Deimos, qui sourit en attendant la fin des tirs. Les hommes baissèrent finalement leurs armes, bouches bées. Le Goa’uld partit d’un grand éclat de rire et dirigea lentement son arme vers les policiers qui se trouvaient près de lui.
Jack se rua alors vers lui en
hurlant :
- Carter ! A vous !
Il se jeta sur le Goa’uld et le fit basculer à terre. Quand Jack
releva la tête, Deimos le visait avec son arme. Mais c’est à
cet instant que la paume de Sam, qui s’était précipitée,
s’illumina. Le rayon frappa le Goa’uld en plein front avec une
violence qui projeta son corps à plusieurs mètres contre un
pilier. Les policiers effarés virent les yeux de l’homme s’illuminer
d’un bref éclair, puis s’éteindre à jamais.
O’Neill se releva et regarda
la jeune femme qui chancelait. Il la soutint et lui sourit. Elle lui rendit
son sourire, retrouvant au contact de Jack l’énergie que l’arme
lui avait prise.
- Je crois qu’on a encore réussi, Carter.
- Oui, mon colonel…
Ils se dirigèrent lentement
vers la sortie, alors que l’immense salon grouillait maintenant de militaires.
On leur demanda d’attendre quelques instants dans une autre pièce.
Jack s’assit confortablement dans un superbe fauteuil ancien. Sam regarda
le parc par les grandes fenêtres : la Garden Party continuait tranquillement,
tous ces gens n’avaient rien su de ce qui venait de se jouer à
quelques mètres d’eux. Tous ces gens n’en sauraient jamais
rien.
Jack observait Sam à la dérobée et sourit pour lui-même.
Sa décision était prise.
Au bout de quelques minutes, on vint les chercher pour les emmener à
l’étage. Ils furent conduits dans un immense bureau dont les
fenêtres donnaient sur le parc. Daniel et Teal’C les y attendaient
déjà. L’archéologue se précipita :
- Tout va bien, vous n’êtes pas blessés ?
- Absolument pas. Carter est juste un peu... sonnée, c’est elle
qui nous a débarrassé de Deimos avec l’arme de poing.
- … mais ne vous inquiétez pas Daniel, je me sens déjà
parfaitement bien, assura la jeune femme.
Daniel semblait au comble de l’excitation et désigna d’un
geste la superbe pièce :
- Vous vous rendez compte, c’est une chance inouïe, être
reçus à l’Elysée ! Et ce mobilier, tout est d’époque,
c’est sublime, je ne sais pas si vous êtes déjà
allé à Versailles, mais…
- Mon bureau vous plait donc, Docteur Jackson ?
Deux hommes venaient d’entrer. Sam et Jack se mirent immédiatement au garde à vous devant les deux présidents.
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Le
Président Hayes et son homologue français, le Président
Constantin, s’avancèrent vers les quatre coéquipiers.
Hayes sourit :
- Repos, Colonel O’Neill et Major Carter. C’est un plaisir de
vous revoir.
- Voici donc la fameuse SG1, murmura le président français.
Hayes fit les présentations :
- Et oui, le fleuron de mon armée ! Voici le Colonel O’Neill,
le Major Carter, le Docteur Jackson et… Teal’C
- Teal’C… répéta Constantin devant l’imposant
jaffa, si je ne me trompe vous venez de…
- De la planète Chulak. Mais je suis fier de combattre au côté
de votre peuple depuis plusieurs années.
- De la planète… Oui, bien sûr… Et bien je crois
que tous les quatre nous vous devons une fière chandelle…
- … une fois de plus, acheva Hayes avec un sourire.
Jack répondit avec un petit haussement d’épaules :
- Bah… Vous savez, on a juste fait notre métier, Monsieur le
Président.
- Que pouvons-nous faire pour vous remercier ?
Les quatre coéquipiers
s’entre regardèrent, ne sachant que répondre. Jack finit
par dire :
- Euh… Merci, mais… enfin c’est normal tout ça…
Une petite augmentation peut-être ? Ah si, je sais ! Puis-je garder
le costume ?
- JACK !!! cria Daniel, outré.
- Quoi encore Daniel ?
- Mais enfin, ce n’est pas possible, et puis, qu’en feriez-vous,
vous…
- Quoi ? On ne sait jamais ! je peux en avoir besoin !
- Vous êtes insupportable…
Etonnement et amusement se lisait
sur les visages des deux hommes qui observaient la scène en silence.
Teal’C restait parfaitement impassible. Sam fixait le bout de ses chaussures
sans pouvoir s’empêcher de rire doucement.
- Ah si, une deuxième chose, renchérit O’Neill !
Daniel ferma les yeux et soupira, ce qui n’arrêta en rien le colonel
:
- … Si je peux garder ce superbe costume, je souhaite que le Major puisse,
bien sûr, garder cette robe qui lui va à ravir !
Jack gratifia Sam d’un sourire éclatant. La jeune femme devint
totalement écarlate et balbutia :
- Mais… mon colonel… enfin… je ne sais pas….
- Mais si Major, répondit le président français avec
un sourire, le colonel O’Neill a raison, cette tenue vous sied parfaitement.
Je vous en prie, vous offrir cela est le moins que je puisse faire !
Daniel s’éclaircit la voix et ils se tournèrent vers lui
:
- Euh… Alors… Enfin, si cela ne dérange pas, bien sûr…
J’ai quelques idées de manuscrits à la Grande Bibliothèque
que j’aurais aimé emprunter pour mes recherches…
- Mais bien entendu Docteur Jackson, tout ce que vous voudrez ! Et vous Monsieur…
Teal’C ? Nos deux gouvernements peuvent-ils en une quelconque façon
vous exprimer sa gratitude ?
- Je souhaite que le combat contre les Goa’ulds trouve une issue favorable
et que la paix règne sur nos deux mondes.
Les cinq terriens écarquillèrent
les yeux puis éclatèrent de rire. Le jaffa leva un sourcil.
Hayes répondit :
- Je vous promets qu’il en sera fait selon votre volonté, Teal’C.
Je crains seulement que cela dépende plus de vous que de nous ! Quoi
qu’il en soit, nous vous promettons d’étudier votre souhait.
- Je vous remercie, dit le jaffa en s’inclinant.
- Mais c’est nous qui vous remercions, SG1.
- Si vous le permettez, Monsieur le Président, nous allons peut-être
nous retirer, nous avons eu un planning assez… chargé ces dernières
24 heures…
- Bien sûr Colonel O’Neill. Merci encore à vous quatre.
Je ne veux même pas penser à ce que nous serions si vous n’étiez
pas là.
Les quatre membres de SG1 sourirent.
Teal’C, Sam et Daniel quittèrent la pièce, mais O’Neill
ne les suivit pas. Sam lui demanda du regard pourquoi il ne venait pas, il
sourit à la jeune femme et dit simplement :
- Je vous rejoins dans une minute.
Elle lui sourit en retour et referma
la porte derrière elle. Les deux présidents regardèrent
Jack, surpris. Hayes demanda :
- Et bien colonel ?
- Et bien en fait j’ai une requête Monsieur. Très sérieuse
celle-là.
- Dites.
- Je préfèrerais l’écrire en bonne et due forme,
si vous n’y voyez pas d’inconvénient…
Les deux présidents se regardèrent, perplexes, puis Constantin
désigna son bureau avec amusement :
- Mais je vous en prie Colonel O’Neill, faites comme chez vous !
- Merci Monsieur.
Et Jack alla s’asseoir dans le fauteuil du chef de l’état,
saisit une feuille, un stylo, et se mit à écrire.
Les deux hommes politiques l’observaient
toujours. Jack se releva et remit la lettre au Président Hayes, qui
la parcourut rapidement et cessa de sourire. Il soupira en regardant Jack
:
- Colonel, vous vous doutez que je vais avoir du mal à accéder
à votre demande…
- De quoi s’agit-il, Henry ?
- Je demande à faire valoir mes droits à la retraite, Monsieur,
expliqua Jack.
- Ah d’accord… je vois… murmura Constantin.
Hayes regardait Jack, manifestement
ennuyé. Il s’exclama finalement :
- Mais enfin, vous avez le métier le plus extraordinaire au monde !
Plus passionnant que le mien même !
- Je sais bien Monsieur. Le SGC me manquera, beaucoup, mais il faut que je
quitte l’armée. Le moment est venu pour moi de quitter l’Air
Force.
Hayes soupira. La voix amusée du président français s’éleva
alors :
- Cette requête n’aurait-elle pas un quelconque rapport avec la
ravissante jeune femme qui a quitté la pièce il y a quelques
instants ?
O’Neill ne répondit pas. Il se contenta de sourire. Hayes sourit
à son tour et soupira :
- Je vois… je vous promets… d’étudier votre requête
et de répondre au mieux à vos attentes, dans la limite de mes
possibilités, bien sûr.
- Merci Monsieur le Président. Et bien, si vous permettez…
- Vous pouvez vous retirer Colonel. Merci encore.
- Monsieur le Président, euh… Monsieur le Président aussi….
Il salua et sortit.
Hayes soupira et tomba dans un
fauteuil. Son homologue le regarda en riant :
- Henry, ne fais pas cette tête-la, tu vas bien lui trouver une solution,
il le mérite ! Allons, viens boire un peu de champagne, ça ira
mieux…
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Sam marchait dans le couloir
du SGC pour regagner son laboratoire. Ils étaient rentrés le
14 juillet même de Paris, voilà maintenant une semaine. Ils étaient
juste passés récupérer leurs affaires à l’hôtel,
et avaient fait un saut à la Bibliothèque Nationale prendre
les manuscrits pour Daniel qui passait maintenant ses journées à
s’extasier dessus dans son bureau.
O’Neill avait demandé à repasser au Louvre. Ses coéquipiers,
qui attendaient surpris dans le taxi, l’avait vu revenir les mains vides.
Il n’avait donné aucune explication.
Sam songeait encore plus à lui depuis leur retour. Et elle n’arrivait pas à se faire une idée sur leur situation… Jack et elle n’avaient pas reparlé de la nuit qu’ils avaient passée ensemble à Paris. Il faut dire qu’ils avaient eu très peu de temps à eux, devant presque immédiatement reprendre les missions. Elle avait espéré qu’il passerait la voir chez elle, qu’il vienne lui parler… Rien. Et pourtant son attitude avait changé vis-à-vis d’elle. Imperceptiblement, des détails qu’elle seule percevait, mais bien réels. Les sourires de Jack s’étaient faits plus doux, plus fréquents. Il était plus prévenant, attentif. Comme s’il avait quelque chose à se faire pardonner.
Certes, il avait quelque chose à se faire pardonner !
Et pourtant… C’était bien elle qui était venue à lui ce soir là. Oui, il avait cédé, mais elle l’avait voulu ! Oh mon Dieu oui elle l’avait voulu… Mais son attitude le lendemain… Sam frissonna : elle ressentait encore la honte, son regard si froid, sa fuite dans le couloir de l’hôtel comme une voleuse…
Et cependant maintenant elle n’avait plus honte. Non. Plus honte du tout. Au moins maintenant elle savait. Elle savait ce qu’ils avaient échangé tous deux cette nuit-là, elle savait le goût de ses baisers, elle savait la douceur de ses mains… Elle savait. Elle pouvait mourir, elle savait.
Et, parce qu’elle savait, elle n’avait qu’une envie : recommencer. Mais cela c’était impossible. Ces deux semaines en France avaient été… une parenthèse exceptionnelle, un moment hors du temps... qui n’arrive qu’une fois.
C’était arrivé. C’était fini. Il était redevenu le colonel O’Neill, son supérieur. Il le lui avait fait comprendre ce matin-là dans la chambre d’hôtel. Durement. Mais elle le connaissait, elle savait qu’il avait agi ainsi pour se protéger lui… et surtout pour la protéger elle. Il s’en voulait, c’était manifeste dans l’attitude qu’il avait depuis envers elle. Soit.
Elle soupira en entrant dans son laboratoire : d’accord, ce n’était plus comme avant… mais ce n’était pas non plus très différent !
Son œil fut attiré par une enveloppe sur son bureau. Elle s’approcha et reconnut immédiatement l’écriture de Jack sur l’enveloppe : « Sam ».
Sam…
Elle déchira fébrilement
l’enveloppe. Elle contenait une carte postale : la reproduction de la
statue de Canova, au Louvre : « Psyché ranimée par le
baiser de l'Amour ». Le cœur de la jeune femme se mit à
battre plus rapidement dans sa poitrine et ses doigts tremblèrent quand
elle retourna lentement la carte. Elle lut les quelques mots inscrits au verso
:
« Vous voyez Carter, j’avais raison : Zeus n’a pas accepté.
J’ai démissionné. Minnesota ? »
Elle tomba sur sa chaise, les joues en feu. Elle sourit. Démissionné… Il avait….
DEMISSIONNE ! Mais c’était hors de question ! Elle bondit sur ses pieds, réalisant ce que signifiait ce simple mot. C’était inconcevable. Le SGC sans lui, c’était inconcevable, pour lui, pour elle, pour tout le monde ici… pour le Monde tout court !
Elle courait maintenant dans les
couloirs de la base, sa carte à la main. Il fallait qu’elle le
trouve, peut-être n’était-il pas trop tard, peut-être…
Elle fit irruption en salle d’embarquement.
Teal’C s’y trouvait, prêt à partir pour Chulak passer
la semaine de congé que SG1 avait enfin obtenue. Daniel et Hammond
étaient avec lui.
Pas Jack.
Les trois hommes se tournèrent
vers elle et regardèrent avec étonnement la jeune femme essoufflée
qui brandissait une carte postale. Le général demanda :
- Major, qu’y a-t-il ?
- Mon… Mon général… Est-ce que c’est vrai…
le colonel O’Neill a… démissionné ?
- Démissionné ? répéta Daniel, incrédule.
Teal’C haussa un sourcil.
- Oui. Il en a fait la demande au Président qui a finalement accepté.
Il attendait la réponse depuis une semaine et elle nous a été
transmise ce matin : il n’est plus en service actif. Je suis surpris
qu’il ne vous en ait pas parlé.
- Mais non… mais… il n’a rien dit… murmura Sam. Où
est-il ??
- Il a parti en congé il y a deux ou trois heures je pense…
Une lueur s’alluma dans les yeux de la jeune militaire :
- Mon général, puis-je quitter la base ?
- Bien sûr, vous êtes en congé aussi Major ! Mais je devrais
peut-être vous dire…
- Merci mon général.
Elle quitta la pièce au
pas de course, laissant les trois hommes immobiles devant la Porte des Etoiles.
Daniel s’anima soudain :
- Mais… Démissionné ! Mais pourquoi ne nous en a-t-il
pas parlé ! Nous sommes son équipe quand même ! Ses amis
! Comment a-t-il pu… Ce type est vraiment…
Le général Hammond sourit et interrompit l’archéologue.
- Docteur Jackson, Teal’C, suivez-moi un instant dans mon bureau. Je
dois vous expliquer certaines choses, mais je préférerais pour
l’instant que cela reste entre nous.
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Elle avait réalisé dans l’avion qu’elle était partie sans rien, à part la carte postale. Elle était juste passée en trombe dans ses quartiers passer un jean et une chemise, avait attrapé sa veste en cuir et quitté la base pour rallier l’aéroport. Elle avait réfléchi à la situation pendant tout le trajet : il ne devait pas partir. Il fallait l’en empêcher. Il était évident qu’il faisait cela pour elle, à cause de ce qui s’était passé.
Le SGC sans le colonel O’Neill : impensable. Impossible.
Il fallait l’en empêcher. C’était à elle de le faire, elle savait qu’elle seule pouvait le faire.
Et pourtant… c’était renoncer à tous ses espoirs… à tout ce qui aurait enfin pu se passer entre eux. Non. Car ce qui se passait au SGC faisait partie intégrante d’eux… de leur relation si complexe et si ambiguë à la fois. Et quoi ? Il allait tout laisser tomber, prendre sagement sa retraite, ils se marieraient, auraient de beaux enfants, et quand elle rentrerait de mission elle le trouverait avec un petit tablier, la maison rangée et le ragoût prêt ????
Sam sourit toute seule à cette image, dans la voiture de location qu’elle conduisait sur une route du Minnesota, une carte routière à côté d’elle. Non. Ce n’était pas Jack. Ce ne serait jamais Jack. Elle-même ne le voulait pas. Elle aimait en lui le chef, le leader, le combattant, le stratège, le… oui, le diplomate parfois ! Rarement, mais parfois ! Elle aimait partager avec lui les infâmes repas de la cantine du SGC, elle aimait ses visites impromptues dans son labo… C’est ça qu’elle voulait. Pas autre chose. Pas maintenant en tous cas, pas si vite.
Un chalet. Une voiture. Elle gara la sienne et en sortit doucement. Elle respira profondément, pour se calmer et profiter de l’air merveilleusement pur de la forêt. Elle contourna la maison de bois, avançant doucement, s’imprégnant de la magie de l’endroit.
C’était magnifique. C’était vraiment magnifique. Pourquoi n’était-elle jamais venue, déjà ?
Il était là. Bien
sûr. Debout sur le ponton, à observer la surface calme du lac.
En jean et T-shirt. Elle s’immobilisa. Il se retourna vers elle avec
un petit sourire et ils se regardèrent un moment en silence. Puis il
demanda :
- Une bière pour célébrer le fait que vous ayez enfin
accepté mon invitation ?
Sam rit et acquiesça. Elle le suivit dans la maison. L’intérieur
était sobre et chaleureux. Elle s’accouda au bar pendant qu’il
sortait deux bières du frigo en grimaçant :
- Désolé, elles ne sont pas très fraîches, je suis
arrivé depuis deux heures à peine…
- Je sais, j’ai pris l’avion suivant.
- Ah. Le vol était agréable ?
La situation semblait beaucoup l’amuser. Il était là,
devant elle, de l’autre côté du bar, jouant nonchalamment
avec sa bouteille de bière, l’observant de ses yeux bruns magnifiques
avec son petit sourire en coin… Sam se mordit la lèvre ; elle
sentait ses propres défenses tomber petit à petit… Non.
Elle était là pour une raison bien précise qu’elle
ne devait pas oublier. Elle ferma les yeux un instant, comme pour chasser
de son esprit la vision de l’homme qui se trouvait en face d’elle
– comme si c’était possible ! – et se jeta à
l’eau :
- Mon colonel, j’ai vu le général…
- Jack.
- Pardon ?
- Jack. Je ne suis plus le colonel de personne depuis 9h15 ce matin. J’ai
démissionné. Mais vous le savez, sinon vous ne seriez pas ici.
Elle le regarda, bouche bée, à nouveau déstabilisée,
puis s’anima soudain :
- Oui, je le sais ! Bien sûr ! J’ai eu votre carte, j’ai
demandé confirmation au général, et en effet c’est
pour ça que je suis là ! Vous… vous ne pouvez pas démissionner
!
- Ah si, je peux. C’est même déjà fait et entériné.
- Mais comment vais-je…. Comment allons-nous faire ? Vous ne l’aviez
même pas dit à Teal’C et Daniel ! Ils l’ont appris
par moi !
- Aie, Daniel ne devait pas être content…
- Non ! Bien sûr que non il ne l’était pas ! Et moi non
plus ! Et que va-t-il se passer ? Vous aller passer votre temps ici à
pêcher des poissons qui n’ont jamais existé ? Hammond va
nous mettre un militaire quelconque à la tête de SG1 ?
Jack sourit plus largement :
- Alors premièrement il y a des poissons dans ce lac, je compte bien
vous le prouver d’ailleurs. Et deuxièmement… qu’est-ce
que Hammond vous a dit exactement ?
Sam réfléchit un instant, réalisant qu’elle avait
quitté le SGC avant d’apprendre quoi que ce soit d’autre.
- Euh… Rien, en fait… Je suis partie dès que j’ai
eu confirmation de votre démission.
Le sourire de Jack s’agrandit encore et Sam vit dans ses yeux bruns
une lueur malicieuse qui ne lui disait rien de bon. O’Neill prit une
rasade de bière et s’appuya sur le bar face à elle :
- Mais vous ne savez pas tout alors. Hammond ne va rien faire du tout car
il quitte le SGC.
- Pa… Pardon ???
Sam resta pétrifiée.
Jack… Hammond… Tout s’effondrait. Elle se laissa tomber
sur une chaise, et balbutia :
- Mais ce n’est pas possible… Pas lui aussi…
- Si. Il prend sa retraite. Il l’avait demandée il y a longtemps,
mais on ne lui avait pas trouvé de successeur. Il semble que cela soit
chose faite.
- Un successeur à Hammond… Quelqu’un d’autre à
votre place dans SG1… Mais, mon colonel…
- JACK !!!!!!!!!
- Pardon… Mais… qui ?
- A la tête de SG1, un autre colonel – on en a plein vous savez.
A la tête du SGC, un civil.
- UN CIVIL ???? Mais non ! C’est une aberration ! Jamais le personnel
de la base ne se pliera aux ordres d’un civil après avoir eu
Hammond comme général !
- Pourtant il le faudra bien, ça je vous l’assure.
La jeune femme semblait anéantie.
Jack se sentit un peu coupable, hésita, puis décida de mettre
un terme aux souffrances de Sam qui murmura :
- Qui va prendre votre place à vous ?
- Un militaire exceptionnel que j’ai moi-même recommandé
pour le poste... Le colonel Carter.
Elle répéta machinalement, cherchant dans ses souvenirs si elle
le connaissait :
- le colonel Carter….
Elle sembla soudain manquer d’air et leva les yeux vers lui, incrédule.
Jack se maudit de n’avoir pas d’appareil photo avec lui, il aurait voulu immortaliser son expression à jamais.
Elle le fixait, cherchant confirmation
sur le visage de Jack. Il hocha la tête et murmura :
- Oui Sam. Vous êtes le nouveau leader de SG1. C’est l’unique
condition que j’ai mise avant d’accepter moi-même la direction
du SGC.
- La direction…
Un sourire naquit doucement sur les lèvres de Sam, illuminant petit
à petit son visage d’une joie totale :
- Vous êtes… Vous remplacez Hammond… C’est vous qui
prenez la tête du SGC…
- En tant que civil. J’ai bien démissionné de l’armée
ce matin.
Elle se leva, à nouveau
en proie à une agitation extrême :
- Je… Il faut que je me calme… Tout ça…. Non…
Enfin… C’est impossible !
- Si si, je vous assure. Authentique.
- VOUS ? Diriger le SGC ?
- Attention, vous allez me vexer là ! Vous croyez bien aux petits hommes
gris et voyages intergalactiques, je ne vois pas en quoi moi commandant le
SGC peut sembler plus aberrant !
Elle sourit puis soupira :
- Il faut que je prenne l’air.
- Pas de problème, j’ai tout l’air qu’il faut ici.
Sortons.
Ils se retrouvèrent sur
le ponton. Sam s’assit au bord de l’eau, manifestement en proie
à une grande confusion. Il s’assit à côté
d’elle, la regardant en souriant, puis murmura au bout d’un moment
:
- Un petit briefing, colonel ?
Elle tourna le visage vers lui, amusée :
- Allez-y …
- Bien. Alors je résume. Hammond a pris sa retraite. J’ai démissionné,
je ne suis plus dans l’armée, donc je ne suis plus votre supérieur
– j’insiste bien sur cette information, hein – mais je reprends
la direction du SGC comme civil. Et vous passez colonel et prenez le commandement
de SG1. Et….
- Et ?
- Et avant que tout cela se mette en place, nous avons une semaine de congé.
Et nous sommes dans le Minnesota. Y a-t-il une information que vous voudriez
que je précise ?
Elle se rapprocha doucement de lui et murmura doucement, radieuse :
- En fait il y en a trois…
- Laissez-moi deviner : je ne suis plus votre supérieur, nous avons
une semaine de congés, et nous sommes dans le Minnesota.
- C’était bien ça… Je n’étais pas sûre…
S’approchant encore, elle effleura à peine les lèvres
de Jack avec les siennes. L’ancien militaire frissonna et son cœur
fit un bond dans sa poitrine. Elle demanda alors, frôlant toujours lentement
ses lèvres :
- Juste une dernière question… Pensez-vous que la deuxième
fois puisse être aussi exceptionnelle que la première ?
- Hum… Je ne sais pas…. Cela demande expérimentation…
Par contre je peux déjà m’engager sur la qualité
du réveil, qui sera bien meilleure…
Elle rit doucement, ses lèvres maintenant contre le cou de Jack :
- Bien… Mais pour expérimenter… Il faut un laboratoire…
- Je crois pouvoir trouver cela à l’étage… répondit
O’Neill en glissant sa main sous la chemise de Sam, caressant son dos
du bout des doigts.
- A l’étage… Hum… Trop loin….
- Alors je crains qu’il ne nous reste plus qu’à expérimenter
sur le terrain Docteur…
Et Jack, capturant enfin les lèvres de Sam, allongea doucement la jeune femme sur le bois du ponton.
(EN)FIN !
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